Notes
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[1]
Ce projet a été financé par le Conseil de Recherche en Sciences Humaines du Canada (CRSH) dans le cadre de ses subventions d’engagement partenarial. Nous remercions chaleureusement l’organisme subventionnaire pour ce financement.
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La philosophie du Gap Mending, développée par l’École de travail social de l’Université de Lund et valorisée au sein du réseau PowerUs, un regroupement international favorisant l’implication des usagers dans les formations en travail social, sert d’outil réflexif pour aider les professionnels à considérer ce qui dans leurs pratiques, augmente, maintien ou réduit les distances entre les travailleurs sociaux et les personnes accompagnées.
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[3]
L’intervenante réfère à l’étudiante, auxiliaire de recherche qui a accompagné les participantes à toutes les étapes de la réalisation du projet du théâtre-forum.
Introduction
1L’École de travail social de l’Université de Sherbrooke met en œuvre depuis 2015 un programme structuré et structurant d’implication des usagers au sein de ses formations initiales et supérieures. Ainsi, diverses activités (école d’été mixte étudiants-usagers, formation destinée aux usagers, activités pratiques et activités cours impliquant des usagers, forums-discussion, colloques) sont réalisées dans le but de structurer l’implication des usagers, afin qu’elle s’inscrive tout au long du parcours de professionnalisation des étudiants (Morin & Lambert, 2017). Le terme usager-entraîneur est utilisé pour situer le rôle que jouent les usagers impliqués dans la formation en travail social. Discutée et choisie avec les personnes concernées, cette expression fait écho à celle de praticien-entraîneur, utilisée dans la formation pour désigner les professionnels qui chapeautent différentes activités pratiques auprès des étudiants.
2Aux activités pédagogiques mises en place s’ajoute une programmation de recherche qui vise à documenter les défis et retombées de l’implication des usagers-entraîneurs dans le cadre de la formation et de la recherche. Ces projets de recherche s’appuient sur des assises partenariales et favorisent le croisement des savoirs des différents acteurs impliqués. C’est dans ce contexte que cet article, coécrit par des professeures, des étudiantes et des participantes au projet, rend-compte d’une expérience de cocréation d’un théâtre-forum avec un groupe de femmes membres du Réseau d’Appui aux familles Monoparentales et recomposées de l’Estrie (RAME) dans le cadre d’un projet de recherche partenariale intitulé Renforcement des capacités des membres du RAME [1]. Ce projet, réalisé entre 2018 et 2020, avait pour but de renforcer les capacités des membres par leur implication dans la formation initiale des étudiants de l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Trois objectifs étaient visés : documenter une initiative d’intégration des ménages familiaux en situation de défavorisation matérielle et sociale dans la formation initiale des travailleurs sociaux ; mesurer l’impact de cette initiative sur le renforcement des capacités des participants et contribuer à l’enrichissement de la formation initiale des travailleurs sociaux. C’est par le biais de l’utilisation de la méthode du théâtre-forum que les objectifs du projet ont été atteints. En cohérence avec le cadre partenarial du projet, le choix du théâtre-forum comme activité mobilisatrice pour les participantes a été déterminé avec le milieu communautaire partenaire en cours de collaboration.
3Le présent article propose un retour d’expérience sur la coconstruction et l’actualisation de l’activité du théâtre-forum à partir du point de vue des participantes. Après avoir situé les balises théoriques du projet ainsi qu’expliqué, le processus de cocréation, les défis et les retombées pour les participantes seront décrits et illustrés par leurs propos. Cela mènera à l’identification des conditions qui ont favorisé une expérience positive et satisfaisante pour le RAME et les participantes impliquées dans le projet.
1. Coconstruire pour réduire la distance
4Dans le cadre des activités pédagogiques et des différents projets de recherche axés sur l’implication des usagers dans la formation en travail social, l’Université de Sherbrooke s’appuie sur la philosophie suédoise du Gap Mending [2] traduit par la réduction de la distance sociale entre usagers et travailleurs sociaux. La réduction de la distance se définit comme :
[…] un concept que l’on utilise afin d’engendrer une réflexion et une analyse des écarts existant entre les acteurs du travail social. Les écarts ciblés sont des distinctions explicites ou implicites entre des individus, des groupes ou des organisations qui sont reliés au travail social, etc. Une convergence entre ces écarts est leur contribution aux injustices, aux dépendances et aux exclusions en travail social et dans la société. Les écarts empêchent, et même parfois stoppent, les activités en travail social dans leur contribution au développement positif des groupes ciblés. (Kristiansen & Heule, 2016, p. 37, traduction libre)
6Ainsi, dans un contexte pédagogique, l’objectif demeure de favoriser la rencontre entre étudiants et usagers-entraîneurs, afin de sensibiliser les différents acteurs aux réalités humaines de chacun et de promouvoir le croisement de leurs différents savoirs. Les savoirs académiques et les savoirs expérientiels sont alors croisés dans un exercice d’enrichissement mutuel des savoirs. Pour les usagers, il ne s’agit pas uniquement de témoigner de son expérience, mais de la transformer en savoirs à partager.
7Cette approche s’avère en cohérence avec la finalité du travail social au Québec qui est de « favoriser et de renforcer le pouvoir d’agir des personnes dans leurs relations interpersonnelles, l’accomplissement de leurs rôles sociaux et l’exercice de leurs droits individuels et sociaux » (Gouvernement du Québec, 2021, p. 26). Il s’agit de sensibiliser les étudiants à cette posture qui offre donc de grandes possibilités de participation, de choix et d’accomplissements des usagers (Bacqué & Biewener, 2013 ; Hodgett, 2008).
8C’est porté par cette même philosophie, mais également appuyé sur les assises des approches anti-oppressives et centré sur les capabilités (Nussbaum, 2011 ; Sen, 2009), que le projet de recherche partenarial a été coconstruit et développé en collaboration avec tous les acteurs. Bien qu’initié d’abord par les chercheurs qui ont sollicité le milieu communautaire, le projet s’est créé au fil des discussions avec les professionnels et les membres de l’organisme dans des contacts formels et informels (rencontres, échanges, discussions, réunions). Sensible au fait que l’organisme partenaire agit auprès de mères ou de pères monoparentaux souvent en contexte de vulnérabilité, il s’avérait important d’être à l’écoute des besoins, désirs et possibilités de chacun afin que l’expérience du projet de collaboration soit enrichissante et positive pour chacun des acteurs.
9Dans ce contexte, et dans l’esprit d’une approche partenariale avec l’organisme communautaire, le choix du théâtre-forum comme activité mobilisatrice a émergé du milieu partenaire lui-même. Ce médium était tout indiqué pour renforcer la capacité d’agir des participantes, puisqu’il ouvrait un espace de parole donnant une voix à des femmes peu entendues. Aussi, le travail de coconstruction et les présentations, devant publics, de situations de vie singulières permettaient de dépasser une lecture psychologisante des problèmes individuels et de les examiner dans une perspective sociale ou politique (Lénel, 2011). C’est donc à partir de cette activité qu’ont pu s’actualiser les objectifs du projet dans le respect de ses assises théoriques.
Le théâtre-forum comme activité mobilisatrice
10Le théâtre forum est une forme particulière de théâtre qui a été fondée au Brésil, par Augusto Boal, à la fin des années 1960 (Boal, 1996 ; Coudray, 2016). Son appellation même a été choisie par Boal en résonance à la Pédagogie des opprimés de Freire (Bourassa-Dansereau, 2017 ; Chatelain-Le Pennec & Boal, 2010 ; Coudray, 2016 ; Hamel, 2012) lequel est reconnu entre autres, pour son travail en alphabétisation auprès des populations réprimées.
11À l’origine, les comédiens jouaient surtout le rôle de porte-parole, d’éducateurs ou d’interprètes dont la mission consistait à faire prendre conscience au peuple de l’oppression qu’il subit, par le médium du théâtre, afin de l’inciter à la résistance (Boal, 1996 ; Coudray, 2016 ; Lénel, 2011). Or, le groupe Boal prend conscience de son inconscience à vouloir, par ces représentations théâtrales, imposer les problèmes et leurs solutions au public, ou pire : « l’engager à faire ce qu’eux ne pouvaient pas faire » (Neveux, 2014, p. 192). Ils réalisent alors que cette expérience qui se voulait libératrice contribuait plutôt à creuser le fossé des inégalités de pouvoir et des statuts, entre celui qui acte et celui qui assiste ; celui qui décide et celui qui subit (Boal, 1996). Le théâtre s’est ainsi transformé, menant à la coconstruction avec les opprimés (Boal, 2004) des situations problématiques qui les concernent et mis en lumière par le théâtre.
12Le théâtre-forum est identifié par la Compagnie du Théâtre de l’opprimé comme une « méthode »; il se joue dans les interactions entre acteurs et spectActeurs où tous agissent comme agents de changement créateurs de solutions individuelles et collectives (Boal, 1996, 2004). Neuf composantes sont présentes au sein du théâtre-forum :
- Un protagoniste.
- Un antagoniste.
- La présentation de la situation.
- La contre-préparation.
- La caractérisation des personnages.
- Le conflit.
- Une variation qualitative.
- Un dénouement et une défaite.
- Une unité thématique.
14La mise en scène campe d’abord la situation initiale, le contexte et les personnages en fonction d’un thème préétabli. Puis, survient un déséquilibre, une « crise » qui provoque les réactions du public afin de les inciter à venir eux-mêmes rétablir la situation en joignant les acteurs sur scène et en proposant des actions (Boal, 1996, 2004).
15C’est inspiré de cette démarche que l’activité vécue lors du projet de recherche a été développée.
La coconstruction du théâtre-forum avec les participantes du RAME
16La coconstruction du théâtre-forum a permis de joindre 8 femmes membres du RAME qui ont intégré le groupe de façon volontaire. Après une rencontre de présentation et d’explication, des rencontres de cocréation (13) ont été chapeautées par une étudiante auxiliaire de recherche expérimentée pour ce type d’activité artistique. Les participantes ont été invitées à s’impliquer dans chacune des étapes de cocréation du théâtre-forum. La démarche de coconstruction s’est déroulée sur une période de trois mois et toutes les rencontres se sont déroulées dans les locaux du RAME.
17Guidées par l’auxiliaire de recherche, les participantes ont été amenées à coconstruire différentes saynètes de vie, inspirées de leur propre réalité. Dans le cadre du processus de cocréation, les participantes ont créé quatre scènes de la vie familiale et communautaire dont elles ont elles-mêmes déterminé les thèmes (violence conjugale, consommation abusive d’alcool, conflit entre une mère et son adolescent, conflit entre deux membres de l’organisation). Les scènes choisies sont tirées de leurs propres histoires, mais un processus de dépersonnalisation a été réalisé de sorte qu’aucune femme n’ait eu à jouer son propre rôle, ce qui a permis de maintenir la confidentialité à l’égard des situations vécues.
18Une fois le théâtre-forum créé, une première étape de la prestation a été réalisée dans le cadre de l’Assemblée annuelle de l’organisme communautaire où le public cible était principalement des membres du RAME. Une seconde étape de la prestation a été réalisée dans le cadre de deux activités pédagogiques auprès des étudiants en travail social : lors d’une activité de premier cycle et lors d’une activité de deuxième cycle. Dans le cadre des trois représentations, le théâtre-forum a été présenté en respectant les quatre étapes préconisées par le Théâtre de l’opprimé (Théâtre de l’opprimé [Théâtre Forum]) :
191. Les comédiens, professionnels ou non, jouent sans interruption une courte scène évoquant la situation problématique.
202. Les comédiens rejouent la scène, cette fois, avec interactions du public. Le joker, pont entre acteurs et spectAteurs, invite (ou provoque) ces derniers à « stopper » la scène quand ils identifient des éléments problématiques.
213. Un dialogue acté entre la scène et la salle s’ensuit. Celui qui assistait au spectacle, devenu spectActeur, entre en scène. Il joue et met en place des alternatives pour résoudre la situation problématique.
224. Les spectActeurs et acteurs-créateurs actent ensemble des pistes de solutions possibles aux conflits représentés.
2. Les défis et retombées de l’expérience : la perspective des participantes
23Les défis et les retombées individuelles et collectives de cette activité sont présentés à partir de la perspective des participantes. Pour récolter leurs points de vue, des entrevues individuelles auprès de cinq participantes ont été menées au terme du projet. Aussi, une rencontre préparatoire à la rédaction de cet article a été réalisée avec trois participantes. Au cours de cet échange, des notes manuscrites ont été prises par une étudiante afin de bonifier la collecte de données.
a. Les défis pour les participantes
24Un défi commun soulevé par les membres renvoyait à la capacité de saisir clairement leur implication dans le projet de coconstruction du théâtre-forum, puisque tout était à coconstruire. Devant l’ampleur de la tâche à accomplir, certaines craignaient que ce projet soit irréaliste.
C’était quelque chose de gros, on partait de zéro. On ne partait pas avec bon OK, on a déjà des scénarios et on distribue les rôles pour peaufiner cela. Non, c’était vraiment de partir à zéro. Tu sais, je me suis vraiment demandé, on va-tu être capable ? Qu’est-ce que ça va donner ? Est-ce que ça va être tout croche, puis finalement, [est-ce] qu’on va avoir l’air fou ? [rire]. (Participante 3)
26De plus, la représentation sur scène a été perçue, de façon unanime, comme un agent anxiogène. Les participantes mentionnent qu’elles craignaient le jugement d’autrui et les réactions des publics durant la période interactive du théâtre-forum. Pour certaines, ces appréhensions étaient plus importantes lorsqu’elles envisageaient les représentations devant la population étudiante alors que pour d’autres, la présentation devant leurs pairs était plus anxiogène.
Les défis. Il y en a pleins. [rire]. Tu sais la crainte d’aller jouer devant le public. C’était l’une de mes bêtes noires comme on dit. Je ne savais pas moi. Je n’ai jamais joué devant un public, tu sais. Ma peur, c’était de ne pas pouvoir, de ne pas faire vivre les personnages. Puis pour [vaincre] ma crainte d’aller jouer devant le public honnêtement [rire], j’ai foncé. Je n’ai pas eu le choix la journée que ça allait se faire. Je me suis dit : c’est là que ça se fait. (Participante 4)
28Ensuite, pour certaines participantes, il s’agissait de leur toute première expérience au sein d’un projet en collaboration avec l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Dans ce contexte inconnu, des participantes ont verbalisé des appréhensions, des inquiétudes ainsi que de l’anxiété de performance au début et pendant le parcours. Selon leurs dires, le fait d’être sollicitées dans ce projet semble avoir suscité à la fois un sentiment de fierté et une pression quant à leur capacité de pouvoir relever ce défi.
Je pense que c’était le stress du jugement, de mal m’exprimer, ou de ne pas être capable de suivre. Tout ça me stressait. Je vais avoir l’air conne si je parle. Je vais avoir l’air conne si j’essaie, je tremble. (Participante 1)
30Le cœur du scénario a été coconstruit à partir d’une combinaison de vécu personnel relatif à leurs expériences singulières. Il a donc été nécessaire que les participantes se dévoilent à un certain degré, afin qu’elles puissent être en mesure de partager leur trajectoire de vie. Elles ont été confrontées à un double défi caractérisé, d’une part, par la capacité de communiquer leur propre vécu et d’autre part, de revivre des émotions à travers leur jeu d’actrice.
Le pouvoir de donner mes idées, ne pas avoir peur de les donner mes idées. De ne pas avoir peur d’être jugée parce qu’on était dans un groupe. [Mais] j’ai] fait confiance au groupe. Au début j’avais] peur de m’ouvrir à quelqu’un, puis que la personne parle de toute mon histoire. [Mais] j’ai développé cette confiance à travers de cette activité. (Participante 4)
Il y en a un gros moment, c’est quand [une des participantes] faisait la pièce de théâtre. Elle s’est mise à crier après moi pendant la pièce de théâtre, mais tu sais, ça faisait partie de son personnage. Elle était plus « rough » que d’habitude, tu sais. Puis, je ne me suis pas sentie bien. Je suis allée voir [l’intervenante] [3]. Je lui ai dit qu’il faudrait que je lui parle. C’est parce que je n’ai pas aimé cela, parce que j’ai été traitée de même plus jeune, tu sais. C’est venu beaucoup me chercher ça. (Participante 2)
32Conséquemment, le groupe a fait preuve de vigilance et de doigté pour s’assurer que le ressenti des membres soit pris en compte, afin d’éviter que des émotions négatives les envahissent après les ateliers préparatoires.
Le contexte a beaucoup aidé. … Je pense que c’est très important pour eux de vraiment nous sécuriser, avoir un filet de sécurité. Vérifier ça vas-tu, c’est-tu correct ? Il y a de l’ouverture. On se fait souvent dire s’il y a de quoi n’hésitez pas, appelez, écrivez ou après le théâtre-forum ou la rencontre on peut se voir. Tu sais, moi j’ai toujours senti qu’il y avait un filet de sécurité. (Participante 3)
34Les membres étaient d’avis que le savoir-être et le savoir-faire professionnel de l’auxiliaire de recherche ont grandement contribué à un accompagnement personnalisé et ont représenté une source de motivation à participer au projet. En effet, tout au long du processus, elle avait le souci de mettre à l’aise le groupe en adaptant sa manière d’être et d’intervenir en favorisant une perspective dialogique de non-jugement. Autrement dit, un des éléments saillants énoncés par le groupe renvoie à la capacité de l’intervenante de mettre en valeur leurs forces et leurs savoirs expérientiels de manière fluide et constante tout en respectant leur rythme et leurs limites. Elleétait formidable. Ça m’a aidé à ne pas avoir peur, de ne pas me gêner. (Participante 2).
35Certaines participantes ont confié que l’enjeu de l’assiduité a caractérisé leur processus d’implication dans la mesure où elles trouvaient parfois difficile d’être présentes aux ateliers en raison de multiples motifs personnels.
C’est sûr que mon énergie était moins là. Tu sais, j’étais un peu moins présente des fois. Tu sais, j’essayais quand même de me motiver puis de venir pareil même si c’était une journée plus « ouache ». Bien j’essayais de me pousser un petit peu dans le derrière. Puis [je me disais] bon, on y va, on le fait. Puis je pense qu’on a toutes un peu vécu cela. (Participante 3)
37Pour pallier les absences et s’assurer que chacune puisse jouer plusieurs rôles, tous les scénarios ont été mis sur papier. Ainsi, les saynètes ont pu être jouées lors des différentes présentations indépendamment du nombre de participantes présentes. Un des éléments ayant contribué à réduire les craintes et à activer la mise en action est la force du groupe. La cohésion au sein du groupe a symbolisé un levier majeur quant à la réalisation du projet. Les participantes se sont entendues pour dire que la force du groupe leur a permis de créer des liens significatifs, de confiance et de solidarité perdurant dans le temps. Par conséquent, elles ont apprécié que le groupe soit de type fermé en raison du haut degré de dévoilement de l’expérience. Ce contexte leur a donc permis de s’impliquer, de se dévoiler et de se solidariser. Des participantes indiquent que le groupe faisait preuve, entre autres, d’une grande sensibilité, de respect et d’écoute active en accueillant les émotions des autres membres, et ce, en préservant la confidentialité des propos entendus. Elles cherchaient ensemble activement des avenues possibles pour résoudre la situation problématique dans un contexte de complicité.
Il y a avait des regards qu’on s’échangeait. Puis ce n’étaient pas des regards de jugement, c’étaient des regards [qui disaient] on se comprend. [Après avoir fait un exercice] en avant, bien, quand c’était fini, je retournais m’asseoir puis j’étais stressée. Puis l’autre [participante et moi] on se regardait tu sais en voulant dire : tu as réussi ! Mais ce n’est pas facile genre. Il n’y avait pas de mots, mais dans le regard, on se soutenait. On se comprenait. C’était le fun. (Participante 1)
b. Les retombées individuelles pour les participantes
39Les participantes observent des retombées individuelles positives au regard de leur participation au projet de théâtre-forum. Pour certaines, cette activité donnait l’occasion de sortir de chez elles, de briser leur isolement et de surmonter certaines de leurs appréhensions comme la peur du jugement d’autrui ou comme celle d’être en présence d’un grand nombre de personnes.
C’est de nous redonner du pouvoir sur notre vie. Avant que je commence ça, tu sais je n’avais pas d’horaire, je mangeais la nuit, je dormais le jour. Ha, tu sais, je n’avais plus de bonnes habitudes de vie. (Participante 3)
Ça m’a permis aussi d’être capable d’intégrer d’autres groupes. Tu sais avant, des groupes de deux [personnes], c’était déjà beaucoup. Trois, quatre personnes, ça commençait à être intense, mais là, ce groupe-là, j’étais comme hey seigneur ! On est beaucoup là. (Participante 1)
41On observe aussi que plusieurs ont fait des apprentissages qui favorisent le passage à l’action. Au cours des ateliers, le manque d’assiduité des participantes posait des défis particuliers nécessitant plusieurs adaptations au projet. Les participantes avaient chacune leurs soucis personnels avec lesquels elles devaient composer. Malgré un enjeu sur le plan de l’assiduité, on remarque tout de même qu’elles ont relevé ce défi, c’est-à-dire de créer et présenter un théâtre-forum et s’inscrire dans l’activité d’un bout à l’autre.
Je pense que ça m’a redonné confiance en moi. Vraiment. J’étais dans une période très difficile de ma vie. Je déménageais, c’était vraiment chaotique, tu sais. Puis je suis comme ressortie après (cette expérience), avec d’autres projets et d’autres motivations. (Participante 3)
43En prenant appui sur cette expérience, cette réussite personnelle, on observe aussi que les participantes réinjectent les apprentissages réalisés au sein d’autres sphères de vie. Pour certaines, cette expérience sert de tremplin vers d’autres projets, comme d’autres implications au sein de l’École de travail social, par exemple.
J’ai plus d’estime de moi. J’ai plus de confiance. Je suis moins… J’ai encore beaucoup d’anxiété, mais je le gère mieux devant les autres. Je suis plus capable de fonctionner. À la place de reculer puis de m’isoler puis de faire oh non, je suis malade, je vais foncer…. Ça a viré complètement. Au lieu de fuir-là, je fonce. Puis même quand je ne veux pas, c’est spontané, je me surprends moi-même. (Participante 1)
J’ai l’impression que le monde va de l’avant, qu’il continue avec l’Université après. Je les vois triper. Elles sont toutes énervées. C’est comme lorsque tu étais jeune et que tu allais à l’école quand tu étais enfant. C’est valorisant. Ça l’a vraiment été valorisant pour tout le monde. (Participante 1)
45Une participante indique que même son entourage remarque les retombées positives de sa participation au théâtre-forum. Cette réaction d’autrui vient valider ses propres perceptions.
Je me suis fait dire que j’avais changé, que je changeais, tu sais. Je me mets plus en action, puis je rebondis plus vite. Ils voient les changements. Tu sais ma fille et des amis me l’ont dit. Ils me l’ont nommé, puis tu sais ils sont fiers de me voir aller. Ils voient que je m’épanouis. C’est comme WOW, tu sais. Les autres, ils voient le changement. Ce n’est pas dans ma tête. C’est réel. C’est vrai, vrai tu sais qu’il se passe quelque chose. (Participante 3)
47Le théâtre-forum a aussi une visée collective où les spectActeurs sont invités à élargir l’éventail des solutions possibles pour résoudre la situation problématique. Pour une des participantes, ce jeu devant le public lui a permis de prendre conscience que des alternatives sont possibles, que plusieurs options permettent de résoudre une difficulté particulière.
J’ai tendance à vivre les trucs, je vis avec, puis je n’ai pas de solutions. [Maintenant] je revivrais cela, je le ferais différemment. [Dans le cadre d’une représentation] lui, il a amené ça. Elle, elle a amené ça, « ouin ». C’était vraiment, ça faisait réfléchir (Participante 1).
49Les participantes ressentent aussi un grand sentiment de fierté. Elles ont relevé des défis personnels au cours du processus. Pour certaines ce sentiment était présent après chacune des rencontres : « Je l’ai faite, tu sais. Hé ! C’est hot ! Puis sur le coup, j’étais comme fière juste comme par rencontre. Puis aujourd’hui, j’y repense puis je suis fière de tout le parcours » (Participante 1, communication personnelle). Aussi, comme cette participante le mentionne, on constate qu’elles gardent en mémoire un excellent souvenir de cette expérience. « J’avais fait de quoi, puis j’avais participé à faire ça, puis j’étais contente. J’en parle, j’en parle encore [rire] » (Participante 4, communication personnelle). De plus, cette participation donne l’occasion d’être reconnue par les pairs et les proches, une reconnaissance fort importante pour elles.
« Tout le monde alentour m’a trouvé bonne. Dans le fond, j’ai aimé faire le rôle. J’ai découvert que finalement j’étais vraiment bonne » (Participante 5).
J’avais filmé aussi quelques scènes, puis je les avais montrées même à mon fils, parce que mon fils ne pouvait pas être là. Puis, il avait trouvé ça hot-là. Je lui ai montré (et je lui ai dit) tu aurais aimé ça voir ça. Il a vu [la vidéo] puis il a tripé-là. Il disait : ha ! C’est ben fait ça. Je ne m’attendais pas à ça. (Participante 1)
51Les activités proposées aux membres exigeaient qu’elles soient en action, notamment, lors des exercices de réchauffement de la voix avant d’incarner leur personnage dans la scène. Plus précisément, elles devaient par exemple emprunter différentes intonations pour exprimer des sons, des mots, des phrases reflétant leurs émotions concernant des expériences antérieures. Cette forme de communication créative exigeait entre autres de surmonter une peur du ridicule et de se donner le droit d’extérioriser les sentiments et émotions de manière spontanée et sans tabou, voire d’exister comme mentionne cette participante.
Tu sais, parce que moi, enfant, j’étais allumée, mais dans ma famille, ce n’était comme pas accepté. Ma voix est [donc] devenue toute petite [intonation de voix qui diminue en même temps]. Quand je pouvais ne pas parler, je ne parlais pas. De voir [de réaliser] que je l’ai encore, qu’elle ne s’est pas effacée et que je suis capable de porter cette voix-là, bien tu sais, pour moi, c’est génial. Parce que moi, je pensais qu’elle s’était effacée pour toujours. Tu sais que j’aurais frôlé les murs-là avant pour ne pas déranger, pour pas que personne ne me voit. Puis là, le théâtre-forum, c’est sûr que le monde te voit, puis t’entend. Puis j’étais capable de la porter [ma voix] puis de pas être gênée, puis de le faire. Tu sais, pour moi, c’est énorme, c’est vraiment énorme, énorme, énorme, énorme, énorme. (Participante 3)
53On note au passage que cette participante ajoute que sa contribution à la formation universitaire est une occasion d’être reconnue socialement malgré des contraintes limitant ses capacités à intégrer le marché de l’emploi.
Je ne suis pas, oui [je suis] invalide pour travailler 40-45h semaine, mais crime je suis capable de faire bien d’autres affaires, de me réaliser, puis d’être bonne, tu sais. C’est sûr que c’est vraiment de se le donner, de se l’approprier puis de se dire : je suis capable, puis j’apporte de bonnes affaires. (Participante 3)
55Pour une autre participante, son implication au théâtre-forum vient confirmer, voire soutenir des compétences déjà présentes lorsqu’elle est devant un public.
C’est sûr, moi ça m’a comme confirmé que j’aime le public. J’aime parler devant les gens, je ne suis pas gênée, j’ai une voix qui porte, tu sais. Je me suis découverte. C’est ça. J’ai pu vraiment m’impliquer parce que ça m’a fait découvrir des trucs que je ne savais pas, mais (qui sont venus appuyer des compétences) que j’avais dans le fond. (Participante 2)
c. La contribution à la formation universitaire : des retombées personnelles et collectives
57Au cours de la coconstruction des saynètes du théâtre-forum, les participantes souhaitaient que leurs histoires soient entendues et qu’elles contribuent dans une autre étape à la formation universitaire des étudiants. Par la rencontre entre expertes d’expérience et étudiants, elles souhaitaient les sensibiliser et les toucher afin qu’ils s’impliquent dans cette rencontre.
Puis ce qui m’a beaucoup marquée, c’est l’interaction du public avec le théâtre-forum parce qu’on s’entend que théâtre-forum, c’est l’interaction du public avec les comédiens. Ce qui m’a beaucoup, beaucoup marquée c’est le fait que le public a embarqué. Le message qu’on voulait passer, il a été passé selon moi. (Participante 3)
59Faire le pas, entrer à l’université et se présenter devant les étudiants peut susciter certaines appréhensions :
C’est hyper impressionnant la première fois que tu vas à l’Université, puis que tu vois des étudiants, puis que tu parles devant des étudiants. Puis tu sais je veux dire, t’as l’impression que tu ne seras pas pris au sérieux. Tu sais, regarde ce qu’elle fait icitte avec son secondaire 1 elle, nous on est à l’Université, mais ce n’est pas cela du tout. (Participante 3)
61Celles qui relèvent ce défi et qui se présentent devant les étudiants en retirent généralement une grande source de valorisation. Ainsi, non seulement elles contribuent à la formation des étudiants, mais elles en retirent aussi des bénéfices personnels et collectifs. Elles indiquent notamment qu’une solidarité s’est créée par le partage de différentes épreuves vécues.
Ça l’a vraiment été valorisant pour tout le monde. Ç’a rapproché tout le monde. Puis, on comprend un peu plus des sujets qui étaient plus tabous avant. On n’en parlait pas, mais aujourd’hui le monde en parle plus. (Participante 1)
63Plusieurs abordent les bénéfices de leur contribution à École de travail social en soulignant que malgré leur faible niveau de scolarité, elles ont un savoir d’expérience qui légitime leur présence au sein des cours universitaires.
C’est le fun de ne pas avoir besoin nécessairement d’avoir fait un paquet d’études puis d’avoir un diplôme pour pouvoir faire une différence quelque part. Moi, je trouve ça super. (Participante 1)
Il y a beaucoup de situations qu’ils vont affronter en sortant de l’école. Il y a beaucoup de situations désagréables, plates malheureusement à dire. Il va falloir prendre des décisions là-dedans. Le fait d’avoir été confronté « live » (aux situations familiales présentées) au lieu de les lire dans les livres, ça vous prépare d’une certaine façon. (Participante 4)
65En plus de reconnaître l’apport important du partage des savoirs expérientiels au sein de la formation universitaire, une participante ajoute comment cette contribution s’inscrit en complémentarité au regard d’autres formes de savoirs.
Pour moi c’est évident, ça doit être là parce que c’est beau les livres, c’est beau les professeurs, mais tu sais, c’est comme un triangle de savoirs maintenant. C’est vraiment, tu sais le savoir académique, le savoir professionnel ou professeur puis [celui des] usagers, tu sais. (Participante 3)
67Par l’échange avec les étudiants, une des participantes souhaite qu’ils puissent réinjecter les connaissances transmises au profit des familles qu’ils rencontreront dans leurs futures carrières.
Si je peux apporter quelque chose de bien à tout ça, de l’apporter comme il faut pour que d’autres familles puissent en profiter plus tard à travers les étudiants. (Participante 4)
69Singulièrement, une participante mentionne que sa contribution à la formation universitaire est une façon de redonner, par gratitude pour l’aide professionnelle reçue lors de moments plus sombres de sa vie.
Ces futurs travailleurs sociaux là, je pense qu’ils peuvent le voir à travers tout ce que j’ai vécu, tout ce que mes enfants ont vécu qu’on a eu toute l’aide qu’on avait besoin… Parce qu’on est allé la chercher, parce que si on n’avait pas eu ce monde-là, on ne serait pas là aujourd’hui… Parce que moi si je ne les avais pas eus dans ma vie, je ne sais pas où je serais et mes enfants ne seraient pas avec moi. Ils seraient placés. Je n’aurais jamais été capable de les garder. C’est pour leur montrer qu’ils sont utiles… qu’on a vraiment besoin d’eux autres pour nous aider. (Participante 2)
3. Constats : quelques apprentissages de l’expérience
71Cette expérience de dépassement de soi, qu’est la coconstruction du théâtre-forum, amène les participantes à percevoir que par leur implication, elles font une différence. D’abord pour elles-mêmes, en repoussant leurs limites, pour leur milieu communautaire en sensibilisant les gens, mais également pour les étudiants, dans le cadre des rencontres qu’elles ont eues par leur implication dans des activités pédagogiques. La sollicitation qui leur est faite d’ultimement partager leur vécu et leur expérience via le théâtre-forum dans le cadre d’activités pédagogiques est une source de valorisation en soi pour elles qui, de manière générale, n’ont pas eu accès au milieu universitaire dans leur parcours scolaire. La démarche permet de donner un sens à l’expérience et favorise la transformation du vécu en savoirs à partager. Néanmoins, quelques apprentissages qui ressortent de l’expérience sont à retenir pour guider l’actualisation d’un exercice de coconstruction comme celui du projet de recherche avec le RAME.
72Premièrement, un accompagnement dans un milieu sécuritaire est essentiel à la bonne marche d’un tel projet. Comme présenté, l’expérience de coconstruction du théâtre-forum a été un défi pour la plupart des participantes, et ce, à différents niveaux. Riche du lien direct entre la cocréation et l’expérience de vie des participantes, l’activité soumet ces dernières à un exercice de dévoilement exigeant qui requiert une confiance aux membres du groupe et aux responsables de l’activité. En ce sens, pour arriver à déclencher une implication concrète des participantes, un cadre sécuritaire est indispensable. En effet, le fait de travailler avec un matériau sensible, c’est-à-dire le vécu et l’expérience de chacune des participantes, met au défi la confiance et la fragilité de chacune (Milot et al., 2016). C’est par un accompagnement soutenu et bienveillant, mais également des règles de groupe qui favorisent l’entraide et la reconnaissance mutuelle, que la sécurité du cadre peut être obtenue. Cette sécurité est donc garante d’une capacité à coconstruire, à se dévoiler, à gérer ses émotions et ultimement, à s’afficher publiquement lors des représentations des prestations théâtrales.
73En second lieu, une mise en action concrète des participantes permet de partager la responsabilité de la réussite du projet. Les participantes ont été impliquées dans chacune des étapes de ce dernier. L’exercice de coconstruction a donc été réel tout au long de la démarche obligeant une mise en action active des participantes. De fait, le projet du théâtre-forum a favorisé une responsabilité partagée de tous les acteurs au regard de la réussite de la démarche. Investie concrètement dans la cocréation, chacune des participantes s’est sentie interpellée et responsable de sa propre participation, mais également du bon déroulement de la coconstruction du projet et plus tard, de la prestation du théâtre. Bien que de se lancer dans l’aventure a été un défi important pour la plupart des participantes, le processus dans lequel elles se sont investies a favorisé leur prise en charge d’une responsabilité saine associée au succès de l’activité. La responsabilité ne repose plus uniquement sur les épaules des responsables du projet de recherche, mais sur toute l’équipe. La réussite du projet provoque ainsi une fierté encore plus grande reliée à la participation active des acteurs.
74Finalement, les liens entre le projet de recherche et les opportunités d’implication en milieu universitaire sont valorisants et motivants pour les participantes. Dans ce contexte, le projet de recherche devient un tremplin qui stimule le désir de participation et d’engagement des participantes. Comme plusieurs l’ont mentionné, l’expérience a permis de prendre confiance et de transposer leurs compétences dans d’autres contextes d’engagement. Être sollicitées pour s’impliquer dans une recherche et au sein d’activités pédagogiques en milieu universitaire pousse les participantes à reconnaître et à donner de la valeur à leur expérience de vie. Cette reconnaissance de leurs savoirs d’expérience les aide à percevoir la pertinence de leur implication auprès des étudiants (Watters et al., 2016).
4. Conclusion
75La recherche menée nous permet de constater les arrimages possibles afin de permettre une continuité entre la recherche et la formation dans le cadre de projets qui impliquent la participation des usagers. La coconstruction du théâtre-forum, tel qu’exposée dans cet article, a suscité l’engagement réel des usagers, des professionnels d’un organisme communautaire, des étudiants auxiliaires de recherche et des professeurs-chercheurs impliqués, favorisant l’actualisation d’un projet de recherche participatif dont la production artistique a pu être réinjectée dans la formation des futurs travailleurs sociaux. Dans ce contexte, nous constatons qu’une posture d’engagement doit être adoptée, et ce, réciproquement entre chacun des acteurs. Comme chercheurs responsables du projet de recherche ou comme professeurs responsables des activités pédagogiques reliées au projet de recherche, il apparaît nécessaire d’incarner l’engagement demandé aux participants afin d’enclencher une boucle qui valorise et qui suscite le dépassement de soi.
76Croire au potentiel des personnes et s’inscrire dans une démarche de croisement des savoirs sont des prérequis essentiels à l’actualisation d’une telle démarche. Par le biais de l’expérience de coconstruction du théâtre-forum, les participantes du RAME ont relevé des défis qu’elles ne croyaient pas réalisables de prime abord. Elles se sont découvert des forces et des capacités qu’elles ignoraient. Elles se sont inscrites dans une transformation positive de leurs souffrances en vécu utile et en savoirs transférables en contexte universitaire. Finalement, elles ont pu prendre conscience de leur valeur en tant qu’individus et plusieurs ont réalisé la leçon suivante : il est possible d’accomplir des réussites et de relever des défis malgré un passé parsemé d’embûches.
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Mots-clés éditeurs : théâtre-forum, capacité d’agir, formation en travail social, Participation des usagers
Date de mise en ligne : 23/07/2021
https://doi.org/10.3917/esra.003.0083Notes
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[1]
Ce projet a été financé par le Conseil de Recherche en Sciences Humaines du Canada (CRSH) dans le cadre de ses subventions d’engagement partenarial. Nous remercions chaleureusement l’organisme subventionnaire pour ce financement.
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[2]
La philosophie du Gap Mending, développée par l’École de travail social de l’Université de Lund et valorisée au sein du réseau PowerUs, un regroupement international favorisant l’implication des usagers dans les formations en travail social, sert d’outil réflexif pour aider les professionnels à considérer ce qui dans leurs pratiques, augmente, maintien ou réduit les distances entre les travailleurs sociaux et les personnes accompagnées.
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[3]
L’intervenante réfère à l’étudiante, auxiliaire de recherche qui a accompagné les participantes à toutes les étapes de la réalisation du projet du théâtre-forum.