La loi de 1971 relative à la formation professionnelle continue et à l’éducation permanente est issue d’un accord interprofessionnel de 1970. Or la mémoire académique et médiatique s’est surtout focalisée sur la loi et très peu sur l’accord interprofessionnel, entérinant en quelque sorte un ordre « hiérarchique » qui consacre l’État comme initiateur et régulateur du système d’ensemble. En réalité, l’accord interprofessionnel de 1970 fait partie des suites de l’après-Mai-68 et de la tentative, rapidement étouffée, de renouvellement du pacte social par le gouvernement Chaban-Delmas, dont il est nécessaire de rappeler un diagnostic toujours pertinent : « Le fonctionnement défectueux de l’État et l’archaïsme de nos structures sociales sont autant d’obstacles au développement économique qui nous est nécessaire. Tentaculaire et en même temps inefficace […] Tentaculaire car, par l’extension indéfinie de ses responsabilités, il a peu à peu mis en tutelle la société française tout entière […] Il n’est presque aucune profession, il n’est aucune catégorie sociale qui n’ait, depuis vingt-cinq ans, réclamé ou exigé de lui protection, subventions, détaxation ou réglementation. Mais si l’État ainsi sollicité a constamment étendu son emprise, son efficacité ne s’est pas accrue car, souvent, les modalités de ses interventions ne lui permettent pas d’atteindre ses buts […] Le résultat de tout cela ? D’abord un gonflement des masses budgétaires ; ensuite, pour les partenaires de l’État, un encouragement à la passivité et à l’irresponsabilité…