Notes
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[1]
Le programme JSP (Jurisprudence and Social Policy Program) est l’un des premiers programmes doctoraux interdisciplinaire droit-sciences sociales développé aux États-Unis. Il a été fondé en 1982 par Philip Selznick à l’université de Berkeley.
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[2]
Murray edelman, The Symbolic Uses of Politics, Champaign : University of Illinois Press, 1964.
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[3]
Lauren B. edelman, Working Law: Courts, Corporations, and Symbolic Civil Rights, Chicago : University of Chicago Press, 2016.
-
[4]
Id., Linda krieger, Scott eliason, Catherine T. albiston et Virginia mellema, « When Organizations Rule: Judicial Deference to Institutionalized Employment Structures », American Journal of Sociology, 117 (3), 2011, p. 888-954. DOI : 10.1086/661984.
-
[5]
Lauren B. edelman, Calvin morrill, Karolyn tyson et Richard arum, « Legal Mobilization in Schools: The Paradox of Rights and Race among Youth », Law and Society Review, 44 (3-4), 2010, p. 651-693. DOI : 10.1111/j.1540-5893.2010.00419.x.
-
[6]
Lauren B. edelman, « Legal Environments and Organizational Governance: The Expansion of Due Process in the Workplace », American Journal of Sociology, 95 (6), 1990.
-
[7]
Id., « Legal Ambiguity and Symbolic Structures: Organizational Mediation of Civil Rights Law », American Journal of Sociology, 97 (6), 1992, p. 1531-1576.
-
[8]
Id., Howard erlanger et Christopher uggen, « The Endogeneity of Legal Regulation: Grievance Procedures as Rational Myth », American Journal of Sociology, 105 (2), 1999. DOI : 10.1086/210316.
-
[9]
Lauren B. edelman, Working Law: Courts, Corporations, and Symbolic Civil Rights, op. cit.
-
[10]
Robin stryker, « Political Economy and Working Law », Law & Social Inquiry, 44 (4), 2019, p. 1231-1240. DOI : 10.1017/lsi.2019.53.
-
[11]
Frank dobbin, Inventing Equal Opportunity, Princeton : Princeton University Press, 2009.
-
[12]
Lauren B. edelman et Mark suchman, « When the “Haves” Hold Court: Speculations on the Organizational Internalization of Law », Law & Society Review, 33 (4),1999, p. 941-991. DOI : 10.2307/3115155.
-
[13]
id. (dir.), The Legal Lives of Private Organizations, Aldershot : Ashgate, 2007.
-
[14]
Lauren B. edelman et Robin stryker, « A Sociological Approach to Law and Economy », in Neil smelser et Richard swedberg (dir.), Handbook of Economic Sociology, Princeton : Princeton University Press, 2e éd., 2005, p. 527-561. DOI : 10.1515/9781400835584.
-
[15]
Lauren B. edelman, Gwenola leachman et Doug mcadam, « On Law, Organizations and Social Movements », Annual Review of Law and Social Science, 6, 2010. DOI : 10.1146/annurev-lawsocsci-102209-152842.
-
[16]
Catherine R. albiston, Lauren B. edelman et Joy milligan, « The Dispute Tree and The Legal Forest », Annual Review of Law and Science, 10, 2014, p. 105-131. DOI : 10.1146/annurev-lawsocsci-110413-030826.
-
[17]
Lauren B. edelman et al., « Legal Mobilization in Schools: The Paradox of Rights and Race among Youth », op. cit.
-
[18]
Jérôme Pélisse (dir.), dossier « Se donner le droit : la force des organisations face à la loi », Droit et Société, 77 (1), 2011.
-
[19]
Christian Bessy, Thierry Delpeuch et Jérôme Pélisse (dir.), Droit et régulations des activités économiques : perspectives sociologiques et institutionnalistes, Paris : LGDJ-Lextenso, 2011.
-
[20]
id., À la recherche du temps gagné. Sens et usages sociaux des règles autour des 35 heures, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction d’Yves Lichtenberger, CEE / Université Marne la Vallée, 2004.
-
[21]
Laure bereni, « “Faire de la diversité une richesse pour l’entreprise”. La transformation d’une contrainte juridique en catégorie managériale », Raisons politiques, 35, 2009, p. 87-105. DOI : 10.3917/rai.035.0087.
-
[22]
Vincent-Arnaud chappe, L’Égalité en procès : sociologie politique du recours au droit contre les discriminations au travail, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Jacques Commaille, ENS Cachan, 2013.
-
[23]
Id., Jean-Michel denis, Cécile guillaume et Sophie pochic, La Fin des discriminations syndicales ? Luttes judiciaires et pratiques négociées, Vulaines-sur-Seine : Éditions du Croquant, 2019 ; Laure bereni, Le Management de la vertu. La diversité en entreprise à New York et à Paris, Paris : Presses de Sciences Po, 2023.
-
[24]
Sebastian billows, Le marché et la règle : l’encadrement juridique des relations entre la grande distribution et ses fournisseurs, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Claire Lemercier, IEP de Paris, 2016 ; Julien kubiak, La « managérialisation » de la prévention des risques professionnels en entreprise. Enquête parmi les préventeurs de la SNCF, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Didier Demazière, université Paris-Saclay, 2016 ; Fanny vincent, Un temps qui compte. Une sociologie ethnographique du travail « en 12 heures » à l’hôpital public, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Dominique Méda, université de recherche Paris Sciences et Lettres (PSL), université Paris-Dauphine, 2016.
-
[25]
Lisa buchter, Reinventing Diversity: Activists Interfering with the Managerialization of the Law, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Sophie dubuisson-quellier, Bruce G. carruthers et Brayden g. king, IEP de Paris, 2019.
-
[26]
Pauline barraud de lagerie, Élodie béthoux, Arnaud mias et Élise penalva-icher, « La mise en œuvre du devoir de vigilance : une managérialisation de la loi ? », Droit et Société, 106, 2020, p. 699-714. DOI : 10.3917/drs1.106.0699. Voir aussi Claire lemercier et Jérôme pélisse, « Chapitre 15. Droit et entreprises. Qui peut réguler Uber et les multinationales ? », in Olivier borraz (dir.), La Société des organisations, Paris : Presses de Sciences Po, 2022, p. 245-258. DOI : 10.3917/scpo.borra.2022.01.0245.
-
[27]
Christian bessy, Thierry delpeuch et Jérôme pélisse (dir.), Droit et régulation des activités économiques (préface de Michel coutu), 2e éd., Paris : LGDJ-Lextenso, coll. « Droit et Société. Classics », 2022.
-
[28]
Christian bessy, L’Expropriation par le droit. Propriété intellectuelle, valeur et travail, Paris : Éditions de l’EHESS, 2022.
-
[29]
Shauhin talesh et Jérôme pélisse, « How Legal Intermediaries Facilitate or Inhibit Social Change? », Studies in Law, Politics and Society, 79, 2019, p. 111-145. DOI : 10.1108/S1059-433720190000079007. Jérôme pélisse, Le travail du droit. Trois études sur la légalité ordinaire, mémoire d’HDR, IEP de Paris,2014 ; id., « Varieties of Legal Intermediaries: When Non-Legal Professionals Act As Legal Intermediaries », Studies in Law, Politics and Society, 81, 2019, p. 101-128. DOI : 10.1108/S1059-433720190000081005.
-
[30]
Lisa buchter, « Reinventing Diversity: Activists Interfering with the Managerialization of the Law », op. cit.
-
[31]
sebastian Billows, Lisa buchter et Jérôme pélisse, « Introduction: The Microfoundations of Legal Intermediation in Organizational Contexts », Studies in Law, Politics and Society, 81, 2019, p. 1-9. DOI : 10.1108/S1059-433720190000081001.
-
[32]
Sebastian billows, « Contracts as Compliance Mechanisms: Legal Intermediation and the Endogenization of French Retail Regulation », in ibid., p. 151-174. DOI : 10.1108/S1059-433720190000081007 ; Alina surubaru, « Dismantling Managerial Values: When Law’s Ambiguity Meets Organizational Complexity », dans ibid., p. 129-150. DOI : 10.1108/S1059-433720190000081006.
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[33]
Pauline grimaud, Des horaires dérogatoires ordinaires ? Sociologie des conflits et négociations autour du travail nocturne et dominical, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Jérôme Pélisse, IEP de Paris, 2022.
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[34]
Charles reveillere, Demain c’est loin, et aujourd’hui c’est déjà trop tard. Vivre et gouverner le délogement dans deux espaces populaires en attente de rénovation urbaine, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de Claire Lemercier et Jérôme Pélisse, IEP de Paris, 2022.
1 Le mardi 7 février 2023, les chercheurs en droit et en sciences sociales ont perdu l’une de leurs plus remarquables consœurs. Ce jour-là, Lauren B. Edelman, professeure de droit « Agnes Roddy Robb » et professeure de sociologie dans le cadre du programme Jurisprudence and Social Policy (JSP) de l’université de Californie-Berkeley [1], est décédée de façon inattendue après une brève maladie. Nous qui écrivons ces lignes savons que nous ne pouvons pas rendre pleinement justice à Lauren – Laurie pour sa famille, ses amis et ses collègues – en tant qu’universitaire ni en tant que personne dans ce bref texte. Cependant, nous souhaitons transmettre quelque chose de la personne extraordinaire et érudite qu’elle était.
I. Brève biographie professionnelle
2 Lauren B. Edelman est née en 1955, à Champaign-Urbana, à côté de Chicago, alors que son père, Murray Edelman, un éminent politologue remarqué par ses travaux sur la politique symbolique [2], était professeur à l’université de l’Illinois. Aînée de trois sœurs, Lauren a grandi principalement à Madison, dans le Wisconsin, après que son père eut accepté un poste dans l’université de cet État. Sa mère, Bacia Stepner Edelman, était potière et sculptrice de renom. Après une première spécialisation en musique (violon) puis un changement de domaine d’étude, Lauren a été licenciée en sociologie de l’université du Wisconsin en 1977. Elle a obtenu sa maîtrise à Stanford en 1980, puis son doctorat en sociologie et son diplôme de droit – le premier à Stanford et le second à l’université de Californie à Berkeley, en 1986.
3 Lauren est devenue assistante au département de sociologie de l’université du Wisconsin et y a été titularisée, mais elle a ensuite reçu une offre pour rejoindre le JSP de Berkeley, où elle est devenue professeure en 1996. Elle a été récipiendaire des bourses de la Fondation Rockefeller, du Center for Advanced Studies in the Behavioral Sciences (CASBS) de Stanford et de la Fondation John-Simon-Guggenheim. Parmi les nombreux prix qui ont distingué ses travaux, citons le Distinguished Book Award 2018 de l’American Sociological Association et le George R. Terry Book Award 2017 pour sa contribution exceptionnelle à la connaissance de la gestion (tous deux pour son livre de 2016, Working Law: Courts, Corporations, and Symbolic Civil Rights [3]) ; le prix du mentorat Stanton-Wheeler 2017 de la Law and Society Association ; le prix de l’article 2012 de la Law and Society Association pour « When Organizations Rule: Judicial Deference to Institutionalized Employment Structures » (avec Linda Krieger, Scott Eliason, Catherine T. Albiston et Virginia Mellema) [4] et le prix de l’article 2012 de la section Sociology of Law de l’American Sociological Association pour « Legal Mobilization in Schools: The Paradox of Rights and Race among Youth » (avec Calvin Morrill, Karolyn Tyson et Richard Arum) [5].
4 Lauren était membre élue de l’Académie américaine des arts et des sciences, ancienne présidente de la Law and Society Association, ancienne fondatrice et présidente de la section Sociologie du droit de l’Association américaine de sociologie, ancienne doyenne du JSP et ancienne directrice du Center for the Study in Law and Society (CSLS) à Berkeley. Professeure et mentore appréciée au JSP de Berkeley, elle y a contribué au lancement et/ou à la poursuite de la carrière de nombreuses personnes qui sont aujourd’hui des sociologues du droit éminents.
II. L’héritage scientifique de Lauren Edelman
5 Lauren s’est définie comme une sociologue du droit et des organisations, examinant les interrelations entre les entreprises et leurs environnements juridiques. En tant que doctorante à Stanford, elle a été formée par des sociologues des organisations reconnus, comme W. Richard Scott et John Meyer, qui ont joué un rôle central dans la formulation de la perspective néo-institutionnaliste des organisations. En assimilant cette perspective, Lauren a également été influencée par Philip Selznick, son mentor à Berkeley. P. Selznick était un sociologue des organisations bien connu qui écrivait sur les droits des salariés et la construction de la légalité au sein des organisations. Lauren a su tirer parti de ces deux influences et les combiner dans ses recherches sur le droit et les organisations.
6 Lauren a publié son premier ouvrage en 1988, en cosignant un chapitre consacré à la procéduralisation des modes de gestion des relations de travail (due process) au sein des organisations, avec comme coauteurs Frank Dobbin (un camarade de Stanford), Dick Scott, John Meyer et Ann Swidler. Elle publie ensuite en 1990 un article important dans l’American Journal of Sociology intitulé « Legal Environments and Organizational Governance: The Expansion of Due Process in the Workplace [6] ». Dans cet article, cité plus de 1 200 fois, elle analyse l’évolution des pratiques de gestion du personnel dans les organisations pour montrer comment le droit favorise l’expansion de ces logiques procédurales fondées sur l’équité dans les entreprises. Elle démontre que la législation américaine sur les droits civiques des années 1960, en particulier le titre VII de la loi de 1964 prohibant les pratiques discriminatoires dans l’emploi, a construit un environnement normatif qui a fait fortement évoluer la légitimité du pouvoir des employeurs, en particulier dans sa dimension arbitraire. Les procédures de règlement des conflits prolifèrent ainsi pour les salariés non syndiqués.
7 En 1992, Lauren publie à nouveau dans l’American Journal of Sociology l’article, cité plus de 2 000 fois, qui va singulariser la perspective de recherche qu’elle va travailler ensuite pendant vingt ans. Dans « Legal Ambiguity and Symbolic Structures: Organizational Mediation of Civil Rights Law [7] », elle commence en effet à inverser son point de vue, passant d’un questionnement sur la manière dont les règles et les symboles juridiques façonnent les entreprises, à la manière dont ces dernières peuvent aussi et en retour façonner le sens de la loi et de ces règles, par le biais de mécanismes quotidiens beaucoup moins évidents que, par exemple, le lobbying politique déployé en faveur d’une législation particulière. Inventant l’expression « médiation organisationnelle », elle soutient que l’ambiguïté de la loi américaine sur la discrimination en matière d’emploi de 1964 donne aux organisations une marge de manœuvre considérable pour construire le sens de la conformité qui permet aux entreprises de répondre à leur environnement juridique, tout en atteignant leurs objectifs managériaux d’efficacité, de productivité et de profit. Les entreprises, montre-t-elle, ont répondu à la loi en créant des symboles de conformité facilement accessibles, tels que des procédures formalisées de gestion des conflits (formal grievance procedures), ou en spécialisant certains membres des ressources humaines sur ces questions. L’impact de la loi est ainsi médiatisé par une construction de la conformité qui s’est certes diffusée dans les champs organisationnels, mais qui était, soutient-elle, plus symbolique que substantielle.
8 En 1999 puis en 2011, Lauren publie deux autres articles dans l’American Journal of Sociology, le premier, « The Endogeneity of Legal Regulation », avec Howard Erlanger et Christopher Uggen et le second, « When Organizations Rule », avec les auteurs mentionnés dans la brève biographie ci-dessus [8]. Ces articles ont conceptualisé et testé empiriquement la notion d’endogénéisation juridique, processus qui désigne le fait que, après que les entreprises ont interprété les règles juridiques de manières compatibles avec leurs logiques managériales (processus de « managerialization »), les tribunaux s’en remettent à ces dispositifs symbolisant leur mise en conformité (processus de « judicial deference »). Lauren Edelman montre néanmoins que ces dispositifs ne réduisent pas en eux-mêmes les pratiques et situations de discrimination dans l’emploi et surtout que les décisions des juges et les règles juridiques formelles qu’ils énoncent sont elles-mêmes fonction des interprétations qu’en ont proposé les entreprises, et notamment leurs dirigeants et responsables des ressources humaines.
9 Le livre de Lauren, Working Law: Courts, Corporations and Symbolic Civil Rights, publié en 2016 [9] et salué par de nombreux prix, est alors le point culminant de ce programme de recherche qu’elle a mené tout au long de sa carrière. Étayant empiriquement par la collecte, le codage et l’analyse minutieuses de nombreuses données quantitatives et qualitatives, elle y énonce dans toute sa force sa théorie de l’endogénéité juridique. Ce livre n’a pas pour but, et ne peut pas, démontrer l’impact de la législation américaine sur la discrimination dans l’emploi sur les inégalités professionnelles en fonction de la race et du sexe. Toutefois, comme l’une d’entre nous l’a écrit dans une note critique portant sur cet ouvrage [10], la théorie de l’endogénéité juridique fournit « une explication puissante de la façon dont, et de la raison pour laquelle, la législation promouvant l’égalité […] peut faire bien peu pour réduire ces inégalités ».
10 Lorsqu’un organe juridique officiel s’en remet aux structures de conformité symbolique créées par les entreprises, le droit devient en effet endogène à la managérialisation des entreprises. Working Law théorise des phases multiples et interconnectées d’endogénéisation juridique et, après avoir exposé les implications politiques de son travail pour les lois sur les droits civils, Lauren s’appuie sur des recherches menées par d’autres sur la gouvernance des prisons ou les formes de déviance organisationnelle pour suggérer fortement que la théorie de l’endogénéité juridique est pertinente dans d’autres domaines que les droits civiques et le droit du travail et de l’emploi.
11 Dans le cadre du processus d’endogénéité lui-même, elle suggère qu’il existe quatre formes interdépendantes de managérialisation : la mise à distance et la sous-traitance du risque judiciaire ; le développement de mode de résolution interne des conflits ; le découplage du comportement organisationnel des règles juridiques ; et le recadrage des idéaux juridiques (reframing of legal ideals). Ce dernier point peut être subtil, mais il est puissant car il est à l’origine de la résolution interne des conflits et du découplage organisationnel. Lauren soutient que le recadrage managérial de la loi anti-discrimination de 1964, en accord avec les logiques d’entreprise et d’affaires mettant l’accent sur l’efficacité, la productivité et le profit, sera presque toujours anti-égalitaire, car le recadrage discursif des managers conduit les entreprises à adopter des symboles de conformité tels que les procédures de réclamation auxquelles les tribunaux s’en remettent ensuite, sans chercher à savoir si elles réduisent réellement les inégalités raciales, sexuelles et/ou autres sur les lieux de travail. Lauren Edelman soutient cet argument de manière empirique en codant et en effectuant des analyses statistiques sur un échantillon représentatif d’affaires fédérales américaines de discrimination dans l’emploi de 1965 à 2000, avec des échantillons de suivi de décisions judiciaires en 2004, 2009 et 2014. Elle découvre qu’au fil du temps, les juges fédéraux américains s’en remettent de plus en plus à ces structures internes et managérialisées, qui réduisent rarement les inégalités. La théorie de l’endogénéité juridique d’Edelman nous rappelle au fond que, même en l’absence de résistance ouverte et de mobilisation politique contre la législation anti-discrimination, des mécanismes moins visibles de formatage du sens des règles légales peuvent compromettre l’application effective de la législation sur les droits civiques.
III. Collaborations, débats, mentorat…
12 Lauren Edelman a donc à la fois développé une perspective très personnelle et travaillé avec de nombreux autres chercheurs et chercheuses. En plus de ses nombreux collaborateurs, qui ont également été des interlocuteurs et des critiques constructifs tout au long de sa vie, Lauren a mené ses travaux en dialogue étroit avec d’autres chercheurs comme Frank Dobbin. Bien que Lauren ait inventé le terme, Frank a également décrit avec éloquence la managérialisation des lois sur les droits civils, notamment dans Inventing Equal Opportunity [11]. Mais alors qu’il y explique comment et pourquoi ce sont des professionnels des ressources humaines plutôt que des juristes qui ont mené la médiation organisationnelle de la loi américaine sur les droits civiques, Working Law distingue analytiquement « légalisation » et « managérialisation », et montre que la transformation des lieux de travail dans le sillage de la loi américaine sur la discrimination à l’embauche a à la fois infusé la légalité, les procédures et les formes juridiques dans les entreprises (légalisation) et transformé les significations de la loi de telle sorte qu’elles soient incluses dans, et ne remettent pas en question, les pratiques managériales (managérialisation). Comme nous l’avons conjointement observé dans nos notes critiques de son ouvrage, le point de vue de Frank Dobbin est en fin de compte plus optimiste que celui de Lauren Edelman, même si Working Law intègre, plus que dans ses travaux antérieurs, l’idée que, localement ou sur certaines dimensions, l’endogénéisation légale peut avoir des effets pour une part substantiels et pas uniquement symboliques en matière de pratiques anti-discriminatoires et de luttes contre les inégalités.
13 Au-delà de son dialogue constant avec F. Dobbin, Lauren Edelman publie des travaux importants avec plusieurs collègues, notamment Mark Suchman. Elle montre avec ce dernier la fécondité des travaux de Marc Galanter sur les repeat players et les one shotters dans un article magistral, « When the “Haves” Hold Court: Speculations on the Organizational Internalization of Law [12] ». Véritable et stimulant programme de recherche, cet article sera poursuivi par l’édition d’un Handbook, The Legal Lives of Private Organizations [13], dont l’introduction rédigée par les mêmes L. Edelman et M. Suchman constitue à nouveau la présentation d’un programme de recherche particulièrement inventif et complet sur les interactions entre droit et organisations. Entre temps, avec Robin Stryker – coautrice de cette note –, Lauren Edelman publie en 2005 un important article, « A Sociological Approach to Law and Economy [14] », qui élargit encore la perspective en dialoguant plus directement avec la sociologie économique (le texte est publié dans un Handbook of Economic Sociology). Dans cet article, les deux autrices intègrent chacune leur perspective sur les interrelations droit-économie, celle de Lauren insistant sur les mécanismes internes aux organisations, et les processus culturels et institutionnels qui permettent l’internalisation du droit, alors que celle de Robin porte davantage sur des mécanismes plus conflictuels, ouvertement politiques sinon contestataires que permet le droit vis-à-vis des logiques organisationnelles (et vice versa). C’est d’ailleurs avec les économistes eux-mêmes, et notamment ceux du courant Law and Economics, qu’elle avait aussi engagé le dialogue, lors de l’adresse présidentielle qu’elle prononce lorsqu’elle prend la tête de la Law and Society Association, en 2003.
14 Ces collaborations se sont multipliées ces dernières années, ouvrant par exemple des pistes théoriques, comme cet article avec Gwenola Leachman et Doug McAdam, « On Law, Organizations and Social Movements » en 2010 [15] ou celui, avec Catherine R. Albiston et Joy Milligan en 2014 [16] qui propose de substituer à l’image bien connue de la pyramide des litiges celle des arbres et de la forêt des modes de résolution des conflits. D’autres projets et publications sont fondés sur des enquêtes empiriques portant sur d’autres univers que les entreprises, et notamment l’école (voir son article avec Calvin Morrill et al. en 2010 [17]). Ces derniers travaux, en cours, portaient d’ailleurs sur un nouveau champ, structuré par les questions de discriminations et d’accommodements mais pas seulement : les politiques et situations de handicap. Prolifique et inspirante, Lauren Edelman a enfin aussi été une mentore pour de nombreux étudiants, en particulier les doctorants qu’elle a encadrés comme Shauhin Talesh ou Elizabeth Hoffman et tous ceux passés par le CSLS, mais aussi de nombreux collègues, y compris étrangers. On l’a évoqué rapidement, mais elle a aussi toujours cherché à rendre pratique son savoir, sinon productifs les résultats qu’elle produisait. La dernière partie de son livre de 2016 s’adresse ainsi à la fois aux employeurs et membres des services des ressources humaines, aux hommes et femmes politiques, aux juges et aux activistes de la lutte contre les discriminations. Et c’est bien elle qui, en 2018, a coordonné un groupe de travail (incluant Catherine Albiston, Diana Redding et Liora Israël notamment) sollicité par la présidence de la Law and Society Association et visant à mettre en place un dispositif interne de lutte contre les discriminations et les pratiques de harcèlement.
IV. La diffusion des travaux de Lauren Edelman
15 Un dernier mot s’impose pour comprendre la place de cet hommage dans Droit et Société., En effet, la revue a participé à la diffusion des travaux de Lauren Edelman en France, et ce de deux manières : d’abord par un dossier publié en 2011 (« Se donner le droit : la force des organisations face à la loi [18] ») et, la même année, en accueillant la publication d’un ouvrage dans la collection « Droit et Société » chez LGDJ, Droit et régulations des activités économiques [19]. Ces deux projets sont issus d’un même colloque, initié par l’autre coauteur de cette note et qui s’est tenu en 2008 à l’École normale supérieure de Cachan. Découverte en 2003 via le texte d’une communication de Lauren trouvé sur Internet, la théorie de l’endogénéisation légale a en effet fortement inspiré Jérôme Pélisse, au point de lui donner la clé du plan de thèse qu’il commençait à écrire. Contactée en 2007, Lauren Edelman accepte de venir en France et suggère des noms : Robin Stryker, Mark Suchman, Scott Eliason qui participeront aussi, avec également Susan Silbey et Garry Gray notamment, au colloque qui a lieu quelques jours après la faillite de Lehman Brothers, et dont des textes seront traduits et publiés dans l’ouvrage évoqué. La diffusion des travaux de Lauren Edelman en France est lancée, elle passera principalement, outre par ces deux publications, par une thèse, celle de J. Pélisse sur les 35 heures soutenue en 2004 [20], les travaux de Laure Bereni [21] et de Vincent-Arnaud Chappe [22] sur les politiques antidiscriminatoires, qu’ils ont chacun poursuivis jusqu’à aujourd’hui [23]. De nombreux autres doctorants et doctorantes s’en inspireront : Sebastian Billows, Julien Kubiak et Fanny Vincent [24], qui soutiennent tous les trois en 2016, et Lisa Buchter en 2019 [25], par exemple. Plus récemment encore, la loi sur le devoir de vigilance adoptée en 2017 en France a donné lieu à des travaux empiriques fortement inspirés par la perspective d’Edelman, publiés d’ailleurs dans Droit et Société [26].
16 Cette diffusion, comme celle qui a concerné les Legal Consciousness Studies quelques années auparavant, ne va pas de soi : les systèmes juridiques et judiciaires sont très différents entre la France et les États-Unis, tout comme la notion même de droit (et la difficulté à traduire « law » ou « right ») ; les entreprises et autres « corporations » et « companies » ont des bases légales également bien différentes, sans parler de la place du syndicalisme dans les relations de travail et de la distinction américaine entre droit de l’emploi et droit du travail inexistante en France, ou du retard de celle-ci et de sa spécificité universaliste en matière de politiques de luttes contre les discriminations.
17 Pourtant, les concepts, la théorie, l’analyse des processus de managérialisation du droit et de légalisation des organisations, d’interprétation et de cadrage organisationnels de ce que signifie « se mettre en conformité », tout comme la notion de « déférence judiciaire », se sont révélés très inspirants. Ils ont permis d’éclairer des réalités très françaises (les 35 heures, les manières singulières dont la France se saisit des questions de discrimination, les 12 heures à l’hôpital, les politiques de sécurité au travail, les usages du droit des brevets, la loi sur le devoir de vigilance, etc.), non sans susciter approfondissements ou discussions. L’ouvrage Droit et régulations des activités économiques de 2011, réédité en 2022 [27], en proposait déjà deux. La première développe et théorise l’action de ces « intermédiaires du droit » dont Lauren Edelman avait travaillé l’action décisive en matière de managérialisation du droit – une voie que poursuivront en particulier Christian Bessy [28] et Jérôme Pélisse, avec Shauhin Talesh ou seul [29]. Lisa Buchter [30] montrera aussi comment des « insiders activists », notion développée en sociologie des mouvements sociaux, peuvent également déployer ces activités d’intermédiation et de cadrage de la légalité, distinctes des perspectives managériales auxquelles on réduit souvent le rôle des cadres de direction et les managers. La seconde voie d’approfondissement porte sur ces dispositifs et arrangements ou agencements sociojuridiques incarnant dans des objets matériels et des règles, ces processus d’endogénéisation et internalisation organisationnelle du droit, qui ne se résument pas aux procédures de traitement des conflits et autres dispositifs de due process sur lesquels a beaucoup travaillé Lauren Edelman (voir notamment le dossier dirigé par S. Billows, L. Buchter, J. Pélisse et al. en 2019 [31], en particulier les articles de Sebastian Billows et Alina Surubaru [32]). La diffusion se poursuit aujourd’hui, toujours sur un mode ouvert et sans application mécanique, à nouveau en matière de temps de travail (Pauline Grimaud [33]) mais aussi sur d’autres terrains comme les politiques de relogement dans des quartiers populaires (Charles Reveillere [34]), ou de manière plus frontalement comparative (comme dans les travaux de Laure Bereni). On y voit la fertilité d’une perspective théorique (une approche constitutive du droit), de nombreux concepts (déjà évoqués) et d’un champ – celui des interrelations entre droit et organisations – que Lauren Edelman a bâti, certes avec d’autres, mais de manière très influente et totalement centrale.
18 Un dernier mot pour finir : curieuse, disponible, d’une gentillesse et d’une ouverture confondantes, Laurie Edelman était aussi, pour nous deux, une amie. Quelques jours après sa disparition soudaine, nous n’arrivons toujours pas à y croire.
Notes
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[1]
Le programme JSP (Jurisprudence and Social Policy Program) est l’un des premiers programmes doctoraux interdisciplinaire droit-sciences sociales développé aux États-Unis. Il a été fondé en 1982 par Philip Selznick à l’université de Berkeley.
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[2]
Murray edelman, The Symbolic Uses of Politics, Champaign : University of Illinois Press, 1964.
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[3]
Lauren B. edelman, Working Law: Courts, Corporations, and Symbolic Civil Rights, Chicago : University of Chicago Press, 2016.
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[4]
Id., Linda krieger, Scott eliason, Catherine T. albiston et Virginia mellema, « When Organizations Rule: Judicial Deference to Institutionalized Employment Structures », American Journal of Sociology, 117 (3), 2011, p. 888-954. DOI : 10.1086/661984.
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