Depuis des décennies, les politiques d’emploi et d’insertion destinées aux publics en difficulté sur le marché du travail se heurtent aux formations «qualifiantes» de premier niveau (préparatoires aux différentes certifications professionnelles équivalentes au cap), marquées par des taux importants d’abandon ou d’échec aux examens finaux, y compris en contrat d’apprentissage. Non seulement ce constat n’a donné lieu à aucune transformation des contenus et des méthodes des formations qualifiantes, mais il a développé une logique d’évitement et de remédiation visant à préparer les publics à s’adapter aux référentiels de formation en place. Cette tendance s’est traduite par une multiplication de prestations préparatoires à l’entrée en formation qualifiante, destinées à remédier à diverses lacunes (maîtrise insuffisante des savoirs de base, absence de motivation explicite, comportements professionnels inappropriés…). L’idée qu’une formation qualifiante n’avait pas vocation à traiter de ces questions s’est ainsi imposée, même si des doutes persistent sur la pertinence de cette dissociation d’objectifs qui interroge à la fois l’ingénierie pédagogique et les producteurs publics de diplômes et de titres professionnels. Si la notion de « prérequis » est entendable en formation initiale (construite comme une succession d’étapes), en formation des adultes, elle tend à relayer la sélectivité du marché du travail et la stigmatisation d’un large public considéré non seulement comme « non qualifié » mais aussi, en l’occurrence, comme non « immédiatement qualifiable »…