Le judaïsme en tant qu’il est la religion dont le fondement est la Bible, a contribué à l’évolution intellectuelle qui a conduit à la naissance de la doctrine des droits de l’homme au xvii
e siècle en Europe et en Amérique du Nord. Les grands auteurs de philosophie politique de cette époque, de Hobbes à Locke et de Grotius à Selden et Leibniz ont élaboré leurs systèmes en partant d’une réflexion sur la Bible. À la même époque, les Puritains de la Nouvelle Angleterre tiraient l’essentiel de leurs sources d’inspiration politico-juridique de la lecture de l’Ancien Testament. C’est en bonne partie au nom de celui-ci qu’ils réclamaient la protection de leurs civil rights (Maoz, p. 687 ; Sutcliffe, p. 42-57). Ce à quoi il faut ajouter, naturellement, l’influence des philosophes et tout spécialement de Locke, lui-même grand lecteur de la Bible. C’est cette double influence qui conduira aux déclarations des droits formulées par les colonies anglaises lors de leur indépendance qui elles-mêmes influenceront le Bill of rights de 1789-1791 (v. Maoz, p. 687-690 ; Olz-Salzberger, p. 88).
Ce n’est pas de cette filiation importante (mais méconnue en France), dont il sera question ici. Le judaïsme que l’on interrogera sur ses rapports avec les droits de l’homme est le judaïsme rabbinique tel qu’il s’est développé à partir de ses racines biblique et talmudique.
S’agissant donc de la tradition juive il faut se garder de deux attitudes contraires et également erronées. La première, anachronique et apologétique, est celle qui guette toute confrontation de doctrines anciennes, particulièrement religieuses, avec la pensée politique et philosophique de l’Occident…
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