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Article de revue

Pension d’un salarié du secteur privé et transitions vers un système universel de retraite par points : étude d’impact sur des profils-types de carrière complète sous plafond

Pages 1 à 22

Notes

  • (1)
    Dans le régime actuel, la référence de revenu du travail est le Salaire moyen par travailleur (SMPT). Dans un régime universel, les travailleurs non salariés sont intégrés dans un régime commun à celui des salariés. Il est donc nécessaire que la référence évolue et intègre les revenus du travail autres que les salaires.
  • (2)
    Le droit à pension acquis en 2025 est calculé en appliquant la formule stricte de la pension de base, soit 50 % de la moyenne des 25 meilleurs salaires annuels portés au compte.
  • (3)
    Le nombre de 25 meilleures années est pondéré en fonction de la durée de cotisation dans l’ancien système.
  • (4)
    Pour une étude de l’impact possible de la réforme sur le taux marginal implicite des cotisations retraite, hors droit à pension minimum, voir Gannon, Le Garrec et Touzé (2020).
  • (5)
    Pour une analyse critique de la méthode voir Dupont et alii (2003) ; pour une présentation de l’état de la modélisation en France et à l’étranger, voir respectivement Cor (2020a) et Cor (2020b).
  • (6)
    Pour une présentation de cette branche de la modélisation et de ses applications possibles, voir Le Cacheux et Touzé (2002) ; pour une application récente à la question de la réforme des retraites en France, voir Fonseca et Sopraseuth (2019).
  • (7)
    Pour alléger les notations, les indices relatifs à l’individu i seront omis lorsque ce sera possible.
  • (8)
    Ce taux total comprend une composante de 2,81 % qui n’est pas contributive et qui ne donnera pas droit à l’attribution de points. Ce taux joue sur le rendement du système universel de retraite.
  • (9)
    Au 1er janvier 2020, le bilan des cotisations pour la retraite sous le plafond est le suivant : 15,45 (Cnav) + 2,3 (Cnav déplafonnée) + 7,87 (Agirc-Arrco) + 2,15 (contribution d’équilibre général perçue par l’Agirc-Arrco) = 27,77 %.
  • (10)
    Notre hypothèse sur le rendement effectif de ce système tient compte implicitement d’une contributivité de 90 % du taux de cotisation Sur.
  • (11)
    Flamant et alii (2018) trouvent rétrospectivement que “quelque que soit son année de naissance [...], un salarié peut en moyenne espérer multiplier son salaire par 1,7 au cours de sa vie professionnelle”. En début de carrière à 70 % du salaire moyen, un salarié atteindra la moyenne vers 30 ans et la dépassera de 20 % vers 65 ans.
  • (12)
    Par exemple, pour une personne ayant cotisé 25 ans dans l’ancien système, le nombre de meilleures années portées au compte est de 25 avec une conversion stricte contre 14 années (partie entière inférieure de 25x25/43) pour une conversion de type Delevoye.
  • (13)
    Dans le projet de loi, le gouvernement Philippe a prévu que la réforme s’appliquerait aux nouveaux entrants sur le marché du travail dès 2022. Pour les générations déjà entrées, seulement à partir de 2025 et seulement pour celles nées après 1975.
  • (14)
    Notons que ce transfert implicite opéré par le système actuel selon le profil de carrière peut toutefois engendrer un effet anti-redistributif paradoxal sachant que ce mode de calcul peut être plus favorable à un travailleur avec un salaire élevé et croissant qu’à un travailleur avec salaire faible et stable (cf. partie 2).
  • (15)
    Dans cet article, nous n’étudions pas les carrières très heurtées avec des années non cotisées. Ces dernières caractérisent plutôt les bas-salaires et sont plus sensibles à une hausse de la pension minimum contributive ou du minimum vieillesse.
  • (16)
    Avec un taux de charges salariales de l’ordre de 28 %.
  • (17)
    Avec un Smic évalué à 45 % du Plafond de Sécurité Sociale (PSS).
  • (18)
    Pour la génération 1965, le taux de remplacement Sur a été obtenu à partir de la moyenne des trois modes de valorisation.

1

L’adoption d’un système universel de retraite par points modifie le lien entre les revenus du travail et la pension de retraite. Ainsi, dans le système actuel, la pension finale correspond pour environ 75 % en moyenne à une pension de base à prestations définies, versée par la Cnav, à laquelle s’ajoute une pension complémentaire en points versée par l’Agirc-Arrco. Dans la limite d’une pension minimum garantie, la pension de base est définie par 50 % d’un salaire de référence calculé sur les 25 meilleures années. Contrairement à la réforme proposée qui place au cœur du nouveau système le principe “un euro cotisé rapporte les mêmes droits” sous la forme de points, seule une partie de l’histoire salariale des individus est prise en compte dans le calcul du salaire de référence de la pension de base. Dans cet article, nous nous proposons de caractériser l’impact possible d’un tel changement pour des salariés du secteur privé ayant eu des carrières complètes sous le plafond de la sécurité sociale. Pour cela, nous mettons d’abord en évidence l’existence d’une carrière salariale unique à taux de progression constant pour laquelle la pension finale n’est pas affectée par la réforme. Par rapport à cette carrière de référence, nous montrons alors qu’un impact différencié (et donc une redistribution) s’observe, indépendamment du niveau de revenu, au profit de carrières moins dynamiques et au détriment de carrières plus dynamiques. Cela s’explique par le fait que ces dernières perdent l’avantage induit dans l’ancien système par la surpondération des meilleurs salaires dans le calcul des retraites. Pour aborder la transition, nous étudions deux méthodes de valorisation dans le nouveau système des droits acquis dans l’ancien système. La première est la conversion immédiate des droits en points, soit selon une application stricte de la formule de la pension de base de la Cnav, soit selon une formule qui proratise le nombre des 25 meilleures années portées au compte comme préconisé dans le rapport du Haut-commissaire à la réforme des retraites. La seconde méthode consiste à faire cohabiter les règles de calcul (imbrication) et à attribuer une pension acquise avant réforme au prorata de la durée de cotisation dans l’ancien système. Cependant, la méthode de valorisation des droits acquis n’est pas neutre. La conversion stricte en points des droits acquis est la solution la plus favorable pour les carrières salariales qui progressent moins vite que la valeur d’achat du point. En revanche, l’imbrication des règles de calcul des pensions avec proratisation de la pension acquise dans l’ancien régime, est plus favorable pour les carrières salariales qui progressent plus vite que le nouveau mode d’indexation de la valeur du point. Enfin, le mode de conversion préconisé dans le rapport du Haut-commissaire à la réforme des retraites peut aboutir à des résultats plus favorables en termes de niveau de pension. Dans sa dimension sociale, la réforme affecterait deux mécanismes de solidarité : l’un protégeant contre d’éventuelles mauvaises années cotisées, l’autre garantissant une pension minimum de base pour les travailleurs à bas salaire. Ainsi, pour les carrières grevées de nombreuses mauvaises années cotisées, nous montrons que la baisse de pension peut être significative en raison du nouveau mode de calcul qui supprime la possibilité d’éliminer jusqu’à 18 mauvaises années. Ensuite, l’actuel minimum contributif qui garantit une pension de base minimum devient universel. Dans l’hypothèse d’un objectif de pension minimum égale à 85 % du Smic net, nous analysons comment cette universalité plus généreuse renforce la solidarité tout en montrant qu’elle supprime de fait le lien entre salaire et pension alors que le système actuel maintient, pour des bas niveaux de salaire, une corrélation, certes faible, mais positive. Pour les travailleurs à bas salaires bénéficiant de cette nouvelle pension minimum, la cotisation retraite s’assimile donc intégralement à une taxe qui augmente le coin fiscal des cotisations sociales se traduisant par une éventuelle moindre incitation à travailler du fait que chaque euro cotisé supplémentaire ne contribue plus à augmenter la pension finale.

2Héritier d’une longue histoire, le système de retraite français est caractérisé par 42 caisses qui s’articulent autour de quatre grandes familles de régimes sur une base statutaire (Lavigne, 2013) : salariés du secteur privé, fonctionnaires, salariés aux statuts spécifiques et non-salariés. Le projet du gouvernement d’adopter à partir de 2025 un Système universel de retraite (Sur), toujours en répartition, pourrait profondément métamorphoser ce paysage (Bozio et alii, 2018 ; Gannon et alii, 2018). En plaçant au cœur de ce nouveau système le principe “un euro cotisé rapporte les mêmes droits” sous la forme de points, le mode de calcul des pensions serait ainsi fortement modifié. Mais avec quelles conséquences sur le niveau des pensions ? Quels seraient les gagnants, les perdants ? Suivant quels déterminants ? Sachant que la réponse à ces questions cruciales est vraisemblablement spécifique à chacune des catégories de travailleurs qui cotisent dans des caisses différentes, nous nous intéressons dans cet article aux salariés du secteur privé, et plus précisément à ceux ayant une carrière complète sous plafond.

3Comprendre comment le passage au Sur pourrait affecter le niveau des pensions des salariés du secteur privé nécessite en premier lieu une analyse des modifications attendues de la formule de calcul des droits. Dans le système actuel, la pension finale correspond pour environ 75 % en moyenne à une pension de base à prestations définies, versée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), à laquelle s’ajoute une pension complémentaire en points versée par la caisse de retraite des salariés du secteur privé (Agirc-Arrco). Dans la limite d’une pension minimum garantie, la pension de base est définie par 50 % d’un salaire de référence calculé sur les 25 meilleures années. Ainsi, contrairement à la réforme proposée, seule une partie de l’histoire salariale des individus est prise en compte dans le calcul de la pension de base. Deux catégories de salariés peuvent perdre à la disparition de cette caractéristique : d’abord ceux aux carrières parmi les plus dynamiques dont les dernières rémunérations sont surpondérées dans le système actuel, ensuite ceux dont les carrières particulièrement heurtées disposaient jusqu’ici d’une protection contre les mauvaises années cotisées et pouvaient éliminer dans le calcul du salaire moyen jusqu’à 18 années de salaires pour une carrière de 43 années. Pour ce qui concerne la part complémentaire qui est déjà en points, l’impact de la réforme va venir d’un changement d’indexation plus favorable aux futurs retraités du secteur privé. En effet, suivant les accords Agirc-Arrco du 10 mai 2019, le rendement du point de la pension complémentaire est supposé baisser : sa valeur d’achat est indexée sur les salaires tandis que la valeur de rente du point est d’abord indexée sur l’inflation seule jusqu’en 2022, puis sur les salaires moins 1,16 point de croissance jusqu’en 2033. A priori, le nouveau système aurait pour cible, à long terme, une indexation sur le revenu moyen par travailleur (1). Il est également à noter que, contrairement à la Cnav, aucune pension minimale n’est garantie pour la part complémentaire. Dès lors, le passage au Sur peut s’apparenter à une plus grande solidarité pour les carrières à bas salaire avec la création d’une pension minimum (contributive) universelle plus généreuse.

4Outre la transformation de la formule de calcul des droits, l’impact de la réforme sur le niveau des pensions finales transite par le mode de valorisation dans le nouveau système des droits déjà acquis dans les anciens régimes. Pour la part complémentaire qui repose déjà sur un mécanisme de points, la conversion des points anciennement acquis en nouveaux points est plutôt aisée même si les choix différents de valorisation et conversion ultérieures du point au sein du Sur ne sont pas neutres au regard de la pratique actuelle de l’Agirc-Arrco. En revanche, pour les droits acquis dans le régime de base à prestations définies, deux options sont possibles. La première consiste à convertir les droits acquis en points l’année de la mise en place du nouveau régime. La seconde consiste à maintenir le versement d’une pension de l’ancien régime mais au prorata de la durée passée de cotisation. Ce procédé de maintien des droits acquis, parfois appelé “clause italienne”, sera, par la suite, dénommé “imbrication des formules”.

5Dans cet article, notre objectif est d’étudier quels pourraient être les impacts d’une transition vers un système universel de retraite par points à travers l’étude de différents profils-types de carrière complète sous plafond. Nous montrons que pour un choix donné de rendement et d’indexation des valeurs du point correspond toujours une unique trajectoire-type à taux de progression constant tel que le niveau de pension n’est pas affecté par la réforme. De plus, nos résultats soulignent que pour les trajectoires salariales moins (resp. plus) dynamiques que celle de référence, la pension finale correspondante augmente (resp. diminue) suite à la réforme. Nous montrons également que la hiérarchie des modes de valorisation des droits acquis est sensible à la dynamique des trajectoires salariales. La conversion stricte (2) en points des droits acquis est la solution la plus favorable pour les carrières salariales qui progressent moins vite que la valeur d’achat du point. En revanche, l’imbrication des règles de calcul des pensions, avec proratisation de la pension acquise dans l’ancien régime, est plus favorable aux carrières salariales qui progressent plus vite que le nouveau mode d’indexation de la valeur du point. Enfin, le mode de conversion préconisé dans le rapport du Haut-Commissaire à la réforme des retraites (Delevoye, 2019) qui conduit à calculer la pension acquise en adaptant la formule de la pension de base (3) peut aboutir à des résultats plus favorables en termes de niveau de pension.

6Dans sa dimension sociale, la réforme va affecter deux mécanismes de solidarité : l’un protégeant contre les mauvaises années cotisées, l’autre garantissant une pension minimum de base pour les travailleurs à bas salaire. Ainsi, pour les carrières avec de nombreuses mauvaises années cotisées, nous montrons que la baisse de pension peut être significative en raison du nouveau mode de calcul qui ne permet plus d’éliminer jusqu’à 18 mauvaises années. Ensuite, l’actuel minimum contributif qui garantit une pension de base minimum devient universel. Avec un objectif de pension minimum égale à 85 % du Smic net, nous analysons comment cette universalité plus généreuse renforce la solidarité. Nous montrons toutefois qu’elle conduit à la disparition du lien entre salaire et pension alors que le système actuel maintient, pour des bas niveaux de salaire, une corrélation, certes faible, mais positive. Pour les travailleurs à bas salaires bénéficiant de cette nouvelle pension minimum, la cotisation retraite s’assimile intégralement à une taxe, ce qui augmente le coin fiscal (4) des cotisations sociales et pourrait conduire à une diminution des incitations à travailler puisque chaque euro cotisé supplémentaire n’augmente pas la pension finale.

7Ce travail s’inscrit dans une abondante littérature traitant de l’évaluation des réformes des systèmes de retraite. Ces travaux de recherche s’appuient en général sur trois approches pour apprécier les propriétés des régimes de retraite (Dupont et alii, 2003) : les cas-types, la microsimulation dynamique et les modèles d’équilibre général calculable.

8Comme nous le faisons dans cet article, l’approche par cas-types consiste à choisir un nombre limité de profils de carrières-types. Face à une multitude de situations possibles, le choix d’un cas-type est conditionné par le problème posé. Pour reprendre la terminologie d’Aubert et Plouhinec (2017), on peut distinguer deux approches de cas-types : l’une “purement théorique, consistant à choisir des situations types individuelles de manière conventionnelle” et l’autre “purement statistique, consistant à extraire d’un échantillon de données observées un certain nombre de carrières réelles qui seraient “représentatives” de toutes les autres” (voir par exemple, Briard, 2007 ; Cor, 2012 et 2014).

9Dans cet article, nous avons opté pour l’approche théorique pour deux raisons. Tout d’abord, les cas individuels observés peuvent être, d’une certaine façon, appréhendés comme des combinaisons de cas “purement théoriques”. Ces dernières sont multiples et c’est le rôle de la microsimulation dynamique de donner l’effet global et celui des cas-types théoriques de décomposer les différents mécanismes à l’œuvre lors du changement des formules. Ensuite, les cas-types théoriques permettent de spécifier et d’identifier plus aisément des effets purs. Ce travail de modélisation présente un intérêt certes quantitatif (mesurer l’ampleur d’un changement) mais également qualitatif (capacité à décrire un phénomène).

10Dans le cadre de la réforme systémique avec l’adoption du Sur, la méthode d’évaluation à l’aide de cas-types a été utilisée par le Haut-commissariat à la réforme des retraites (Delevoye, 2019) ainsi que dans l’étude d’impact au projet de loi de réforme (Secrétariat d’État chargé des retraites, 2020a). Par rapport à l’étude du Haut-commissariat à la réforme des retraites (HCRR), notre évaluation présente une différence sur le champ de la réforme puisqu’elle consiste à mesurer l’impact d’un changement toutes choses égales par ailleurs : la référence “avant réforme” est le système actuel à législation inchangée. Quant à l’approche du HCRR, elle vise à proposer un paramétrage réaliste pour 2025. Par voie de conséquence, le HCRR a anticipé un changement prévisible, et probablement inévitable, du régime actuel compte tenu des marges de manoeuvre limitées : la référence “avant réforme” est le système actuel après réforme du financement. La réforme du financement anticipée suppose une hausse progressive de la durée de cotisation de l’ordre d’un trimestre tous les quatre ans.

11Par sa capacité à détailler les propriétés intrinsèques des règles de calcul, l’approche par cas-types permet de complèter deux autres méthodes d’évaluation des réformes des systèmes de retraite : la microsimulation dynamique et les Modèles d’équilibre général calculables à générations imbriquées (MEGCGI).

12Dans la microsimulation dynamique (5), une banque de données est construite à partir de profils historiques rétrospectifs et prospectifs (obtenus par simulation) d’un très grand nombre de carrières individuelles. Des mesures agrégées selon des découpages pertinents (sexe, revenu, âge, génération, carrière, etc.) peuvent alors être réalisées, ce qui permet d’évaluer d’importantes propriétés distributionnelles (Albert et Oliveau, 2011 ; Bozio et alii, 2019 ; Delevoye, 2019 ; Secrétariat d’État chargé des retraites, 2020a) et ainsi fournir un chiffrage utile pour les finances publiques. En revanche, chaque profil simulé n’a pas vocation à être présenté et analysé de façon individuelle en raison du très grand nombre d’observations. Enfin, les modèles d’équilibre général à générations imbriquées (6) ont été abondamment utilisés car ils permettent l’étude de l’impact des réformes sur les grands agrégats macroéconomiques (accumulation du capital, productivité et population active) avec des fondements microéconomiques puisque les comportements résultent d’arbitrages individuels : épargne et offre de travail pour les ménages et demande d’investissement pour les entreprises. Néanmoins, la capacité à représenter une large variété de situations individuelles est plus réduite qu’avec l’usage de la microsimulation dynamique puisque les agents économiques dits représentatifs sont souvent caractérisés par des profils très stylisés. Toutefois, l’introduction d’une hétérogénéité individuelle déterministe ou stochastique permet d’appréhender plus largement les propriétés d’assurance sociale et distributionnelles des systèmes de retraite. Ces trois outils de la modélisation ont pour vocation à se compléter et non à s’opposer.

13L’article s’organise comme suit.

14Tout d’abord, nous posons les bases méthodologiques de notre travail. Nous comparons analytiquement l’évolution de la formule de calcul des pensions et identifions une carrière de croissance régulière unique pour laquelle le changement de mode de calcul est neutre sur la pension finale. Nous nous appuyons alors sur les préconisations du HCRR de rendement et d’indexation pour identifier ce profil-type de trajectoire neutre. Afin d’étudier les propriétés respectives du Sur et du système actuel, nous choisissons alors plusieurs profils-types de carrière qui permettent d’évaluer plusieurs propriétés : la sensibilité de l’impact à la dynamique de salaire et au mode de transition ; l’effet de la disparition de la protection contre les mauvaises années cotisées ; les conséquences de l’adoption d’une pension minimum (contributive) universelle. La partie suivante est consacrée à évaluer l’impact du régime universel par points sur le taux de remplacement hors mécanismes de solidarité dans le secteur privé. Pour apprécier la dimension temporelle de la réforme, et en particulier les modes de transition, une évaluation prospective est réalisée pour des générations nées entre 1965 et 2030.

15La dernière partie se focalise sur l’évolution de deux mécanismes de solidarité : la disparition de l’assurance contre les mauvaises années cotisées (dans un système par points, tous les salaires comptent dans le calcul de la pension finale) et l’universalité de la pension minimum contributive (la garantie s’étend au-delà de la seule pension de base). Enfin, la dernière partie conclut.

Stratégie d’évaluation : formalisation, calibrage et choix de carrières-types

16Les régimes de retraite synthétisent l’histoire d’une vie active à travers des règles de calcul qui combinent des éléments contributifs, tels que la chronique des salaires, le nombre de trimestres cotisés, et également des éléments dits non contributifs, tels que le nombre d’enfants pour la majoration de durée de cotisation, les périodes de non emploi (chômage, maladie, maternité, invalidité, service militaire) pour l’attribution de trimestres assimilés ou de points gratuits. La formule peut aussi intégrer une garantie de pension minimum. C’est le cas du régime de base géré par la Cnav qui offre une pension plancher avec le minimum contributif, dont le montant total alloué est proportionnel à la durée de cotisation.

17La pension de retraite va ainsi être le reflet “moyen” de chaque carrière professionnelle, cette dernière ayant pu être ponctuée de succès (promotions, aptitude à travailler à un âge élevé) et/ou d’accidents (licenciements, santé défectueuse, problème d’employabilité à partir d’un certain âge). Toutefois, la formule de calcul de la pension de retraite n’exprime pas une relation bijective avec la carrière salariale. En effet, à un même niveau de pension correspond de nombreuses histoires individuelles. Face à cette multitude d’histoires individuelles, le choix d’un nombre limité de cas-types de carrière professionnelle est un exercice complexe. Il est alors important de s’assigner un objectif d’évaluation ainsi qu’une stratégie pour sélectionner les carrières-types les plus pertinentes.

18Dans cet article, notre objectif est de comprendre et d’illustrer à l’aide de cas-types théoriques quels pourraient être les changements des propriétés intrinsèques au système de retraite actuel induits par l’adoption du Sur. Aussi, pour identifier nos cas-types, nous procédons en quatre étapes. Tout d’abord, nous exprimons et comparons des expressions analytiques des formules de calcul des pensions avant et après réforme. Ensuite, dans le cadre d’un calibrage et en se fondant sur les préconisations du HCRR, nous identifions une carrière de référence qui a la propriété de ne pas être affectée par la réforme en régime stationnaire. Cette trajectoire de référence permet alors de sélectionner plusieurs trajectoires alternatives de carrières-types suffisamment stylisées pour bien illustrer les propriétés découlant de l’adoption du Sur et des différents modes de transition. Finalement, nous choisissons les générations étudiées et définissons différents modes alternatifs de transition entre l’ancien et le nouveau système de retraite.

Régimes Cnav et Agirc-Arrco vs. système universel de retraite : formalisation du calcul

19L’expression analytique des formules de calcul des pensions avant et après réforme est utile car elle facilite la comparaison et la compréhension des changements induits.

20Considérons un salarié du secteur privé, noté i ayant une carrière complète, il peut prétendre, dans le système actuel, à deux pensions à l’âge de la retraite \(x^{*}\)(7) : une pension de base à prestation définie (notée \(P_{x}^{\text {base }}\)) versée par la Cnav et une pension complémentaire à contributions définies par points (notée \(P_{x^{*}}^{\text {comp }}\)) versée par l’Agirc-Arrco.

21Notons \(W_{i}=\left\{w_{i, x}\right\}_{x=x_{0}}^{x^{*}-1}\) la chronique des salaires bruts (supposée croissante pour la détermination des 25 meilleures années) perçus à chaque âge x de la carrière professionnelle qui s’étend de l’âge d’entrée dans l’activité x0 à l’âge qui précède celui de départ à la retraite \(x^{*}-1\) Donc \(x^{*}-x_{0}\) mesure la durée de cotisation qui est supposée égale à la durée minimum requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein. De ce fait, dans nos calculs, il n’y a ni décote ni surcote. De plus, la pension calculée est assumée brute et avant application du coefficient de solidarité que le régime Agirc-Arrco a introduit à compter du 1er janvier 2019.

22Pour cet individu qui liquide sa retraite à l’âge x* , la pension de base se calcule comme suit :

\[P_{x}^{\text {base }}=\alpha \frac{1}{N} \sum_{k=1}^{N} \frac{I_{x^{*}}}{I_{x^{*}-k}} w_{i, x^{*}-k} \tag{1}\]

23N (= 25) est le nombre de meilleures années de salaire portées au compte, α (= 50 %) est le taux de remplacement sur le salaire annuel moyen et \(I_{x}{ }_{x}\) est l’indice de revalorisation des salaires passés portés au compte. Depuis 1987, Ix correspond à l’indice des prix. Avant cette date, les salaires passés étaient revalorisés en fonction de l’évolution du salaire moyen. Ce changement a contribué à rendre moins généreuse la pension de base. On remarquera que le calcul de la pension de base traduit la nature à prestations définies du système. À ce titre, il ne tient pas compte des cotisations prélevées et donc de son taux noté \(\tau_{x}^{\text {base }}\).

24La pension complémentaire se calcule comme suit :

\[P_{x}^{\text {comp }}=\frac{v_{x}^{r}{ }^{*}}{v_{x}^{b}{ }^{*}} \sum_{k=1}^{x^{*}-x_{0}} \frac{W_{x}{ }^{*}}{W_{x}{ }^{*}-k} \frac{\beta_{x^{*}-k}}{\lambda_{x^{*}-k}} \tau_{x^{*}-k}^{\text {comp }} w_{i, x^{*}-k} \tag{2}\]

25\(v_{x}^{r}\) et \(v_{x}^{b}\) sont respectivement la valeur de rente du point et le prix d’achat à l’âge de la retraite \(x^{*}\) ; \(W\) est l’indice de valorisation du point d’achat ; \(\tau_{x}^{\text {comp }}\) est le taux de cotisation imputé au régime par points, \(\beta_{x}\) est la part contributive de la cotisation et \(\lambda_{x}\) est le taux d’appel. Sachant que \(\beta_{x} \leq 1\) et \(\lambda_{x} \geq 1\), il s’ensuit que \(\frac{\lambda_{x}}{\beta_{x}} \geq 1\). Ce ratio s’interprète comme un multiplicateur permettant d’évaluer le vrai prix d’achat du point \(\frac{\lambda_{x}}{\beta_{x}} v_{x}^{b}\) pour un taux de cotisation donné.

26Proposition 1 : Le taux de remplacement de la pension, défini comme le ratio du niveau de la pension à la liquidation sur le dernier salaire, ne dépend pas du niveau de salaire initial mais du profil d’évolution du salaire \(\begin{array}{c} \mathcal{W}_{i, x} \\ w_{i, x-1} \end{array}\).

27Démonstration : voir annexe mathématique

28Cette proposition 1 est importante car elle signifie que dans le cadre d’une étude sur cas-types d’évaluation du taux de remplacement, le profil d’évolution du salaire est plus important que son niveau. C’est pourquoi, dans la suite de cet article, l’étude d’impact sur le changement du mode de contributivité réalisée pour un profil de carrière donnée peut être généralisée à tout niveau de salaire initial. Le niveau est important lorsqu’on s’intéresse au niveau absolu de la pension et en particulier lorsqu’une pension minimum peut s’appliquer. Ainsi, dans la partie consacrée à la pension minimum contributive universelle, nous nous intéressons à un continuum de niveau de salaire pour un profil donné de carrière salariale.

29Le Système universel de retraite (Sur) fonctionne, à l’instar du régime complémentaire, sur un mécanisme de points. La formule (2) peut donc être utilisée en adaptant ses paramètres à ceux du nouveau système. Notons \(\tilde{W}_{x}\), le nouvel index des valeurs du point, \(\tilde{v}_{x}^{r}\) et \(\tilde{v}_{x}^{b}\) respectivement la valeur de rente du point et son prix d’achat dans le nouveau système à l’âge x. Le taux de cotisation du Sur est la somme des taux des deux régimes existants et on a \(\tau^{\text {univ }}=\tau^{\text {base }}+\tau^{\text {comp }}\). En régime stationnaire, c’est-à-dire lorsque la croissance des prix et des salaires est constante et les autres paramètres sont fixes, le rendement du régime par point est égal au ratio \(\frac{\widetilde{\beta}_{x} \widetilde{v}_{x}^{r}}{\tilde{\lambda}_{x} \tilde{v}_{x}^{b}}\). Pour un rendement et un prix d’achat du point donnés, ce ratio admet une infinité de solutions \(\widetilde{\beta}_{x}\), \(\tilde{\lambda}_{x}\) et \(\tilde{v}_{x}^{r}\). Aussi, pour simplifier l’exposé, nous supposerons que les deux paramètres du Sur, taux d’appel \(\tilde{\lambda}_{x}\) et taux de contributivité des cotisations \(\widetilde{\beta}_{x}\), sont stationnaires et tous les deux égaux à 1.

30Dans un cadre prospectif à défaut d’une connaissance précise de l’évolution des régles institutionnelles et des conditions économiques, considèrons désormais un régime stationnaire d’évolution des variables économiques et des paramètres avec un rendement constant du point. À cet effet, posons les deux définitions suivantes.

31Définition 1 (D1) : L’état stationnaire vérifie, pour tout âge x, les propriétés suivantes :

\[\frac{v_{x}^{r}}{v_{x}^{b}}=\frac{v_{x-1}^{r}}{v_{x-1}^{b}}=\frac{v^{r}}{v^{b}}, \frac{\tilde{v}_{x}^{r}}{\tilde{v}_{x}^{b}}=\frac{\tilde{v}_{x-1}^{r}}{\tilde{v}_{x-1}^{b}}=\frac{\tilde{v}^{r}}{\tilde{v}^{b}}, \lambda_{x}=\lambda_{x-1}=\lambda\]
\[\frac{W_{x}}{W_{x-1}}=G, \frac{I_{x}}{I_{x-1}}=\Pi, \frac{\tilde{W}_{x}}{\widetilde{W}_{x-1}}=\widetilde{G}\]
\[\tau_{x}^{\text {comp }}=\tau_{x-1}^{\text {comp }}=\tau^{\text {comp }}, \tau_{x}^{\text {base }}=\tau_{x-1}^{\text {base }}=\tau^{\text {base }}\]

32et \(\beta_{x}=\beta_{x-1}=\beta\).

33Définition 2 (D2) : Un profil individuel de carrière sera stationnaire si le salaire croît selon un facteur de croissance constant, noté \(G_{i}=\frac{W_{i, x}}{\mathcal{W}_{i, x-1}}\) pour tout \(x_{0} \leq x<x^{*}\).

34Il est utile de souligner que tout profil de carrière peut se décomposer en un effet âge et un effet productivité (parfois appelé effet générationnel). Comme le salaire moyen va croître au rythme de croissance de la productivité notée \(G\), le ratio \(\frac{G_{i}}{G}\) va caractériser l’effet âge : \(\frac{G_{i}}{G}>1\) (resp. < 1) va traduire une élévation (resp. un déclassement) dans l’échelle sociale des salaires au cours de la carrière.

35Hypothèse (H1) : Les taux de croissance notés \(\pi=\Pi-1\) (taux de revalorisation des salaires portés au compte), \(g=G-1\) (taux de revalorisation du point du régime complémentaire), \(\tilde{g}=\widetilde{G}-1\) (taux de revalorisation du point du système universel) et \(g_{i}=G_{i}-1\) (taux de croissance du salaire individuel pendant la vie professionnelle) sont supposés suffisamment faibles.

36Proposition 2 : En régime stationnaire (D1) et sous H1, il existe une carrière salariale stationnaire (D2) unique qui croît au taux ĝi pour laquelle les pensions finales intégralement acquises soit dans l’ancien système, soit dans le nouveau sont invariantes.

37Démonstration : voir annexe mathématique

38Identifions maintenant cette trajectoire singulière unique de la proposition 2 dans le cadre du passage des régimes actuels à un système intégralement en points.

39Pour comprendre l’évolution anticipée du régime complémentaire, on peut s’appuyer sur les accords Agirc-Arrco du 10 mai 2019. Ces derniers ont ainsi posé un cadre d’évolution jusqu’en 2033. Le rendement est supposé baisser : la valeur d’achat du point est indexée sur les salaires tandis que la valeur de rente est d’abord indexée sur la seule inflation jusqu’en 2022 puis sur les salaires moins 1,16 point de croissance jusqu’en 2033. Pour la période qui suit, le Cor (2019) suit les recommandations de l’Agirc-Arrco et considère que la sous-indexation de 1,16 point de croissance est prolongée pour la valeur d’achat et que cette sous-indexation s’applique désormais à la valeur d’achat.

40Le gouvernement souhaite par sa loi (Secrétariat d’État chargé des retraites, 2020b) instaurer un nouveau taux de cotisation des retraites en augmentation et égal à 28,12 % (8) .

41Cette seule hausse a un impact sur le taux de remplacement final du régime universel par point. Aussi, pour évaluer la réforme sur le seul effet du changement du mode de calcul, nous étudions une réforme à taux de cotisation retraite constant. Le taux total de cotisation actuel (9) est donc maintenu dans le système universel étudié, et on a : \(\tau^{\text {comp }}+\tau^{\text {base }}=\tau^{\text {univ }}=27,77 \%\).

42Les valeurs des paramètres en régime stationnaire s’appuient sur les niveaux actuellement observés et sont récapitulées dans le tableau 1.

Tableau 1

Valeur des paramètres en régime stationnaire

ParamètresValeur
Taux de cotisation(*) \(\tau^{\text {comp }}\)10,02 %
Taux de cotisation \(\tau^{\text {base }}\)17,75 %
Taux de contributivité(*) \(\beta^{\text {comp }}\)78,70 %
Taux d’appel \(\lambda^{\text {comp }}\)127 %
Rendement effectif du point Agirc-Arrco \(\frac{\beta^{\operatorname{comp}}}{\lambda^{\operatorname{comp}}} \frac{v^{r}}{v^{b}}\)4,52 %
Valeur des paramètres en régime stationnaire

Valeur des paramètres en régime stationnaire

(*) Le taux de cotisation total perçu par l’Agirc-Arrco comprend deux composantes : 7,87 (contributif) + 2,15 (non contributif). Le taux de contributivité \(\beta^{\text {comp }}\) se déduit à l’aide du ratio 7,87/10,02.
Sources : Cnav et Agirc-Arrco.

43À partir des valeurs paramétriques du tableau 1 et en s’appuyant sur les expressions analytiques précédemement énoncées, le tableau 2 donne différentes valeurs numériques de rendement du point stationnaire \(\left(\frac{\tilde{v}^{r}}{\tilde{v}^{b}}\right)\) qui garantit la neutralité de la réforme (pour une carrière intégralement cotisée soit dans l’ancien système, soit dans le nouveau) en fonction de la trajectoire de la carrière salariale et de la part d’indexation par rapport au Salaire Moyen Par Tête (SMPT). On peut y observer que ce rendement croît à la fois avec le taux de croissance salariale et avec le degré d’indexation. Les valeurs obtenues dans le tableau 1 l’ont été en supposant que le SMPT croît au taux réel de 1,4 % par an. Cette hypothèse sera conservée dans l’ensemble de nos calculs ultérieurs ainsi que l’hypothèse de taux d’inflation annuel à 1,5 %.

Tableau 2

Rendement du point neutre en fonction du taux de croissance du salaire réel et la part de l’indexation par rapport au Salaire Moyen Par Tête (SMPT, en %)

Taux de croissance du salaire sur le cycle de vie (en %)
0,91,41,92,32,322,332,342,362,382,42,422,44
IndexationSMPT100 %4,4454,6234,8004,9404,9474,9514,9544,9614,9684,9754,9824,989
90 %4,5814,7604,9385,0775,0845,0885,0915,0985,1055,1125,1195,126
80 %4,7214,9005,0775,2165,2235,2275,2305,2375,2445,2515,2585,264
70 %4,8625,0425,2185,3575,3645,3685,3715,3785,3855,3915,3985,405
50 %5,1545,3335,5085,6455,6525,6555,6595,6655,6725,6795,6865,692
30 %5,4555,6335,8065,9405,9475,9505,9545,9605,9675,9745,9805,987
20 %5,6105,7865,9586,0916,0986,1016,1046,1116,1176,1246,1306,137
10 %5,7675,9426,1126,2436,2506,2536,2566,2636,2696,2766,2826,289
0 %5,9266,1006,2686,3986,4046,4076,4106,4176,4236,4296,4366,442
Rendement du point neutre en fonction du taux de croissance du salaire réel et la part de l’indexation par rapport au Salaire Moyen Par Tête (SMPT, en %)

Rendement du point neutre en fonction du taux de croissance du salaire réel et la part de l’indexation par rapport au Salaire Moyen Par Tête (SMPT, en %)

Lecture : pour une carrière avec un taux de croissance de 2,33 % du salaire sur le cycle de vie associée à une indexation de 100 % au SMPT et à un rendement de 4,951 % du point, le passage intégral au système universel sur l’ensemble de la carrière est neutre sur le niveau de la pension finale par rapport à une carrière intégralement cotisée dans l’ancien système.
Source : calculs des auteurs.

Régime par points universel : choix de la valeur des paramètres

44Dans nos simulations, nous traitons la réforme comme une conversion en points de l’intégralité des cotisations retraite au-dessous du plafond à partir du 1er janvier 2025. La première question qui se pose est celle du choix des valeurs de rente et d’achat du point. La seconde question concerne la base d’indexation qui spécifiera l’évolution future de ces valeurs du point. Les choix possibles sont multiples. Aussi, dans cette étude, nous adopterons les recommandations du Haut-commissariat à la Réforme des Retraites (HCRR) (Delevoye, 2019) avec un ratio de valeur de rente/valeur d’achat (10) de 4,95 % ainsi qu’une indexation progressivement totale sur le salaire moyen par travailleur. Les valeurs d’achat \(\left(\tilde{v}_{t}^{b}\right)\) et de rente \(\left(\widetilde{v}_{t}^{r}\right)\) du nouveau point sont indexées comme suit par rapport au SMPT pour chaque année t :

\[\frac{\tilde{v}_{t}^{r}}{\tilde{v}_{t-1}^{r}}=\frac{\tilde{v}_{t}^{b}}{\tilde{v}_{t-1}^{b}}=\gamma \frac{\operatorname{SMPT}_{t}}{\operatorname{SMPT}_{t-1}}+(1-\gamma) \frac{I_{t}}{I_{t-1}} \tag{3}\]

45où γ est le poids de l’indexation par rapport au SMPT et It est l’indice des prix. L’évolution de ce poids est retracée graphique 1. Initialement fixé à 50 % en 2025, on supposera qu’il augmente de façon linéaire pour atteindre 100 % en 2045. De plus, comme déjà indiqué, nous nous plaçons dans un scénario moyen de croissance du SMPT avec un taux de 1,4 %.

46Dans cet article, les taux de remplacement sont calculés en déterminant la pension brute hors coefficient de solidarité Agirc-Arrco. Il n’y a également ni décote ni surcote puisque les carrières étudiées sont complètes.

47Dans le projet de loi 2020, le coefficient de solidarité est abandonné ainsi que les décotes et surcotes. Le texte prévoit que la valeur liquidative du point doit dépendre de l’âge de la retraite pour les générations nées après 1974. Un âge de référence dit d’équilibre serait fixé ultérieurement par la loi. Un malus ou bonus de 5 % de pension serait appliqué par année manquante ou supplémentaire par rapport à cet âge de référence. Pour les générations nées avant, le maintien de l’âge d’équilibre sous la forme d’un âge pivot n’a pas encore été acté. Une conférence de financement avait été missionnée en février 2020, avant la crise sanitaire de la Covid-19, pour proposer des ajustements alternatifs à cet âge pivot afin de compenser les 12 milliards de financement manquants (Le Garrec et Touzé, 2020). Suite à l’allocution présidentielle du 16 mars 2020, les travaux de cette conférence ont été suspendus comme la réforme des retraites dont le texte de loi avait déjà été adopté par l’Assemblée nationale début mars et qui devait suivre le processus législatif avec un vote du Sénat puis une adoption finale par l’Assemblée nationale.

Graphique 1

Poids du SMPT dans l’indexation de la valeur des points (en %)

Poids du SMPT dans l’indexation de la valeur des points (en %)

Poids du SMPT dans l’indexation de la valeur des points (en %)

Source : calculs des auteurs.

48Dans nos estimations, nous étudions le seul effet du passage à un système intégralement en points. Aussi, ces changements liés à la prise en compte de l’âge de liquidation dans le calcul de la pension ne sont pas pris en compte.

Profils-types de carrière complète sous plafond pour des salariés du secteur privé

49Le choix possible de profils-types est d’autant plus grand que le nombre d’histoires individuelles distinctes est vaste. Le Cor (2013 et 2014) opte pour plusieurs cas-types qui reproduisent des profils moyens “représentatifs”. Notre approche complète celle du Cor puisqu’il s’agit plutôt d’identifier des trajectoires théoriques singulières qui permettent de caractériser plus spécifiquement les propriétés des règles de calcul des pensions avant et après la réforme.

50Dans la mesure où nous ne nous intéressons pas aux conséquences d’un changement de calcul lié à la suppression de la décote et de la surcote et à l’adoption d’un âge pivot, nous nous concentrons sur des carrières complètes. De plus, afin de ne pas introduire un effet générationnel lié à des différences d’âge d’entrée sur le marché du travail, nous supposons que les salariés débutent leur carrière à l’âge de 20 ans. Ensuite, puisque la part des salaires au-dessus du plafond de sécurité sociale ouvre déjà droit dans le système actuel à une pension intégralement par points, les carrières salariales au-dessus de ce plafond ne sont pas étudiées. Les niveaux de salaire des profils-types sont exprimés en pourcentage du Plafond de Sécurité Sociale noté PSS.

51Les calculs formels précédents montrent que pour un choix donné d’indexation et de valeur du point, il existe une trajectoire salariale unique de croissance à taux constant qui satisfait un critère d’invariance au passage à une pension universelle par points. Cette trajectoire unique, neutre à la réforme en régime stationnaire, correspond à notre carrière-type de référence numérotée (1). En régime stationnaire, le tableau 2 permet d’identifier cette carrière de référence avec un taux de croissance égal à environ 2,33 % par an (+0,93 point par rapport à une trajectoire au SMPT qui croît elle-même au rythme de la pro ductivité). Une carrière de référence avec un salaire qui croît plus vite que le SMPT traduit une progression dans la hiérarchie des rémunérations tout au long du cycle de vie. Promotions régulières et grilles de rémunération à l’ancienneté peuvent conduire à un tel résultat. Empiriquement, on observe ainsi que les travailleurs les plus jeunes ont en moyenne des salaires plus faibles que les travailleurs les plus âgés (11).

52Ensuite, afin de comprendre l’impact de la réforme, notre sélection de cas-types de carrière vise à mesurer quatre propriétés : i) la sensibilité de l’impact final à la dynamique de salaire par rapport à la carrière de référence ; ii) la sensibilité du mode de transition à la dynamique salariale par rapport à l’indice de valorisation du point ; iii) l’impact de la disparition de l’assurance contre les mauvaises années cotisées (jusqu’à 18) avec la fin du calcul fondé sur les 25 meilleures années cotisées ; iv) l’adoption d’une pension minimum universelle qui offre une garantie au-delà de la pension de base.

53Pour illustrer les deux premières propriétés, nous avons sélectionné 4 carrières-types :

54(2) Carrière “très dynamique” : le salaire augmente plus vite que celui de la trajectoire de référence avec un taux de croissance de 2,9 % par an (+1,5 points par rapport à une trajectoire au SMPT). De plus, on supposera que le point de départ est suffisamment bas pour que le salaire final ne dépasse pas le plafond. (3) Carrière “stable” : la carrière croît au rythme de la productivité et est donc stable par rapport à la fois au SMPT et au Plafond de Sécurité Sociale (PSS).

55(4) Carrière “déclinante” : le salaire individuel croît moins rapidement par rapport au SMPT (-0,5 point) et le Salaire Annuel Moyen (SAM) est toujours suffisamment élevé pour ne pas activer le minimum contributif.

56Ensuite, pour étudier l’impact de la perte de l’assurance contre les mauvaises années cotisées, nous nous intéressons à un cas très singulier de carrière à trous :

57(5) Carrière “à trous” : la carrière est caractérisée par 18 premières très mauvaises années cotisées (le salaire annuel est égal au minimum requis pour valider 4 trimestres chaque année) puis par 25 années d’un salaire stable à 100 % du PSS. La pension de base résultante est suffisamment élevée et à la retraite, le pensionné ne peut donc prétendre au minimum contributif. Ce cas-type permet de mesurer l’effet maximum induit par la possibilité d’éliminer jusqu’à 18 années de salaires très faibles pour une carrière complète de 43 ans.

58Enfin, pour étudier l’impact du changement de la pension minimum, nous considérons un continuum de carrières stables par rapport au SMPT compris entre deux extrêmes :

59(6) “Pire” des carrières cotisées : on considère le cas fictif d’un travailleur qui toute sa vie professionnelle aurait perçu le minimum de salaire pour valider quatre trimestres chaque année (14,8 % du PSS). À la retraite, sa pension de base est alors égale au minimum contributif. Cet ancien travailleur bénéficie au maximum du minimum contributif compte tenu de ses salaires passés.

60(7) Carrière “limite” : il s’agit d’une carrière limite supérieure stable qui conduit à un niveau de pension égal à la pension minimum contributive. D’après nos calculs, ce niveau de salaire se situe à 50,5 % du PSS.

61Les graphiques 2a et 2b récapitulent l’évolution de ces sept carrières stationnaires.

62Comme déjà mentionné dans l’introduction, les carrières-types retenues sont théoriques et ne sont pas observables telles quelles dans la population. Toutefois, il peut être intéressant de donner un ordre de grandeur des populations potentiellement concernées par l’étude à savoir des salariés du secteur privé ayant eu une carrière complète sous plafond.

Graphique 2

Profils salariaux des carrières-types (en % du plafond de sécurité sociale)

a

Carrières avec une trajectoire constante

Carrières avec une trajectoire constante
%
100
80
60
40
20
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
(1) Référence (2) Très dynamique (3) Stable (4) Déclinante

Carrières avec une trajectoire constante

b

Carrières bénéficiant de mécanismes de solidarité

Carrières bénéficiant de mécanismes de solidarité
%
100
80
60
40
20
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
(5) 18 très mauvaises années cotisées (6) Pire des carrières cotisées
(7) Stable limite

Carrières bénéficiant de mécanismes de solidarité

Profils salariaux des carrières-types (en % du plafond de sécurité sociale)

Source : calculs des auteurs.

63La compilation de différentes études permet de donner un ordre d’idée globale sur la “contrepartie empirique” pour reprendre la terminologie d’Aubert et Plouhinec (2017) :

  1. Les travailleurs, dits du secteur privé, cotisants à la Cnav représentent environ 74 % de la population active occupée en 2019 (sources : Cnav et Insee).
  2. Environ 75 % des salariés du secteur privé ont un salaire inférieur au plafond de sécurité sociale, ce qui correspond aux trois premiers quartiles de la distribution des salaires (Bonnet et Vuillemin, 2019).
  3. Aubert et Duc (2011) présentent, pour la génération 1946, une distribution des pentes de carrières avant et après 40 ans en fonction du quartile de revenu d’appartenance en milieu de carrière. Leur étude montre que la distribution est très sensible au quartile d’appartenance. Le premier quartile présente une proportion non négligeable (de l’ordre de 30 %) d’invividus qui vont connaître des trajectoires décroissantes en valeur réelle. En revanche pour les autres quartiles, cette probabilité est faible voire négligeable (Q4). La distribution subit une translation vers la droite selon le quartile d’appartenance. Après 40 ans, les distributions des pentes convergent et subissent une translation vers la gauche pour les trois derniers quartiles signifiant une inclinaison générale des pentes avec des proportions non négligeables de carrières décroissantes en valeur réelle et une plus forte homogénéité de la distribution des profils. En revanche, pour le premier quartile la distribution subit une translation à droite qui peut traduire un phénomène de rattrapage.
  4. L’étude de mobilité interquartile sur la génération 1946 d’Aubert et Duc (2011) montre une mobilité assez faible des quartiles inférieurs vers le quartile supérieur.
  5. L’étude rétrospective pour la génération 1946 de Collin (2017) montre qu’environ 78 % des hommes et 58 % des femmes ont eu des carrières complètes. Une analyse quartile par quartile de pension montre qu’environ 90 % des pensionnés des 3ème et 4ème quartiles avait une carrière complète contre un peu moins de 80 % pour ceux appartenant au deuxième quartile et à peine 27 % pour ceux du 1er quartile. D’un point de vue prospectif, on peut s’appuyer sur plusieurs tendances : une entrée plus tardive sur le marché du travail conduira des salariés de plus en plus nombreux à travailler au-delà de l’âge minimal de 62 ans et à attendre un âge de liquidation au taux plein de 67 ans ; le taux d’activité des femmes croît de génération en génération, ce qui tend à augmenter leur durée de cotisation.

Générations et transitions

65Pour chaque carrière-type, on distingue également la génération d’appartenance. Bien que le projet de loi stipule une application de la réforme aux générations nées à partir de 1975, nos estimations sont réalisées pour les cohortes nées à partir de 1965 par période de 5 ans. Cela permet d’avoir une idée de l’impact qu’aurait la réforme si elle s’appliquait à partir de la génération qui aura 62 ans en 2025, à savoir celle née en 1963 comme pouvait le laisser penser les préconisations initiales du HCRR.

66La réforme est évaluée selon les deux modes de valorisation des droits acquis dans le régime de base avant la réforme : la conversion des droits acquis i) selon une méthode stricte (les 25 meilleures années au moment de la réforme), ou ii) selon la méthode préconisée par le HCRR (Delevoye, 2019), à savoir une proratisation des 25 meilleures années portées au compte en fonction de la durée de cotisation dans l’ancien système (12) . Pour les points acquis dans le régime Agirc-Arrco, on suppose qu’ils sont convertis intégralement en points Sur l’année de la réforme. Une autre transition alternative est également considérée : iii) l’imbrication des règles, choix qui a finalement été privilégié par le gouvernement (Secrétariat d’État aux retraites, 2020b), qui consiste à faire cohabiter les anciennes et nouvelles règles et en appliquant une proratisation à la pension Cnav finale. Dans la configuration où l’ancien système coexiste avec le nouveau, deux mécanismes d’indexation vont cohabiter : les salaires portés au compte (Cnav) restent indexés à l’inflation ; les anciens points Agirc-Arrco, et les nouveaux points Sur sont indexés sur un facteur qui mixe inflation et SMPT avec une pondération variable qui tend vers 100 % pour le SMPT en 2045.

67D’un point de vue analytique, la question de la transition se pose ainsi.

68Notons \(\tilde{x}\), l’âge de l’individu i, précédemment étudié, lors de la mise en place du nouveau système.

69Pour le régime complémentaire en points, les droits acquis sont facilement convertibles en nouveaux points en tenant compte par exemple des différences de prix d’achat entre nouveau \(\left(\tilde{v}_{\tilde{x}}^{b}\right)\) et ancien \(\left(v_{\tilde{x}}^{b}\right)\) systèmes. La conversion en nouveaux points induit une revalorisation des valeurs du point avec le nouvel indice. Si l’on suppose \(\tilde{v}_{\tilde{x}}^{b}=v_{\tilde{x}}^{b}\) alors le capital de points acquis dans le régime Agirc-Arrco l’année de la réforme s’exprime comme suit (voir annexe mathématique) :

\[S_{\tilde{x}}^{\text {comp }}=\frac{1}{v_{\tilde{x}}^{b}} \sum_{k=1}^{\tilde{x}-x_{0}} \frac{W_{\tilde{x}}}{W_{\tilde{x}-k}} \frac{\beta_{\tilde{x}-k}}{\lambda_{\tilde{x}-k}} \tau_{\tilde{x}-k}^{c o m p} w_{i, \tilde{x}-k} \tag{4}\]

70Pour les droits acquis dans le régime de base à prestations définies, deux méthodes de valorisation sont envisageables.

71La première consiste à convertir en points, l’année de la mise en place du Sur, des droits acquis dans un régime à prestations définies. Notons \(P_{\tilde{x}}^{\text {base }}\) le montant potentiel de \(S_{\tilde{x}}^{\text {base }}\) la pension calculée à l’âge \(\tilde{x}\) sans décote. On peut alors déterminer \(S_{\tilde{x}}^{\text {base }}\), le stock de points nécessaires pour verser cette pension potentielle en la divisant par la nouvelle valeur de rente du point \(\left(\widetilde{v}_{\tilde{x}}^{r}\right)\) à l’âge \(\tilde{x}\) :

\[S_{\tilde{x}}^{\text {base }}=\frac{\widetilde{P}_{\tilde{x}}^{\text {base }}}{v_{\tilde{x}}^{r}} \tag{5}\]

72La pension potentielle peut se calculer à l’aide de la formule suivante sans décote ni surcote mais avec proratisation de la durée de cotisation \(\sigma=\frac{\tilde{x}-x_{0}}{D}\) en fonction de la durée requise D (43 années pour les générations nées à partir de 1974) :

\[\widetilde{P}_{\tilde{x}}^{\text {base }}=\alpha \frac{\sigma}{N_{\tilde{x}}} \sum_{k=1}^{N_{\tilde{x}}} \frac{I_{\tilde{x}}}{I_{\tilde{x}-k}} w_{i, \tilde{x}-k} \tag{6}\]

73\(N_{\tilde{x}}\) est le nombre d’années portées au compte au moment de la réforme.

74Dans le cadre d’une conversion utilisant la formule stricte, on a : \(N_{\tilde{x}}=\min \left(25, \tilde{x}-x_{0}\right)\).

75Une approche alternative peut consister à pondérer les 25 années de salaires portées au compte en fonction de la durée de cotisation dans l’ancien système (préconisations du rapport Delevoye, 2019). Dans ce cas, \(N_{\tilde{x}}\) est égal à la valeur entière de 25 σ.

76La pension universelle, notée \(\widetilde{P}_{x^{*}}^{\text {univ }}\) et perçue à l’âge de la retraite, est la conversion de trois droits à la retraite : nouveaux droits acquis depuis la réforme et droits acquis avant la réforme dans l’ancien régime complémentaire ainsi que dans l’ancien régime de base. Cette pension se formule comme suit :

\[\begin{array}{l} \widetilde{P}_{x}^{u n i v}=\frac{\tilde{v}_{x}^{r}}{\widetilde{v}_{x}^{*}} \sum_{k=1}^{x-\tilde{x}} \frac{\tilde{W}_{x^{*}}}{\tilde{W}_{x^{*}-k}} \tau_{x^{*}-k}^{u n i v} w_{i, x^{*}-k}\\ +\frac{\tilde{v}_{x}^{r}{ }^{r}}{\tilde{v}_{x}^{b}{ }^{*}} \frac{\tilde{W}_{x^{*}}}{\tilde{W}_{x^{*}}-\tilde{x}} S_{\tilde{x}}^{c o m p}\\ +\frac{\tilde{v}_{x}^{r}{ }^{*}}{\tilde{v}_{x}^{b}{ }^{*}} \frac{\tilde{W}_{x}{ }^{*}}{\tilde{W}_{x}{ }^{*}-\tilde{x}} S_{\tilde{x}}^{\text {base }} \end{array} \tag{7}\]

77La seconde méthode consiste à valoriser les droits acquis dans l’ancien régime à prestations définies au prorata de la durée de cotisation dans l’ancien régime (imbrication des formules, parfois appelée “clause italienne”). Au moment de la liquidation, la pension de base est alors égale à \(\sigma P_{x^{*}}^{\text {base }}\) . Les deux premières composantes de la pension finale sont identiques à la pension précédemment calculée. Seule la troisième composante est modifiée. La pension finale s’exprime alors comme suit :

\[\begin{aligned} \widetilde{P}_{x^{*}}=& \frac{\widetilde{v}_{x^{*}}^{r}}{\widetilde{v}_{x^{*}}^{b}} \sum_{k=1}^{x-\tilde{x}} \frac{\tilde{W}_{x^{*}}}{\tilde{W}_{x^{*}-k}} \tau_{x^{*}-k}^{\text {univ }} w_{i, x^{*}-k} \\ +& \frac{\widetilde{v}_{x^{*}}^{r}}{\widetilde{v}_{x^{*}}^{b}} \frac{\tilde{W}_{x^{*}}}{\widetilde{W}_{x^{*}}-\tilde{x}} S_{\tilde{x}}^{c o m p}+\sigma P_{x^{*}}^{\text {base }} \end{aligned} \tag{8}\]

Impact du changement de la contributivité pour des carrières régulières

78Cette partie se focalise sur l’impact d’une généralisation du système par points hors dispositif de solidarité qui modifie de facto le lien entre profil de carrière salariale et niveau de la pension. Nous nous intéressons donc à des cas-types avec des carrières non grevées de très mauvaises années cotisées et avec un niveau de pension finale suffisamment élevé pour ne pas induire l’activation d’une pension minimum. Par voie de conséquence, nous étudions les cas-types (1) à (5). Cela impose de calculer le taux de remplacement avant et après réforme et de comparer le changement relatif du niveau de pension.

79La présentation sous la forme de taux de remplacement permet de généraliser le résultat à toutes les trajectoires de salaires avec les mêmes taux de croissance sur le cycle de vie professionnel (voir proposition 1 de la partie précédente).

Carrière de référence

80La première génération à cotiser à partir de 20 ans à 100 % dans le nouveau système est la génération 2005. Pour le calibrage de référence avec rendement brut à 4,95 %, la carrière salariale caractérisée par un taux de croissance annuel de l’ordre de 2,3 %, soit près de 0,9 point de plus que le taux de croissance de la productivité (et donc du salaire moyen), a été choisie pour sa singularité. En effet, il s’avère que pour cette carrière de référence, le niveau de pension calculée avant et après la réforme est identique pour les générations postérieures à 2020 (graphique 3). Autrement dit, en analyse stationnaire, la réforme est neutre pour ces carrières avec un taux de remplacement restant égal à près de 50 % du salaire brut. Pour les générations nées entre 2005 et 2020, la réforme n’est pas parfaitement neutre en raison du fait que le mode d’indexation des points n’est pas encore à 100 % sur le SMPT sur l’ensemble de leurs carrières.

Graphique 3

Pension de la carrière de référence

a

Taux de remplacement

Taux de remplacement

Taux de remplacement

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
%
110
105
100
95
90
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Variation (base 100 avant)

Pension de la carrière de référence

Lecture : pour chaque génération née avant 2005, les graphiques 3a et 3b donnent respectivement le taux de remplacement du dernier salaire et le niveau de la pension en comparaison des niveaux calculés avant et après adoption du Sur dans trois configurations de transition : imbrication des règles, conversion des droits acquis stricte ou selon la préconisation du rapport Delevoye (2019). Pour les générations nées à partir de 2005, ces graphiques comparent seulement le niveau calculé avant réforme à celui calculé après réforme pour une carrière intégralement cotisée dans le nouveau système. Pour la génération 1980, le taux de remplacement avant réforme est de 52 %. Après réforme, il est de 49,4 % pour une conversion stricte, de 51,4 % pour une conversion de type Delevoye et de 53,6 % pour une imbrication des règles. Pour la génération née en 2010, le taux de remplacement avant réforme est identique à celui après réforme et est égal à 50,6 %.
Source : calculs des auteurs.

81Contrairement aux générations postérieures à 2004 (c’est-à-dire à partir de la généra tion qui aura 18 ans en 2022 (13)) qui ne connaîtront que le Sur, les générations antérieures rentrent dans le nouveau système avec des droits acquis dans l’ancien. Comme le montrent nos calculs, le mode de conservation de ces derniers n’est pas neutre dans le calcul des pensions. Ainsi, pour les individus ayant eu une carrière ici qualifiée de référence, l’imbrication des règles est toujours plus avantageuse que la conversion en points. En effet, puisque le salaire du travailleur augmente plus vite que le salaire moyen, la valeur en points d’une moyenne des salaires passés sera plus faible que celle établie sur les 25 derniers salaires car le point est valorisé au salaire moyen, lequel croît moins vite que le salaire du travailleur. Le gain de taux de remplacement dû à l’imbrication culmine à 1,7 point de pourcentage (+3,3 % de pension) pour la génération 1985 par rapport à l’évolution hors réforme, alors que la perte maximale atteint 4 points (-4,8 % de pension) pour la génération 1980 si l’on considère la conversion stricte. Toutefois, le mode de conversion en points préconisé par le HCRR atténue cet effet en offrant un niveau de SAM converti en points plus élevés qu’en appliquant la formule stricte avec une perte réduite à 1,9 point (-1,1 % de pension) pour la génération 1980. Sous nos hypothèses de calcul, le taux de remplacement résultant, s’il reste un peu plus faible qu’avec l’imbrication, permet de reproduire de façon assez similaire l’évolution qui aurait eu lieu dans le système actuel.

Carrière “très dynamique”

82La carrière très dynamique est définie par des salaires qui progressent plus vite que dans celle de référence (tout en restant sous le plafond). Ainsi, l’effet négatif induit par la perte de la surpondération des dernières rémunérations est accru. Le taux de remplacement des générations nées à partir de 2015 est alors réduit de près de 5 points de pourcentage (-11 % de pension) par la réforme. De plus, pour les générations de la transition, les différences observées entre imbrication et conversion sont exacerbées par le dynamique de la carrière. Si l’imbrication engendre un gain pour les générations nées avant 1995 et jusqu’à 1,8 point de taux de remplacement (+ 4,4 % de pension) pour la génération 1975, la génération 1980 pourrait y perdre jusqu’à 7,2 points (-15,1 % de pension) en cas de conversion stricte. Si la conversion préconisée par le HCRR parvient à faire mieux que la conversion stricte, elle n’est pas en mesure de garantir pour les générations les plus anciennes un niveau similaire à la pension avant réforme.

Carrière “stable”

83Par rapport à la carrière de référence, une carrière qui progresse à la même vitesse que le salaire moyen est par définition une carrière moins dynamique. Dès lors, la fin de la surpondération des dernières rémunérations n’est plus pénalisante, et la pension calculée à partir d’une carrière stable s’améliore grâce à une meilleure indexation. Elle gagne progressivement jusqu’à 4 points de pourcentage (+7 % de pension) à partir de la génération 2015. Pour les générations de la transition, on notera que, puisque le salaire de cycle de vie croît à la même vitesse que le salaire moyen, le choix de l’imbrication ou de la conversion n’entraîne pas de différences très significatives.

Graphique 4

Pension de la carrière “très dynamique”

a

Taux de remplacement

Taux de remplacement
%
54
52
50
48
46
44
42
40
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Taux de remplacement

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
%
110
105
100
95
90
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Variation (base 100 avant)

Pension de la carrière “très dynamique”

Source : calculs des auteurs.

Carrière “déclinante”

84Comme pour la carrière stable, la carrière déclinante est caractérisée par une croissance des salaires plus faible que la carrière de référence mais également plus faible que l’indice de revalorisation, à savoir le SMPT. La pension est donc accrue, et ce encore plus fortement que pour la carrière stable. Les générations après 2015 voient leur pension augmenter grâce à la réforme de 6,9 points de taux de remplacement (+ 11,4 % de pension). Ce que cette carrière permet de révéler c’est l’inversion des effets durant la transition. On a vu jusqu’ici que pour un profil salarial croissant plus vite que le salaire moyen, l’imbrication est plus avantageuse en termes de calcul des pensions que la conversion. On a vu également que la façon dont sont pris en compte les droits acquis était relativement neutre sur le niveau des pensions lors de la transition si la carrière croît à la même vitesse que le salaire moyen. Fort logiquement, cette carrière dont la croissance salariale est plus faible que celle du salaire moyen met en évidence la supériorité en termes de niveau de pension de la conversion en points sur l’imbrication des règles. En effet, puisque le salaire du travailleur augmente moins vite que le salaire moyen, la valeur en points d’une moyenne des salaires passés sera plus forte que celle établie sur les 25 derniers salaires car le point est revalorisé à un salaire moyen qui croît plus vite que le salaire du travailleur. On notera par ailleurs que la différence entre conversion stricte et conversion dite Delevoye est très faible.

85Pour la carrière “très déclinante”, l’impact de la réforme présente un profil similaire avec une amplitude plus forte de hausse du taux de remplacement et de gain de pension. La hiérarchie des modes de transition est aussi identique au profil de carrière précédent.

Graphique 5

Pension de la carrière “stable”

a

Taux de remplacement

Taux de remplacement
65 %
63
61
59
57
55
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Taux de remplacement

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
%
110
105
100
95
90
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Variation (base 100 avant)

Pension de la carrière “stable”

Source : calculs des auteurs.
Graphique 6

Pension de la carrière “déclinante”

a

Taux de remplacement

Taux de remplacement
%
75
70
65
60
55
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Taux de remplacement

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
%
115
110
105
100
95
90
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Variation (base 100 avant)

Pension de la carrière “déclinante”

Source : calculs des auteurs

Synthèse

86Nos calculs montrent que la réforme est favorable à des carrières salariales dont le taux de croissance est inférieur au seuil de 2,33 % correspondant à celui de la trajectoire de référence, et défavorable pour les trajectoires qui croissent plus vite. Ce résultat signifie que la réforme va induire une redistribution des carrières les plus dynamiques vers celles les moins dynamiques, mais également implicitement de ceux qui ont de plus hauts revenus vers ceux qui ont de plus bas revenus en fin de carrière, dans la mesure où le niveau de salaire final est une fonction du taux de croissance moyen pendant l’activité.

87Nos résultats ont également montré le rôle important des modes de conversion pour gérer la transition. La conversion stricte est favorable aux carrières déclinantes (la valeur du point augmente plus vite que le salaire individuel) tandis que l’imbrication des formules est favorable aux carrières dynamiques (l’imbrication permet de profiter plus longtemps des anciennes règles). Quant à la carrière stable, la pension finale est peu sensible aux trois modes de valorisation.

Évaluation de deux mécanismes de solidarité

88Dans la partie qui précède, nous nous sommes préoccupés de la sensibilité de l’impact de la réforme des retraites en fonction de profils de carrière sans véritable incident de parcours et conduisant à des niveaux de pension suffisants pour ne pas activer la pension minimum.

89Désormais, nous nous intéressons à deux changements induits en termes de solidarité avec la transformation du régime de base à prestations définies en régime par points. Premièrement, le régime de base actuel en ne calculant le salaire de référence que sur les 25 meilleures années de salaire offre une protection contre les mauvaises années cotisées (jusqu’à 18 années). Cette non prise en compte des mauvaises années rompt (partiellement) avec le principe de contributivité puisque pour ces années-là, seule compte la validation des trimestres (seuil minimal de salaire annuel) et non le montant des cotisations, ce qui conduit à une solidarité (14) en faveur des carrières avec des mauvaises années de salaire (15). Deuxièmement, l’actuel minimum contributif en faveur des travailleurs à bas salaire est remplacé par une pension minimum universelle d’un niveau supérieur, ce qui renforce la solidarité.

90Afin d’évaluer les conséquences de ces deux changements, nous étudions dans un premier temps une carrière “à trous” avec 18 très mauvaises années cotisées et dont le niveau de pension finale est suffisamment élevé pour ne pas induire l’activation de la pension minimum. Ensuite, nous nous intéressons pour différents profils de carrière à un continuum de salaires de fin de carrière qui conduit à une activation de la pension minimum.

Impact de la perte de l’assurance sociale contre les mauvaises années cotisées

91Le changement du mode de contributivité fait perdre une solidarité existante dans le régime actuel, que l’on nomme ici « assurance sociale », qui permet à des salariés d’obtenir la même pension de base dès lors qu’ils ont les mêmes 25 meilleures années de salaire. Ceux qui ont des très mauvaises années de salaire non intégrées dans leur pension finale bénéficient implicitement de la solidarité de ceux qui ont de meilleures années de salaire non portées au compte. De ce point de vue, nous considérons que ce changement de contributivité induit un changement de solidarité. Pour les femmes avec des enfants, par exemple, les deux années sans emploi par enfant né ou les années (dans la limite de 18) à temps partiel, suivis par exemple de 25 années de carrière à temps complet, n’ont pas d’impact sur la pension finale de base.

Graphique 7

Pension de la carrière avec 18 très mauvaises années cotisées

a

Taux de remplacement

Taux de remplacement
%
60
55
50
45
40
35
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Taux de remplacement

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
%
105
100
95
90
85
80
75
70
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Avant Imbrication des règles Conversion des droits acquis (stricte)
Conversion des droits acquis (Delevoye) 100 % Sur

Variation (base 100 avant)

Pension de la carrière avec 18 très mauvaises années cotisées

Source : calculs des auteurs.

92Nous analysons le cas d’un travailleur qui aurait cotisé pendant 18 années au minimum requis (par exemple, travail à temps très partiel) pour valider 4 trimestres annuels et qui aurait par la suite perçu un salaire égal au plafond de sécurité sociale. Ce cas-type est volontairement très stylisé pour évaluer l’amplitude maximale de gain que procure la protection actuelle contre l’éventualité de mauvaises années cotisées.

93On observe que la chute du taux de remplacement est importante avec une perte qui peut atteindre jusqu’à 13,5 points (-25,7 % de pension) pour une carrière complète dans le nouveau régime. Cette chute s’explique aisément par le fait que désormais toute la carrière compte dans le calcul, y compris, donc, les années à “trous”. L’imbrication des règles permet de profiter plus longtemps de l’assurance contre les mauvaises années cotisées mais l’effet s’estompe progressivement et de manière significative à partir de la génération 1995 dès lors que la pondération accordée à cette pension est fortement réduite. La conversion des points fige la durée d’assurance contre les mauvaises années cotisées à la durée de cotisation dans l’ancien système, ce qui conduit à une dépréciation dès la génération 1965. Cette dernière se voit intégrer 4 très mauvaises années cotisées dans le calcul de son droit à pension de base converti en points. Ce sera ensuite 9 très mauvaises années pour la génération 1975, etc.

94Afin de compléter la mesure de l’effet maximal que pourrait avoir la suppression de la protection contre les mauvaises années cotisées, il est utile d’en étudier son impact graduel. Pour se faire, les graphiques 8a et 8b présentent des variantes pour les générations nées après 2005 : l’évolution des taux de remplacement avant et après réforme est présentée en fonction du nombre de très mauvaises années cotisées en début de carrière. Les courbes montrent un écart décroissant entre le taux de remplacement avant et après réforme dont l’effet est maximal avec 18 très mauvaises années cotisées en début de carrière (baisse d’environ 24 %). Elles mettent aussi en évidence un effet paradoxal lié au fait que la réforme récompense les carrières stables (cf. partie “Carrière “stable””) et, en l’occurrence celles au plafond de sécurité sociale. D’après nos hypothèses et calculs, la réforme resterait favorable pour ce type de carrières jusqu’à quatre très mauvaises années cotisées.

Adoption d’une pension minimum contributive universelle

95Dans le système actuel, coexistent d’une part un régime de base qui garantit un minimum contributif pour une carrière complète et d’autre part un régime complémentaire qui n’offre pas de garantie de pension minimale pour ceux qui ont cotisé.

96En intégrant le dispositif de minimum contributif majoré, pour une carrière avec un salaire final correspondant àθ % du PSS, le taux de remplacement actuel, noté \(\rho^{a c t}\), se calcule comme suit :

\[\rho^{a c t}=\max \left(\rho^{\text {base }} ; \frac{21,1 \%}{\theta}\right)+\rho^{\text {comp }} \tag{9}\]

97où 21,1 % est le montant relatif du minimum contributif majoré daté de l’année de la retraite exprimé en pourcentage du PSS de la dernière année d’activité.

98Pour un profil de carrière et une génération donnée conduisant au taux de remplacement \(\rho^{\text {base }}\) il existe un niveau limite de dernier salaire noté \(\theta^{*}\) tel que \(\rho^{\text {base }}=\frac{21,1 \%}{\theta}\), soit \(\theta^{*}=\frac{21,1 \%}{\rho^{\text {base }}}\) .

Graphique 8

Générations nées après 2005 : pension pour des carrières de 0 à 18 très mauvaises années cotisées

a

Taux de remplacement (en %)

Taux de remplacement (en %)
%
70
60
50
40
30
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Avant réforme Après réforme

Taux de remplacement (en %)

b

Variation (base 100 avant)

Variation (base 100 avant)
110
100
90
80
70
60
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Avant réforme Après réforme

Variation (base 100 avant)

Générations nées après 2005 : pension pour des carrières de 0 à 18 très mauvaises années cotisées

Source : calculs des auteurs.

99Le système universel de retraite devrait voir apparaître un nouveau minimum contributif universel en remplacement de l’actuelle garantie sur la pension de base Cnav. Le Sur prévoit une pension minimale de l’ordre de 85 % du Smic net (environ 66,4 % du Smic brut (16), soit environ 30,7 % du PSS (17)) pour une carrière complète. Pour une carrière conduisant à un dernier salaire équivalent de θ % du PSS, la nouvelle formule du calcul du taux de remplacement brut devient :

\[\rho^{S u r}=\max \left(\rho^{u n i v} ; \frac{30,7 \%}{\theta}\right) \tag{10}\]

100\(\rho^{\text {univ }}\) est le taux de remplacement du Sur hors pension minimum.

101Pour un profil de carrière et une génération donnés conduisant au taux de remplacement \(\rho^{\text {univ }}\), il existe un niveau limite de dernier salaire noté \(\widetilde{\theta}^{*}\) tel que \(\rho^{u n i v}=\frac{30,7 \%}{\tilde{\theta}^{*}}\), soit \(\tilde{\theta}^{*}=\frac{30,7 \%}{\tilde{\rho}}\).

102Les graphiques 9a et 9b montrent que ces niveaux limites augmentent très légérement d’une génération à l’autre pour un profil donné de carrière. Les deux seuils limites de salaire augmentent aussi mais de façon plus marquée avec le taux de croissance du salaire. Ces deux propriétés résultent de la baisse du taux de remplacement. Dans le premier cas, cette baisse s’observe d’une génération à l’autre en raison d’une moindre générosité du système de retraite. Dans le deuxième cas, à un profil de carrière plus dynamique est associé un taux de remplacement plus faible. Enfin, ces deux graphiques montrent également que le seuil limite de salaire est plus élevé avec le Sur du fait que la garantie porte désormais aussi sur l’ensemble de la pension. Ce résultat montre la plus grande générosité du minimum contributif universel.

103Si l’on se concentre sur des carrières stables relativement à l’évolution du SMPT et sur les générations 1965 (18) et 2015, on a respectivement :

\[\left\{\begin{array}{l} \rho_{1965}^{a c t}=\max \left(44,1 \% ; \frac{21,1 \%}{\theta}\right)+16,4 \% \\ \rho_{1965}^{S u r}=\max \left(60,7 \% ; \frac{30,7 \%}{\theta}\right) \end{array}\right.\]

104et

\[\left\{\begin{array}{l} \rho_{2015}^{a c t}=\max \left(43,2 \% ; \frac{21,1 \%}{\theta}\right)+13,7 \% \\ \rho_{2015}^{S u r}=\max \left(60,8 \% ; \frac{30,7 \%}{\theta}\right) \end{array}\right.\]

105Pour la génération 1965, le taux de remplacement (ou pente du niveau de la pension) sans pension minimum avant ou après réforme varie très peu (graphiques 10a, 11a et 12a).

106En revanche, pour la génération née en 2015, le changement de formule comprend une élévation du minimum ainsi qu’une hausse de la pente (graphiques 10b, 11b et 12b).

107La nouvelle formulation avec pension minimum est nettement plus généreuse puisqu’elle induit des gains considérables pouvant aller jusqu’à une hausse de 40 % pour les carrières proches d’un salaire annuel de 600 heures au Smic (minimum requis pour valider une année cotisée).

108Avant réforme, le minimum contributif joue jusqu’à un salaire stable à 47,5 % du PSS (1,06 Smic) pour la génération 1965 et 49 % du PSS (1,09 Smic) pour la génération 2015. Ensuite, on observe que la solidarité plus forte du Sur a pour conséquence la suppression du lien entre pension et salaire pour des salaires (graphiques 11a et 11b) jusqu’à 50,5 % du PSS pour les générations 1965 et 2015, soit un niveau supérieur à 1,12 Smic. Une telle propriété ne s’observe pas avec le système actuel. En effet, avec le système à deux piliers, les bénéficiaires du minimum contributif conservent un lien positif entre salaire et pension même en dessous du seuil de pension y ouvrant droit.

Graphique 9

Valeur limite de salaire (en % du PSS)

a

Avant réforme

Avant réforme
70
60
50
40
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Carrière déclinante Carrière stable
Carrière de référence Carrière très dynamique

Avant réforme

b

Après réforme

Après réforme
70
60
50
40
G1965 G1970 G1975 G1980 G1985 G1990 G1995 G2000 G2005 G2010 G2015 G2020 G2025 G2030
Carrière déclinante Carrière stable
Carrière de référence Carrière très dynamique

Après réforme

Valeur limite de salaire (en % du PSS)

Lecture : pour la génération 2000, la valeur limite du salaire de la carrière stable à partir de laquelle la pension n’active pas le minimum contributif est de 48,2 % du PSS avant réforme et de 50,6 % après réforme.
Source : calculs des auteurs.
Graphique 10

Carrières stables : taux de remplacement

a

Génération 1965

Génération 1965

Génération 1965

b

Génération 2015

Génération 2015

Génération 2015

Carrières stables : taux de remplacement

Lecture : pour la génération 1965 avec un salaire stable à 40 % du PSS, le taux de remplacement avec minimum contributif est égal à 69,1 % avant réforme et à 76,7 % après réforme.
Source : calculs des auteurs
Graphique 11

Carrières stables : niveau de la pension (en % du PSS)

a

Génération 1965

Génération 1965

Génération 1965

b

Génération 2015

Génération 2015

Génération 2015

Carrières stables : niveau de la pension (en % du PSS)

Lecture : pour la génération 1965 avec un salaire stable à 40 % du PSS, la pension finale avec minimum contributif est égal à 27,7 % du PSS avant réforme et à 30,7 % après réforme.
Source : calculs des auteurs.
Graphique 12

Carrières stables : niveau de la pension (base 100 = avant réforme)

a

Génération 1965

Génération 1965

Génération 1965

b

Génération 2015

Génération 2015

Génération 2015

Carrières stables : niveau de la pension (base 100 = avant réforme)

Lecture : pour la génération 1965 avec un salaire stable à 40 % du PSS, la pension finale avec minimum contributif après réforme est égale à 109 % de la pension avant réforme.
Source : calculs des auteurs

Conclusion

109À budget constant, l’adoption du système universel de retraite fera forcément des « gagnants » et des « perdants ». Cet article, à travers l’étude de cas-types “théoriques”, essaie d’identifier quels pourraient être les principaux mécanismes fondamentaux du système universel de retraite mis en jeu pouvant induire une hausse ou une baisse de la pension pour des salariés du secteur privé ayant eu une carrière complète.

110Nos résultats montrent que l’impact de l’adoption du Système universel de retraite (Sur) sur le niveau des pensions dépend très fortement des scénarios de transition et des profils de carrière. Nous avons identifié une carrière de référence pour laquelle la réforme était neutre. D’après nos estimations, la réforme est bénéfique à des profils de carrière moins dynamiques que cette dernière. Inversement, elle est défavorable à des carrières plus dynamiques. La généralisation de la pension par points induit donc clairement une forme de redistribution des carrières les plus dynamiques vers celles les moins dynamiques.

111Notre article souligne également que la hiérarchie du mode de conservation des droits acquis (conversion en points ou imbrication des règles) est sensible aux profils des carrières. L’imbrication est plus favorable aux carrières avec un profil de croissance salariale plus dynamique que le salaire moyen puisque ce dernier sert de base d’indexation des valeurs du point. À l’opposé, la conversion (forme stricte) définitive en points est plutôt favorable à une carrière avec un profil déclinant par rapport au salaire moyen. Quant à la formule de conversion préconisée par le Haut-commissariat à la Réformes des Retraites (HCRR), elle est toujours plus généreuse que la conversion stricte.

112Enfin, nos calculs soulignent deux changements dans les mécanismes de solidarité : la disparition de la protection contre les mauvaises années cotisées (jusqu’à 18 pour une carrière de 43 années) ; la transformation du minimum contributif de la pension de base en pension minimum universelle. Pour des carrières salariales complètes à “trous”, la prise en compte des mauvaises années cotisées dans le calcul de la pension peut induire une baisse significative du taux de remplacement dont l’effet maximal est apprécié à travers un cas-type qui retrace une carrière avec dix-huit années au salaire plancher de validation des trimestres cotisées. L’objectif de pension minimum universelle est fixé à 85 % du Salaire minimum de croissance (Smic) net. Cette garantie est plus généreuse que l’actuel minimum contributif et elle peut aussi protèger contre d’éventuelles baisses que pourrait induire le nouveau mode de calcul. Toutefois, cette générosité accrue conduit à une suppression du lien entre salaire et pension qui s’étend à un niveau supérieur au Smic, ce qui revient à augmenter le coin fiscal des cotisations sociales sur les bas salaires.

113Le champ d’application de cet article a été celui des salariés du secteur privé avec une carrière sous plafond. Cela signifie qu’on n’étudie pas précisément l’impact de la réforme pour les autres types de carrières : les carrières incomplètes, les carrières intégralement ou partiellement au-dessus du plafond, le cas des travailleurs des régimes spéciaux et des travailleurs non salariés, sans compter les polypensionés, etc. Le champ a donc été restreint à dessein.

114Toutefois, on peut noter que les résultats obtenus sur des carrières-types complètes peuvent être étendus à des carrières au-dessus du plafond pour la partie de la pension acquise au-dessous du plafond. Pour un travailleur ayant eu une carrière intégrale au-dessus du plafond, sa pension acquise au-dessous du plafond induit un taux de remplacement du plafond de sécurité sociale qui est égal à celui obtenu pour une carrière stable.

115Pour les carrières incomplètes, la généralisation est plus difficile pour deux raisons : i) les correctifs apportés à la pension finale ne sont pas les mêmes entre la pension de base (proratisation et décote avant l’âge du taux de plein de 67 ans) et la pension complémentaire (coefficient de minoration avant 67 ans) ; ii) le Sur prévoit un autre type de correctif avec un bonus/malus calculé en proportion d’une distance à un âge d’équilibre (ou pivot) prévu être inférieur à 67 ans. Pour ces carrières, le passage à un régime 100 % en points combiné à la disparition des correctifs pour carrières incomplètes est une voie de recherche pour une étude spécifique ultérieure où l’effet imputable à chaque changement mériterait d’être isolé.


Annexe mathématique

116Démonstration de la proposition 1 : Les régles de calcul des pensions par points ou à prestations définies déterminent des expressions linéaires des salaires passés du type :

\[P_{x}{ }_{x}=\sum_{k=1}^{x^{*}-x_{0}} \gamma_{x^{*}-k} w_{i, x^{*}-k} \tag{11}\]

117De cette formule, on peut déduire le taux de remplacement de la pension \(P_{x_{i}^{*}, i}\) exprimé en fonction du dernier salaire \(w_{i, x_{i}^{*}-1}\) :

\[\rho_{x^{*}}=\sum_{k=1}^{x^{*}-x_{0}} \gamma_{x^{*}-k} \frac{w_{i, x^{*}-k}}{w_{i, x^{*}-1}} \tag{12}\]

118On conclut alors que le taux de remplacement ne dépend pas du niveau du salaire \(w_{i, x}\) mais uniquement du profil d’évolution \(\frac{\mathcal{W}_{i, x}}{\mathcal{W}_{i, x}-1}\) .

119Dans le cas de la pension de base calculée sur les 25 meilleures années, seul le profil d’évolution du salaire entre les âges \(x^{*}-24\) et \(x^{*}\) va compter puisque les salaires avant \(x^{*}-24\) ne sont pas inclus dans le calcul.

120Démonstration de la proposition 2 : Pour une carrière stationnaire de type Gi, le taux de remplacement de la pension de base peut s’écrire comme suit en régime stationnaire :

\[\begin{array}{l} \left.\rho^{\text {base }}\left(G_{i}\right)=\frac{\alpha}{N} \Pi\left[\left(\frac{\Pi}{G_{i}}\right)^{N}-1\right] /\left(\frac{\Pi}{G_{i}}\right)-1\right] \\ \simeq \frac{\alpha}{N} \Pi\left(N+\frac{N(N-1)}{2}\left(\pi-g_{i}\right)\right) \\ =\rho_{0}^{\text {base }}-\rho_{1}^{\text {base }} g_{i} \end{array} \tag{13}\]

121avec \(\rho_{0}^{\text {base }}=\frac{\alpha}{N} \Pi\left(N+\frac{N(N-1)}{2} \pi\right)\)

122et \(\rho_{1}^{\text {base }}=\frac{\alpha}{N} \Pi \frac{N(N-1)}{2}\).

123Le taux de remplacement pour la retraite complémentaire s’écrit comme suit :

\[\begin{array}{l} \rho^{\text {comp }}\left(G_{i}\right)=\frac{\beta \tau^{\text {comp }}}{\lambda} \frac{v^{r}}{v^{b}} G\left[\left(\frac{G}{G_{i}}\right)^{x^{*}-x_{0}}-1\right] /\left[\left(\frac{G}{G_{i}}\right)-1\right] \\ \simeq \frac{\beta \tau^{\text {comp }}}{\lambda} \frac{v^{r}}{v^{b}} G\left(\left(x^{*}-x_{0}\right)+\frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2}\left(g-g_{i}\right)\right) \\ =\rho_{0}^{\text {comp }}-\rho_{1}^{\text {comp }} g_{i} \end{array} \tag{14}\]

124avec

\[\rho_{0}^{c o m p}=\frac{\beta \tau^{c o m p}}{\lambda} \frac{v^{r}}{v^{b}} G\left(\left(x^{*}-x_{0}\right)+\frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2} g\right)\]

125et

\[\rho_{1}^{\text {comp }}=\frac{\beta \tau^{\text {comp } p}}{\lambda} \frac{v^{r}}{v^{b}} G\left(\frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2} g\right)\]

126Considérons un système universel par points appliqué sur une carrière entière, alors le taux de remplacement s’écrit de façon similaire à celui de la pension complémentaire :

\[\begin{array}{l} \rho^{\text {univ }}\left(G_{i}\right)=\tau^{u n i v} \frac{\tilde{v}^{r}}{\widetilde{v}^{b}} \tilde{G}\left[\left(\frac{\tilde{G}}{G_{i}}\right)^{x^{*}-x_{0}}-1\right] /\left[\left(\frac{\tilde{G}}{G_{i}}\right)-1\right] \\ \simeq \tau^{u n i v} \frac{\tilde{v}^{r}}{\widetilde{v}^{b}} \widetilde{G}\left(\left(x^{*}-x_{0}\right)+\frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2}\left(\tilde{g}-g_{i}\right)\right) \\ =\rho_{0}^{u n i v}-\rho_{1}^{u n i v} g_{i} \end{array} \tag{15}\]

127avec \(\rho_{0}^{u n i v}=\tau^{u n i v} \frac{\tilde{v}^{r}}{\widetilde{v}^{b}} \tilde{G}\left(\left(x^{*}-x_{0}\right)+\frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2} \tilde{g}\right)\)

128et \(\rho_{1}^{u n i v}=\tau^{u n i v} \frac{\tilde{v}^{r}}{\tilde{v}^{b}} \tilde{G} \frac{\left(x^{*}-x_{0}\right)\left(x^{*}-x_{0}-1\right)}{2}\).

129Sous (H1), il existe une solution unique \(\hat{G}_{i}=1+\hat{g}_{i}\) telle que \(\rho^{\text {univ }}=\left(\hat{G}_{i}\right)=\rho^{\text {base }}\left(\hat{G}_{i}\right)+\rho^{\text {comp }}\left(\hat{G}_{i}\right)\) dont la valeur approchée est :

\[\hat{G}_{i}=1+\hat{g}_{i} \simeq 1+\frac{\rho_{0}^{\text {base }}+\rho_{0}^{\text {comp }}-\rho_{0}^{\text {univ }}}{\rho_{1}^{\text {base }}+\rho_{1}^{\text {comp }}-\rho_{1}^{\text {univ }}} . \tag{16}\]

130Conversion des droits acquis dans le régime Agirc-Arrco, l’année de la réforme :

131L’année de la réforme, le stock de points acquis dans le régime Agirc-Arrco est évalué à :

\[S_{\tilde{x}}^{c o m p}=\frac{1}{v_{\tilde{x}}^{b}} \sum_{k=1}^{\tilde{x}-x_{0}} \frac{W_{\tilde{x}}}{W_{\tilde{x}-k}} \frac{\beta_{\tilde{x}-k}}{\lambda_{\tilde{x}-k}} \tau_{\tilde{x}-k}^{c o m p} w_{i, \tilde{x}-k}\]

132Si on suppose que l’année de la réforme, la valeur d’achat du point Sur est la même que celle du point Agirc-Arrco, on a : \(\tilde{v}_{\tilde{x}}^{b}=v_{\tilde{x}}^{b}\), alors la pension finale obtenue sur les anciens points Agirc-Arrco est égale à : \(\frac{\tilde{v}_{x}^{r}}{\tilde{v}_{x}^{*}} \frac{\tilde{W}_{x}^{*}}{\tilde{W}_{x^{*}-\tilde{x}}} S_{\tilde{x}}^{c o m p}\).

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Mots-clés éditeurs : réforme des retraites, pension minimum, profils de carrière salariale

Date de mise en ligne : 17/12/2021

https://doi.org/10.3917/ecop1.218.0006

Notes

  • (1)
    Dans le régime actuel, la référence de revenu du travail est le Salaire moyen par travailleur (SMPT). Dans un régime universel, les travailleurs non salariés sont intégrés dans un régime commun à celui des salariés. Il est donc nécessaire que la référence évolue et intègre les revenus du travail autres que les salaires.
  • (2)
    Le droit à pension acquis en 2025 est calculé en appliquant la formule stricte de la pension de base, soit 50 % de la moyenne des 25 meilleurs salaires annuels portés au compte.
  • (3)
    Le nombre de 25 meilleures années est pondéré en fonction de la durée de cotisation dans l’ancien système.
  • (4)
    Pour une étude de l’impact possible de la réforme sur le taux marginal implicite des cotisations retraite, hors droit à pension minimum, voir Gannon, Le Garrec et Touzé (2020).
  • (5)
    Pour une analyse critique de la méthode voir Dupont et alii (2003) ; pour une présentation de l’état de la modélisation en France et à l’étranger, voir respectivement Cor (2020a) et Cor (2020b).
  • (6)
    Pour une présentation de cette branche de la modélisation et de ses applications possibles, voir Le Cacheux et Touzé (2002) ; pour une application récente à la question de la réforme des retraites en France, voir Fonseca et Sopraseuth (2019).
  • (7)
    Pour alléger les notations, les indices relatifs à l’individu i seront omis lorsque ce sera possible.
  • (8)
    Ce taux total comprend une composante de 2,81 % qui n’est pas contributive et qui ne donnera pas droit à l’attribution de points. Ce taux joue sur le rendement du système universel de retraite.
  • (9)
    Au 1er janvier 2020, le bilan des cotisations pour la retraite sous le plafond est le suivant : 15,45 (Cnav) + 2,3 (Cnav déplafonnée) + 7,87 (Agirc-Arrco) + 2,15 (contribution d’équilibre général perçue par l’Agirc-Arrco) = 27,77 %.
  • (10)
    Notre hypothèse sur le rendement effectif de ce système tient compte implicitement d’une contributivité de 90 % du taux de cotisation Sur.
  • (11)
    Flamant et alii (2018) trouvent rétrospectivement que “quelque que soit son année de naissance [...], un salarié peut en moyenne espérer multiplier son salaire par 1,7 au cours de sa vie professionnelle”. En début de carrière à 70 % du salaire moyen, un salarié atteindra la moyenne vers 30 ans et la dépassera de 20 % vers 65 ans.
  • (12)
    Par exemple, pour une personne ayant cotisé 25 ans dans l’ancien système, le nombre de meilleures années portées au compte est de 25 avec une conversion stricte contre 14 années (partie entière inférieure de 25x25/43) pour une conversion de type Delevoye.
  • (13)
    Dans le projet de loi, le gouvernement Philippe a prévu que la réforme s’appliquerait aux nouveaux entrants sur le marché du travail dès 2022. Pour les générations déjà entrées, seulement à partir de 2025 et seulement pour celles nées après 1975.
  • (14)
    Notons que ce transfert implicite opéré par le système actuel selon le profil de carrière peut toutefois engendrer un effet anti-redistributif paradoxal sachant que ce mode de calcul peut être plus favorable à un travailleur avec un salaire élevé et croissant qu’à un travailleur avec salaire faible et stable (cf. partie 2).
  • (15)
    Dans cet article, nous n’étudions pas les carrières très heurtées avec des années non cotisées. Ces dernières caractérisent plutôt les bas-salaires et sont plus sensibles à une hausse de la pension minimum contributive ou du minimum vieillesse.
  • (16)
    Avec un taux de charges salariales de l’ordre de 28 %.
  • (17)
    Avec un Smic évalué à 45 % du Plafond de Sécurité Sociale (PSS).
  • (18)
    Pour la génération 1965, le taux de remplacement Sur a été obtenu à partir de la moyenne des trois modes de valorisation.

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