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Article de revue

Les milices provinciales dans le Nord du royaume de France à l'époque moderne (xviie-xviiie siècles)

Pages 279 à 296

Notes

  • [*]
    Alain Joblin, maître de conférences, Université d’Artois, 25 rue de Béthune, 62360 Condette.
  • [1]
    Parmi les études utilisées, retenons en particulier : J. Gebelin, Histoire des milices provinciales (1688-1791), Paris, Hachette, 1882, 295 p. ; P. Boye, La milice en Lorraine au xviiie siècle, Paris, Berger-Levrault et Cie Éds., 1904, 112 p. ; P. Laporte, La milice d’Auvergne, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1956, 186 p. ; Y. Danard et A. Gautier, « La milice de l’Ancien Régime en Bretagne », Revue historique des Armées, n° 4, 1996, p. 115-125.
  • [2]
    Selon le mot de Saint-Simon, cité par D. Rosselle, « La milice provinciale d’Artois au xviiie siècle », Mémoires de la Commission départementale d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, t. XXV et Revue du Nord, hors série, n° 3, 1987, p. 221-229.
  • [3]
    J. Millot, « Les garnisons dans les petites villes du Nord à la fin de l’Ancien Régime », Revue du Nord, t. LXX-n° 279, octobre-décembre 1988, p. 717-740.
  • [4]
    AD Pas-de-Calais, C 225.
  • [5]
    J. Gebelin, op. cit., p. 19.
  • [6]
    Ibid., p. 65.
  • [7]
    Ibid., p. 190.
  • [8]
    M.-A. Robbe, « La milice dans l’intendance de la Flandre wallonne au xviiie siècle », Revue du Nord, t. XXIII, 1937, p. 5-50.
  • [9]
    J. Gebelin, op. cit., p. 73-111.
  • [10]
    D. Rosselle, art. cit., p. 223.
  • [11]
    M.-A. Robbe, art. cit., p. 11.
  • [12]
    C. Lemagnent, Le recrutement de la milice à Bergues et Dunkerque de 1688 à 1792, maîtrise, Université Lille 3-Charles-de-Gaulle, octobre 1999, 112 p.
  • [13]
    J. Gebelin, op. cit., p. 35.
  • [14]
    P. Boye, op. cit., p. 53.
  • [15]
    AD Pas-de-Calais, C 1191(17).
  • [16]
    Dans certaines provinces, comme en Bas-Maine, on pouvait aussi lire : « Pour le Roy », ou encore, « Je veux servir le Roi en qualité de soldat de milice » : E. Laurain, Les débuts de la milice provinciale dans le Bas-Maine, Laval, 1938, 106 p.
  • [17]
    Cette liste fut établie par Trudaine, intendant d’Auvergne et fondateur de l’École des Ponts et Chaussées, en 1731. Il y a là 8 pages d’exemptions, reprises dans : P. Laporte, op. cit., p. 61 sq.
  • [18]
    D. Rosselle, op. cit., p. 228.
  • [19]
    Ibid., p. 225.
  • [20]
    V. Advielle, « Le milicien Viconne de Tilloy-lès-Hermaville », Le Cabinet historique de l’Artois et de la Picardie, Abbeville, t. VII, 1892-1893, p. 177-182.
  • [21]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 847F.
  • [22]
    AD Pas-de-Calais, C 1191(17).
  • [23]
    Extrait du Cahier de doléances de la noblesse de Montreuil : H. Loriquet, Cahiers de doléances de 1789 dans le département du Pas-de-Calais, Arras, 1891, t. II, p. 37.
  • [24]
    Saint-Simon, Mémoires (1701-1707). Addition au Journal de Danjeau, Paris, Gallimard (NRF), 1983, t. II, p. 644.
  • [25]
    E. Laurain, op. cit., p. 36.
  • [26]
    M.-A. Robbe, art. cit., p. 43.
  • [27]
    D. Rosselle, art. cit., p. 228.
  • [28]
    J.-P. Jessenne et D. Rosselle, Florilège des cahiers de doléances du Pas-de-Calais, Lille, Centre d’Histoire de la Région du Nord et de l’Europe du Nord-Ouest-Université Charles-de-Gaulle-Lille 3 (coll : Histoire et Littérature Régionale), 1989, p. 137.
  • [29]
    Il s’agit des responsables de l’administration locale mise en place par la monarchie à la tête du pays à partir des années 1720 pour expédier un certain nombre d’affaires courantes. Les Boulonnais se voyaient ainsi reconnaître une sorte de droit à « l’auto-administration ». Voir sur ce sujet, notre article : A. Joblin, « Une province française en quête d’autonomie administrative : le Boulonnais à l’époque moderne », Revue du Nord, t. 82, janvier-mars 2000, p. 73-90.
  • [30]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 983.
  • [31]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 987.
  • [32]
    Archives de la Guerre, Service historique de l’Armée de terre (AG, SHAT), A(1)2216, fol. 60.
  • [33]
    J. Gebelin, op. cit., p. 169.
  • [34]
    Soit : 290 paires de souliers = 2 212 livres 10 sols ; 236 chapeaux = 340 livres ; 490 paires de guêtres avec genouillères = 1 434 livres ; 1 180 chemises = 4 277 livres.
  • [35]
    AD Pas-de-Calais, 1J246.
  • [36]
    L.-N. Berthe, P. Bougard, D. Canler, J.-M. Decelle, J.-P. Jessenne, Villes et villages du Pas-de-Calais en 1790. 60 questions et leurs réponses. III. Districts de Montreuil, de Saint-Omer et de Saint-Pol, Arras, 1992 (Mém. de la Comm. dép. d’hist. et d’archéo. du Pas-de-Calais, XXVIII), p. 194.
  • [37]
    M. Abot de Bazinghen, Recherches historiques sur la ville de Boulogne-sur-Mer et sur l’ancienne province du Boulonnais, Paris, 1822, 190 p. ; H. de Rosny, Histoire du Boulonnais, Amiens, 1873, t. IV, 603 p.
  • [38]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F, fol. 372.
  • [39]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 850F, fol. 26. Cette liste fut établie par Pierre Rebery, « sindic » de la paroisse de Leubringhen.
  • [40]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 1752.
  • [41]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 983.
  • [42]
    J. Gebelin, op. cit., p. 67.
  • [43]
    AG, SHAT, A(1)3492, fol. 28.
  • [44]
    A. Hamy, Essai sur les ducs d’Aumont, gouverneurs du Boulonnais, 1622-1789, Boulogne-sur-Mer, 1906-1907, 477 p.
  • [45]
    M. Abot de Bazinghen, op. cit., p. 131.
  • [46]
    AG, SHAT, A(1)2216, fol. 60.
  • [47]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F.
  • [48]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 581F. Les levées de milice eurent tout de même quelques retombées positives sur l’économie boulonnaise en faisant travailler des fournisseurs locaux. En 1701-1706, par exemple : 1 livre à Pierre Merlot pour avoir voituré des étoffes à Marquise pour le bataillon de Calais (AM Boulogne-sur-Mer, n° 96). En 1742 : payé à Grivois, 16 livres pour fourniture de viande à l’Hôtel de Ville les jours de l’arrivée des 2 bataillons de Gravelines et Dunkerque, et payé à un certain Capet, marchand boulonnais, pour livraison d’armes d’habillement ; en 1744 : 4 livres 8 sols à Haigneré pour dépense de vin faite à l’Hôtel de Ville les 10 et 11 janvier, jours de logement des bataillons de Godincthun et de Guémy etc. (BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F).
  • [49]
    Entendons, les principaux impôts : taille, gabelle, aides, traites,…
  • [50]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 974.
  • [51]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 985.
  • [52]
    On ne manquera pas de se reporter à la notice « Milices garde-côtes » composée par A. Corvisier dans L. Bely dir, Dictionnaire de l’Ancien Régime, Royaume de France (xvie-xviiie siècle), Paris, PUF, 1996, p. 834-836.
  • [53]
    En Auvergne, par exemple, la milice ne concerna que 0,04 % de la population.
  • [54]
    B. Ciotti, Du volontaire au conscrit. Les levées d’hommes dans le Puy-de-Dôme pendant la Révolution, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2001, 2 t., 387 p. + 781 p.

1La guerre en France sous l’Ancien Régime fut l’affaire de militaires professionnels, à commencer par la noblesse dont l’exercice du « métier » des armes fut la raison d’être. Cette noblesse menait au combat des troupes mercenaires, françaises ou étrangères, dont la discipline se mesurait à l’aune de la régularité du paiement des soldes. Au cours de la seconde moitié du xviie siècle, cette armée fut peu à peu « réglée », c’est-à-dire encasernée et disciplinée. Or, il exista aux côtés de ces soldats, une armée de civils qui, elle, est beaucoup moins bien connue. Des civils furent, en effet, de plus en plus souvent mobilisés, surtout à partir du milieu du xviie siècle, dans le cadre des milices provinciales [1].

2Les provinces du nord du royaume de France n’échappèrent pas à cette mobilisation très mal supportée par les populations. La milice de l’Ancien Régime fut en effet honnie, voire haïe, sauf, peut-être, dans certains petits pays comme en Boulonnais. L’objet de cette étude est donc de faire le point sur cette histoire.

Une armée de « culs blancs incapables »… [2]

3L’ordonnance royale du 29 novembre 1688 imposa à chaque paroisse du royaume l’obligation de désigner un homme qui, incorporé dans une compagnie, contribuait à former un régiment de milice. Désignés pour une période déterminée, ces miliciens devaient servir en tant qu’auxiliaires de l’armée régulière. Cette levée qui, par la suite, se renouvela à maintes reprises, n’était pas une nouveauté. Ainsi, sous le règne des Carolingiens, nous savons que tous les hommes libres devaient, le cas échéant, prendre les armes. Puis, au cours de la guerre de Cent Ans, on instaura une sorte de service militaire obligatoire dans le cadre des « francs archers » créés en 1448. Les garnisons des villes et forteresses, comme à Saint-Omer [3] par exemple, étaient, elles aussi, constituées par des civils. Tout au long du xvie siècle enfin, les habitants d’une province ou d’un « pays » pouvaient être, volontairement ou non, amenés à prendre les armes. C’est ce que rappelèrent en 1755 les habitants de la ville d’Ardres. Ils avaient dû, expliquaient-ils, défendre leur cité en 1596 menacée par les entreprises de l’archiduc Albert d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas espagnols [4]. La mobilisation des civils se poursuivit au siècle suivant durant la guerre de Trente Ans. En 1640, par exemple, on leva 400 hommes dans les élections de Compiègne, Senlis, Clermont et Beauvais [5].

4Les levées de miliciens n’étaient donc pas une chose nouvelle mais elles gardaient un caractère temporaire. À partir de 1688, la situation changea. En 1688, la législation royale fît naître une institution nouvelle. De plus en plus d’hommes furent alors concernés par la chose militaire. L’ordonnance royale du 29 novembre 1688 organisa une première levée de 25 050 miliciens, âgés de 20 à 40 ans, répartis en 30 régiments de 15 à 30 compagnies chacun. Ce recrutement s’effectua dans le cadre de la paroisse. Chaque homme choisi devait être, en effet, obligatoirement domicilié dans sa paroisse. Il était désigné à la pluralité des voix par ses concitoyens. Les miliciens issus de plusieurs paroisses voisines formaient une compagnie d’une cinquantaine d’hommes encadrés par la noblesse locale. Tous devaient demeurer au service du roi pendant 2 ans, sans s’absenter de leur paroisse, dans l’attente d’être éventuellement appelés à servir. Ces miliciens étaient habillés et armés par leurs paroisses respectives et, en cas de guerre, soldés par l’Extraordinaire des guerres à raison de 5 sols par jour. Ce régime perdura durant la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) au cours de laquelle 185 000 hommes servirent dans les milices provinciales.

5Une seconde ordonnance datée du 25 février 1726 reprit et précisa cette organisation qui fut étendue aux provinces du nord-ouest du royaume car, en effet, ces territoires, comme l’ensemble des frontières « de terre », n’avaient pas été concernés par l’ordonnance de 1688. Ce n’est qu’en 1693 qu’on avait ordonné la levée d’un régiment de miliciens en Artois et dans les Flandres. Les levées de milice furent donc désormais de plus en plus fréquentes dans les provinces frontières avec obligation faite aux régiments de défendre en priorité leur propre territoire. On mobilisa ainsi en 1706, 1710 et 1711 des miliciens dans la généralité d’Amiens pour défendre la Somme [6]. On retrouvera cette situation quelques années plus tard pendant la guerre de Succession d’Autriche, en 1742-1743 : sur les quelques 78 bataillons chargés de contrer une invasion des Flandres, de l’Artois et du Hainaut, 34 étaient constitués de miliciens [7]. Peu à peu, l’ensemble des provinces du royaume furent donc mises à contribution, d’où l’importance numérique grandissante des miliciens au sein de l’armée française. De 1701 à 1712 par exemple, ces hommes représentèrent jusqu’à 46 % du total des soldats régnicoles mobilisés pour la guerre de Succession d’Espagne. Cette part tombera à 20 % pendant la guerre de Succession d’Autriche (1742-1748) pour remonter à 36 % pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Les miliciens n’étaient cependant pas tous des combattants. Ainsi, en Flandre wallonne, comme dans bien d’autres provinces frontières, ils devaient aussi participer à des travaux de terrassement et escorter les convois de ravitaillement destinés aux troupes régulières [8]. Peut-être, d’ailleurs, les utilisa-t-on surtout à ce genre de missions car, en effet, les milices provinciales n’eurent pas la réputation d’être, au début du xviiie siècle, des troupes efficaces et expérimentées. Une refonte du système s’avéra nécessaire après la guerre de Succession d’Espagne et la législation de 1726 rendit la mobilisation permanente, alors qu’elle n’était jusque-là qu’exceptionnelle et ponctuelle.

6De 1726 à la fin de l’Ancien Régime (avec une courte interruption entre 1758 et 1765), on procéda à 43 levées de milice, soit une levée tous les 17 mois. Bon an, mal an, 10 000 à 12 000 hommes furent appelés avec, en temps de guerre, des crues pouvant s’élever, comme en 1743 par exemple, jusqu’à 66 000 hommes. Ces miliciens, toujours recrutés dans la tranche d’âge des 16 à 40 ans (le minimum fut porté à 18 ans en 1765), devaient effectuer un service de 4 ans (6 ans après 1765) [9]. L’importance numérique de ces levées fut cependant variable selon les endroits et les époques. On leva en 1726, par exemple, en Artois, 1 200 hommes répartis en 2 bataillons stationnés l’un à Arras et l’autre à Saint-Omer [10]. L’unique bataillon de miliciens flamands compta, au xviiie siècle, 700 hommes [11]. Il existait, par ailleurs, de grandes disparités au sein d’une même région. Hondschoote fournit ainsi 98 hommes au bataillon des Flandres en 1731, alors que Dunkerque n’en envoya que 8 en 1734 [12]. Ces inégalités s’expliquent sans doute par le mode de recrutement des miliciens.

7À l’origine, le cadre du recrutement fut, nous l’avons dit, celui de la paroisse. Chaque paroisse devait fournir un milicien. Le choix de cet homme dépendit d’abord du volontariat. Puis, le système évolua et l’on tint compte de l’importance de la paroisse qui se vit dans l’obligation de présenter autant d’hommes qu’elle payait de fois 2 000 livres de taille [13]. Puis, très rapidement, on introduisit un certain nombre de modalités dans ce mode de recrutement. Dès 1726, par exemple, la levée put se faire selon le nombre de feux que comptait la paroisse. En Lorraine, on leva ainsi en 1742 un milicien pour 30 à 35 feux [14]. Mais surtout, l’ordonnance du 23 décembre 1692 introduisit dans les procédures de recrutement une nouveauté lourde de conséquences : le tirage au sort. L’ordonnance de 1726 en garda le principe. Précisons donc la manière dont se faisait un recrutement de miliciens en prenant l’exemple de la Flandre wallonne et maritime.

8L’intendant était le maître d’œuvre en la matière. L’administration royale commençait par lui faire connaître le nombre de miliciens qu’il allait devoir lever dans sa généralité. En 1726, le « département de Flandre wallonne et maritime » dut fournir 720 hommes [15]. L’intendant répartissait ensuite cet effectif entre les paroisses et les communautés relevant de son autorité. Puis, c’était aux subdélégués de superviser l’opération en commençant par envoyer aux différents syndics, curés et autres responsables locaux, la copie du texte qui ordonnait la levée. Ces autorités locales dressaient alors la liste de tous les « miliciables » en retenant les seuls célibataires, âgés de 16 à 40 ans et mesurant 5 pieds de haut (1 m 62 environ). Si le nombre de célibataires ne suffisait pas, on inscrivait des hommes mariés depuis moins d’un an. Les inscrits devaient ensuite se soumettre à un tirage au sort, le dimanche suivant celui où lecture de l’ordonnance de mobilisation avait été faite par le curé au prône dominical. Précisons qu’on devait tirer obligatoirement dans la paroisse où l’on était domicilié : « aucun passager, vagabond, estranger ou habitant d’une autre paroisse ne [pouvait] être admis à servir à la place d’un milicien tiré au sort » précisait l’intendant de la Flandre wallonne et maritime en 1726. Ce tirage au sort se faisait en présence du subdélégué. À l’appel de leur nom, les hommes s’avançaient les uns après les autres et prenait un billet qui se trouvait dans un chapeau. Tout le monde tirait mais étaient « bons pour le service » seuls ceux qui se retrouvaient avec un « billet noir », c’est-à-dire un billet sur lequel était inscrit « milicien » [16]. À l’issue de ce tirage au sort était dressé un procès-verbal sur lequel on indiquait le signalement précis de chacun des nouveaux miliciens (nom, âge, taille et autres caractéristiques). Les hommes retenus devaient enfin se rendre au plus vite au chef-lieu de la région pour une première réunion de leur compagnie. Tous étaient, par ailleurs, tenus de demeurer en leur paroisse pendant toute la période qu’allait durer leur service. Cette période de « disponibilité », nous l’avons dit, fut d’abord fixée à 4 ans pour s’élever à partir de 1765 à 6 ans.

figure im1
AD Pas-de-Calais : C 119117.

9Ce mode de recrutement n’était pas sans poser quelques problèmes car il était parfois difficile de réunir un nombre d’hommes suffisants. Tous les hommes susceptibles d’être appelés à tirer au sort n’étaient pas en effet obligés d’obtempérer car il existait un grand nombre de cas d’exemption. Échappaient tout d’abord à la milice tous ceux qui ne répondaient pas aux critères physiques adéquats (plus de 20 % des cas en Auvergne). Puis, étaient écartés du service les hommes mariés (sauf dans le cas évoqué précédemment), les domestiques des nobles et des ecclésiastiques, les officiers de justice et de finances, le fils d’une veuve qui gérait les biens familiaux, les garçons tuteurs de leurs frères et sœurs, le berger d’une communauté possédant plus de 300 têtes de bétail, le maréchal-ferrand d’une paroisse d’au moins 50 feux, etc. [17]. À Arras, entre 1778 et 1783, près de 17 % des « miliciables » furent ainsi réformés [18]. Il fallait donc combler ces vides dans les effectifs.

10Exceptionnellement, les paroisses étaient autorisées à recruter des remplaçants dont elles devaient rémunérer le « volontariat ». Pour cela, on trouvait l’argent en taxant les paroissiens. Dans les campagnes artésiennes, par exemple, on imposait les paroissiens selon le nombre de charrues (une quarantaine d’ares environ) que comptaient les exploitations [19]. Un contrat précis et détaillé était ensuite établi entre la communauté et celui qui se présentait pour être volontaire pour servir dans la milice, à l’exemple de celui conclu en 1733 devant le bailli d’Aubigny (en Artois) :

11

« Le soussigné… natif de…, fils de…, demeurant à…, déclare servir Sa Majesté en qualité de milicien pour les villages de Thilloy-les-Hermaville et d’Ofines (?), pendant le temps de 5 années, porté par l’ordonnance du [12 novembre 1733], dont il a eu lecture à son apaisement (?) et à laquelle il promet satisfaire sous les peines portées, et ce, au lieu et par remplacement du nommé Michel Viconne, milicien, décédé depuis quelque temps, lequel servoit de milice pour lesdits villages, moyennant quoy la jeunesse desdicts lieux promet luy paier la somme de 30 livres pour son engagement ou remplacement, et par dessus ce de luy mettre ès mains par forme de gratification, celle de… le tout lorsqu’il aura été reçu par Messieurs des États d’Artois, et admis milicien par M. le Commissaire de guerre » [20].

12On remarquera ici que c’étaient aux jeunes des villages concernés de payer le remplaçant. Cette pratique s’inspirait de la coutume selon laquelle les « gars » qui échappaient au service se cotisaient pour verser un petit pécule à ceux qui avaient tiré le « mauvais » billet.

13De simples particuliers pouvaient aussi essayer de se faire remplacer en traitant directement avec un volontaire comme ce fut le cas en Boulonnais le 23 juillet 1694. Ce jour-là, fut signé devant notaire un accord entre Antoine du Rieu et J. de Visme, de Beuvrequent, avec un certain Noël Same, maître boutonnier de son état, habitant Boulogne-sur-Mer. Noël Same acceptait de remplacer l’un des deux hommes (lequel ?) comme cavalier dans les troupes boulonnaises. Les remplacés fournirent le cheval et l’équipement et s’engagèrent à verser au dit Noël Same la somme de 15 livres pour chaque mois de service [21].

14Des possibilités de remplacement étaient donc réelles mais il fallait être extrêmement prudent en la matière car le roi punissait sévèrement toute tentative pour échapper au tirage au sort et au service de milice : « ceux à qui le sort sera échu », précisait-on en 1776 en Flandre wallonne, « ne pourront en substituer d’autres en leur place, sous tel prétexte que ce puisse être, quand même des garçons de la même paroisse offriront de servir pour eux » [22]. Tout contrevenant était dénoncé au Prévôt de la maréchaussée pour être arrêté et puni. Tout n’était donc pas simple dans le recrutement des miliciens.

« … ce mot, qu’on ne prononce aujourd’hui qu’avec terreur… » [23]

15Une chose est certaine lorsqu’on évoque la milice d’Ancien Régime : elle fut unanimement haïe et rejetée. C’est ce que remarqua Saint-Simon en 1705 suite à la levée de 25 000 miliciens :

16

« …laquelle fut une grande ruine et une grande désolation dans les provinces », écrivait-il dans ses Mémoires. « On berçait le Roi de l’ardeur des peuples à y entrer ; on lui montrait quelques échantillons de deux, de quatre, de cinq à Marly en allant à la messe, gens bien trayés [choisis] et on lui faisait des contes de leur joie et de leur empressement. J’ai entendu cela plusieurs fois, et le Roi les rendre après en s’aplaudissant, tandis que moi, par mes terres et par tout ce qui s’en disait, je savais le désespoir que causait cette milice, jusque-là que quantité se mutilaient eux-mêmes pour s’en exempter. Ils criaient et pleuraient qu’on les menait périr, et il était vrai qu’on les envoyait presque toutes [= les troupes] en Italie, dont il n’en était jamais revenu un seul… » [24].

17Quelques années plus tard, en 1725, une circulaire ministérielle signalait qu’à l’annonce d’une levée de milice, « tous les habitants et fermiers qui [avaient] des enfants se [mettaient] en campagne pour aller chercher leurs protecteurs et tâcher par leur appui de faire exempter leurs garçons. Les garçons eux-mêmes [couraient] la campagne, se retirant dans les bois » [25].

18Tous les moyens étaient donc bons pour échapper à la milice. On avait recours aux astuces les plus diverses : postuler à une place qui permettait d’être exempté (laquais d’un ecclésiastique, par exemple), se marier en urgence, devenir marchand ambulant pour expliquer le pourquoi de son absence lors du tirage au sort… On essayait aussi de tomber malade en ayant recours à divers artifices… Certes, toutes ces stratégies étaient risquées et gare à celui qui était convaincu de fraude ! Jusqu’en 1705, ceux-ci étaient condamnés aux galères avec ablation du nez et des oreilles, puis on se contenta de la peine du fouet et de la flétrissure [26]. Bon an, mal an, on aurait compté jusqu’à 12 000 fuyards. À Arras, entre 1778 et 1783, on enregistra jusqu’à 22 % de déserteurs [27]. Ce refus de servir dans la milice apparaît bien à travers les doléances émises en 1789. Celles des provinces du nord-ouest du royaume sont particulièrement éloquentes :

19

« Que le tirage à la milice soit supprimé dans toute la France », réclamaient les députés des négociants d’Arras, « comme attentatoire à la liberté naturelle des citoyens, nuisible au commerce, à l’agriculture, ne pouvant fournir au roi que des soldats qui le servent contre leur gré, et qui pourroient être très utiles dans d’autres professions, et que dans le cas où l’État auroit besoin de miliciens, les communautés soient libres de fournir leur contingent en hommes de bonne volonté et de se les procurer de telle manière qu’elles trouveront convenir… » [28].

20Le rejet de la milice et du « honteux » tirage au sort est une redondance que l’on retrouve dans pratiquement tous les cahiers du Tiers-État des provinces d’Artois et des Flandres. Une des doléances les plus fréquentes était que ne soient mobilisés que des volontaires ou alors, que très exceptionnellement, en cas de guerre, on procéda à une levée d’hommes mais en limitant les cas d’exemption et en faisant supporter de manière équitable le poids de la levée sur les 3 ordres (Tiers-État du bailliage d’Hesdin). On demandait aussi que l’entretien des miliciens soit à la charge du Roi et qu’éventuellement, on instaure « une légère contribution [perçue] chaque année, payable indistinctement par tous les chefs de feux d’une paroisse » (Tiers-État de la gouvernance de Béthune). Le principal argument pour refuser ce service était surtout d’ordre économique. La milice aurait ainsi « ruiné » l’agriculture en faisant fuir les bras des campagnes. On a là une antienne qu’on retrouve dans la plupart des cahiers de doléances mais aussi dans les argumentations anti-fiscales qui s’épanouirent tout au long du xviiie siècle. Ainsi, le 16 mars 1755, les habitants de la ville d’Ardres, après avoir évoqué leur résistance héroïque face aux Espagnols en 1596, 1653 et 1657, exigèrent-ils « d’être déchargés de contribuer à la milice de terre » car, selon eux, ce service « effrayait » tellement les habitants que le nouveau tirage au sort qui était alors envisagé chassait un grand nombre d’habitants et « dépeuplait » le pays…. Nous retrouvons le même genre de propos en Boulonnais. En juillet 1741, par exemple, les « syndics ordinaires du Boulonnais » [29] s’adressèrent à Philibert Orry, Contrôleur général des Finances, pour protester contre un nouveau projet d’imposition. Le Boulonnais, expliquaient-ils, était alors incapable de supporter toute nouvelle pression fiscale car il avait fallu procéder à la levée de 3 régiments de milice, obligeant de nombreux appelés à abandonner « leurs travaux » et à délaisser leurs familles [30]. En 1721, ces mêmes « syndics » avaient déjà, à l’occasion d’une dénonciation du paiement du droit de « franc fief », signalés les effets pervers des levées de milice :

21

« …tous les soldats et cavaliers », écrivaient-ils, « étant des pères de famille, sont contraints ou d’abandonner leurs maisons et culture de leurs terres, ou de substituer à grands frais des hommes en leurs places, ce qui coûte soit en dépenses, soit en dommages, des sommes qu’on peut dire exorbitantes pour un pays d’aussi petite étendue que l’est Boulonois… » [31].

22En 1710, le duc d’Aumont, gouverneur du pays, argumentait également dans le même sens en regrettant qu’après le départ des miliciens, il ne resta « plus d’hommes pour la moisson… » [32].

23On dénonçait donc un service militaire qui, apparemment, handicapait gravement une économie agraire déjà bien fragile. Une levée de milice coûtait, par ailleurs, fort cher.

24À partir de 1726, les paroisses se virent en effet confier la charge d’équiper leur(s) milicien(s). Certes, le roi fournissait l’armement, soit un fusil, une baïonnette, une épée, une giberne, un ceinturon, et habillait le milicien : un justaucorps de drap blanc, une veste et une culotte de serge blanche doublée de toile grise avec, pour la veste, un revers, un collet et des parements bleus. Mais les populations devaient, quant à elles, continuer à payer le petit équipement, soit un chapeau bordé d’un galon d’argent faux, deux chemises de toile, deux cols, une paire de souliers, une paire de guêtres et un havresac [33]. En janvier 1746, le coût de ce « petit équipement » pour 290 miliciens levés en Flandre wallonne et maritime s’éleva à 8 263 livres 10 sols [34]. À ces frais s’en ajoutaient d’autres. Il fallait, en effet, payer l’homme qui conduisait le ou les miliciens au lieu de regroupement. Les paroissiens devaient aussi verser en temps de paix une solde, prise en charge par le Roi en temps de guerre. Cette solde payée par les paroisses fut fixée à 4 sols par jour par l’ordonnance de 1705. Pour un service d’une durée d’environ 5 ans, une communauté pouvait donc débourser près de 365 livres, soit 70 livres par an. C’est ce que payèrent le 6 mai 1784, au milicien Alexandre Lhomme, les communautés d’Arleux, Mont d’Arleux, Thélus, Bailleul-sir-Berthould et Willerval [35]. Au total, l’entretien d’un milicien pouvait approcher la centaine de livres et on comprend donc pourquoi certaines paroisses s’associaient pour supporter ces frais. En 1788, les communautés d’Éperlecques, Houlle, Surques, Tilques, Saint-Martin-au-Laert, Scoubroucq et Clairmarais se regroupèrent ainsi pour acquitter les « frais de conduite et nourriture de 3 soldats provinciaux dans la ville d’Arras », soit 26 livres 10 sols [36].

25D’une manière ou d’une autre, le service milicien coûtait donc cher à des paroisses aux revenus très souvent étriqués : « C’est une charge fort coûteuse », constatait-on à Tincques en 1789, « [étant donné] que le paiement est supporté par les plus pauvres ». Le refus de servir dans la milice fut donc largement motivé par des considérations d’ordre économico-fiscales. Mais il y eut aussi très probablement d’autres causes à ce refus. Saint-Simon nous en laisse deviner quelques aspects en expliquant, dans ses Mémoires, que la formation militaire des miliciens était pour le moins fort succincte. D’où un taux de mortalité tragiquement élevé en cas d’engagement armé. Aussi, poursuit-il, « ils [= les miliciens levés en 1705] crioient et pleuroient qu’on les menoit périr ».

Une exception boulonnaise ?

26Le royaume rejeta donc unanimement la milice, sauf peut-être quelques petits pays comme le Boulonnais.

27Il exista, en effet, au sein des milices provinciales des corps qui se distinguèrent par leur efficacité combattante. On peut ainsi évoquer les « arque-bousiers de montagnes » ou « miquelets » du Roussillon, les « petites milices » du Dauphiné, les « troupes béarnaises », et donc les « troupes boulonnaises » qui eurent, en ce qui les concerne, la réputation d’être « les meilleures de toutes les milices locales ».

28Ces troupes boulonnaises étaient anciennes, leur origine remontant aux anciens comtes de Boulogne. Le nom de « troupes boulonnaises » fut cependant utilisé pour la première fois en 1635, date à laquelle elles servirent sous les ordres du duc d’Aumont dans la bataille du mont de Fiennes, près d’Ardres. Ces troupes s’illustrèrent ensuite en 1644-1646 au sein de l’armée du duc d’Orléans et du maréchal de Gassion lors des sièges de Mardyck, Bourbourg et Cassel [37]. On les retrouva au siège de Saint-Omer en 1677, et en 1694 dans la région de Dieppe alors menacée par une flotte anglo-hollandaise. Par la suite, au xviiie siècle, elles seront surtout utilisées comme troupes de garnison à Calais, Gravelines et Dunkerque.

29Ces troupes reçurent leur organisation définitive en 1672, soit une quinzaine d’années avant que ne soit signée l’ordonnance de 1688 qui généralisait à travers tout le royaume les levées de milice. Cette organisation n’est pas sans offrir un certain nombre d’aspects originaux. Ainsi, alors qu’ailleurs dans le royaume, le recrutement des miliciens se faisait par tirage au sort, la levée en Boulonnais se fit sur les biens : tout exploitant, propriétaire ou non, d’une charrue et demie de labour (63 ares environ) était tenu de servir personnellement dans les troupes boulonnaises, ou de recruter un homme avec son équipement au complet [38]. Nous connaissons, par exemple, le nom des 7 miliciens fournis par la paroisse de Leubringhen, le 29 mai 1743. Il s’agit de Jean Durieux, « occupeur d’une maison et d’une terre appartenante à Charles Mutin », d’Antoine Courquin, « occupeur d’une maison et terre appartenante à Monsieur Darras », d’Antoine Queval, propriétaire, de Philippe Vendalle (?), « occupeur de la maison et moulin fernouille appartenante à monsieur Fontanieux », de Pierre Courquin, « occupeur d’une maison et terre appartenante à mademoiselle Couvelart », et de Pierre Chevallier qui était lui aussi locataire d’une terre. Antoine Ringot, « occupeur d’une maison et terre appartenante à Christophe Wallery », devait, quant à lui, « fournir un homme » [39]. Le recrutement était donc nominatif, selon les biens que l’on possédait en propriété ou en location. L’originalité de ce mode de recrutement perdura jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. En 1786, les échevins de la ville de Cherbourg demandant à leurs collègues boulonnais quels étaient les usages en cours pour la levée des troupes boulonnaises, se virent ainsi répondre qu’il n’y avait pas de tirage au sort car « tous les Boulonnais [naissaient] soldats pour servir le Roi » [40].

30Les miliciens boulonnais servaient dans 6 régiments d’infanterie de 10 compagnies chacun, chaque compagnie comptant de 80 à 100 hommes. Cette troupe de fantassins était complétée par 5 escadrons de cavalerie composés chacun de 4 groupes de 25 « maîtres ». On ajouta à ce dispositif, en 1688, une compagnie de carabiniers et 2 compagnies de dragons. C’étaient, au total, près de 5 000 fantassins et 600 chevaux qui pouvaient être mobilisés en Boulonnais. Ce mode de recrutement pesa plus lourd sur les paroisses boulonnaises qu’ailleurs dans le royaume, en effet, chaque paroisse fournissait en moyenne une douzaine d’hommes alors qu’en Artois, par exemple, vers 1726, on compta seulement entre 0,24 et 0,40 individu par paroisse, et de 1 à 2 hommes par paroisse en Picardie (ce qui était la moyenne du royaume). Cette charge démographique fut dénoncée par les Boulonnais en 1741 : les paroisses boulonnaises envoyaient 12 hommes à la milice alors que la Picardie, expliquait-on au roi, « sur les 1 233 paroisses qu’elle [contenait] dans les élections ne [fournissait] que 1 800 hommes et l’Artois 1 200 hommes sur 776 paroisses » [41]. On comprend donc aisément que le Boulonnais put apparaître aux yeux du Roi comme une sorte de réservoir humain d’où il pouvait « tirer […] plus de troupes qu’il n’en [tirait] de 3 des plus grandes provinces de son royaume… » [42].

31Ces troupes avaient une solide implantation locale (annexe 1). Leur recrutement s’inscrivait dans le cadre de 6 secteurs géographiques présentant la même importance démographique. Il y avait donc 6 régiments : le 1er étant celui de Boulogne, le 2e, le régiment de Marquise, le 3e,Wissant, le 4e, Samer, le 5e, Desvres et le 6e, le régiment d’Étaples. Cet enracinement géographique était renforcé par la présence, à la tête des régiments et des compagnies, d’officiers issus de la noblesse locale. Rappelons, tout d’abord, que le commandant en chef de ces troupes fut le duc d’Aumont, gouverneur de la province, auquel on adjoignit à partir de 1689, un inspecteur « avec commission et appointement de la Cour pour faire revue en tems de paix comme de guerre ». Cette charge fut transformée en 1750 en inspection « à la levée et police des troupes boulonnaises ». Cet officier n’était autre, généralement, que le propre subdélégué de l’intendant d’Amiens, en résidence à Boulogne-sur-Mer. Un des plus prestigieux et des plus connus de ces officiers fut au cours de la 1re moitié du xviiie siècle, le subdélégué Claude Houbronne d’Auvringhen. Passé l’échelon du commandement suprême, on trouvait donc la noblesse du pays. Les régiments et les compagnies furent ainsi commandés par des nobles issus des familles de Poucques, du Blaisel, de Monchy, de la Pasture, du Camp de Rosamel, de Montelezun, d’Isques, de Courteville etc. (Annexe 2). Soit autant de noms qui renvoient à une noblesse boulonnaise des plus anciennes et des plus prestigieuses. Très souvent, les régiments étaient d’ailleurs désignés par le nom de leur commandant. On parlait ainsi du régiment de Godincthun, ou du régiment de Rosamel… Cet enracinement local des hommes et des chefs permettait de mobiliser très rapidement les troupes : « en 6 ou 7 heures de tems », expliquait en 1758 le sieur de Varignon, commandant la place de Boulogne, « on [peut] avoir 300 hommes de cheval à faire marcher où on en [a] besoin… » [43]. Dès que l’alerte était donnée, généralement par une sonnerie de cloches qui se diffusait de village en village, on dépêchait des cavaliers qui portaient l’ordre de mobilisation. Chaque milicien savait où se porter, les premiers à marcher étant les cavaliers. Ce dispositif fut évoqué sur un mode semi-comique par le sieur de Varignon dans le mémoire du 11 février 1758 qu’il adressait au ministre de la Guerre, le maréchal de Belle-Isle. En octobre (ou novembre ?) 1757, expliquait-il, le curé de Neufchâtel (paroisse sise au sud de Boulogne) crut en une tentative de débarquement des Anglais en apercevant le falot d’un pêcheur en mer. Aussi, le brave curé fit-il sonner le tocsin et dépêcher deux « exprès » (= messagers) auprès du gouverneur. Ceux-ci rallièrent Boulogne ventre à terre et délivrèrent leur message en arrivant, essouflés par leur effort. Ce qui laisse deviner avec quelle diligence ils s’étaient acquittés de leur mission.

Annexe 1

Implantation géographique des troupes boulonnaises

Annexe 1
Compagnies Régiments Régiment de Boulogne Régiment de Marquise Régiment de Wissant Régiment de Samer Régiment de Desvres Régiment d’Étaples 1re compagnie Wimille Marquise Wissant Samer Desvres Étaples 2e compagnie Beuvrequen Wierre-Effroy Audinghen Quesques Bourthes Tubersent Wacquinghen Wierre-au-Bois Le Catelet Courteville Zelique Offretun Longfossé Enocq 3e compagnie Pittefaux Belle Leubringhen Tingry Thiembronne Attin Hesdres Bellebrune Audembert Verlincthun Beutin Bernes St-Inglevert Estréelles Conteville St-Martin 4e compagnie Baincthun Colembert Ambleteuse Doudeauville Herly Frencq Questinghen Nabringhen Audresselle Course Le Turne Bazinghen Le Faux 5e compagnie Outreau Longueville Leulinghen Zoteux Bécourt Brexent Bainghen Hydrequen Bezinghen Mieurle Maresville Brunembert Rinxent Marquets Longvilliers Niembourg 6e compagnie Echinghen Alincthun Landrethun Hubersen Senlecques Camiers St-Léonard Lianne Ferques Lacres Dannes Isques Henneveux Élinghen Halinghen Widehem Hesdigneul 7e compagnie St-Étienne Crémarest Fiennes Beussent Verchocq Recques Condette Caffiers Engunine-haut Rumilly Inxent Aix-en-Ergny Estrées Ergny 8e compagnie Neufchâtel Quesques Hardinghen Preures Wicquinghe Neuville Nesles Marles Avesnes Aix-en-Issart Quilen 9e compagnie Carly Bournonville Rety Parenty Maninghen-au-Mont St-Michel Sempy Hesdin-L’Abbé Selles Enquin Hucqueliers 10e compagnie Wirwignes Lottinghen Boursin Bernieulles Bimont Montcavrel Le Verval Le Wast Cormont Clenleu Menneville Houllefort Alette St-Martin-Choquel Vieux-Moutiers La Calique

Implantation géographique des troupes boulonnaises

Annexe 2

Officiers des troupes boulonnaises

Annexe 2
Régiment Colonels Lieutenants-colonels de Boulogne • de Poucques d’Attigny (1672) • du Blaisel de Saint-Aubin (1690) • Henoye baron de Moyecques (1697) • Tutil de Marquise (1729) • de Villequier (1754) • d’Isques marquis de Colemberg • de Lattaye du Hamel (1690) • de L’Estoile de Fresneville (1699) • de Caresse de Beaulieu (1701) • de Bernes (1708) • de La Pasture (1718) (1748) de Marquise • de Montbethon de la Chapelle (1672) • de Courteville de Hodicq (1685) • de Sansse de Painleu (1710) • Le Roy du Quesnel (1721) • d’Isques du Manoir (1756) • Du Tertre de Laert (1738) • de Courteville de Boisminy (1672) • de Lastre de Breuil (1686) • de Courteville de Beauval (1720) • d’Hannicque d’Herquelingue (1732) de Wissant • de Monchy-Norroy (1672) • de La Pasture Londefort (1690) • de La Haye de Wierre (1702) • du Camp de Rosamel (1731) • marquis de Duras (?) (1739) • de La Varenne (1690) • de La Pasture d’Offretun (1702) • Tassart de Belleval (1724) • de La Haye du Hamel (1729) • Patras de Campaigno (1758) de Samer • du Quesnoy d’Escœuille (1672) • de La Haye de La Houssaye (1696) • du Blaisel du Rieu (1738) • Chinot de Chailly (1743) • d’Achancourt (1672) • Le Camus de Molineaux (1728) • Le Porcq de Champar (1748) de Desvres • Musnières d’Espinefort (1672) • Musnières de la Converserie (1699) • Campagne de Godincthun (1722) • d’Isques de Briquedalle (1672) • d’Isques de Bainghen (1699) • Monet de Wavres (1704) • Acary de Maninghen (1722) • de La Barre de Bois Julien (1743) • du Blaisel de Rieux (1756) d’Étaples • de Montlezun de St-Leonard (1672) • de l’Estoile de Fresneville (1704) • de Courteville de Beauval (1729) • Tutil d’Hardenthun (1731) • Le Caron de La Massonnerie (1762) • de Cerf (?) (1728) • d’Isques du Breuil (1743)

Officiers des troupes boulonnaises

Remarque : certains de ces officiers purent servir successivement dans plusieurs régiments.

32Les Boulonnais semblaient donc prendre à cœur, et avec courage, la charge militaire qui leur était imposée, courage qui fut maintes et maintes fois célébré par les souverains. En 1733, Louis XV n’évoquait-il pas les « bons services que les trouppes de [son] pays de Boullenois [avaient] rendus de tout temps sur [la] frontière des Flandres » [44] et, au début du xvie siècle, le Boulonnais n’apparaissait-il pas aux yeux de certains comme un pays où l’on trouvait « les meilleurs gens d’armes de France » [45] ? Ce courage, les « troupes boulonnaises » l’exprimèrent de nombreuses fois en intervenant sur les champs de bataille qui marquèrent l’histoire des provinces du nord-ouest du royaume mais, nous l’avons dit, à partir du premier quart du xviiie siècle, leur mission changea et elles furent le plus souvent cantonnées en garnison. Peut-être qu’à cette époque les mentalités étaient en train d’évoluer et que les Boulonnais rechignaient quelque peu à servir loin de chez eux. C’est ce que crut comprendre le duc d’Aumont dès 1710. Après avoir rappelé l’originalité des troupes qu’il commandait au sein du dispositif militaire français en précisant qu’elles n’obéissaient qu’aux ordres du roi en personne et non point à celles des ministres ou autres généraux, le gouverneur insista sur le fait que les bataillons du Boulonnais ne pouvaient servir « hors du pays » en concluant par une belle envolée d’égoïsme local : si Ardres et Calais étaient menacés « que ces 2 places tirent leur défense de leurs propres troupes » [46] ! Les Boulonnais eurent donc conscience qu’ils bénéficiaient d’une sorte de privilège militaire et on comprend qu’à la différence des autres communautés du royaume de France, les paroisses boulonnaises ne dénoncèrent pas la milice en 1789, réclamant au contraire, comme à Échinghen, près de Boulogne-sur-Mer, qu’on conserve à la province « le privilège (…) de se défendre elle-même et de continuer d’être exempté de tirer au billet ». Cette constance est d’autant plus admirable qu’ici, comme ailleurs, la milice avait un coût.

33Le roi prenait en charge, comme partout ailleurs dans le royaume, la plus grande partie des frais de levée des troupes boulonnaises. Mais cette aide fut-elle suffisante ? Non, répondit en février 1758 Houbronne d’Auvringhen :

34

« La constitution des régiments d’infanterie des troupes boulonnaises », expliquait-il, « ne permettant pas de prolonger la durée de leur service au-delà des mois de campagne et différentes considérations ayant nécessité à renouveler leur habillement à chaque levée, on a toujours été obligé d’avoir recours à des moyens extraordinaires… » [47].

35Le rôle des comptes concernant la « manutention des fonds destinés à l’habillement et armement des troupes boulonnaises » pour la période 1748-1761 aboutissait aux mêmes conclusions :

36

« Les troupes boulonnaises n’ayant qu’un service momentané, le produit des masses (…) ne forme qu’un fond incertain souvent insuffisant et par conséquent incapable d’établir la confiance des marchands qui répugnent à faire des avances pour le remboursement desquelles ils ne trouvent pas les sûretés nécessaires… » [48].

37La milice coûtait donc cher au pays. Les Boulonnais évaluèrent au début des années 1740 le coût d’une levée de 1 575 hommes (soit 3 régiments) pour 14 mois et demi de service à 159 862 livres et 10 deniers alors que l’abonnement au « Dixième » (= l’impôt) ne s’élevait qu’à 44 266 livres 3 sols et 3 deniers. Il existait donc en Boulonnais de bons motifs pour dénoncer la milice et pourtant on se plaignit moins qu’ailleurs. Cette attitude s’expliqua sans doute par les avantages qu’on sut tirer de cette situation.

38Il faut, en effet, rappeler que le Boulonnais jouissait à cette époque d’un statut administratif enviable : il eut dès les années 1720 le privilège de s’administrer lui-même et surtout il ne payait pas d’impôts [49]. Or, ce privilège fiscal était concomitant de la question militaire comme le rappelèrent sans cesse les rois de France :

39

« Nos prédécesseurs Roys », expliqua Henri III en 1575, « considerans que notre ville de Bologne (sic) et pays Boulenois, font frontière au pays d’Artois et d’Angleterre, et que les habitans de notre ditte ville et pays sont jour et nuict subjectz à faire guet et garde à leurs despens, les auroient successivement déclairez francs et exemptz de toute contribution à noz tailles et taillons, aides, gabelles et autres impositions… par ce mesmement qu’ils sont contrainctz à toutes heures qu’il leur est commandé, et l’occasion se présentant, pour notre service, principalement dès qu’il y a doubte de quelque descente, se tenir sur leurs gardes, armer et soudoier à leurs despens tel nombre de gens de guerre qu’il est requis pour la conservation dudit pays et des portz et havres d’iceluy,… » [50].

40Défendre un pays qui était « frontière » des « deux plus puissans voisins et anciens ennemis de la Couronne sçavoir l’Anglois et l’Espagnol », comme le rappelaient les « trois États du Pays et Comté de Boulenois » en 1634, méritait donc bien quelques « considérations particulières » [51]… Et imposait de supporter bon gré mal gré la milice.

Conclusion

41Les « troupes boulonnaises » furent probablement, avec quelques autres cas particuliers [52], une exception dans l’histoire des milices provinciales sous l’Ancien Régime. La milice fut une institution constamment dénoncée et ceci d’autant plus qu’au xviiie siècle elle devint quasiment permanente. Les mobilisations coûtaient cher et pesaient lourd sur des économies et des finances trop souvent fragilisées par une conjoncture incertaine. Le rejet de la milice perdura au sein des populations alors qu’en fait, la ponction démographique effectuée par les levées s’allégea au cours du xviiie siècle [53].

42La milice fut donc unanimement condamnée en 1789. Et pourtant, on peut se demander si la levée en masse de 1793 ne procéda pas du même principe [54].


Mots-clés éditeurs : milicien, désertion, Boulonnais, tirage au sort, Artois, paroisse, Flandres

Mise en ligne 01/10/2014

https://doi.org/10.3917/rdn.350.0279

Notes

  • [*]
    Alain Joblin, maître de conférences, Université d’Artois, 25 rue de Béthune, 62360 Condette.
  • [1]
    Parmi les études utilisées, retenons en particulier : J. Gebelin, Histoire des milices provinciales (1688-1791), Paris, Hachette, 1882, 295 p. ; P. Boye, La milice en Lorraine au xviiie siècle, Paris, Berger-Levrault et Cie Éds., 1904, 112 p. ; P. Laporte, La milice d’Auvergne, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1956, 186 p. ; Y. Danard et A. Gautier, « La milice de l’Ancien Régime en Bretagne », Revue historique des Armées, n° 4, 1996, p. 115-125.
  • [2]
    Selon le mot de Saint-Simon, cité par D. Rosselle, « La milice provinciale d’Artois au xviiie siècle », Mémoires de la Commission départementale d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, t. XXV et Revue du Nord, hors série, n° 3, 1987, p. 221-229.
  • [3]
    J. Millot, « Les garnisons dans les petites villes du Nord à la fin de l’Ancien Régime », Revue du Nord, t. LXX-n° 279, octobre-décembre 1988, p. 717-740.
  • [4]
    AD Pas-de-Calais, C 225.
  • [5]
    J. Gebelin, op. cit., p. 19.
  • [6]
    Ibid., p. 65.
  • [7]
    Ibid., p. 190.
  • [8]
    M.-A. Robbe, « La milice dans l’intendance de la Flandre wallonne au xviiie siècle », Revue du Nord, t. XXIII, 1937, p. 5-50.
  • [9]
    J. Gebelin, op. cit., p. 73-111.
  • [10]
    D. Rosselle, art. cit., p. 223.
  • [11]
    M.-A. Robbe, art. cit., p. 11.
  • [12]
    C. Lemagnent, Le recrutement de la milice à Bergues et Dunkerque de 1688 à 1792, maîtrise, Université Lille 3-Charles-de-Gaulle, octobre 1999, 112 p.
  • [13]
    J. Gebelin, op. cit., p. 35.
  • [14]
    P. Boye, op. cit., p. 53.
  • [15]
    AD Pas-de-Calais, C 1191(17).
  • [16]
    Dans certaines provinces, comme en Bas-Maine, on pouvait aussi lire : « Pour le Roy », ou encore, « Je veux servir le Roi en qualité de soldat de milice » : E. Laurain, Les débuts de la milice provinciale dans le Bas-Maine, Laval, 1938, 106 p.
  • [17]
    Cette liste fut établie par Trudaine, intendant d’Auvergne et fondateur de l’École des Ponts et Chaussées, en 1731. Il y a là 8 pages d’exemptions, reprises dans : P. Laporte, op. cit., p. 61 sq.
  • [18]
    D. Rosselle, op. cit., p. 228.
  • [19]
    Ibid., p. 225.
  • [20]
    V. Advielle, « Le milicien Viconne de Tilloy-lès-Hermaville », Le Cabinet historique de l’Artois et de la Picardie, Abbeville, t. VII, 1892-1893, p. 177-182.
  • [21]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 847F.
  • [22]
    AD Pas-de-Calais, C 1191(17).
  • [23]
    Extrait du Cahier de doléances de la noblesse de Montreuil : H. Loriquet, Cahiers de doléances de 1789 dans le département du Pas-de-Calais, Arras, 1891, t. II, p. 37.
  • [24]
    Saint-Simon, Mémoires (1701-1707). Addition au Journal de Danjeau, Paris, Gallimard (NRF), 1983, t. II, p. 644.
  • [25]
    E. Laurain, op. cit., p. 36.
  • [26]
    M.-A. Robbe, art. cit., p. 43.
  • [27]
    D. Rosselle, art. cit., p. 228.
  • [28]
    J.-P. Jessenne et D. Rosselle, Florilège des cahiers de doléances du Pas-de-Calais, Lille, Centre d’Histoire de la Région du Nord et de l’Europe du Nord-Ouest-Université Charles-de-Gaulle-Lille 3 (coll : Histoire et Littérature Régionale), 1989, p. 137.
  • [29]
    Il s’agit des responsables de l’administration locale mise en place par la monarchie à la tête du pays à partir des années 1720 pour expédier un certain nombre d’affaires courantes. Les Boulonnais se voyaient ainsi reconnaître une sorte de droit à « l’auto-administration ». Voir sur ce sujet, notre article : A. Joblin, « Une province française en quête d’autonomie administrative : le Boulonnais à l’époque moderne », Revue du Nord, t. 82, janvier-mars 2000, p. 73-90.
  • [30]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 983.
  • [31]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 987.
  • [32]
    Archives de la Guerre, Service historique de l’Armée de terre (AG, SHAT), A(1)2216, fol. 60.
  • [33]
    J. Gebelin, op. cit., p. 169.
  • [34]
    Soit : 290 paires de souliers = 2 212 livres 10 sols ; 236 chapeaux = 340 livres ; 490 paires de guêtres avec genouillères = 1 434 livres ; 1 180 chemises = 4 277 livres.
  • [35]
    AD Pas-de-Calais, 1J246.
  • [36]
    L.-N. Berthe, P. Bougard, D. Canler, J.-M. Decelle, J.-P. Jessenne, Villes et villages du Pas-de-Calais en 1790. 60 questions et leurs réponses. III. Districts de Montreuil, de Saint-Omer et de Saint-Pol, Arras, 1992 (Mém. de la Comm. dép. d’hist. et d’archéo. du Pas-de-Calais, XXVIII), p. 194.
  • [37]
    M. Abot de Bazinghen, Recherches historiques sur la ville de Boulogne-sur-Mer et sur l’ancienne province du Boulonnais, Paris, 1822, 190 p. ; H. de Rosny, Histoire du Boulonnais, Amiens, 1873, t. IV, 603 p.
  • [38]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F, fol. 372.
  • [39]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 850F, fol. 26. Cette liste fut établie par Pierre Rebery, « sindic » de la paroisse de Leubringhen.
  • [40]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 1752.
  • [41]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 983.
  • [42]
    J. Gebelin, op. cit., p. 67.
  • [43]
    AG, SHAT, A(1)3492, fol. 28.
  • [44]
    A. Hamy, Essai sur les ducs d’Aumont, gouverneurs du Boulonnais, 1622-1789, Boulogne-sur-Mer, 1906-1907, 477 p.
  • [45]
    M. Abot de Bazinghen, op. cit., p. 131.
  • [46]
    AG, SHAT, A(1)2216, fol. 60.
  • [47]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F.
  • [48]
    BM Boulogne-sur-Mer, n° 581F. Les levées de milice eurent tout de même quelques retombées positives sur l’économie boulonnaise en faisant travailler des fournisseurs locaux. En 1701-1706, par exemple : 1 livre à Pierre Merlot pour avoir voituré des étoffes à Marquise pour le bataillon de Calais (AM Boulogne-sur-Mer, n° 96). En 1742 : payé à Grivois, 16 livres pour fourniture de viande à l’Hôtel de Ville les jours de l’arrivée des 2 bataillons de Gravelines et Dunkerque, et payé à un certain Capet, marchand boulonnais, pour livraison d’armes d’habillement ; en 1744 : 4 livres 8 sols à Haigneré pour dépense de vin faite à l’Hôtel de Ville les 10 et 11 janvier, jours de logement des bataillons de Godincthun et de Guémy etc. (BM Boulogne-sur-Mer, n° 863F).
  • [49]
    Entendons, les principaux impôts : taille, gabelle, aides, traites,…
  • [50]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 974.
  • [51]
    AM Boulogne-sur-Mer, n° 985.
  • [52]
    On ne manquera pas de se reporter à la notice « Milices garde-côtes » composée par A. Corvisier dans L. Bely dir, Dictionnaire de l’Ancien Régime, Royaume de France (xvie-xviiie siècle), Paris, PUF, 1996, p. 834-836.
  • [53]
    En Auvergne, par exemple, la milice ne concerna que 0,04 % de la population.
  • [54]
    B. Ciotti, Du volontaire au conscrit. Les levées d’hommes dans le Puy-de-Dôme pendant la Révolution, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2001, 2 t., 387 p. + 781 p.
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