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Article de revue

Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre

Pages 133 à 180

Notes

  • [*]
    Philippe Roger, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Lille 3, 67, rue Victor Hugo, 62300 Lens.
  • [1]
    P. Roger, « Les grèves de 1953 dans le Pas-de-Calais », Revue du Nord, t. 89, janvier-mars 2007, p. 105-138.
  • [2]
    Pour ne citer que quelques exemples : É. Dussart, « Les bannis des houillères demandent répa-ration, soixante ans après », La Voix du Nord, 21 janvier 2008, p. 36. Sur le site de la Voix du Nord « Mineurs grévistes licenciés en 1948-1952 : jugement le 18 septembre », 26 juin 2009 ; « Les mineurs grévistes licenciés en 1948-1952 déboutés, leur action persiste », 18 septembre 2009 ; « Pas de médiation pour les mineurs grévistes de 1948 », 11 février 2010.
  • [3]
    S. Curinier, « Commémorer la grève des mineurs du Nord de 1941 », communication lors de la journée d’études « La commémoration dans le Nord de la France » organisée par Philippe Roger à Villeneuve-d’Ascq dans le cadre de l’IRHiS le 13 novembre 2009.
  • [4]
    Et qui continue d’alimenter des articles militants (ce terme étant ici simplement technique et ne comportant aucun jugement de valeur). L’on peut ainsi se référer sur Internet à J.-M. Humez, « 1948, la guerre aux gueules noires », Liberté62, 25 janvier 2008 ou à P. Pirierros, « Respecter, enfin, la dignité des mineurs grévistes de 1848 (sic) », Liberté62, 24 novembre 2008.
  • [5]
    Comme le remarque D. Hémery, « Vie et mort de René Camphin (1913-1954) militant communiste, résistant, député du Pas-de-Calais », Gauheria, mai 2009, p. 62.
  • [6]
    Si je puis me permettre d’emprunter ce titre à la trilogie d’André Stil (dont le premier tome lui vaut le prix Staline 1952).
  • [7]
    É. Dejonghe, « Les Houillères à l’épreuve : 1944-1947 », Revue du Nord, t. LVII, octobre-décembre 1975, p. 643-666.
  • [8]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, avril 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [9]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, septembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [10]
    Après la nationalisation des mines, les 18 concessions du Nord et du Pas-de-Calais sont réunies en neuf groupes d’exploitation qui constituent de grandes unités techniques. Les 7 groupes du Pas-de-Calais sont Auchel, Bruay, Béthune, Lens, Liévin, Hénin-Liétard, Oignies.
  • [11]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [12]
    Il s’agit de Georges Phalempin. À son sujet, voir P. Roger, « Un préfet de la guerre froide, Georges Phalempin et la fédération communiste du Pas-de-Calais de 1947 à 1956 », Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, année 2006, p. 117-150.
  • [13]
    Renseignements généraux de Béthune, le 19 novembre 1947, objet : A/S de la grève des mineurs et ouvriers des services annexes (groupes Bruay, Auchel, Nœux-Béthune), AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [14]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [15]
    2 décembre 1947, Quatrième compte rendu des opérations de dégagement dans la partie ouest du bassin minier du Pas-de-Calais, résumé situation mardi 20 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir (suite) aussi Gendarmerie nationale, 14 décembre 1947, Brigade de Nœux-les-Mines, procès verbal : dénonciation des auteurs de dégradations au préjudice des Houillères nationales au cours de la grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [16]
    Sur 13 secrétaires confédéraux de la CGT, 5 (dont Léon Jouhaux) condamnent la grève qui leur apparaît avant tout politique. Pour les empêcher d’intervenir dans la conduite du mouvement, un comité national de grève dont ils ne sont pas membres est constitué à l’initiative de Benoît Frachon. Contrairement aux traditions de la CGT, ce comité se substitue pendant la grève aux organisations syndicales régulières. Sa constitution ne fait bien sûr que précipiter la scission syndicale.
  • [17]
    Renseignements généraux de Béthune, le 13 décembre 1947, note de renseignements n° 3972/8/10/CP, objet : réaction des mineurs du secteur devant l’ordre de reprise du travail lancé par le comité national de grève, AD Pas-de-Calais, 1W5160. Déchirer sa carte syndicale ne semble pas être une pratique exceptionnelle. En 1953, la même attitude est adoptée par des mineurs qui estiment que l’échec de leur mouvement est avant tout lié à des calculs politiques.
  • [18]
    P. Roger, « Les enjeux des élections au Conseil de la République dans le Pas-de-Calais (1946, 1948, 1952) », communication effectuée dans le cadre de la journée d’études consacrée à la Chambre haute et organisée par Jean-Marc Guislin à Villeneuve-d’Ascq dans le cadre de l’IRHiS le 20 novembre 2009.
  • [19]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [20]
    Liste des jugements au 8 décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W5160.
  • [21]
    Renseignements généraux de Béthune, le 12 décembre 1947, note de renseignements, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [22]
    Anonyme, « Armé d’un gourdin l’abbé Lorent patrouille la nuit contre les grévistes », France Dimanche, 14 décembre 1947, p. 1.
  • [23]
    Anonyme, « Aventurier et provocateur, le curé de Sains a reconstitué la Cagoule », Clarté, 21 décembre 1947, p. 1 et 2. Voir aussi, R. Roudier, « Ignoble justice », Clarté, 21 décembre 1947, p. 2 et Anonyme, « Le curé de Sains, chef de bande ! », Clarté, 4 janvier 1948, p. 1.
  • [24]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [25]
    Renseignements généraux de Lens, le 12 décembre 1947, rapport n° 2430-SP, objet : A/S travail dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [26]
    Idem.
  • [27]
    Ministère de l’Intérieur, Direction Générale de la Sûreté Nationale, Liévin, le 15 décembre 1947, Le commissaire de police à Monsieur le Directeur départemental des Services de Police à Arras, objet : manifestation communiste ayant pour but de libérer le détenu S. Pierre des locaux du Commissariat de Police de Liévin, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [28]
    Renseignements généraux d’Arras, le 12 décembre 1947, note de renseignements n° 2084/4, objet : situation au sein de la CGT après les grèves. Possibilités du Mouvement « Force Ouvrière » dans le département, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [29]
    La tension qui règne entre socialistes et communistes dans le Nord et le Pas-de-Calais, en par-ticulier dans le cadre du mouvement syndical, n’est nullement un fait nouveau. Pour une description de la situation à la veille du second conflit mondial, il est possible de se référer à deux articles d’Y. Le Maner, « Les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de l’agonie du Front Populaire à la guerre (1938-1939). La montée en puissance et les « grèves du Nord » de novembre 1938 », Revue du Nord, t. LXX, avril-juin 1988, p. 349-376 ; « Les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de l’agonie du Front Populaire à la guerre (1938-1939). Seconde partie : Forces et faiblesses du communisme à la veille de la guerre », Revue du Nord, t. LXX, juillet-septembre 1988, p. 547-568.
  • [30]
    Né en 1899, membre de la SFIO, engagé volontaire en 1918, élu adjoint au maire d’Hesdin en 1935, combattant en 1939-1940, responsable FFI du canton d’Hesdin, maire d’Hesdin de 1945 à 1947, conseiller général du canton d’Hesdin de 1945 à 1951, Abel Poulain est élu député en 1945 et 1946.
  • [31]
    Paul Sion, né en 1886, membre de la SFIO depuis 1912, ancien combattant de la première guerre mondiale, joue un rôle important dans le syndicalisme minier à partir de 1919. Conseiller municipal de Lens, élu député du Pas-de-Calais en 1936, il est détenu deux mois en 1942 par les autorités allemandes. Vice-président du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais de 1944 à la scission, il est réélu député en 1945 et 1946.
  • [32]
    Camille Delabre, né en 1906, joue déjà un rôle assez important dans la fédération socialiste avant la seconde guerre mondiale. Résistant dès 1940, il est déporté en Allemagne. En 1945, il retrouve son influence. En charge de l’hebdomadaire de la fédération du Pas-de-Calais (L’Espoir), il est aussi maire de Courrières. C’est un anticommuniste résolu, qui dénonce dès novembre 1945 les tentatives de noyautage de la SFIO par le parti communiste.
  • [33]
    Renseignements généraux d’Arras, le 14 décembre 1947, note de renseignements n° 2087/5, objet : opinion des militants communistes après les récents conflits sociaux, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [34]
    J.-F. Albrecht, Le mouvement ouvrier dans la région de Bruay-en-Artois, 1944-1953, mémoire de maîtrise effectué sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Université de Lille 3, 2003.
  • [35]
    Renseignements généraux de Lens, le 17 février 1948, note de renseignements n° 270-SP, élec-tion de délégués mineurs du fond, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [36]
    Le 3 mars 1948, les Renseignements généraux de Boulogne-sur-Mer communiquent vers 17 h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [37]
    Au sens sismique de ce terme.
  • [38]
    La signification du sigle est par la suite modifiée. La CCPM devient alors la Coopérative Centrale du Pays minier.
  • [39]
    A. Démarez, « La CCPM 38 ans au service des mineurs et de leur syndicat », Gauheria, juin 2010, p. 64-70. L’auteur de cet article ne cache pas ses convictions politiques et syndicales, mais il pose les principaux jalons de l’histoire de la CCPM.
  • [40]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [41]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [42]
    Sur les coupures d’eau et d’électricité dans le bassin minier, voir Renseignements généraux de Lens, le 18 octobre 1948, note de renseignements n° 1886-SP, objet : A/S situation dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; Renseignements généraux Arras, 18 octobre 1948, 12 h 15, Commissaire Renseignements généraux à Directeur Renseignements généraux Paris, télégramme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; télégramme Commissaire Renseignements généraux Arras, le 18 octobre 1948 à 22 h à Directeur Renseignements généraux, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [43]
    Rapport sur la grève des mineurs de Camille Delabre in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », Communisme, 1994, nos 35-37, p. 55.
  • [44]
    A. Viseux, Mineur de fond, Paris, Plon, 1991, p. 394.
  • [45]
    Arras, le 22 octobre 1948, message passé par la direction des Renseignements généraux (5e section, M. Tanguy) par téléphone à 14 h 45, objets : incidents grèves mines Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [46]
    Renseignements généraux Arras, le 19 octobre 1948, 22 h 30, Commissaire Renseignements généraux Arras, objet : situation dans mines du Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [47]
    L’utilisation de clairons pour rassembler les grévistes est mentionnée à plusieurs reprises en 1947 et 1948.
  • [48]
    Anonyme, « À Verquin, unis et résolus, les Mineurs ont chassé la police du 8 de Nœux », Liberté, mercredi 20 octobre 1948, p. 1.
  • [49]
    Renseignements généraux de Lens, le 14 octobre 1948, note de renseignements n° 1856-SB, objet : A/S réunion publique et contradictoire organisée par la CGT à Wingles, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [50]
    A. Viseux, op. cit., p. 399.
  • [51]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 octobre 1948 à 23 h 45, commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [52]
    Gaston Coquel, né en 1901, membre du parti communiste depuis la scission de Tours, est pen-dant l’entre-deux-guerres, un militant politique et syndical. Il prend une part très importante aux grèves de 1936 dans le Pas-de-Calais. Dès son retour de captivité, il reprend ses activités au sein de la fédération communiste et de l’Union départementale CGT dont il apparaît comme l’un des leaders. Au sujet de Gaston Coquel, voir P. Roger, « Une conséquence de l’affaire Lecœur dans le Pas-de-Calais : la curieuse élection partielle de mai 1954 », Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, Année 2008, p. 95-111.
  • [53]
    Renseignements généraux d’Arras, télégramme, à Direction des Renseignements généraux de Paris, le 22 octobre 1948, 1 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [54]
    A. Palle, « situation insurrectionnelle », La Voix du Nord, 22 octobre 1948, p. 1 et 4.
  • [55]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [56]
    Sous-préfecture de Boulogne-sur-Mer, le 30 novembre 1948, cabinet du sous-préfet, Cab/4578/48.E.S/Y.P., le sous-préfet de Boulogne-sur-Mer à Monsieur le préfet du Pas-de-Calais, Cabinet, rapport mensuel d’information, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [57]
    Renseignements généraux de Béthune, le 10 novembre 1948, note de renseignements n° 2865/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur, le 10 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [58]
    Renseignements généraux de Béthune, le 17 novembre 1948, note de renseignements n° 2844/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 17 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [59]
    Renseignements généraux de Béthune, le 20 novembre 1948, note de renseignements n° 2876/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 20 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [60]
    Renseignements généraux d’Arras, le 22 novembre 1948, note de renseignements n° 1718/2, objet : les dirigeants de la Fédération régionale des mineurs et la situation dans le bassin, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [61]
    Renseignements généraux de Béthune, le 25 novembre 1948, note de renseignements n° 2911/6, objet : A/S situation dans les mines le 25 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [62]
    Renseignements généraux de Béthune, le 27 novembre 1948, note de renseignements n° 2925/13/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 27 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [63]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de janvier 1949, AD Pas-de-Calais, 1W 8146.
  • [64]
    Renseignements généraux de Béthune, le 25 mai 1949, note de renseignements n° 1380/8/CP, objet : A/S du malaise qui règne au sein de la main-d’œuvre du sous-sol du secteur, AD Pas-de-Calais, 1W 815.
  • [65]
    Ibid.
  • [66]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de jan-vier 1949, AD Pas-de-Calais, 1W8146.
  • [67]
    P. Roger, « L’opinion publique dans le Pas-de-Calais pendant la crise de 1958 (du début de l’année 1958 au mois d’août) » in P. Roger, Le Nord-Pas-de-Calais en 1958, Villeneuve-d’Ascq, CEGES, 2009, p. 183 et 184.
  • [68]
    P. Roger, « Les enjeux départementaux des questions de politique nationale et internationale, l’exemple des débats du conseil général du Pas-de-Calais », article disponible sur le site Halshs, archives ouvertes, du CNRS, p. 4.
  • [69]
    Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Pas-de-Calais, séance du 13 mai 1949, Arras, Imprimerie Centrale de l’Artois, 1949, p. 50.
  • [70]
    Ibid.
  • [71]
    Ibid., p. 51.
  • [72]
    Émile Vanrullen, né en 1903, a été élu conseiller général du canton de Châlons-sur-Marne en 1937. Combattant en 1939-1940, muté au lycée de Béthune, ses positions très anticommunistes contribuent à son succès lors des élections cantonales de 1945. Il est aussi élu conseiller de la république en 1946.
  • [73]
    Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Pas-de-Calais, op. cit., p. 51-54. Il n’y a plus qu’un seul élu communiste au conseil général du Pas-de-Calais après les élections de mars 1949.
  • [74]
    P. Roger, « Une entrée en guerre froide : les élections cantonales de 1949 dans le Pas-de-Calais », Revue du Nord, t. 84, Janvier-Mars 2002, p. 119.
  • [75]
    Renseignements généraux de Lens, le 6 décembre 1949, note de renseignements n° 2384-SP, objet : réunion publique et contradictoire organisée par le parti socialiste SFIO à Sallaumines, AD Pas-de-Calais, 1W 5193 ; P. Roger, « La guerre froide en Gohelle, l’élection partielle de décembre 1949 dans le canton de Lens », Gauheria, septembre 2010, p. 61-68.
  • [76]
    J. Moch, Une si longue vie, Paris, Robert Laffont, 1976, p. 273.
  • [77]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, mois de novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [78]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [79]
    Rapport spécial sur les grèves des mois de novembre et décembre 1947, « secret », AD Pas-de-Calais, 1W 5160. En décembre 1947, Jules Moch envoie à tous les préfets un questionnaire dans lequel il leur demande de traiter une cinquantaine de questions : grèves, manifestations de rues, mesures à prévoir, attitude des autorités départementales, etc. Ce questionnaire est reproduit en annexe par Jules Moch dans Une si longue vie, p. 629-631.
  • [80]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [81]
    Télégramme du préfet du Pas-de-Calais à Ministre Intérieur (Cabinet), le 21 novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [82]
    Le commissaire de police chef du service des renseignements généraux, Principaux meetings et manifestations de rues ayant eu lieu pendant les grèves dans le département du PDC, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [83]
    Gendarmerie nationale, 2e légion, Compagnie du Pas-de-Calais, n° 1406/2, Arras, décembre 1947, le chef d’escadron Roux, Commandant la compagnie de Gendarmerie du Pas-de-Calais à monsieur le préfet du Pas-de-Calais à Arras, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Même lorsqu’elles ne sont pas communistes, un certain nombre de municipalités apportent une aide matérielle aux grévistes ou, du moins, à leurs familles. Il est possible de citer l’exemple de Lens, dont le maire (le docteur Schaffner) est socialiste. « Après un large débat, auquel ont participé les représentants des différentes fractions politiques », le conseil municipal vote une subvention d’un million de francs pour les enfants des familles qui se retrouvent dans le besoin. Un adjoint au maire, un conseiller municipal, ainsi que des représentants de la CFTC et de la CGT sont désignés pour appliquer cette décision. Registre des délibérations, le 5 décembre 1947, Archives municipales de Lens.
  • [84]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, mois de mars 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [85]
    É. Kocher-MARBŒUF, « Le maintien de l’ordre public lors des grèves de 1947 », in S. Berstein et P. Milza (dir.), L’année 1947, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2000, p. 376-379.
  • [86]
    R. Pannequin, Adieu camarades, Paris, Le Sagittaire, 1977, p. 87 et 88.
  • [87]
    Préfecture du Pas-de-Calais, le préfet, Arras, le 28 novembre 1947, Mémento pour la réunion de ce jour à Lille, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [88]
    M. Agulhon et F. Barrat, CRS à Marseille, « La police au service du peuple », Paris, Armand Colin, 1971, 228 p.
  • [89]
    Lens, le maire à Monsieur le colonel commandant la place d’armes Grands Bureaux. Le 19 novembre 1948, Cantonnement de l’armée française à Lens pour l’année 1948, Archives munici-pales de Lens, 3W 10.
  • [90]
    Documents divers regroupés aux Archives municipales de Lens sous la cote 3W10, Cantonnement de l’armée française à Lens pour l’année 1948.
  • [91]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [92]
    P. Roger, « Les grèves de 1953 dans le Pas-de-Calais », op. cit., p. 111.
  • [93]
    Dossier de Georges Phalempin, Archives nationales, n° 019920178,0000000016.
  • [94]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 30 octobre 1948, Renseignements généraux de Lens, 21 h 20, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Roger Pannequin exprime toujours à peu près la même opinion sur le préfet Phalempin dans ses mémoires.
  • [95]
    Renseignements généraux de Béthune, note de renseignements n° 77°/CP/6, objet : réunion syndicale CGT à Nœux-les-Mines en vue des prochaines élections des délégués mineurs, AD Pas-de-Calais, 1W 815.
  • [96]
    G. Deregnaucourt, « Roger Pannequin dit « Commandant Marc » », Gauheria, août 2002, p. 42.
  • [97]
    R. Pannequin, op. cit., p. 107.
  • [98]
    R. Pannequin, op. cit., p. 89 et 90.
  • [99]
    M.P., « Prisonniers à la fosse 5 de Loos-en-Gohelle, les deux CRS ont été libérés », La Voix du Nord, 6 décembre 1947, p. 1.
  • [100]
    R. Pannequin, op. cit., p. 91-94. Voir également : [illisible] décembre 1947, Message du capi-taine commandant la 31e CRS, objet : disparition d’un brigadier et d’un gardien de CRS, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [101]
    Tribune des Mineurs, 18, 19 et 20 novembre 1948, Clarté, 19 novembre 1948, Liberté, 19 novembre 1948.
  • [102]
    Gaston Dassonville, né en 1893, ancien combattant de la première guerre mondiale, résistant très actif dans le cadre du mouvement « Voix du Nord » est député communiste du Pas-de-Calais depuis 1945.
  • [103]
    Préfecture du Pas-de-Calais, Arras, le 25 janvier 1949, Cabinet du préfet, le préfet du Pas-de-Calais à Monsieur le ministre de l’Intérieur, GG/JP, objet : interpellation de M. Dassonville, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [104]
    Augustin Viseux, né en 1909, est d’abord porion puis ingénieur à partir de 1947.
  • [105]
    A. Viseux, op. cit., p. 381 et 382, 398 et 399.
  • [106]
    V. Viet, « La politique de l’immigration entre main-d’œuvre et population », in S. Berstein et P. Milza, L’année 1947, op. cit., p. 471 et 472.
  • [107]
    Roger Pannequin évoque cependant leur participation active « vêtus encore des capotes vert-de-gris que la Wehrmacht leur avait laissées ». R. Pannequin, op. cit., p. 90.
  • [108]
    Renseignements généraux de Béthune, le 12 décembre 1947, note de renseignements, objet : A/S d’incidents à Sains-en-Gohelle pendant la grève des mineurs, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [109]
    Le 17 décembre 1947, le préfet du Pas-de-Calais à Monsieur le ministre de l’Intérieur (Direction des étrangers-2e bureau), référence RP/JP, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [110]
    République française, Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Carvin, le 1er décembre 1947, le commissaire de police de Carvin à M. le sous-préfet de Béthune, objet : incidents de grève à la fosse 5 de Libercourt, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir aussi, Préfecture du Pas-de-Calais, Cabinet, 1er décembre 1947, à Ministre Industrie et Commerce, situation à midi des opérations de dégagement en cours depuis ce matin dans partie ouest bassin minier, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [111]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, décembre 1946, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [112]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 mai 1948, note de renseignements n° 822/2, objet : A/S de la main-d’œuvre nord-africaine, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [113]
    Rapport spécial sur les grèves des mois de novembre-décembre 1947, « Secret », AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [114]
    Préfecture du Pas-de-Calais, rapport mensuel, mars 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [115]
    Action de la justice dans le Pas-de-Calais du début de la grève des mineurs du Pas-de-Calais jusqu’au 30 novembre au soir, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [116]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [117]
    Préfecture du Pas-de-Calais, le 29 octobre 1948, Gendarmerie de Béthune, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [118]
    O. Paillet, « Auchel un acte d’accusation : un témoignage sur la sauvage agression des mineurs du puits n° 7 d’Auchel », Clarté, 14 novembre 1948, p. 3.
  • [119]
    ANONYME, « Loos-en-Gohelle, Radio-Bobards », Clarté, 21 décembre 1947, p. 4.
  • [120]
    Renseignements généraux d’Arras, le 19 octobre 1948, 22 h 30, Commissaire Renseignements généraux d’Arras, objet : situation dans mines du Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [121]
    Cette question du parc de camions des Houillères nationales est mentionnée par J. Moch, op. cit., p. 276.
  • [122]
    Télégramme Renseignements généraux Arras à Direction Renseignements généraux Paris, 9 octobre 1948, 2 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir aussi : Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message Renseignements généraux de Lens, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Le terme de rouffion, extrêmement courant en 1947 et 1948, a complètement disparu en 1953, contrairement au paradoxal fainéant.
  • [123]
    Renseignements généraux de Béthune, le 15 octobre 1948, note de renseignements n° 2613/6/CP, objet : réunion d’information CGT à Beuvry, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [124]
    Florent Lampin, né à Liévin en 1902, anime dès les années 1920 les sections socialiste et syn-dicale de cette ville. Secrétaire de la fédération départementale du syndicat CGT des mineurs du Pas-de-Calais, c’est l’un des signataires de la proclamation d’août 1939 qui exclut les communistes de la CGT. Il devient à la Libération secrétaire du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais. En désaccord avec la nouvelle orientation de la CGT, il participe en 1948 à la création de la CGT-FO dont il devient le secrétaire général pour le Pas-de-Calais. Un exemple montre l’acuité des tensions entre forces politiques et syndicales en 1948. Lors des funérailles des victimes de la catastrophe survenue à Avion le 10 septembre 1948, les organisateurs communistes acceptent la présence de la CFTC, mais refusent que Florent Lampin prononce son allocution.
  • [125]
    Noël Sinot est le fondateur du syndicat FO des mineurs du Pas-de-Calais.
  • [126]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message Renseignements généraux de Lens, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [127]
    Le cri de « Schuman, Moch au poteau » apparaît aussi lors d’une manifestation cégétiste à Boulogne-sur-Mer le 3 mars 1948. Voir : Le 3 mars 1948, Renseignements généraux de Boulogne-sur-Mer communiquent vers 17h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [128]
    Gendarmerie d’Arras communique le 26 octobre 1948 à 16 h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir aussi Direction générale de la Sûreté nationale, messages, le 1er novembre 1948, Renseignements généraux de Béthune, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 et Gendarmerie d’Arras, 21 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [129]
    A. Viseux, op. cit., p. 398. Voir aussi, B.P., « La concession de Oignies sous la botte… C.R.S. », Liberté, 3 novembre 1948, p. 3.
  • [130]
    Activité de la presse et de la radio, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [131]
    G. Lecointe, « Face aux aboyeurs et aux traîtres », Clarté, 30 novembre 1947, p. 1 et 2.
  • [132]
    R. Camphin, « Les travailleurs auront la victoire », Clarté, 30 novembre 1947, p. 1 et 2.
  • [133]
    Ibid.
  • [134]
    Anonyme, « Sur les traces des « Rouffions » d’hier, la direction fédérale SFIO tente de tor-piller la grève et insulte les mineurs », Clarté, 30 novembre 1947, p. 2.
  • [135]
    J. Legrand, « Basly-Lamendin-Évrard », Clarté, 14 novembre 1948, p. 1.
  • [136]
    Alfred Peugnet, maire de Carvin à partir de 1948, semble avoir été l’objet d’une détestation particulièrement marquée, même pour un socialiste, de la part des communistes.
  • [137]
    ANONYME, « Les mineurs de 1948 sont dignes de leurs anciens. Le parti communiste français fidèle aux traditions des pionniers du socialisme », Clarté, 7 novembre 1948. Au sujet de la catastrophe de Courrières, il est possible de se référer à D. Varaschin et L. Laloux (ed.), 10 mars 1906, Courrières, aux risques de l’histoire, Vincennes, Groupe de recherche en histoire de l’énergie, 2006, 591 p. Ludovic Laloux est aussi l’auteur d’une communication intitulée « la commémoration de la catastrophe de Courrières (1906) », effectuée lors de la journée d’études « La commémoration dans le Nord de la France » organisée par Philippe Roger dans le cadre de l’IRHiS le 13 novembre 2009.
  • [138]
    G. Lecointe, « Face aux aboyeurs et aux traîtres », op. cit., p. 1 et 2.
  • [139]
    Ibid.
  • [140]
    Benoît Broutchoux, militant anarchiste très actif à Lens à la Belle Époque, est célébré jusqu’à nos jours par certains milieux libertaires, mais a inspiré une méfiance, voire une antipathie, durable aux communistes comme aux socialistes.
  • [141]
    Anonyme, « Sur les traces des « Rouffions » d’hier la direction fédérale SFIO tente de tor-piller la grève et insulte les mineurs », op. cit., p. 2.
  • [142]
    La section du PCF d’Angres, « Ils se sont démasqués les traîtres », Clarté, 4 janvier 1948, p. 3.
  • [143]
    B.P. « La concession de Oignies sous la botte… CRS », Liberté, op. cit., p. 3.
  • [144]
    Caricature en première page de Clarté, 31 octobre 1948. Voir aussi une autre caricature en première page de Clarté le 7 novembre 1948.
  • [145]
    Caricature de Jules Moch en première page de Clarté, 14 novembre 1948.
  • [146]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école. Arrestation de G. Dassonville, député communiste que l’indignation de la population du Pas-de-Calais fait libérer », Liberté, 13 novembre 1948, p. 1.
  • [147]
    Anonyme, « Comme les SS », Clarté, 7 novembre 1948, p. 2.
  • [148]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école… », op. cit., p. 1.
  • [149]
    Anonyme, « Pire que les Boches », Liberté, 13 novembre 1948, p. 1. Voir aussi : Anonyme, « Pire que les Boches », Clarté, 28 novembre 1948, p. 1.
  • [150]
    Le 30 octobre, L’Humanité publie un poème d’Aragon : « Les compagnons d’alors dans le printemps des Flandres Vous souvient-il combien votre amour fut joué Vous pleuriez dans vos chars de ne pouvoir défendre la frontière trouée Il paraît qu’aujourd’hui nous avons assez d’armes Pour tenir dans Carvin victorieusement Et que nos yeux n’ont plus à s’embuer de larmes comme aux jours allemands. »
  • [151]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école… », op. cit., p. 1.
  • [152]
    Anonyme, « Dans Bruay occupé », Clarté, 14 novembre 1948, p. 3.
  • [153]
    Anonyme, « Pire que les Boches », Clarté, 28 novembre 1948, p. 1 et 4.
  • [154]
    Henri Martel, né en 1889, député du Nord de 1936 à 1940, exerce de nombreux mandats poli-tiques dans le département du Nord à partir de 1945. Mais son activité syndicale est également très importante : en 1947, il est à la tête du syndicat CGT des mineurs du Nord.
  • [155]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 22 novembre 1947, message : objet : réunion de mineurs grévistes à Bully-les-Mines,AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [156]
    Renseignements généraux d’Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, le 8 décembre 1947 à 19 h, objet : réunions et manifestations de ce jour, AD Pas-de-Calais, 1W 5166.
  • [157]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 22 novembre 1947, message, objet : réunion de mineurs grévistes à Bully-les-Mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [158]
    Rapport sur la grève des mineurs de Camille Delabre in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », op. cit., p. 52.
  • [159]
    Anonyme, « Lens, les yeux sont ouverts », Clarté, 7 novembre 1948, p. 2.
  • [160]
    B.P., « La concession de Oignies sous la botte CRS », op. cit., p. 3.
  • [161]
    Anonyme, « Le Gouvernement poursuit ses grandes manœuvres de guerre contre les tra-vailleurs de France 6 puits du Pas-de-Calais ont été attaqués et pris par les blindés », Liberté, 29 octobre 1948, p. 1.
  • [162]
    ANONYME, « À Liévin, les mineurs résistent héroïquement pendant 7 heures à un assaut furieux. Les blindés CRS ouvrent le feu et blessent plusieurs grévistes. Les CRS seront impuissants à protéger les quelques jaunes de la colère des travailleurs », Liberté, 3 novembre 1948, p. 1 et 4. Voir aussi A. COPIN, « Les mineurs de Carvin résistent courageusement à 2 000 CRS soutenus par des blindés », Liberté, 30 octobre 1948, p. 1 et 4.
  • [163]
    A. Lecœur, Le partisan, Paris, Flammarion, 1963, p. 238.
  • [164]
    « La Fédération du sous-sol invite les 100 000 mineurs en grève à reprendre le travail lundi. Après avoir souligné les premiers résultats de la grève, la Fédération appelle les mineurs à continuer leur action sous de nouvelles formes », Liberté, 28 novembre 1948, p. 1.
  • [165]
    Ibid.
  • [166]
    Pour une interprétation visant à disculper les grévistes (et qui n’est d’ailleurs pas totalement convaincante), voir A. Barré (et alii), Cheminots et chemins de fer en Nord-Pas-de-Calais, Identités régionales et professionnelles, 1830-2030, Paris, La vie du Rail, 2004, p. 100.
  • [167]
    Arras, le 18 décembre 1947, le Commissaire de Police, chef des Renseignements généraux, sabotages-actes de malveillance commis pendant la grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [168]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [169]
    Renseignements généraux de Lens, le 18 octobre 1948, rapport n° 1886-SP, objet : situation dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; Renseignements généraux d’Arras, le 18 octobre 1948 à 12h15, le Commissaire Renseignements généraux d’Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, télégramme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [170]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 octobre 1948 à 23 h 45, Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [171]
    A. Lecœur, op. cit., p. 238.
  • [172]
    2 novembre 1948, sans référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [173]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 3 novembre 1948, objet : situation mines Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [174]
    Dourges, le 5 novembre 1948 à 10h 50, sans référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [175]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 9 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [176]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 9 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [177]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 12 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [178]
    12 novembre 1948 à 8h 45, Marles-les-Mines communique (sans autre référence), AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [179]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 14 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [180]
    Renseignements généraux de Béthune, le 17 novembre 1948, note de renseignements n° 2844/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 17 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [181]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 14 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [182]
    Renseignements généraux de Béthune, note de renseignements n° 2917/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 26 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2. Le carbolux est un coke de synthèse fabriqué des années trente aux années soixante par les usines de Gosnay.
  • [183]
    Avion, 14 octobre 1948, lettre anonyme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [184]
    É. Decarcique, « La Résistance à Liévin », Gauheria, juin 1991, p. 59-68.
  • [185]
    Par exemple à Noyelles-sous-Lens ou à Sallaumines. Groupe d’Hénin-Liétard, le 1er décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [186]
    Renseignements généraux d’Arras, le 28 octobre 1948, 23 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [187]
    Gendarmerie de Béthune, le 29 octobre 1948, 14 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [188]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, message, le 29 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [189]
    Renseignements généraux d’Arras, le 2 novembre 1948, 13 h 35 à Monsieur le directeur des Renseignements généraux, Paris. Objet : situation mines Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [190]
    Rapport du lieutenant-colonel Raulet commandant des forces de l’ordre du secteur T sur les arrestations opérées dans la journée du 2 novembre 1948, n° 46/4D, PC Liévin, le 2-11-1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [191]
    Direction générale de la Sûreté nationale, message, Arras, le 29 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [192]
    Direction générale de la Sûreté nationale, message, Arras, le 30 octobre 1948, Renseignements généraux de Lens, 11 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [193]
    Renseignements généraux de Béthune, le 1er novembre 1948, messages, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [194]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 30 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [195]
    Télégramme Renseignements généraux Arras à direction Renseignements généraux, Paris, 9 octobre 1948, 2 h du matin, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [196]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 3 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [197]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 5 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [198]
    Renseignements généraux de Béthune, le 10 novembre 1948, note de renseignements n° 2805/6/CP, objet : situation des mines dans le secteur, le 10 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [199]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 16 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [200]
    Renseignements généraux d’Arras, le 22 novembre 1948, note de renseignements n° 1718/2, objet : les dirigeants de la Fédération régionale des mineurs et la situation dans le bassin, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [201]
    C’est-à-dire un non-gréviste.
  • [202]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, n° 428, procès-verbal, le 13 décembre 1947, plainte de M. M., Auguste, mineur à Vermelles, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [203]
    Renseignements généraux d’Arras, le 8 décembre 1947, 19 h à Directeur Renseignements généraux Paris, objet : réunions et manifestations de ce jour, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [204]
    Le commissariat de Barlin communique le 29 novembre 1947 à 18 h 45, meeting CGT à Barlin, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [205]
    A. Viseux, op. cit., p. 390 et 391.
  • [206]
    Renseignements généraux d’Arras, le 13 octobre 1948 à 22 h, à directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir également : Renseignements généraux de Lens, le 14 octobre 1948, note de renseignements n° 1856-SB, objet : A/S réunion publique et contradictoire organisée par la CGT à Wingles, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [207]
    Commandant Gendarmerie Arras à préfet Arras, n° 2300, 5/11/48, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [208]
    Gendarmerie d’Arras communique le 30 octobre 1948 à 10 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [209]
    Parmi beaucoup d’exemples, A. Viseux, op. cit., p. 393.
  • [210]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 3 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [211]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 6 novembre 1948, Messages, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [212]
    Gendarmerie d’Arras communique le 31 octobre 1948 à 10h30,AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [213]
    8 novembre 1948 à 14 h 30, Wingles, sans autre référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [214]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 4 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [215]
    Rapport de Camille Delabre sur la grève des mineurs in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », Communisme, op. cit., p. 51.
  • [216]
    Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, 1er décembre 1947, 22 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir aussi Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, le 6/12/1947 à 16h 30, objet : situation des conflits sociaux, ce jour, dans le Pas-de-Calais, 1W 5 160 ; Renseignements généraux d’Arras à directeur Renseignements généraux Paris, le 6/12/1947 à 20 h, objet : A/S des mouvements de grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [217]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 8 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [218]
    8 novembre 1948, Hénin-Liétard communique à 8h 55, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [219]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 16 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [220]
    Renseignements généraux de Saint-Omer, le 12 août 1948, note de renseignements n° 1566/1, objet : audience du 11/8/1948 de la cour d’assises, affaire de pillage d’un magasin au cours des grèves de décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [221]
    S. Sirot, La grève en France, une histoire sociale (xixe-xxe siècle), Paris, Odile Jacob, 2002, p. 27-31 et 163-165.
  • [222]
    La brutalisation est un concept forgé par l’historien Georges L. Mosse. L’extrême violence générée par la première guerre mondiale aurait entraîné, pendant l’entre-deux-guerres, un durcissement considérable de la vie politique et sociale, en particulier en Allemagne et en Italie. Voir Georges L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette, 1999, 291 p.
  • [223]
    A. Viseux, op. cit., p. 394.

1L’importance des grandes vagues de grève est l’un des traits caractéristiques de l’histoire sociale française. Certaines d’entre elles peuvent tomber dans l’oubli : qui, en-dehors des historiens, se souvient des grèves de 1953 ? [1] Ce n’est certainement pas le cas du double conflit de 1947 et 1948 (il est sans doute quelque peu artificiel de séparer ces deux mouvements, d’où le choix qui a été fait ici de les traiter ensemble) dont les conséquences sont encore, plus de soixante ans après les faits, évoquées par la presse [2]. Mais l’image de ces deux conflits est particulièrement complexe. Si le souvenir, forcément simplificateur, a pu donner aux grèves de 1936, qui ont été couronnées de succès, une allure à la fois épique et festive, si la dimension patriotique de la grève de 1941 en a fait (en tout cas dans le Pas-de-Calais) un lieu de mémoire durable pour la CGT et le parti communiste [3], l’héritage du double mouvement de 1947 et 1948 est pour le moins complexe. Incontestable échec pour le mouvement ouvrier, c’est aussi le catalyseur d’une division syndicale qui va être durable et l’un des épisodes qui marquent l’entrée de la France en guerre froide. S’opposent par ailleurs, pour les communistes et les cégétistes, le rappel d’une répression dont on dénonce la démesure et, pratiquement pour toutes les autres forces politiques et syndicales, l’image de conflits très violents et quasi insurrectionnels imposés par des groupes minoritaires. Et pourtant, en dépit de cet affrontement mémoriel qui n’est pas dépourvu d’importance [4], il est frappant de constater que ces grèves n’ont jamais fait l’objet, pour le Pas-de-Calais (et pas davantage pour le département du Nord) d’une étude analytique un peu approfondie [5]. Le fait que l’histoire du monde ouvrier soit en partie passée de mode explique sans doute cette lacune qu’il s’agit ici d’essayer de combler, au moins partiellement. Pour y parvenir, il est bien sûr nécessaire de retracer la trame des événements de 1947 et 1948 et de montrer comment les autorités parviennent, en définitive, à remporter la victoire. Mais il convient aussi d’accorder une attention particulière à la question, déjà évoquée, de la violence qui marque ce double conflit et qui en fait, dans une assez large mesure, l’originalité. Dans le cadre d’une approche qui est en quelque sorte anthropologique, il faut donc s’efforcer d’établir une typologie des formes que peut revêtir la violence pendant les mouvements étudiés dans le cadre de cet article. Ne serait-ce que pour des raisons de taille, celui-ci est uniquement consacré au Pas-de-Calais (même ainsi, il n’a pas été possible d’aborder tous les aspects du sujet : une étude systématique des procès qui suivent les grèves serait certainement très instructive). Il faut cependant se souvenir que, dans les mines, le conflit se déroule à l’échelle de tout le bassin houiller et que l’on ne peut pas comprendre les événements si l’on oublie le département du Nord : en 1947, les opérations particulièrement dures qui ont lieu dans le Valenciennois contribuent ainsi beaucoup à l’échec de la grève. Il convient aussi de ne pas oublier que le bassin minier n’est pas la seule partie du Pas-de-Calais qui soit affectée par les grèves : le littoral en particulier (où le parti communiste et surtout la CGT sont alors loin d’être négligeables) doit être lui aussi évoqué. Les événements de 1947 et 1948 revêtent enfin une dimension nationale et internationale qu’il n’est bien sûr pas question d’aborder ici pour elle-même mais que l’on ne peut pas entièrement négliger dans la mesure où elle pèse fortement sur ce double conflit.

Les grèves de 1947, le premier choc [6]

2Les grèves de 1947 et 1948 viennent clore, dans le bassin minier, plus d’une décennie de forte tension sociale et politique. Sans remonter trop loin dans le passé, il faut rappeler que l’agitation est forte après la Libération. L’épuration est jugée insuffisante par de nombreux mineurs et, surtout, les mines souffrent d’une contradiction fondamentale : comment concilier le besoin – vital – du pays en énergie et les aspirations ouvrières au changement ? Le parti communiste, qui participe alors au gouvernement, parvient à surmonter cette crise et le bassin minier s’apaise pour 18 mois après les élections d’octobre 1945. Dans des conditions très difficiles, 1946 marque l’apogée de la bataille de la production. Mais les choses empirent à la fin de cette année et au début de 1947 [7]. Les changements politiques qui se produisent ensuite contribuent en effet à dégrader encore plus la situation sociale du département : l’exclusion des ministres communistes par Paul Ramadier entraîne évidemment un changement d’attitude de la fédération communiste qui, sans encore pousser vraiment au déclenchement de conflits sociaux, soutient désormais toutes les revendications ouvrières [8]. Le grave revers que le PCF subit dans le Pas-de-Calais, en particulier dans le bassin minier lors des élections municipales d’octobre, est suivi par un durcissement immédiat [9]. Dans cette atmosphère très tendue, l’événement qui déclenche la grève (ou qui lui sert de prétexte) est l’éviction le 14 novembre, à l’initiative du ministre de l’Industrie et du Commerce, Robert Lacoste, de Léon Delfosse de son poste au conseil d’administration des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais.

3La grève se déclenche le 15 novembre dans cinq fosses du groupe d’Oignies [10] qui apparaît comme le fief syndical de Léon Delfosse. Dans les autres groupes du Pas-de-Calais, les sections CGT et les cellules communistes répandent les consignes de grève dans la journée du dimanche 16. Le conflit s’étend donc dans divers puits de tous les groupes à partir du lundi 17. À cette date, le mouvement est cependant encore loin d’être général : sur 35 360 ouvriers prévus au poste du lundi matin, 10 210 seulement ont arrêté le travail. Il s’étend cependant le lendemain et, au soir du 18 novembre, 52 fosses sur 78 sont en grève, ce qui représente 29 770 grévistes sur 38 990 travailleurs prévus [11]. À partir du 19, la situation devient assez confuse en surface comme au fond. Une partie des centrales électriques et des cokeries continuent leurs activités alors que d’autres sont déjà arrêtées. Dans tous les grands bureaux (il s’agit des bâtiments qui abritent les principaux services administratifs de chaque groupe d’exploitation), les employés se prononcent à une majorité écrasante pour la poursuite du travail. Quelques votes à bulletins secrets organisés par la CFTC et FO dans les fosses qui sont encore au travail dégagent une majorité favorable à la poursuite du travail : dans le cas de la fosse 3 de Béthune, 186 voix favorables à la grève, 250 contre ; dans celui de la fosse 7 de Béthune, 86 voix pour la grève, 310 voix opposées. Les Renseignements généraux estiment alors que la proportion des mineurs favorables à la grève ne dépasse pas 30 à 40 %, au moins dans les groupes de Bruay-en-Artois, Auchel et Nœux-Béthune (le préfet [12] estime à l’issue du conflit que 80 % de l’ensemble des travailleurs du département lui étaient en fait hostiles) [13]. Mais ces votes ne permettent la continuation du travail que dans quelques fosses. La minorité favorable au mouvement parvient en effet souvent à imposer l’arrêt du travail : à Liévin et à Bruay-en-Artois, par exemple, les grévistes s’emparent par la force des isoloirs avant le dépouillement du vote. Ceux qui viennent malgré tout travailler sont dès lors souvent accueillis par des huées, quelquefois par des menaces et des coups. Dans ces conditions, à partir du 24, pratiquement tous les mineurs renoncent à tenter de descendre dans les puits, malgré quelques tentatives de résistance locale de dirigeants de la CFTC. Sous la menace des piquets de grève, les employés des grands bureaux abandonnent à leur tour le travail. Du 24 au 29 novembre, l’arrêt du travail est donc à peu près général, sauf dans certaines centrales électriques et dans quelques cokeries qui continuent à travailler au ralenti. Pendant cette période, la CFTC et FO élaborent certes un plan de reprise du travail. Celle-ci est supposée intervenir le 28 dans certains puits de Bruay-en-Artois, mais ce projet ne reçoit en fait pas même un commencement d’exécution [14]. Un tournant se produit le 1er décembre, lorsque des renforts de police interviennent dans les groupes d’Auchel, de Bruay-en-Artois et de Nœux-les-Mines. Cette action permet le dégagement de tous les grands bureaux, des ateliers centraux, des garages et d’une vingtaine de puits. Mais, dès le lendemain, les grévistes occupent à nouveau les puits qui n’étaient pas, en fait, très solidement tenus par les forces de l’ordre. Celles-ci doivent alors réduire le nombre de points protégés. À Bruay-en-Artois, les grands bureaux, les ateliers centraux et une fosse sont successivement évacués sous la pression des manifestants. À Bully-les-Mines, deux cents représentants de l’ordre sont assiégés pendant deux heures dans les grands bureaux par deux mille grévistes qui lancent des briques et se servent de matraques [15]. Mais les forces de police et l’armée sont désormais beaucoup plus présentes dans le bassin houiller. Un certain nombre de manifestants sont arrêtés pour atteinte à la liberté du travail, ce qui rend confiance aux non grévistes. Le mouvement, dès lors, tend à s’essouffler. La majorité des mineurs semblent, en fait, accueillir avec soulagement, l’ordre de reprise du travail lancé le 9 décembre par le comité national de grève [16]. Mais la minorité qui avait participé le plus activement au conflit, en particulier en assurant les piquets, en accepte en revanche difficilement la fin. Le matin du 10 décembre, jour fixé pour la reprise du travail, les piquets, loin de disparaître, se renforcent en fait nettement, ce qui empêche toute vraie reprise. Quelques grévistes affirment alors que le gouvernement diffuse de fausses nouvelles. D’autres, apparemment dépourvus de toute responsabilité syndicale, estiment que le comité central de grève a trahi et que cette trahison doit constituer un motif supplémentaire pour continuer la grève à outrance. Dans la soirée du 10 décembre, les responsables cégétistes organisent dans tout le bassin minier des réunions qui attirent une foule considérable et qui, souvent, se déroulent dans une ambiance houleuse. « C’est ainsi qu’à Marles, Auchel, Allouagne, Bruay notamment, les responsables syndicaux furent copieusement hués par une minorité de « durs » qui allèrent jusqu’à déchirer leur carte syndicale » [17].

4En-dehors des Houillères nationales, les grèves de 1947 semblent surtout toucher les établissements industriels en fonction de leur proximité géographique avec les mines. À l’intérieur du bassin houiller, tous les établissements chimiques, métallurgiques et textiles ainsi que toutes les entreprises du bâtiment sont affectés par la grève, qui semble avoir été souvent imposée par les mineurs. Les usines d’Isbergues, situées en périphérie du bassin, restent cependant à l’écart du mouvement, peut-être en partie en raison du vote massif des ouvriers en faveur de la poursuite du travail. Une autre marge, cette fois-ci beaucoup plus troublée, du pays minier, est la région de Corbehem, en bordure du groupe minier de Douai, qui comporte d’importantes usines (sucrerie Béghin, établissements métallurgiques Fourcy). Elle est le théâtre d’une longue lutte entre les grévistes locaux (quelquefois renforcés par les mineurs) et les forces de l’ordre, qui finissent progressivement par avoir le dessus. Le littoral est lui aussi touché par le conflit, mais moins que l’Artois : à Calais, la plupart des tentatives de grève tournent court. Ce n’est en revanche pas le cas à Boulogne-sur-Mer, où le mouvement est énergiquement dirigé par Auguste Defrance qui a, il est vrai, une longue expérience dans ce domaine : dès 1934, en effet, il encadre des marches de chômeurs. En 1936, il participe aux occupations d’usines avant d’animer la grève contre la politique du gouvernement Daladier en novembre 1938. Pendant la guerre, il participe à l’action clandestine dans plusieurs départements [18]. Secrétaire de l’Union locale CGT, c’est donc lui qui organise en 1947 la masse des dockers et des ouvriers participant à la reconstruction de Boulogne-sur-Mer (cette cité, détruite à 62 % pendant la seconde guerre mondiale, reste pendant des années un immense chantier) et qui parvient grâce à eux à maintenir en grève la plupart des établissements du port. Ceci étant, la « colonne Defrance » ne parvient pas à entraîner les marins pêcheurs qui refusent d’abandonner la campagne de pêche en cours ou le personnel des aciéries de Paris-Outreau. Dans le reste du département, c’est-à-dire autour d’Arras et dans les arrondissements de Saint-Omer et de Montreuil-sur-Mer, les grèves sont très rares. Celles qui touchent la SNCF sont, elles aussi, largement fonction de la proximité du bassin minier. À Lens, la grève, qui éclate le 22 novembre, se prolonge jusqu’au 10 décembre. À Béthune, où le personnel se prononce à une faible majorité contre le mouvement, l’intervention de grévistes extérieurs fait cesser le travail qui ne reprend que le 7 décembre. À Arras, un important piquet de grève fait cesser toute activité à partir du 22 novembre, mais la majorité des employés de la gare et du dépôt réoccupent pacifiquement les installations ferroviaires dans la matinée du 1er décembre. La gare est ensuite protégée par une garde militaire. Dans la partie maritime du département, les cheminots repoussent la grève à une majorité écrasante : (337 voix pour l’arrêt du travail et 1 118 contre à Boulogne-sur-Mer ; 423 voix pour et 954 contre à Calais). Le trafic est donc assuré normalement en dépit de tentatives d’occupation des lieux par des grévistes n’appartenant pas à la SNCF [19]. Dans l’ensemble, les administrations sont encore moins touchées par les grèves, même si certains hôtels des postes (Avion, Boulogne-sur-Mer, Calais et Lens en particulier) doivent être protégés par les forces de l’ordre et si la distribution du courrier est quelquefois perturbée. Quelques établissements scolaires du bassin minier sont également menacés par les grévistes, mais ceux-ci se heurtent à la police locale et aux enseignants.

5L’un des traits caractéristiques du conflit de 1947 est le nombre très important de manifestations qui sont alors organisées. Au moins 36 réunions ou défilés notables ont lieu à cette occasion dans le Pas-de-Calais sans compter de très nombreux événements de moindre ampleur. Une observation attentive montre que le nombre de meetings est nettement plus élevé que celui des défilés avec cortège. Sans doute s’agit-il avant tout de se compter et d’inciter les militants à poursuivre la lutte. Le bassin minier est le théâtre d’un peu moins de la moitié de l’ensemble de ces manifestations. Du 17 au 24 novembre, les communistes organisent en effet des réunions dans les villes qui abritent le siège d’un groupe minier : Auchel, Bruay-en-Artois, Bully-les-Mines, Lens ou dans des villes communistes comme Avion ou Harnes. Mais les manifestations de grande ampleur sont ensuite plus rares dans cette partie du département. Le littoral (c’est-à-dire en l’occurrence essentiellement Boulogne-sur-Mer et Calais) est également très touché : 14 meetings ou défilés ont lieu dans ces deux villes. La ville d’Arras est enfin le théâtre de 4 événements, parmi lesquels figure l’unique réunion importante des non grévistes. Ces 36 manifestations attirent une foule importante : la participation moyenne se situe un peu au dessous de 2 000 personnes. Ce nombre n’est cependant pas très significatif, car il faut distinguer les rassemblements de cheminots grévistes qui regroupent généralement entre 200 et 300 participants et les grandes manifestations qui drainent des foules bien plus nombreuses. 7 000 personnes viennent ainsi écouter Maurice Thorez à Hénin-Liétard le 4 décembre 1947. La localisation de ce meeting ne doit d’ailleurs pas induire en erreur. En règle générale, c’est l’Ouest du bassin minier, où le parti communiste est particulièrement fort pendant la Quatrième République, qui réunit les foules les plus importantes. Il y a 3 000 personnes à Auchel le 18 novembre et 5 000 le 22. 4000 grévistes se réunissent à Bruay-en-Artois le 19 novembre et 6 000 le 22. Les meetings et les défilés attirent la plupart du temps moins de participants dans le bassin minier central : entre 800 et 1 000 personnes à Avion, Harnes et Wingles. Boulogne-sur-Mer et Calais sont le théâtre de manifestations assez importantes, surtout si l’on tient compte de leur répétition : la participation moyenne est un peu supérieure à 850 personnes, ce qui, d’ailleurs, reste tout de même plus modeste qu’à l’intérieur du département. Un lieu occupe une place privilégiée pendant les grèves : la bourse de travail de Boulogne-sur-Mer abrite à elle seule six réunions importantes.

6Les organisations non communistes ne semblent pas, pendant les événements de 1947, avoir agi de manière très organisée. Il serait cependant inexact d’écrire que les milieux anticommunistes restent alors entièrement inactifs ou constituent une masse inorganisée, nécessairement à la merci des grévistes, perspective qui constitue alors l’une des hantises des autorités. Des groupes d’autodéfense tentent en fait de se former, en particulier chez les ingénieurs des mines. Ce sont avant tout d’anciens résistants qui se réunissent en groupes clandestins en s’armant d’engins camouflés depuis la Libération. À cette occasion, les socialistes, les membres du RPF ou du MRP paraissent en fait s’associer assez facilement face à ce qui constitue une menace commune. Une seule interpellation semble avoir été effectuée dans ces milieux : quatre sympathisants du RPF (un ingénieur, un hôtelier, un négociant en légumes et un inspecteur des combustibles des Houillères nationales) sont arrêtés pour détention d’armes par un barrage de police alors qu’ils vont prêter main-forte le 5 décembre à des mineurs républicains populaires désireux de reprendre le travail [20]. Parmi ceux qui réagissent le plus énergiquement à la grève, il faut certainement citer le maire de Sains-en-Gohelle, l’abbé Lorent. L’action des grévistes lui paraissant mettre en cause la sécurité de la fosse 10, l’abbé, accompagné par les partisans de la reprise du travail, tente de parlementer avec eux. Il doit cependant se retirer sous le jet de lances d’incendie. Un certain nombre de ses compagnons sont blessés à cette occasion. Georges Lorent reçoit en outre de nombreuses plaintes de non grévistes dont les habitations sont visées par des jets de pierres et de ferrailles et décide donc, en sa qualité de maire, de faire respecter l’ordre : il organise des groupes qui, équipés de matraques, effectuent des patrouilles nocturnes destinées à désarmer les fauteurs de trouble [21]. L’action du maire de Sains-en-Gohelle est présentée de manière favorable par la presse nationale qui n’est pas d’obédience communiste [22] mais suscite naturellement de violentes critiques dans Clarté. Pour l’hebdomadaire de la fédération communiste, l’abbé

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« s’est montré au cours de la grève un ennemi des mineurs, un cagoulard de faible envergure certes, mais dangereux néanmoins par les complicités et le soutien qui lui ont été apportés par les pouvoirs publics et les fascistes français… Le curé de Sains quitte sa soutane la nuit, revêt des effets militaires ; casqué et botté, il prend ses revolvers et se glisse dans les corons avec ses nervis. L’abbé Lorent, en digne émule des provocateurs aux gages, a recherché au cours de la grève sa nuit sanglante. Le calme et le sang-froid des mineurs ont déjoué les plans du misérable agent provocateur… Le curé avorton de Sains ne manque pas d’aplomb, il peut prendre rang dans l’armée de la Cagoule. Astucieux, pédant et jésuite… [c’est] un aventurier de la pire espèce. … Sous sa soutane se cache un démon, ennemi de la République, de l’école laïque et de la classe ouvrière » [23].

8La mention de la Cagoule ne doit pas surprendre : elle est alors assez fréquente dans la presse et dans les tracts communistes. Le thème du complot d’extrême droite apparaît bien sûr souvent dans la rhétorique de la gauche française et le PCF en fait un usage particulièrement abondant pendant les années de guerre froide. Les itinéraires variés des membres de l’OSARN (Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale. Le mouvement est aussi connu sous le nom de CSAR, Comité secret d’action révolutionnaire) dont l’influence s’est étendue à la fois au régime de Vichy et à la France libre, donnent une apparence de crédibilité à ce discours. En outre, le procès des anciens de l’OSARN ne se tient qu’en 1948 et n’a donc pas encore eu lieu au moment où sont rédigés ces articles.

9La tension ne redescend que très lentement dans le bassin minier d’autant que les conséquences sociales des grèves y sont bien sûr très sensibles. Pour le préfet, toute « une classe va supporter les conséquences d’une aventure menée par une agissante minorité. Il va y avoir des fins de quinzaine difficiles dans le bassin minier » [24]. Lors de la reprise du travail, la présence des grévistes les plus militants (et fréquemment les plus violents) suscite souvent le mécontentement des ouvriers qui ont été hostiles au conflit : à « la F1 et aux ateliers centraux de Liévin, la majorité du personnel s’indign[e] de la présence des « matraqueurs » dans les différents services. Ouvertement, des sanctions [sont] demandées contre ces derniers, en particulier le licenciement pur et simple » [25]. Ce sont souvent les délégués mineurs (qui ont réussi à imposer l’arrêt du travail même lorsque la majorité des mineurs y était hostile) qui sont les plus visés : « À Hénin-Liétard, les non-grévistes souhait[ent] le remplacement des délégués, et à Billy-Montigny, le maintien du titulaire [est] conditionné à sa démission du PC » [26]. Autre signe de tension, les incidents survenus à Liévin en décembre 1947. Le dimanche 14 décembre, à 12 h 50, un groupe d’environ 500 manifestants se présente devant le commissariat de Liévin en réclamant la libération d’un mineur de 25 ans qui avait participé très activement aux grèves et qui avait été arrêté la veille pour atteinte à la liberté du travail et, surtout, pour de graves faits de violence. Prévoyant une manifestation de ce type, le commissaire de police de Liévin avait en fait déjà conduit l’inculpé à Béthune. Des groupes de manifestants forcent l’entrée du commissariat et visitent les locaux pour s’assurer que le détenu n’y est pas. Ils se rendent ensuite à la mairie, présumant qu’il se trouve peut-être dans les anciennes cellules municipales. Mais celles-ci, en fait, sont désaffectées [27]. Par ailleurs, le mécontentement de nombreux militants syndicaux qui ne sont pas membres du parti communiste est évidemment très vif après la fin des grèves de 1947. Pour eux, le conflit a été de toute évidence avant tout politique et la CGT leur apparaît désormais avant tout comme un instrument du PCF. Pareille situation pourrait sembler favorable à FO, au moins dans certaines corporations (les fonctionnaires et les mineurs). Mais beaucoup de dirigeants syndicaux, même s’ils sont désormais hostiles à la direction de la CGT, restent en fait prudents : ils redoutent en effet que la scission ne fasse surtout le jeu du patronat et de l’État (ce qui, pour les professions considérées, revient en fait largement au même). De surcroît, trouver les hommes nécessaires à la mise en route d’une nouvelle organisation s’avère souvent difficile. Les cadres syndicaux estiment en fait

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« que dans tout le département fort peu de militants de Force Ouvrière, qui soient en tous points inattaquables, ont une envergure suffisante pour prendre la tête d’une nouvelle organisation et que dans certaines corporations, il ne s’en trouve pour ainsi dire aucun » [28].

11Les syndicalistes proches de la SFIO semblent aussi avoir redouté que la direction de la nouvelle centrale n’échappe en fait rapidement aux socialistes au profit d’anarcho-syndicalistes ou de trotskystes.

12L’atmosphère de mécontentement assez général qui règne dans le bassin minier après la grève explique sans doute que le parti communiste (dont les militants n’apparaissent alors nullement découragés) durcisse encore ses attaques contre le gouvernement Schuman, accusé d’avoir manifesté pendant le conflit une haine sans précédent du peuple. Ce sont les dirigeants socialistes qui font l’objet des critiques les plus virulentes. Pour les communistes, la trahison des leaders de la SFIO est désormais éclatante : ils sont au service des ennemis du peuple et ce sont eux qui ont empêché la victoire du mouvement [29]. Léon Blum, en particulier, est qualifié de vieux traître. Les cadres communistes insistent aussi sur le caractère néfaste de l’action d’un certain nombre de responsables départementaux de la SFIO. Les députés Abel Poulain [30] et Paul Sion [31] sont accusés d’avoir réclamé à l’Assemblée nationale l’intervention de la police contre les mineurs. Camille Delabre [32], parfois considéré comme le vrai chef de Force Ouvrière dans le département, fait également l’objet d’une violente campagne [33]. Les remous liés à la fin des grèves de 1947 et à la difficile émergence de FO n’empêchent pas, par ailleurs, la CGT de rester en définitive largement prépondérante dans le bassin minier, comme le montrent les résultats de l’élection des délégués mineurs du fond, le 15 février 1948. La CGT espère, en remportant une très large victoire, marginaliser FO, encore très fragile : la nouvelle confédération ne compte ainsi au début de l’année 1948 que 4 280 adhérents dans le bassin minier contre 110 000 pour la CGT [34]. Celle-ci, en février 1948, ne descend audessous de 68 % des suffrages dans aucun groupe. Dans les mines de Lens, de Liévin, d’Oignies et de Courrières, elle obtient plus de trois quarts des voix et, à Drocourt, elle atteint même 87 %. FO oscille dans la plupart des cas aux alentours de 20 % des suffrages et la CFTC n’en obtient que de 3 à 7 %. Le succès de la CGT est donc net, même si le score de la toute nouvelle FO n’est pas jugé désastreux par ses cadres. La quasi-totalité des délégués élus sont bien sûr, étant donné ces résultats, membres de la CGT [35]. Dans ces conditions, il est évident que la perspective d’un nouveau mouvement de grande ampleur ne disparaît jamais entièrement pendant l’année 1948. Lorsque l’Union locale des syndicats CGT organise le 3 mars 1948 une réunion à la bourse du travail de Boulogne-sur-Mer, un responsable du Secours populaire français propose ainsi aux 1 200 participants de constituer un comité afin « d’apporter aide et assistance aux travailleurs condamnés et ceux qui tomberont sous les coups de la répression au cours des luttes intenses qui vont s’ouvrir » [36].

1948, la réplique ? [37]

13Les décrets publiés par Robert Lacoste, qui est toujours ministre du Commerce et de l’Industrie, en septembre 1948, accroissent le mécontentement latent des mineurs du Pas-de-Calais. D’une part, la CCPM (Coopérative Centrale du Personnel des Mines) [38] perd son monopole. Cet organisme, qui a succédé à la Société d’Approvisionnement des Houillères, contribue, dans une période marquée par les pénuries et le rationnement, au ravitaillement des mineurs [39]. Au moment de la nationalisation, les communistes ont pris le contrôle de la CCPM qui assure en quelque sorte, au moment des grèves de 1947, l’intendance du mouvement (même si son appui n’est pas nécessairement toujours d’une grande efficacité). L’enjeu n’est donc pas négligeable pour le PCF et la CGT. La position du préfet est d’ailleurs assez nuancée sur cette question. Si la CCPM constitue évidemment pour lui un instrument de propagande politique, c’est aussi un organisme commercial qui donne satisfaction aux mineurs. Georges Phalempin estime donc que s’attaquer à la CCPM avant la fin des rationnements serait une erreur [40]. D’autre part et surtout, les décrets Lacoste permettent aux Houillères d’engager la lutte contre l’absentéisme et de diminuer leur personnel.

14Le conflit commence cette fois par un référendum qui donne une nette majorité aux partisans du mouvement. Dès le 4 octobre, le travail a totalement cessé au fond. Des piquets de grève sont installés partout, mais restent dans un premier temps passifs. Des employés des grands bureaux de Bruayen-Artois sont cependant expulsés dès le 4 par les grévistes. Le 6, après qu’Auguste Lecœur a indiqué que la lutte serait probablement dure, certains piquets commencent à édifier de véritables barricades à l’entrée des carreaux : il s’agit alors avant tout d’imposer la radicalisation du mouvement aux nombreux mineurs qui n’y sont pas favorables. La deuxième semaine du conflit est marquée par l’organisation de nombreux meetings locaux qui semblent surtout destinés à maintenir le moral des mineurs mais qui sont inégalement suivis [41]. Les grévistes contraignent par ailleurs certaines centrales thermiques à s’arrêter. À partir du 18, le courant électrique est parfois coupé à Angres, Avion, Dourges, Éleu-dit-Leauwette, Lens, Liévin et Sallaumines. Le manque d’électricité entraîne aussi une pénurie d’eau à Lens et dans une partie de Liévin. Faute d’énergie, la station de pompage du marais de Lens cesse également de fonctionner, ce qui fait peser une menace d’inondation sur ce quartier. La pénurie d’eau et d’électricité indispose fortement les populations concernées et oblige les autorités à prendre des dispositions pour assurer le travail des boulangeries [42]. Cet arrêt des centrales semble avoir été particulièrement impopulaire et avoir entraîné l’échec des collectes organisées au profit des grévistes dans les villes affectées [43]. Les coupures de courant, qui sont quelquefois de nature clairement punitives, peuvent d’ailleurs se retourner contre leurs auteurs [44]. La prolongation de la grève est également marquée par la multiplication des manifestations de rues. Des cortèges de plusieurs milliers de personnes se forment ainsi devant les grands bureaux d’Hénin-Liétard et d’Oignies. Mais les mouvements de foule les plus spectaculaires se produisent à Verquin le 19 octobre et à Béthune le 21 octobre.

15Pendant l’après-midi du 19 octobre, entre 500 et 600 manifestants partis de Nœux-les-Mines et des communes voisines attaquent les éléments de police et de Gendarmerie qui assurent la protection de l’équipe de sécurité de la fosse 8 à Verquin. Submergées, les forces de l’ordre abandonnent les lieux. Un ingénieur et un inspecteur de police sont assez sérieusement malmenés [45]. Les grévistes repartent avant l’arrivée des renforts de police [46]. Dans les colonnes de l’édition du 20 octobre 1948 de Liberté, l’affaire du 8 de Nœux-les-Mines revêt une dimension épique : gendarmes et policiers ont enlevé la fosse à l’aube, malgré la résistance du piquet de grève.

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« Mais le dernier mot n’était pas dit. À 16 heures, les mineurs se rassemblaient au nombre d’un millier à l’appel des clairons [47], trompes et sonnettes. Précédés de leur drapeau syndical, ils partaient courageusement à la reconquête de leurs puits aux cris de « À bas Lacoste ! Vive la grève »…Devant l’attitude menaçante de certains policiers…, ils s’élançaient dans un assaut irrésistible. Après un quart d’heure de combat, victorieux, ils reconduisaient à la porte, les cinquante policiers et gendarmes. On comptait un blessé parmi les mineurs… qu’un brigadier, excité, avait sauvagement frappé à l’œil. Un inspecteur de police, indigne de sa fonction… voulait alors faire usage de son revolver. Désarmé en un instant, il était déculotté non moins rapidement et c’est sous les huées, qu’il franchissait quelques minutes après la sortie, poursuivi par les quolibets des enfants » [48].

17Le fait d’enlever le pantalon de ceux qui sont considérés comme des briseurs de grève ne semble pas avoir été exceptionnel [49]. Les enfants des non grévistes sont eux aussi quelquefois déshabillés [50]. L’affaire de la fosse 8 de Verquin est jugée en mars 1949 et l’analyse de la liste des 32 prévenus permet de connaître assez bien les manifestants. Une seule femme comparaît devant le tribunal. Les prévenus sont donc des hommes, et avant tout, naturellement, des mineurs (27 sur 32). Il y a cependant aussi un chaudronnier et un médecin. Le plus jeune a 18 ans et le plus âgé 52. L’âge moyen est légèrement inférieur à 32 ans et l’âge médian est de 30 ans. Il s’agit donc d’un groupe relativement jeune, mais qui n’est tout de même pas particulièrement juvénile. L’affaire de Verquin a des prolongements importants. Dès le lendemain, un certain nombre d’arrestations sont effectuées, ce qui déclenche très rapidement, deux manifestations. 500 manifestants se rassemblent devant le commissariat de Barlin et 300 devant celui de Nœux-les-Mines. Dans les deux cas, il s’agit de délivrer ceux qui ont été interpellés après les événements de Verquin [51].

18Mais c’est à Béthune que se produisent les incidents les plus marquants. Le 21 octobre, 6 000 manifestants venus d’Auchel, de Bruay-en-Artois, de Divion et de Nœux-les-Mines se rassemblent sur la place de la gare, à Béthune. Ils gagnent la sous-préfecture. La musique et les drapeaux ouvrent le cortège. Une délégation conduite par Nestor Calonne et le conseiller général Gaston Coquel [52] est reçue par le sous-préfet. L’un des membres de ce groupe annonce bientôt aux manifestants que les inculpés ont été libérés mais de nouvelles revendications sont alors présentées : l’arrêt de toute procédure contre ceux qui ont participé à l’attaque de la fosse 8 à Verquin, l’inculpation de l’inspecteur blessé lors de ces événements, qui est désormais présenté comme un ancien collaborateur ayant frappé des patriotes pendant la guerre, la restitution de toutes les cartes d’identité qui avaient été confisquées avant cette affaire et enfin le retrait de toutes les forces de police du bassin minier. Une partie de la foule se disperse alors mais le reste manifeste une impatience croissante. Le sous-préfet accepte la restitution des cartes d’identité mais se déclare incompétent en ce qui concerne les autres demandes. La délégation exige cependant la satisfaction immédiate de ses revendications. À l’extérieur de la sous-préfecture, la foule commence à chanter l’Internationale. Lorsqu’un individu sonne du clairon par la fenêtre du bureau du sous-préfet, les manifestants se lancent à l’assaut de la sous-préfecture. Le sous-préfet est arraché de son bureau, poussé vers l’extérieur et entraîné à travers la foule jusqu’au Palais de Justice situé à 200 mètres de là. Les émeutiers exigent que le sous-préfet et le procureur de la République signent un papier stipulant qu’aucune poursuite ne sera entreprise contre les inculpés de Verquin. C’est à ce moment qu’intervient un premier détachement de CRS. Dans la bousculade, le sous-préfet est libéré mais les CRS sont contraints de se replier vers la gendarmerie. Ils lancent des grenades lacrymogènes qui diminuent nettement l’ardeur combative des manifestants. Les grenades lacrymogènes sont alors une nouveauté puisqu’elles ont été utilisées pour la première fois en France en 1947. D’une efficacité encore relativement aléatoire, elles permettent cependant, quand elles sont bien maniées (ce qui est le cas à Béthune), d’assurer la protection des forces de l’ordre. Les CRS, appuyés par des renforts qui commencent à affluer des rues adjacentes et de la gendarmerie, attaquent ensuite à nouveau. En quelques minutes, la débandade des manifestants est complète. 11 d’entre eux et 17 CRS ont été blessés au cours de l’émeute [53].

19Les événements de Béthune font naturellement une très forte impression dans l’ensemble du bassin minier. L’éditorial du 22 octobre de La Voix du Nord est révélateur de l’atmosphère de tension et d’inquiétude qui règne alors : la « drôle de grève » menace de dégénérer en une guerre civile qui serait d’ailleurs aussi dans une certaine mesure une guerre étrangère puisque

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« des agents soviétiques s’appuyant sur le réseau des syndicats et des cellules communistes, utilisent cyniquement les masses encadrées par eux pour atteindre les objectifs fixés par l’URSS… [Il s’agit], on le sait, de plonger notre pays dans le chaos afin d’empêcher un relèvement de l’Europe occidentale qui risquerait de gêner l’URSS dans ses visées de domination mondiale… Guerre civile cependant dans la mesure où des Français se battent contre d’autres Français. Faits de guerre que les suivants :… cet ingénieur père de neuf enfants matraqué à Verquin, dont la vie hier soir était en danger. Faits de guerre que l’incendie des puits de mines et des maisons particulières, que la destruction de nos installations industrielles qui entraînera chômage et misère. Situation de guerre lorsque des milliers d’hommes en viennent à prendre une ville, à occuper des bâtiments publics, à capturer des autorités » [54].

21Lorsque se produisent les événements de Béthune et de Verquin, il est évident que le préfet n’a tout simplement pas encore suffisamment d’hommes à sa disposition pour interdire de telles manifestations. Le gouvernement procède en fait alors méthodiquement à la répression de la grève. Le 18 octobre, les CRS dégagent le bassin de la Moselle, où la CGT est faible. Les forces de l’ordre interviennent ensuite dans le Massif central et gardent pour la fin le Nord et le Pas-de-Calais, bastions de la CGT. Ce n’est donc qu’après avoir reçu des renforts suffisants que Georges Phalempin prend des arrêtés d’interdiction : ceux-ci s’accompagnent d’interventions multiples des forces de l’ordre et d’arrestations qui mettent pratiquement fin aux meetings et aux manifestations. À partir de la fin du mois d’octobre, l’armée et les CRS commencent également à dégager les installations minières et en particulier les fosses. Les grévistes constatent alors leur incapacité à leur résister et modifient leur tactique : les mines doivent être évacuées lorsque la troupe se présente, mais pas un gramme de charbon ne doit en être extrait [55]. C’est à ce moment que les violences, qui seront examinées ultérieurement de manière détaillée (agressions, dommages occasionnés aux biens et sabotages), sont les plus nombreuses. Les mineurs sont en réalité désormais en position de faiblesse, d’autant que leur grève reste isolée. La CGT tente bien, pendant les événements, de déclencher deux autres mouvements : au début du conflit, ses efforts portent sur les cheminots. Mais ceux-ci, qui sont pourtant étroitement liés aux mineurs dans le Pas-de-Calais, restent cette fois dans l’ensemble prudents. Par la suite, lorsque la grève minière s’essouffle, la CGT tente d’étendre le conflit aux dockers. Mais la participation des ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais est beaucoup plus réduite qu’en 1947. La majorité de la population de ces deux villes semble avoir suivi avec attention la grève minière mais les violences exercées contre les partisans de la reprise du travail paraissent l’avoir défavorablement impressionnée. Dans ces conditions, les tentatives d’extension du conflit aux dockers des ports se heurtent à une assez forte résistance. Les dockers poissonniers, qui constituent à Boulogne-sur-Mer la majorité de cette corporation, refusent de s’associer à un mouvement qui se produit à un moment de l’année (les mois d’octobre et de novembre) où leur travail est fortement rémunéré. À Calais, les dockers prennent certes la décision de ne pas décharger de navire charbonnier, mais cela ne semble pas avoir suscité un grand enthousiasme. La réserve paraît encore plus marquée parmi les salariés de la pêche, de la métallurgie, du textile ou de la SNCF. Sur le littoral aucune de ces corporations ne participe en fait activement au conflit de 1948 [56].

22À partir du 10 novembre s’amorce dans les mines une reprise du travail au fond que l’on peut suivre à partir de l’exemple du secteur de Béthune [57]. L’accroissement progressif des effectifs révèle en effet clairement l’usure du mouvement. Le 17 novembre, les mines de Bruay-en-Artois enregistrent déjà 95,2 % de descentes, celles de Nœux-les-Mines 68,2 % et celles d’Auchel enregistrent 62,8 % [58]. La tendance à la reprise se confirme ensuite [59], même si les dirigeants cégétistes enregistrent avec satisfaction le 22 novembre une légère diminution du nombre des descentes (qui reste malgré tout nettement supérieur à 80 % des prévisions) [60]. L’augmentation du nombre de descentes reprend rapidement : le 25 novembre, toutes les compagnies enregistrent des pourcentages de travail au fond avoisinant ou dépassant les 90 % [61]. Lorsque la CGT appelle à la reprise du travail pour le 29 novembre 1948, la grève est déjà pratiquement terminée. La CGT semble d’ailleurs hésiter avant de lancer ce mot d’ordre qui ne peut apparaître que comme un aveu de défaite [62].

23Celle-ci est donc à nouveau incontestable pour les grévistes et c’est évidemment un revers supplémentaire pour la CGT (et indirectement pour le parti communiste). Comme en 1947, la situation ne s’apaise que progressivement dans le bassin minier. Des incidents éclatent ainsi à la prison de Béthune à la fin du mois de janvier 1949 : 175 mineurs arrêtés pour divers délits commis pendant les grèves y sont encore emprisonnés et la lenteur des jugements provoque un mouvement de protestation qui, d’ailleurs, reste uniquement interne [63]. Il est par ailleurs évident que le retour à l’ordre qui suit le conflit provoque un incontestable malaise chez de nombreux mineurs. Les Houillères nationales profitent en effet de leur victoire pour conduire une politique de production à outrance et d’économies massives, ce qui multiplie bien sûr les sujets d’insatisfaction : prix de tâche trop bas, procédés d’exploitation dangereux, compression d’effectifs opérées uniquement au détriment des ouvriers, nouvelle réglementation des congés payés qui prive pratiquement les mineurs du droit de choisir la date d’une partie de leurs vacances, renforcement de la discipline :

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« des amendes sont infligées pour le moindre manquement au règlement, alors que de 1945 à 1948 on s’était montré plus compréhensif (lampe refusée pour s’être présenté une minute après l’heure normale. Bon de charbon supprimé aux ouvriers porteurs d’un morceau de sucre ou de charbon. Mise à pied d’ouvriers qui réclament) » [64].

25Des mineurs perdent par ailleurs leur emploi en application du décret Lacoste qui fixe un certain nombre de jours d’absences non motivées à ne pas dépasser sous peine de licenciement. Les militants cégétistes ajoutent encore à ces différents motifs de mécontentement le cas des ouvriers qui ont été renvoyés pour leur participation à la grève. Mais le malaise provoqué par l’attitude des Houillères gagne même les rangs de FO et de la CFTC [65]. Il est en fait évident que, dans le Pas-de-Calais comme dans le reste de la France, c’est en 1949 que s’opère le véritable rétablissement de l’ordre et il est certain que les Houillères nationales profitent de l’occasion pour se débarrasser définitivement d’un certain nombre d’anciens meneurs qu’elles considèrent comme des agitateurs. Elles exigent ainsi des entreprises sous-traitantes la liste de leurs ouvriers et menacent de ne plus avoir recours à leurs services si elles embauchent des mineurs qui ont été auparavant congédiés par les Houillères : la nationalisation des compagnies minières facilite en fait considérablement la répression. Avant 1939, les ouvriers licenciés d’un puits peuvent se faire engager quelque temps dans une compagnie voisine avant, souvent, de rejoindre leur société d’origine. Dans le cadre des Houillères nationales, cela n’est plus possible. Redoutant que cette attitude ne finisse par provoquer de nouveaux incidents, le préfet demande aux entreprises de travaux publics d’employer une partie de ces mineurs, tout en évitant cependant que ceux-ci ne reviennent travailler sur leurs anciennes fosses. Le préfet met en garde les Houillères contre les conséquences que pourrait avoir une rigueur qui lui paraît excessive : « un redressement de l’autorité était certes indispensable dans le bassin minier, mais il gagnerait à être réalisé avec un certain discernement » [66].

26Dans un pareil climat, il n’est pas étonnant qu’un certain nombre de mineurs qui avaient pu un moment être ébranlés par la grève de 1948 et par son échec, accordent à nouveau rapidement leur confiance (ou du moins leurs suffrages) à la CGT qui remporte un succès lors des élections organisées le 14 avril 1949 pour le renouvellement des délégués mineurs et des délégués de surface. Le sentiment que les Houillères abusent de leur victoire paraît avoir été assez largement partagé dans le département, y compris en-dehors de la sphère d’influence communiste. Un certain malaise face aux conséquences de la grève subsiste en fait assez longtemps dans les rangs d’une partie au moins de l’administration [67]. De nombreux conseillers généraux semblent aussi l’avoir éprouvé. Un vœu communiste demandant une amnistie générale pour les grévistes emprisonnés et la réintégration de tous les mineurs licenciés est très vite déposé mais l’assemblée départementale le rejette en janvier 1949 au nom de l’indépendance de la justice [68]. Un deuxième vœu, très proche du premier, est débattu le 13 mai 1949 en même temps qu’une proposition SFIO. Les socialistes demandent « l’amnistie et le réembauchage de certains ouvriers mineurs condamnés ou licenciés uniquement pour faits de grève en octobre et novembre 1948 » [69] : afin d’apaiser le climat social, il convient d’accorder « l’amnistie la plus large à tous ceux qui ont cru défendre réellement des revendications professionnelles » [70]. Ce texte se termine par le souhait de mesures de clémence « en faveur des ouvriers, dont la bonne foi fut trompée par certains agitateurs politiques » [71]. Le conseiller général du canton de Béthune, le socialiste (et très anticommuniste) Émile Vanrullen [72], qui présente cette proposition, insiste sur le fait qu’elle ne concerne ni les agitateurs ni les saboteurs. Après avoir mentionné un problème juridique soulevé par le vœu SFIO et obtenu le remplacement du terme d’amnistie par l’expression de grâce amnistiante, les conseillers appartenant à la droite de l’assemblée départementale se rallient à la proposition socialiste qui est alors acceptée à l’unanimité (le conseiller général communiste étant absent) [73]. Les communistes reviennent en fait tout au long de l’année 1949 sur la question de l’amnistie. C’est un des thèmes développés lors des élections cantonales de mars 1949 [74] et le sujet est encore très sensible lors de la cantonale partielle organisée à Lens en décembre 1949. Lorsque Paul Sion, au cours d’un meeting qui se tient à cette occasion à Sallaumines, se prononce seulement en faveur d’une amnistie partielle pour les mineurs condamnés, il se fait huer et qualifier de vendu et de traître par ses contradicteurs communistes [75].

Le bassin minier, un espace difficile à contrôler

27Le maintien de l’ordre revêt, au cours des deux conflits étudiés, une importance d’autant plus grande qu’il ne s’agit évidemment pas, pour les autorités, de mouvements sociaux ordinaires. Dans un cas comme dans l’autre, le caractère politique et même subversif des grèves est une évidence pour Jules Moch comme pour Georges Phalempin. Les analyses du ministre de l’Intérieur et du préfet du Pas-de-Calais ne sont cependant pas absolument identiques (ce qui est logique : le ministre de l’Intérieur raisonne naturellement à l’échelle nationale). Pour Jules Moch, les grèves de 1948, quoique moins dures que celles de 1947, sont plus dangereuses dans la mesure où elles correspondent en réalité à une tentative de coup de force :

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« entre ces deux vagues se situe, en février 1948, le basculement dans le camp bolchevique, sans un coup de feu, d’une vieille démocratie industrialisée, celle de Tchécoslovaquie. Ce type de conquête du pouvoir était encore ignoré en 1947, alors qu’il inspirait indiscutablement… les meneurs de novembre 1948 » [76].

29Georges Phalempin estime quant à lui en 1947 que la menace pour l’ordre public est sérieuse et que la grève démontre la puissance de l’appareil du parti communiste qui a constitué à cette occasion une arme redoutable [77]. Selon lui, les communistes eux-mêmes reconnaissent d’ailleurs le caractère insurrectionnel du mouvement et cette crise, par son ampleur, doit être comparée à celle de la Libération en août 1944. En 1948, en revanche, Georges Phalempin considère que les commandos grévistes n’ont jamais été vraiment dangereux et que « l’organisation insurrectionnelle communiste est loin d’être encore parfaitement au point » [78]. Les autorités manifestent d’autant plus d’inquiétude qu’elles ont l’impression, en 1947 comme en 1948, que les grèves sont dirigées par un véritable état-major qui opère à chaque fois depuis la maison syndicale de Lens, siège du syndicat régional des mineurs. En 1947, c’est là que se réunissent très fréquemment Nestor Calonne, Léon Delfosse et Auguste Lecœur, qui coordonnent le mouvement pour le bassin houiller, avec l’appui de René Camphin pour le secteur d’Arras et celui d’Auguste Defrance pour le littoral [79]. Or ces hommes ont en commun une très riche expérience politique, syndicale et résistante. Il n’est certes pas utile de rappeler le parcours d’Auguste Lecœur et celui d’Auguste Defrance a déjà été évoqué. Nestor Calonne, communiste de la première heure, est le fondateur de la CGTU dans la fosse où il travaille. Membre des brigades internationales, arrêté en 1940, évadé en 1941, il rejoint Auguste Lecœur avec lequel il participe à l’organisation de la grève des mineurs de 1941. À l’issue de la guerre, il devient le secrétaire général du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais et le directeur de la Tribune, l’organe du syndicat des mineurs. Il est conseiller de la République depuis 1946. René Camphin, communiste et syndicaliste très actif à Arras et dans ses environs pendant les années trente, participe ensuite à la Résistance (mais à l’extérieur du Pas-de-Calais). Cadre important du parti communiste, proche d’Auguste Lecœur, il est député depuis 1945. Quant à Léon Delfosse, c’est depuis les années trente un militant politique mais surtout syndical. En 1948, dans le cadre d’un conflit dont le caractère minier est encore plus marqué, ce sont d’abord les dirigeants du syndicat CGT des mineurs qui constituent l’état-major de la grève même s’ils sont bien sûr assistés par les parlementaires et les conseillers généraux communistes du bassin minier. Hommes politiques et leaders syndicaux semblent cependant rester cette fois relativement prudents, évitant la plupart du temps de s’engager eux-mêmes dans l’illégalité. Les parlementaires n’éprouvent-ils alors qu’une confiance relative dans leur immunité ? Ce sont en revanche les délégués mineurs à la sécurité qui jouent un rôle considérable dans les événements. Presque tous communistes, ainsi que cela a déjà été mentionné, ils jouissent d’une influence locale considérable. Ce sont généralement eux qui s’opposent au maintien des mesures de sécurité. S’ils se contentent parfois d’une forme de résistance passive, certains insultent, menacent ou frappent les ingénieurs et leurs équipes. Ils semblent avoir quelquefois saboté eux-mêmes des installations de sécurité [80]. Les autorités réagissent en suspendant 65 d’entre eux, soit environ un tiers du total. Ce sont aussi assez fréquemment les délégués qui organisent les représailles contre ceux qui souhaitent reprendre le travail. Il n’est pas surprenant que, dans ces conditions, 38 d’entre eux soient arrêtés à l’occasion des grèves et, pour la plupart d’entre eux, placés sous mandat de dépôt.

30Un des principaux problèmes que rencontrent les autorités dans le cadre des deux conflits étudiés est la multiplicité des lieux dont il convient d’assurer la protection dans le Pas-de-Calais. En 1947, le préfet dénombre ainsi 135 lieux sensibles, c’est-à-dire nécessitant une garde : 80 puits de mines disséminés dans les 7 groupes du département, 8 grands bureaux (Auchel, Billy-Montigny, Bruay, Hénin-Liétard, Lens, Liévin, Nœux, Oignies), des ateliers centraux, des dépôts de locomotives, 16 centrales thermiques ou cokeries, 5 transformateurs principaux, trois gares essentielles pour l’activité du bassin minier (Arras, Béthune, Lens). La plupart de ces sites sont en outre plus ou moins ouverts (c’est-à-dire dépourvus de mur extérieur) et ils sont quelquefois immenses : le périmètre de la cokerie de Mazingarbe est ainsi de quatre kilomètres sans aucune clôture ! La tâche des autorités est en revanche facilitée par le fait que les manifestants, en 1947 comme en 1948, ne cherchent pas à occuper la préfecture et les sous-préfectures. Le 24 novembre 1947, une délégation de mineurs se rend certes à la préfecture pour exposer les revendications des travailleurs du sous-sol. Mais il ne s’agit nullement d’une démarche exceptionnelle et elle ne s’accompagne d’aucun désordre (les membres de la délégation menacent toutefois, si les forces de police et de Gendarmerie ne se retirent pas des puits, ateliers, et bureaux, de ne plus assurer le service de sécurité des mines et la marche des centrales thermiques) [81]. Pendant tout le reste du conflit de 1947, la préfecture et les sous-préfectures ne sont l’objet que d’un seul défilé qui puisse être considéré comme hostile, Auguste Defrance conduisant une délégation jusqu’à l’entrée de la sous-préfecture de Boulogne-sur-Mer [82]. Les mairies sont elles aussi épargnées, à l’exception, à nouveau, de Boulogne-sur-Mer. Le 19 décembre 1947, en effet, 1 500 grévistes manifestent dans cette ville afin de faire pression sur le conseil municipal qui délibère afin de décider s’il doit accorder ou refuser des soupes gratuites aux grévistes. Une cinquantaine de grévistes s’introduisent dans la mairie en passant par les fenêtres, installant le drapeau rouge sur le balcon principal. Auguste Defrance menace d’envahir la mairie si satisfaction n’est pas donnée à la revendication présentée par les manifestants. Ceux-ci commencent alors à pousser de toutes leurs forces sur les portes de la mairie et sont difficilement contenus par la police et la Gendarmerie. Le conseil municipal, en accordant les soupes demandées, met fin à la manifestation et à la situation difficile où se trouvaient les forces de l’ordre [83].

31Le problème posé par le maintien de l’ordre ne peut par ailleurs pas être compris si l’on néglige l’importance des effectifs ouvriers dans le bassin minier du Pas-de-Calais. En novembre 1947, ce département compte 147 500 ouvriers dans le seul bassin houiller (dont 95 000 mineurs de fond), contre 69 500 dans les mines du Nord (dont 44 500 mineurs de fond). Plus des deux tiers des effectifs ouvriers du bassin sont donc employés dans le Pas-de-Calais. Dans ces conditions, le préfet est parfaitement conscient que la situation du département est fragile : dans son rapport de mars 1947, il souligne déjà que le Pas-de-Calais, étant donné l’importance et la nature de sa population (en particulier la forte proportion d’étrangers qui sera évoquée ultérieurement et qui l’inquiète particulièrement) doit toujours conserver une réserve suffisante de forces de police et de CRS [84]. En novembre 1947, l’une des grandes préoccupations de Georges Phalempin est la faiblesse des effectifs dont il peut disposer : 300 agents de police répartis dans les principales localités minières des arrondissements d’Arras et de Béthune, 200 gendarmes, 250 CRS appartenant à deux compagnies établies à Béthune et à Saint-Omer, 120 gardes républicains (en 1947, après une histoire passablement compliquée, la Garde républicaine fait partie de la Gendarmerie et constitue la force la mieux préparée à la répression des troubles politiques et sociaux) [85]. Le total est donc de 870 hommes, mais les autorités doivent tenir compte des relèves nécessaires. De ce fait, ce sont au maximum les deux tiers de cet effectif théorique qui peuvent être utilisés simultanément. L’armée peut certes fournir en outre 400 à 500 soldats nord-africains qui sont déjà chargés de la surveillance des prisonniers de guerre dans le bassin minier, mais qui sont en fait pratiquement bloqués à leur poste et sont de surcroît jugés peu sûrs par les autorités qui les estiment plus ou moins noyautés par les communistes et susceptibles de basculer du côté des grévistes (Roger Pannequin évoque dans ses mémoires le refus de spahis algériens venus de Senlis d’intervenir contre les grévistes lors du conflit de 1947) [86]. 300 soldats d’une brigade blindée qui sont alors transférés à Arras apparaissent en revanche plus facilement utilisables [87]. Lorsqu’il établit le bilan des grèves de 1947, le préfet estime cependant qu’en dépit de ce manque d’effectifs, l’administration dans son ensemble a été à la hauteur de la situation et il félicite en particulier les forces de l’ordre pour leur efficacité. C’est le cas, en particulier, de la Gendarmerie, mais aussi, dans l’ensemble, de la police qui a pourtant été très sollicitée. Georges Phalempin insiste d’autant plus sur ce dernier point que près de 20 % des policiers du bassin minier sont alors considérés comme des sympathisants du parti communiste. Il ne se produit en fait dans le Pas-de-Calais rien qui soit comparable aux événements survenus à Marseille le 12 novembre 1947 et qui aboutissent à la dissolution de deux compagnies de CRS [88]. Mais le préfet souligne cependant que les effectifs dont il dispose restent malgré tout très insuffisants. Le doublement des effectifs de police et de Gendarmerie lui paraît une mesure indispensable, de même que l’installation, autour du bassin minier du Pas-de-Calais, d’une dizaine de Compagnies Républicaines de Sécurité.

32En 1948, en revanche, Georges Phalempin estime avoir disposé d’effectifs suffisants : 3 CRS, 35 Escadrons de la Garde et 90 unités de l’armée (soit bien plus que les unités ordinairement stationnées dans le Pas-de-Calais : 2 CRS, 4 Escadrons de la Garde, 4 compagnies de l’armée). En tout, ce sont plus de 31 000 hommes qui sont engagés dans le conflit. L’hébergement d’un grand nombre de soldats dans le bassin minier n’est d’ailleurs pas nécessairement facile. La ville de Lens doit ainsi accueillir plusieurs centaines d’hommes de troupe et de nombreux officiers [89]. Ceux-ci sont souvent logés dans les hôtels. Quant aux soldats, ils sont cantonnés là où l’espace est suffisant pour les accueillir : outre les bâtiments des Houillères (en particulier les grands bureaux), des écoles, une grande salle servant au patronage et une salle de bal sont réquisitionnées. Cette présence militaire peut d’ailleurs occasionner divers dommages : Nathan Katz, qui tient l’hôtel de France, place de la gare, se plaint que les souliers cloutés des soldats aient abîmé ses planchers. L’archiprêtre Beun mentionne un certain nombre de dégâts (porte détériorée, vitres cassées) occasionnés par le passage de la troupe dans la salle Jeanne d’Arc [90]. L’importance des effectifs employés constitue certainement, pour le préfet, la clef du succès gouvernemental. Il dégage donc des événements de 1948 ce qui lui paraît être une méthode efficace d’emploi des forces de l’ordre en cas de grèves revêtant un caractère subversif : des unités suffisamment nombreuses permettent de dégager les points occupés tout en évitant les manifestations dans un large périmètre de protection. Pour chaque fosse ou établissement minier, un commissaire de police se présente devant le piquet de grève et essaie d’abord de parlementer. Si cela ne suffit pas, il fait alors les sommations d’usage. Très souvent, il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. Dans le cas contraire, des forces dix ou vingt fois plus nombreuses que les grévistes interviennent. Chaque opération doit être menée à bien très lentement, afin de laisser à ceux-ci le temps de la réflexion. Selon Georges Phalempin, c’est leur écrasante supériorité numérique qui a permis aux forces de l’ordre de dégager 78 fosses, 10 centrales thermiques, 9 cokeries, des lavoirs, des dépôts de locomotives ou des usines de conditionnement de combustible sans un seul mort ou un seul blessé grave, tant du côté des forces de l’ordre que du côté des grévistes [91]. La satisfaction dont fait preuve le préfet en 1948 ne doit cependant pas faire croire que le problème des effectifs des forces de l’ordre dans le Pas-de-Calais est vraiment résolu : il se pose en fait à nouveau lors des grèves ultérieures [92].

33Le ministre de l’Intérieur, Jules Moch, partage l’appréciation positive que son préfet porte à nouveau en 1948 sur le comportement de l’administration du département. Adressant à Georges Phalempin « ses vives et personnelles félicitations pour la part que vous avez prise dans le rétablissement de l’ordre dans le Bassin… », il lui demande de les transmettre également aux fonctionnaires qui sont sous ses ordres [93]. Les grévistes ne manquent d’ailleurs pas, de leur côté, de dénoncer l’action de l’administration et en particulier celle du préfet. Roger Pannequin, mentionnant Georges Phalempin, le qualifie ainsi de « pur SFIO » qui aura à rendre des comptes » [94]. Mais ce sont bien sûr avant tout les forces de police qui suscitent les réactions les plus vives de la CGT ou du parti communiste. En mars 1949, au cours d’un meeting de la CGT, Léon Delfosse qualifie ainsi de canailles l’ensemble des policiers qui ont pourchassé les grévistes « pour satisfaire leur haine de la classe ouvrière » [95]. Les mémoires de Roger Pannequin sont un bon témoignage de ce rejet des forces de l’ordre. Il est vrai que son passé ne le prédispose pas vraiment à éprouver une vive affection pour la police : arrêté à Lens en 1942, il avait été ensuite torturé par le commissaire Dobbelaere [96]. La continuité entre la police de Vichy et celle de la Quatrième République est pour lui une évidence [97] et les gendarmes qui interviennent dans le Pas-de-Calais au moment des grèves de 1947 sont nécessairement d’anciens collaborateurs que les autorités avaient mis à l’abri après la Libération en les envoyant dans la Sarre [98]. Roger Pannequin participe même, pendant cette grève, à la capture de CRS qui sont conduits à la fosse 5 de Loos-en-Gohelle, où ils subissent des menaces et doivent répondre à un véritable interrogatoire. Les grévistes, après avoir insisté « sur la dérision qu’il y avait à rester au service du pays pour 8000 F par mois » [99] décident de les garder en otages, mais deux responsables de la Fédération des mineurs CGT les font libérer (ce que Roger Pannequin ne semble pas vraiment approuver) [100]. En novembre 1948, la légalité de certaines opérations de police est contestée par les organes de presse communistes et cégétistes qui dénoncent des violations de domicile, une arrestation arbitraire et une perquisition nocturne [101]. Le député Gaston Dassonville [102] interpelle le gouvernement à ce sujet et Jules Moch demande alors des précisions à Georges Phalempin qui justifie toutes les opérations effectuées pendant les grèves, affirmant qu’elles se sont déroulées dans des conditions régulières. Il ajoute que Gaston Dassonville a lui-même été appréhendé à Auchel le 12 novembre pour participation active à une réunion interdite : le député, surpris par les forces de l’ordre alors qu’il haranguait les grévistes sur la place de la ville, a aggravé son cas en traitant le capitaine de Gendarmerie de menteur et de lâche [103].

34Un autre grand sujet de préoccupation pour les autorités pendant les grèves est la présence étrangère. L’importance numérique des étrangers dans le Pas-de-Calais est en effet considérable. Dans le bassin minier en particulier, un habitant sur six n’a pas la nationalité française et, en 1947, le préfet s’interroge sur la dangerosité de cette population. Ces craintes se révèlent toutefois alors excessives. Cette année-là, des étrangers participent effectivement aux manifestations, font l’objet de plaintes, sont quelquefois arrêtés, mais à chaque fois leur nombre paraît relativement faible. Cette situation s’explique avant tout par l’attitude des Polonais, qui sont 80 000 dans le bassin minier et représentent donc à eux seuls les deux tiers des étrangers. Or ces Polonais apparaissent majoritairement hostiles au gouvernement de Varsovie (d’obédience communiste) et dans l’ensemble peu favorables au conflit. En outre, ils redoutent les expulsions, n’ayant pas oublié celles qui se sont produites en 1931 et 1936, au moment où la France, confrontée à la crise économique, refoule ses excédents de main-d’œuvre. D’autres communautés, beaucoup moins nombreuses, apparaissent en revanche nettement plus remuantes. C’est le cas des Yougoslaves (1 800 dans le département) et, de manière spectaculaire, des Espagnols, qui ne sont que 60 dans le Pas-de-Calais, mais dont 5 font l’objet de poursuites à l’issue des grèves ! Augustin Viseux [104] évoque l’un de ces agitateurs espagnols auquel il voue une antipathie très marquée [105]. Deux autres groupes attirent aussi l’attention des autorités. Le premier est celui des prisonniers de guerre. En 1947, environ 424 000 d’entre eux, pour la plupart allemands sont en effet employés dans l’économie française, dont près de 51 000 dans les Houillères [106]. En fait, dans l’ensemble, les Allemands ne se manifestent pas beaucoup, du moins dans le Pas-de-Calais, à l’occasion des grèves [107]. Il convient toutefois de signaler l’affaire de Sains-en-Gohelle : dans la nuit du 2 au 3 décembre, 150 Allemands pénètrent en effet au domicile de l’abbé Lorent dont l’action a déjà été évoquée. Il semble qu’un gréviste avait auparavant entrepris de les persuader que le maire de Sains-en-Gohelle était leur ennemi, qu’il se vantait d’avoir tué de nombreux Allemands pendant la guerre, qu’il avait assommé l’un des leurs et le détenait dans sa cave. L’abbé Lorent était de surcroît accusé d’avoir recommandé aux jeunes filles de ne pas danser avec les Allemands et même de fuir leur compagnie [108]. Les explications de Georges Lorent suffisent cependant à assurer le départ des Allemands dont, peu, en réalité, paraissent animés par des motifs que l’on puisse considérer comme politiques : le camp d’Aix-Noulette dont ils viennent abrite 300 prisonniers de guerre, dont 3 ou 4 seulement semblent avoir été communistes. Pour le préfet, il « est vraisemblable que, tout au moins dans ce cas particulier, les travailleurs allemands trompés par des meneurs français, ont agi, poussés par leur amour-propre national très pointilleux plutôt que par esprit de révolte ou idéologie politique » [109].

35Un deuxième groupe, celui des travailleurs nord-africains, semble avoir été plus agité et avoir suscité une peur incontestable : en 1947, ils semblent constituer parfois, lors des manifestations de rue, des sortes de troupes de choc qui sont utilisées pour effrayer les non grévistes. Un certain nombre d’épisodes violents provoquent l’inquiétude des autorités [110]. La question nord-africaine n’est en fait pas uniquement liée aux grèves et se pose dans le Pas-de-Calais en 1947 et 1948. Le problème des troupes nord-africaines a été précédemment évoqué. Le préfet souligne à partir de la fin de l’année 1946 qu’elles provoquent de graves incidents avec les ouvriers français, polonais ou italiens [111]. Les travailleurs venus d’Afrique du Nord suscitent quant à eux des réticences croissantes de la part des Houillères nationales et des autres employeurs du bassin minier qui, dans une large mesure, n’y ont eu recours pendant les années précédentes qu’en raison du manque temporaire de main-d’œuvre européenne et qui, la situation ayant changé, ne souhaitent pas conserver des travailleurs qui ne leur donnent pas satisfaction en raison, selon eux, de leur très mauvais rendement. Les Renseignements généraux soulignent aussi les heurts, parfois graves, que provoquent dans le bassin minier les contacts entre ces Nord-africains et la population française ou étrangère [112].

36La méfiance éprouvée par les autorités à l’égard des étrangers et des Nord-africains persiste après les grèves de 1947. Le préfet estime en effet que, s’il ne semble pas « que se soient constitués à cette occasion d’état-major d’étrangers hostiles à la France, ni de brigades internationales… [,] les éléments pour former de telles unités existent manifestement et il serait assez aisé de les grouper et même de leur trouver des cadres décidés » [113]. Lorsque l’on lui demande, au début de l’année 1948 si le Pas-de-Calais pourrait accueillir un certain nombre d’Espagnols réfugiés dans le Sud-Ouest, le premier fonctionnaire du département est extrêmement réservé : les Espagnols lui paraissent peu aptes au travail des mines et, surtout, le département compte déjà, à son gré, « trop d’étrangers remuants » [114].

37Lors des grèves de 1948, la participation étrangère semble présenter des caractères qui ne sont pas fondamentalement différents de ceux de 1947. Le tableau des jugements et des condamnations intervenus du début de la grève au 30 novembre 1948 montre que, sur 347 jugements rendus, 33 (soit moins de 10 %) concernent des étrangers, dont 15 Allemands et seulement 7 Polonais. Sur 299 condamnations, 23 ont été prononcées à l’encontre d’étrangers [115]. Ceux-ci sont donc impliqués dans les grèves, mais pas de manière massive : les menaces d’expulsion jouent sans doute à nouveau un certain rôle. Les naturalisés paraissent en revanche avoir davantage participé au conflit, suscitant l’agacement du préfet qui juge alors « regrettable que la législation sur les naturalisations ne prévoie pas de déchéance de nationalité pour des cas semblables » [116]. Les travailleurs libres allemands sont également plus impliqués dans la grève qu’en 1947. Le statut des Allemands a en effet changé. La France ne peut conserver indéfiniment ses prisonniers de guerre, d’autant qu’elle doit tenir compte de l’opinion américaine, très hostile au travail forcé. En conséquence, il ne reste plus en France en novembre 1948 que quelques dizaines de milliers de prisonniers. Mais une partie d’entre eux (environ 137 000) ont été en fait transformés en travailleurs libres : dans les mines, ils reçoivent dès lors les avantages de salaire et de ravitaillement accordés aux Français. En 1948, ils n’hésitent pas à participer aux piquets de grève et leur présence est parfois importante aux côtés des Nord-Africains [117]. Face à des étrangers qui leur apparaissent comme des agitateurs, les autorités n’hésitent pas à réagir une nouvelle fois avec une certaine énergie : 63 Allemands, 8 Polonais, 7 Italiens, 2 Espagnols, 2 Hongrois, 2 Tchécoslovaques et un Yougoslave sont expulsés ou refoulés du Pas-de-Calais après les grèves.

38La méfiance à l’égard des étrangers semble à vrai dire assez bien partagée. Un adjoint au maire de Cauchy-à-la-Tour, évoquant les CRS qui interviennent à Auchel en novembre 1948, écrit ainsi dans les colonnes de Clarté : [je] « serais curieux de savoir à quel pays ils appartiennent. Comme Français ils doivent avoir un drôle d’état civil » [118]. Un autre article paru en 1947 dans le même périodique évoquait le soutien donné à Force ouvrière par des anciens de l’armée Anders [119]. Le général Anders avait commandé à partir de 1941 les forces polonaises d’URSS. Cette armée Anders, qui avait pu rejoindre les Britanniques en 1942, s’était illustrée en particulier en Italie et en Normandie. Après sa démobilisation en 1945, beaucoup de soldats polonais, très anticommunistes, étaient restés en Occident. Pour la presse communiste, il s’agit bien sûr de dangereux contre-révolutionnaires. Les grévistes paraissent par ailleurs avoir particulièrement redouté l’intervention des troupes de couleur dans le conflit (ce qui n’est pas un fait nouveau dans l’histoire des grèves) [120].

39Un autre aspect du maintien de l’ordre qui doit être mentionné est le contrôle des voies de communication. Au début des événements de 1947, quelques grévistes essaient de filtrer la circulation à Nœux-les-Mines et à Billy-Montigny, en prenant appui sur les passages à niveaux dépendant des Houillères. La presse nationale s’en fait quelquefois l’écho, mais ces tentatives semblent en fait être restées isolées et l’intervention de la police et de la Gendarmerie y met toujours rapidement fin. La question la plus importante est en réalité celle du parc de véhicules des Houillères nationales. En 1947, les grévistes parviennent en effet à en prendre le contrôle et savent l’utiliser avec habileté : dés qu’une usine travaille, les camions chargent des centaines d’hommes qui s’y rendent rapidement. Le nombre et quelques gourdins suffisent alors à assurer la maîtrise du lieu. L’arrivée de la police rétablit certes ensuite la situation, mais les ouvriers, plus ou moins malmenés, sont partis. La police doit bientôt intervenir ailleurs et les quelques hommes qui restent sur place sont facilement submergés par toute nouvelle intervention des grévistes [121]. En 1948, les autorités ont tiré la leçon de ces événements et regroupent tous les autobus et les camions des Houillères dans les casernes d’Arras et de Lille dès la veille du déclenchement de la grève. Leur absence dans le bassin minier gêne les déplacements des grévistes et réduit donc considérablement leur mobilité face aux forces de l’ordre.

Les formes de la violence

40Dans le cadre de l’approche typologique évoquée dans l’introduction, cinq grandes formes de violence peuvent être relevées pendant les grèves : les insultes, les sabotages, les affrontements liés à l’évacuation des sites occupés, les attentats commis contre les non grévistes et l’attaque de leurs domiciles.

41L’une des formes les plus élémentaires de la violence est bien sûr l’insulte. Son caractère relativement bénin fait cependant qu’elle n’est pas systématiquement notée dans les rapports de police pendant les événements de 1947 et de 1948. Quelques exemples sont cependant mentionnés. D’après nos sources, l’insulte est ainsi assez volontiers employée pendant les meetings de la CGT et du parti communiste. Il s’agit sans doute avant tout de renforcer le moral des grévistes. Ce sont d’abord les non grévistes qui sont visés : rouffions, jaunes, fainéants sont alors les termes les plus souvent utilisés [122]. Moins traditionnelle et évidemment liée au contexte de l’époque est l’expression de « valets serviles de l’impérialisme américain » [123]. Outre les non-grévistes, ce sont les responsables locaux ou nationaux de FO ou de la SFIO (donc, bien sûr, les concurrents directs de la CGT ou du parti communiste) qui constituent la cible la plus fréquente : Léon Blum, Florent Lampin [124] et Noël Sinot [125] sont ainsi qualifiés par Léon Delfosse de canailles au cours d’un meeting à Hénin-Liétard [126]. Des inscriptions injurieuses faites à la chaux ou au goudron sur les murs ou sur les routes sont par ailleurs relevées en divers points du bassin minier (Auchel, Hénin-Liétard, Lens). Outre les jaunes et les rouffions, ce sont Robert Lacoste (assassin, SS) et surtout Jules Moch (assassin, au poteau) [127] qui sont visés [128]. La pendaison d’un mannequin représentant Jules Moch semble par ailleurs avoir été une pratique fréquente [129]. Il faut cependant se tourner vers la presse communiste pour trouver un discours de la violence plus développé et davantage élaboré. Il convient toutefois, si l’on veut en estimer l’impact réel, de ne pas oublier que la presse communiste n’est pas, il s’en faut même de beaucoup, la plus lue dans le département. En 1947, si l’on examine le tirage des quotidiens régionaux, Liberté vend en moyenne 35 000 exemplaires par jour dans le département ; Nord-Matin (socialiste) est à 63 000 ; Nord-Éclair (MRP) à 25 000 et surtout La Voix du Nord, alors plutôt de sensibilité gaulliste, est à 80 000. Quant aux quotidiens imprimés dans le département (Libre-Artois, Nord-Littoral, Le journal du Pas-de-Calais et de la Somme), dont les ventes cumulées (37000 exemplaires) ne sont pas négligeables, aucun n’est proche du parti communiste. Celui-ci dispose certes dans le Pas-de-Calais d’un hebdomadaire qui a déjà été mentionné, Clarté, mais qui se vend plutôt mal, constitue une source constante d’embarras financiers et finit par disparaître au début de l’année 1950 [130].

42C’est sans doute l’accusation de trahison qui constitue, en 1947 puis en 1948, le thème le plus développé par la presse communiste. Cette trahison est d’abord celle, en quelque sorte ontologique, de tous les adversaires du parti qui sont de ce fait même des ennemis du peuple : après « avoir acculé et affamé la classe ouvrière, ils tremblent devant la colère du peuple. Craintifs, poltrons et couards, ils en arrivent à mentir, à insulter, à calomnier, à provoquer leurs victimes. Ils vont jusqu’à l’ignominie la plus dégradante, la plus abjecte » [131]. Mais les traîtres sont bien sûr également désignés avec davantage de précision : FO, souvent appelée forces anti-ouvrières et la CFTC se classent au premier rang de ceux qui trahissent la classe ouvrière [132]. Viennent ensuite les hommes politiques SFIO (par exemple Paul Sion ou Augustin Laurent) auxquels la presse communiste reproche quelquefois d’avoir pactisé avec Pétain pendant l’Occupation [133] et de s’allier, sous l’égide des Américains, avec FO. Ce sont d’ailleurs les socialistes qui sont les véritables auteurs et éditeurs des tracts et des affiches hostiles à la grève « et ce sont les militants socialistes qui, la nuit car ils ont peur, diffusent le poison de la trahison » [134] :

43

« Les dirigeants S.F.I.O. du Pas-de-Calais hurlent avec les loups, ils se sont rangés aux côtés des descendants des pires ennemis des mineurs… [Ils] sont au service des mercenaires du gouvernement ; leurs bassesses, leur ignoble complicité ne trompent plus les mineurs » [135].
« Les dirigeants S.F.I.O. sont au service des assassins de grévistes. Ils sont les valets, les mouchards, les « conseilleurs » des préfets, des brutes C.R.S. Là où ils sont maires ils les guident dans les rues des localités, contre les grévistes, tel le maire de Carvin [136]. Devant l’indignation des populations, la peur les agite, ils appellent au renfort des C.R.S., ils font faire l’état de siège des localités minières. Ils sont les successeurs des politiciens au service de la réaction sanguinaire, des assassins de Fourmies, des responsables des catastrophes minières de 1906 » [137].

44La trahison est également celle de la presse non communiste qui est naturellement considérée comme tout entière vendue aux magnats des trusts américains. L’ensemble de ses rédacteurs en chef étaient de toute façon déjà au service des Allemands (qui sont systématiquement appelés les Boches). Tous les journaux qui ne sont pas communistes sont bien sûr considérés comme réactionnaires : de La Voix du Nord, présentée comme le prolongement du Grand Écho du Nord (dont les locaux, l’imprimerie, une partie des anciens journalistes et des cadres avaient, il est vrai, été repris par La Voix du Nord à la Libération), jusqu’à Nord-Matin, tous rivalisent « de bassesses et d’ignominies » [138]. Cette presse servile ne fait en réalité que poursuivre l’œuvre d’intoxication et de démoralisation qu’elle a entreprise pendant la guerre [139]. La dénonciation des traîtres débouche assez naturellement sur des menaces :

45

« Autrefois le vieux syndicat des mineurs savait faire corriger comme il convenait les « rouffions » et les « broutchoutistes [140] » de tout acabit qui sabotaient et créaient le défaitisme dans les rangs des travailleurs. Aujourd’hui, les chefs socialistes, alliés aux chefs de la C.F.T.C. agents du patronat d’avant guerre, organisateurs des brigades de « rouffions » tentent de torpiller la grève. Mais tout a une fin et les infamies se paient toujours » [141].

46Les « briseurs de grève » peuvent être désignés de manière plus précise :

47

« dans ces vils individus nous retrouvons un gros ventru, délégué mineur sous Vichy au 6 de Liévin, puis un autre imbécile de Givenchy qui n’ose même pas regarder un camarade en face et qui déjà se croit élu délégué par Force Ouvrière, puis un pauvre égoïste qui ne pense qu’à lui et qui se sent soutenu par certaines personnalités qui comme lui, morderont (sic) la poussière et enfin un pauvre diable malheureusement amputé d’un œil et qui ferait mieux de se tenir tranquille, faire le rouffion ça ne dure qu’un temps » [142].

48Les briseurs de grève sont en effet promis à un sort peu enviable : « Brr ! Ça doit être terrible de se trouver dans la peau d’un jaune ! » [143]. La rhétorique communiste ne se réduit cependant pas à la dénonciation de la trahison des ennemis politiques. Le discours de guerre froide (et tout particulièrement celui du parti communiste) utilise de manière récurrente (et quelquefois obsessionnelle) les souvenirs de la seconde guerre mondiale. Mais il est sans doute peu de périodes où cette tendance est davantage prononcée qu’au moment des grèves de 1948. Jules Moch, l’« assassin d’ouvriers » [144], est « le chef des assassins S.S. » [145] Ses « sbires » sont naturellement à son image : ils sont en particulier fidèles à l’exemple de leurs prédécesseurs hitlériens [146] et ce sont en tous points de « dignes continuateurs des Boches maudits » [147]. Leurs procédés sont sans exemple depuis « le fascisme d’Hitler et de Vichy » [148]. En fait, ils sont « pires que les Boches » [149]. Dans ces conditions, l’évacuation des fosses est évidemment considérée comme un épisode d’une nouvelle occupation [150]. Les grévistes, et en particulier les communistes, sont donc les nouveaux résistants, victimes de véritables rafles [151] et exposés aux mauvais traitements des nouveaux occupants : « dans Bruay occupé ce n’est plus qu’arrestations et interdictions [et] aujourd’hui comme pendant les années terribles d’occupation les mêmes méthodes de brutalité sont employées contre nos camarades » [152]. Les grévistes subissent « sous la IVe République aussi, les mêmes traitements que les S.S. réservaient aux résistants, aux patriotes, aux F.T.P. : coups de pieds, coups de poings, coups de crosse, corps piétinés sur le sol, mains écrasées, visages tuméfiés devant les parents et pendant les interrogatoires » [153]. Il est d’ailleurs possible que cette assimilation des CRS aux SS et de la troupe à la Wehrmacht, qui est constante en 1948, constitue plutôt une erreur psychologique de la part des communistes. En 1947, la position des cadres communistes ou cégétistes avait été plus modérée (quoique ambiguë). Henri Martel [154] avait ainsi affirmé aux grévistes, lors d’un meeting à Bully-les-Mines, qu’ils ne devaient pas avoir peur des soldats qui étaient leurs frères [155]. Auguste Defrance avait par ailleurs présenté à Boulogne-sur-Mer deux soldats qui étaient supposés démontrer la fidélité de la classe 1943 au monde ouvrier. Il avait même pré-cisé « que les réservistes du Pas-de-Calais dont le gouvernement n’ignorait pas les sentiments ne seraient plus appelés à l’avenir » [156]. Lors des réunions et des défilés, le chant du 17e se mêle alors souvent à l’Internationale : il s’agit bien sûr de « Gloire au 17e », chanson de Montéhus célébrant le refus des soldats du 17e régiment d’infanterie de Béziers d’obéir aux ordres de leurs officiers lors de la révolte des vignerons du Midi en 1907. Ceci étant, Henri Martel avait également déclaré aux mineurs présents à Bully-les-Mines : si les soldats ne se rallient pas à la classe ouvrière, « faites comme vos anciens de 1902 et 1906, battez-vous avec eux » [157]. En 1948, cette (très relative) modération n’est plus de mise. Mais, si l’antimilitarisme est alors assez vivace dans le bassin minier, les rapprochements constants entre l’armée française et la Wehrmacht peuvent malgré tout choquer si peu de temps après le second conflit mondial [158]. Les forces de l’ordre étant assimilées à la Wehrmacht ou aux SS, ceux qui s’opposent à la grève sont logiquement présentés comme de nouveaux collaborateurs (et il est évidemment très fortement suggéré qu’ils l’étaient généralement déjà pendant la seconde guerre mondiale) :

49

« Si quelques-uns (et ils sont rares) ont poussé comme Blum après Munich un soupir de « lâche soulagement », il est remarquable de constater que ce sont les mêmes qui en 1940 applaudissaient l’arrivée des Boches, les mêmes qui aux grèves de 1941 essayaient de travailler pour les Boches, les mêmes qui ont toujours été les larbins des patrons… » [159].

50Les figures honnies du jaune et du collaborateur se confondent donc désormais :

51

« Salaud ! Vendu ! Traître ! Les injures pleuvaient sur les deux jaunes qui remontaient du n° 4 d’Ostricourt. « J’ai fait des heures supplémentaires pour faire du charbon aux Boches, je peux bien en faire pour les Français ». C’est tout ce que trouva l’un d’eux à répondre… » [160]

52Dans une pareille atmosphère, l’évacuation des carreaux des fosses ne peut bien sûr qu’être décrite en termes guerriers, la presse communiste insistant particulièrement sur l’utilisation des chars pendant les opérations de dégagement. Les puits sont attaqués et pris par les blindés « dans le cadre de véritables manœuvres de guerre » [161]. C’est aussi, bien sûr un moyen d’expliquer le succès remporté par les forces de l’ordre : en dépit de leur héroïque résistance, les grévistes ne peuvent tout simplement pas tenir face aux « blindés C.R.S. » qui n’hésitent pas à ouvrir le feu [162]. En 1962, alors qu’il est depuis longtemps exclu du parti communiste, Auguste Lecœur retrouve des termes analogues pour décrire la situation du bassin minier pendant les grèves de 1948 :

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« Troupes, C.R.S., gardes mobiles, gendarmes, policiers de tout genre, plusieurs dizaines de milliers d’hommes disposant de chenillettes, chars, automitrailleuses, voitures-radio, avions de transport et de reconnaissance, dirigés par le ministre socialiste Jules Moch, furent envoyés sur les lieux. Un régime de terreur s’installa sur les corons » [163].

54Le climat très tendu qui règne à l’issue du conflit de 1948 explique sans doute que l’apogée de cette rhétorique de la violence soit atteint lorsque la presse communiste doit annoncer la fin de la grève. Les thèmes développés pendant les semaines précédentes sont alors repris sur un mode paroxystique : l’échec des grévistes est d’abord lié à l’extraordinaire ampleur de la répression.

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« Le bloc des travailleurs de la mine est resté intact durant de longues semaines. Pour l’entamer, le gouvernement a dû employer des forces militaires et policières supérieures à celles utilisées contre les Boches en 1940, utiliser des méthodes de sauvage répression inspirées par la barbarie hitlérienne, ayant recours à la prise d’otages chez les femmes et les vieux, à l’odieuse campagne de xénophobie, aux expulsions, aux tortures, à l’assassinat… » [164]

56Mais, bien sûr, le succès du gouvernement n’aurait jamais été possible sans la trahison, une nouvelle fois rappelée, des chefs socialistes et des cadres de FO qui « prirent fait et cause contre les revendications. Ils en sont venus jusqu’à jouer le rôle d’indicateurs de police, allant même pour certains d’entre eux jusqu’à participer personnellement à la torture des grévistes arrêtés » [165].

57Les insultes proférées en 1947 et 1948 sont naturellement, quel que soit leur degré d’élaboration, beaucoup moins graves que les sabotages qui sont alors commis. Ceux-ci sont plus nombreux en 1948, mais c’est en 1947 que les conséquences sont les plus graves : ce sont alors les voies ferrées qui sont les plus visées. Le 2 novembre, à Marles-les-Mines, un aiguillage de la ligne d’Auchel est volontairement déréglé, ce qui provoque le déraillement d’une locomotive et d’un wagon. Le 1er décembre, à Boulogne-sur-Mer, des caissons de 400 kilogrammes sont déposés sur la voie de chemin de fer qui emprunte le tunnel de l’Ave Maria. Ils sont cependant retirés à temps. Le 3 se produit le sabotage le plus dramatique. Les rails de la ligne Paris-Lille sont déboulonnés à Agny, dans le canton d’Arras-Sud, provoquant le déraillement d’un train de voyageurs. Le bilan est très lourd : 24 morts et une quarantaine de blessés. Même aujourd’hui, cet événement, au sujet duquel de nombreuses hypothèses ont été émises, n’est pas encore entièrement éclairci [166]. En 1947, cette catastrophe marque naturellement les esprits. Les autres exemples cités montrent que ce sabotage ferroviaire n’est pas, en fait, un événement unique : beaucoup plus que la pratique, c’est le bilan de la catastrophe d’Agny qui est exceptionnel. Les autres actes de sabotage commis en 1947 apparaissent en revanche assez secondaires. Le 1er décembre, des clous sont jetés sur la voie publique à Boulogne-sur-Mer. Le 10, à Sailly-Labourse, 4 berlines sont précipitées dans la fosse 6 et les lampes des mineurs sont déchargées. Le travail est alors interrompu pendant 48 heures [167]. L’arrêt des grèves ne signifie pas immédiatement la fin des sabotages, ce qui provoque naturellement l’inquiétude du préfet qui évoque la nécessité, en cas de nouvelle agitation politique et sociale, de prendre « des précautions du côté de la SNCF en confiant à d’importantes unités militaires la garde des points ferroviaires sensibles » [168].

58Les actes de sabotage commis en 1948 sont nettement plus nombreux, mais leurs conséquences sont nettement moins graves. La décision d’abandonner les mesures de sécurité, qui est prise lors de la troisième semaine du conflit doit être mentionnée ici dans la mesure où elle constitue une sorte de sabotage passif [169]. Il s’agit évidemment d’un geste grave que les cadres de la CGT s’efforcent de justifier : le 20 octobre, devant 2 500 personnes réunies à Sallaumines, Henri Martel affirme

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« à peu près textuellement : qu’est-ce que ça peut nous faire si une fosse est noyée pour plusieurs mois. Vous aurez toujours vos bras pour travailler tandis que si vous reprenez le travail sans avoir obtenu satisfaction vous serez esclaves pendant de longues années » [170].

60La question est en fait longtemps restée assez embarrassante pour les organisateurs du mouvement. En 1962, c’est avec une remarquable concision qu’Auguste Lecœur note, lorsqu’il évoque les grèves de 1948, que « les mesures de sécurité qui jusque-là étaient assurées par les grévistes cessèrent » [171]. Il convient en réalité de nuancer le caractère exceptionnel (souvent évoqué à l’époque par les grévistes comme par les non-grévistes) de cette pratique. En 1947 également, même si cela avait moins retenu l’attention, les mesures de sécurité avaient été suspendues dans de nombreux puits : des stations de pompage avaient alors été envahies par l’eau, des éboulements s’étaient produits et, faute d’alimentation, plusieurs chevaux étaient morts de faim au fond de la mine. En 1948, les sabotages « actifs » visent des cibles plus diverses qu’en 1947. Si les voies ferrées ne sont pas épargnées, les installations minières et les transports routiers sont cette fois davantage touchés. Le 2 novembre, à Haillicourt, dans le groupe des mines de Bruay-en-Artois, le frein de la cage d’extraction de la fosse 2 bis est démonté, immobilisant cette machine à mi-course : les mineurs présents au fond doivent de ce fait remonter par les échelles [172]. Le 3, des rails de chemins de fer sont enlevés entre Harnes et Billy-Montigny [173]. Le 5, deux sabotages rendent impossible le redémarrage de la fosse 7 de l’Escarpelle qui avait été dégagée la veille [174]. Le 9, les pneus d’un autobus des Houillères assurant le transport des ouvriers des campagnes vers les fosses 2 et 3 des mines de Dourges à Hénin-Liétard sont transpercés par des planches cloutées placées au travers de la route [175]. Le même jour, des clous sont jetés sur les chemins que les ouvriers empruntent pour se rendre au travail [176]. Dans la nuit du 11 au 12, un rail est déboulonné à Beugin sur la ligne de chemin de fer reliant Saint-Pol-sur-Ternoise à Bruay-en-Artois puis à Lens, sans doute afin de provoquer le déraillement du train transportant les mineurs jusqu’à la fosse 7 du groupe de Bruay-en-Artois. Le 12, à Liévin, trois individus masqués s’introduisent dans le retour d’air d’une fosse et placent des explosifs sur les coussinets des moteurs servant à la ventilation. Une seule charge explose, n’occasionnant en fait que des dégâts mineurs [177]. Le même jour, une grenade est lancée contre un train des mines partant de Choques, blessant l’accrocheur qui doit être hospitalisé [178]. Le 14, un rail est placé au travers de la ligne Rimbert-lez-Auchel-Lillers [179]. Le 16, c’est la ligne Auchy-Bully qui est touchée [180]. Le 22, un autobus des Houillères effectuant le transport des ouvriers mineurs du groupe de Nœuxles-Mines est détourné par trois individus qui, sous la menace d’un revolver, forcent le chauffeur à les conduire dans le bois d’Olhain. Arrivés à destination, ils contraignent les passagers à s’enfuir et tentent de mettre le feu au véhicule. N’y parvenant pas, ils jettent une grenade à l’intérieur de l’autobus [181]. Deux des responsables de ce détournement sont ensuite arrêtés et affirment alors avoir agi à l’instigation d’un délégué de la fosse 2 de Nœux-les-Mines qui est également un cadre local du parti communiste. Le 26, à Bruay-en-Artois, 17 tire-fonds sont enlevés sur la ligne de chemin de fer reliant la fosse 3 à Carbolux [182]. Ces événements répétés peuvent susciter une certaine forme de psychose de l’attentat : une lettre anonyme du 14 octobre 1948 évoque ainsi avec une assez grande précision un risque d’attentat aux abords de la gare de Lens : son auteur explique qu’il n’ose pas la signer par peur des représailles [183]. Par beaucoup d’aspects, les sabotages commis en 1947 et 1948 ressemblent à ceux qui ont été effectués dans le bassin minier pendant le second conflit mondial [184]. Sans doute les habitudes de violence prises pendant la guerre jouent-elles un certain rôle. Il est également évident que dans un système productif particulier (celui du bassin minier), les sabotages revêtent en quelque sorte naturellement des formes similaires.

61L’évacuation des sites occupés, en particulier du carreau des fosses, est évi-demment un moment particulièrement propice à la violence. Dans les der-niers jours d’octobre 1948, lorsque la perspective d’une intervention des forces de l’ordre devient de plus en plus probable, les piquets de grève se renforcent considérablement et certains sites sont alors quasiment transformés en places fortes. L’existence et l’importance de ces barricades différencient d’ailleurs dans une certaine mesure les grèves de 1948 de celles de 1947. En 1947, les fosses avaient été assez rarement fortifiées dans le Pas-de-Calais (mais le cas avait cependant pu se produire) [185] et les dispositions qui avaient alors été prises par certains piquets semblaient plutôt dirigées contre les nongrévistes. En 1948, les retranchements ont beaucoup plus d’ampleur. Pour ne citer que quelques exemples marquants, des arbres sont sciés sur l’avenue conduisant à la fosse 4 d’Oignies à Carvin, des pieux sont plantés devant la fosse 4 de Liévin à Avion. Près de la cokerie d’Harnes, des wagons sont sortis des rails. Les préparatifs sont encore plus spectaculaires à la fosse 7 de Liévin à Avion. Là, les grévistes ne se contentent pas de disposer des pieux, ils creusent des tranchées et mettent en place des réseaux de barbelés. Dans certaines fosses (les nos 4, 5 et 13 de Courrières), ils accumulent aussi des projectiles divers [186]. Dans ces conditions, et même si ce n’est en fait pas le cas le plus fréquent, certaines évacuations sont mouvementées. Le 29 octobre, des gaz lacrymogènes sont utilisés contre des grévistes qui ont recours à l’acide sulfurique et à des jets de boulons [187]. Le même jour, au 4 d’Oignies, le portail doit être forcé par un blindé. Des pierres et de l’acide sont lancés sur les forces de l’ordre au moment où elles pénètrent sur le carreau [188]. Le 2 novembre, les grévistes utilisent ce que les Renseignements généraux appellent des bidons d’essence enflammés, c’est-à-dire sans doute des cocktails molotov [189]. Il s’agit donc de situations dangereuses pour les forces de l’ordre, d’autant que celles-ci sont à l’époque assez mal protégées. Policiers et gendarmes ne disposent en effet que de leurs uniformes de service. Les tenues des CRS et des gardes républicains les protègent mal contre les projectiles, l’acide ou les cocktails molotov. Ils ne sont pas équipés de boucliers et leur casque ne protège pas la nuque ou le visage. Les heurts les plus spectaculaires se produisent le 2 novembre lors de l’évacuation d’un certain nombre de fosses de Lens et de Liévin. Ces opérations sont protégées par des patrouilles de half-tracks. L’une de ces colonnes est accueillie par des jets de grenades offensives dont les éclats blessent des officiers et des gardes. En outre, un sous-officier est atteint par un boulon. Il faut par ailleurs ouvrir le feu pour dégager un véhicule qui est sur le point d’être pris par les manifes-tants [190]. Il n’est pas étonnant que, dans une pareille atmosphère, les forces de l’ordre elles-mêmes aient pu quelquefois propager des rumeurs passablement exagérées. Le 29 octobre, un rapport de police évoque des tuyaux qui auraient été branchés à la fosse 2 de Lens sur des appareils à air comprimé préparés pour lancer des boulons et d’autres projectiles sur les forces de l’ordre et l’existence de mines enterrées sous la cour [191]. Cette peur des mines réapparaît d’ailleurs à plusieurs reprises. Le 30 octobre, les Renseignements généraux de Lens signalent que plusieurs points des fosses 4 et 7 de Liévin seraient piégés [192]. Le 1er novembre, ce sont les Renseignements généraux de Béthune qui font état de la présence de mines à la fosse 10 à Sains-en-Gohelle [193]. La veille, ils avaient mentionné la préparation d’une véritable embuscade à la fosse 2 d’Hénin-Liétard où les grévistes étaient supposés avoir prévu, en cas d’intervention des CRS par la route nationale reliant Lens à Douai, d’obstruer le tunnel passant sous la voie de chemin de fer en renversant un wagon chargé de matériaux. Pour prévenir les grévistes, un guetteur aurait monté la garde en haut du terril du carreau de la fosse 2 [194].

62Outre les sabotages et les affrontements qui se produisent lors de l’évacua-tion des sites occupés, les grèves de 1948 sont marquées par de nombreux attentats contre les non-grévistes et cette forme de violence est probablement celle qui (avec, bien sûr, la catastrophe d’Agny) a le plus marqué l’opinion. Dès les premiers jours du conflit, les orateurs communistes évoquent les représailles contre les rouffions. La situation devient encore plus tendue le 8 octobre, lorsque sont remis des ordres de réquisition individuels. Les dirigeants syndicaux demandent au personnel requis de ne pas y répondre, mais de placarder leur convocation sur les murs en y écrivant le nom de Jules Moch [195]. Ceux qui souhaiteraient se rendre au travail doivent être reconduits chez eux par la force. À la fin du mois, l’attitude des grévistes se durcit encore davantage. Au début du mois de novembre, la police est persuadée que des militants cégétistes sont placés en faction aux alentours des principales installations industrielles et des grands bureaux afin de repérer les ouvriers et les employés qui ont arrêté la grève et de pouvoir se livrer contre eux à des représailles [196]. Les attaques d’ouvriers sur le chemin du travail deviennent dès lors fréquentes. Ils sont frappés et, souvent, leur bicyclette est détruite. Les dirigeants de la CGT n’hésitent pas à féliciter les auteurs de ces agressions et à les engager à persévérer [197]. Lorsque, à partir du 10 novembre, s’esquisse une reprise au fond, les non-grévistes n’hésitent cependant plus à se déplacer en groupes et à se défendre, ce qui peut occasionner des heurts assez sévères avec les grévistes. Ces rencontres ne sont pas nécessairement désarmées. Une grenade est ainsi découverte dans un jardin à Marles-les-Mines après un incident de ce type [198]. L’intimidation peut aller au-delà des coups. Le 16 novembre, un individu masqué fait irruption chez un mineur qui a repris le travail. Sous la menace de son arme, il lui fait signer une déclaration par laquelle il s’engage à cesser le travail. L’agresseur fait savoir à sa victime qu’au besoin, il a été désigné pour l’abattre [199]. Il semble cependant qu’à partir du 22 novembre les dirigeants de la CGT donnent des instructions pour que cessent les attentats individuels contre les non-grévistes. En effet, ainsi que cela a déjà été mentionné, ces actes suscitent, bien au-delà du seul bassin minier, une très vive réprobation qui rend la grève de plus en plus impopulaire auprès d’une large partie de l’opinion publique. L’activité de la police commence par ailleurs à donner des résultats et la CGT redoute de perdre ses éléments les plus décidés [200]. Le nombre d’agressions diminue en tout cas très vite après cette date et, à partir du 25 novembre, elles deviennent exceptionnelles.

63Il faut enfin évoquer l’une des formes de violence les plus répandues pen-dant les grèves, l’attaque des maisons. Ce type d’action semble un peu moins courant en 1947 qu’en 1948, ce qui ne signifie pas qu’il soit alors inconnu ou même simplement rare. C’est d’ailleurs en 1947 qu’a lieu l’agression la plus spectaculaire : l’invasion d’une maison prend alors la forme d’un véritable rituel punitif. Le 24 novembre, un délégué mineur s’en prend violemment, devant 2 000 à 2 500 grévistes, à Auguste M., ancien délégué de la fosse 9 de Béthune et militant FO résidant à Vermelles. Il demande que l’on lui rapporte « sa tête coûte que coûte ». Mis au courant, Auguste M. quitte son domicile pour aller se réfugier chez des amis. Son épouse ferme son habitation à clé, ce qui n’empêche pas, à 14 heures, un groupe d’une centaine de personnes d’enfoncer la porte et d’occuper la maison. Une femme s’adresse alors à elle : « c’est ton homme qu’il nous faut, il faut qu’il vienne avec nous. C’est aujourd’hui qui (sic) va être pendu ». Un jeune homme de 15 à 16 ans s’en prend alors à madame M., reprochant à son mari d’être un fainéant [201] et d’avoir été responsable de la mort de son père lors de la catastrophe d’Annequin en 1942 (il s’agit en fait sans doute du coup de grisou qui, le 2 mars 1943, avait fait 16 morts et 9 blessés à la fosse 9). Quand madame M. lui répond qu’il est trop jeune pour se mêler de ces questions et qu’il ferait mieux de retourner à l’école, elle est expulsée de son logis et une femme veut alors la placer en tête du cortège des grévistes, affirmant qu’« il y a assez longtemps qu’elle se lave les mains dans le sang de son fils ». Celui-ci avait été tué sur le champ de bataille en Belgique le 5 septembre 1944. Une telle phrase est étonnante et, peut-être, révélatrice d’enjeux importants de légitimité. Si, encore aujourd’hui, alors que le second conflit mondial est terminé depuis presque deux tiers de siècle, il reste pour certaines forces politiques ou sociales une référence majeure, la question est forcément encore beaucoup plus sensible en 1947. Faut-il donc voir dans ces propos la volonté de refuser que même la mort au combat puisse être une source de légitimité lorsque la victime n’appartenait pas à la sphère d’influence communiste ? Des exemples similaires peuvent en tout cas en être relevés dans le discours communiste des années de guerre froide. La maison envahie par les manifestants est ensuite fouillée de fond en comble par les manifestants qui dérobent de fortes sommes d’argent [202]. La place des femmes et des jeunes, évidente dans cette affaire, ne doit en fait pas être négligée dans les événements de 1947 et de 1948. Ces deux catégories participent en effet souvent aux meetings, défilés et actions violentes. Femmes et enfants peuvent ainsi être placés en tête des cortèges [203] et l’appel aux femmes pour faire face à la police est quelquefois une tactique consciemment utilisée par la CGT [204]. Augustin Viseux signale aussi la pratique consistant à rassembler des femmes pour enlever le pantalon d’un briseur de grève (ou supposé tel) avant de le reconduire à son domicile en lui faisant porter le drapeau rouge [205]. Femmes et jeunes ne constituent donc pas toujours, il s’en faut de beaucoup, les éléments les moins combatifs ! [206]

64Si des exemples spectaculaires peuvent être trouvés lors des grèves de 1947, les attaques dirigées contre les maisons semblent cependant plus nombreuses en 1948. Elles commencent dès le 9 octobre et deviennent fréquentes à la fin de ce mois. La plupart des victimes appartiennent à quelques catégories bien définies. Il s’agit en premier lieu de responsables syndicaux, en particulier ceux de FO, mais la CFTC n’est bien sûr pas épargnée. Les membres de FO peuvent naturellement aussi être quelquefois visés en tant que militants socialistes [207]. Un contentieux précis vient quelquefois aggraver la situation. C’est ainsi qu’un membre de FO refuse de rendre le drapeau de la CGT qu’il détient [208]. L’encadrement (les porions comme les ingénieurs) est également la cible de ces attaques. Sont également concernés les non-grévistes ou, à partir du début novembre, ceux qui ont repris le travail. Peuvent enfin être touchés certains mineurs qui, sans chercher à continuer ou à reprendre le travail, refusent simplement de se joindre aux piquets de grève. La violence dirigée contre les domiciles revêt des formes variées. La plus simple est l’intrusion dans le jardin. Le plus souvent, des vitres sont brisées, naturellement pendant la nuit [209]. Des vitrines de commerce peuvent également être détruites. Il s’agit alors de boutiques appartenant à des proches (père, épouse) de la personne que l’on veut atteindre [210]. Le bris de vitres peut s’accompagner de menaces. Celles-ci sont parfois inscrites sur les murs. Dans un cas, une bouteille contenant un message d’avertissement est déposée à l’intérieur de la maison. La menace peut aussi être implicite : une bouteille remplie d’essence est ainsi déposée devant la porte d’une maison dont les vitres ont été cassées [211]. Si les pierres sont les armes les plus courantes, d’autres sont également utilisées : c’est le cas des boulons et de l’acide [212]. L’emploi de grenades, lancées contre un jardin ou, plus souvent, contre la maison elle-même, est lui aussi fréquent. Le 8 novembre, dans le seul secteur de Wingles, ont lieu trois attentats de ce type [213]. S’il arrive que les grenades n’éclatent pas, il serait faux de croire qu’il s’agit simplement d’intimidations et les dégâts peu-vent être importants. La même maison peut bien sûr être attaquée à deux reprises. Des habitations peuvent, exceptionnellement, être saccagées en plein jour, mais il s’agit alors d’une action collective, qui peut rappeler l’assaut de la maison d’Auguste M. Ainsi, le 4 novembre, à la suite de l’ar-restation de délégués mineurs, des grévistes tentent une marche sur la fosse 6 de Mazingarbe. La troupe intervient alors et disperse les manifestants. Mais certains d’entre eux commencent alors à ravager les habitations de mineurs qui avaient travaillé ce jour-là et la troupe doit à nouveau intervenir [214]. Camille Delabre cite par ailleurs l’exemple de la maison d’un secrétaire FO de Sallaumines, gardée par une trentaine de communistes, dont l’occupant ne peut sortir sans s’exposer à des coups [215].

65En 1947 une partie importante de l’opinion publique semble avoir déjà considéré que la réaction du gouvernement à ces violences était tout à fait insuffisante et que des forces bien plus nombreuses auraient dû être déployées pour assurer la liberté du travail et la sécurité des travailleurs [216]. Il est évident qu’en 1948 les mineurs et les ouvriers qui n’approuvent pas la grève adressent le même reproche à des pouvoirs publics accusés de ne pas intervenir suffisamment pour assurer la liberté du travail et, surtout, pour faire cesser l’atmosphère de très grande tension qui règne dans beaucoup de corons. Dans ces conditions, à partir du 7 novembre, les violences commises par les grévistes peuvent déclencher des représailles. C’est particulièrement net à Liévin où, ce jour-là, de 20 à 22 h, les sièges de quatre cellules communistes (en particulier des cafés) essuient des coups de feu ou reçoivent une grenade. Dans l’un des établissements visés, le fils d’un des consommateurs présents, un enfant de trois ans, est légèrement blessé [217]. Le lendemain, à Burbure, après un jet de pierre qui a atteint la porte de sa maison, un mineur se munit d’un marteau et casse deux vitres de la maison d’un délégué mineur qui est également l’un des dirigeants communistes locaux [218]. Le 16 novembre, à Dourges, après des bris de vitres, des mineurs FO lancent des briques contre la maison d’un militant cégétiste. Celui-ci réplique en les insultant et les membres de FO tirent alors plusieurs coups de feu [219].

66Quelle que soit le degré de violence atteint pendant les grèves, il semble cependant que le parti communiste (qu’il s’agisse d’une question d’opportu-nité ou d’un trait de culture politique) ne souhaite pas que le mouvement dérive vers des formes de délinquance de droit commun : le 3 décembre 1947, un magasin d’alimentation est pillé à Bruay-en-Artois. Les coupables sont des membres ou des sympathisants du parti communiste. Ils sont jugés en août 1948 et leur chef, un mineur de 44 ans, père de huit enfants, est condamné à sept ans de réclusion. Or ni la CGT ni le parti communiste ne cherchent à exploiter l’affaire [220].

67Les événements de 1947 et 1948 constituent un moment exceptionnel dans l’histoire des grèves. Ils sont en effet marqués par une remontée brutale de la violence alors que celle-ci avait connu en France un déclin précoce [221]. Pour comprendre cette résurgence, il faut évidemment prendre en compte le fait que ce double conflit vient clore une décennie particulièrement agitée, marquée en particulier (mais pas uniquement) par la seconde guerre mondiale. Celle-ci a bien sûr considérablement « brutalisé », si l’on peut se permettre d’utiliser ici ce concept, les rapports sociaux [222]. Après plusieurs années de guerre et après les combats de la Résistance, le recours au sabotage et à d’autres formes de violence apparaît plus facilement légitime (l’exemple de Roger Pannequin qu’irrite souvent le légalisme d’une partie des cadres communistes et cégétistes est ici très éclairant). La proximité du second conflit mondial explique aussi, bien sûr, le grand nombre d’armes (en particulier de grenades) alors disponibles dans le bassin minier : leur usage, ou du moins leur détention, semble alors presque naturel. Sortant négocier avec des grévistes, Augustin Viseux s’équipe d’une grenade et d’un mauser [223]. Les débuts de la guerre froide contribuent naturellement aussi à la remontée de la violence qui se produit en 1947 et 1948. Il est évident que, pour les communistes et les cadres de la CGT, il n’y a pas de vraie différence de nature entre la Quatrième République alliée aux Américains et l’État français ou même l’occupant nazi. La violence dans ces conditions, n’est pas, ou du moins pas toujours, une pratique spontanée ou marginale, qui constituerait en quelque sorte un effet secondaire du conflit. Elle peut aussi être justifiée et encouragée. De ce fait, la réponse de l’appareil d’État est logiquement énergique, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elle soit démesurée. Les pouvoirs publics, et en particulier le préfet, conscients des problèmes particuliers que pose le rétablissement de l’ordre dans un espace aussi peuplé et comportant autant de points sensibles que le bassin minier, tirent les leçons des événements de 1947 et organisent donc en 1948 un déploiement massif des forces de l’ordre, dont l’ampleur même est destinée à décourager toute volonté de résistance et, de ce fait, à diminuer les risques d’affrontement ouvert. Et il est vrai qu’en dépit de la dureté de ces mouvements sociaux, aucun décès n’intervient alors dans le Pas-de-Calais (à l’exception, il est vrai majeure, de la catastrophe d’Agny). La double défaite des grévistes débouche sur une série de condamnations qu’explique la gravité des délits (en particulier les sabotages et les agressions) commis en 1947 et 1948 mais qui permet bien sûr au parti communiste de dénoncer la justice « bourgeoise ». Il est par ailleurs certain que les Houillères nationales profitent de l’occasion pour se défaire d’éléments considérés comme gênants (ce que ne désapprouve d’ailleurs pas nécessairement, au moins sur le moment, une part non négligeable de la population du bassin minier qui a incontestablement été choquée par la violence des procédés utilisés par les grévistes). Le grand nombre de licenciements et, plus encore, la remise en ordre assez brutale qui se produit après la fin des grèves de 1948 créent cependant assez vite un évident malaise dans le bassin minier, conduisant le préfet et un certain nombre d’hommes politiques locaux, pourtant généralement peu enclins à la sympathie pour les militants communistes ou cégétistes, à regretter l’intransigeance dont les Houillères peuvent parfois faire preuve à cette occasion.


Mots-clés éditeurs : violence, guerre froide, mines, grève, syndicalisme

Date de mise en ligne : 19/03/2013

https://doi.org/10.3917/rdn.389.0133

Notes

  • [*]
    Philippe Roger, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Lille 3, 67, rue Victor Hugo, 62300 Lens.
  • [1]
    P. Roger, « Les grèves de 1953 dans le Pas-de-Calais », Revue du Nord, t. 89, janvier-mars 2007, p. 105-138.
  • [2]
    Pour ne citer que quelques exemples : É. Dussart, « Les bannis des houillères demandent répa-ration, soixante ans après », La Voix du Nord, 21 janvier 2008, p. 36. Sur le site de la Voix du Nord « Mineurs grévistes licenciés en 1948-1952 : jugement le 18 septembre », 26 juin 2009 ; « Les mineurs grévistes licenciés en 1948-1952 déboutés, leur action persiste », 18 septembre 2009 ; « Pas de médiation pour les mineurs grévistes de 1948 », 11 février 2010.
  • [3]
    S. Curinier, « Commémorer la grève des mineurs du Nord de 1941 », communication lors de la journée d’études « La commémoration dans le Nord de la France » organisée par Philippe Roger à Villeneuve-d’Ascq dans le cadre de l’IRHiS le 13 novembre 2009.
  • [4]
    Et qui continue d’alimenter des articles militants (ce terme étant ici simplement technique et ne comportant aucun jugement de valeur). L’on peut ainsi se référer sur Internet à J.-M. Humez, « 1948, la guerre aux gueules noires », Liberté62, 25 janvier 2008 ou à P. Pirierros, « Respecter, enfin, la dignité des mineurs grévistes de 1848 (sic) », Liberté62, 24 novembre 2008.
  • [5]
    Comme le remarque D. Hémery, « Vie et mort de René Camphin (1913-1954) militant communiste, résistant, député du Pas-de-Calais », Gauheria, mai 2009, p. 62.
  • [6]
    Si je puis me permettre d’emprunter ce titre à la trilogie d’André Stil (dont le premier tome lui vaut le prix Staline 1952).
  • [7]
    É. Dejonghe, « Les Houillères à l’épreuve : 1944-1947 », Revue du Nord, t. LVII, octobre-décembre 1975, p. 643-666.
  • [8]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, avril 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [9]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, septembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [10]
    Après la nationalisation des mines, les 18 concessions du Nord et du Pas-de-Calais sont réunies en neuf groupes d’exploitation qui constituent de grandes unités techniques. Les 7 groupes du Pas-de-Calais sont Auchel, Bruay, Béthune, Lens, Liévin, Hénin-Liétard, Oignies.
  • [11]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [12]
    Il s’agit de Georges Phalempin. À son sujet, voir P. Roger, « Un préfet de la guerre froide, Georges Phalempin et la fédération communiste du Pas-de-Calais de 1947 à 1956 », Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, année 2006, p. 117-150.
  • [13]
    Renseignements généraux de Béthune, le 19 novembre 1947, objet : A/S de la grève des mineurs et ouvriers des services annexes (groupes Bruay, Auchel, Nœux-Béthune), AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [14]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [15]
    2 décembre 1947, Quatrième compte rendu des opérations de dégagement dans la partie ouest du bassin minier du Pas-de-Calais, résumé situation mardi 20 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir (suite) aussi Gendarmerie nationale, 14 décembre 1947, Brigade de Nœux-les-Mines, procès verbal : dénonciation des auteurs de dégradations au préjudice des Houillères nationales au cours de la grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [16]
    Sur 13 secrétaires confédéraux de la CGT, 5 (dont Léon Jouhaux) condamnent la grève qui leur apparaît avant tout politique. Pour les empêcher d’intervenir dans la conduite du mouvement, un comité national de grève dont ils ne sont pas membres est constitué à l’initiative de Benoît Frachon. Contrairement aux traditions de la CGT, ce comité se substitue pendant la grève aux organisations syndicales régulières. Sa constitution ne fait bien sûr que précipiter la scission syndicale.
  • [17]
    Renseignements généraux de Béthune, le 13 décembre 1947, note de renseignements n° 3972/8/10/CP, objet : réaction des mineurs du secteur devant l’ordre de reprise du travail lancé par le comité national de grève, AD Pas-de-Calais, 1W5160. Déchirer sa carte syndicale ne semble pas être une pratique exceptionnelle. En 1953, la même attitude est adoptée par des mineurs qui estiment que l’échec de leur mouvement est avant tout lié à des calculs politiques.
  • [18]
    P. Roger, « Les enjeux des élections au Conseil de la République dans le Pas-de-Calais (1946, 1948, 1952) », communication effectuée dans le cadre de la journée d’études consacrée à la Chambre haute et organisée par Jean-Marc Guislin à Villeneuve-d’Ascq dans le cadre de l’IRHiS le 20 novembre 2009.
  • [19]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [20]
    Liste des jugements au 8 décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W5160.
  • [21]
    Renseignements généraux de Béthune, le 12 décembre 1947, note de renseignements, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [22]
    Anonyme, « Armé d’un gourdin l’abbé Lorent patrouille la nuit contre les grévistes », France Dimanche, 14 décembre 1947, p. 1.
  • [23]
    Anonyme, « Aventurier et provocateur, le curé de Sains a reconstitué la Cagoule », Clarté, 21 décembre 1947, p. 1 et 2. Voir aussi, R. Roudier, « Ignoble justice », Clarté, 21 décembre 1947, p. 2 et Anonyme, « Le curé de Sains, chef de bande ! », Clarté, 4 janvier 1948, p. 1.
  • [24]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [25]
    Renseignements généraux de Lens, le 12 décembre 1947, rapport n° 2430-SP, objet : A/S travail dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [26]
    Idem.
  • [27]
    Ministère de l’Intérieur, Direction Générale de la Sûreté Nationale, Liévin, le 15 décembre 1947, Le commissaire de police à Monsieur le Directeur départemental des Services de Police à Arras, objet : manifestation communiste ayant pour but de libérer le détenu S. Pierre des locaux du Commissariat de Police de Liévin, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [28]
    Renseignements généraux d’Arras, le 12 décembre 1947, note de renseignements n° 2084/4, objet : situation au sein de la CGT après les grèves. Possibilités du Mouvement « Force Ouvrière » dans le département, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [29]
    La tension qui règne entre socialistes et communistes dans le Nord et le Pas-de-Calais, en par-ticulier dans le cadre du mouvement syndical, n’est nullement un fait nouveau. Pour une description de la situation à la veille du second conflit mondial, il est possible de se référer à deux articles d’Y. Le Maner, « Les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de l’agonie du Front Populaire à la guerre (1938-1939). La montée en puissance et les « grèves du Nord » de novembre 1938 », Revue du Nord, t. LXX, avril-juin 1988, p. 349-376 ; « Les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de l’agonie du Front Populaire à la guerre (1938-1939). Seconde partie : Forces et faiblesses du communisme à la veille de la guerre », Revue du Nord, t. LXX, juillet-septembre 1988, p. 547-568.
  • [30]
    Né en 1899, membre de la SFIO, engagé volontaire en 1918, élu adjoint au maire d’Hesdin en 1935, combattant en 1939-1940, responsable FFI du canton d’Hesdin, maire d’Hesdin de 1945 à 1947, conseiller général du canton d’Hesdin de 1945 à 1951, Abel Poulain est élu député en 1945 et 1946.
  • [31]
    Paul Sion, né en 1886, membre de la SFIO depuis 1912, ancien combattant de la première guerre mondiale, joue un rôle important dans le syndicalisme minier à partir de 1919. Conseiller municipal de Lens, élu député du Pas-de-Calais en 1936, il est détenu deux mois en 1942 par les autorités allemandes. Vice-président du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais de 1944 à la scission, il est réélu député en 1945 et 1946.
  • [32]
    Camille Delabre, né en 1906, joue déjà un rôle assez important dans la fédération socialiste avant la seconde guerre mondiale. Résistant dès 1940, il est déporté en Allemagne. En 1945, il retrouve son influence. En charge de l’hebdomadaire de la fédération du Pas-de-Calais (L’Espoir), il est aussi maire de Courrières. C’est un anticommuniste résolu, qui dénonce dès novembre 1945 les tentatives de noyautage de la SFIO par le parti communiste.
  • [33]
    Renseignements généraux d’Arras, le 14 décembre 1947, note de renseignements n° 2087/5, objet : opinion des militants communistes après les récents conflits sociaux, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [34]
    J.-F. Albrecht, Le mouvement ouvrier dans la région de Bruay-en-Artois, 1944-1953, mémoire de maîtrise effectué sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Université de Lille 3, 2003.
  • [35]
    Renseignements généraux de Lens, le 17 février 1948, note de renseignements n° 270-SP, élec-tion de délégués mineurs du fond, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [36]
    Le 3 mars 1948, les Renseignements généraux de Boulogne-sur-Mer communiquent vers 17 h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [37]
    Au sens sismique de ce terme.
  • [38]
    La signification du sigle est par la suite modifiée. La CCPM devient alors la Coopérative Centrale du Pays minier.
  • [39]
    A. Démarez, « La CCPM 38 ans au service des mineurs et de leur syndicat », Gauheria, juin 2010, p. 64-70. L’auteur de cet article ne cache pas ses convictions politiques et syndicales, mais il pose les principaux jalons de l’histoire de la CCPM.
  • [40]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [41]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [42]
    Sur les coupures d’eau et d’électricité dans le bassin minier, voir Renseignements généraux de Lens, le 18 octobre 1948, note de renseignements n° 1886-SP, objet : A/S situation dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; Renseignements généraux Arras, 18 octobre 1948, 12 h 15, Commissaire Renseignements généraux à Directeur Renseignements généraux Paris, télégramme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; télégramme Commissaire Renseignements généraux Arras, le 18 octobre 1948 à 22 h à Directeur Renseignements généraux, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [43]
    Rapport sur la grève des mineurs de Camille Delabre in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », Communisme, 1994, nos 35-37, p. 55.
  • [44]
    A. Viseux, Mineur de fond, Paris, Plon, 1991, p. 394.
  • [45]
    Arras, le 22 octobre 1948, message passé par la direction des Renseignements généraux (5e section, M. Tanguy) par téléphone à 14 h 45, objets : incidents grèves mines Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [46]
    Renseignements généraux Arras, le 19 octobre 1948, 22 h 30, Commissaire Renseignements généraux Arras, objet : situation dans mines du Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [47]
    L’utilisation de clairons pour rassembler les grévistes est mentionnée à plusieurs reprises en 1947 et 1948.
  • [48]
    Anonyme, « À Verquin, unis et résolus, les Mineurs ont chassé la police du 8 de Nœux », Liberté, mercredi 20 octobre 1948, p. 1.
  • [49]
    Renseignements généraux de Lens, le 14 octobre 1948, note de renseignements n° 1856-SB, objet : A/S réunion publique et contradictoire organisée par la CGT à Wingles, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [50]
    A. Viseux, op. cit., p. 399.
  • [51]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 octobre 1948 à 23 h 45, commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [52]
    Gaston Coquel, né en 1901, membre du parti communiste depuis la scission de Tours, est pen-dant l’entre-deux-guerres, un militant politique et syndical. Il prend une part très importante aux grèves de 1936 dans le Pas-de-Calais. Dès son retour de captivité, il reprend ses activités au sein de la fédération communiste et de l’Union départementale CGT dont il apparaît comme l’un des leaders. Au sujet de Gaston Coquel, voir P. Roger, « Une conséquence de l’affaire Lecœur dans le Pas-de-Calais : la curieuse élection partielle de mai 1954 », Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, Année 2008, p. 95-111.
  • [53]
    Renseignements généraux d’Arras, télégramme, à Direction des Renseignements généraux de Paris, le 22 octobre 1948, 1 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [54]
    A. Palle, « situation insurrectionnelle », La Voix du Nord, 22 octobre 1948, p. 1 et 4.
  • [55]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [56]
    Sous-préfecture de Boulogne-sur-Mer, le 30 novembre 1948, cabinet du sous-préfet, Cab/4578/48.E.S/Y.P., le sous-préfet de Boulogne-sur-Mer à Monsieur le préfet du Pas-de-Calais, Cabinet, rapport mensuel d’information, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [57]
    Renseignements généraux de Béthune, le 10 novembre 1948, note de renseignements n° 2865/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur, le 10 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [58]
    Renseignements généraux de Béthune, le 17 novembre 1948, note de renseignements n° 2844/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 17 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [59]
    Renseignements généraux de Béthune, le 20 novembre 1948, note de renseignements n° 2876/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 20 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [60]
    Renseignements généraux d’Arras, le 22 novembre 1948, note de renseignements n° 1718/2, objet : les dirigeants de la Fédération régionale des mineurs et la situation dans le bassin, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [61]
    Renseignements généraux de Béthune, le 25 novembre 1948, note de renseignements n° 2911/6, objet : A/S situation dans les mines le 25 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [62]
    Renseignements généraux de Béthune, le 27 novembre 1948, note de renseignements n° 2925/13/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 27 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [63]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de janvier 1949, AD Pas-de-Calais, 1W 8146.
  • [64]
    Renseignements généraux de Béthune, le 25 mai 1949, note de renseignements n° 1380/8/CP, objet : A/S du malaise qui règne au sein de la main-d’œuvre du sous-sol du secteur, AD Pas-de-Calais, 1W 815.
  • [65]
    Ibid.
  • [66]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de jan-vier 1949, AD Pas-de-Calais, 1W8146.
  • [67]
    P. Roger, « L’opinion publique dans le Pas-de-Calais pendant la crise de 1958 (du début de l’année 1958 au mois d’août) » in P. Roger, Le Nord-Pas-de-Calais en 1958, Villeneuve-d’Ascq, CEGES, 2009, p. 183 et 184.
  • [68]
    P. Roger, « Les enjeux départementaux des questions de politique nationale et internationale, l’exemple des débats du conseil général du Pas-de-Calais », article disponible sur le site Halshs, archives ouvertes, du CNRS, p. 4.
  • [69]
    Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Pas-de-Calais, séance du 13 mai 1949, Arras, Imprimerie Centrale de l’Artois, 1949, p. 50.
  • [70]
    Ibid.
  • [71]
    Ibid., p. 51.
  • [72]
    Émile Vanrullen, né en 1903, a été élu conseiller général du canton de Châlons-sur-Marne en 1937. Combattant en 1939-1940, muté au lycée de Béthune, ses positions très anticommunistes contribuent à son succès lors des élections cantonales de 1945. Il est aussi élu conseiller de la république en 1946.
  • [73]
    Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Pas-de-Calais, op. cit., p. 51-54. Il n’y a plus qu’un seul élu communiste au conseil général du Pas-de-Calais après les élections de mars 1949.
  • [74]
    P. Roger, « Une entrée en guerre froide : les élections cantonales de 1949 dans le Pas-de-Calais », Revue du Nord, t. 84, Janvier-Mars 2002, p. 119.
  • [75]
    Renseignements généraux de Lens, le 6 décembre 1949, note de renseignements n° 2384-SP, objet : réunion publique et contradictoire organisée par le parti socialiste SFIO à Sallaumines, AD Pas-de-Calais, 1W 5193 ; P. Roger, « La guerre froide en Gohelle, l’élection partielle de décembre 1949 dans le canton de Lens », Gauheria, septembre 2010, p. 61-68.
  • [76]
    J. Moch, Une si longue vie, Paris, Robert Laffont, 1976, p. 273.
  • [77]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, mois de novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [78]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [79]
    Rapport spécial sur les grèves des mois de novembre et décembre 1947, « secret », AD Pas-de-Calais, 1W 5160. En décembre 1947, Jules Moch envoie à tous les préfets un questionnaire dans lequel il leur demande de traiter une cinquantaine de questions : grèves, manifestations de rues, mesures à prévoir, attitude des autorités départementales, etc. Ce questionnaire est reproduit en annexe par Jules Moch dans Une si longue vie, p. 629-631.
  • [80]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [81]
    Télégramme du préfet du Pas-de-Calais à Ministre Intérieur (Cabinet), le 21 novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [82]
    Le commissaire de police chef du service des renseignements généraux, Principaux meetings et manifestations de rues ayant eu lieu pendant les grèves dans le département du PDC, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [83]
    Gendarmerie nationale, 2e légion, Compagnie du Pas-de-Calais, n° 1406/2, Arras, décembre 1947, le chef d’escadron Roux, Commandant la compagnie de Gendarmerie du Pas-de-Calais à monsieur le préfet du Pas-de-Calais à Arras, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Même lorsqu’elles ne sont pas communistes, un certain nombre de municipalités apportent une aide matérielle aux grévistes ou, du moins, à leurs familles. Il est possible de citer l’exemple de Lens, dont le maire (le docteur Schaffner) est socialiste. « Après un large débat, auquel ont participé les représentants des différentes fractions politiques », le conseil municipal vote une subvention d’un million de francs pour les enfants des familles qui se retrouvent dans le besoin. Un adjoint au maire, un conseiller municipal, ainsi que des représentants de la CFTC et de la CGT sont désignés pour appliquer cette décision. Registre des délibérations, le 5 décembre 1947, Archives municipales de Lens.
  • [84]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, mois de mars 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [85]
    É. Kocher-MARBŒUF, « Le maintien de l’ordre public lors des grèves de 1947 », in S. Berstein et P. Milza (dir.), L’année 1947, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2000, p. 376-379.
  • [86]
    R. Pannequin, Adieu camarades, Paris, Le Sagittaire, 1977, p. 87 et 88.
  • [87]
    Préfecture du Pas-de-Calais, le préfet, Arras, le 28 novembre 1947, Mémento pour la réunion de ce jour à Lille, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [88]
    M. Agulhon et F. Barrat, CRS à Marseille, « La police au service du peuple », Paris, Armand Colin, 1971, 228 p.
  • [89]
    Lens, le maire à Monsieur le colonel commandant la place d’armes Grands Bureaux. Le 19 novembre 1948, Cantonnement de l’armée française à Lens pour l’année 1948, Archives munici-pales de Lens, 3W 10.
  • [90]
    Documents divers regroupés aux Archives municipales de Lens sous la cote 3W10, Cantonnement de l’armée française à Lens pour l’année 1948.
  • [91]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [92]
    P. Roger, « Les grèves de 1953 dans le Pas-de-Calais », op. cit., p. 111.
  • [93]
    Dossier de Georges Phalempin, Archives nationales, n° 019920178,0000000016.
  • [94]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 30 octobre 1948, Renseignements généraux de Lens, 21 h 20, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Roger Pannequin exprime toujours à peu près la même opinion sur le préfet Phalempin dans ses mémoires.
  • [95]
    Renseignements généraux de Béthune, note de renseignements n° 77°/CP/6, objet : réunion syndicale CGT à Nœux-les-Mines en vue des prochaines élections des délégués mineurs, AD Pas-de-Calais, 1W 815.
  • [96]
    G. Deregnaucourt, « Roger Pannequin dit « Commandant Marc » », Gauheria, août 2002, p. 42.
  • [97]
    R. Pannequin, op. cit., p. 107.
  • [98]
    R. Pannequin, op. cit., p. 89 et 90.
  • [99]
    M.P., « Prisonniers à la fosse 5 de Loos-en-Gohelle, les deux CRS ont été libérés », La Voix du Nord, 6 décembre 1947, p. 1.
  • [100]
    R. Pannequin, op. cit., p. 91-94. Voir également : [illisible] décembre 1947, Message du capi-taine commandant la 31e CRS, objet : disparition d’un brigadier et d’un gardien de CRS, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [101]
    Tribune des Mineurs, 18, 19 et 20 novembre 1948, Clarté, 19 novembre 1948, Liberté, 19 novembre 1948.
  • [102]
    Gaston Dassonville, né en 1893, ancien combattant de la première guerre mondiale, résistant très actif dans le cadre du mouvement « Voix du Nord » est député communiste du Pas-de-Calais depuis 1945.
  • [103]
    Préfecture du Pas-de-Calais, Arras, le 25 janvier 1949, Cabinet du préfet, le préfet du Pas-de-Calais à Monsieur le ministre de l’Intérieur, GG/JP, objet : interpellation de M. Dassonville, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [104]
    Augustin Viseux, né en 1909, est d’abord porion puis ingénieur à partir de 1947.
  • [105]
    A. Viseux, op. cit., p. 381 et 382, 398 et 399.
  • [106]
    V. Viet, « La politique de l’immigration entre main-d’œuvre et population », in S. Berstein et P. Milza, L’année 1947, op. cit., p. 471 et 472.
  • [107]
    Roger Pannequin évoque cependant leur participation active « vêtus encore des capotes vert-de-gris que la Wehrmacht leur avait laissées ». R. Pannequin, op. cit., p. 90.
  • [108]
    Renseignements généraux de Béthune, le 12 décembre 1947, note de renseignements, objet : A/S d’incidents à Sains-en-Gohelle pendant la grève des mineurs, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [109]
    Le 17 décembre 1947, le préfet du Pas-de-Calais à Monsieur le ministre de l’Intérieur (Direction des étrangers-2e bureau), référence RP/JP, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [110]
    République française, Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Carvin, le 1er décembre 1947, le commissaire de police de Carvin à M. le sous-préfet de Béthune, objet : incidents de grève à la fosse 5 de Libercourt, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir aussi, Préfecture du Pas-de-Calais, Cabinet, 1er décembre 1947, à Ministre Industrie et Commerce, situation à midi des opérations de dégagement en cours depuis ce matin dans partie ouest bassin minier, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [111]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, décembre 1946, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [112]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 mai 1948, note de renseignements n° 822/2, objet : A/S de la main-d’œuvre nord-africaine, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [113]
    Rapport spécial sur les grèves des mois de novembre-décembre 1947, « Secret », AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [114]
    Préfecture du Pas-de-Calais, rapport mensuel, mars 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [115]
    Action de la justice dans le Pas-de-Calais du début de la grève des mineurs du Pas-de-Calais jusqu’au 30 novembre au soir, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [116]
    Exposé sommaire de la situation du département du Pas-de-Calais au cours du mois de novembre 1948, 5 décembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [117]
    Préfecture du Pas-de-Calais, le 29 octobre 1948, Gendarmerie de Béthune, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [118]
    O. Paillet, « Auchel un acte d’accusation : un témoignage sur la sauvage agression des mineurs du puits n° 7 d’Auchel », Clarté, 14 novembre 1948, p. 3.
  • [119]
    ANONYME, « Loos-en-Gohelle, Radio-Bobards », Clarté, 21 décembre 1947, p. 4.
  • [120]
    Renseignements généraux d’Arras, le 19 octobre 1948, 22 h 30, Commissaire Renseignements généraux d’Arras, objet : situation dans mines du Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [121]
    Cette question du parc de camions des Houillères nationales est mentionnée par J. Moch, op. cit., p. 276.
  • [122]
    Télégramme Renseignements généraux Arras à Direction Renseignements généraux Paris, 9 octobre 1948, 2 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir aussi : Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message Renseignements généraux de Lens, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Le terme de rouffion, extrêmement courant en 1947 et 1948, a complètement disparu en 1953, contrairement au paradoxal fainéant.
  • [123]
    Renseignements généraux de Béthune, le 15 octobre 1948, note de renseignements n° 2613/6/CP, objet : réunion d’information CGT à Beuvry, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [124]
    Florent Lampin, né à Liévin en 1902, anime dès les années 1920 les sections socialiste et syn-dicale de cette ville. Secrétaire de la fédération départementale du syndicat CGT des mineurs du Pas-de-Calais, c’est l’un des signataires de la proclamation d’août 1939 qui exclut les communistes de la CGT. Il devient à la Libération secrétaire du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais. En désaccord avec la nouvelle orientation de la CGT, il participe en 1948 à la création de la CGT-FO dont il devient le secrétaire général pour le Pas-de-Calais. Un exemple montre l’acuité des tensions entre forces politiques et syndicales en 1948. Lors des funérailles des victimes de la catastrophe survenue à Avion le 10 septembre 1948, les organisateurs communistes acceptent la présence de la CFTC, mais refusent que Florent Lampin prononce son allocution.
  • [125]
    Noël Sinot est le fondateur du syndicat FO des mineurs du Pas-de-Calais.
  • [126]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 31 octobre 1948, message Renseignements généraux de Lens, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [127]
    Le cri de « Schuman, Moch au poteau » apparaît aussi lors d’une manifestation cégétiste à Boulogne-sur-Mer le 3 mars 1948. Voir : Le 3 mars 1948, Renseignements généraux de Boulogne-sur-Mer communiquent vers 17h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [128]
    Gendarmerie d’Arras communique le 26 octobre 1948 à 16 h 45, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir aussi Direction générale de la Sûreté nationale, messages, le 1er novembre 1948, Renseignements généraux de Béthune, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 et Gendarmerie d’Arras, 21 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [129]
    A. Viseux, op. cit., p. 398. Voir aussi, B.P., « La concession de Oignies sous la botte… C.R.S. », Liberté, 3 novembre 1948, p. 3.
  • [130]
    Activité de la presse et de la radio, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [131]
    G. Lecointe, « Face aux aboyeurs et aux traîtres », Clarté, 30 novembre 1947, p. 1 et 2.
  • [132]
    R. Camphin, « Les travailleurs auront la victoire », Clarté, 30 novembre 1947, p. 1 et 2.
  • [133]
    Ibid.
  • [134]
    Anonyme, « Sur les traces des « Rouffions » d’hier, la direction fédérale SFIO tente de tor-piller la grève et insulte les mineurs », Clarté, 30 novembre 1947, p. 2.
  • [135]
    J. Legrand, « Basly-Lamendin-Évrard », Clarté, 14 novembre 1948, p. 1.
  • [136]
    Alfred Peugnet, maire de Carvin à partir de 1948, semble avoir été l’objet d’une détestation particulièrement marquée, même pour un socialiste, de la part des communistes.
  • [137]
    ANONYME, « Les mineurs de 1948 sont dignes de leurs anciens. Le parti communiste français fidèle aux traditions des pionniers du socialisme », Clarté, 7 novembre 1948. Au sujet de la catastrophe de Courrières, il est possible de se référer à D. Varaschin et L. Laloux (ed.), 10 mars 1906, Courrières, aux risques de l’histoire, Vincennes, Groupe de recherche en histoire de l’énergie, 2006, 591 p. Ludovic Laloux est aussi l’auteur d’une communication intitulée « la commémoration de la catastrophe de Courrières (1906) », effectuée lors de la journée d’études « La commémoration dans le Nord de la France » organisée par Philippe Roger dans le cadre de l’IRHiS le 13 novembre 2009.
  • [138]
    G. Lecointe, « Face aux aboyeurs et aux traîtres », op. cit., p. 1 et 2.
  • [139]
    Ibid.
  • [140]
    Benoît Broutchoux, militant anarchiste très actif à Lens à la Belle Époque, est célébré jusqu’à nos jours par certains milieux libertaires, mais a inspiré une méfiance, voire une antipathie, durable aux communistes comme aux socialistes.
  • [141]
    Anonyme, « Sur les traces des « Rouffions » d’hier la direction fédérale SFIO tente de tor-piller la grève et insulte les mineurs », op. cit., p. 2.
  • [142]
    La section du PCF d’Angres, « Ils se sont démasqués les traîtres », Clarté, 4 janvier 1948, p. 3.
  • [143]
    B.P. « La concession de Oignies sous la botte… CRS », Liberté, op. cit., p. 3.
  • [144]
    Caricature en première page de Clarté, 31 octobre 1948. Voir aussi une autre caricature en première page de Clarté le 7 novembre 1948.
  • [145]
    Caricature de Jules Moch en première page de Clarté, 14 novembre 1948.
  • [146]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école. Arrestation de G. Dassonville, député communiste que l’indignation de la population du Pas-de-Calais fait libérer », Liberté, 13 novembre 1948, p. 1.
  • [147]
    Anonyme, « Comme les SS », Clarté, 7 novembre 1948, p. 2.
  • [148]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école… », op. cit., p. 1.
  • [149]
    Anonyme, « Pire que les Boches », Liberté, 13 novembre 1948, p. 1. Voir aussi : Anonyme, « Pire que les Boches », Clarté, 28 novembre 1948, p. 1.
  • [150]
    Le 30 octobre, L’Humanité publie un poème d’Aragon : « Les compagnons d’alors dans le printemps des Flandres Vous souvient-il combien votre amour fut joué Vous pleuriez dans vos chars de ne pouvoir défendre la frontière trouée Il paraît qu’aujourd’hui nous avons assez d’armes Pour tenir dans Carvin victorieusement Et que nos yeux n’ont plus à s’embuer de larmes comme aux jours allemands. »
  • [151]
    Anonyme, « Pire que les Boches ! À Auchel, les CRS lancent des grenades lacrymogènes sur les enfants sortant de l’école… », op. cit., p. 1.
  • [152]
    Anonyme, « Dans Bruay occupé », Clarté, 14 novembre 1948, p. 3.
  • [153]
    Anonyme, « Pire que les Boches », Clarté, 28 novembre 1948, p. 1 et 4.
  • [154]
    Henri Martel, né en 1889, député du Nord de 1936 à 1940, exerce de nombreux mandats poli-tiques dans le département du Nord à partir de 1945. Mais son activité syndicale est également très importante : en 1947, il est à la tête du syndicat CGT des mineurs du Nord.
  • [155]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 22 novembre 1947, message : objet : réunion de mineurs grévistes à Bully-les-Mines,AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [156]
    Renseignements généraux d’Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, le 8 décembre 1947 à 19 h, objet : réunions et manifestations de ce jour, AD Pas-de-Calais, 1W 5166.
  • [157]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 22 novembre 1947, message, objet : réunion de mineurs grévistes à Bully-les-Mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [158]
    Rapport sur la grève des mineurs de Camille Delabre in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », op. cit., p. 52.
  • [159]
    Anonyme, « Lens, les yeux sont ouverts », Clarté, 7 novembre 1948, p. 2.
  • [160]
    B.P., « La concession de Oignies sous la botte CRS », op. cit., p. 3.
  • [161]
    Anonyme, « Le Gouvernement poursuit ses grandes manœuvres de guerre contre les tra-vailleurs de France 6 puits du Pas-de-Calais ont été attaqués et pris par les blindés », Liberté, 29 octobre 1948, p. 1.
  • [162]
    ANONYME, « À Liévin, les mineurs résistent héroïquement pendant 7 heures à un assaut furieux. Les blindés CRS ouvrent le feu et blessent plusieurs grévistes. Les CRS seront impuissants à protéger les quelques jaunes de la colère des travailleurs », Liberté, 3 novembre 1948, p. 1 et 4. Voir aussi A. COPIN, « Les mineurs de Carvin résistent courageusement à 2 000 CRS soutenus par des blindés », Liberté, 30 octobre 1948, p. 1 et 4.
  • [163]
    A. Lecœur, Le partisan, Paris, Flammarion, 1963, p. 238.
  • [164]
    « La Fédération du sous-sol invite les 100 000 mineurs en grève à reprendre le travail lundi. Après avoir souligné les premiers résultats de la grève, la Fédération appelle les mineurs à continuer leur action sous de nouvelles formes », Liberté, 28 novembre 1948, p. 1.
  • [165]
    Ibid.
  • [166]
    Pour une interprétation visant à disculper les grévistes (et qui n’est d’ailleurs pas totalement convaincante), voir A. Barré (et alii), Cheminots et chemins de fer en Nord-Pas-de-Calais, Identités régionales et professionnelles, 1830-2030, Paris, La vie du Rail, 2004, p. 100.
  • [167]
    Arras, le 18 décembre 1947, le Commissaire de Police, chef des Renseignements généraux, sabotages-actes de malveillance commis pendant la grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [168]
    Rapport mensuel du préfet du Pas-de-Calais, novembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 8145.
  • [169]
    Renseignements généraux de Lens, le 18 octobre 1948, rapport n° 1886-SP, objet : situation dans les mines, AD Pas-de-Calais, 1W 5162 ; Renseignements généraux d’Arras, le 18 octobre 1948 à 12h15, le Commissaire Renseignements généraux d’Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, télégramme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [170]
    Renseignements généraux d’Arras, le 20 octobre 1948 à 23 h 45, Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [171]
    A. Lecœur, op. cit., p. 238.
  • [172]
    2 novembre 1948, sans référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [173]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 3 novembre 1948, objet : situation mines Pas-de-Calais, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [174]
    Dourges, le 5 novembre 1948 à 10h 50, sans référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [175]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 9 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [176]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 9 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [177]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 12 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [178]
    12 novembre 1948 à 8h 45, Marles-les-Mines communique (sans autre référence), AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [179]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 14 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [180]
    Renseignements généraux de Béthune, le 17 novembre 1948, note de renseignements n° 2844/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 17 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [181]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 14 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [182]
    Renseignements généraux de Béthune, note de renseignements n° 2917/6/CP, objet : situation dans les mines du secteur le 26 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2. Le carbolux est un coke de synthèse fabriqué des années trente aux années soixante par les usines de Gosnay.
  • [183]
    Avion, 14 octobre 1948, lettre anonyme, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [184]
    É. Decarcique, « La Résistance à Liévin », Gauheria, juin 1991, p. 59-68.
  • [185]
    Par exemple à Noyelles-sous-Lens ou à Sallaumines. Groupe d’Hénin-Liétard, le 1er décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [186]
    Renseignements généraux d’Arras, le 28 octobre 1948, 23 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [187]
    Gendarmerie de Béthune, le 29 octobre 1948, 14 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [188]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, message, le 29 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [189]
    Renseignements généraux d’Arras, le 2 novembre 1948, 13 h 35 à Monsieur le directeur des Renseignements généraux, Paris. Objet : situation mines Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [190]
    Rapport du lieutenant-colonel Raulet commandant des forces de l’ordre du secteur T sur les arrestations opérées dans la journée du 2 novembre 1948, n° 46/4D, PC Liévin, le 2-11-1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [191]
    Direction générale de la Sûreté nationale, message, Arras, le 29 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [192]
    Direction générale de la Sûreté nationale, message, Arras, le 30 octobre 1948, Renseignements généraux de Lens, 11 h, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [193]
    Renseignements généraux de Béthune, le 1er novembre 1948, messages, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [194]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 30 octobre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [195]
    Télégramme Renseignements généraux Arras à direction Renseignements généraux, Paris, 9 octobre 1948, 2 h du matin, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [196]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 3 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [197]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 5 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [198]
    Renseignements généraux de Béthune, le 10 novembre 1948, note de renseignements n° 2805/6/CP, objet : situation des mines dans le secteur, le 10 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [199]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 16 novembre 1948, message, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [200]
    Renseignements généraux d’Arras, le 22 novembre 1948, note de renseignements n° 1718/2, objet : les dirigeants de la Fédération régionale des mineurs et la situation dans le bassin, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [201]
    C’est-à-dire un non-gréviste.
  • [202]
    Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, n° 428, procès-verbal, le 13 décembre 1947, plainte de M. M., Auguste, mineur à Vermelles, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [203]
    Renseignements généraux d’Arras, le 8 décembre 1947, 19 h à Directeur Renseignements généraux Paris, objet : réunions et manifestations de ce jour, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [204]
    Le commissariat de Barlin communique le 29 novembre 1947 à 18 h 45, meeting CGT à Barlin, AD Pas-de-Calais, 1W 814.
  • [205]
    A. Viseux, op. cit., p. 390 et 391.
  • [206]
    Renseignements généraux d’Arras, le 13 octobre 1948 à 22 h, à directeur Renseignements généraux Paris, AD Pas-de-Calais, 1W 5162. Voir également : Renseignements généraux de Lens, le 14 octobre 1948, note de renseignements n° 1856-SB, objet : A/S réunion publique et contradictoire organisée par la CGT à Wingles, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [207]
    Commandant Gendarmerie Arras à préfet Arras, n° 2300, 5/11/48, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [208]
    Gendarmerie d’Arras communique le 30 octobre 1948 à 10 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [209]
    Parmi beaucoup d’exemples, A. Viseux, op. cit., p. 393.
  • [210]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 3 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [211]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 6 novembre 1948, Messages, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [212]
    Gendarmerie d’Arras communique le 31 octobre 1948 à 10h30,AD Pas-de-Calais, 1W 5162.
  • [213]
    8 novembre 1948 à 14 h 30, Wingles, sans autre référence, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [214]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 4 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [215]
    Rapport de Camille Delabre sur la grève des mineurs in D. Lefebvre, « Les socialistes et les grèves minières de 1948 », Communisme, op. cit., p. 51.
  • [216]
    Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, 1er décembre 1947, 22 h 30, AD Pas-de-Calais, 1W 5160. Voir aussi Commissaire Renseignements généraux Arras à Directeur Renseignements généraux Paris, le 6/12/1947 à 16h 30, objet : situation des conflits sociaux, ce jour, dans le Pas-de-Calais, 1W 5 160 ; Renseignements généraux d’Arras à directeur Renseignements généraux Paris, le 6/12/1947 à 20 h, objet : A/S des mouvements de grève, AD Pas-de-Calais, 1W 5160.
  • [217]
    Direction générale de la Sûreté nationale, Arras, le 8 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [218]
    8 novembre 1948, Hénin-Liétard communique à 8h 55, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [219]
    Direction générale de la Sûreté nationale, messages, Arras, le 16 novembre 1948, AD Pas-de-Calais, 1W 5163/2.
  • [220]
    Renseignements généraux de Saint-Omer, le 12 août 1948, note de renseignements n° 1566/1, objet : audience du 11/8/1948 de la cour d’assises, affaire de pillage d’un magasin au cours des grèves de décembre 1947, AD Pas-de-Calais, 1W 5167/1.
  • [221]
    S. Sirot, La grève en France, une histoire sociale (xixe-xxe siècle), Paris, Odile Jacob, 2002, p. 27-31 et 163-165.
  • [222]
    La brutalisation est un concept forgé par l’historien Georges L. Mosse. L’extrême violence générée par la première guerre mondiale aurait entraîné, pendant l’entre-deux-guerres, un durcissement considérable de la vie politique et sociale, en particulier en Allemagne et en Italie. Voir Georges L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette, 1999, 291 p.
  • [223]
    A. Viseux, op. cit., p. 394.

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