Dans un article récent, Gentaz et al. (2013) produisent les résultats d’une
enquête d’envergure proposant, à des élèves de CP, des entraînements
pour optimiser leur apprentissage de la lecture (décodage et
compréhension). En prenant appui sur une revue de littérature
scientifique incontestée, sur des résultats de recherches
expérimentales en psychologie cognitive aux résultats probants et
fiables, ils ont, selon une méthodologie très ciselée, construit des
modules d’entrainement spécifiques, mis en œuvre sur une année, au
sein d’un large panel d’élèves. Or, l’évaluation de cette étude
n’atteste pas de plus-value sur les apprentissages des élèves de
l’échantillon test. Les auteurs concluent que la mise en application
des résultats en sciences cognitives « demande un effort très
important de recherche appliquée devant mobiliser conjointement les
acteurs du monde de la recherche et ceux du corps éducatif » (Gentaz
et al., 2013). Il s’agirait alors d’instaurer
une rupture avec « la dichotomie classique entre action et pensée et
le paradoxe pédagogique des incompatibilités entre ce qui se fait, ce
qui peut se faire et ce qui devrait se faire » (Huberman, 1986).
La recherche expérimentale, quantitative, aux
variables et aux échantillons contrôlés ne suffit donc pas à
améliorer, en classe, les apprentissages des élèves. Ce modèle tend en
effet souvent à être « applicationniste », fondé sur une traduction-interprétation de résultats probants de
recherches expérimentales, ensuite implémentés à l’école…