Couverture de RDM_056

Article de revue

L’entraide et la solidarité comme réponses des mouvements sociaux à la pandémie

Pages 409 à 421

Notes

1Le confinement et les mesures de distanciation sociale mise en place début 2020 pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus ont un terme aux grandes manifestations et la couverture médiatique de la pandémie a replacé l’État et les gouvernements dans un rôle central pour la gestion de cette crise inédite. La vague de mobilisations qui ont marqué l’année 2019 en France et à travers le monde était soudain interrompue alors que les mouvements sociaux disparaissaient de l’actualité jusqu’à ce que le confinement ne se relâche fin mai.

2Si les grandes manifestations n’ont plus eu lieu, les mouvements sociaux ont pourtant été particulièrement actifs pendant la période de confinement. Ils se sont rapidement adaptés à cette période très particulière et ont redéployé leurs activités à la fois en ligne et dans la vie des quartiers [Pleyers, 2020]. Ils ont questionné le discours et les politiques des gouvernements face à la pandémie, informé les citoyens et montré que la pandémie était tout autant une crise sociale qu’une crise sanitaire.

3Parmi leurs nombreuses activités, l’organisation de solidarités locales et de réseaux d’entraide est probablement celle qui a mobilisé le plus d’énergie. Souvent négligées au sein de la littérature consacrée à l’action collective, ces initiatives sont pourtant parties intégrantes du répertoire des mouvements sociaux et ont une portée transformatrice qui dépasse les actions elles-mêmes et la période de confinement, en ce qu’elle contribue à renforcer les liens sociaux et à promouvoir d’autres visions du monde et de la société. Elles préfigurent en cela des éléments cruciaux d’une société conviviale.

4La période couverte par cet article s’étend du 11 mars 2020, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le nouveau coronavirus était une pandémie, au 26 mai 2020, date de l’assassinat de George Floyd par un policier blanc à Minneapolis qui a déclenché une nouvelle vague de protestations contre les violences policières et le racisme aux États-Unis et dans plusieurs régions du monde.

La solidarité contre l’isolement

5Tout au long du confinement, les mouvements populaires et les associations ont porté des initiatives d’entraide pour répondre aux besoins fondamentaux de leurs concitoyens. En cette période où la distanciation a souvent eu pour conséquence l’isolation sociale et le repli sur le milieu familial restreint, les mouvements sociaux et populaires ont montré que leur première force est de tisser des liens sociaux.

6À travers le monde, cette solidarité s’est déployée dans les quartiers comme sur les lieux de travail. On peut par exemple mentionner l’initiative du principal syndicat des camionneurs de Chicago dont les membres ont alloué deux millions de dollars de leur fonds de grève pour étendre la couverture sociale de leurs collègues licenciés pendant la pandémie et leur assurer ainsi l’accès au soin de santé [1]. Au Brésil, le mouvement des paysans sans terre a fourni de la nourriture à la population marginalisée pendant la pandémie et continue de promouvoir un modèle différent d’organisation du travail et de la chaîne de production et de distribution alimentaire.

7En Europe aussi, les volontaires et les associations ont été en première ligne pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Alors que la plupart des citoyens ne quittaient leur domicile que pour acheter de la nourriture, des bénévoles se sont mobilisés pour rouvrir des centres sociaux autonomes pour les sans-abri [Cassilde, 2020] et organiser des distributions de nourriture pour les migrants ou dans les quartiers populaires où l’État était défaillant [Woods, 2020]. Les organisations féministes ont, elles aussi, été particulièrement actives pour faire la lumière sur la montée de la violence domestique pendant le confinement, alerter l’État sur ce drame et trouver des logements de solidarité pour les victimes.

Entraide et organisation au niveau du quartier

8Sur tous les continents, des mouvements et des réseaux citoyens ont mis en place des groupes locaux d’entraide pour aider les voisins à faire face à la pandémie et éviter l’isolement social qui a eu des conséquences dramatiques.

9Face à la faible présence des services publics et à l’absence d’attention portée aux favelas par les politiques sanitaires et sociales, les associations d’habitants de Paraisópolis, la deuxième favela de Sao Paulo, ont élu 420 « présidents de rue » chargés chacun d’une cinquantaine de maisons. Ils ont pour mission de veiller sur les résidents qui présentent des symptômes du Covid-19 ou qui ont besoin de soins médicaux et d’identifier les familles aux plus faibles revenus qui se retrouvent sans nourriture [Guimarães, 2020]. Ces « présidents de rue » jouent également un rôle crucial dans la diffusion de l’information sur le virus et sur l’organisation du quartier. Le groupe d’entraide de Paraisópolis est même parvenu à mettre sur pied un système d’ambulances dans la favela, à engager des médecins et à organiser la production et la distribution de plus de 10 000 repas par jour [Langlois, 2020].

10À Alemão, le plus grand complexe de favelas de Rio de Janeiro, des associations de résidents se sont unies à l’association « Ocupa Alemão [2] », au média autogéré Voz das Comunidades et aux organisations de défense du droit au logement pour créer un « conseil citoyen » chargé de prendre des initiatives pour faire face à la pandémie mais aussi aux discours et politiques du président brésilien Bolsonaro qui ne cesse d’en minimiser l’ampleur. Leur réseau d’entraide s’est donné trois missions : sensibiliser la communauté pour prévenir la propagation du virus ; produire, collecter et distribuer des paniers de nourriture, des savons et des protections sanitaires ; et réclamer des programmes sociaux en faveur des favelas au niveau de la ville et de l’État de Rio de Janeiro.

11Au Chili, l’un des pays les plus affectés d’Amérique latine, 130 cantines populaires ont été réactivées à Santiago pour préparer et distribuer un repas quotidien. Ces cantines sont organisées de façon autonome et tiennent à garder leurs distances face au gouvernement et aux partis politiques [González Farfán, 2020]. Centrée sur le défi de préparer ces repas quotidiens dans un contexte de forte paupérisation, ces cantines n’en sont pas moins devenues l’un des lieux d’où montent une critique sociale contre la politique du gouvernement face à la pandémie et son incapacité à pourvoir aux besoins de base des classes populaires. Le slogan « Seul le peuple sauvera le peuple » est repris par un nombre croissant de cantines, incarnant à la fois la désillusion par rapport aux politiques sociales et une conscience croissante de la capacité de la société à s’auto-organiser qui a resurgi avec le soulèvement chilien depuis le 18 octobre 2019.

12Bien que les pratiques d’entraide au sein de la communauté ou du quarter soient moins ancrées en Europe, des milliers de groupes d’entraide se sont également organisés dans les quartiers du vieux continent. Plus de 4 000 « groupes d’entraide Covid-19 » (« Mutual Aid Covid-19 ») sont actifs au Royaume-Uni [3]. Les voisins prennent soin les uns des autres en faisant les courses des malades et des plus vulnérables, en prenant en charge les listes de prescriptions médicales, en téléphonant régulièrement aux personnes isolées ou en promenant leur chien. Ces réseaux sont totalement autonomes de l’état et presque entièrement organisés au niveau des quartiers, avec une coordination volontairement limitée au niveau local et national. Il s’agit de concentrer l’énergie et le temps dans les groupes de quartier et de favoriser leur autogestion [Kavada, 2020]. Ces groupes d’entraide se sont appuyés sur les réseaux socio-digitaux pour s’organiser dans des conditions de confinement et de distanciation sociale. Ils soulignent cependant l’importance des affiches, des dépliants et surtout des conversations dans le quartier pour atteindre les voisins d’une génération moins connectée au monde digital.

Des réseaux de (contre-)information

13Participer à un groupe de solidarité de quartier est un processus d’apprentissage individuel et collectif. Les voisins qui y prennent part apprennent à s’organiser dans des groupes autonomes, souvent de manière horizontale, et se familiarisent avec les nouveaux usages des réseaux socio-digitaux. Ces groupes d’entraide sont aussi des réseaux alternatifs d’information. Partout dans le monde, les militants des médias populaires, les mouvements anarchistes [4], les syndicats et les groupes d’entraide ont produit et diffusé des informations sur le virus, les précautions sanitaires, les endroits où obtenir de l’aide et la manière de s’organiser au niveau du quartier.

14Dans les favelas brésiliennes, les groupes d’entraide contre le coronavirus luttent contre la campagne menée par le président Bolsonaro qui minimise la dangerosité du virus. Ils diffusent les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé au moyen de banderoles, de street art à l’entrée des favelas [Santiago, 2020], de vidéos, d’articles, d’images et même par de la musique funk. En plus des réseaux socio-digitaux, les activistes des médias populaires « Maré online [5] » circulent régulièrement dans les favelas avec des haut-parleurs pour que la population prenne ses précautions face à la pandémie et s’organise pour y faire face. Dans une autre favela, le groupe de voisins « Morador Monitor » organise des visites quotidiennes de maison en maison, afin de sensibiliser les personnes rencontrées au danger du coronavirus et aux modes de prévention, d’identifier les besoins en nourriture et en articles d’hygiène et de protection et d’organiser leur distribution. Ils se donnent également pour mission de recueillir des statistiques sur la propagation de l’épidémie car les statistiques nationales et les politiques publiques ne prennent pas en compte les favelas dans leurs études de la propagation du virus.

Pratiques alternatives et résistances

15Dans une situation d’urgence telle que l’épidémie de coronavirus, les militants et les mouvements concentrent une partie de leurs activités pour faire face à des besoins immédiats et mettre en œuvre une solidarité concrète. Ces initiatives sont parfois perçues comme « dépolitisantes » : elles détournent l’énergie des militants et des organisations des demandes de changements structurels au profit de pratiques qui ne font que pallier les lacunes du système dominant. La sociologie des mouvements sociaux souligne que c’est l’une des voies classiques de l’institutionnalisation des mouvements sociaux [Kriesi, 1986]. En consacrant deux millions de dollars de leur fonds de grève pour assurer l’accès au soin des travailleurs licenciés pendant la pandémie, les Teamsters détournent-ils des fonds qui auraient pu être utilisés pour soutenir une grève en faveur de changements plus structurels ? Les groupes d’entraide contribuent-ils à intégrer progressivement les mouvements protestataires à une société civile institutionnalisée en les transformant en « prestataires de services » ?

16Si une telle évolution est indéniable pour certaines associations, ne voir les réseaux d’entraide et les solidarités pratiques qu’à travers cette évolution potentielle ne permet pas de saisir la portée de ces actions. Au cours des trois dernières décennies, les mouvements indigènes et paysans d’Amérique latine ont montré que les communautés, la solidarité locale et les pédagogies populaires peuvent être les piliers d’une émancipation collective et de la résistance au capitalisme global [Escobar, 2018].

17Certes, les voisins qui participent aux groupes d’entraide ne les rejoignent pas tous avec un but politique ou militant, et ces groupes évitent généralement tout lien avec la politique partisane. Cela ne signifie pas que ces initiatives soient dépourvues de dimensions politiques. Des quartiers de classe moyenne aux bidonvilles, un leitmotiv similaire résonne dans les discours des participants et la présentation qu’ils font de leurs groupes d’entraide : « Ce n’est pas de la charité mais de la solidarité. » « Il ne s’agit pas pour les riches de faire des dons pour sauver les pauvres, mais d’être ensemble pour affronter le virus et la crise [6]. » La coordination « Covid-19 Mutual Aid UK » est très claire à ce sujet :

18

Les groupes d’entraide ne cherchent pas à « sauver » qui que ce soit. Il s’agit de personnes qui se rassemblent, dans un esprit de solidarité, pour se soutenir et veiller les unes sur les autres. [...] L’entraide résulte d’une volonté d’un groupe de personnes de s’organiser pour répondre à leurs propres besoins, en dehors des cadres formels des organisations caritatives, des ONG et du gouvernement. Il s’agit, par définition, d’un mode d’organisation horizontal, dans lequel tous les individus ont un pouvoir égal. Il n’y a pas de « dirigeants » ou de « comités directeurs » non élus dans les projets d’aide mutuelle. Il n’y a qu’un groupe de personnes qui travaillent ensemble sur un pied d’égalité [7].

19Ces réseaux d’entraide font bien plus que préparer des repas ou aller au supermarché pour leurs voisins. Ils reconstruisent le tissu social et (ré)génèrent un sentiment de « communalité [8] » par lesquels les citoyens vivent leur quartier différemment. Comme l’explique Jean-Louis Laville [2018], « la solidarité réside avant tout dans la construction de relations sociales différentes ». Ces gestes concrets et cette volonté de ne pas limiter les relations sociales à leurs dimensions utilitaristes sont à la fois des éléments d’une alternative qui se construit et une résistance au modèle dominant : « Plus s’étendent les réseaux capitalistes, plus les individus sont isolés. En d’autres mots, pour contribuer au progrès de la globalisation, il faut qu’ils se reconnaissent comme des objets atomisés, qu’ils se dé-subjectivisent » [Ceceña, 1997]. Face à l’ampleur de la désaffiliation [Castel, 1995] générée par le système capitaliste et dans un monde dominé par l’individualisme, le souci de l’autre, une solidarité active et l’établissement de relations interpersonnelles conviviales ont une dimension préfigurative. Ils incarnent les « valeurs du bien vivre ensemble dans l’équité » [Caillé et al., 2012] et sont à ce titre un élément central d’une société convivialiste.

20Tisser des relations sociales entre voisins par-delà les clivages ethniques est d’autant plus important que la menace du coronavirus a aussi conduit à un repli sur soi et à une recrudescence du racisme. L’ampleur du phénomène est telle que le secrétaire général des Nations Unies parle d’un « tsunami de haine et de xénophobie » qui s’est déclenché pendant la pandémie. Partout, on cherche des boucs émissaires. « Alors que les spéculations tournent autour de l’origine du virus, les migrants et les réfugiés sont désignés comme les sources de la propagation du virus et se sont souvent vus refuser l’accès aux traitements médicaux » [ONU, 2020].

De l’entraide à la démocratisation

21L’histoire récente a montré que les initiatives d’entraide et de solidarité organisées par les citoyens peuvent être les germes de transformations profondes sur le plan social et politique. Au Mexique, l’auto-organisation des citoyens après le tremblement de terre dévastateur qui a touché la ville de Mexico en 1985 a initié un long processus de démocratisation contre l’emprise du parti-état au pouvoir entre 1929 et 2000. Face à un État corrompu et défaillant, des milliers de citoyens s’étaient organisés d’abord pour secourir les victimes, ensuite pour faire face aux lendemains difficiles et à la crise sociale. Des comités de quartiers qui ont surgi suite à ces initiatives ont joué un rôle dans la vie démocratique de la mégalopole jusqu’au début des années 2000 [Zermeño, Lozano et Aspeitia, 2002].

22Les « cantines populaires » qui ont resurgi au Chili au cours de la pandémie en sont un autre bon exemple. Elles renouvellent une pratique qui avait émergé dans les années 1930 puis de nouveau dans la crise des années 1980 sous la dictature [Hardy, 1986]. Dans une époque marquée par la répression, nombre de ces cantines ont été des espaces de reconstruction de lien social avant de jouer un rôle important dans la lutte contre la dictature et son modèle néolibéral [Salazar, 1994]. Les « cantines communes » sont aujourd’hui réactivées pour faire face à la faim et à la paupérisation causée par le confinement et la faiblesse des politiques sociales [Cisternas, 2020]. La plupart s’inscrivent dans la continuité du soulèvement social de fin 2019 qui a montré la force nouvelle dont jouissait désormais la société face à l’État.

23Il y a une dizaine d’années, Assef Bayat [2010] a montré l’importance de la solidarité locale et de la résistance dans la vie quotidienne des quartiers populaires dans le monde arabe. Elles ont été l’une des bases à partir desquelles ont surgi les révolutions de 2011. Alors que la plupart des spécialistes des mouvements sociaux se concentrent sur les manifestations et les « phases événementielles » des mouvements sociaux, le livre récent de Vintagen et Johansson [2019] relance le débat en montrant que les changements sociaux ou politiques à long terme se produisent plus fréquemment par la mise en place et le maintien de pratiques alternatives que par les manifestations ou les révolutions armées.

24Verra-t-on des dynamiques semblables se mettre en place à la suite des groupes d’entraide et des solidarités locales qui ont surgi pour faire face à la pandémie et au confinement ? Les infrastructures créées par les groupes d’entraide seront-elles mobilisées par de futurs mouvements ? Cela tiendra à des dynamiques contingentes dont la nature et la portée varieront notamment en fonction des contextes nationaux. Mais l’événement face auquel ils ont surgi n’est cette fois pas un tremblement de terre qui affecte une ville ou le régime politique d’un seul pays, mais une pandémie globale qui atteint toutes les régions du monde. Dans quelle mesure ces initiatives populaires et citoyennes chercheront-elles à articuler leurs expériences et leurs perspectives pour contribuer à produire un modèle social alternatif aux niveaux local, national et international ?

Conclusion

25Les perspectives utilitaristes et l’économisme généralisé [Caillé, 2013] continuent de dominer le champ de l’étude des mouvements sociaux. La littérature internationale qui y est consacrée s’est surtout focalisée sur les manifestations, les actions conflictuelles et les demandes adressées à l’État [McAdam, Tarrow et Tilly, 2001]. Dans ces perspectives utilitaristes de l’action collective, la puissance des mouvements sociaux est mesurée à la fréquence et à l’ampleur des manifestations et leur importance à l’aune de leur capacité de peser sur les décisions du gouvernement ou sur la sphère politique institutionnelle. Dans ce cadre, le défi principal des mouvements sociaux est de générer des coalitions et des rapports de force capable de peser sur le gouvernement et de modifier des lois.

26Le premier impératif d’une sociologie anti-utilitariste des mouvements sociaux est de cesser d’évaluer leurs résultats uniquement à l’aune de leur impact sur la politique institutionnelle. Quel que soit l’impact politique des réseaux d’entraide qui ont vu le jour pour faire face à cette pandémie, ces groupes ont déjà changé la façon de vivre leur quartier pour des milliers de citoyens et ont souvent transformé leur manière de voir la société.

27Cette perspective anti-utilitariste conduit à rejeter la séparation entre engagement et vie quotidienne, entre transformation de soi et mouvement social [Pleyers, 2018]. Les actions dans la vie quotidienne et les solidarités locales ont souvent joué un rôle décisif à la fois dans la formation des mouvements sociaux, et notamment du mouvement ouvrier [Thompson, 1953], et dans les alternatives que proposaient et vivaient ces acteurs.

28L’ampleur de la mobilisation des mouvements et associations au cours de la pandémie montre une fois de plus que les manifestations ne sont que la pointe immergée de l’iceberg [Pleyers, 2018], la partie la plus visible des mouvements et rarement la plus importante. Une perspective anti-utilitariste met en exergue d’autres rôles majeurs des mouvements dans nos sociétés, notamment dans leur capacité à tisser des liens sociaux et à déployer des solidarités concrètes qui permettent aux personnes de vivre autrement. Ils rappellent la force de l’entraide et de l’auto-organisation comme une alternative à l’État et au marché [Laville, 2018] mais aussi au repli sur soi et à la montée du racisme et des mouvements réactionnaires qui caractérisent eux aussi cette période de pandémie. Ces solidarités locales au niveau des quartiers paraîtront anodines à ceux qui cherchent le changement social à partir de la politique institutionnelle. Elles sont pourtant des éléments constitutifs fondamentaux d’une société convivialiste dont la pandémie a rappelé l’importance et l’urgence.

Bibliographie

Références bibliographiques

Notes

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