Couverture de ECOPO_035

Article de revue

La problématique des inégalités écologiques, un nouveau paysage conceptuel

Pages 19 à 31

Notes

  • [1]
    J. Martinez Alier, The environmentalism of the poor : A study ofecological conflicts and valuation, Edward Elgar Pub., Northampton, 2002.
  • [2]
    J. Theys, « Pourquoi les préoccupations sociale et environnementale s’ignorent-elles mutuellement ? Un essai d’interprétation à partir du thème des inégalités écologiques », in P. Cornut, T. Bauller et E. Zaccaï (dir.), Environnement et inégalités sociales, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, à paraître.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    W. Diebolt, A. Helias, D. Bidou et G. Crepey, Les inégalités écologiques en milieu urbain, Rapport de l’Inspection générale de l’environnement, Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, Paris, 2005.
  • [5]
    I. Khaliy, The public guard of nature and environment in Russian regions, International Socioecological Union Pub., Moscou, 2000.
  • [6]
    R. D. Bullard, Dumping in dixie : race, class, and environmental quality, Westview Press, Boulder, 1990.
  • [7]
    J. Byrne, L. Glover et C. Martinez (dir.), Environmental justice. Discourses in international political economy, Energy and Environmental Policy, vol. 8, Transaction Pub., Londres, 2002.
  • [8]
    W. Diebolt et al., op. cit.
  • [9]
    J. Martinez Alier, op. cit.
  • [10]
    E. Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine. L’histoire implacable du pillage d’un continent, Plon, Paris, 1981 (1971).
  • [11]
    V. Shiva, Protect or plunder ? Understanding intellectual property rights, Zed Books, Londres, 2001.
  • [12]
    CDE/CADTM, La dette écologique. Qui doit à qui ?, Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde France, Jargeau, 2003.
  • [13]
    A. Agarwal, S. Narain et A. Sharma, « The global commons and environmental justice-climate change », in J. Byrne et al., op. cit., p. 171-199.
  • [14]
    Chantier justice environnementale, dette écologique et durabilité, texte de lancement, https://infotek.awele.net, 2003.
  • [15]
    V. Raina, Ecological debt. An enormous debt the North owes the South, www.enredeurope.org/principal.htm, 2005.
  • [16]
    Signée par 2 500 collectivités locales en Europe. On peut y lire : « Les populations démunies sont les plus touchées par les problèmes de l’environnement (bruit, pollution de l’atmosphère par les gaz d’échappement, insuffisance des équipements, insalubrité des logements, manque d’espaces verts) et les moins aptes à les résoudre. L’inégalité des richesses est à l’origine de comportements insoutenables dont elle rend l’évolution plus difficile ». www.ecologie.gouv.fr.
  • [17]
    A. Dobson, Justice and the environment. Conceptions of environmental sustainability and dimensions of social justice, Oxford Univ. Press, Oxford, 1998.
  • [18]
    J. Martinez Alier, « Valeur économique, valeur écologique », Écologie Politique, n° 1, janvier 1992, p. 13-39, disponible sur http://perso.wanadoo.fr/marxiens/egep/economie/textes/martinez.htm.
  • [19]
    Les partis de gauche s’étant en particulier polarisés sur la question de la redistribution socio-économique et les partis Verts sur celle de la technoscience ; ce partage occultant l’interface de la redistribution écologique.
  • [20]
    J. Theys, « Les inégalités écologiques, dimension oubliée de l’action publique : entre raisons politiques et explications épistémologiques », in G. Faburel (dir.), Inégalités environnementales et sociales : l’environnement, facteur de cohésion urbaine ?, Actes du colloque du 19 mai, Institut d’urbanisme de Paris, à paraître.
  • [21]
    N. Edwards, « Radiation, tobacco and illness in Point Hope, Alaska », in J. Adamson, M.M. Evans et R. Stein (dir.), The environmental justice reader. Politics, poetics and pedagogy, The Univ. of Arizona Press, Tucson, 2002, p. 105-124.
  • [22]
    J. Corburn, Street science. Community knowledge and environmental health justice, MIT Press, Cambridge et Londres, 2005.
English version

1La problématique des inégalités environnementales ou écologiques oblige à retravailler les liens entre la question sociale et la question écologique, sur un mode théorique comme sur un mode empirique. La problématique écologique apparaît en effet sous cet angle doublement sociale, d’une part, par le fait que les destructions de l’environnement génèrent par rétroaction des dommages subis par des populations humaines, d’autre part, parce qu’il existe des différenciations sociales dans l’exposition aux nuisances et aux risques, tout comme dans l’accès aux ressources environnementales. Quelle est la part des nuisances ou des risques subis par tout un chacun, et celle qui est supportée par des groupes sociaux plus exposés et plus vulnérables ? Quelles sont les populations particulièrement affectées par les problèmes d’environnement, avec quels effets ?

2Bien que la problématique ne soit pas tout à fait nouvelle, puisqu’on la trouve formulée en partie au 19e siècle et, plus récemment, dans les années 1970, force est de constater l’ampleur de la méconnaissance, en France et en Europe, relative à ce champ d’inégalités. Ces inégalités silencieuses expriment on ne peut mieux la difficulté des scientifiques, des politiques et des acteurs de terrain à croiser la question sociale et la question environnementale. Des lieux communs se sont imposés, qui ont durablement véhiculé des idées fausses. Au nom de l’urgence sociale, la richesse et la pauvreté environnementales restent en pratique des impensés. La question sociale s’inscrit encore largement dans le prisme prédominant du productivisme.

3Les populations défavorisées ne sont évidemment pas insensibles à la qualité de l’environnement, au Sud [1] comme au Nord. En témoignent maintes mobilisations à travers le monde, par exemple celles des minorités nord-américaines depuis trente ans, qui ont assis et étayé le concept de justice environnementale. Selon Jacques Theys, l’idée d’un désintérêt pour les questions environnementales de la part de populations dont le principal souci serait alimentaire au sens large, a été construite et véhiculée par la théorie économique dominante [2], ce qui a permis d’évacuer des contradictions majeures dans le déploiement de cette économie. La légitimation sociale de la doctrine de la croissance économique est permanente. L’idée d’une polarisation économique des pauvres, largement relayée et amplifiée ensuite, ne s’est pas vue opposer une grande résistance. La sociologie urbaine et la sociologie de l’environnement, par exemple, ont peu investi la question des répercussions socialement différenciées des dégradations environnementales [3].

Inégalité ou injustice environnementales ?

4L’inégalité environnementale peut être définie comme une inégalité d’exposition aux nuisances et aux risques environnementaux, et une inégalité d’accès aux aménités et ressources environnementales. L’exposition est une variable composite et complexe, qui dépend bien sûr de la proximité et de la nature des sources, mais aussi de la perception des nuisances ou des risques, des capacités d’évitement et de défense des populations. Multiscalaire, l’inégalité environnementale peut être lue à une échelle planétaire, à une échelle locale ou à tous les échelons intermédiaires. La qualité de l’environnement est en partie déterminée par les politiques d’aménagement, d’infrastructures, d’espaces verts, de limitation de la circulation automobile, etc. La prise de conscience du caractère inégalitaire des politiques d’équipement et d’urbanisme sur un plan environnemental ou du caractère régressif des politiques environnementales sur un plan social accompagne donc l’idée d’inégalité environnementale.

5À l’échelle nationale, les quelques informations disponibles suffisent à éveiller l’attention. Selon l’observatoire des zones urbaines sensibles (ONZUS), la moitié des ZUS – mais 69 % en Île-de-France – sont affectées par un point noir de bruit lié aux grandes infrastructures. Les communes qui les accueillent sont deux fois plus exposées que les autres au risque industriel (périmètre Seveso). Il ne s’agit pas seulement d’un héritage ouvrier, mais de choix de localisation d’installations polluantes ou à risques dans les territoires défavorisés [4]. La plus grande acceptabilité sociale des nuisances et des risques par les classes populaires et, à l’inverse, le refus des nuisances par les classes aisées, expliquent ces processus de concentration qui exploitent des capacités de défense différentes selon les groupes sociaux. D’autre part, les élus des communes défavorisées sont convaincus qu’ils n’ont pas les moyens de refuser les installations polluantes pourvoyeuses de taxe professionnelle et d’emplois, ou encore de conduire des politiques d’amélioration du cadre de vie. D’autant plus que la demande sociale exprimée à travers certaines mobilisations associatives n’est pas relayée par les syndicats, les partis et les médias, et reste peu audible. Selon Irina Khaliy, la ligne de fracture entre les intérêts de l’habitant et ceux du salarié passe au sein même des individus [5].

6Les inégalités environnementales sont un peu mieux connues outre-Atlantique. La littérature nord-américaine a caractérisé, par de nombreux essais monographiques, notamment depuis les années 1990, un certain nombre de situations critiques affectant des minorités ethniques, des populations autochtones ou des femmes. Le thème de la justice environnementale s’impose progressivement sur le sol américain à partir de la fin des années 1970, sous l’effet de mouvements sociaux dénonçant les discriminations raciales qui poussent les minorités vers des environnements « toxiques » [6]. Les auteurs nord-américains, eux-mêmes souvent issus des minorités, vont dessiner une géographie de la ségrégation environnementale étroitement liée à une ségrégation raciale : trois africains et hispaniques sur cinq aux États-Unis vivraient à proximité de sites émettant des rejets toxiques [7]. Race, ethnie et genre se substituent, dans cette nouvelle géographie sociale, aux effets de classe. Le mouvement qui se structure à partir de ces premiers constats va conduire les politiques publiques à prendre certaines mesures, relatives en particulier à l’évaluation des risques, mais sans changer la donne, comme le rappellera la catastrophe de la Nouvelle-Orléans en 2005.
En France, l’expression de justice environnementale est beaucoup moins usitée que le terme d’inégalité environnementale, contrairement aux États-Unis. Au-delà d’une différence de contexte géo-historique et politique – les milieux urbains étant, outre-Atlantique, notamment structurés par une géographie des minorités – le choix des mots est très significatif : l’idée d’inégalité environnementale semble acceptée sans difficulté en France au sens d’une disparité, qui ne serait pas forcément corrélée à une inégalité sociale et ne témoignerait pas a priori d’une injustice ou de discriminations entre groupes humains. Nous serions tous affectés par des nuisances et des risques environnementaux jusqu’à preuve du contraire. Pourtant, la question demeure : qui accuse les maux et bénéficie des ressources environnementales dans les sociétés modernes ? Le républicanisme empêche de penser les différenciations, appose un couvercle sur les discriminations possibles ou latentes.

Inégalité environnementale ou écologique?

7Entre inégalités environnementales ou écologiques aussi, le choix des mots n’est pas anodin. Si les deux termes sont souvent employés l’un pour l’autre, ces vocables ne sont pas équivalents. À nos yeux, l’inégalité écologique a une signification plus large que l’inégalité environnementale. On peut considérer que les individus et les groupes sociaux sont inégaux sur un plan écologique, et non seulement environnemental, par les impacts qu’ils génèrent sur les écosystèmes, c’est-à-dire par les quantités de polluants relatifs à leurs modes et niveaux de vie, ou encore la taille de leur empreinte écologique, si l’on choisit un indicateur simplifié. La redistribution des droits à polluer ou à utiliser les capacités auto-épuratrices des écosystèmes, ce qu’on appelle les « puits », est au cœur des réflexions relatives à l’équité écologique à une échelle planétaire, depuis notamment les travaux d’Anil Agarwal. La notion d’inégalité écologique renvoie donc à une distribution inégale de biens, de maux environnementaux et de droits à polluer. Stricto sensu, il n’existerait que des inégalités écologiques.

8Dans cette acception, l’inégalité écologique est une notion complexe, puisqu’elle considère l’individu comme créateur d’inégalités, intra et intergénérationnelles, et non seulement comme victime d’inégalités. La revendication d’un droit à l’environnement s’assortit alors, du côté des populations qui se jugent victimes, d’une revendication sur les devoirs environnementaux des pays ou groupes sociaux les plus pollueurs. Cette dimension est rarement intégrée dans les définitions courantes de l’inégalité écologique. La conception qui prévaut au sein des institutions internationales reste au contraire prisonnière d’une vision très lisse du développement, où l’accès aux ressources ne génère pas de dommages écologiques, n’a pas de face occulte. On trouve ainsi dans les sommets internationaux du développement durable une conception de l’inégalité écologique comme inégalité d’accès aux ressources naturelles et au développement, aux biens essentiels nécessaires à la vie [8]. Cette définition insiste sur la part « juste » du prélèvement, sans mettre en regard le droit au développement et les droits à polluer.

9Pourtant, lorsqu’on compare au sein de groupes sociaux les maux environnementaux externalisés par ces groupes et les biens environnementaux prélevés, l’injustice environnementale apparaît démultipliée. Ceux qui génèrent le plus d’impacts sur l’environnement sont en général parmi ceux qui en subissent le moins. Les populations qui ont une empreinte écologique réduite sont souvent les principales victimes de l’inéquité environnementale. S’il est sans doute nécessaire d’affiner ce constat rapide et lié à l’urbanisation des sociétés, les inégalités écologiques paraissent plus exacerbées encore que les inégalités environnementales.
La problématique des inégalités écologiques oblige à prendre la mesure des solidarités à long rayon d’action, car les externalités environnementales liées au mode de vie d’un groupe s’expriment sur des espaces et des temps multiples. La reconnaissance de ces liens fait aujourd’hui l’objet de mobilisations internationales, largement associatives. La question des droits à polluer perturbe les définitions de la solidarité internationale et les relations géopolitiques, et ouvre un champ très vaste de compensations. Ainsi l’Équateur a-t-il récemment réclamé 400 millions de dollars de dédommagement à la communauté internationale pour ne pas exploiter un important gisement d’hydrocarbures situé dans un parc national.

L’endettement écologique des territoires

10Le concept de dette écologique pousse plus loin le travail de reconceptualisation de la question sociale. Joan Martinez Alier, qui en est un des principaux artisans, la définit couramment comme « la dette accumulée par les pays du Nord industrialisés vis-à-vis des pays du tiers-monde en comptabilisant le pillage des ressources, le commerce inéquitable, les dégâts environnementaux et l’occupation de l’espace environnemental pour y déposer des déchets ». Le commerce inéquitable, ou l’échange écologiquement inégal, signifie que les pays ou régions pauvres exportent des ressources au prix de dégradations écologiques non compensées par les prix de vente, en échange de biens et services fournis par les pays développés [9]. La dette écologique est un concept politique, dont la vocation première est d’être mise en regard avec la dette financière des pays du Sud, qu’elle dépasse amplement. Elle constitue un argument de poids pour l’annulation de la dette des pays en développement. Si la dette écologique n’est pas quantifiable au sens strict, en vertu de l’incommensurabilité des valeurs écologiques et monétaires, la calculer permet de donner un ordre de grandeur du préjudice causé, comme s’y essaient des pays tels que la Belgique. L’Équateur en réclame pour sa part le remboursement, évalué à 709 milliards de dollars (51 fois sa dette extérieure).

11Sur le fond, on trouve cette idée en partie formulée au 19e siècle. Avec la guerre du Vietnam, la littérature postcoloniale, qui dénonce la surexploitation des ressources et des hommes, nourrit ensuite l’argumentation. Le travail d’Eduardo Galeano sur l’Amérique latine, par exemple, décrit avec force détails le pillage des ressources, notamment minières, ses « externalités » sanitaires et sociales, et la dépossession territoriale vécue par les populations [10]. Ce n’est que bien plus tard, en 1990, sur fond de crise de remboursement de la dette extérieure des pays en développement, que des chercheurs de l’Institut d’écologie politique du Chili émettent l’idée d’une dette écologique, en se référant aux incidences de la détérioration de la couche d’ozone sur la santé humaine et animale, notamment en Patagonie. Le concept sera discuté lors de la conférence de Rio, au sein de forums parallèles, et bientôt repris par des ONG d’Amérique du Sud, notamment en Équateur et au Brésil, puis au Nord par l’ONG les Amis de la Terre.
La dette écologique a cinq composantes :

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  1. le pillage des ressources « naturelles » depuis la colonisation ou leur extraction à un prix qui n’intègre pas les externalités écologiques et sociales locales, régionales ou nationales : ressources minérales, énergétiques, forestières, marines, génétiques, mais aussi humaines (esclaves). Cette ponction a appauvri les pays, notamment leurs patrimoines naturels, d’une manière plus ou moins irréversible ;
  2. l’utilisation des milieux les plus fertiles – terres et littoraux – pour les cultures d’exportation, induisant des dommages environnementaux, sociaux, mais aussi politiques, avec une perte de souveraineté, notamment alimentaire. On compte au rang des dommages environnementaux l’érosion et la pollution des sols, les inondations et glissements de terrain, la dégradation des ressources en eau, l’érosion de la biodiversité, la déforestation (dont la disparition des mangroves pour l’élevage de crevettes), etc. ;
  3. l’exportation vers les pays du Sud de déchets toxiques, d’activités à risques (comme les essais nucléaires) et d’activités polluantes, avec ses conséquences environnementales, sanitaires et sociales ;
  4. l’appropriation de l’espace environnemental planétaire et des capacités d’auto-épuration de la planète : l’utilisation et la saturation des puits, en particulier pour les émissions de carbone atmosphérique. La dette écologique pose donc non seulement la question de la distribution des biens et des maux environnementaux, mais aussi de la répartition des droits collectifs et individuels à polluer ;
  5. enfin, la biopiraterie par l’agro-industrie et l’industrie pharmaceutique : la brevetisation des savoirs traditionnels. Selon Vandana Shiva, un triple pillage est opéré : des ressources biologiques, des savoirs et cultures qui les utilisaient, et des bénéfices économiques, au détriment des populations qui commercialisaient ou usaient librement des produits avant qu’ils ne soient brevetés [11]. Au préjudice socio-économique s’ajoute un préjudice culturel, puisque des savoirs traditionnels sont à la fois déniés et privatisés par des firmes occidentales, ce qui nourrit un certain nombre de conflits juridiques (comme pour la brevetisation du riz basmati). La reconnaissance du pillage des savoirs est inséparable d’un combat épistémologique pour la reconnaissance de la pluralité des formes de savoir.
Un des volets importants de la dette écologique est la dette carbone des pays industrialisés, qui s’alourdit d’année en année. Dans la décennie 1990, les pays industriels ont produit huit fois plus de gaz à effet de serre par habitant que les pays en développement [12]. En 1999, les émissions de gaz à effet de serre d’un citoyen états-unien équivalaient à celle de 19 Indiens, 107 Bangladeshis ou 269 Népalais [13], ce qui montre aussi les différentiels entre les « Sud ». Ces analyses ont des retombées sur les négociations climatiques : depuis 1997, le Brésil demande en vain que les taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient proportionnels à la part historique des émissions rejetées par chaque pays plutôt qu’au PIB.

13La dette extérieure des pays pauvres et la dette écologique sont liées en termes de justice et de contrepoids potentiel, mais aussi en termes de mécanismes : pour rembourser la dette financière, les pays bradent et exportent leurs ressources naturelles, s’appauvrissant un peu plus sur un plan écologique et socio-économique, car une partie de leurs populations vivait préalablement de ces ressources et ne profite pas de ces exportations. Les cultures de rente aggravent la déforestation et repoussent les petits producteurs aux marges des terres fertiles ou bien dans les périphéries métropolitaines. En outre, les populations des pays en développement sont plus vulnérables face aux dégradations et risques écologiques tels que le changement climatique, la surpêche, l’érosion des sols, les déchets toxiques, etc., que ne le sont les populations des pays industrialisés, mieux protégées. Les dégradations écologiques au Sud ont donc des effets démultipliés sur les populations humaines.

14À la suite de Joan Martinez Alier, José Augusto Padua, professeur à l’université fédérale de Rio, insiste sur le caractère politique et éthique de la dette écologique : « La dette écologique résulte du maintien d’une situation d’injustice environnementale globale, dans laquelle une minorité s’approprie la plupart des ressources de la Terre, tout en exportant les conséquences de la dégradation planétaire sur la majorité pauvre de l’humanité[14] ». La notion met clairement en évidence une appropriation injuste et disproportionnée des bases matérielles de l’existence. La question de la redistribution des ressources en découle, mais aussi celle de la légitimité des modes de vie occidentaux, qui continuent à s’exporter en colonisant des pays ou des populations dont les modes de vie sont méprisés, tout en ne pouvant pas être étendus sans crise majeure de la biosphère [15]. La dette écologique est donc un concept politique à double titre : elle montre la spoliation écologique des pays en développement par les pays industriels et le caractère insoutenable du way of life occidental. La supériorité du modèle de développement industriel vis-à-vis d’autres modes de vie est déconstruite, aussi bien sur un plan matériel que culturel.
Le champ de questionnement de la dette écologique, à la fois ample et complexe, a le potentiel de reconfigurer les liens entre questions sociales et questions environnementales. Cette notion permet de « désengoncer » la notion de justice environnementale pour lui donner une portée planétaire et intergénérationnelle. Elle renouvelle fondamentalement l’appréhension de la justice internationale. Elle appelle un réajustement de l’économie politique et des relations internationales aux enjeux que la crise écologique fait apparaître : prendre en compte les conséquences socio-environnementales des échanges commerciaux, proportionner les politiques mises en œuvre aux responsabilités historiques des pays ou des régions, reconnaître les préjudices et redimensionner les solidarités, bien au-delà de l’échelle nationale.
Pour l’heure, le concept de dette écologique fournit des arguments puissants pour reconsidérer, en emboîtant le pas à d’autres analyses critiques, un certain nombre de catégories usuelles et de concepts minés : pays développés, économie « de la connaissance », « valorisation » des milieux, etc.

Réarticuler la question sociale et la question écologique : des obstacles de fond

15Les inégalités environnementales auraient pu être à bon droit une clé d’entrée pour les politiques territoriales de développement durable, dont la vocation est justement d’articuler les versants économique, écologique et social de « l’habiter ». Pourtant – et en dépit d’une claire identification dans des textes de référence comme la Charte d’Aalborg [16] – les politiques développées depuis dix ans les ont ignorées. Comment l’expliquer ?

16Un premier problème est que les contradictions qui peuvent opposer les objectifs écologiques et sociaux sont généralement masquées dans le référentiel du développement durable. Le rapport Brundtland, par exemple, opère un couplage étroit mais trop rapide entre la question sociale et la question écologique. Le développement durable, rappelle Andrew Dobson, associe des registres de légitimité qui ne s’articulent pas avec évidence, ceux de la justice sociale et de la durabilité écologique [17]. Les liens entre ces deux types de légitimité ne sont pas de nature causale et sont d’autre part asymétriques. On peut sans doute admettre que la non durabilité écologique nourrit l’injustice environnementale et sociale. On peut donc penser que la durabilité écologique favorise la justice sociale, dans la mesure où elle supprime une source importante d’injustice. En revanche, il est permis de douter que la justice sociale en soi concoure à la durabilité écologique.

17La suppression de la pauvreté, par exemple, ne sert pas la durabilité écologique, ces objectifs restant indépendants. Le rapport Brundtland met en exergue les situations de pauvreté entraînant une pression trop forte sur l’environnement et donc sa dégradation, mais il ne dit mot sur les situations inverses où la pauvreté s’associe à des éco-savoirs et à une sobriété écologique. D’autre part, la pression globale sur l’environnement est le fait des classes aisées et moyennes, et non des populations pauvres, à l’empreinte écologique réduite. Joan Martinez Alier souligne que « dans le sillage du rapport Brundtland, les recherches sur la pauvreté en tant que facteur de dégradation de l’environnement sont devenues plus à la mode (et mieux subventionnées) que les recherches sur la richesse en tant que principale menace écologique[18] ». En dégageant la pensée de sa gangue politiquement correcte, on peut observer que la durabilité écologique s’accommode mieux de la pauvreté que de la richesse des sociétés occidentales : une contradiction de taille pour le développement durable.

18La superposition trop rapide entre objectifs sociaux et écologiques à l’intérieur du référentiel du développement durable pose ainsi plus de problèmes qu’elle n’en résout. Elle alimente les réticences des acteurs sociaux face au développement durable, leur scepticisme devant l’articulation de l’action écologique et de l’action sociale. Ces doutes contribuent à expliquer les difficultés que rencontrent les acteurs urbains à associer de manière opérationnelle les politiques environnementales et sociales. D’autant que la prégnance de la question sociale en Europe, et tout particulièrement en France, en regard de l’Amérique du Nord, construit un désintérêt pour la dimension environnementale de l’inégalité, qui tend à être renvoyée à une dimension accessoire.

19D’autres raisons de fond s’opposent à l’articulation des politiques écologiques et sociales, et renforcent l’étanchéité des politiques et des représentations analysées clairement par Jacques Theys : un mouvement environnementaliste porté par l’électorat des classes moyennes urbaines et non des classes populaires, censées être indifférentes aux problèmes environnementaux ; l’accent mis sur l’universalité des risques et dégradations écologiques, masquant les différenciations sociales en matière d’exposition ; des revendications portant plutôt et historiquement sur la technique (le nucléaire…) que sur les groupes de victimes (les impacts sur qui ?) ; des partis politiques qui se cramponnent aux grands clivages idéologiques et identitaires qui les ont structurés [19], en étant incapables de s’ouvrir vraiment sur les thèmes des partis concurrents pour repositionner leurs questions fondatrices ; et, last but not least, un refus de transparence de la part de la puissance publique, dont les interventions génèrent ou couvrent des inégalités environnementales, par peur de la stigmatisation et de la dévalorisation foncière, refus de la mise en cause d’industriels, crainte du coût des compensations financières, perte de légitimité politique [20]
Il n’est pas difficile de voir que la désarticulation conceptuelle des questions sociale et écologique, qui fait obstacle à la caractérisation et à la prise en compte politique des inégalités environnementales, est historiquement liée à des luttes et des identités de partis, de syndicats, de groupes de pression, que l’on peut juger sclérosées et impuissantes à appréhender de nouveaux enjeux transversaux. Cette structuration rigidifiée du champ politique, pour reprendre l’analyse de Jacques Theys, crée de nombreux angles morts. Les approches du développement durable, bien intentionnées, n’ont pas suffi, faute d’un travail de réarticulation assez abouti et réflexif, à convaincre les acteurs de croiser vraiment les questions écologiques et sociales. C’est dans le creuset de l’écologie politique que ce croisement a été réellement travaillé, d’une manière qui est donc restée assez confidentielle. Dans le contexte spécifiquement nord-américain, la « chance » des inégalités environnementales est d’avoir été portées par le mouvement pour les droits civiques, qui les a mis d’abord presque incidemment en lumière avant qu’elles ne s’imposent sur le devant de la scène politique, par la gravité des situations et des enjeux mais aussi parce qu’elles constituaient un nouvel étendard dans la lutte contre les discriminations.

Reconsidérer la légitimité des savoirs

20Dans le contexte européen, la question des inégalités environnementales ou écologiques fait partie de cette catégorie de problèmes largement ignorés. Si l’on comprend bien les réticences politiques face à la reconnaissance d’inégalités qui ouvrent un champ nouveau de responsabilités et de compensations financières, il est plus difficile d’expliquer ou de légitimer les réticences scientifiques, sauf à replacer étroitement l’activité scientifique dans son contexte économique et politique, dans une perspective de sociologie des sciences. Le problème de la structuration des champs de recherche en fonction d’une répartition des objets d’étude laissant peu de place à l’interdisciplinarité, l’éloignement et l’étanchéité entre les sciences environnementales et les sciences sociales (par peur du « déterminisme »), le poids et le « re-jeu » des clivages politiques en sciences humaines et économiques, ou encore, notamment pour la médecine, l’écart à un paradigme dominant et le non financement des recherches en santé environnementale, sont des éléments explicatifs, qui laissent cependant ouvertes les questions de la responsabilité scientifique et de la fonctionnalité de sa mission de veille et d’alerte.

21Il est donc légitime de se demander si l’action politique doit rester dépendante de l’information scientifique ou si elle peut s’en émanciper. Si la science ne sait pas caractériser les inégalités environnementales, les victimes, elles, détiennent un savoir. C’est d’ailleurs leur témoignage, le développement de leur maladie même, qui sert souvent de révélateur à ces inégalités, lorsque les personnes exposées s’organisent collectivement pour faire reconnaître leur maladie et l’injustice dont elles pensent être victimes. Ces savoirs empiriques et inductifs ont peu de porte-parole et de reconnaissance. Face à de telles impasses, n’est-il pas nécessaire de reconsidérer la légitimité des différents types de savoirs ? C’est la conviction d’un certain nombre de chercheurs américains, qui se sont tournés vers l’étude des connaissances profanes développées à propos des inégalités environnementales.

22On peut citer par exemple les travaux de Nelta Edwards sur la contamination de la communauté Inupiat en Alaska par des essais de traçabilité radioactive sur des sédiments. Ces essais ont été entrepris sur le Cap Thompson en 1962, sans que les populations locales qui fréquentaient les lieux pour y pêcher n’en soient informées. La petite communauté de 600 habitants établie à Point Hope diagnostique alors à la fois une atteinte de la faune, dont les fourrures ou la viande portent les traces de la contamination, et une forte augmentation de cancers du sein de la communauté. L’origine du problème n’est pas connue, mais un problème est identifié et la communauté exprime publiquement ses craintes.

23Deux études épidémiologiques conduites par l’agence publique de santé à la fin des années 1980 concluent à un taux de cancer égal à la moyenne fédérale. Une autre étude médicale, faite en réponse à l’insatisfaction de la communauté, établit un pourcentage de cancer plus élevé de 38 % mais une absence de signification statistique de ce chiffre, l’échantillon de population étant trop réduit. Ce n’est qu’en 1992 qu’un historien découvre le site contaminé et en avertit la communauté amérindienne. Les responsables politiques soutiennent alors la version de l’innocuité des essais et de l’absence de lien avec les problèmes sanitaires identifiés. Face à ce nouveau déni, la communauté parvient à commanditer une autre étude, dont l’épidémiologiste réinterroge les données sanitaires en utilisant d’autres méthodes, en travaillant avec les populations sur le choix des données à prendre en compte. La contamination est mise en évidence lorsqu’on compare l’état de santé de l’échantillon de population présente sur le site en 1962 (et non celle qui y vit actuellement) non seulement avec les moyennes fédérales mais aussi avec celles des villages amérindiens ayant le même mode de vie [21].
L’enseignement de cette malheureuse expérience est simple : bien que la communauté victime de pathologies qu’elle considérait anormales ait à plusieurs reprises alerté les pouvoirs publics, sa connaissance du problème n’a pas été prise au sérieux. Des études scientifiques ont été mobilisées par les pouvoirs publics pour dénier l’existence d’un problème, sans que soit mise en question l’inadaptation des méthodes utilisées (notamment statistiques) pour appréhender ce problème. La connaissance de la communauté s’est d’abord vue disqualifiée au titre d’une approche scientifique dont les premières méthodes ne pouvaient pas fournir de réponse, cette indétermination étant instrumentalisée par les pouvoirs publics. Les délais introduits par la réalisation des études scientifiques ont d’autre part nuit à une prise en charge sanitaire des populations (mesures de dépistage des cancers). En revanche, la prise en considération des observations de la communauté a permis de marier deux types de savoirs hétérogènes et de parvenir à une meilleure compréhension du problème.
La reconnaissance de ce savoir fondé sur les lieux (place-based knowledge), très attentif à la transformation des corps, des milieux, de la faune ou de la flore, de l’hydrographie ou du microclimat, est au cœur de nombreuses approches dans la littérature nord-américaine consacrée à la justice environnementale. Elle n’est pas seulement pertinente pour les populations autochtones vivant dans une proximité étroite au milieu, mais peut être un levier important pour la connaissance des problèmes de santé environnementale insuffisamment investis par la recherche. L’ouvrage récent de Jason Corburn consacré à des mobilisations de populations de Brooklyn sur les questions de l’asthme, de la pollution de l’air et de la contamination au plomb, montre remarquablement l’apport de cette « science de la rue » pour la connaissance et la reconnaissance des inégalités environnementales [22]. L’observation développée par la communauté affectée démocratise la pratique scientifique en s’imposant comme partie prenante de la construction scientifique, ce qui pousse les scientifiques à prendre en compte d’autres paramètres que les standards habituels, à adapter et contextualiser leurs recherches et à améliorer de ce fait significativement leurs résultats.

Conclusion

24Devant les difficultés que soulève aujourd’hui la non prise en compte d’inégalités majeures de cadre de vie, d’exposition à des risques et à des polluants, ayant une répercussion sur l’espérance de vie, la santé, les trajectoires des individus ou des groupes affectés, affectant le potentiel physique et psychique de l’être humain et pouvant être à ce titre au moins aussi graves que des inégalités de statuts et de revenus pourtant beaucoup mieux étudiées, la question de la reconnaissance des inégalités environnementales prévaut sans doute sur celle de leur caractérisation scientifique. Elle se joue à de multiples échelles : à l’échelle internationale, car la délocalisation des activités polluantes, les ponctions de ressources et les destructions de milieux associées vont croissant ; aux échelles nationales, puisque des territoires subissent les concentrations d’activités polluantes ou leurs impacts sans contrepartie ; aux échelles intra-urbaines, où la dualisation écologique gagne, entre territoires à haute qualité de vie et territoires à basse qualité environnementale. Cette reconnaissance concerne à la fois les passifs environnementaux, les dettes écologiques et les processus en cours de ségrégation socio-écologique.

25Elle peut s’appuyer sur des témoignages de populations ou communautés qui ont développé au fil du temps des connaissances sur des problèmes environnementaux qu’elles soupçonnaient de nuire à leur santé. L’observation développée par les populations touchées ne remplace pas l’observation scientifique, mais révèle des inégalités silencieuses et pousse à reconsidérer la nature des inégalités. Elle assure pour le moment une veille que ni les pouvoirs publics ni les scientifiques n’assument, dans l’intervalle de temps qui est le nôtre, pris entre des dispositifs conceptuels et des clivages hérités du siècle passé et une prospective des inégalités que la transformation de l’écoumène rend de jour en jour plus nécessaire.


Date de mise en ligne : 01/01/2011.

https://doi.org/10.3917/ecopo.035.0019

Notes

  • [1]
    J. Martinez Alier, The environmentalism of the poor : A study ofecological conflicts and valuation, Edward Elgar Pub., Northampton, 2002.
  • [2]
    J. Theys, « Pourquoi les préoccupations sociale et environnementale s’ignorent-elles mutuellement ? Un essai d’interprétation à partir du thème des inégalités écologiques », in P. Cornut, T. Bauller et E. Zaccaï (dir.), Environnement et inégalités sociales, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, à paraître.
  • [3]
    Ibid.
  • [4]
    W. Diebolt, A. Helias, D. Bidou et G. Crepey, Les inégalités écologiques en milieu urbain, Rapport de l’Inspection générale de l’environnement, Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, Paris, 2005.
  • [5]
    I. Khaliy, The public guard of nature and environment in Russian regions, International Socioecological Union Pub., Moscou, 2000.
  • [6]
    R. D. Bullard, Dumping in dixie : race, class, and environmental quality, Westview Press, Boulder, 1990.
  • [7]
    J. Byrne, L. Glover et C. Martinez (dir.), Environmental justice. Discourses in international political economy, Energy and Environmental Policy, vol. 8, Transaction Pub., Londres, 2002.
  • [8]
    W. Diebolt et al., op. cit.
  • [9]
    J. Martinez Alier, op. cit.
  • [10]
    E. Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine. L’histoire implacable du pillage d’un continent, Plon, Paris, 1981 (1971).
  • [11]
    V. Shiva, Protect or plunder ? Understanding intellectual property rights, Zed Books, Londres, 2001.
  • [12]
    CDE/CADTM, La dette écologique. Qui doit à qui ?, Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde France, Jargeau, 2003.
  • [13]
    A. Agarwal, S. Narain et A. Sharma, « The global commons and environmental justice-climate change », in J. Byrne et al., op. cit., p. 171-199.
  • [14]
    Chantier justice environnementale, dette écologique et durabilité, texte de lancement, https://infotek.awele.net, 2003.
  • [15]
    V. Raina, Ecological debt. An enormous debt the North owes the South, www.enredeurope.org/principal.htm, 2005.
  • [16]
    Signée par 2 500 collectivités locales en Europe. On peut y lire : « Les populations démunies sont les plus touchées par les problèmes de l’environnement (bruit, pollution de l’atmosphère par les gaz d’échappement, insuffisance des équipements, insalubrité des logements, manque d’espaces verts) et les moins aptes à les résoudre. L’inégalité des richesses est à l’origine de comportements insoutenables dont elle rend l’évolution plus difficile ». www.ecologie.gouv.fr.
  • [17]
    A. Dobson, Justice and the environment. Conceptions of environmental sustainability and dimensions of social justice, Oxford Univ. Press, Oxford, 1998.
  • [18]
    J. Martinez Alier, « Valeur économique, valeur écologique », Écologie Politique, n° 1, janvier 1992, p. 13-39, disponible sur http://perso.wanadoo.fr/marxiens/egep/economie/textes/martinez.htm.
  • [19]
    Les partis de gauche s’étant en particulier polarisés sur la question de la redistribution socio-économique et les partis Verts sur celle de la technoscience ; ce partage occultant l’interface de la redistribution écologique.
  • [20]
    J. Theys, « Les inégalités écologiques, dimension oubliée de l’action publique : entre raisons politiques et explications épistémologiques », in G. Faburel (dir.), Inégalités environnementales et sociales : l’environnement, facteur de cohésion urbaine ?, Actes du colloque du 19 mai, Institut d’urbanisme de Paris, à paraître.
  • [21]
    N. Edwards, « Radiation, tobacco and illness in Point Hope, Alaska », in J. Adamson, M.M. Evans et R. Stein (dir.), The environmental justice reader. Politics, poetics and pedagogy, The Univ. of Arizona Press, Tucson, 2002, p. 105-124.
  • [22]
    J. Corburn, Street science. Community knowledge and environmental health justice, MIT Press, Cambridge et Londres, 2005.
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