Écrire le social 2024/1 N° 6

Couverture de ESRA_006

Article de revue

Effet miroir en Cisjordanie : entre résonances contextuelles et ajustements méthodologiques

Pages 62 à 73

Notes

  • [1]
    . Voir au sujet de la relation entre pouvoir et construction des savoirs les travaux d’auteurs tels que Michel Foucault, Paulo Freire, ou Ivan Illich.

Citer cet article


  • Dormeier Freire, A.,
  • Garcia Delahaye, S.,
  • Wittgenstein Mani, A.-F.,
  • Salama, H.,
  • accompagnateur à l'écriture : Loser, F.
(2024). Effet miroir en Cisjordanie : entre résonances contextuelles et ajustements méthodologiques. Écrire le social, 6(1), 62-73. https://doi.org/10.3917/esra.006.0062.

  • Dormeier Freire, Alexandre.,
  • et al.
« Effet miroir en Cisjordanie : entre résonances contextuelles et ajustements méthodologiques ». Écrire le social, 2024/1 N° 6, 2024. p.62-73. CAIRN.INFO, shs.cairn.info/revue-ecrire-le-social-la-revue-de-l-aifris-2024-1-page-62?lang=fr.

  • DORMEIER FREIRE, Alexandre,
  • GARCIA DELAHAYE, Sylvia,
  • WITTGENSTEIN MANI, Anne-Françoise,
  • SALAMA, Hanan,
  • accompagnateur à l'écriture : LOSER, Francis,
2024. Effet miroir en Cisjordanie : entre résonances contextuelles et ajustements méthodologiques. Écrire le social, 2024/1 N° 6, p.62-73. DOI : 10.3917/esra.006.0062. URL : https://shs.cairn.info/revue-ecrire-le-social-la-revue-de-l-aifris-2024-1-page-62?lang=fr.

https://doi.org/10.3917/esra.006.0062


Notes

  • [1]
    . Voir au sujet de la relation entre pouvoir et construction des savoirs les travaux d’auteurs tels que Michel Foucault, Paulo Freire, ou Ivan Illich.

Introduction

1 Cet article s’inscrit dans une première partie d’une enquête de nature exploratoire, menée en 2018-2020 par une équipe mixte de chercheurs et chercheuses suisses et palestiniens, composée de sociologue, travailleuse sociale, thérapeute-psychologue. Il reflète le processus réflexif fondant le projet, qui est articulé autour des quatre voix des auteur·e·s, membres de cette équipe de recherche interdisciplinaire. Comme chercheurs et chercheuses ou comme intervenant·e·s, comment ne pas être interpellé·e·s par une situation comme celle des Territoires palestiniens occupés dont la dénomination en dit long sur la situation vécue par ses habitant·e·s ? Situation qui s’inscrit dans un contexte historique et durable de conflit et de violence, mais également d’enfermement. Les tensions, et aujourd’hui le conflit, la précarité économique autant que la violence latente et explicite, les expulsions et les restrictions imposées aux déplacements, affectent non seulement le développement politique, économique et social de la société palestinienne, mais également l’état de santé de la population dans son ensemble. Si l’indice de développement humain place la Palestine légèrement au-dessus de la moyenne mondiale, de nombreuses études ont montré l’impact grave des traumatismes psychosociaux liés aux violences politiques quotidiennes et durables (Bessoles, 1985 ; Lachal & Moro, 1993). Ainsi, un nombre important de membres de la communauté palestinienne souffre des effets d’un stress et de trauma, lié à la durée et aux facteurs d’imprévisibilité qui y sont rattachés comme les diverses tensions quotidiennes (check points, fermeture de routes, colonisation, destruction de maisons, présence de force militaire, survol régulier de drones, guerres, arrestations, etc.), ou encore au poids du vécu biographique des personnes et des familles. La violence, notamment à l’égard des enfants – l’objet principal de notre recherche portant sur leur résilience – est ainsi une problématique récurrente comme que le démontre plusieurs études (UNESCO, 2010 ; INEE, 2004 ; World Bank, 2005 ; Burde, 2006 ; Wedge, 2008). Les enfants se trouvent dans une situation particulièrement fragile : même si l’accès à l’éducation s’est amélioré ces dernières années, avec un taux d’enrôlement de 95 % en 2015 (Palestinian Central Bureau of Statistics, 2017), différents problèmes persistent tels que le nombre élevé d’élèves par classe, le manque d’installations récréatives, le matériel scolaire insuffisant, l’enseignement de mauvaise qualité et les abandons scolaires : 32 % des enfants ne terminent pas leur éducation primaire, 25 % de garçons et 7 % de filles (Palestinian Central Bureau of Statistics, 2017). Les enfants qui vivent dans des camps de réfugiés, et en particulier dans les zones frontalières ou près du mur, ne peuvent souvent pas aller à l’école à cause de la violence générée par le conflit.

2 En tenant compte de ces circonstances et de cet environnement fragile, cet article met en lumière l’ajustement nécessaire et essentiel des méthodes de recherche déployées dans un contexte fluctuant en termes de dynamiques politiques et sociales. Il témoigne de la façon dont les méthodes sont littéralement mises à « l’épreuve pour inventer, avec un souci permanent de rigueur, de nouvelles manières de faire » (Bouillon et al., 2005, p. 14) répondant aussi aux besoins des partenaires, intervenants en milieu scolaire. Il évoque également la nécessité de poser un regard réflexif sur ses propres pratiques de recherche, sur les transformations méthodologiques nécessaires et la posture des chercheurs et chercheuses sur un terrain spécifique, la ville de Tulkarem, un des territoires de démarcation avec Israël depuis 1949 (« la Ligne verte »). C’est l’effet « miroir », le reflet de notre objet de recherche qui nous renvoie à nous-mêmes, et à notre manière de l’interroger qui est au centre de cet article. Nous analysons ici nos capacités à nous repositionner sur un terrain de recherche à travers un processus réflexif et itératif commun découlant d’un projet interdisciplinaire encore en cours. Si notre travail en Cisjordanie est collectif, nous partons de nos voix individuelles, notre manière de nous regarder en tant que chercheur et chercheuses dans notre « miroir », afin d’alimenter une démarche réflexive commune.

1. Au cœur de la réflexivité : les voix d’une équipe de recherche en quête de méthodes qualitatives

3 Notre projet de recherche s’appuie sur une littérature dans nos champs respectifs et des méthodes qualitatives telles que les entretiens semi-directifs, l’observation participante, les focus groups, les ateliers photo-vidéo-théâtre participatifs, l’élicitation de photos, ou autres. Au cours des phases préparatoires de notre travail et des premiers séjours sur le terrain, les méthodes se sont trouvées au cœur de nos préoccupations, notamment parce que le contexte, la ville de Tulkarem en Cisjordanie, impose des contraintes spécifiques (occupation, mur de séparation, camps de réfugiés, proximité de colonies, check-points, pour n’en citer que quelques-unes). Comment dès lors nous positionner méthodologiquement par rapport à un contexte fragile, ainsi qu’à nos champs respectifs (éducation, travail social et psychomotricité), proches, mais néanmoins différents ? Les sections suivantes décrivent et mettent en résonance nos démarches réflexives, tout en nous positionnant sur des débats méthodologiques portant sur les thèmes principaux de la place, de l’atout ou du biais que représente l’engagement de l’expérience et la subjectivité de l’équipe de recherche dans un contexte comme celui de la Cisjordanie.

4 Ainsi, Alexandre relève que, comme chercheur expérimenté, on pense pouvoir faire face à toute situation. Pourtant, changer de terrain et de contexte se révèle un vrai défi constitué de ruptures culturelles, linguistique, scientifique, méthodologique, et parfois personnel, entrainant chacune dans un va-et-vient entre les réflexes acquis au cours de son parcours, et l’ajustement parfois maladroit en raison d’un contexte socioculturel totalement nouveau. Ainsi en va-t-il pour chacun·e de nous, au travers de nos expériences, celle aguerrie en Asie d’Alexandre, celle de Hanan, membre de la diaspora palestinienne, celle d’engagement auprès de publics du travail social de Sylvia, ou encore celle du regard d’Anne-Françoise, posé sur l’implication corporelle et émotionnelle en jeu dans l’espace et le temps.

2. Quand la situation d’occupation, le narratif de l’histoire collective des Palestinien·ne·s traverse les chercheurs et chercheuses

5 Hanan, elle, souligne l’épaisseur particulière de cette situation : dans un contexte en perpétuel changement, nous nous attendons à ce que les histoires et les témoignages changent également. Or, dans le contexte palestinien, de prime abord, il semble que la trame narrative soit constante. Mais cela uniquement parce que l’état d’occupation, lui, est finalement immuable, et ce malgré les oscillations entre allègement et resserrement des politiques d’occupation. Comme chacun·e de nous, elle constate qu’il est indéniable à travers les propos partagés par les sujets de recherche que l’état d’occupation a infiltré toutes les sphères de vie en Palestine. C’est en fait la (re)connaissance tacite que les sujets attendent de tout·e) chercheur et chercheuse en Palestine. Tout·e chercheur et chercheuse qui s’y aventurerait sans en être convaincu·e, neutre ou impartial·e, échouerait dans sa connexion relationnelle avec la communauté, et de ce fait n’accèderait pas à la population.

6 Dans ce sens, être une Palestinienne de la diaspora comme Hanan, semble conférer, dans une certaine mesure, un avantage par rapport à ses autres collègues chercheurs et chercheuses. Mais de cette position d’insider (être l’une d’entre eux), elle pouvait aisément passer à celle d’outsider si son questionnement de propos tenus par des sujets venait à semer le doute quant à son propre positionnement. Ainsi, malgré une relation de confiance ou au cours d’une conversation parfois hasardeuse, les questions sensibles, posées pour distinguer la part attribuable respectivement à l’identité du collectif et à celle personnelle d’une histoire, pouvaient donner le sentiment au destinataire que le chercheur ou la chercheuse doutait de la véracité des propos ou recherchait, peut-être, une autre vérité. Au cours des entretiens, les sujets racontent leur histoire en recourant souvent à des histoires de vécus d’autres membres de la communauté ou d’autres Palestinien-ne-s vivant sur le territoire occupé. Ceci rend difficile l’identification des composantes qui sont propres à leurs expériences personnelles et celles ressenties comme vécues par association avec les autres membres de la communauté. Ceci est en partie expliqué par le sentiment des Palestinien-ne-s qui partagent une histoire commune de perte et de souffrance. Cette recherche de « l’individuel » dans le collectif renvoie à l’introspection faite par Caron (Caron et al., 2017, p. 13), dans laquelle elle se demande si sa recherche du « je » dans les récits des femmes réfugiées palestiniennes au Liban n’était pas sa propre « propension à mettre l’individu au cœur [du] récit de vie alors que plusieurs des réfugiées palestiniennes mettent plutôt la collectivité au centre du leur ». C’est à se demander également si, selon les termes de Abu-Lughod (1993, cité dans Caron et al., 2017, p. 14), « le récit de vie peut créer le sentiment que la personne apparait comme “le” centre du récit ou encore, comme un individu isolé ». Dans le contexte palestinien, le collectif étant plus important que l’individuel, se situer au centre du récit semble acceptable lorsque ce récit relate une histoire de l’occupation, état commun et partagé par tout le monde. Ainsi, l’individu ne se retrouve pas isolé, il ou elle marque son appartenance à une communauté et contribue à la survie de la mémoire historique du peuple palestinien. De plus, les face-à-face en huis clos sont rares dans le contexte socio-culturel de la Palestine. Nous nous sommes retrouvés à maintes reprises entourés par différents membres de la communauté qui assistaient aux entretiens, et très souvent y participaient en relatant un détail ou approuvant la véracité des propos. Ceci ajoute au caractère « commun » des discours des sujets de recherche. Cet embrouillement entre le « commun », fruit d’un narratif collectivement construit, et le « personnel » avait aux premiers échanges créés des questionnements au sein de notre équipe de recherche. Ceci nous a amenés à parfois prendre la position d’investigateur et investigatrice recoupant, dans la mesure du possible, les informations transmises ici et là. Mais Hanan se demande alors si le fait de vouloir comme révéler le « personnel » dans l’histoire, pour en prouver sa véracité, n’était pas une impasse dans ce contexte.

3. Résonances du terrain palestinien

3.1. Entre émotions ressenties

7 En miroir de cette réflexion entre le dedans et le dehors, le collectif et l’individuel, Sylvia relève que lors des entretiens collectifs de recherche dans le cadre de rencontres organisées par nos partenaires académiques et professionnels ou offertes par les circonstances, elle se laisse porter en adoptant une posture parfois risquée, oscillant entre observations et questionnements critiques. Elle souligne plusieurs fois à ses interlocuteurs et interlocutrices : « Vous n’avez pas répondu à ma question ! » et perçoit de l’agacement et de la méfiance ; effet miroir de sa posture, entre résonances contextuelles et ajustements méthodologiques nécessaires. Elle se demande que faire de ces émotions négatives réciproques. Comment les saisir dans le cadre de l’élaboration de la recherche ? Et quelle place est laissée à cet expérientiel contrarié dans le dispositif méthodologique ? Ses collègues lui disent : « Il faut prendre le temps… ». Dès lors, le temps passe à se rencontrer et à se connaître dans des espaces formels et informels où le marc laissé par les cafés témoigne peut-être d’un début d’histoire partagée qui porte, on l’espère, vers la réalisation de projets communs.

8 Cette connexion émotionnelle et relationnelle avec le terrain dans une méthode qualitative a été bien décrite par la littérature et des auteurs tels que Stark et Watson (cité dans Cooper & Finley, 2014, p. 12) : « …a willingness for connection between self, and other, whether the other is the people we research, the written transcripts, or the resulting text that stirs and ignites our passion. ».

9 Mais ce qui différencie cependant sans doute le plus la Cisjordanie d’autres terrains, c’est le contexte de conflit, de crise prolongée ainsi que le narratif de l’occupation qui vous envahit dès les premiers instants passés dans cette région comme le souligne Alexandre. Selon lui, dans ce cas, la littérature se révèle un peu décourageante : « However, the literature is quite limited when it comes to books describing how to apply qualitative methods to peace and conflict studies, despite de fact that a significant portion of research in peace and conflict studies is qualitative » (Cooper & Finley, 2014, p. 13). Pour compenser cette absence, les auteurs préconisent des approches basées sur le self-learning ou encore le experential learning, et de les ancrer dans une méthodologie de type grounded theory, popularisée par Glaser et Strauss à la fin des années 1960, c’est-à-dire en identifiant les thèmes à observer et leur attribuant un sens lorsqu’ils se présentent : « … and thus defined grounded theory as a method of discovery, treated categories as emergent from data, relied on direct and, often, narrow empiricism, and analyzed a basic social process » (Charmaz, 2006, p. 8). Cette méthode favorise également une dialectique entre le chercheur et son terrain, et semble particulièrement pertinente notamment dans une recherche portant sur l’éducation et le travail social, dont les rôles dans la société sont de contribuer au changement social :

10

In introducing grounded theory, Glaser and Strauss (1967) sought to provide a method of data collection and analysis that could be used as a tool for social change. (…) Educative research involves restructuring the typical relationship between subject and researcher to one that is less hierarchical and more dialogical. (…) Grounded theory is ideally suited for educative research as it recognizes that each teacher, student, or administrative will have a different lived experience with schooling. (Finley, 2014, p. 50)

11 Si partir de l’expérience et du vécu des sujets de la recherche pour reconstruire simultanément, par comparaison itérative entre le chercheur ou la chercheuse et les données récoltées sur le terrain, le cadre analytique, conceptuel et théorique s’avère une méthodologie intéressante, elle n’est pas spécifique aux zones de conflits. Pour l’avoir utilisée dans d’autres contextes, Alexandre estime qu’elle s’adapte justement parfaitement à un contexte fragile ou de crise prolongée comme la Cisjordanie.

12 Hanan interroge ce point de vue en se questionnant sur le rôle même du chercheur ou de la chercheuse dans un tel contexte. Pourquoi devrions-nous porter plus d’importance à la composante individuelle à travers des entretiens qui représentent une histoire qui se dit collective, voire même porteuse d’un message politique ? Lorsque des populations vivent dans un état physique ou psychologique de constant conflit, qu’une étude soit basée sur une réalité que le chercheur ou la chercheuse souhaite objective, ou sur une vérité contée ou construite par une population, n’est peut-être pas le plus important. La production de connaissances objectives reste-t-elle alors vraiment l’objectif principal ? Ne doit-on pas davantage valoriser l’établissement sur le long terme d’un rapport de confiance et inclusif du chercheur ou de la chercheuse avec les sujets de recherche ? Tout ceci peut favoriser une dynamique d’introspection par le chercheur ou la chercheuse et par les sujets mêmes de la recherche, chacun influençant l’autre. Ceci est d’autant plus pertinent lorsque la recherche ambitionne de faciliter le changement social, ce qui nécessite une réelle participation de la part des communautés concernées. Cette réflexion nous renforce dans la conviction qu’une forme de participation accrue des sujets de recherche, avec une prise de contrôle même du processus de la recherche par les sujets leur offrirait le choix de la forme de changement social.

13 Mais parler des participant(-es) nous implique également dans un rapport plus ou moins proche. Ainsi, Hanan se considérait biaisée et partiale dans ce projet. Elle craignait que son regard sur la situation ne soit qu’un regard empathique, et que celui-ci déforme son analyse. En faisant partie des Palestinien-ne-s hors de Palestine, elle vit la tâche d’être porte-parole des Palestinien(-ne)s non libres auprès des populations qui ne connaissent pas le sort de ses compatriotes. Le fait de ne pas devoir vivre ce risque au quotidien ne va pas sans le sentiment d’une certaine injustice qui ne peut être atténué qu’en relayant le plus possible la cause palestinienne. Or exposer la vérité indéniable que sont les souffrances du peuple auquel elle appartient diffère d’une étude scientifique qui exigerait de sa part une certaine distanciation et de peut-être questionner le narratif de la vie sous occupation. Or, dans les zones de conflits, il est impossible pour tout·es chercheurs et chercheuses de se « distancier » sans paraître inhumain-e, au risque même d’être perçu·e comme un soutien de l’autre, Israël. Dans les contextes de conflit, l’utilisation des entretiens peut s’avérer douloureuse et révéler des traumatismes latents, et semble de ce fait quelque peu déplacée. Dans le cas de la Palestine, lieu de multiples recherches et où les Palestinien·ne·s ont très ouvertement partagé leur détresse depuis le début du conflit à ceux qu’ils considéraient comme leurs messagers, questionner encore leurs témoignages s’apparentent à douter de la véracité de leurs propos.

3.2. Déplacement de postures des chercheurs et chercheuses

14 Sylvia, par sa posture de travailleuse sociale et chercheuse engagée auprès de populations défavorisées, met en exergue la problématique de faire de la recherche en travail social, entre un ici et un ailleurs, toujours à découvrir ou à redécouvrir. Une telle posture s’inspire du courant de pensée sur l’éducation populaire de Freire (1974) et tient compte des approches d’éducation aux droits humains et à la paix. Elle s’appuie sur une palette d’outils professionnels et de méthodes qualitatives impliquant à la fois pratique et théorie dans une visée émancipatrice. Sa découverte du contexte « sensible » du nord de la Cisjordanie, en particulier de Tulkarem, remet en question d’une autre façon que pour Hanan son bagage conceptuel, méthodologique et pratique. Sylvia découvre ainsi, tout d’abord, que le métier de travailleur et travailleuse sociale relativement récent en Palestine, ne comprend pas de figure emblématique, de modèle identificatoire pour de jeunes générations en formation. Profession importée par les acteurs de la coopération au développement pour la construction de la paix depuis la deuxième Intifada (les années 2000-2006), le travail social se développe comme filière parallèle ou reléguée en tension continue avec les disciplines « classiques » universitaires et peine ainsi à forger une identité professionnelle valorisée, reconnue et recherchée dans ce territoire spécifique. Le travail social tel qu’elle l’a découvert à Tulkarem est l’objet de tensions multiples entre institutions académiques, associations professionnelles et pouvoirs publics, objet souvent défini par ces rapports conflictuels plutôt que par les savoirs tacites qui émergent de la pratique et de la relation avec les publics. Confrontée à des interlocuteurs et interlocutrices sceptiques sur les approches participatives proposées, elle fait quelques pas en arrière, gardant de côté ses références et méthodes. Elle se demande alors : comment co-créer de nouvelles approches, méthodes reconnues et valorisées sur le territoire palestinien ?

15 Alexandre de son côté note qu’une méthodologie de type grounded theory semble pertinente dans ce contexte, mais qu’elle ne s’accompagne pas de méthodes claires, autres que les entretiens, les Focus Groups ou les observations participantes. Certes, des auteur(e)s comme Skjelsbaek (2006), ont montré que certaines de ces méthodes restent valables même avec des victimes de trauma important, mais est-ce suffisant ? Cette réflexion s’articule surtout autour de la compréhension de la relation hiérarchique qui peut s’établir entre le chercheur ou la chercheuse et la personne interviewée, alors qu’une relation plus symétrique et dialogique permettrait de mieux s’insérer dans une approche de type grounded theory. Car, si dans un contexte marqué par un conflit on peut reconnaître que les émotions, surtout négatives (insécurité, vulnérabilité, imprévisibilité ou encore peur) dominent le quotidien des habitants, ne devrait-on pas le reconnaître et leur donner la possibilité de l’exprimer ?

4. Vers l’exploration de nouvelles méthodes participatives et disruptives en Palestine

16 Deux solutions semblent émerger : la participation des sujets dans le processus de récolte des données et les arts comme méthodologie. Les méthodes dites « disruptives » peuvent servir de cadre conceptuel et théorique pour des approches ABER (art-based educational research) qui en découlent. Springway, Irwin and Kind propose l’argument principal soutenant cette approche :

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Our arguments stem from a belief that if forms of arts-based research are to be taken seriously as emerging fields within educational research, then perhaps they need to be understood as methodologies in their own right, not as extensions of qualitative research. This entails moving beyond the use of existing criteria that exists for qualitative research and toward an understanding of interdisciplinarity not as a patchwork of different disciplines and methodologies but as a loss, a shift, or a rupture where in absence, new courses of action unfold. (Springway, Irwin, Kind, 2005, p. 898)

18 Selon ces auteures, l’emploi d’une telle méthodologie permet d’atteindre peut-être une forme d’interdisciplinarité nouvelle à laquelle nous aspirons dans ce projet de recherche. Ces auteures utilisent le concept de a/r/tography (artist/researchers/teachers) ; s’engager dans la pratique de l’a/r/tographie signifie pratiquer la recherche par le biais d’un processus de création artistique et d’écriture. C’est un processus de « double imagerie » qui comprend la création d’art et de mots qui ne sont pas séparés ou illustratifs les uns des autres, mais qui au contraire sont reliés et tissés entre eux pour créer de nouvelles significations (Springway et al., 2005). C’est une forme de recherche-action, impliquant les acteur·e·s du contexte investigué, comme celui ou celle qui l’investigue, d’une manière collaborative. L’avantage d’une telle approche dans une zone de conflit comme la Cisjordanie est de précisément éviter une relation hiérarchique et de pouvoir [1] entre les chercheurs et chercheuses et les « recherché-e-s », néfaste à la construction de données et de savoirs. Elle limite aussi la production de certains biais, notamment concernant la connaissance, du contexte culturel de son terrain, et surtout, elle ne nie pas l’existence d’émotions dans les processus de générations des données.

19 Tous ces éléments plaident pour une forme accrue de participation des sujets de la recherche à travers une méthode plus disruptive. Cependant, si un courant important de la littérature décrit bien la recherche dite participative, celle-ci se concentre beaucoup sur le contexte méthodologique plutôt que sur les méthodes elles-mêmes (Cornwall & Jewkes, 1995). Ainsi, s’il semble aller de soi que la recherche participative est considérée comme une méthodologie qui plaide en faveur de la possibilité, de l’importance et de l’utilité d’impliquer les partenaires de recherche dans la production des savoirs (Bergold & Thomas, 2012), c’est plutôt sur les méthodes qu’il convient de déplacer la réflexion, au risque de ne pas tenir compte de cette relation hiérarchique dans la production des savoirs.

20 Anne-Françoise poursuit cette réflexion en s’appuyant sur des observations antérieures en Cisjordanie et qui portent sur des méthodologies soutenant des processus de résilience. Ceux-ci renvoient aux vécus spécifiques des populations de cette région en termes corporels, temporels et spatiaux, mais pour qui la possibilité d’envisager des perspectives d’avenir est rendue difficile. Dans un ouvrage consacré à la Palestine, Heacock (2011, p. 24) souligne l’impact de la situation de conflit sur la façon dont la communauté expérimente le temps : « le temps est l’obsession palestinienne. Le temps passé dont provient le dilemme actuel, et le temps futur dont doit venir la restitution du temps révolu ». Il insiste sur l’impossibilité de la collectivité palestinienne à se projeter dans un avenir, d’être innovant et créatif. D’autre part, sur le plan de l’espace, il évoque le « territoire éclaté » et la « pression spatiale par les colonies », relevant ainsi l’impact de ces « tentatives de rendre impossible pour les Palestiniens la contiguïté nécessaire à l’établissement d’une entité cohérente… » (Heacock, 2011, p. 47-48). Dans ce contexte, l’ancrage psychomoteur permet de réfléchir à certains enjeux des espaces créatifs et des évènements des méthodologies participatives, notamment l’organisation dans l’espace et le temps, ou l’intégration des dimensions corporelles et psychiques dans les engagements interactionnels proposés, d’autant plus lorsque la recherche a pour objectif de permettre l’expression des besoins d’une population. Dans une précédente recherche, Anne-Françoise s’est ainsi intéressée au point de vue des acteurs et actrices de deux dispositifs de formation destinés à un personnel engagé dans des contextes psychosociaux. Au-delà de la satisfaction des participant·e·s, l’apport qu’elle souligne est de mettre en œuvre notre propre réflexivité afin d’apprendre des autres, de l’expérience co-construite.

21 Anne-Françoise note par exemple que les dimensions ludiques, sensorielles, corporelles, émotionnelles et de socialisation étaient fortement appréciées. La dimension ludique notamment (et par extension créative) s’est révélée un bon médiateur soutenant ce que les participant·e·s ont appelé le « ice-breaking », phénomène auquel ils ont accordé une grande importance. Dans la littérature, ce phénomène peut être compris comme un « terreau à partir duquel s’amorcent des démarches d’explicitation, de compréhension et/ou de problématisation censées générer des apprentissages et du développement » (Mehran, 2012). L’engagement des participant·e·s dans ce cadre peut également être vu comme une réponse positive à la mobilisation de niveaux de représentation mentale différents que ceux sollicités par des approches essentiellement théoriques ou discursives et qui favorisent ainsi une démarche d’appropriation de nouveaux cadres de référence et de nouveaux outils d’intervention (Tessier, 2013). L’importance du travail en groupe est mise en lien avec l’importance de la participation, car « c’est en prenant part à des pratiques communicationnelles et en mobilisant des représentations qui marquent son appartenance à une communauté socioculturelle que l’apprenant développe savoirs et savoir-faire qui contribuent à son développement et son engagement » (Mehran, 2010, p. 4). Dans le cadre d’un dispositif destiné à des participant·e·s confrontés à un contexte de répétitions d’évènements catastrophiques comme en Palestine, la communauté, qu’elle soit de pratique ou autre, propose également un espace intersubjectif d’écoute et de réflexion partagée ainsi que le décrivent notamment Mitsopoulou & Derivois (2014) dans leur article à propos des effets thérapeutiques d’étayage et de contenance, de résilience, de groupes de parole auprès d’enfants après le tremblement de terre en Haïti.

22

À partir de ces constats, mais aussi de celui des difficultés des participant·e·s à s’impliquer de façon durable et à mobiliser leurs propres capacités réflexives, il nous semble pertinent de s’inspirer de modèles qui mobilisent imaginaire, croyance, affectivité, sensorialité, corporéité, émotion, appartenance, avec l’objectif de construire l’empowerment des participant·e·s (Tessier, 2013). Ceux-ci font surgir de la vie et des activités humaines, des valeurs et des concepts qui aident ceux qui y participent à se situer au sein de la société… La reconnaissance qui en résulte c’est un sentiment d’enrichissement qui donne ou renforce la confiance en soi et qui se traduit par une meilleure assurance dans ses actes comme dans ses propos. (Ladsous, 2009, p. 91).

23 Anne-Françoise souligne encore que, si l’attrait pour les dimensions expérientielles, corrélé avec l’intérêt exprimé pour les dynamiques ludiques et émotionnelles semble porteur, un soin particulier doit être apporté à l’accompagnement des expressions émotionnelles ou symboliques, notamment dans la mesure où la position réflexive qu’impliquent nos objectifs participatifs ne fait pas nécessairement partie d’un vocabulaire narratif et élaboratif partagé culturellement.

Conclusion : L’effort réflexif partagé comme source de cadrage et d’ajustement méthodologiques (post-qualitatifs ?)

24 L’effort réflexif individuel et collectif de notre équipe de recherche confrontée au contexte sensible et fragile de Tulkarem en Cisjordanie, nous a renvoyé chacun·e à nos propres postures de chercheur et chercheuse et d’intervenant·e, ainsi qu’à nos quêtes théoriques et méthodologiques qui s’entremêlent dans le but de construire une recherche avec des partenaires académiques et professionnel·le·s palestinien(ne)s. La relation avec celles et ceux-ci et la rencontre sur le terrain avec des travailleurs et travailleuses sociales, enseignant·e·s, familles, enfants et jeunes ont considérablement agi sur nos représentations et idées de départ. En effet, lors des premières immersions en Palestine, la considération des émotions ressenties nous amène à la co-création de nouvelles méthodes (post-qualitative ?) pour la suite de notre projet de recherche, mieux en prise avec la réalité concrète du terrain de l’enquête, qui tiennent compte de l’expérientiel et des savoirs implicites des différents acteurs impliqués dans le processus de recherche, désormais participative. Cette expérience d’altérité palestino-suisse se trouve parfois contrariée, discutée, ainsi que chacun·e l’a exprimé, engageant nos capacités à penser en déplaçant notre point de vue afin d’identifier les ressources créatives de l’expérience partagée. Ces mouvements réciproques nous conduisent à nous décaler, dans l’espace, mais aussi dans nos représentations, et permettant ainsi à l’autre, à son tour, de se déplacer, ce qui dans un espace confiné comme celui de la Cisjordanie ouvre des champs de rencontre inédits auxquels chacun·e des acteurs et actrices participe.

25 Depuis quelques années, bon nombre d’ouvrages et d’articles traitent des besoins de diversification des méthodes qualitatives (Brown et al., 2014). Que le travail de recherche s’insère dans une démarche inductive ou déductive, ou adopte des méthodes quantitatives ou qualitatives, le besoin de « conceptualiser », voire d’utiliser des « méthodologies sans méthodologie » (Koro-Ljungberg, 2016) émerge dans bon nombre de publications récentes. Malgré la prolifération des méthodes qualitatives au cours de ces dernières deux décennies, soulignée notamment par Denzin & Lincoln (2005), des auteur·e·s suggèrent que ces méthodes restent figées dans un ensemble de contraintes scientifiques, institutionnelles et théoriques, notamment dans le champ de l’éducation et du social.

26 Partant de ce constat, se pose alors la question de la production d’espaces méthodologiques et de créativité, particulièrement lorsque le projet de recherche, comme c’est le cas ici, se déroule dans un contexte fragile, en situation de crise prolongée comme Tulkarem. Des auteurs comme Welty (2014), ou encore Skjelsbaek (2006), se sont interrogés sur les méthodes à employer dans de tels contextes, face à des victimes de conflit, ou de trauma ; ils mettent l’accent sur l’éthique, et l’usage de méthodes non-verbales ou artistiques, ou encore les analyses narratives (Sarbin, 1986), autrement dit des outils offrant des espaces méthodologiques plus ouverts.

27 Mais comment réconcilier le débat de la fameuse « distanciation » avec son objet d’étude et le besoin de créativité méthodologique dans un contexte qui soulève de nombreuses questions morales et éthiques ? Un début de réponse se trouve peut-être dans la façon dont nous approchons la méthodologie : « Thus, viewing and approaching methodologies as events or aporetic entities without methodologies could provide a framework from which critical social science and qualitative researchers could conduct research that leaves room for surprise, responsiveness, and creativity » (Koro-Ljungberg, 2016, p. 85). La méthodologie comme « évènements » ou « entités aporétiques » semble en effet particulièrement pertinente dans le contexte de cette recherche. La littérature évoque également l’avènement d’une recherche « post-qualitative », dans laquelle l’expérimentation et la micro-action seraient des dimensions d’une méthodologie à construire dans un monde instable et en perpétuel changement (Lather & St Pierre, 2013). Mais se pose alors la question du comment être « méthodologiquement créatifs ». La créativité et l’innovation passent certainement par l’interdisciplinarité et par la confrontation de nos méthodes avec des chercheur(e)s utilisant d’autres approches. Sans ouvrir le débat sur l’interdisciplinarité en tant que telle, ce sont la pluralité de nos méthodes qui structurent notre travail d’équipe. Et au cœur de ce travail méthodologique se trouve la réflexivité, occupant une place centrale dans les méthodes qualitatives, qui nous sert aussi à créer ces espaces méthodologiques pour appréhender un contexte de recherche. Son application concrète pose toutefois encore des difficultés, car elle implique des dimensions aussi bien personnelles, interpersonnelles, institutionnelles, pragmatiques, émotionnelles, théoriques, épistémologiques ou encore ontologiques, ceci dans la mesure où elle influence tout le processus de conception, de collecte et d’analyse de données (Mauthner & Doucet, 2003). Notons cependant que la réflexivité suscite encore des débats comme en atteste l’article de D’Cruz, Gillingham et Melendez (2006) qui pose les bases pour une réflexion au-delà de l’aspect purement technique de la posture du chercheur et de la chercheuse dans la création de connaissances :

28

The second and third variations acknowledge the agency of social work practitioners and their emotional response to the situations they face, but, rather than encouraging social workers to distance themselves from their experience of emotion in an attempt to become ‘objective’, the social worker is expected to acknowledge the influences of their subjective experience on how they create knowledge. The subjective experience of the social worker would include an awareness of ‘tacit’ knowledge, defined as the range of sensory and conceptual information that individuals use to understand any situation but which is normally hidden from scrutiny (Polanyi, 1967). (D’Cruz et al., 2006, p. 86)

29 Nous retrouvons un point de vue similaire chez Libois lorsqu’elle décrit la place de l’expérience sensible et émotionnelle comme outil central de connaissance en travail social : « Saisir l’émotion non seulement comme ouverture à la connaissance, mais aussi comme véhicule de ce qui fait connaissance, en soi et dans le jeu de l’interaction à autrui » (Libois, 2018, p. 33).

30 La réflexivité se définit aussi par l’accent mis sur le changement social pour les acteurs et actrices (y compris les bénéficiaires du travail social ou des champs de l’éducation), en sensibilisant les praticiens et les praticiennes et les chercheurs et les chercheuses aux relations entre connaissances, pouvoir et structures sociales (D’Cruz et al., 2006). Selon nous, il s’agit donc bien de pouvoir dans un premier temps nommer le ressenti, analyser l’expérience vécue, et identifier dans un second temps les savoirs qui transcendent l’action sociale à travers un regard croisé palestino-suisse dans un contexte de changement et en tension des dynamiques politiques et sociales, la ville de Tulkarem.

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Mots-clés éditeurs : émotions, éthique, interdisciplinarité, palestine, post-qualitatif, recherche, réflexivité

Date de mise en ligne : 15/11/2024

https://doi.org/10.3917/esra.006.0062

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