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Article de revue

« Heurts » et malheurs d’un fonds : les tribulations des archives du parlement de Flandre

Pages 829 à 858

Notes

  • [*]
    Véronique Demars-Sion, professeur émérite de l’Université Lille 2, Centre d’Histoire Judiciaire, 1, place Déliot, 59022 Lille.
  • [1]
    Ce fonds a déjà fait l’objet de travaux remarqués, parmi lesquels on signalera la thèse de l’actuelle directrice du dépôt : M. Jean, La chambre des comptes de Lille : l’institution et les hommes (1477-1677), Paris, École des Chartes, 1992, Mémoires et travaux de l’École des Chartes, 36.
  • [2]
    Le roi a pris cet engagement dès ses premiers succès militaires : voir l’article XLIX de la Capitulation de Lille (27 août 1667) : Recueil des édits, déclarations, arrests et reglemens qui sont propres et particuliers aux Provinces du Ressort du parlement de Flandres, imprimé par l’ordre de Monseigneur le Chancelier, Douai, 1730, p. 21.
  • [3]
    Edit du Roy portant établissement du Conseil Souverain de Tournay, conformément aux capitulations : Recueil des édits…, précité, p. 9-11. Pour une analyse complète des conditions de création du conseil de Tournai et de la genèse du parlement de Flandre voir F. Souilliart, La création du conseil souverain de Tournai par l’édit d’avril 1668 : une ébauche de parlement de Flandre, communication présentée à la journée d’étude sur Les conseils souverains créés par Louis XIV organisée à Lille le 30 novembre 2012 (actes à paraître).
  • [4]
    Ce ressort n’est pas fixé par l’édit de création qui a été promulgué avant même la fin des hostilités et adopte donc une formulation assez vague : il parle « des pays… nouvellement conquis en Flandres » ou encore de la « Ville et pays de Tournésis (et des) autres villes, bailliages et châtellenies & ressort conquis… pendant la dernière campagne des Pays-Bas ». À l’origine, le conseil souverain de Tournai aura pour ressort les villes de Tournai, bien sûr, mais aussi de Lille, Douai, Orchies, Bergues, Furnes, Audenarde, Ath, Binche et Charleroi. La petitesse de ce ressort originel peut expliquer que le roi ait opté pour un conseil souverain plutôt que pour un parlement.
  • [5]
    La guerre de Hollande, entamée en 1672, s’achève par le traité de Nimègue du 17 septembre 1678. Ce traité modifie sensiblement les frontières nord du royaume de France : les villes d’Ath, Binche et Charleroi sont rendues à l’Espagne mais Louis XIV obtient en échange des places importantes comme Cassel, Bailleul, Ypres, Cambrai, Bouchain et Valenciennes qui sont incluses dans le ressort du conseil souverain dès 1679. Ce ressort sera également accru suite à la politique de rationalisation de la justice qui conduit le roi à rattacher à la cour de Tournai des villes dépendant jusque-là du parlement de Metz : Avesnes, Philippeville, Mariembourg, Landrecies et le Quesnoy par l’édit d’août 1678 puis Agimont par la déclaration du 1er décembre 1678.
  • [6]
    Une quatrième chambre sera instituée en 1704 mais elle sera supprimée dès 1713. Sa création s’explique par des préoccupations financières : en 1704, le roi a besoin d’argent pour financer la guerre de Succession d’Espagne et il voit donc surtout dans cette création l’occasion de vendre de nouveaux offices (à l’origine, les magistrats de la cour de Tournai étaient titulaires d’un brevet viager librement conféré par le roi mais le système de la vénalité des charges a été étendu au ressort par un édit de mars 1693).
  • [7]
    Voir édit de création précité : « nous réservant d’en établir le siège en telle autre ville que bon nous semblera… lorsqu’il plaira à Dieu de favoriser davantage nos armes et augmenter nos progrès dans les Pays-Bas ».
  • [8]
    À l’exception de Dunkerque, Bourbourg et Gravelines qui relèvent du conseil d’Artois et, de là, en appel au parlement de Paris : cf. Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle et bénéficiale…, éd. Panckoucke, Paris, 1775-1783, 64 vol., t. 20, p. 517, au mot Douai (article de Merlin).
  • [9]
    Comme le souligne G.-M.-L. Pillot, Histoire du parlement de Flandres, 2 t., Douai, 1849-1950, t. 1, p. 319.
  • [10]
    Pour une étude approfondie des relations entre le parlement et le pouvoir cf. F. Souilliart, Les rapports entre le parlement de Flandre et la monarchie (1667-1790) (thèse d’histoire du droit qui sera soutenue prochainement à Lille).
  • [11]
    Ce document a été retrouvé récemment par R. Decreton qui a bénévolement entrepris l’analyse du « Cumulus » des Archives départementales du Nord (sur ce Cumulus voir infra note 96) : cf. Cumulus RDC 201 n° 9.
  • [12]
    Rappelons que le dernier parlement, celui de Nancy, a été créé en 1768.
  • [13]
    Matériellement, le fonds du parlement de Flandre représente plus de 500 mètres linéaires d’archives.
  • [14]
    Compte tenu de l’extrême richesse du fonds, on est en droit de s’étonner qu’il ait fourni la matière à si peu de travaux. Aucune recherche d’ampleur ne lui a en effet été consacrée jusqu’à ce jour, si l’on excepte la thèse déjà ancienne de Pierre Dautricourt, La criminalité et la répression au parlement de Flandres au xviiie siècle (1721-1790), Lille, 1912 ; encore faut-il souligner que ce travail – dont les qualités sont indiscutables – repose sur l’exploitation des seuls registres aux arrêts criminels et ne porte que sur la période postérieure à 1721.
  • [15]
    Cette histoire peut être retracée à partir des correspondances, des notes de service et des rapports annuels des archivistes ou directeurs du dépôt des Archives départementales conservés dans les sous-série 3T et 1N (tous les documents cités dans cet article provenant des Archives départementales du Nord, nous nous contenterons d’indiquer leur cote).
  • [16]
    Le service d’archives de cette Assemblée, créé dès le 29 juillet 1789, sera baptisé « Archives nationales » par un décret du 12 septembre 1790.
  • [17]
    Principe que l’Ancien Régime a toujours ignoré.
  • [18]
    En 1803 les Archives du Nord ont été installées au Mont-de-Piété, dans l’ancien « Lombard » ; le bâtiment est « vieux, délabré, ruineux » et l’installation, en 1822, d’une école de chimie avec laboratoire au rez-de-chaussée de la bâtisse n’ira pas sans inquiéter l’archiviste Le Glay : cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, Les pérégrinations des Archives du Nord, Lille, Archives départementales du Nord, 2004, p. 4-5.
  • [19]
    François Guizot (1787-1874), historien et homme politique français, joua un rôle particulièrement important sous la monarchie de Juillet : successivement ministre de l’Intérieur (1830), de l’Instruction publique (1832-1837) et des Affaires étrangères (1840-1847), il devint président du Conseil en 1847 jusqu’à la chute de Louis-Philippe en 1848.
  • [20]
    Le nouvel espace ainsi créé permettra notamment de recevoir les archives religieuses de Cambrai. Cet hôtel est le premier dépôt d’archives construit spécialement à ces fins en France ; on ne tardera pas à s’apercevoir qu’il présente d’énormes défauts : cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 6-11.
  • [21]
    Aux termes de ce décret, cette Inspection a pour mission de contrôler les Archives départementales, communales et hospitalières et dépend du ministère de l’Intérieur.
  • [22]
    Son intervention est rappelée par l’inspecteur général Vidier dans le rapport qu’il dresse en 1924 à la suite de sa tournée dans les greffes des tribunaux du département du Nord (rapport annexé à la lettre du ministre de l’Instruction publique au garde des Sceaux du 18 mars 1924 : cf. 3T 1907, liasse 1). Sur Thomas-Louis-Marie-Eugène de Rozière (1820-1896) voir Éloge funèbre de M. Eugène de Rozière, dans les comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, année 1896, vol. 40, n° 3, p. 231-237 (séance du 19 juin 1896) et H. Wallon, Notice sur la vie et les travaux de M. Eugène de Rozière, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1898, vol. 59, n° 59, p. 758-777. De Rozière fut inspecteur général des Archives départementales de 1853 à 1881 ; spécialiste d’histoire du droit, il a assuré l’enseignement de cette matière à l’École des Chartes et au Collège de France et a également contribué à l’édition de nombreuses sources juridiques. Quand il fut nommé au poste d’inspecteur des Archives, « le service des archives n’existait qu’à l’état rudimentaire. La plupart des dépôts n’avaient pas de locaux ou des locaux insuffisants. Les archives anciennes étaient à peu près partout dans l’abandon ». De Rozière a réussi à réorganiser le service et à obtenir des conseils généraux l’attribution ou la construction de locaux. Il a aussi formé toute une génération d’archivistes « à qui, dans des inspections qui duraient souvent dix jours et plus, il traçait des cadres de classement, dont il vérifiait le travail d’inventaire, à qui enfin il apprenait le métier… ». Comme l’indique le rapport de Vidier, de Rozière s’est également déplacé, notamment à Douai, pour constater l’état des archives judiciaires auxquelles il était si attaché et tenter de les sauver.
  • [23]
    Ces édits et déclarations (imprimés) sont actuellement conservés aux Archives départementales du Nord dans la série Placards.
  • [24]
    Comme le constatera l’inspecteur général Vidier dans son rapport précité.
  • [25]
    3T 1730 : État de la situation des inventaires demandés par le ministère de l’Intérieur. Réponse à la circulaire ministérielle du 12 octobre 1869 concernant les archives anciennes des greffes des cours et tribunaux. Inspection générale. On trouve notamment sous cette cote deux lettres du 2 octobre 1869 dans lesquelles le préfet rappelle que les lois révolutionnaires – et en particulier celle « du 5 brumaire an V qui ordonna la réunion dans les chefs-lieux de département de tous les titres et papiers acquis à la République » – n’ont « pas été régulièrement exécutées ». En conséquence, il demande au préfet de faire procéder aux vérifications dans les greffes des cours et tribunaux, afin de pouvoir constater l’état de conservation des documents et procéder aux réintégrations, en l’enjoignant de « donner à M. l’archiviste du département les instructions nécessaires ».
  • [26]
    3T 209 : Réintégration. Archives de la cour d’appel de Douai antérieures à 1790, lettre du procureur général au préfet du 12 décembre 1878.
  • [27]
    Cf. infra, II.
  • [28]
    Cf. rapport de l’inspecteur général Vidier précité.
  • [29]
    3T 209 (lettre du 12 décembre 1878 précitée) : « J’ai l’honneur de vous informer que M. le Premier président et moi sommes prêts à faire remettre ces documents par M. le greffier de la Cour à la personne que vous voudrez bien désigner pour les recevoir à Douai ».
  • [30]
    Monseigneur l’abbé Chrétien César Auguste Dehaisnes (1825-1882) a été archiviste du département du Nord de 1871 à 1882 date à laquelle il a pris sa retraite pour exercer la fonction de secrétaire général puis de vice-recteur des Facultés catholiques de Lille à la création desquelles il a largement contribué. Parmi les nombreuses charges qu’il a exercées, on peut signaler qu’il a été élu en 1876 président de la Commission historique du Nord dont il était membre titulaire depuis 1871.
  • [31]
    Cette remarque confirme que la décision de verser les archives du parlement est en grande partie liée à la pénurie de locaux à la cour d’appel.
  • [32]
    3T 209, lettre de l’archiviste au préfet du 18 décembre 1878 : « Pour le transfert et l’installation de ces archives, deux dépenses seront indispensables. L’une que j’évalue à environ 150 francs, est relative au chargement, transport et au déchargement. L’autre, qui sera plus considérable, proviendra de la nécessité d’établir de nouveaux casiers dans les Archives départementales, pour y installer cette masse énorme de registres, liasses et de sacs de procès. M. l’architecte du département que j’ai consulté à ce sujet est d’avis que cette seconde dépense ne pourra être inférieure à 1 200 francs ».
  • [33]
    Id., lettre de l’archiviste au préfet du 20 décembre 1878 : « sur les observations que vous m’avez faites au sujet des 1 200 francs demandés pour l’établissement, dans le dépôt des Archives départementales, de nouveaux casiers où seraient placés les documents provenant du parlement de Flandre, j’ai examiné de nouveau les ressources que peuvent offrir les rayonnages déjà existants. Il m’a semblé qu’en mettant ces ressources à profit, autant qu’il sera possible, et en empilant les uns sur les autres les milliers de sacs à procès de l’ancien parlement, il y aurait possibilité de se contenter, actuellement, de quatre nouveaux casiers, ce qui ferait une dépense de 500 francs. Les deux dépenses demandées à l’occasion du transfert des archives antérieures à 1790 aujourd’hui conservées dans le Palais de justice de Douai seraient donc, l’une de 150 francs pour le transport, l’autre de 500 francs pour l’établissement de quatre nouveaux casiers ».
  • [34]
    Id., lettre du préfet à l’archiviste du 30 décembre 1878. Lorsqu’il présentera la demande de moyens au conseil général, le préfet ne manquera pas d’insister sur le fait qu’il a recommandé à l’archiviste « de limiter la dépense au strict nécessaire » et que cette « dépense qui, primitivement, était évaluée à 1 200 F a pu être réduite… à 650 F » ; l’argument sera repris par M. Van der Straeten, rapporteur (cf. 1N 123 : rapport du préfet et délibérations du conseil général, session d’avril 1879, p. 47 et 3T 209, Extrait des procès-verbaux des délibérations du conseil général du Nord, séance du mardi 22 avril 1879).
  • [35]
    Tout comme la formule de récépissé, le brouillon de cette lettre est conservé dans la liasse 3T 209 (il n’est pas daté mais il a nécessairement été rédigé au début de janvier 1879 car il fait référence aux ordres donnés dans la lettre du 30 décembre et propose comme date pour le transfert le 10 janvier ou l’un des vendredis qui suit). La liasse contient le brouillon d’une autre lettre également rédigée pour le préfet et destinée cette fois au ministre de l’Intérieur. Elle renferme également le brouillon de la lettre adressée par l’archiviste au procureur général le 14 février 1879. La similitude des écritures ne laisse pas planer de doute sur l’identité commune de l’auteur des diverses missives.
  • [36]
    Souligné dans la lettre.
  • [37]
    Et qui, comme nous le verrons ci-après, concernent surtout le classement et l’inventoriage des archives.
  • [38]
    Le dépouillement et l’analyse de la sous-série 8B1 actuellement en cours confirment que beaucoup de dossiers ne sont pas des dossiers du parlement : on y trouve un nombre non négligeable de procès portés au Grand Conseil de Malines et un très grand nombre de procès jugés par des juridictions inférieures. Il faut cependant nuancer la remarque de l’abbé Dehaisnes car la plupart des dossiers provenant de ces juridictions inférieures sont postérieurs à la création de la Cour ; il est donc possible et même vraisemblable que les pièces lui aient été transmises à la suite d’un appel (le dossier contient parfois aussi des pièces d’appel ou, tout au moins, mentionne l’existence d’un appel et/ou de l’envoi du sac du procès à la Cour).
  • [39]
    Même si ces archives se trouvaient dans les locaux de l’ancien parlement, elles ne sont pas toujours pour autant celles de l’institution.
  • [40]
    « Il y a douze ou quinze ans deux érudits de Douai, M. Preux et M. Brossart, commencèrent le travail d’inventaire des dossiers de procédure conservés dans le grenier et dans l’ancienne chapelle. Comme ils accomplissaient ce travail dans le greffe, ils y transportèrent les documents relativement peu nombreux dont ils firent l’inventaire. Depuis dix ans au moins que leur travail est interrompu, on a laissé ces documents dans le local du greffe ».
  • [41]
    Cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 12.
  • [42]
    Si l’on en croit le rapport de l’inspecteur Vidier précité : « l’archiviste du Nord, faute de place sans doute, ne prit alors en charge et ne transféra à Lille que des dossiers de procédure entassés dans les premiers [sic : lire greniers] » (d’après ce rapport, il n’aurait même pas emporté tous les documents stockés dans les greniers de la Cour, se contentant de rapatrier à Lille les dossiers de procédure identifiés comme « provenant du parlement de Flandre »).
  • [43]
    Cf. lettre du 20 décembre 1878 précitée. Alors même qu’il s’est résigné à ne récupérer qu’une partie du fonds, Dehaisnes a dû solliciter du préfet une petite rallonge (voir 3T 209 : lettre du 6 août 1879 dans laquelle il expose qu’au départ il pensait « que deux voitures de déménagement suffiraient pour le transport » mais qu’au moment du transfert il a constaté « qu’il y avait en plusieurs locaux différents des tas énormes de papiers et de parchemins que M. le Procureur général cédait aux Archives du Nord : ils ont rempli six voitures au lieu de deux » ce qui l’a contraint à faire, « en y mettant toute l’économie possible », une avance de « 274 francs 10 centimes au dessus des 650 francs votés »).
  • [44]
    R. Cleyet-Michaud se montre très dubitative sur ce point : « je ne suis pas du tout certaine que les conditions de conservation dans l’hôtel des Archives de la rue du Pont-Neuf aient été meilleures, du moins jusqu’à la construction de l’annexe de la rue Jacquemars-Giélée en 1909, qui a permis de libérer de la place rue du Pont Neuf » : voir sa communication présentée lors des journées organisées par le Centre d’Histoire Judiciaire de Lille en janvier 2009 sur le thème Le parlement de Flandre à travers ses archives. Le texte des communications présentées à ces journées a été publié à La Revue du Nord, t. 91, n° 382, octobre-décembre 2009 ; l’intervention de R. Cleyet-Michaud, intitulée « Le fonds du Parlement de Flandre : historique de la conservation », se trouve aux pages 683-685.
  • [45]
    Comme nous l’avons déjà signalé, cette inspection dépendait initialement du ministère de l’Intérieur mais suite au décret du 21 mars 1884 elle a été rattachée au ministère de l’Instruction publique qui avait déjà sous sa responsabilité les Archives nationales et les bibliothèques. À partir de cette date, les inspecteurs ont donc pris le titre d’inspecteurs généraux des bibliothèques et des archives.
  • [46]
    Rapport précité. Sur Alexandre-Charles-Philippe Vidier (1874-1927), voir A. Rastoul, Discours prononcé aux obsèques de Vidier le 31 décembre 1927, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1927, vol. 88, n° 88, p. 380-384 : Alexandre Vidier a effectivement exercé sa fonction d’inspecteur général des bibliothèques et des Archives après la guerre 14-18 jusqu’à sa mort soit pendant environ dix ans. D’après A. Rastoul (p. 382), « C’est lui qui prit l’initiative d’entreprendre dans les greffes une immense enquête pour le versement des papiers anciens de ces dépôts négligés aux Archives départementales… Il n’est pratiquement pas de ville de France où Vidier, au cours de ces dix années, n’ait passé et repassé, prodigué les avis les plus sages (et veillé ensuite à ce qu’il en fût tenu compte), mené des négociations difficiles avec tact et fermeté, fait réaliser des progrès et corriger des abus, sauvé tout ce qui était en péril ».
  • [47]
    Après avoir rappelé que les archives occupent « trois salles situées en arrière du greffe, dans une longue galerie en bordure de la Scarpe et une 4e salle, fermée par une porte de fer, dite salle du Parlement », il fait observer que « le greffier en chef de la Cour n’a pas de cabinet ni pour travailler ni pour recevoir, et il doit se tenir derrière l’un des comptoirs de la salle commune, avec ses commis et employés » et il conclut : « L’allègement des archives, si j’ose me permettre de me placer ici à un point de vue qui ne rentre pas dans mes attributions, permettrait d’améliorer une installation aussi insuffisante ».
  • [48]
    Cf. 3T 1907. Vidier ne s’est en effet pas contenté de visiter les locaux de la cour d’appel de Douai. Il s’est rendu dans plusieurs autres tribunaux du ressort (Valenciennes, Lille, Avesnes, Dunkerque, Hazebrouck) où il a également trouvé des archives judiciaires dont il a également conseillé le versement aux Archives départementales : voir son rapport précité.
  • [49]
    Max Bruchet a été archiviste du département du Nord de juillet 1908 jusqu’à sa mort, survenue le 29 novembre 1929. Il sera remplacé, en 1930, par Pierre Piétresson de Saint-Aubin.
  • [50]
    Cf. Rapport annuel de 1925. Les registres versés en 1924 sont conservés sous les cotes 1 à 1255. Les Archives départementales recevront également en 1924 d’autres archives conservées dans les locaux de l’ancien parlement mais provenant d’autres juridictions. Ce versement permettra de constituer les sous-séries 5B (Grand Conseil de Malines), 6B (Conseil provincial du Hainaut) et 9B (Gouvernance de Douai).
  • [51]
    Ce versement de juin 1925 est à l’origine des articles 8B2/1256 à 1413. Les pièces versées à cette occasion n’ont aucun rapport direct avec le parlement ce qui, une fois de plus, démontre le caractère hétéroclite du fonds : les articles 1256 à 1286 contiennent des pièces assez variées (actes passés devant divers échevinages, extrait du registre aux actes judiciaires du conseil d’Artois, registres aux causes de la châtellenie de Bouchain, registre aux plaids de Saint-Amand, Vred, etc.) ; quant aux articles 1287 à 1413 ils sont identifiés comme provenant de l’Université de Douai.
  • [52]
    Cette anomalie n’avait pas échappé à l’inspecteur général Verdier qui dans son rapport précité soulignait, avec exemple à l’appui, que « parmi (les dossiers classés et répertoriés dans la sous-série 8B1) se sont égarés quelques registres tant le versement de 1879 a été opéré avec un soin insuffisant ». Les registres ainsi distraits de la première sous-série constituent les articles 8B2/1414 à 1471.
  • [53]
    Le séjour des archives du parlement dans un bâtiment considéré comme « inhabitable pour des prisonniers » ne leur a certainement pas été bénéfique : comme le rappellera l’archiviste du Nord dans son rapport présenté le 12 juillet 1947 (cf. II – Locaux), « le délabrement des bâtiments était inquiétant [et] leur manque de solidité empêchait d’en utiliser les étages ».
  • [54]
    Tels celui de l’officialité d’Arras ou celui du Magistrat de Cambrai : comme le rappellera l’archiviste du Nord dans une lettre adressée au directeur des Archives de France le 17 juin 1944 « les archives municipales anciennes de Cambrai avaient été détruites en presque totalité lors de l’incendie de l’Hôtel de ville en 1918 » (cf. 3T 1810, chemise « occupation », « Protection des Archives »). C’est sans aucun doute pour éviter que de telles destructions se reproduisent dans une zone proche du front et donc particulièrement exposée qu’il a été décidé de mettre les archives à l’abri.
  • [55]
    Les tensions internationales sont alors très fortes ; rappelons que la France déclarera officiellement la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.
  • [56]
    Voir rapport de 1941 (rapport pour la période allant du 6 août 1639 au 31 décembre 1940, présenté en avril 1941). Le rapport de 1943 (rapport pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 1942, présenté le 21 février 1943, I – Mesures de protection) signale que les collections conservées au château de Montauban ont été transportées en Eure-et-Loir au château des Vaux. Les documents des Archives départementales ne constituent qu’une petite partie de ce qui a été envoyé à l’automne 1939 vers l’« Asile de Bretagne » (c’est sous ce titre que sont regroupées toute une série de pièces conservées dans la boîte 3T 1809-1810). Un rapport adressé par l’archiviste du département le 21 décembre 1944, en réponse à une demande de Lord Methuen, donne une vue d’ensemble de ce qui a été ainsi mis à l’abri dans le grand-Ouest ; il distingue cinq rubriques : I – Archives départementales, II – Archives communales et hospitalières, III – Bibliothèques, IV – Musées, V – Objets d’art : cf. 3T 1810, chemise « Guerre 1940 – Divers – Archives – Rapports avec les armées alliées. Paul Ayshford Methuen (1886-1944) a été Monuments and Fine Arts officer d’août 1944 à juin 1945 et c’est en cette qualité qu’il a sollicité ce rapport sur « l’état des Archives, Bibliothèques, Musées et objets d’art du département du Nord ».
  • [57]
    Notes pour l’archiviste du Nord sur la remise en place des collections, précitées.
  • [58]
    Voir le rapport de 1941 précité, I – Mesures de protection : « Les mesures de sécurité furent complétées au dépôt principal par l’obstruction complète des portes des locaux contenant les archives empilées puis par le démontage de tous les rayonnages de l’étage supérieur, afin de réduire les risques d’incendie ».
  • [59]
    Notes pour l’archiviste du Nord…, précitées : la « masse de papiers [ainsi] entassée à Loos représente 250 tonnes, qui ont nécessité 35 voyages de camion ».
  • [60]
    Cf. Rapport de 1941 précité.
  • [61]
    3T 1810, chemise « Documents provenant de Loos retrouvés en 1958 et 1959 » : lettre adressée par P. Piétresson de Saint-Aubin au directeur de la prison de Loos le 16 mars 1959. Il convient de rappeler que l’ancienne abbaye cistercienne de Loos, déclarée bien national en 1789 et devenue maison centrale par ordonnance royale du 6 août 1817, a été construite sur un sol très humide et plus ou moins marécageux.
  • [62]
    Les rapports d’après-guerre confirment que « les documents n’ont pas souffert de leur long exil et de leurs transports successifs » : voir notamment le rapport annuel de 1946 précité, I – Retour des collections.
  • [63]
    Voir la lettre adressée le 26 septembre 1944 par l’archiviste du Nord à l’inspecteur général Léonce Celier : « la libération de Lille s’est faite de la façon la plus simple et nous n’avons pas couru de vrais dangers… depuis nous recevons de temps à autre des V1 qui tombent au hasard et qui, jusqu’ici, ont épargné notre quartier, en nous brisant seulement quelques vitres… J’ai entrepris de remettre en place les salles du premier étage des Archives, en y remontant les documents empilés dans notre salle du public…, [ces] documents n’ont pas souffert de leur empilage depuis cinq ans ; pas de trace d’humidité ni de rongeurs. Il s’agit presque exclusivement des fonds de la Chambre des comptes et des séries G et H, donc des plus précieux » (3T 1810, chemise « Occupation – protection des archives »). Comme l’indique la dernière phrase le sort des archives, en 1939, a été décidé sur la base de la valeur que leur attribuait le directeur. Les pièces jugées extrêmement précieuses ont été envoyées en Bretagne et les archives restées à Lille ont été divisées en deux lots : le premier (dont ne faisait manifestement pas partie le fonds du parlement de Flandre), considéré comme « plus précieux », est resté dans le dépôt départemental et le second a été envoyé dans les caves de Loos.
  • [64]
    Il se trouvait parmi les documents entreposés dans l’ancienne prison et l’annexe de la rue Jacquemars-Giélée qui ont été conduits à Loos au cours de l’automne 1939 (cf. rapport de 1941 précité, I- Mesures de protection). Leur provenance et leur présence à Loos est confirmée dans le rapport de 1947, II – Locaux, où l’on peut lire : « Les documents provenant de la Prison et actuellement à Loos devront nécessairement être replacés ailleurs… Ce sont diverses séries anciennes importantes… série B : Parlement de Flandre… ». La proposition de R. Cleyet-Michaud (article précité, p. 683) selon laquelle le fonds du Parlement « a fait partie des fonds évacués en 1939 partie à la prison de Loos, partie [en Bretagne] » mérite donc d’être nuancée : en réalité, si l’on excepte quelques pièces remarquables qui ont peut-être été envoyées en Bretagne, l’ensemble du fonds a été transporté à Loos.
  • [65]
    Le rapport de 1941, loc. cit., signale que la prison a été partiellement détruite en 1940 : « Le 26 mai, l’un des pavillons de la Prison a été fendu, sur toute sa hauteur, par l’explosion d’une bombe d’avion tombée sur le trottoir voisin, et ainsi rendu inutilisable ».
  • [66]
    Cf. Rapport présenté en avril 1941, précité.
  • [67]
    3T 1810, chemise « Guerre 1940 – Divers – Archives », sous-chemise « Loos – Travaux à Loos ».
  • [68]
    À partir du début de l’année 1944, Besnier a été « chargé de la surveillance du dépôt, d’accord avec la direction de la Maison centrale » : cf. 3T 1810, lettre au directeur des Archives de France du 17 juin 1944, précitée.
  • [69]
    Cf. Notes pour l’archiviste du Nord…, précitée (notes jointes à une lettre du 20 avril 1944).
  • [70]
    3T 1810, lettre du 17 juin 1944 précitée.
  • [71]
    Cf. Rapport annuel de 1946 (rapport pour la période allant du 11 octobre 1945 au 30 juin 1946, présenté le 13 juillet 1946) : I – Retour des collections.
  • [72]
    L’« angoissant » problème des locaux est rappelé de manière récurrente dans les rapports annuels de la Libération à 1952, date à laquelle le conseil général adopte enfin un projet de construction d’un nouveau dépôt sur Saint-Bernard. Ce projet n’aboutira cependant, après de multiples péripéties, qu’en 1960 : voir, outre les rapports annuels de 1945 à 1960, R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 16.
  • [73]
    Cf. Rapport annuel présenté le 13 juillet 1946, I – Retour des collections : « L’année 1946 a été marquée par le retour des collections évacuées depuis 1939 et abritées en dernier au château des Vaux… qui ont été immédiatement remises en place ». Dans une note rédigée en 1944, P. Piétresson de Saint-Aubin annonçait déjà que ces documents pourraient être remis en place sans difficultés grâce à l’existence d’« un récolement par numéros d’articles et numéros de paquets, avec concordance des rayons » : cf. 3T 1810, Notes pour l’archiviste du Nord sur la remise en place des collections (cette note, adressée à l’inspecteur général Celier, est accompagnée d’une lettre au ton très pessimiste dans laquelle l’archiviste du Nord s’inquiète de l’énorme travail que supposera le retour des archives une fois la paix revenue, « si toutefois il existe encore à cette époque des archives du Nord », et indique qu’il a rédigé cette note dans le but de faciliter le travail de son éventuel successeur, dans le cas où « ni [sa] femme ni [lui] ne [seraient] plus de ce monde, où rodent en ce moment, surtout dans notre région, tant de menaces de mort prématurée » ; ces craintes n’étaient pas fondées car P. Piétresson de Saint-Aubin restera directeur des Archives départementales du Nord jusqu’en 1965). Le récolement auquel il fait allusion est conservé sous la cote 3T 1811 : registre manuscrit des Documents évacués en 1939.
  • [74]
    Cf. Rapport de l’archiviste départemental en chef pour la période allant du 1er juillet 1947 au 30 juin 1948, I – Retour des collections.
  • [75]
    3T 1810, chemise « Documents provenant de Loos retrouvés en 1958 et 1959 » : lettre de P. Bougard, archiviste en chef du département du Pas-de-Calais du 31 juillet 1958. Le 5 août suivant, Piétresson de Saint-Aubin lui adressera une lettre de remerciement dans laquelle il déclare : « J’ai déjà reçu, de temps à autre, quelques restitutions du même genre, et j’en recevrai certainement encore. Notre dépôt de guerre des caves de Loos aurait été parfait pour six mois or il a servi six ans, et vers la fin toute surveillance y était devenue impossible » ; cette constatation ne l’empêchera pas de terminer sur une note optimiste : « Les pertes auront été relativement faibles malgré tout, si l’on considère l’énormité de la masse empilée dans ce local ». La liasse contient la correspondance échangée en mars 1959 entre le même Piétresson de Saint-Aubin et le directeur de la prison de Loos à propos de documents provenant des collections des Archives départementales retrouvés dans les locaux de la maison centrale.
  • [76]
    En réalité, le versement de 1958, à l’origine du seul article 1554, contenait, semble-t-il, uniquement des papiers de Merlin de Douai. Pour être tout à fait exhaustif, il convient de signaler que le rapport de 1950, sous la rubrique Réintégrations, mentionne que les Archives départementales ont « reçu de Maître Dautricourt, greffier en chef honoraire de la Cour d’appel, 5 pièces de parchemin, épaves de fonds judiciaires anciens conservés jadis au Palais de justice de Douai… » mais on ignore si, quand et sous quelle cote ces documents ont été enregistrés.
  • [77]
    Voir, par exemple, 8B2/1476 Mémoire juridique sur l’inoculation (vaccine), 1484 : Actes passés devant le garde du scel d’Artois, 1488 : Actes d’échevinage, 1509 : Droits des communautés d’Erre et Ascon sur les marais… (on y trouve encore des pièces comptables des Jésuites, des actes de partage de succession, des actes d’échevinage, des plans, des lettres de noblesse…).
  • [78]
    Nos recherches effectuées pour retrouver la trace d’un éventuel inventaire dressé lors de l’apposition des scellés au parlement en 1790 sont restées vaines.
  • [79]
    Ainsi s’explique la présence dans la sous-série 8B1 d’un certain nombre de pièces postérieures à la disparition du parlement. La consultation du répertoire établi par Paul Denis du Péage entre 1908 et 1914 (cf. note 94) permet de dresser une liste de 447 dossiers postérieurs à la suppression du parlement conservés dans la sous-série 8 B1 et d’en proposer une présentation succincte. Il s’agit essentiellement d’archives provenant du tribunal criminel du Nord et de pièces de procès criminels visant une majorité d’incendiaires (90), de voleurs (77) et de faussaires (21). On y trouve cependant aussi des jugements de police pour Lewarde, Douai et Walincourt, quelques pièces provenant de tribunaux civils (rôle du tribunal d’appel de Douai, tirage des causes appelées au tribunal d’appel, registres du tribunal de Cambrai, audiences du tribunal de Cambrai, nominations aux tribunaux de Cambrai, procès devant la cour impériale de Douai, justices de paix…) ainsi que des pièces éparses (lettres de grâce, états de dépens, empreintes de timbres de la Révolution à 1806, saisie de récoltes, visite du canal de la Haute-Deûle, demande de radiation de la liste des émigrés, registre des mariages de Cauroir pour l’an V…). La plupart de ces documents datent de la Révolution ou du Premier Empire mais quelques-uns sont de l’époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Un nombre non négligeable d’articles concerne Cambrai ou le Cambrésis. La plupart de ces documents (427 sur 447) sont aujourd’hui manquants (cf. infra note 97).
  • [80]
    Voir notamment la circulaire du 24 avril 1841 que nous avons déjà évoquée.
  • [81]
    3T 1730 : Lettre du ministère de l’Intérieur (division du secrétariat) au préfet du Nord du 2 octobre 1869.
  • [82]
    Cf. compte rendu de l’inspecteur Vidier de 1924 précité (3T 1907, liasse 1).
  • [83]
    Voir la lettre du procureur général au préfet du 12 décembre 1878 et le rapport de l’inspecteur Vidier de 1924 précités. Comme nous l’avons fait remarquer ci-dessus, c’était peut-être là le motif avoué d’une décision qui était en réalité essentiellement commandée par un souci de gain de place.
  • [84]
    Le classement et l’inventoriage du fonds du parlement sont chez lui une véritable obsession : dès sa lettre adressée au préfet le 18 décembre 1878, à la suite de sa première visite à Douai, il fait valoir que, grâce à leur transfert aux Archives départementales du Nord, « ces documents qui sont importants pourront être prochainement l’objet d’un premier classement qui permettra de les confier aux érudits et personnes ayant besoin de les consulter dans l’intérêt de leurs affaires privées » (3T 209).
  • [85]
    3T 209 : brouillon de lettre du 14 février 1879 au procureur général de la cour d’appel de Douai.
  • [86]
    Voir, dans la liasse 3T 209, les lettres adressées par le préfet du Nord en décembre 1878 tant au ministre qu’au procureur général près la cour d’appel de Douai (brouillons de lettres rédigées par l’archiviste pour le préfet).
  • [87]
    Cf. rapport de 1924 précité : « la preuve étant ainsi faite que ce classement, et par suite l’inventaire et les moyens de consultation, ne peuvent être obtenus que par les soins du service des Archives départementales dont c’est le rôle et la raison d’être, je n’hésite pas à proposer le transfert aux Archives départementales de l’ensemble des registres et liasses ».
  • [88]
    Rapport de 1948, I – Retour des collections et II – Locaux.
  • [89]
    Rapport de 1949, III – Classement et inventaire. Sur ces déménagements successifs liés à la multiplication des annexes voir R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 12 à 15.
  • [90]
    Rapport de 1950, III – Classement et inventaire.
  • [91]
    Rapport de 1951, III – Classement et inventaire.
  • [92]
    Rapport de 1961, I – Installation du nouveau dépôt et rapport de 1962, III – Classement et inventaire.
  • [93]
    Ou on y trouvait car il y a eu des reclassements : cf. supra note 52 et infra note 103.
  • [94]
    D’après le rapport de Max Bruchet de 1911, p. 25, ce dépouillement a commencé en 1910 mais d’après le rapport de 1930 (II – Récolement, série 8B. Parlement de Flandre), il s’est fait entre 1908 et 1914. Entre 1908 et 1910 Denis du Péage a, semble-t-il, classé et inventorié les dossiers 1 à 10 000 ; en 1911, il a classé et inventorié les liasses 10 001 à 21 503 (cf. rapport de 1911, p. 25 et 53) ; en 1913, comme l’indique un rapport sur les greffes de 1913 conservé dans la liasse 3T 1731, il était arrivé à la cote 30059 et il a terminé le classement jusqu’à la cote 30881 en 1914.
  • [95]
    Cf. 3T 1731 (Rapport sur les greffes envoyé le 10 mai 1913) : « En 1879, la cour d’appel de Douai a envoyé une quantité de procédures sans aucun classement ni répertoire. Avec le concours désintéressé de M. Denis du Péage, l’archiviste du Nord a pu constituer, de 1910 à 1913, 30 059 articles dont les fiches ont été rédigées, classées par nom des parties intéressées et forment 208 fascicules reliés mis à la disposition des chercheurs. Le rapport sur les archives du Nord du mois d’août 1911 pages 25 à 36 contient l’énumération des familles et des localités intéressées par les 1 à 21 503 ».
  • [96]
    Ce Cumulus constitue une particularité des Archives départementales du Nord ; il contient un ensemble assez conséquent de documents en attente de traitement. Il a été partiellement analysé – ce qui a permis de constituer 19 268 articles contenant des pièces à rattacher aux séries B, H et G. – mais il reste 56 mètres d’archives dont madame Roselyne Decreton-Carpentier a bénévolement entrepris le dépouillement et l’analyse.
  • [97]
    Si le reclassement des articles soustraits en 1925 de la sous-série 8B1 pour constituer les articles 1414 à 1471 de la sous-série 8B2 a été signalé (cf. infra note 103), cela n’a peut-être pas été le cas lors de reclassements postérieurs : le rapprochement avec le répertoire établi par Denis du Péage montre que certains dossiers manquants sont des dossiers postérieurs à la disparition du parlement dont on peut raisonnablement penser qu’ils ont été reclassés sans que ce reclassement ait été signalé, à moins évidemment qu’ils n’aient vraiment disparu lors du séjour à Loos. Toutefois il reste encore à ce jour dans la sous-série 8B1 quelques registres ou liasses de procès-verbaux de comparution devant les conseillers rapporteurs qui devraient être intégrés dans la sous-série 8B2 et une vingtaine de dossiers datant de la Révolution ou du Premier Empire qu’il faudrait reclasser en série L ou U.
  • [98]
    3T 1731 (rapport du 10 mai 1913, précité). Ce rapport confirme les constatations de l’abbé Dehaisnes qui, dans sa lettre adressée au procureur général le 14 février 1879 (précitée), signalait la présence au greffe de toute une série de « registres et liasses » qu’il répartissait en deux catégories : « 1° Les édits et déclarations enregistrés au parlement de Flandre » (conservés aujourd’hui sous les cotes 8B2/12 à 38) et « 2° Les arrêts rendus par ce dit parlement formés de minutes et de registres des divers présidents et conseillers » (qui constituent l’essentiel de l’actuelle sous-série 8B2. Il convient de remarquer que la formulation employée par l’archiviste n’est pas très heureuse car elle laisse penser que tous ces registres contiennent des arrêts or il ne s’agit pas uniquement de registres d’arrêts, tant s’en faut ; il suffit pour s’en convaincre de se reporter à l’analyse de la sous-série 8B/2 proposée dans le Petit guide à l’intention des lecteurs intéressés par le fonds du parlement de Flandre, p. 24-44 (ce Petit guide… peut être consulté aux Archives départementales du Nord ou, par Internet, sur le Site du Centre d’Histoire Judiciaire.
  • [99]
    Cf. rapport précité.
  • [100]
    Voir 8B2/1 à 1085 : registres d’édits et déclarations, registres de réception des avocats, registres aux provisions, registres d’arrêts civils (dictums ou arrêts étendus) ou criminels, registres aux comparutions, registres aux rapports, registres aux consignations, registres aux fournissements, etc.
  • [101]
    Voir 8B2/1 086 à 1231 : ces cotes contiennent – sous une rubrique « Instances » – des documents assez variés dont des procès mais aussi des comptes, des livres de raison, de recettes, des terriers ou dénombrement de fiefs, des papiers provenant de Merlin de Douai… Les cotes 1232 à 1255 correspondent à nouveau à des documents du parlement (inventaire de procès civils portés à la troisième chambre, requêtes, rôle d’audience, conclusions…).
  • [102]
    Cf. supra note 51.
  • [103]
    Registres des amendes, aux actes de cautions, aux droits du greffe, des épices et vacations, aux distributions de procès… Le reclassement de ces registres a été signalé : le répertoire numérique de la sous-série 8B2 mentionne la nouvelle cote, la nature du registre et l’ancienne cote dans la sous-série 8B1.
  • [104]
    Voir supra p. 19 ainsi que les notes 76 et 77.
  • [105]
    Un certain nombre de pièces – dont la liste est donnée dans le Petit guide…, précité, p. 14 – ont été recotées dans la série des plans. D’autres pièces relatives aux collèges et séminaires ont également été reclassées (pièces se trouvant dans les dossiers se rapportant à l’Université de Douai rentrés sous les cotes 8B2/1287 à 1413. Ces reclassements ont été opérés par Alexis Donetzkoff).
  • [106]
    Une liste des dossiers manquants dans la sous-série 8B2 figure dans le Petit guide…, précité, p. 12-14. Ces disparitions sont peut-être liées au séjour à Loos qui est intervenu dans des conditions désastreuses que nous avons déjà décrites. Lors du rapatriement des archives à Lille, les pièces déclassées et les débris de toutes sortes ont été réunis dans 46 sacs pour constituer le « Cumulus de Loos ». Le contenu de ces sacs a été examiné en 1952-1953 : les articles facilement identifiables ont été réintégrés dans les séries déjà classées et les autres documents ont été mis de côté pour un traitement ultérieur. À ce jour, tous les documents ont été réintégrés dans les séries correspondantes sauf les documents de la série D qui sont encore en attente. Il n’y a donc plus aucun espoir de retrouver des archives provenant de la série 8B dans ce « Cumulus de Loos ».
  • [107]
    Précitée. Pillot, fils d’un juge du tribunal d’Avesnes, était lui-même conseiller à la cour d’appel de Douai. Un compte rendu de son ouvrage a été proposé par A. de Reume dans le bulletin bibliographique édité dans les Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du midi de la Belgique, 3e série, p. 144, n° 259. Pour de Reume, cette « histoire raisonnée et détaillée du parlement de Flandres » constitue « un travail sérieux et grave ; il est consciencieusement fait : l’auteur a puisé à des sources sûres et pures. Il a fouillé aux riches archives de sa compagnie ».
  • [108]
    Dire que le classement de la sous-série 8B2 effectué lors de l’élaboration du répertoire numérique dactylographié actuellement disponible aux Archives départementales du Nord est embryonnaire serait un euphémisme. Pour connaître le contenu exact de ce fonds, il faudrait impérativement procéder à une analyse systématique de tous les registres qui réserverait sans aucun doute quelques surprises.
  • [109]
    Voir 3T 1802, rapport annuel de 1930 : « II – Récolement, Série 8B. Parlement de Flandre : … Bruchet. Répertoire des documents versés par la Cour de Douai en 1924 (1 à 1413) et des résidus non classés du versement de 1879 (1414-1471) » (cette formulation ne semble pas justifiée dans la mesure où les articles 1414 à 1471 avaient été analysés par Denis du Péage en 8B1 mais ils ont été reclassés en 8B2).
  • [110]
    Cf. Rapport de 1948, III – Classement et inventaire. Comme nous l’avons déjà signalé, l’article 1554 correspond au versement de 1958 et contient des papiers de Merlin de Douai.
  • [111]
    8B2/593 à 691 entièrement dépouillés. La pratique des sentences étendues, dont on trouve la trace au Grand Conseil de Malines dès le xve siècle, s’est perpétuée au parlement de Flandre. À la différence de l’arrêt ordinaire ou dictum, qui se contente de nommer les parties et d’indiquer le dispositif de la décision, l’arrêt étendu reprend toute la procédure et les arguments contenus dans les écritures des parties avant de reproduire in extenso le dispositif de l’arrêt. Sur la pratique des arrêts étendus au parlement de Flandre voir S. Michel, « Les ‘arrêts étendus’ du parlement de Flandre : étude d’une spécificité juridique locale », Revue du Nord, t. 91, n° 382, octobre-décembre 2009, p. 745-761.
  • [112]
    Pour les registres aux arrêts criminels, Denis du Péage a procédé à un « choix » et n’a analysé que les articles 8B2/ 761, 763, 766, 767, 770 et 771 à 784. En revanche il a intégralement analysés les articles 8B2/786 à 791 (arrêts criminels, registres des rémissions).
  • [113]
    Ont été intégralement analysés : 8B2/3 à 8 (registres de l’audience), 8B2/45-46 (Lettrespatentes), 8B2/57 à 59 (Offices ministériels), 8B2/61 à 80 (Provisions), 8B2/181 à 184 (Curatelles), 8B2/185 à 193 (Testaments). Les index établis par P. Denis du Péage ont permis de constituer un inventaire par nom de parties en 2 volumes manuscrits reliés : t. 1, lettres A à L (Abancourt à La Lande Gayon), 456 p. ; t. 2, lettres L à Z (Laleau à Zuydcoote), 433 p.
  • [114]
    F. Beaujot a inventorié et analysé les articles 1206 à 1225 (6 classeurs dont 1 fascicule d’analyse et 5 fascicules de tables).
  • [115]
    Voir la page d’introduction au fonds du parlement de Douai (8B), sous-série 8B2, dans le répertoire numérique dactylographié consultable aux Archives départementales du Nord (Classeur « Cours et juridictions d’Ancien Régime »).
  • [116]
    En particulier tous les documents postérieurs à la disparition de l’institution en 1790 dont on peut être sûr qu’ils n’ont rien à faire dans ce fonds (cf. note 97). Pour les documents antérieurs à la création de l’institution, la question est plus délicate car il est impossible de savoir pourquoi ils se trouvent dans ce fonds (il est possible qu’ils y soient tombés par accident mais on peut aussi envisager qu’ils aient été produits à l’occasion de procès jugés par le parlement).
  • [117]
    Par exemple des articles perdus lors du séjour du fonds à Loos sur lesquels on parviendrait à remettre la main.
  • [118]
    Archives non encore analysées ou acquises depuis 1958. En effet, si les réintégrations se sont achevées en 1958, depuis cette date un certain nombre de pièces provenant de l’ancien parlement de Flandre ont été achetées par les Archives départementales à l’occasion de ventes publiques. Certaines ont été placées en série J, d’autres ont été identifiées comme devant être placées dans le fonds 8B mais restent encore à classer.
  • [119]
    Cf. R. Cleyet-Michaud, art. cit., p. 685.
  • [120]

1Les Archives départementales du Nord figurent parmi les plus riches dépôts français. Elles conservent en effet quelques fonds remarquables non seulement par leur importance matérielle mais aussi et surtout par leur très grand intérêt, tel celui de la Chambre des comptes de Lille [1], celui de l’évêché puis archevêché de Cambrai ou encore celui du parlement de Flandre auquel cette étude sera consacrée. Pour prendre la mesure de l’intérêt de ce fonds et donner une idée de son contenu, il convient avant toute chose de présenter brièvement l’institution qui l’a produit et dont l’origine remonte à la seconde moitié du xviie siècle. C’est en effet à la suite de ses conquêtes réalisées dans les Pays-Bas méridionaux, lors de la guerre de Dévolution, que Louis XIV a pris l’engagement d’« établir un parlement pour ses pays conquis » [2] mais – comme il l’avait fait pour l’Alsace en 1657 ou pour le Roussillon en 1660 – c’est finalement un conseil souverain qu’il a décidé de créer à Tournai, par un édit d’avril 1668 [3]. Il lui a confié la mission de « juger souverainement et en dernier ressort de tous cas royaux et privilégiés et de toutes et chacune des appellations qui seront interjetées... tant en matière civile que criminelle des Justices subalternes de l’étendue [de son] ressort »... Le conseil souverain de Tournai est donc avant tout une juridiction d’appel susceptible de se prononcer sur des décisions rendues par toutes sortes de juges inférieurs : juges royaux (prévôtés, bailliages, gouvernances), bien sûr, mais aussi juges municipaux (échevinages ou Magistrats des villes) ou juges seigneuriaux, voire juges d’Église.

2L’histoire de cette juridiction se découpe en deux grandes périodes : dans un premier temps, le conseil souverain de Tournai s’affirme. Son ressort, assez exigu à l’origine [4], s’accroît considérablement à la faveur des succès militaires de Louis XIV [5] ; le nombre d’affaires à juger se multiplie parallèlement, ce qui conduit le roi à doter la Cour d’une seconde chambre en 1670 puis d’une troisième, à laquelle il réserve la connaissance des causes criminelles, en 1689 [6]. Cette rapide montée en puissance du conseil de Tournai contribue à expliquer son changement de dénomination : en 1686, il est élevé au rang de parlement. À la fin du xviie siècle, le ressort de ce parlement a atteint ses dimensions maximales : il couvre la Flandre gallicante (Lille, Douai, Orchies), Tournai et le Tournésis, la Flandre flamingante jusqu’à Ypres et Furnes, une grande partie du Hainaut, Cambrai et le Cambrésis et – au-delà de la Sambre – Agimont, Poilvache et Martaigle. La période de grandeur du nouveau parlement sera cependant d’assez courte durée : au temps des victoires succède bientôt le temps des défaites or, dès l’origine, Louis XIV avait lié le sort de la cour de Tournai à celui de ses conquêtes, allant même jusqu’à envisager de manière prémonitoire son déménagement. Il s’était toutefois mépris sur les circonstances du transfert de la Cour : contrairement à ce qu’il espérait [7], il ne sera pas l’heureuse conséquence de nouveaux succès mais la malheureuse suite des revers essuyés par ses armées au début du xviiie siècle. Le parlement voit alors son ressort inexorablement réduit et, les Français ayant perdu Tournai, il est obligé de quitter cette ville. Au cours de l’été 1709, il se réfugie à contrecœur à Cambrai où il séjourne jusqu’à l’automne 1714 soit pendant environ cinq ans. Le 2 octobre 1714, il s’installe définitivement à Douai. Certes, les circonstances de cette installation sont peu glorieuses : le Parlement aurait préféré s’établir à Lille mais il a été contraint de choisir entre Cambrai et Douai ; s’il a finalement opté pour Douai c’est parce que la ville est le siège de l’Université et, surtout, parce que l’échevinage s’est engagé à lui fournir un palais pour tenir ses séances. Son installation à Douai, dans le refuge de l’Abbaye de Marchiennes, correspond à une restriction significative de sa puissance : il doit renoncer à être le parlement des Pays-Bas français pour se contenter désormais d’être le parlement de la Flandre… française. En pratique, son ressort – qui ne variera plus jusqu’à la fin de l’Ancien Régime – se limite désormais au Hainaut français, au Cambrésis, à quelques cantons du pays de Liège et à la partie de la Flandre appartenant à la France [8]. Cette nouvelle donne n’a toutefois pas que des aspects négatifs : si le ressort du parlement est singulièrement restreint il est aussi plus homogène et, alors que jusque-là les territoires composant ce ressort ont été constamment occupés et saccagés, ils bénéficient à partir de 1714 d’un demi-siècle de sécurité et de stabilité. La fixation à Douai et la paix retrouvée vont permettre au parlement de s’organiser de manière définitive et contribueront aussi à la consolidation de l’influence française. Lorsque l’Ancien Régime touche à sa fin, le parlement de Douai est presque intégré dans les cadres français. Il se distingue pourtant encore des autres parlements ne serait-ce que par son attitude à l’égard du pouvoir. En effet, tandis qu’une nouvelle fronde parlementaire gronde dans le reste du royaume, le parlement de Flandre continue à donner l’exemple d’un respect quasi servile pour la personne et pour les ordres du souverain [9]. Dans ces conditions, on comprend son désarroi face au « coup d’État » Maupeou et à une réforme que le roi lui-même semble avoir eu quelques scrupules à lui appliquer : en dépit des précautions prises pour la justifier dans le préambule de l’édit d’août 1771 portant suppression du parlement de Flandre, la mesure suscite l’incompréhension de la haute magistrature locale et, lorsque, trois ans plus tard, au lendemain de l’avènement de Louis XVI et suite à la disgrâce de Maupeou, le parlement de Flandre est restauré par un édit de décembre 1774, rien ne sera plus comme avant. Cette réforme avortée a fait naître un sentiment de méfiance vis-à-vis du pouvoir royal et a contribué à l’émergence à la fois d’un sentiment de solidarité avec les autres parlements de France et d’un esprit d’indépendance chez les parlementaires douaisiens. Le parlement de Flandre reconstitué se montre moins docile [10] sans toutefois se livrer à une opposition comparable à celle des parlements engagés dans un véritable bras de fer avec la monarchie comme ceux de Paris, Rennes, Grenoble ou Besançon, qui portent une large responsabilité dans le déclenchement des événements révolutionnaires. Comme les autres parlements du royaume, il figure parmi les premières victimes de la Révolution : mis en vacance par le décret du 3 novembre 1789, il est supprimé par un autre décret du 6 septembre 1790. Son acte de décès est signé par le Premier président Gaspard Félix Jacques de Pollinchove le 29 du même mois, lorsqu’il se rend en sa qualité de garde des sceaux à la Chancellerie de l’ex-Parlement pour y retirer les sceaux et les faire expédier à « Monseigneur le garde des sceaux de France » [11].

3Avant dernier né des parlements de l’Ancien Régime [12], le parlement de Flandre a donc eu une existence assez brève puisqu’elle n’a duré que 122 ans. En dépit de ce caractère relativement éphémère, il a laissé des archives d’une richesse prodigieuse, actuellement conservées aux Archives départementales du Nord [13]. Paradoxalement, ce superbe fonds est resté jusqu’à ce jour très largement inexploité [14] sans doute à cause de l’état dans lequel il se trouve. Son état actuel s’explique tant par les conditions dans lesquelles ces archives ont été stockées, en différents lieux et à différentes époques, que par les conditions dans lesquelles elles ont été rapatriées aux Archives départementales du Nord. En bref, il est lié à l’histoire du fonds [15] qui permet seule de comprendre son caractère hétéroclite (I) et le mystère qui continue à entourer son contenu (II).

I – Un fonds hétéroclite qui a beaucoup souffert

4La Révolution française a procédé à une « nationalisation » massive des Archives : à partir du 4 août 1789, toute une série de textes ont en effet rattaché aux archives de l’Assemblée nationale constituante [16] les papiers des administrations, des organismes et des établissements supprimés par la Révolution parmi lesquels figure le parlement de Douai. La Révolution a aussi posé le principe de la centralisation des archives publiques [17], entériné par la Convention dans la loi du 7 messidor an II (25 juin 1794) qui décrète que « tous les dépôts [d’archives] ressortissent aux archives nationales comme à leur centre commun ». Puis la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) ordonne de réunir les archives à chaque chef-lieu de département ; ce faisant, elle crée les archives départementales, même si elle n’emploie pas encore cette dénomination. Cependant, comme en témoigne l’exemple des archives conservées dans les locaux de l’ancien parlement de Flandre, cet ordre n’est pas immédiatement suivi d’effet. Certes, dès l’époque du Consulat, les archives du Nord se voient attribuer un local mais ce local, mal adapté et en mauvais état, est peu propice à la conservation des documents [18]. Personne ne se préoccupe alors de faire venir à Lille les archives entreposées entre les murs du tribunal puis cour d’appel de Douai : elles y resteront jusqu’à la Troisième République au moins.

5Pourtant dès les années 1840 les choses commencent à bouger : sous l’influence du mouvement historique incarné, notamment, par l’action de Guizot [19], on assiste à la naissance d’un véritable intérêt pour les archives et une nouvelle organisation scientifique de ces archives se met en place. En 1841, des instructions ministérielles affirment le principe du respect des fonds. À partir de là, différents textes viennent imposer un cadre de classement uniforme pour tous les dépôts du même type. C’est ainsi que le cadre de classement des archives conservées dans les dépôts départementaux est fixé par une circulaire du 24 avril 1841. Cette circulaire institue une série B (cours et juridictions) dans laquelle les archives du Parlement sont destinées à entrer mais, pour cela, encore faudrait-il que les Archives du Nord aient les moyens de les recevoir, que leur présence dans les locaux de la cour d’appel de Douai soit connue et que cette Cour accepte de s’en dessaisir. Le problème de place semble résolu dès 1844 : contraint à libérer le local du Mont-de-Piété et de trouver les moyens d’accueillir les fonds toujours plus nombreux transférés dans son dépôt, le conseil général du Nord a décidé, en 1839, de construire un nouveau bâtiment et l’Hôtel des archives du Pont-Neuf a été inauguré le 26 août 1844 [20]. La localisation du fonds du parlement intervient suite à la création de l’Inspection générale des archives par le décret du 22 juillet 1853 [21] : lors d’une de ses tournées, l’inspecteur général de Rozière visite le Palais de justice de Douai et recommande le versement aux Archives départementales [22]. Toutefois, il s’écoulera pratiquement un siècle entre le moment où cette recommandation est formulée et le transfert effectif de l’ensemble du fonds : en pratique, la réintégration des archives de l’ancien parlement de Flandre sera acquise de haute lutte et interviendra par étapes. Pourtant, dès les années 1860, le ministre de l’Intérieur – qui avait alors les Archives dans ses attributions – se rapproche du garde des sceaux pour obtenir la réintégration du fonds mais son intervention se solde par un quasi-échec : tout juste obtient-il, en 1867, « le versement aux Archives départementales de la collection des édits et actes originaux expédiés sous les règnes de Louis XIV et Louis XV et enregistrés d’autre part au Parlement » [23]. Il ne s’agit là que d’« une partie infime » de ce dont de Rozière avait recommandé le versement [24]. L’essentiel du fonds reste donc à la cour d’appel. Deux ans plus tard, le ministre de l’Intérieur revient à la charge : en octobre 1869, il enjoint au préfet du Nord de donner à l’archiviste du département les instructions nécessaires afin qu’il s’assure que toutes les archives anciennes des greffes des cours et tribunaux ont bien été recensées et qu’il signale les éventuelles réintégrations restant à opérer [25]. Malgré le caractère pressant de cette demande et la bonne volonté affichée du ministre qui se déclare « disposé, de [son] côté, à intervenir auprès de M. le garde des sceaux pour faciliter les réintégrations qui pourraient être réclamées au profit des archives du département », les choses en restent là pendant encore près de dix ans. Il faut en effet attendre une intervention directe du garde des sceaux pour que la situation évolue. Par une dépêche du 4 novembre 1878, le ministre fait savoir au procureur général près la cour d’appel de Douai qu’« il lui [paraît] utile de faire opérer la translation [des archives judiciaires antérieures à 1790] à la Préfecture du Nord » [26]. Même s’il justifie cette décision par sa volonté de protéger des documents précieux [27], il est probable qu’elle lui a été inspirée par des préoccupations beaucoup plus terre à terre : elle intervient en effet à « l’occasion d’une nouvelle répartition des locaux » [28] de la cour d’appel où la place manque cruellement et il y a tout lieu de penser que l’« évacuation » des vieux papiers a été envisagée comme le moyen de réaliser un substantiel gain d’espace. Toujours est-il que, face à cette injonction de sa hiérarchie, le procureur ne peut faire autrement que de céder. Le 12 décembre, il écrit donc au préfet pour l’informer que la Cour est disposée à lui remettre les archives concernées [29]. Le préfet délègue l’archiviste du département, Chrétien Dehaisnes [30], qui s’empresse de se rendre à Douai où il découvre une situation dramatique dont il rend aussitôt compte au préfet : « J’ai trouvé une grande quantité de documents dans une salle où il y a un commencement de classement, et plusieurs tas énormes de papiers et de parchemins gisant en trois greniers dans un état complet de désordre et d’abandon ». Sa conclusion est sans appel : « Il est urgent d’opérer le transfert le plus tôt possible ». À l’appui de cette solution il fait évidemment d’abord valoir qu’il s’agit de sauver les « anciennes archives du parlement de Flandre » mais il fait aussi remarquer, non sans esprit d’à-propos, « que la salle où elles sont conservées doit servir prochainement de dépôt pour les documents judiciaires plus récents » [31], et enfin il relève que « la direction des Archives du ministère de l’Intérieur qui a ordonné cette mesure avec instance il y a 9 à 10 ans sera heureuse d’apprendre qu’elle est mise à exécution ». Il lui faudra cependant faire preuve de beaucoup de ténacité pour qu’un premier versement intervienne enfin, en 1879. Ce versement partiel aboutira à la création de la sous-série 8B1. Le surplus des archives du parlement sera versé progressivement entre 1924 et 1958 et intégré dans la sous-série 8B2.

Le versement de 1879 : la création de la sous-série 8B1

6Pour parvenir à ce premier résultat, Chrétien Dehaisnes doit vaincre non seulement les réticences du procureur général de la cour d’appel qui, visiblement, n’a pas envie de se dessaisir des pièces entreposées au Palais mais aussi celles des autorités locales qui rechignent à débourser les fonds nécessaires au bon déroulement des opérations. Dès le 18 décembre 1878, il lui a fallu annoncer au préfet que l’opération aurait un coût qu’il a estimé à 1 350 francs [32]. Le préfet trouvant la note trop salée, l’archiviste a revu sa copie et a proposé une solution permettant de réduire la dépense de moitié [33]. Satisfait de cet effort substantiel, le préfet lui annonce dès la fin du mois de décembre 1878 qu’il proposera le vote des 650 francs demandés à la prochaine session du conseil général tout en l’autorisant « à prendre dès maintenant des mesures pour ce transfèrement » [34]. Fort de cette première victoire, l’archiviste s’emploie alors activement à organiser le transfert projeté et, surtout, il entame un nouveau combat dont l’objet est de donner à ce transfert la plus grande envergure possible. Ses visites à la cour d’appel lui ont sans aucun doute permis de percevoir les réticences du procureur général et il met donc tout en œuvre pour tenter de l’obliger à verser aux Archives la totalité des documents conservés à Douai, allant jusqu’à composer pour le préfet une lettre à adresser à cette fin au chef du Parquet [35]. Dans cette lettre, il propose – par le truchement du préfet – une interprétation large de la formule de récépissé des documents rédigée par le magistrat :

« Dans cette formule de récépissé, il est question de toutes les archives judiciaires[36] antérieures à 1790. M. le greffier en chef demande à M. l’archiviste si les registres où sont entérinés les arrêts du parlement doivent aussi être compris dans le transfert. Il paraît évident dans la formule du récépissé et d’après ce que vous me dites, M. le Procureur général, de la lettre du garde des sceaux, qu’il n’y a aucune exception et que les registres aux arrêts doivent faire partie des documents qui seront remis au département. Du reste il est incontestable qu’il y a avantage à réunir dans un même dépôt tout le fonds de l’ancien parlement de Flandre ».
Mais le procureur général ne s’en laisse pas conter : s’il veut bien admettre que les documents entreposés dans le grenier ou dans l’ancienne chapelle du Palais sont en danger, en revanche il estime que les archives conservées au greffe « sont classées et installées de manière convenable » et se refuse donc à les laisser partir. Consulté, le garde des sceaux tranche par un jugement de Salomon : il fait savoir au procureur général « que les documents antérieurs à 1790 qui se trouvent dans le grenier et dans l’ancienne chapelle de la cour d’appel de Douai devront être transférés aux Archives départementales et que le fonds du parlement, qui est installé dans le greffe de la même cour d’appel pourra rester dans ce local »… Cette décision sera lourde de conséquences car elle signe la partition du fonds. Flairant le danger, l’abbé Dehaisnes tente de fléchir le procureur général : par une lettre du 14 février 1879, il s’efforce une fois encore de le convaincre de la nécessité de confier l’ensemble des pièces aux Archives du Nord. Faisant feu de tous bois il commence par jouer sur les mots en soulignant que le garde des sceaux a écrit que les pièces conservées au greffe pourraient (et non devraient) y rester… puis il développe ses arguments en faveur d’un transfert général à Lille. L’intérêt capital de sa lettre ne tient pas tant à ces arguments, qui ne seront pas écoutés [37], qu’à la description des différentes parties du fonds qu’il dresse à cette occasion. Dehaisnes part en effet de « la distinction qui a été établie entre les deux catégories de titres et papiers antérieurs à 1790, que possède la cour d’appel de Douai » or cette distinction, qui repose à l’époque essentiellement sur la localisation des documents dans les bâtiments de la cour d’appel, préfigure l’actuelle distinction entre les sous-séries 8B1 et 8B2. Les propos de l’archiviste fournissent donc de précieux renseignements sur le contenu de ces deux futures sous-séries. Sa présentation des documents conservés dans le grenier et dans l’ancienne chapelle du Palais explique le caractère composite de la sous-série 8B1 qui, comme il le dit très bien, ne renferme pas que des archives du parlement : on y trouve en effet « des dossiers de procédure provenant en partie de l’ancien parlement de Flandre et pour la plus grande partie du Grand conseil de Malines, de la gouvernance de Lille, Douai et Orchies, et de diverses juridictions complètement distinctes du parlement et ayant fonctionné antérieurement à sa création » [38]. Dehaisnes en vient ensuite aux documents « qui se trouvent dans le greffe de la cour d’appel et que l’on considère comme les archives du parlement de Flandre ». Cette précision est intéressante car elle laisse penser que la dénomination « fonds du parlement de Flandre » utilisée pour désigner l’actuelle série 8B est peut-être trompeuse : elle paraît justifiée pour les documents venus du greffe mais elle ne l’est pas nécessairement pour ceux provenant du grenier et de la chapelle [39]. S’agissant des documents entreposés au greffe, l’abbé Dehaisnes constate qu’ils « sont différents entre eux et par leur nature et par leur provenance » : il s’agit en effet, pour une toute petite partie, de dossiers de procédure et, pour la plus grande partie, de registres ou de liasses. Les dossiers de procédure ont été tirés du grenier ou de la chapelle et portés au greffe par deux érudits qui en ont entrepris l’inventaire [40] et, pour l’archiviste, il est évident « que ces titres et papiers devront être transférés aux Archives du Nord comme les documents du grenier et de l’ancienne chapelle ». Les registres et liasses « sont rangés sur les rayons du milieu de la salle » et, pour l’archiviste toujours, c’est à eux, et à eux seuls, « que peut s’appliquer le passage de la lettre de M. le garde des sceaux où il est dit que les archives de l’ancien parlement de Flandre qui sont classées dans le greffe pourront y rester ». Il fait cependant remarquer au procureur général que la logique commande de ne pas démembrer le fonds au risque de « scinder une même affaire en deux parties dont l’une contenant l’instruction et les débats sera déposée à Lille, aux Archives départementales du Nord, et l’autre contenant la décision sera déposée à Douai, au greffe de la Cour d’Appel ». À l’issue de cet exposé très argumenté, l’archiviste interpelle une dernière fois solennellement le procureur général : « Les raisons que je viens d’opposer ne seraient-elles pas assez puissantes pour déterminer le transfert dans le dépôt du Nord de ces archives du parlement de Flandre installées au greffe comme de celles qui se trouvent dans le grenier et dans l’ancienne chapelle ? ». Cette ultime tentative s’avèrera inutile : le versement de 1879 sera partiel, soit que l’archiviste ait essuyé un nouveau refus de la part du procureur général, soit que des impératifs matériels ou financiers l’aient obligé à renoncer de lui-même à ses prétentions. Le malheureux abbé Dehaisnes s’est pourtant bien battu, et sur deux fronts simultanément : tandis qu’il s’efforçait de convaincre le procureur général de lui remettre les archives, il lui fallait en même temps batailler avec le préfet pour obtenir les moyens d’assurer leur transfert et leur installation dans les locaux du dépôt départemental car – du fait du développement de la réglementation qui le conduit à accueillir des archives toujours plus nombreuses [41] – ce dépôt est saturé. Sans doute est-ce la mort dans l’âme qu’il a fini par se résigner d’abord à gérer la pénurie et ensuite à ne récupérer qu’une partie du fonds [42]. La solution qu’il avait été contraint de proposer en décembre 1878, pour parvenir à une économie de 700 francs, s’est finalement imposée : elle a conduit à empiler « les uns sur les autres les milliers de sacs à procès de l’ancien parlement » [43]. Ce mode de stockage n’a certainement pas amélioré l’état de ces archives déjà bien malmenées et, en définitive, il n’est pas du tout sûr que leur transfert à Lille ait contribué à une meilleure conservation [44]. Dans ces conditions, le bilan de l’action de l’abbé Dehaisnes peut paraître décevant mais il faut lui rendre justice et lui savoir gré de ses efforts qui auront au moins abouti à un premier grand versement. Ce versement, à l’origine de l’actuelle sous-série 8B1, sera suivi d’un second versement important, en 1924, puis de quelques versements ponctuels qui permettront de constituer la sous-série 8B2.

Le versement de 1924 et les versements ultérieurs : la constitution de la sous série 8B2

7Une fois refermée la tragique parenthèse de la première guerre mondiale, la campagne de récupération des archives judiciaires reprend son cours. Le 8 avril 1921, le ministre de l’Instruction publique – dont dépend désormais l’Inspection générale des archives [45] – obtient du garde des sceaux une décision autorisant de nouvelles investigations dans les greffes. L’inspecteur Vidier se rend alors à Douai et rédige un rapport circonstancié [46] dans lequel il pointe les insuffisances du versement de 1879, décrit avec précision les fonds encore en possession de la cour d’appel et déplore à son tour « la fragmentation [du fonds du parlement] en deux tronçons » qu’il qualifie de « profondément regrettable ». Par chance, « l’exécution incomplète de la décision prise par M. le ministre de la Justice du 4 novembre 1878 de verser aux Archives départementales la partie des archives judiciaires antérieures à 1790 n’a pas nui à la conservation matérielle des documents, car la salle où ils se trouvent est saine ». Le transfert « de l’ensemble des registres et liasses » dans le dépôt de Lille lui semble cependant éminemment souhaitable, ne serait-ce que parce qu’il permettra « de reconstituer des fonds démembrés par des versements antérieurs incomplets ». Soucieux de convaincre la cour d’appel du bien-fondé de cette solution, il fait remarquer que « de tous les parlements qui ont siégé sous l’ancienne monarchie, celui de Flandre est aujourd’hui le seul dont les registres et la totalité des liasses n’aient pas trouvé encore asile dans les Archives départementales » et que

8

« si la cour de Douai (ainsi que l’ont déjà fait dans des conditions analogues 16 cours d’appel) voulait bien se montrer favorable au transfert dans le dépôt public de Lille des archives historiques de l’Ancien Régime et de la Révolution, dont elle est restée la dépositaire, elle contribuerait libéralement à éclairer l’histoire du xvie au xixe siècle de la circonscription judiciaire dont elle est le siège principal, et elle s’acquerrait de nouveaux titres à la gratitude de l’Université et à la reconnaissance des érudits ».

9Il insiste aussi sur l’intérêt tout matériel que la cour aurait à prendre cette sage décision compte tenu de l’exiguïté de ses locaux [47]. Son entreprise est couronnée de succès : le 18 avril 1924, le garde des sceaux avertit le ministre de l’Instruction publique qu’il autorise le versement des documents déposés dans les greffes des tribunaux du Nord [48] et, le 17 mai suivant, l’archiviste de l’époque, Max Bruchet [49], reçoit du ministre une note le priant de « faire les plus promptes diligences pour prendre possession des documents conservés dans les divers greffes en commençant par celui de la cour d’appel de Douai ». Sans perdre de temps, Max Bruchet se met en devoir de se procurer les fonds nécessaires. Le versement du millier de registres conservés au greffe intervient en 1924 à la plus grande satisfaction de l’archiviste qui souligne, dans son rapport annuel, que « cette documentation du parlement de Douai provenant de la cour d’appel a une importance exceptionnelle : elle couronne la réintégration commencée en 1879 » [50]. Un second versement, réalisé en juin 1925, permet de rapatrier aux Archives départementales des documents « oubliés » dans le grenier de la Cour [51]. En juin 1925 toujours, il est décidé de sortir de la sous-série 8B1 pour les intégrer dans la sous-série 8B2 un certain nombre de registres du Parlement dont on estime qu’ils se trouvent là par erreur [52]. Le problème du stockage des documents se pose toutefois avec une acuité croissante : depuis le début du siècle le dépôt des archives départementales est à nouveau saturé et, faute de pouvoir agrandir le bâtiment, on multiplie les annexes. Une première annexe est construite rue Jacquemars-Giélée en 1909 puis, en 1933, les fissures apparues sur les murs et les voutes du dépôt principal obligent à évacuer en urgence les deuxième et troisième étages où se trouvent, notamment, entreposées les archives du parlement. Comme l’ancienne prison de Lille, avenue du Peuple Belge, vient d’être fermée pour cause d’insalubrité, les documents y sont envoyés en urgence [53].

10Les choses en sont là quand la seconde guerre mondiale éclate. Instruit par la malheureuse expérience de la guerre 14-18 – qui a entraîné la destruction totale de certains fonds [54] – Pierre Piétresson de Saint-Aubin, alors archiviste du département du Nord, fait préparer « l’évacuation des documents les plus précieux » dès le 25 août 1939 [55]. Début septembre, ces documents sont conduits dans les caves de la maison centrale de Loos qui leur procurent « un abri provisoire en cas de bombardement aérien » ; de là, ils sont acheminés à Rennes, confiés à l’archiviste départemental d’Ille-et-Vilaine et envoyés au château de Montauban-de-Bretagne [56]. Puis, suite à la visite de Lesort, archiviste en chef honoraire de la Seine et de la ville de Paris, chargé de mission du Ministère, « l’évacuation complète des collections » est décidée. Cela suppose un « travail considérable, portant sur plusieurs centaines de tonnes de papiers » qui est entrepris, à partir du 18 septembre, par « le personnel des Archives… renforcé par une vingtaine de manœuvres recrutés au chômage ». Les opérations se font dans la précipitation : elles commencent le 18 septembre 1939 et tout est terminé le 10 novembre suivant. Les documents restés dans le Nord sont « ficelés en fortes liasses, munies extérieurement à la craie bleue des numéros de rayon » de manière à en faciliter le futur « reclassement et la remise en place » [57]. Les collections du dépôt central sont ensuite empilées « au rez-de-chaussée, dans la salle du public et les bureaux voisins » qui font l’objet de quelques mesures visant à sécuriser les lieux [58]. Quant aux archives entreposées dans les annexes de l’ancienne prison et de la rue Jacquemars-Giélée, elles sont transportées par camion à la maison centrale de Loos [59] et entassées « dans les caves à la place des premiers documents partis pour Rennes » [60]. Ainsi se met en place un « énorme dépôt, composé de liasses de dossiers et de registres sommairement empilés sur des planchers isolateurs de bois, [qui occupe] la totalité de deux grandes caves du bâtiment Nord-Est de l’ancienne abbaye » [61]. Les archives envoyées en Bretagne ne souffriront pas, semble-t-il, de leur déplacement [62], pas plus que celles restées dans le dépôt départemental [63], mais le fonds du parlement n’en fait malheureusement pas partie [64]. Son séjour à la prison de Loos lui a peut-être permis d’échapper à une destruction complète [65] mais ne lui a pas été complètement bénéfique. Certes, en 1941, Piétresson de Saint-Aubin cherche à se montrer rassurant, affirmant dans son rapport annuel que si « la maison centrale de Loos a beaucoup souffert des combats livrés les 27 et 31 mai [1940] par la 15e division française aux troupes d’invasion, fort heureusement le bombardement qui a ruiné une partie des bâtiments et fait des victimes parmi les occupants n’a causé aucun dégât aux collections empilées dans les caves » [66], mais une petite note manuscrite portant le cachet des Archives départementales et datée du 17 avril 1941 tempère quelque peu cet optimisme. Cette note, rédigée dans un style télégraphique, porte les mentions suivantes : « Visite à la maison centrale de Loos. Rien n’a bougé depuis septembre. Pas d’humidité ni de souris. Quelques tas affaissés et liasses défaites » [67]. Si l’on en croit ce document, pendant presque toute la durée de la guerre, les archives entreposées à Loos font l’objet d’une surveillance minima se résumant à deux visites annuelles tout juste suffisantes pour constater les dégâts subis par les collections sans y remédier. Il faut attendre 1944 pour qu’une personne soit affectée à la surveillance du dépôt et encore faut-il préciser que cet heureux événement est lié à un concours de circonstances : la présence sur les lieux de « M. Besnier, archiviste en chef honoraire du Pas-de-Calais, détenu par l’autorité allemande à la prison annexe Saint-Bernard » [68]. Vers la même époque, Piétresson de Saint-Aubin signale que le travail de remise en place des archives entreposées à Loos « sera peut-être plus compliqué, nombre de paquets ayant pu souffrir de leur séjour depuis 1939 » [69] ; cette remarque – quoiqu’évasive et formulée sur le ton de la supposition – pourrait laisser penser qu’il a pris conscience des dangers potentiels courus par ses archives mais rien n’est moins sûr. Dans la lettre qu’il adresse au directeur des Archives de France quelques temps plus tard, il continue à faire preuve d’un bel optimisme et commence par assurer que les documents évacués dans ce « dépôt-abri » sont « entassés dans des sous-sols très vastes, très aérés et très secs, fermés à clef et éloignés des ateliers et autres locaux pouvant présenter un voisinage dangereux » ; sa missive s’achève toutefois sur un tableau nettement moins idyllique :

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« Lors des événements de mai 1940, pendant la bataille de Lille, les locaux avaient été forcés par les détenus qui s’y cachèrent avant de prendre la fuite, en y causant un désordre superficiel ; depuis, avec le temps, et en dernier lieu, par l’ébranlement causé par les bombardements aériens dans le voisinage, des mouvements se sont produits, amenant en certains points l’écroulement des monceaux de liasses. M. Besnier s’efforce de réparer ces dégâts et de rétablir un peu d’ordre dans le dépôt ; il n’a pas constaté de dommages irréparables. Quelques liasses étant venues en contact avec le sol de terre battue ont seules été endommagées par l’humidité » [70].

12Les rapports de l’après-guerre sont plus alarmistes. En 1946, l’archiviste est bien obligé de constater qu’

13

« après sept ans, le dépôt constitué [à Loos] présente le plus fâcheux aspect, des mouvements s’étant produits dans cette masse considérable de volumes et de liasses, qui obstruent maintenant les couloirs ménagés le long des murs. Des pertes seront certainement à déplorer, malgré la bonne aération des locaux, aucun travail n’étant actuellement possible faute de place pour rétablir l’ordre dans les paquets tombés à terre »…

14et de conclure : « l’évacuation des sous-sols de Loos s’impose de façon urgente » [71]. Cette évacuation prendra cependant du temps, car la pénurie de locaux complique les choses [72]. Il faut attendre 1946 pour que les documents regagnent progressivement les rayons des Archives départementales, en commençant par ceux qui avaient été envoyés en Bretagne : leur rapatriement se passe bien et ils sont aussitôt remis en place [73]. Le retour des archives entreposées à Loos tarde davantage : les opérations s’effectuent tant bien que mal entre le 1er juillet 1947 et le 7 juillet 1948. Elles engendrent un nouveau « travail considérable » mené à bien sous la direction du sous-archiviste principal « par quatre employés des archives secondés soit par la main-d’œuvre pénale, soit par des manœuvres embauchés à l’extérieur ». Piétresson de Saint-Aubin ne dissimule plus alors son inquiétude s’agissant de l’état des fonds : il est évident que « des pertes sensibles seront malheureusement à déplorer » et que « l’humidité, le désordre inévitable après plusieurs années de séjour sans surveillance possible et dans des locaux mal clos depuis longtemps, ont certainement eu des conséquences regrettables pour la conservation des collections » [74]. Quant à la prétendue sécurité du dépôt de Loos, il perdra sans aucun doute ses dernières illusions dix ans plus tard lorsque l’archiviste du Pas-de-Calais lui adressera quelques pièces portant le cachet des Archives du Nord accompagnées d’une lettre relatant que ces pièces lui ont été remises par le directeur du Grand séminaire d’Arras qui les tenait lui-même « d’un résistant de Carvin, interné à Loos pendant la guerre, qui lui a dit que des papiers de ce genre ont servi alors à tous les besoins des détenus, et qu’il avait emporté ceux-ci en souvenir » [75]. Sans doute est-il préférable de ne pas savoir quels types de besoins ces archives ont pu satisfaire… Comme les autres collections entreposées à Loos, le fonds du parlement a sans aucun doute fait les frais de cet exil momentané : de nombreuses pièces de la sous-série 8B1 ont été endommagées et certains articles manquants, surtout dans la sous-série 8B1 et accessoirement dans la sous-série 8B2, ont vraisemblablement été perdus ou égarés lors du séjour à Loos. Le fonds s’est donc appauvri mais cet appauvrissement a été compensé par d’ultimes réintégrations intervenues en 1947 et 1958. Le rapport annuel de 1947, à l’article « Accroissement du dépôt », fait état d’un nouveau versement de « trois sacs de documents anciens à classer, et [de] 17 plans anciens, épaves du fonds du parlement de Flandre » provenant du greffe de la cour d’appel. Le rapport de 1959, à l’article « Réintégration », signale la remise, par le greffe du tribunal civil de Douai, d’« une forte liasse de documents, dits épaves du parlement de Flandre et de la cour d’appel ainsi que de quelques dossiers provenant de Merlin de Douai » [76]. Ces réintégrations ont permis de constituer les articles 1472 à 1554 de la sous-série 8B2 dont le caractère hétéroclite saute aux yeux : on y trouve en effet des procédures provenant du parlement mais aussi beaucoup de pièces sans rapport avec l’institution [77]. Une fois de plus le fonds n’apparaît pas vraiment comme le fonds « du parlement de Flandre » mais bien plutôt comme le fonds d’archives trouvées dans les locaux de l’ancien parlement de Flandre.

15À l’issue de ce rapide historique, le constat s’impose : faute d’état dressé à l’époque, le contenu des archives conservées dans les locaux du parlement de Flandre lorsqu’il a été supprimé en 1790 [78] est impossible à déterminer, tout comme l’origine de ces archives. Certes, il devait s’agir essentiellement d’archives du parlement mais – comme le confirment les versements effectués par la cour d’appel de Douai depuis la fin du xixe siècle – il s’y trouvait aussi assurément des archives provenant d’autres institutions et remontant parfois à une autre époque (archives du Grand Conseil de Malines, de l’Université de Douai, de la gouvernance de Douai, etc.). Par la suite, d’autres archives plus récentes se sont manifestement mêlées à ce fonds [79] qu’on appelle aujourd’hui de manière peut-être contestable le « fonds du parlement de Flandre ». Toutes ces archives ont été progressivement rapatriées de la cour d’appel de Douai aux Archives départementales dans des conditions pour le moins chaotiques, entre 1879 et 1958, et les sous-séries 8B1 et 8B2 ont été constituées davantage sur la base du critère de la date d’entrée des documents que par application de critères logiques ou archivistiques. En outre, comme nous allons le voir à présent, les circonstances ont ensuite contribué à ce que ce fonds ne fasse jamais l’objet d’un véritable classement et d’un inventaire en règle. Elles n’ont pas, non plus, permis qu’il soit doté d’instruments de recherche adaptés à une exploitation scientifique. On comprend dans ces conditions la relative désaffection dont il a fait l’objet jusqu’à présent.

II – Un fonds mal connu et difficilement exploitable

16Le classement a été une des priorités de la politique archivistique au xixe siècle : les principaux textes adoptés à l’époque ont essentiellement eu pour but d’uniformiser ce classement des archives de façon à faciliter leur mise à la disposition du public [80]. La communication aux lecteurs suppose aussi la mise au point d’instruments de recherche prenant, dans un premier temps, la forme d’inventaires. Cette double préoccupation a inspiré, au niveau national, l’action du pouvoir visant à « faire rentrer dans les dépôts départementaux » un maximum de documents afin « que les archivistes se trouvent à même de mettre la main au classement des archives départementales et de continuer, sans s’exposer à y laisser subsister des lacunes, la publication des inventaires sommaires » [81].

17S’agissant du fonds conservé dans les locaux de la cour d’appel de Douai, la recommandation formulée par l’inspecteur général de Rozière dans les années 1850 est restée lettre morte : comme nous l’avons vu, seule une partie des documents entreposés à Douai a été transférée aux Archives départementales en 1867. Pour justifier leur refus de se dessaisir du reste du fonds, les autorités de la cour d’appel ont, semble-t-il, fait valoir que son classement était programmé ; en effet, « l’un des avocats généraux avait l’intention d’entreprendre le dépouillement et le classement des archives »… Comme on pouvait s’y attendre, ce projet « demeura sans suite » [82] ; il n’en a pas moins été responsable du maintien des archives à Douai pendant quelques années (ou dizaines d’années…) supplémentaires, dans un désordre toujours aussi complet. Lorsque le garde des sceaux prend la décision de faire procéder à la translation du fonds, en 1878, il met d’ailleurs en avant la nécessité d’en « assurer la conservation et [d’en] faciliter le classement » [83]. C’est alors que l’archiviste du Nord est envoyé à Douai pour une mission qu’on pourrait qualifier de reconnaissance. Pétri de la culture du classement et de l’inventoriage [84], l’abbé Dehaisnes est horrifié par ce qu’il voit dans les locaux de la cour d’appel : « il n’existe aucun inventaire ni aucun classement pour [les archives conservées dans le grenier] » ; quant au registres et liasses entreposés au greffe, contrairement à ce que « semble croire » le garde des sceaux, ils ne sont ni inventoriés ni même classés, « ils sont tout simplement rangés ou plutôt placés dans des casiers. Il n’y a ni classement méthodique ni inventaire pour ces documents. Ils ne portent pas même un numéro d’ordre » [85]. Pour lui, la conclusion s’impose : seul le rapatriement de la totalité du fonds aux Archives départementales du Nord permettra d’effectuer un travail de classement dans des conditions optimales. L’objectif est clair et il est scandé tel un leitmotiv dans la correspondance échangée tant avec le ministère qu’avec les autorités judiciaires locales : il s’agit de réaliser « un travail de classement et d’inventaire [qui] sera rédigé immédiatement après le transfert des documents » et que seuls les services d’archives, et les professionnels qu’ils emploient, sont capables de mener à bien [86]. Pour tenter de convaincre la cour de Douai de se dessaisir des précieux documents en sa possession, l’abbé Dehaisnes n’hésite pas à monter aux créneaux et à interpeller le procureur général : le garde des sceaux n’a-t-il pas lui-même reconnu qu’« il y aura à opérer [sur les archives conservées à la cour d’appel de Douai] un long et pénible travail, qui ne pourra être fait qu’aux Archives départementales » ? Certes, « messieurs les greffiers de la cour d’appel pourraient faire ce travail de classement et d’analyse, mais le bureau des Archives départementales du Nord, dont le personnel s’occupe continuellement de classer et d’analyser et possède les connaissances paléographiques nécessaires pour ce genre de travail », parviendrait sans aucun doute « à l’opérer d’une manière plus complète et en de meilleures conditions ». Fort de cette conviction, l’archiviste du Nord prend l’engagement solennel, au cas où l’ensemble des archives lui seraient remises, d’entreprendre ce travail indispensable pour assurer pleinement la mission de communication au public :

18

« Si toutes les archives judiciaires antérieures à 1790 étaient transférées au dépôt départemental du Nord… j’en ferais après, en ce dépôt, un classement général et un inventaire complet, d’après un ordre méthodique qui permettrait de suivre dans son ensemble et dans ses détours l’histoire des diverses institutions judiciaires du Nord de la France et tout spécialement du parlement de Flandre ; les tables qui accompagneraient cet inventaire, lorsqu’il serait livré à l’impression, faciliteraient les recherches pour les membres de la magistrature, les érudits et les personnes qui auraient intérêt à consulter ces documents. Si au contraire, une partie de ces titres et papiers reste à la cour, l’inventaire des archives du Parlement ne présentera qu’un tableau incomplet de l’histoire de cette grande institution et ceux qui consulteront les tables de cet inventaire nécessairement incomplet ne pourront jamais être certains d’avoir vu tout ce qui concerne l’objet de leurs recherches ».

19Le procureur général ne s’est toutefois pas laissé convaincre : comme nous l’avons déjà signalé, en 1879 la cour n’a consenti à se séparer que de la partie du fonds la plus menacée. Ce versement incomplet a hélas eu des effets collatéraux durables sinon irrémédiables : il a provoqué le démembrement du fonds dont il a aussi empêché le classement. En effet, contrairement à ce que pensait l’inspecteur Vidier, le transfert ultérieur, au cours du xxe siècle, des pièces restées à la cour d’appel aux Archives départementales, ne permettra pas de « reconstituer des fonds démembrés par des versements antérieurs incomplets » et le fait que « les registres et la totalité des liasses » de l’ancien parlement aient enfin « trouvé asile dans les Archives départementales » ne conduira ni à en « assurer le classement » ni à l’élaboration d’un inventaire et de « moyens de consultation » [87]. Aucun classement d’ensemble du fonds n’a jamais été effectué. Tout au plus les deux sous-séries ont-elles fait l’objet d’analyses ou de répertoriages sommaires et/ou partiels opérés à la suite des divers versements. Le tragique épisode du séjour à Loos aurait pu avoir un heureux dénouement s’il avait conduit à un reclassement global du fonds mais tel n’a pas été le cas. Les documents évacués en 1939 ont fait l’objet d’un simple récolement longtemps différé : si, dans son rapport de 1948, le directeur des Archives relate la fin des opérations de rapatriement, il note aussi qu’« il reste à faire le récolement et le reclassement de tout ce qui a été ramené… » or la « situation angoissante de ses locaux » ne lui laisse guère le temps de s’atteler à cette tâche [88]. Les choses ne s’arrangent guère en 1949 : le temps que le personnel des Archives doit consacrer au conditionnement, au déménagement et à la remise en place des collections transbahutées « de la rue Saint-Bernard à la rue Jacquemars-Giélée, de la rue Jacquemars-Giélée à la rue Kuhlman, de la Faculté de Droit à la rue Kuhlman, etc… » monopolise toutes les forces vives au détriment « de la reconnaissance et du triage des nombreuses liasses de documents déclassés après l’évacuation du dépôt temporaire de Loos » et « du classement et de l’inventaire des archives qui restent en souffrance » [89]. En 1950, on commence enfin à se préoccuper du fonds du parlement, tout au moins de la sous-série 8B1 : un auxiliaire et un commis stagiaire entreprennent le « reclassement des anciennes fiches d’inventaire en vue du récolement du fonds bouleversé par les déménagements successifs depuis 1939 » [90]. À partir de là, les choses avancent : le rapport de 1951 indique que « depuis avril, le récolement et la mise en rayon des documents ont été activement menés » et qu’ils ont porté « sur les importantes séries judiciaires anciennes » dont celle du parlement de Flandre [91]. En 1962 – suite à l’installation définitive des Archives départementales dans ses locaux de la rue Saint-Bernard, inaugurés officiellement le 14 avril 1961 – les travaux de classement et d’inventoriage interrompus par la seconde guerre mondiale puis paralysés par les problèmes de locaux reprennent leur cours normal [92]. Depuis cette date plusieurs séries des Archives départementales ont effectivement été dotées de nouveaux inventaires ou de répertoires imprimés mais personne ne s’est intéressé à la série 8B.

20En l’état actuel des choses, le fonds du parlement de Flandre reste donc divisé en deux sous-séries (8B1 et 8B2) qui, comme nous l’avons vu, ont été constituées de manière parfaitement artificielle, en fonction de la date d’entrée des documents aux Archives départementales, et qui sont dotées d’instruments de travail réduits à leur plus simple expression.

21La sous-série 8B1, créée en 1879, comporte 30 881 articles (405 mètres linéaires d’archives). Elle est censée contenir des dossiers de procédure puisque les documents rapatriés à Lille à la fin du xixe siècle, provenant du grenier ou l’ancienne chapelle du Palais de justice de Douai, avaient été identifiés comme tels. En réalité, il serait plus juste de dire qu’elle contient essentiellement, mais pas exclusivement, des dossiers de procédure : on y trouve aussi [93] quelques registres ou des liasses de procès-verbaux de comparution. Il convient aussi de signaler que les dossiers ne correspondent pas tous à des procès portés devant le parlement : certains sont antérieurs à la création du conseil souverain de Tournai, d’autres sont des dossiers de juridictions inférieures et d’autres encore sont postérieurs à la disparition du parlement de Flandre.

22Le dépouillement de cette sous-série 8B1 a été assuré par Paul Denis du Péage, ancien élève de l’École des Chartes et collaborateur bénévole des Archives, au début du xxe siècle [94]. Le chartiste a analysé les dossiers entrés en 1879 et a constitué des fiches qui, dès 1913, ont été rassemblées dans 208 fascicules [95]. Son analyse, commandée par des préoccupations de généalogiste, l’a conduit à indiquer, dans le meilleur des cas, la date de l’affaire, le nom des parties et leur domicile. Ces fiches ont ensuite été utilisées pour constituer un répertoire alphabétique manuscrit de quatre gros volumes dont l’un a malheureusement disparu (lettres M. à Z). Des subventions du conseil général ont permis de saisir les fiches de manière informatique et il est donc désormais possible de consulter l’intégralité de l’inventaire de Paul Denis du Péage sur le logiciel Flora mis à la disposition des lecteurs aux Archives départementales du Nord. On notera que si ce tableau comporte effectivement 30 881 articles, à partir de la cote 30335 ces articles sont lacunaires : ils n’indiquent plus qu’un numéro de cote sans date ni nom de parties (sauf pour les cotes 30425, 30595, 30727 et 30733) ce qui laisse penser que les liasses correspondant à ces cotes n’ont encore fait l’objet d’aucune analyse. Par ailleurs, il reste des dossiers non classés (8 mètres d’archives), qui devraient être intégrés dans cette sous-série. Il faudrait également y intégrer, ou y réintégrer, les dossiers de procédure provenant du parlement de Flandre conservés dans le « Cumulus » des Archives départementales du Nord [96].

23Lorsqu’on ouvre les liasses constituées à partir des quelques 30 000 dossiers de cette sous-série, on constate que certains d’entre eux sont manquants : une partie a sans doute été véritablement perdue, une autre a vraisemblablement été reclassée sans que la personne qui a procédé à ce reclassement ait pris soin de le mentionner [97].

24La sous-série 8B2, constituée entre 1924 et 1958, à la suite de transferts du greffe de la cour d’appel, comporte 1 554 articles (110 mètres linéaires d’archives). Le contenu de cette future sous-série a été annoncé dès 1913 par l’auteur du Rapport sur les greffes qui s’est à son tour ému de l’absence d’instrument de recherche :

25

« La réintégration intéressante à envisager au département du Nord – écrit-il – serait celle de la cour d’appel de Douai qui, lors du versement opéré en 1879 aux Archives départementales n’a envoyé à Lille que les sacs à procès, se réservant les registres d’audience du conseil souverain de Tournai et ceux du parlement de Douai ainsi que les registres et les liasses des arrêts, collection riche d’environ 1 800 registres intéressant les années 1680 à 1788. Il n’y a pas de répertoire pour cette collection » [98].

26En 1924, l’inspecteur général Vidier enfonce le clou : « on chercherait en vain à consulter un registre déterminé dans la collection des mille registres du parlement. Seuls les registres criminels portent la trace d’un essai de classement » dont il démontre aussitôt qu’il s’agit d’un « essai malheureux » [99]. Par opposition à la sous-série 8B1, réunissant des procédures, la sous-série 8B2 contiendrait donc des registres mais il faut là encore nuancer l’affirmation car une rapide consultation du répertoire numérique dactylographié établi depuis les versements suffit à constater que si on trouve effectivement en 8B2 une majorité de registres, cette sous-série ne renferme cependant pas que des registres.

27Les cotes 1 à 1255 correspondent au versement de 1924, qui a effectivement permis de conduire aux Archives départementales de nombreux registres de l’ancien parlement de Flandre [100] mais aussi d’autres sources [101]. Les cotes 1256 à 1413 sont issues du versement de documents restés dans le grenier de la cour d’appel, effectué en juin 1925, et ne contiennent guère de registres du parlement [102]. Les cotes 1414 à 1471 regroupent des registres du parlement extraits de la sous-série 8B1 et réintégrés dans la sous-série 8B2 en juin 1925 [103]. Enfin, les cotes 1472 à 1554 résultent de réintégrations de 1947 et 1958 et ne renferment que quelques procédures provenant du parlement [104].

28Comme la sous-série 8B1, la sous-série 8B2 est lacunaire : certains articles manquants ont fait l’objet d’un reclassement [105], d’autres ont, semble-t-il, disparu [106]. Par ailleurs, on peut se demander si tous les registres entreposés au greffe de la cour d’appel au début du xixe siècle ont bien été versés aux Archives départementales. En effet, certains registres cités par Pillot dans son Histoire du parlement de Flandres rédigée dans les années 1840 [107], n’apparaissent pas dans le répertoire de la sous-série 8B2. Il est cependant possible qu’ils se trouvent dans cette sous-série mais qu’ils aient été mal identifiés [108].

29La sous-série 8B2 a fait l’objet d’un répertoriage sommaire. Son répertoire numérique, aujourd’hui encore simplement dactylographié, a été constitué entre 1924 et 1929 pour les cotes 1 à 1471 [109] puis complété à la suite du versement de 1947 par madame de Saint-Aubin, archiviste-adjointe, pour les cotes 1472 à 1553 [110]. Quelques trop rares articles de cette sous-série ont fait l’objet d’une analyse plus précise effectuée par les soins de Paul Denis du Péage ou de madame Beaujot. Denis du Péage, toujours guidé par ses préoccupations de généalogiste, a réalisé des index pour les arrêts étendus [111], pour une partie des arrêts criminels [112], pour les lettres patentes, les curatelles, les registres de l’audience et les provisions d’office [113]. Quant à F. Beaujot, elle a analysé et inventorié quelques-uns des documents contenus dans le versement de 1924 [114]. Et les travaux sur le fonds du parlement en sont restés là.

30Il n’y a que le provisoire qui dure. L’histoire du fonds du parlement de Flandre fournit, hélas, une magnifique illustration de ce proverbe. En septembre 1924, en guise d’introduction au récolement rapidement effectué à la suite du second grand versement, Max Bruchet – alors archiviste du département du Nord – écrivait :

31

« Le présent récolement, dressé lors du versement effectué par la cour d’appel de Douai en juillet 1924, n’a qu’un caractère provisoire et supplée momentanément à l’absence d’un répertoire qui n’a jamais été rédigé.
Le classement définitif de ce fonds ne pourra avoir lieu qu’en effectuant sa fusion avec ceux des articles (cotés 8B1) précédemment versés en 1879… » [115].

32Le provisoire s’est éternisé, le momentané s’est avéré durable, le répertoire n’est toujours pas rédigé et la fusion des deux sous-séries 8B1 et 8B2 est encore en attente. Tout reste donc à faire : il faudrait d’abord procéder à un reclassement de l’ensemble du fonds, en éliminer les pièces manifestement étrangères [116] et y incorporer ou y réincorporer des pièces qui en ont été distraites [117] ou qui n’y ont jamais été intégrées [118]. Ensuite, et ensuite seulement, la constitution d’inventaires ou de répertoires dignes de ce nom pourrait être envisagée.

33Ainsi, depuis plus d’un demi-siècle, le fonds du parlement est devenu le parent pauvre des Archives départementales du Nord : plus personne ne s’y est intéressé depuis les rapides travaux que lui ont consacrés mesdames Beaujot et de Saint-Aubin. Il faut savoir gré à madame Rosine Cleyet-Michaud – directrice des Archives du Nord de 2001 à 2012 – d’avoir repéré ce fonds d’une richesse prodigieuse et d’avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour le sortir de l’ombre. Ses multiples occupations, encore alourdies par la mise en chantier d’un nouveau bâtiment destiné à accueillir les archives du département dans de meilleures conditions, ne lui ont hélas pas permis de concrétiser son projet de reclassement du fonds. Le provisoire durera donc encore. Il reste à souhaiter que les suggestions qu’elle a formulées en 2009 en vue du classement des documents de la sous-série 8B2 soient un jour suivies d’effet : ces documents pourraient être classés en se référant aux fonctions du parlement ce qui conduirait à distinguer ceux qui se rapportent au fonctionnement de la Cour, ceux qui se rattachent à sa fonction d’enregistrement, ceux qui concernent ses fonctions judiciaires et enfin ceux provenant de sa Chancellerie [119]. Il convient toutefois de remarquer que le classement et l’analyse des registres liés aux fonctions judiciaires de la Cour exige qu’on cerne les règles de la procédure en vigueur au parlement de Flandre… Cela suppose un travail préalable dont les historiens du droit peuvent seuls s’acquitter et on ne peut qu’espérer que, dans un avenir proche, certains d’entre eux acceptent de se charger de cette délicate mission.

34Quant aux dossiers de procédure de la sous-série 8B1, le Centre d’Histoire Judiciaire a entrepris leur analyse en 2007, avec le soutien financier de l’Agence Nationale de la Recherche et en étroite collaboration avec les Archives départementales du Nord. Les dépouillements ont réservé un certain nombre de surprises (liées, on peut le répéter une fois encore, au caractère hétéroclite du fonds) et sont loin d’être terminés car la besogne est titanesque. Les analyses déjà effectuées ont cependant permis d’alimenter une base de données, ouverte au public depuis mars 2013, qui s’enrichit quotidiennement, au rythme des dépouillements [120].


Mots-clés éditeurs : parlement de Flandre, Conseil souverain de Tournai, Archives judiciaires

Mise en ligne 07/07/2015

https://doi.org/10.3917/rdn.407.0829

Notes

  • [*]
    Véronique Demars-Sion, professeur émérite de l’Université Lille 2, Centre d’Histoire Judiciaire, 1, place Déliot, 59022 Lille.
  • [1]
    Ce fonds a déjà fait l’objet de travaux remarqués, parmi lesquels on signalera la thèse de l’actuelle directrice du dépôt : M. Jean, La chambre des comptes de Lille : l’institution et les hommes (1477-1677), Paris, École des Chartes, 1992, Mémoires et travaux de l’École des Chartes, 36.
  • [2]
    Le roi a pris cet engagement dès ses premiers succès militaires : voir l’article XLIX de la Capitulation de Lille (27 août 1667) : Recueil des édits, déclarations, arrests et reglemens qui sont propres et particuliers aux Provinces du Ressort du parlement de Flandres, imprimé par l’ordre de Monseigneur le Chancelier, Douai, 1730, p. 21.
  • [3]
    Edit du Roy portant établissement du Conseil Souverain de Tournay, conformément aux capitulations : Recueil des édits…, précité, p. 9-11. Pour une analyse complète des conditions de création du conseil de Tournai et de la genèse du parlement de Flandre voir F. Souilliart, La création du conseil souverain de Tournai par l’édit d’avril 1668 : une ébauche de parlement de Flandre, communication présentée à la journée d’étude sur Les conseils souverains créés par Louis XIV organisée à Lille le 30 novembre 2012 (actes à paraître).
  • [4]
    Ce ressort n’est pas fixé par l’édit de création qui a été promulgué avant même la fin des hostilités et adopte donc une formulation assez vague : il parle « des pays… nouvellement conquis en Flandres » ou encore de la « Ville et pays de Tournésis (et des) autres villes, bailliages et châtellenies & ressort conquis… pendant la dernière campagne des Pays-Bas ». À l’origine, le conseil souverain de Tournai aura pour ressort les villes de Tournai, bien sûr, mais aussi de Lille, Douai, Orchies, Bergues, Furnes, Audenarde, Ath, Binche et Charleroi. La petitesse de ce ressort originel peut expliquer que le roi ait opté pour un conseil souverain plutôt que pour un parlement.
  • [5]
    La guerre de Hollande, entamée en 1672, s’achève par le traité de Nimègue du 17 septembre 1678. Ce traité modifie sensiblement les frontières nord du royaume de France : les villes d’Ath, Binche et Charleroi sont rendues à l’Espagne mais Louis XIV obtient en échange des places importantes comme Cassel, Bailleul, Ypres, Cambrai, Bouchain et Valenciennes qui sont incluses dans le ressort du conseil souverain dès 1679. Ce ressort sera également accru suite à la politique de rationalisation de la justice qui conduit le roi à rattacher à la cour de Tournai des villes dépendant jusque-là du parlement de Metz : Avesnes, Philippeville, Mariembourg, Landrecies et le Quesnoy par l’édit d’août 1678 puis Agimont par la déclaration du 1er décembre 1678.
  • [6]
    Une quatrième chambre sera instituée en 1704 mais elle sera supprimée dès 1713. Sa création s’explique par des préoccupations financières : en 1704, le roi a besoin d’argent pour financer la guerre de Succession d’Espagne et il voit donc surtout dans cette création l’occasion de vendre de nouveaux offices (à l’origine, les magistrats de la cour de Tournai étaient titulaires d’un brevet viager librement conféré par le roi mais le système de la vénalité des charges a été étendu au ressort par un édit de mars 1693).
  • [7]
    Voir édit de création précité : « nous réservant d’en établir le siège en telle autre ville que bon nous semblera… lorsqu’il plaira à Dieu de favoriser davantage nos armes et augmenter nos progrès dans les Pays-Bas ».
  • [8]
    À l’exception de Dunkerque, Bourbourg et Gravelines qui relèvent du conseil d’Artois et, de là, en appel au parlement de Paris : cf. Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle et bénéficiale…, éd. Panckoucke, Paris, 1775-1783, 64 vol., t. 20, p. 517, au mot Douai (article de Merlin).
  • [9]
    Comme le souligne G.-M.-L. Pillot, Histoire du parlement de Flandres, 2 t., Douai, 1849-1950, t. 1, p. 319.
  • [10]
    Pour une étude approfondie des relations entre le parlement et le pouvoir cf. F. Souilliart, Les rapports entre le parlement de Flandre et la monarchie (1667-1790) (thèse d’histoire du droit qui sera soutenue prochainement à Lille).
  • [11]
    Ce document a été retrouvé récemment par R. Decreton qui a bénévolement entrepris l’analyse du « Cumulus » des Archives départementales du Nord (sur ce Cumulus voir infra note 96) : cf. Cumulus RDC 201 n° 9.
  • [12]
    Rappelons que le dernier parlement, celui de Nancy, a été créé en 1768.
  • [13]
    Matériellement, le fonds du parlement de Flandre représente plus de 500 mètres linéaires d’archives.
  • [14]
    Compte tenu de l’extrême richesse du fonds, on est en droit de s’étonner qu’il ait fourni la matière à si peu de travaux. Aucune recherche d’ampleur ne lui a en effet été consacrée jusqu’à ce jour, si l’on excepte la thèse déjà ancienne de Pierre Dautricourt, La criminalité et la répression au parlement de Flandres au xviiie siècle (1721-1790), Lille, 1912 ; encore faut-il souligner que ce travail – dont les qualités sont indiscutables – repose sur l’exploitation des seuls registres aux arrêts criminels et ne porte que sur la période postérieure à 1721.
  • [15]
    Cette histoire peut être retracée à partir des correspondances, des notes de service et des rapports annuels des archivistes ou directeurs du dépôt des Archives départementales conservés dans les sous-série 3T et 1N (tous les documents cités dans cet article provenant des Archives départementales du Nord, nous nous contenterons d’indiquer leur cote).
  • [16]
    Le service d’archives de cette Assemblée, créé dès le 29 juillet 1789, sera baptisé « Archives nationales » par un décret du 12 septembre 1790.
  • [17]
    Principe que l’Ancien Régime a toujours ignoré.
  • [18]
    En 1803 les Archives du Nord ont été installées au Mont-de-Piété, dans l’ancien « Lombard » ; le bâtiment est « vieux, délabré, ruineux » et l’installation, en 1822, d’une école de chimie avec laboratoire au rez-de-chaussée de la bâtisse n’ira pas sans inquiéter l’archiviste Le Glay : cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, Les pérégrinations des Archives du Nord, Lille, Archives départementales du Nord, 2004, p. 4-5.
  • [19]
    François Guizot (1787-1874), historien et homme politique français, joua un rôle particulièrement important sous la monarchie de Juillet : successivement ministre de l’Intérieur (1830), de l’Instruction publique (1832-1837) et des Affaires étrangères (1840-1847), il devint président du Conseil en 1847 jusqu’à la chute de Louis-Philippe en 1848.
  • [20]
    Le nouvel espace ainsi créé permettra notamment de recevoir les archives religieuses de Cambrai. Cet hôtel est le premier dépôt d’archives construit spécialement à ces fins en France ; on ne tardera pas à s’apercevoir qu’il présente d’énormes défauts : cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 6-11.
  • [21]
    Aux termes de ce décret, cette Inspection a pour mission de contrôler les Archives départementales, communales et hospitalières et dépend du ministère de l’Intérieur.
  • [22]
    Son intervention est rappelée par l’inspecteur général Vidier dans le rapport qu’il dresse en 1924 à la suite de sa tournée dans les greffes des tribunaux du département du Nord (rapport annexé à la lettre du ministre de l’Instruction publique au garde des Sceaux du 18 mars 1924 : cf. 3T 1907, liasse 1). Sur Thomas-Louis-Marie-Eugène de Rozière (1820-1896) voir Éloge funèbre de M. Eugène de Rozière, dans les comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, année 1896, vol. 40, n° 3, p. 231-237 (séance du 19 juin 1896) et H. Wallon, Notice sur la vie et les travaux de M. Eugène de Rozière, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1898, vol. 59, n° 59, p. 758-777. De Rozière fut inspecteur général des Archives départementales de 1853 à 1881 ; spécialiste d’histoire du droit, il a assuré l’enseignement de cette matière à l’École des Chartes et au Collège de France et a également contribué à l’édition de nombreuses sources juridiques. Quand il fut nommé au poste d’inspecteur des Archives, « le service des archives n’existait qu’à l’état rudimentaire. La plupart des dépôts n’avaient pas de locaux ou des locaux insuffisants. Les archives anciennes étaient à peu près partout dans l’abandon ». De Rozière a réussi à réorganiser le service et à obtenir des conseils généraux l’attribution ou la construction de locaux. Il a aussi formé toute une génération d’archivistes « à qui, dans des inspections qui duraient souvent dix jours et plus, il traçait des cadres de classement, dont il vérifiait le travail d’inventaire, à qui enfin il apprenait le métier… ». Comme l’indique le rapport de Vidier, de Rozière s’est également déplacé, notamment à Douai, pour constater l’état des archives judiciaires auxquelles il était si attaché et tenter de les sauver.
  • [23]
    Ces édits et déclarations (imprimés) sont actuellement conservés aux Archives départementales du Nord dans la série Placards.
  • [24]
    Comme le constatera l’inspecteur général Vidier dans son rapport précité.
  • [25]
    3T 1730 : État de la situation des inventaires demandés par le ministère de l’Intérieur. Réponse à la circulaire ministérielle du 12 octobre 1869 concernant les archives anciennes des greffes des cours et tribunaux. Inspection générale. On trouve notamment sous cette cote deux lettres du 2 octobre 1869 dans lesquelles le préfet rappelle que les lois révolutionnaires – et en particulier celle « du 5 brumaire an V qui ordonna la réunion dans les chefs-lieux de département de tous les titres et papiers acquis à la République » – n’ont « pas été régulièrement exécutées ». En conséquence, il demande au préfet de faire procéder aux vérifications dans les greffes des cours et tribunaux, afin de pouvoir constater l’état de conservation des documents et procéder aux réintégrations, en l’enjoignant de « donner à M. l’archiviste du département les instructions nécessaires ».
  • [26]
    3T 209 : Réintégration. Archives de la cour d’appel de Douai antérieures à 1790, lettre du procureur général au préfet du 12 décembre 1878.
  • [27]
    Cf. infra, II.
  • [28]
    Cf. rapport de l’inspecteur général Vidier précité.
  • [29]
    3T 209 (lettre du 12 décembre 1878 précitée) : « J’ai l’honneur de vous informer que M. le Premier président et moi sommes prêts à faire remettre ces documents par M. le greffier de la Cour à la personne que vous voudrez bien désigner pour les recevoir à Douai ».
  • [30]
    Monseigneur l’abbé Chrétien César Auguste Dehaisnes (1825-1882) a été archiviste du département du Nord de 1871 à 1882 date à laquelle il a pris sa retraite pour exercer la fonction de secrétaire général puis de vice-recteur des Facultés catholiques de Lille à la création desquelles il a largement contribué. Parmi les nombreuses charges qu’il a exercées, on peut signaler qu’il a été élu en 1876 président de la Commission historique du Nord dont il était membre titulaire depuis 1871.
  • [31]
    Cette remarque confirme que la décision de verser les archives du parlement est en grande partie liée à la pénurie de locaux à la cour d’appel.
  • [32]
    3T 209, lettre de l’archiviste au préfet du 18 décembre 1878 : « Pour le transfert et l’installation de ces archives, deux dépenses seront indispensables. L’une que j’évalue à environ 150 francs, est relative au chargement, transport et au déchargement. L’autre, qui sera plus considérable, proviendra de la nécessité d’établir de nouveaux casiers dans les Archives départementales, pour y installer cette masse énorme de registres, liasses et de sacs de procès. M. l’architecte du département que j’ai consulté à ce sujet est d’avis que cette seconde dépense ne pourra être inférieure à 1 200 francs ».
  • [33]
    Id., lettre de l’archiviste au préfet du 20 décembre 1878 : « sur les observations que vous m’avez faites au sujet des 1 200 francs demandés pour l’établissement, dans le dépôt des Archives départementales, de nouveaux casiers où seraient placés les documents provenant du parlement de Flandre, j’ai examiné de nouveau les ressources que peuvent offrir les rayonnages déjà existants. Il m’a semblé qu’en mettant ces ressources à profit, autant qu’il sera possible, et en empilant les uns sur les autres les milliers de sacs à procès de l’ancien parlement, il y aurait possibilité de se contenter, actuellement, de quatre nouveaux casiers, ce qui ferait une dépense de 500 francs. Les deux dépenses demandées à l’occasion du transfert des archives antérieures à 1790 aujourd’hui conservées dans le Palais de justice de Douai seraient donc, l’une de 150 francs pour le transport, l’autre de 500 francs pour l’établissement de quatre nouveaux casiers ».
  • [34]
    Id., lettre du préfet à l’archiviste du 30 décembre 1878. Lorsqu’il présentera la demande de moyens au conseil général, le préfet ne manquera pas d’insister sur le fait qu’il a recommandé à l’archiviste « de limiter la dépense au strict nécessaire » et que cette « dépense qui, primitivement, était évaluée à 1 200 F a pu être réduite… à 650 F » ; l’argument sera repris par M. Van der Straeten, rapporteur (cf. 1N 123 : rapport du préfet et délibérations du conseil général, session d’avril 1879, p. 47 et 3T 209, Extrait des procès-verbaux des délibérations du conseil général du Nord, séance du mardi 22 avril 1879).
  • [35]
    Tout comme la formule de récépissé, le brouillon de cette lettre est conservé dans la liasse 3T 209 (il n’est pas daté mais il a nécessairement été rédigé au début de janvier 1879 car il fait référence aux ordres donnés dans la lettre du 30 décembre et propose comme date pour le transfert le 10 janvier ou l’un des vendredis qui suit). La liasse contient le brouillon d’une autre lettre également rédigée pour le préfet et destinée cette fois au ministre de l’Intérieur. Elle renferme également le brouillon de la lettre adressée par l’archiviste au procureur général le 14 février 1879. La similitude des écritures ne laisse pas planer de doute sur l’identité commune de l’auteur des diverses missives.
  • [36]
    Souligné dans la lettre.
  • [37]
    Et qui, comme nous le verrons ci-après, concernent surtout le classement et l’inventoriage des archives.
  • [38]
    Le dépouillement et l’analyse de la sous-série 8B1 actuellement en cours confirment que beaucoup de dossiers ne sont pas des dossiers du parlement : on y trouve un nombre non négligeable de procès portés au Grand Conseil de Malines et un très grand nombre de procès jugés par des juridictions inférieures. Il faut cependant nuancer la remarque de l’abbé Dehaisnes car la plupart des dossiers provenant de ces juridictions inférieures sont postérieurs à la création de la Cour ; il est donc possible et même vraisemblable que les pièces lui aient été transmises à la suite d’un appel (le dossier contient parfois aussi des pièces d’appel ou, tout au moins, mentionne l’existence d’un appel et/ou de l’envoi du sac du procès à la Cour).
  • [39]
    Même si ces archives se trouvaient dans les locaux de l’ancien parlement, elles ne sont pas toujours pour autant celles de l’institution.
  • [40]
    « Il y a douze ou quinze ans deux érudits de Douai, M. Preux et M. Brossart, commencèrent le travail d’inventaire des dossiers de procédure conservés dans le grenier et dans l’ancienne chapelle. Comme ils accomplissaient ce travail dans le greffe, ils y transportèrent les documents relativement peu nombreux dont ils firent l’inventaire. Depuis dix ans au moins que leur travail est interrompu, on a laissé ces documents dans le local du greffe ».
  • [41]
    Cf. R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 12.
  • [42]
    Si l’on en croit le rapport de l’inspecteur Vidier précité : « l’archiviste du Nord, faute de place sans doute, ne prit alors en charge et ne transféra à Lille que des dossiers de procédure entassés dans les premiers [sic : lire greniers] » (d’après ce rapport, il n’aurait même pas emporté tous les documents stockés dans les greniers de la Cour, se contentant de rapatrier à Lille les dossiers de procédure identifiés comme « provenant du parlement de Flandre »).
  • [43]
    Cf. lettre du 20 décembre 1878 précitée. Alors même qu’il s’est résigné à ne récupérer qu’une partie du fonds, Dehaisnes a dû solliciter du préfet une petite rallonge (voir 3T 209 : lettre du 6 août 1879 dans laquelle il expose qu’au départ il pensait « que deux voitures de déménagement suffiraient pour le transport » mais qu’au moment du transfert il a constaté « qu’il y avait en plusieurs locaux différents des tas énormes de papiers et de parchemins que M. le Procureur général cédait aux Archives du Nord : ils ont rempli six voitures au lieu de deux » ce qui l’a contraint à faire, « en y mettant toute l’économie possible », une avance de « 274 francs 10 centimes au dessus des 650 francs votés »).
  • [44]
    R. Cleyet-Michaud se montre très dubitative sur ce point : « je ne suis pas du tout certaine que les conditions de conservation dans l’hôtel des Archives de la rue du Pont-Neuf aient été meilleures, du moins jusqu’à la construction de l’annexe de la rue Jacquemars-Giélée en 1909, qui a permis de libérer de la place rue du Pont Neuf » : voir sa communication présentée lors des journées organisées par le Centre d’Histoire Judiciaire de Lille en janvier 2009 sur le thème Le parlement de Flandre à travers ses archives. Le texte des communications présentées à ces journées a été publié à La Revue du Nord, t. 91, n° 382, octobre-décembre 2009 ; l’intervention de R. Cleyet-Michaud, intitulée « Le fonds du Parlement de Flandre : historique de la conservation », se trouve aux pages 683-685.
  • [45]
    Comme nous l’avons déjà signalé, cette inspection dépendait initialement du ministère de l’Intérieur mais suite au décret du 21 mars 1884 elle a été rattachée au ministère de l’Instruction publique qui avait déjà sous sa responsabilité les Archives nationales et les bibliothèques. À partir de cette date, les inspecteurs ont donc pris le titre d’inspecteurs généraux des bibliothèques et des archives.
  • [46]
    Rapport précité. Sur Alexandre-Charles-Philippe Vidier (1874-1927), voir A. Rastoul, Discours prononcé aux obsèques de Vidier le 31 décembre 1927, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1927, vol. 88, n° 88, p. 380-384 : Alexandre Vidier a effectivement exercé sa fonction d’inspecteur général des bibliothèques et des Archives après la guerre 14-18 jusqu’à sa mort soit pendant environ dix ans. D’après A. Rastoul (p. 382), « C’est lui qui prit l’initiative d’entreprendre dans les greffes une immense enquête pour le versement des papiers anciens de ces dépôts négligés aux Archives départementales… Il n’est pratiquement pas de ville de France où Vidier, au cours de ces dix années, n’ait passé et repassé, prodigué les avis les plus sages (et veillé ensuite à ce qu’il en fût tenu compte), mené des négociations difficiles avec tact et fermeté, fait réaliser des progrès et corriger des abus, sauvé tout ce qui était en péril ».
  • [47]
    Après avoir rappelé que les archives occupent « trois salles situées en arrière du greffe, dans une longue galerie en bordure de la Scarpe et une 4e salle, fermée par une porte de fer, dite salle du Parlement », il fait observer que « le greffier en chef de la Cour n’a pas de cabinet ni pour travailler ni pour recevoir, et il doit se tenir derrière l’un des comptoirs de la salle commune, avec ses commis et employés » et il conclut : « L’allègement des archives, si j’ose me permettre de me placer ici à un point de vue qui ne rentre pas dans mes attributions, permettrait d’améliorer une installation aussi insuffisante ».
  • [48]
    Cf. 3T 1907. Vidier ne s’est en effet pas contenté de visiter les locaux de la cour d’appel de Douai. Il s’est rendu dans plusieurs autres tribunaux du ressort (Valenciennes, Lille, Avesnes, Dunkerque, Hazebrouck) où il a également trouvé des archives judiciaires dont il a également conseillé le versement aux Archives départementales : voir son rapport précité.
  • [49]
    Max Bruchet a été archiviste du département du Nord de juillet 1908 jusqu’à sa mort, survenue le 29 novembre 1929. Il sera remplacé, en 1930, par Pierre Piétresson de Saint-Aubin.
  • [50]
    Cf. Rapport annuel de 1925. Les registres versés en 1924 sont conservés sous les cotes 1 à 1255. Les Archives départementales recevront également en 1924 d’autres archives conservées dans les locaux de l’ancien parlement mais provenant d’autres juridictions. Ce versement permettra de constituer les sous-séries 5B (Grand Conseil de Malines), 6B (Conseil provincial du Hainaut) et 9B (Gouvernance de Douai).
  • [51]
    Ce versement de juin 1925 est à l’origine des articles 8B2/1256 à 1413. Les pièces versées à cette occasion n’ont aucun rapport direct avec le parlement ce qui, une fois de plus, démontre le caractère hétéroclite du fonds : les articles 1256 à 1286 contiennent des pièces assez variées (actes passés devant divers échevinages, extrait du registre aux actes judiciaires du conseil d’Artois, registres aux causes de la châtellenie de Bouchain, registre aux plaids de Saint-Amand, Vred, etc.) ; quant aux articles 1287 à 1413 ils sont identifiés comme provenant de l’Université de Douai.
  • [52]
    Cette anomalie n’avait pas échappé à l’inspecteur général Verdier qui dans son rapport précité soulignait, avec exemple à l’appui, que « parmi (les dossiers classés et répertoriés dans la sous-série 8B1) se sont égarés quelques registres tant le versement de 1879 a été opéré avec un soin insuffisant ». Les registres ainsi distraits de la première sous-série constituent les articles 8B2/1414 à 1471.
  • [53]
    Le séjour des archives du parlement dans un bâtiment considéré comme « inhabitable pour des prisonniers » ne leur a certainement pas été bénéfique : comme le rappellera l’archiviste du Nord dans son rapport présenté le 12 juillet 1947 (cf. II – Locaux), « le délabrement des bâtiments était inquiétant [et] leur manque de solidité empêchait d’en utiliser les étages ».
  • [54]
    Tels celui de l’officialité d’Arras ou celui du Magistrat de Cambrai : comme le rappellera l’archiviste du Nord dans une lettre adressée au directeur des Archives de France le 17 juin 1944 « les archives municipales anciennes de Cambrai avaient été détruites en presque totalité lors de l’incendie de l’Hôtel de ville en 1918 » (cf. 3T 1810, chemise « occupation », « Protection des Archives »). C’est sans aucun doute pour éviter que de telles destructions se reproduisent dans une zone proche du front et donc particulièrement exposée qu’il a été décidé de mettre les archives à l’abri.
  • [55]
    Les tensions internationales sont alors très fortes ; rappelons que la France déclarera officiellement la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.
  • [56]
    Voir rapport de 1941 (rapport pour la période allant du 6 août 1639 au 31 décembre 1940, présenté en avril 1941). Le rapport de 1943 (rapport pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 1942, présenté le 21 février 1943, I – Mesures de protection) signale que les collections conservées au château de Montauban ont été transportées en Eure-et-Loir au château des Vaux. Les documents des Archives départementales ne constituent qu’une petite partie de ce qui a été envoyé à l’automne 1939 vers l’« Asile de Bretagne » (c’est sous ce titre que sont regroupées toute une série de pièces conservées dans la boîte 3T 1809-1810). Un rapport adressé par l’archiviste du département le 21 décembre 1944, en réponse à une demande de Lord Methuen, donne une vue d’ensemble de ce qui a été ainsi mis à l’abri dans le grand-Ouest ; il distingue cinq rubriques : I – Archives départementales, II – Archives communales et hospitalières, III – Bibliothèques, IV – Musées, V – Objets d’art : cf. 3T 1810, chemise « Guerre 1940 – Divers – Archives – Rapports avec les armées alliées. Paul Ayshford Methuen (1886-1944) a été Monuments and Fine Arts officer d’août 1944 à juin 1945 et c’est en cette qualité qu’il a sollicité ce rapport sur « l’état des Archives, Bibliothèques, Musées et objets d’art du département du Nord ».
  • [57]
    Notes pour l’archiviste du Nord sur la remise en place des collections, précitées.
  • [58]
    Voir le rapport de 1941 précité, I – Mesures de protection : « Les mesures de sécurité furent complétées au dépôt principal par l’obstruction complète des portes des locaux contenant les archives empilées puis par le démontage de tous les rayonnages de l’étage supérieur, afin de réduire les risques d’incendie ».
  • [59]
    Notes pour l’archiviste du Nord…, précitées : la « masse de papiers [ainsi] entassée à Loos représente 250 tonnes, qui ont nécessité 35 voyages de camion ».
  • [60]
    Cf. Rapport de 1941 précité.
  • [61]
    3T 1810, chemise « Documents provenant de Loos retrouvés en 1958 et 1959 » : lettre adressée par P. Piétresson de Saint-Aubin au directeur de la prison de Loos le 16 mars 1959. Il convient de rappeler que l’ancienne abbaye cistercienne de Loos, déclarée bien national en 1789 et devenue maison centrale par ordonnance royale du 6 août 1817, a été construite sur un sol très humide et plus ou moins marécageux.
  • [62]
    Les rapports d’après-guerre confirment que « les documents n’ont pas souffert de leur long exil et de leurs transports successifs » : voir notamment le rapport annuel de 1946 précité, I – Retour des collections.
  • [63]
    Voir la lettre adressée le 26 septembre 1944 par l’archiviste du Nord à l’inspecteur général Léonce Celier : « la libération de Lille s’est faite de la façon la plus simple et nous n’avons pas couru de vrais dangers… depuis nous recevons de temps à autre des V1 qui tombent au hasard et qui, jusqu’ici, ont épargné notre quartier, en nous brisant seulement quelques vitres… J’ai entrepris de remettre en place les salles du premier étage des Archives, en y remontant les documents empilés dans notre salle du public…, [ces] documents n’ont pas souffert de leur empilage depuis cinq ans ; pas de trace d’humidité ni de rongeurs. Il s’agit presque exclusivement des fonds de la Chambre des comptes et des séries G et H, donc des plus précieux » (3T 1810, chemise « Occupation – protection des archives »). Comme l’indique la dernière phrase le sort des archives, en 1939, a été décidé sur la base de la valeur que leur attribuait le directeur. Les pièces jugées extrêmement précieuses ont été envoyées en Bretagne et les archives restées à Lille ont été divisées en deux lots : le premier (dont ne faisait manifestement pas partie le fonds du parlement de Flandre), considéré comme « plus précieux », est resté dans le dépôt départemental et le second a été envoyé dans les caves de Loos.
  • [64]
    Il se trouvait parmi les documents entreposés dans l’ancienne prison et l’annexe de la rue Jacquemars-Giélée qui ont été conduits à Loos au cours de l’automne 1939 (cf. rapport de 1941 précité, I- Mesures de protection). Leur provenance et leur présence à Loos est confirmée dans le rapport de 1947, II – Locaux, où l’on peut lire : « Les documents provenant de la Prison et actuellement à Loos devront nécessairement être replacés ailleurs… Ce sont diverses séries anciennes importantes… série B : Parlement de Flandre… ». La proposition de R. Cleyet-Michaud (article précité, p. 683) selon laquelle le fonds du Parlement « a fait partie des fonds évacués en 1939 partie à la prison de Loos, partie [en Bretagne] » mérite donc d’être nuancée : en réalité, si l’on excepte quelques pièces remarquables qui ont peut-être été envoyées en Bretagne, l’ensemble du fonds a été transporté à Loos.
  • [65]
    Le rapport de 1941, loc. cit., signale que la prison a été partiellement détruite en 1940 : « Le 26 mai, l’un des pavillons de la Prison a été fendu, sur toute sa hauteur, par l’explosion d’une bombe d’avion tombée sur le trottoir voisin, et ainsi rendu inutilisable ».
  • [66]
    Cf. Rapport présenté en avril 1941, précité.
  • [67]
    3T 1810, chemise « Guerre 1940 – Divers – Archives », sous-chemise « Loos – Travaux à Loos ».
  • [68]
    À partir du début de l’année 1944, Besnier a été « chargé de la surveillance du dépôt, d’accord avec la direction de la Maison centrale » : cf. 3T 1810, lettre au directeur des Archives de France du 17 juin 1944, précitée.
  • [69]
    Cf. Notes pour l’archiviste du Nord…, précitée (notes jointes à une lettre du 20 avril 1944).
  • [70]
    3T 1810, lettre du 17 juin 1944 précitée.
  • [71]
    Cf. Rapport annuel de 1946 (rapport pour la période allant du 11 octobre 1945 au 30 juin 1946, présenté le 13 juillet 1946) : I – Retour des collections.
  • [72]
    L’« angoissant » problème des locaux est rappelé de manière récurrente dans les rapports annuels de la Libération à 1952, date à laquelle le conseil général adopte enfin un projet de construction d’un nouveau dépôt sur Saint-Bernard. Ce projet n’aboutira cependant, après de multiples péripéties, qu’en 1960 : voir, outre les rapports annuels de 1945 à 1960, R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 16.
  • [73]
    Cf. Rapport annuel présenté le 13 juillet 1946, I – Retour des collections : « L’année 1946 a été marquée par le retour des collections évacuées depuis 1939 et abritées en dernier au château des Vaux… qui ont été immédiatement remises en place ». Dans une note rédigée en 1944, P. Piétresson de Saint-Aubin annonçait déjà que ces documents pourraient être remis en place sans difficultés grâce à l’existence d’« un récolement par numéros d’articles et numéros de paquets, avec concordance des rayons » : cf. 3T 1810, Notes pour l’archiviste du Nord sur la remise en place des collections (cette note, adressée à l’inspecteur général Celier, est accompagnée d’une lettre au ton très pessimiste dans laquelle l’archiviste du Nord s’inquiète de l’énorme travail que supposera le retour des archives une fois la paix revenue, « si toutefois il existe encore à cette époque des archives du Nord », et indique qu’il a rédigé cette note dans le but de faciliter le travail de son éventuel successeur, dans le cas où « ni [sa] femme ni [lui] ne [seraient] plus de ce monde, où rodent en ce moment, surtout dans notre région, tant de menaces de mort prématurée » ; ces craintes n’étaient pas fondées car P. Piétresson de Saint-Aubin restera directeur des Archives départementales du Nord jusqu’en 1965). Le récolement auquel il fait allusion est conservé sous la cote 3T 1811 : registre manuscrit des Documents évacués en 1939.
  • [74]
    Cf. Rapport de l’archiviste départemental en chef pour la période allant du 1er juillet 1947 au 30 juin 1948, I – Retour des collections.
  • [75]
    3T 1810, chemise « Documents provenant de Loos retrouvés en 1958 et 1959 » : lettre de P. Bougard, archiviste en chef du département du Pas-de-Calais du 31 juillet 1958. Le 5 août suivant, Piétresson de Saint-Aubin lui adressera une lettre de remerciement dans laquelle il déclare : « J’ai déjà reçu, de temps à autre, quelques restitutions du même genre, et j’en recevrai certainement encore. Notre dépôt de guerre des caves de Loos aurait été parfait pour six mois or il a servi six ans, et vers la fin toute surveillance y était devenue impossible » ; cette constatation ne l’empêchera pas de terminer sur une note optimiste : « Les pertes auront été relativement faibles malgré tout, si l’on considère l’énormité de la masse empilée dans ce local ». La liasse contient la correspondance échangée en mars 1959 entre le même Piétresson de Saint-Aubin et le directeur de la prison de Loos à propos de documents provenant des collections des Archives départementales retrouvés dans les locaux de la maison centrale.
  • [76]
    En réalité, le versement de 1958, à l’origine du seul article 1554, contenait, semble-t-il, uniquement des papiers de Merlin de Douai. Pour être tout à fait exhaustif, il convient de signaler que le rapport de 1950, sous la rubrique Réintégrations, mentionne que les Archives départementales ont « reçu de Maître Dautricourt, greffier en chef honoraire de la Cour d’appel, 5 pièces de parchemin, épaves de fonds judiciaires anciens conservés jadis au Palais de justice de Douai… » mais on ignore si, quand et sous quelle cote ces documents ont été enregistrés.
  • [77]
    Voir, par exemple, 8B2/1476 Mémoire juridique sur l’inoculation (vaccine), 1484 : Actes passés devant le garde du scel d’Artois, 1488 : Actes d’échevinage, 1509 : Droits des communautés d’Erre et Ascon sur les marais… (on y trouve encore des pièces comptables des Jésuites, des actes de partage de succession, des actes d’échevinage, des plans, des lettres de noblesse…).
  • [78]
    Nos recherches effectuées pour retrouver la trace d’un éventuel inventaire dressé lors de l’apposition des scellés au parlement en 1790 sont restées vaines.
  • [79]
    Ainsi s’explique la présence dans la sous-série 8B1 d’un certain nombre de pièces postérieures à la disparition du parlement. La consultation du répertoire établi par Paul Denis du Péage entre 1908 et 1914 (cf. note 94) permet de dresser une liste de 447 dossiers postérieurs à la suppression du parlement conservés dans la sous-série 8 B1 et d’en proposer une présentation succincte. Il s’agit essentiellement d’archives provenant du tribunal criminel du Nord et de pièces de procès criminels visant une majorité d’incendiaires (90), de voleurs (77) et de faussaires (21). On y trouve cependant aussi des jugements de police pour Lewarde, Douai et Walincourt, quelques pièces provenant de tribunaux civils (rôle du tribunal d’appel de Douai, tirage des causes appelées au tribunal d’appel, registres du tribunal de Cambrai, audiences du tribunal de Cambrai, nominations aux tribunaux de Cambrai, procès devant la cour impériale de Douai, justices de paix…) ainsi que des pièces éparses (lettres de grâce, états de dépens, empreintes de timbres de la Révolution à 1806, saisie de récoltes, visite du canal de la Haute-Deûle, demande de radiation de la liste des émigrés, registre des mariages de Cauroir pour l’an V…). La plupart de ces documents datent de la Révolution ou du Premier Empire mais quelques-uns sont de l’époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Un nombre non négligeable d’articles concerne Cambrai ou le Cambrésis. La plupart de ces documents (427 sur 447) sont aujourd’hui manquants (cf. infra note 97).
  • [80]
    Voir notamment la circulaire du 24 avril 1841 que nous avons déjà évoquée.
  • [81]
    3T 1730 : Lettre du ministère de l’Intérieur (division du secrétariat) au préfet du Nord du 2 octobre 1869.
  • [82]
    Cf. compte rendu de l’inspecteur Vidier de 1924 précité (3T 1907, liasse 1).
  • [83]
    Voir la lettre du procureur général au préfet du 12 décembre 1878 et le rapport de l’inspecteur Vidier de 1924 précités. Comme nous l’avons fait remarquer ci-dessus, c’était peut-être là le motif avoué d’une décision qui était en réalité essentiellement commandée par un souci de gain de place.
  • [84]
    Le classement et l’inventoriage du fonds du parlement sont chez lui une véritable obsession : dès sa lettre adressée au préfet le 18 décembre 1878, à la suite de sa première visite à Douai, il fait valoir que, grâce à leur transfert aux Archives départementales du Nord, « ces documents qui sont importants pourront être prochainement l’objet d’un premier classement qui permettra de les confier aux érudits et personnes ayant besoin de les consulter dans l’intérêt de leurs affaires privées » (3T 209).
  • [85]
    3T 209 : brouillon de lettre du 14 février 1879 au procureur général de la cour d’appel de Douai.
  • [86]
    Voir, dans la liasse 3T 209, les lettres adressées par le préfet du Nord en décembre 1878 tant au ministre qu’au procureur général près la cour d’appel de Douai (brouillons de lettres rédigées par l’archiviste pour le préfet).
  • [87]
    Cf. rapport de 1924 précité : « la preuve étant ainsi faite que ce classement, et par suite l’inventaire et les moyens de consultation, ne peuvent être obtenus que par les soins du service des Archives départementales dont c’est le rôle et la raison d’être, je n’hésite pas à proposer le transfert aux Archives départementales de l’ensemble des registres et liasses ».
  • [88]
    Rapport de 1948, I – Retour des collections et II – Locaux.
  • [89]
    Rapport de 1949, III – Classement et inventaire. Sur ces déménagements successifs liés à la multiplication des annexes voir R. Cleyet-Michaud et Cl. Wallart, op. cit., p. 12 à 15.
  • [90]
    Rapport de 1950, III – Classement et inventaire.
  • [91]
    Rapport de 1951, III – Classement et inventaire.
  • [92]
    Rapport de 1961, I – Installation du nouveau dépôt et rapport de 1962, III – Classement et inventaire.
  • [93]
    Ou on y trouvait car il y a eu des reclassements : cf. supra note 52 et infra note 103.
  • [94]
    D’après le rapport de Max Bruchet de 1911, p. 25, ce dépouillement a commencé en 1910 mais d’après le rapport de 1930 (II – Récolement, série 8B. Parlement de Flandre), il s’est fait entre 1908 et 1914. Entre 1908 et 1910 Denis du Péage a, semble-t-il, classé et inventorié les dossiers 1 à 10 000 ; en 1911, il a classé et inventorié les liasses 10 001 à 21 503 (cf. rapport de 1911, p. 25 et 53) ; en 1913, comme l’indique un rapport sur les greffes de 1913 conservé dans la liasse 3T 1731, il était arrivé à la cote 30059 et il a terminé le classement jusqu’à la cote 30881 en 1914.
  • [95]
    Cf. 3T 1731 (Rapport sur les greffes envoyé le 10 mai 1913) : « En 1879, la cour d’appel de Douai a envoyé une quantité de procédures sans aucun classement ni répertoire. Avec le concours désintéressé de M. Denis du Péage, l’archiviste du Nord a pu constituer, de 1910 à 1913, 30 059 articles dont les fiches ont été rédigées, classées par nom des parties intéressées et forment 208 fascicules reliés mis à la disposition des chercheurs. Le rapport sur les archives du Nord du mois d’août 1911 pages 25 à 36 contient l’énumération des familles et des localités intéressées par les 1 à 21 503 ».
  • [96]
    Ce Cumulus constitue une particularité des Archives départementales du Nord ; il contient un ensemble assez conséquent de documents en attente de traitement. Il a été partiellement analysé – ce qui a permis de constituer 19 268 articles contenant des pièces à rattacher aux séries B, H et G. – mais il reste 56 mètres d’archives dont madame Roselyne Decreton-Carpentier a bénévolement entrepris le dépouillement et l’analyse.
  • [97]
    Si le reclassement des articles soustraits en 1925 de la sous-série 8B1 pour constituer les articles 1414 à 1471 de la sous-série 8B2 a été signalé (cf. infra note 103), cela n’a peut-être pas été le cas lors de reclassements postérieurs : le rapprochement avec le répertoire établi par Denis du Péage montre que certains dossiers manquants sont des dossiers postérieurs à la disparition du parlement dont on peut raisonnablement penser qu’ils ont été reclassés sans que ce reclassement ait été signalé, à moins évidemment qu’ils n’aient vraiment disparu lors du séjour à Loos. Toutefois il reste encore à ce jour dans la sous-série 8B1 quelques registres ou liasses de procès-verbaux de comparution devant les conseillers rapporteurs qui devraient être intégrés dans la sous-série 8B2 et une vingtaine de dossiers datant de la Révolution ou du Premier Empire qu’il faudrait reclasser en série L ou U.
  • [98]
    3T 1731 (rapport du 10 mai 1913, précité). Ce rapport confirme les constatations de l’abbé Dehaisnes qui, dans sa lettre adressée au procureur général le 14 février 1879 (précitée), signalait la présence au greffe de toute une série de « registres et liasses » qu’il répartissait en deux catégories : « 1° Les édits et déclarations enregistrés au parlement de Flandre » (conservés aujourd’hui sous les cotes 8B2/12 à 38) et « 2° Les arrêts rendus par ce dit parlement formés de minutes et de registres des divers présidents et conseillers » (qui constituent l’essentiel de l’actuelle sous-série 8B2. Il convient de remarquer que la formulation employée par l’archiviste n’est pas très heureuse car elle laisse penser que tous ces registres contiennent des arrêts or il ne s’agit pas uniquement de registres d’arrêts, tant s’en faut ; il suffit pour s’en convaincre de se reporter à l’analyse de la sous-série 8B/2 proposée dans le Petit guide à l’intention des lecteurs intéressés par le fonds du parlement de Flandre, p. 24-44 (ce Petit guide… peut être consulté aux Archives départementales du Nord ou, par Internet, sur le Site du Centre d’Histoire Judiciaire.
  • [99]
    Cf. rapport précité.
  • [100]
    Voir 8B2/1 à 1085 : registres d’édits et déclarations, registres de réception des avocats, registres aux provisions, registres d’arrêts civils (dictums ou arrêts étendus) ou criminels, registres aux comparutions, registres aux rapports, registres aux consignations, registres aux fournissements, etc.
  • [101]
    Voir 8B2/1 086 à 1231 : ces cotes contiennent – sous une rubrique « Instances » – des documents assez variés dont des procès mais aussi des comptes, des livres de raison, de recettes, des terriers ou dénombrement de fiefs, des papiers provenant de Merlin de Douai… Les cotes 1232 à 1255 correspondent à nouveau à des documents du parlement (inventaire de procès civils portés à la troisième chambre, requêtes, rôle d’audience, conclusions…).
  • [102]
    Cf. supra note 51.
  • [103]
    Registres des amendes, aux actes de cautions, aux droits du greffe, des épices et vacations, aux distributions de procès… Le reclassement de ces registres a été signalé : le répertoire numérique de la sous-série 8B2 mentionne la nouvelle cote, la nature du registre et l’ancienne cote dans la sous-série 8B1.
  • [104]
    Voir supra p. 19 ainsi que les notes 76 et 77.
  • [105]
    Un certain nombre de pièces – dont la liste est donnée dans le Petit guide…, précité, p. 14 – ont été recotées dans la série des plans. D’autres pièces relatives aux collèges et séminaires ont également été reclassées (pièces se trouvant dans les dossiers se rapportant à l’Université de Douai rentrés sous les cotes 8B2/1287 à 1413. Ces reclassements ont été opérés par Alexis Donetzkoff).
  • [106]
    Une liste des dossiers manquants dans la sous-série 8B2 figure dans le Petit guide…, précité, p. 12-14. Ces disparitions sont peut-être liées au séjour à Loos qui est intervenu dans des conditions désastreuses que nous avons déjà décrites. Lors du rapatriement des archives à Lille, les pièces déclassées et les débris de toutes sortes ont été réunis dans 46 sacs pour constituer le « Cumulus de Loos ». Le contenu de ces sacs a été examiné en 1952-1953 : les articles facilement identifiables ont été réintégrés dans les séries déjà classées et les autres documents ont été mis de côté pour un traitement ultérieur. À ce jour, tous les documents ont été réintégrés dans les séries correspondantes sauf les documents de la série D qui sont encore en attente. Il n’y a donc plus aucun espoir de retrouver des archives provenant de la série 8B dans ce « Cumulus de Loos ».
  • [107]
    Précitée. Pillot, fils d’un juge du tribunal d’Avesnes, était lui-même conseiller à la cour d’appel de Douai. Un compte rendu de son ouvrage a été proposé par A. de Reume dans le bulletin bibliographique édité dans les Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du midi de la Belgique, 3e série, p. 144, n° 259. Pour de Reume, cette « histoire raisonnée et détaillée du parlement de Flandres » constitue « un travail sérieux et grave ; il est consciencieusement fait : l’auteur a puisé à des sources sûres et pures. Il a fouillé aux riches archives de sa compagnie ».
  • [108]
    Dire que le classement de la sous-série 8B2 effectué lors de l’élaboration du répertoire numérique dactylographié actuellement disponible aux Archives départementales du Nord est embryonnaire serait un euphémisme. Pour connaître le contenu exact de ce fonds, il faudrait impérativement procéder à une analyse systématique de tous les registres qui réserverait sans aucun doute quelques surprises.
  • [109]
    Voir 3T 1802, rapport annuel de 1930 : « II – Récolement, Série 8B. Parlement de Flandre : … Bruchet. Répertoire des documents versés par la Cour de Douai en 1924 (1 à 1413) et des résidus non classés du versement de 1879 (1414-1471) » (cette formulation ne semble pas justifiée dans la mesure où les articles 1414 à 1471 avaient été analysés par Denis du Péage en 8B1 mais ils ont été reclassés en 8B2).
  • [110]
    Cf. Rapport de 1948, III – Classement et inventaire. Comme nous l’avons déjà signalé, l’article 1554 correspond au versement de 1958 et contient des papiers de Merlin de Douai.
  • [111]
    8B2/593 à 691 entièrement dépouillés. La pratique des sentences étendues, dont on trouve la trace au Grand Conseil de Malines dès le xve siècle, s’est perpétuée au parlement de Flandre. À la différence de l’arrêt ordinaire ou dictum, qui se contente de nommer les parties et d’indiquer le dispositif de la décision, l’arrêt étendu reprend toute la procédure et les arguments contenus dans les écritures des parties avant de reproduire in extenso le dispositif de l’arrêt. Sur la pratique des arrêts étendus au parlement de Flandre voir S. Michel, « Les ‘arrêts étendus’ du parlement de Flandre : étude d’une spécificité juridique locale », Revue du Nord, t. 91, n° 382, octobre-décembre 2009, p. 745-761.
  • [112]
    Pour les registres aux arrêts criminels, Denis du Péage a procédé à un « choix » et n’a analysé que les articles 8B2/ 761, 763, 766, 767, 770 et 771 à 784. En revanche il a intégralement analysés les articles 8B2/786 à 791 (arrêts criminels, registres des rémissions).
  • [113]
    Ont été intégralement analysés : 8B2/3 à 8 (registres de l’audience), 8B2/45-46 (Lettrespatentes), 8B2/57 à 59 (Offices ministériels), 8B2/61 à 80 (Provisions), 8B2/181 à 184 (Curatelles), 8B2/185 à 193 (Testaments). Les index établis par P. Denis du Péage ont permis de constituer un inventaire par nom de parties en 2 volumes manuscrits reliés : t. 1, lettres A à L (Abancourt à La Lande Gayon), 456 p. ; t. 2, lettres L à Z (Laleau à Zuydcoote), 433 p.
  • [114]
    F. Beaujot a inventorié et analysé les articles 1206 à 1225 (6 classeurs dont 1 fascicule d’analyse et 5 fascicules de tables).
  • [115]
    Voir la page d’introduction au fonds du parlement de Douai (8B), sous-série 8B2, dans le répertoire numérique dactylographié consultable aux Archives départementales du Nord (Classeur « Cours et juridictions d’Ancien Régime »).
  • [116]
    En particulier tous les documents postérieurs à la disparition de l’institution en 1790 dont on peut être sûr qu’ils n’ont rien à faire dans ce fonds (cf. note 97). Pour les documents antérieurs à la création de l’institution, la question est plus délicate car il est impossible de savoir pourquoi ils se trouvent dans ce fonds (il est possible qu’ils y soient tombés par accident mais on peut aussi envisager qu’ils aient été produits à l’occasion de procès jugés par le parlement).
  • [117]
    Par exemple des articles perdus lors du séjour du fonds à Loos sur lesquels on parviendrait à remettre la main.
  • [118]
    Archives non encore analysées ou acquises depuis 1958. En effet, si les réintégrations se sont achevées en 1958, depuis cette date un certain nombre de pièces provenant de l’ancien parlement de Flandre ont été achetées par les Archives départementales à l’occasion de ventes publiques. Certaines ont été placées en série J, d’autres ont été identifiées comme devant être placées dans le fonds 8B mais restent encore à classer.
  • [119]
    Cf. R. Cleyet-Michaud, art. cit., p. 685.
  • [120]
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