Notes
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[1]
P. Koch, « Encore du nouveau sur L’Astrée », Revue d’histoire littéraire de la France, 72 (1972), p. 385-399.
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[2]
A. Sancier-Chateau, « Recherches sur les exemplaires des premières éditions de L’Astrée non identifiées à ce jour ou non répertoriées, et sur les différents états du texte », dans Langue, littérature du XVIIe et du XVIIIe siècle : mélanges offerts à M. le Prof. Frédéric Deloffre, éd. par Roger Lathuillère, Paris, SEDES, 1990, p. 25-38.
-
[3]
Nous laissons volontairement de côté dans ce très rapide point bibliographique les pages de Roméo Arbour sur les éditions de L’Astrée dans la monographie qu’il a consacrée au libraire parisien Toussaint Du Bray (Un Éditeur d’œuvres littéraires au XVIIe siècle : Toussaint du Bray (1604-1636), Genève, Droz, 1992, p. 46-56) dans la mesure où le point de vue adopté n’est pas celui de la bibliographie matérielle, ordonné à une recherche de critique textuelle, mais celui d’une histoire sociale de la librairie parisienne au XVIIe siècle.
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[4]
Sur les étapes et les enjeux de cette seconde histoire du texte d’Honoré d’Urfé, voir Delphine Denis, « Bergeries infidèles : les modernisations de L’Astrée (1678-1733) », communication au colloque Modernities, Oxford, 28-30 juin 2006, à paraître dans Seventeenth Century French Studies.
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[5]
Nous nous gardons d’inclure dans ce décompte les deux éditions perdues au format in-4o dont parle Anne Sancier-Chateau (« Recherches sur les exemplaires... », art. cité, p. 27 et Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 22-23), qui auraient paru en 1612 en plus de l’édition in-4o publiée cette année-là sous l’adresse de Jean Micard et connue quant à elle par deux exemplaires respectivement conservés à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France (Rés. Y2 . 723) et dans la collection Lebaudy à la Bibliothèque municipale de Versailles (Rés. Lebaudy in-4o 62). L’existence de ces deux éditions supplémentaires – l’une qui appartiendrait à une édition commune des deux premières parties publiée par Micard, l’autre à une édition annoncée « en trois parties » sous le nom de Du Bray – n’est en effet supputée que sur la foi du texte d’un procès du 5 mai 1617 : voir Paule Koch, « Encore du nouveau... », art. cité, p. 387. Or non seulement l’interprétation de ce texte, pour savoir de quels objets bibliographiques exactement il est question, est loin d’être sûre, mais la mention qui y est faite des formats d’édition, fondamentale pour pouvoir bien distinguer des éditions différentes, présente de trop grands risques d’erreur pour qu’on puisse fonder sur elle une connaissance bibliographique avec un raisonnable degré d’assurance. Notons d’ailleurs qu’en parlant d’éditions « imprimées » par Micard et par Du Bray, le texte de ce procès montre qu’on ne peut pas lui accorder de réelle confiance bibliographique : car Micard et Du Bray n’ont jamais possédé d’atelier d’imprimerie (voir R. Arbour, Un Éditeur d’œuvres littéraires..., op. cit., p. 116-117), mais, agissant uniquement comme « marchands libraires », ont délégué à d’autres le travail d’impression – notamment, pour les éditions de L’Astrée parues de 1607 à 1612, à Charles Chappelain.
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[6]
Nous ne sommes parvenus à en retrouver que deux exemplaires, l’un à All Souls College à Oxford (Codrington Library, hh. 17 . 3), le second à la bibliothèque de l’Université d’Augsbourg (02/III . 11 . 8 . 586-2).
-
[7]
Telle est la conclusion à laquelle Anne Sancier-Chateau aboutit au terme d’un rapprochement entre les modifications du texte de la première partie apportées par l’édition dite de 1616 et les modifications introduites par Baro en 1627, après la mort d’Urfé, dans le texte de la quatrième partie : voir Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 406.
-
[8]
Voir ici même l’article de Jean-Dominique Mellot, « Le régime des privilèges et les libraires de L’Astrée », p. 206 sq.
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[9]
Contrairement à ce qu’écrit Roméo Arbour, qui affirme qu’ « entrées dans le domaine public en 1617, les deux premières parties du roman ne seront guère exploitées par d’autres libraires qu’après la mort de l’auteur en 1625 » (Un Éditeur d’œuvres littéraires..., op. cit., p. 52, n. 33), c’est bien dès l’échéance du privilège royal du 15 février 1610, accordé pour six ans à Micard et Du Bray pour la publication des deux premières parties de L’Astrée, que les éditions de ces dernières se multiplient : à Rouen chez Jean Boulley et Adrien Ouyn (deux éditions différentes en 1616 et 1618 et une troisième, non datée, postérieure à 1618), à Lyon chez Simon Rigaud (deux éditions différentes en 1616 et 1617) et chez Claude Morillon (édition de 1619 citée ci-dessus), à Paris chez Rémy Dallin en 1618 et chez Mathurin Hénault en 1624.
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[10]
Le léger flou de cette datation tient au fait que l’édition en question présente sur sa page de titre gravée une double date : le millésime 1615 apparaît en chiffres arabes au centre de la page tandis que dans le cartouche de la partie inférieure, l’adresse du libraire « À Paris chez Olivier de Varennes rue Sainct Jacques à la Victoire » est suivie, en chiffres romains, de la date « M . DC . XIIII ». Une possible explication est qu’il s’agit d’une édition imprimée à la fin de l’année 1614 et diffusée au début de l’année 1615 : on se sera contenté de mettre à jour la date qui apparaissait le plus manifestement, à la fois parce qu’elle était au centre de la page et parce qu’elle était aussi gravée en caractères sensiblement plus grands. L’autre explication est qu’il s’agit simplement d’une erreur du graveur dans l’inscription de la date en chiffres romains. Aussi a-t-on corrigé parfois celle-ci en la recouvrant d’un papillon portant lui aussi la date de 1615 : tel est le cas de l’exemplaire conservé à la bibliothèque d’All Souls College à Oxford (Codrington Library, hh. 17 . 2).
-
[11]
Signé van Hoochstraten, ce frontispice copie le titre gravé par Pierre Firens pour l’édition parisienne de la première partie publiée par Micard et Du Bray en 1610.
-
[12]
Voir A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 23-24 ( « L’édition de 1616 : un nouvel état du texte » ) et p. 46 : « La première partie a été corrigée trois fois – en 1610, 1612, 1616 – et non pas deux comme il était dit jusqu’à présent ». Nous discuterons plus loin cette thèse, mais il est en tout cas certain que Maurice Magendie avait tort d’affirmer que « l’édition de 1647 est identique à celle de 1612 » (Du Nouveau sur L’Astrée, Paris, H. Champion, 1927, p. 41), de même qu’Hugues Vaganay écrivant, en tête de l’édition de la première partie qu’il a publiée en 1922 à Strasbourg dans la collection Bibliotheca Romanica, que « le texte de [l’édition publiée par Du Bray et Varennes en] 1621 est, dans une impression moins nette et sur un papier de qualité très inférieure, le même que celui de 1612 » (p. 13).
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[13]
Sur les principes (et les limites) de la méthode stemmatique appliquée à l’étude de la tradition manuscrite des textes, voir Leighton D. Reynolds et Nigel G. Wilson, D’Homère à Érasme : la transmission des classiques grecs et latins, éd. mise à jour par Pierre Petitmengin et trad. Claude Bertrand, Paris, Éd. du CNRS, 1988, p. 145-148, et l’exposé ancien de Paul Maas, Textkritik, 2e éd., Leipzig, B. G. Teubner, 1950, p. 5-9.
-
[14]
Cette distinction a été formulée pour la première fois par Walter Greg dans un article demeuré célèbre, « The rationale of copy-text », Studies in Bibliography, 3 (1950-1951), p. 19-36, à la p. 21 : « We need to draw a distinction between the significant, or as I shall call them “substantive”, readings of the text, those namely that affect the author’s meaning or the essence of his expression, and others, such in general as spelling, punctuation, word-division, and the like, affecting mainly its formal presentation, which may be regarded as the accidents, or as I shall call them “accidentals”, of the text ». Greg a ensuite nuancé ce propos, incontestablement trop rapide dans la définition des « accidents », mais la distinction a été légitimement maintenue et avalisée dans son principe.
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[15]
Pour un exposé méthodique plus complet, voir, en langue française, la toujours très utile synthèse de Roger Laufer, Introduction à la textologie : vérification, établissement, édition des textes, Paris, Larousse, 1972, en particulier p. 46-72.
-
[16]
Sur la notion d’émission, voir Jeanne Veyrin-Forrer, « Fabriquer un livre au XVIe siècle », dans Histoire de l’édition française, sous la direction de Roger Chartier et Henri-Jean Martin, Paris, Promodis, 1982-1986, t. 1, p. 279-301, à la p. 295.
-
[17]
A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 73.
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[18]
Cette édition est connue par deux exemplaires : à celui qu’a découvert Anne Sancier-Chateau à la Bibliothèque nationale de France (département Littérature et art, Y2 . 7031), il faut ajouter un exemplaire à la bibliothèque municipale de Versailles (Rés. 8o E. 221e), qui est toutefois incomplet du cahier liminaire, auquel on a substitué le frontispice gravé et la page de titre (avec au verso le portrait d’Urfé gravé en 1619 par Isaac Briot d’après un dessin de Louis Beaubrun) de l’édition de Paris, Toussaint Du Bray, 1621.
-
[19]
Nous n’avons jusqu’à présent localisé d’exemplaire de cette édition de 1618 qu’à la bibliothèque municipale de Versailles (Rés. Lebaudy in-12 966).
-
[20]
Voir J.-D. Mellot, art. cité, p. 208.
-
[21]
L’histoire éditoriale de L’Astrée n’est pas exempte d’autres curiosités de ce type : en 1634, 1637 et 1647 encore, Courbé et Sommaville font occasionnellement imprimer d’anciens privilèges de 1623 et 1627, éventuellement périmés, alors qu’ils ont obtenu le 11 janvier 1633 un privilège d’une durée de vingt ans. Voir J.-D. Mellot, art. cité, p. 218-219.
-
[22]
Sur la notion d’imposition, voir Jeanne Veyrin-Forrer, art. cité, p. 284-288, et Philip Gaskell, A New Introduction to Bibliography, Oxford, Oxford University Press, 1974, p. 78-117.
-
[23]
J.-F. Gilmont, Le Livre et ses secrets, Genève et Louvain, Droz, Université catholique de Louvain, 2003, p. 350 (« L’édition critique à partir d’imprimés anciens », p. 341-355).
-
[24]
Un exemplaire à l’adresse de François Pomeray est conservé à la bibliothèque municipale de Versailles (8o E. 228e), un exemplaire à l’adresse d’Olivier de Varennes à la bibliothèque municipale de Blois (F. 6771). Nous remercions M. Bruno Guigard, qui a très précisément décrit pour nous l’exemplaire de Blois.
-
[25]
Il s’agit du récit que fait Egide à Sylvie au livre XI pour lui raconter ce qu’il est advenu de Lygdamon, contraint d’épouser Amerine parce que celle-ci l’a pris pour un certain Lydias.
-
[26]
Édition de 1607, f. 88 vo.
-
[27]
Sur ce dernier point en particulier, dater l’édition après 1621 permet de résoudre le problème relevé par Anne Sancier-Chateau, qui, sauf une occurrence isolée dans l’édition de 1610, n’a trouvé d’exemple de cette marque de modernisation dans aucune des éditions antérieures à 1633 à l’exception de l’édition « de 1616 », où elle apparaît en revanche massivement : voir Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 218.
-
[28]
Chanoine Odilon-C. Reure, La Vie et les œuvres de Honoré d’Urfé, Paris, Plon-Nourrit, 1910, p. 351.
-
[29]
H. Vaganay, « Essai de bibliographie sur les éditions de L’Astrée », dans H. d’Urfé, L’Astrée. Nouvelle édition publiée sous les auspices de la « Diana », Lyon, P. Masson, 1925-1928, t. 5, p. 551-561, p. 553-554.
-
[30]
Ce sont les deux cas de renforcement de la cohérence interne du récit que nous avons relevés dans l’édition de 1621. Voir ci-dessus, p. 240.
-
[31]
Il va toutefois de soi que l’explicitation des redressements du texte ne doit concerner que les corruptions qu’on pourrait hésiter à prendre pour des variantes : il ne saurait être question de rendre compte des simples corrections de coquilles typographiques sans aucune conséquence, au risque d’émailler l’édition critique de notes parfaitement inutiles.
-
[32]
A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 406-407.
-
[33]
H. Vaganay, « Essai de bibliographie... », art. cité, p. 553 : « Notre texte est celui de la troisième édition, 1612 ».
-
[34]
Si Vaganay n’a pas fourni d’indications claires sur son travail éditorial dans l’édition lyonnaise des cinq parties du roman publiée de 1925 à 1928, il a été plus précis dans la note qui figure en tête de l’édition de la seule première partie qu’il avait publiée à Strasbourg en 1922. C’est là qu’il déclare s’être servi d’un exemplaire personnel « sans titre, que nous datons de 1616 : c’est une édition vraiment économique, à la typographie hérissée d’abréviations ».
-
[35]
Voir la note qui figure en tête de cette édition, p. 12-13, et M. Magendie, Du Nouveau sur L’Astrée, op. cit., p. 29, n. 1.
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[36]
H. d’Urfé, L’Astrée. Nouvelle édition. Spécimen. 1re partie, livres I, II et III, Lyon, [1911].
-
[37]
Ce recours a dû être d’autant plus ponctuel que Vaganay avait trop rapidement conclu à l’identité des textes de 1612 et de 1621.
1Depuis une trentaine d’années déjà, un certain nombre de travaux qui prenaient acte des méthodes nouvelles de la « bibliographie matérielle » ont permis de mesurer à quel point l’histoire éditoriale de L’Astrée était complexe et combien elle était aussi capitale pour le travail de l’éditeur moderne. Il convient ici de mentionner tout particulièrement les recherches de Paule Koch, qui, en 1972, dans la Revue d’histoire littéraire de la France, a décrit un certain nombre d’éditions ignorées jusqu’alors [1], et l’important travail bibliographique mené par Anne Sancier-Chateau, dont les résultats ont fait l’objet d’une publication en deux temps : un article consacré à l’édition des deux premières parties du roman a paru en 1990 dans les Mélanges Deloffre [2], puis un exposé bibliographique envisageant la totalité de l’œuvre partie par partie a été publié à Genève en 1995 comme socle préliminaire de la thèse de l’auteur, Une Esthétique nouvelle : Honoré d’Urfé correcteur de L’Astrée (1607-1625) [3].
2La complexité de l’histoire éditoriale que ces travaux ont mise en évidence se vérifie tout particulièrement pour la première partie de l’œuvre. Cela tient d’abord à la quantité des éditions, ou plus exactement à leur fréquence : aucune des cinq parties du roman n’est représentée par un nombre aussi foisonnant d’éditions différentes en un temps aussi bref. Sur une durée de quarante ans exactement – soit une longue génération –, entre 1607, date de l’édition originale de la première partie publiée à Paris chez Toussaint Du Bray, et 1647, date de la seconde édition collective des cinq parties qui fut publiée à Paris chez Augustin Courbé et qui est aussi la dernière à fournir, à quelques retouches près, le texte original d’Urfé avant que celui-ci ne soit soumis au travail de la réécriture et de la modernisation [4], notre enquête nous a permis d’identifier à ce jour 21 éditions différentes, auxquelles il faut au moins ajouter une 22e édition qui semble aujourd’hui perdue, publiée à Lyon par le libraire Claude Morillon en 1619 [5]. Bien que nous n’en ayons pas retrouvé d’exemplaire, l’existence de cette édition lyonnaise de la première partie est attestée sans ambiguïté par une déclaration que Morillon a insérée, en cette année 1619, en tête de l’édition de la seconde partie du roman : « J’attendois d’imprimer en suitte de ceste premiere et seconde partie d’Astrée, de messire Honoré d’Urfé, sa troisiesme partie », écrit en effet Morillon dans l’avis au lecteur de la seconde partie, révélant que celle-ci (elle-même devenue fort rare) [6] était solidaire d’une édition de la première partie. On voit d’ailleurs par là que la complexité de l’histoire éditoriale de L’Astrée se double aussi, aujourd’hui, d’une difficulté à connaître cette histoire et à la reconstituer dans toutes ses parties en raison de l’extrême rareté, voire la disparition, d’un certain nombre de ses témoins.
3Mais au-delà de ces raisons arithmétique et historique qui tiennent au grand nombre des éditions parues au XVIIe siècle et au petit nombre des exemplaires qui nous en sont parvenus depuis cette époque, la complexité de l’histoire éditoriale de la première partie du roman est plus essentiellement imputable à trois causes. La première d’entre elles est l’obscurcissement de l’autorité du texte sous l’effet d’une multiplication des instances de responsabilité dans sa tradition. En l’absence de manuscrit autographe ou de copie avalisée par l’auteur, on ne peut en effet connaître le texte d’Urfé que par des éditions où sont mêlées la part de l’auteur lui-même, la part éventuelle d’intermédiaires de la tradition que sont les secrétaires de l’auteur – c’est ainsi qu’Anne Sancier-Chateau est parvenue de manière très convaincante à attribuer à Balthazar Baro la paternité des modifications du texte de la première partie apportées par ce qu’elle appelle (de manière plus discutable, comme nous tenterons de le montrer) « l’édition de 1616 » [7] –, enfin la part de l’atelier typographique, dont les habitudes de composition affectent le texte lui-même lorsqu’elles empiètent notamment sur sa ponctuation. Or en ce domaine, il semble impossible de mener à bien un travail critique comparable à celui qu’a accompli Anne Sancier-Chateau pour les variantes introduites par Baro, c’est-à-dire un travail qui, en assignant des responsabilités textuelles précises, permettrait de mieux circonscrire l’autorité du texte à éditer en rendant à chacun son dû, c’est-à-dire en décelant une diversité d’interventions sous l’apparente unité dans laquelle le texte se présente. Nous ne pouvons aujourd’hui que prendre acte de cette diversité sans être en mesure d’en dresser un tableau exact et par conséquent de la contrôler.
4L’enchevêtrement chronologique de l’histoire du texte proprement dite et de l’histoire de ses éditions est une seconde cause de complexité. L’intrication des données philologiques et des données bibliographiques tient au fait qu’à partir du moment précis où, du point de vue de ses éditions, il échappe au régime du privilège qui le contenait entre les mains d’un libraire ou d’un groupe restreint de libraires associés entre eux (pour la première partie du roman, c’est l’année 1616 qui marque ce tournant [8]), le texte échappe aussi, du point de vue de ses leçons, au régime de progression linéaire qu’il connaissait jusqu’alors. Jusqu’en 1616, si Toussaint Du Bray, Jean Micard et Olivier de Varennes publient une nouvelle édition de la première partie du roman, celle-ci se fonde invariablement sur le dernier état du texte : histoire textuelle et histoire éditoriale progressent ensemble, d’un même mouvement. En revanche, une fois le privilège parvenu à échéance, le couplage est rompu : les nouveaux libraires qui s’emparent du roman [9] dans le dessein de profiter à leur tour du succès qu’il a rencontré n’ont aucun souci de se fonder sur l’état textuel le plus à jour et, de manière assez sauvage, utilisent comme texte de base l’édition qu’ils ont sous la main, qui n’est pas nécessairement la dernière qu’ait revue l’auteur ou son secrétaire. Par conséquent on peut trouver sous une date d’édition plus récente qu’une autre un état textuel quant à lui plus ancien. C’est ainsi, par exemple, que l’édition publiée à Paris par Mathurin Hénault en 1624 présente un état textuel antérieur à celui que fournit l’édition publiée par Olivier de Varennes neuf à dix ans plus tôt, en 1614 ou 1615 [10]. Le paradoxe est, comme on le verra, que la seule édition moderne du texte intégral d’Urfé, celle qu’a procurée Hugues Vaganay en 1925, est dans une certaine mesure fondée sur une semblable pratique, même si Vaganay ne s’en est pas clairement expliqué dans la notice bibliographique placée à la fin du cinquième et dernier volume et a pu ainsi laisser croire à un véritable établissement du texte, ce qui n’est que partiellement juste : il a plutôt procédé à un bricolage talentueux, dont nous tenterons de mettre au jour les ressorts pour ce qui concerne la première partie de l’œuvre.
5Enfin l’histoire éditoriale du roman d’Urfé est troublée aussi par l’incertitude des données bibliographiques, liée à des pratiques de librairie peu soucieuses d’exactitude. Le problème auquel nous sommes ici confrontés tient moins au fait que certaines éditions ne sont pas datées qu’à l’impression trompeuse que certaines éditions donnent d’être exactement datées, alors qu’en réalité la date qu’elles présentent n’est qu’imprécise : il s’agit d’éditions dont la page de titre n’est pas composée typographiquement mais consiste en une planche gravée utilisant une plaque de cuivre plus ancienne sur laquelle on n’a pas pris soin de gratter et mettre à jour le millésime qu’on y avait gravé à l’origine. Cette pratique est par exemple manifeste pour la série des trois éditions rouennaises de la première partie de L’Astrée : une première édition paraît, dans laquelle la page de titre typographique datée 1616 est précédée d’un frontispice gravé portant la même date [11]. Puis, tout en conservant le millésime de 1616, la plaque de cuivre qui a servi à imprimer ce frontispice est réutilisée deux ans plus tard comme titre d’une édition dont l’achevé d’imprimer atteste pourtant formellement qu’elle ne fut réalisée qu’en janvier 1618. Une troisième édition, chez les mêmes libraires Boulley et Ouyn, utilise encore pour titre la plaque de cuivre à la date de 1616 alors même que l’état textuel de cette troisième édition rouennaise révèle qu’elle est postérieure à celle de 1618. Le trouble chronologique produit par ce phénomène de possible péremption des mentions bibliographiques quand celles.ci ne sont pas portées par une composition typographique est sans grande conséquence dans le cas des éditions rouennaises ; en revanche, s’agissant des éditions parisiennes, il pose un problème crucial à l’éditeur moderne car, pour ce qui est de la première partie du roman, il appelle notamment à remettre en cause la datation de l’édition dite de 1616, à laquelle Anne Sancier-Chateau faisait correspondre un « quatrième état du texte » jusqu’alors inaperçu, puisqu’on considérait traditionnellement qu’Urfé, après la publication du premier état présenté par l’édition originale de 1607, n’avait remanié son texte qu’à deux reprises, en 1610 puis en 1612 [12].
PRINCIPES D’ÉTABLISSEMENT D’UN STEMMA EDITIONUM
6L’accumulation de ces facteurs de complication appelle à adopter pour l’édition de L’Astrée une méthode de travail semblable à celle que pratiquent de longue date les éditeurs de manuscrits médiévaux, placés devant la difficulté de textes transmis par des témoins manuscrits plus ou moins corrompus et généralement démunis de date précise. La seule solution pour se retrouver dans ce maquis consiste à classer les témoins en fonction de la plus ou moins grande proximité textuelle qu’ils présentent, par conséquent à distinguer des familles au sein de l’ensemble indifférencié de la tradition du texte, puis à ordonner ces familles elles-mêmes en précisant la relation de filiation qui unit les différentes unités qui composent un sous-groupe familial. C’est là le travail du stemma, ou travail d’établissement d’un arbre généalogique des témoins de la tradition [13]. Dans le cas d’œuvres imprimées, ce travail n’est autre que celui qui consiste à écrire une histoire éditoriale du texte, ou du moins à en dessiner le squelette. Le but est donc de présenter une généalogie des éditions ; quant à la méthode à suivre pour aboutir à ce résultat, elle ne peut reposer sur la seule recension bibliographique, en raison notamment de l’incertitude des données bibliographiques que nous avons évoquée.
7La bonne méthode consiste donc à croiser les données bibliographiques (en entendant par là non seulement ce que nous apporte la description matérielle des éditions, mais aussi l’examen des éventuels privilèges sous lesquels elles sont publiées et les informations dont nous disposons par ailleurs sur les libraires et imprimeurs) et les données philologiques. Encore faut-il, sous ce dernier terme, distinguer clairement deux types de variation textuelle. Le premier est représenté par les variantes, qui modifient de manière rationnelle les leçons du texte : la variante produit un sens dont on peut rendre compte en termes d’intention sémantique – d’où le vocable de « variante significative » ou « variante substantielle » qui est parfois employé dans le langage de la critique textuelle. Les variantes sont donc des variations susceptibles d’être partagées par un assez grand nombre d’éditions. Aussi permettent-elles de décrire ces grands sous-ensembles que nous avons nommés des familles d’éditions ou « états textuels ». Les corruptions constituent un second type de variation, très différent du précédent : car au lieu de les modifier positivement, elles altèrent et défigurent les leçons du texte. Leur production peut répondre à une rationalité pratique (on peut en effet comprendre parfois le processus de corruption en devinant la manière dont a été conduit le travail de composition du texte dans l’atelier typographique), mais elle est en revanche étrangère à toute rationalité sémantique.
8Parce qu’elle est de nature accidentelle (qualifiée de « variante accidentelle » par opposition à la « variante significative ») [14], la corruption est le plus grand diviseur de la tradition textuelle. C’est elle, par conséquent, qui constitue le critère le plus fin pour repérer les liens généalogiques qui unissent une édition à une autre. Supposons en effet trois éditions, nommées par convention A, B et C, et trois ensembles de corruptions correspondant, nommés par une semblable convention (a), (b) et (c). Afin de préciser la nature des liens généalogiques qui les relient l’une à l’autre, il suffit d’établir la nature de la relation existant entre ces trois ensembles, qui, en toute logique mathématique, peut être soit une relation d’identité, soit une relation d’inclusion, soit une relation d’intersection.
9Évacuons d’abord la première de ces hypothèses, celle où deux de ces ensembles de corruptions (b) et (c) par exemple, seraient parfaitement coextensifs l’un à l’autre. Car c’est une possibilité logique dont la probabilité historique est nulle, surtout pour un texte aussi long que la première partie de L’Astrée : si les deux éditions B et C sont bien deux éditions différentes, la réalité humaine et statistique de l’erreur interdit que les corruptions introduites par les protes de B soient strictement identiques aux corruptions introduites par les protes de C, quand bien même l’une de ces deux éditions serait copiée sur l’autre.
10La seconde possibilité est que l’un des deux ensembles de corruptions soit inclus dans l’autre, par exemple (b) dans (c). Si C reproduit par conséquent les erreurs de B tout en y ajoutant son propre lot, c’est que non seulement C est postérieure à B, mais aussi qu’elle en dérive : C est fille de B. Telle est par exemple la relation qui unit l’édition publiée à Paris chez Mathurin Hénault en 1624 à l’édition publiée à Paris chez Rémy Dallin en 1618.
11Enfin la troisième possibilité est que (b) ne soit pas inclus dans (c) mais qu’en revanche leur intersection ne soit pas égale à l’ensemble vide : que B et C, par conséquent, comptent chacune son propre lot d’erreurs, mais qu’elles aient en même temps un lot de corruptions en partage, suffisamment important pour qu’on ne puisse pas le soupçonner d’être produit par le simple hasard d’une coïncidence. Dans ce cas, c’est que B et C sont des éditions sœurs et sont donc issues d’une matrice commune. Si de surcroît l’ensemble produit par l’intersection de (b) et (c) est égal à l’ensemble (a) des corruptions de l’édition A, c’est alors que A est cette matrice commune. Tel est par exemple le lien qui unit les deux éditions sœurs que sont l’édition parisienne d’Olivier de Varennes en 1614-1615 et l’édition parisienne de Rémy Dallin en 1618 à l’édition parisienne in-8o de Micard et Du Bray en 1612.
HISTOIRE ÉDITORIALE ET CHOIX DU COPY-TEXT
12Après avoir exposé les problèmes que posait une histoire éditoriale de L’Astrée puis proposé une méthode de résolution [15], venons-en maintenant à la présentation des résultats obtenus. L’examen des corruptions repérées dans les différentes éditions permet d’établir le stemma que nous reproduisons ici, sur lequel toute nouvelle édition est indiquée par un cartouche rectangulaire dont le cadre est tracé par un ou deux traits pleins. Par contre le cartouche ovale au contour en pointillé désigne non pas une nouvelle édition, mais une nouvelle émission, c’est-à-dire la simple remise en vente d’une édition déjà existante, qu’on s’est contenté de mettre à jour en y substituant une nouvelle page de titre ou un nouveau cahier liminaire [16].
13Cet arbre généalogique appelle d’abord un commentaire sur sa structure générale. Il met en effet en évidence une véritable colonne vertébrale de la tradition du texte, constituée par la succession des éditions publiées par Toussaint Du Bray et ses associés et dont le relais est pris, dans les années 1630, par Augustin Courbé et Antoine de Sommaville, responsables des deux éditions collectives des cinq parties du roman publiées en 1633 et 1647. C’est cette colonne vertébrale que nous avons mise en relief en soulignant d’un double encadrement les éléments qui la composent. Cette lignée d’éditions est investie d’une certaine légitimité juridique dans la mesure où c’est sur elle que se greffent les différents privilèges successifs accordés pour la publication du roman, et tout particulièrement, en 1607 et 1619, les deux privilèges qui ont été accordés à l’auteur lui-même, qui les a aussitôt cédés à Du Bray ou au groupe de libraires associés à Du Bray :
14— celui du 18 août 1607 signé Beuhier, accordé à Honoré d’Urfé pour dix ans et cédé par lui à Toussaint Du Bray par contrat daté du même 18 août 1607 ;
15— celui du 15 février 1610 signé Desportes, accordé à Jean Micard et Toussaint Du Bray pour six ans pour la publication des deux premières parties de L’Astrée, et auquel Olivier de Varennes a été associé « pour un quart » le 28 mai 1614, en vertu d’un accord passé entre Jean Micard et lui ;
16— celui du 25 mai 1616 signé Perrochel, accordé pour dix ans, pour « L’Astrée en trois parties, soit ensemble ou séparément », à Olivier de Varennes et Toussaint Du Bray ;
17— celui du 7 mai 1619 signé Renouard, accordé à Honoré d’Urfé pour dix ans, « pour la premiere, seconde & troisiesme partie [de L’Astrée], qu’il desiroit faire imprimer par Olivier de Varennes et Toussainct du Bray » ;
18— celui du 11 janvier 1633 signé Conrard, accordé pour vingt ans à Augustin Courbé pour l’ « Astrée du feu sieur marquis d’Urfé en cinq volumes, & chaque volume de douze livres, avec les desseins & figures de taille douce qu’il a fait faire exprés pour l’ornement d’icelle » – privilège auquel Courbé a associé Antoine de Sommaville « pour moitié ».
19La difficulté est toutefois que cette légitimité formelle ne s’accompagne pas, d’un point de vue philologique, d’une autorité réelle : à l’intérieur de cette lignée, on constate qu’à partir de 1614, le nombre des corruptions textuelles augmente considérablement d’édition en édition. Ce mouvement, qu’on perçoit déjà dans l’édition de 1614-1615 par rapport à l’édition de 1612 au format in-8o, prend de l’ampleur en 1618 puis s’accélère très fortement à partir de l’édition de 1621. Le pic de cette évolution est atteint en 1633, de très loin la plus corrompue de toutes les éditions de la première partie du roman, au point qu’en 1647, tout en utilisant l’édition comme texte de base, les imprimeurs prennent conscience du problème et tentent de corriger le texte dans ses parties les plus manifestement défigurées. Ce travail a toutefois été mené de manière très partielle et seulement intuitive : en aucun cas il n’y a eu un véritable travail critique d’établissement du texte pour l’édition de 1647, qui n’est somme toute qu’un peu moins catastrophique que celle de 1633.
20Constater cette dégradation, c’est, pour l’éditeur moderne soucieux quant à lui d’un établissement critique du texte, prendre la mesure du peu de confiance qu’il doit accorder aux éditions postérieures à 1612. D’où l’alternative à laquelle il est confronté : soit l’édition de 1612 présente le dernier état textuel de l’œuvre, et c’est alors sur elle que l’éditeur doit se fonder, c’est elle qu’il doit choisir comme copy-text (ou, en français, « texte de base ») puisqu’elle consigne les dernières interventions de l’auteur dans une version globalement fiable ; soit il existe des états textuels ultérieurs, et la tâche devient alors redoutable puisque le dernier état textuel procuré par l’auteur ne sera accessible que dans une version devenue irrecevable telle quelle, à force de corruptions introduites par les imprimeurs. Il faudrait alors se livrer à un travail de redressement des corruptions, tout en sachant que celui-ci risque d’être hasardeux en raison non seulement de ce que nous avons appelé la multiplication des responsabilités dans la tradition du texte et l’impossibilité de démêler avec exactitude la part qui revient à chacun des acteurs de cette histoire, mais aussi en raison de l’instabilité même de la langue dans la première moitié du XVIIe siècle : dans de nombreux cas, il sera très difficile de qualifier avec assurance une modification de détail, par exemple une modification d’orthographe, pour déterminer s’il s’agit d’une décision d’auteur ou de l’intervention malencontreuse d’un prote. On pourrait citer, pour illustration de cette difficulté, le paragraphe qu’Anne Sancier-Chateau consacre dans sa thèse, à partir d’un examen des éditions successives de L’Astrée, à l’évolution de l’expression de l’article devant le complément du nom :
21Une autre correction témoigne bien encore de la finesse et de la précision de l’analyse grammaticale. On note en 1612 :
1612, f. 383 vo j’envoyai [...] une partie de jeunes chevaliers dans ceste contrée.
C’est là un trait caractéristique de l’ancienne langue : « Quand un nom est complément déterminatif d’un autre, souvent il ne place pas d’article entre la préposition et lui », remarque Ferdinand Brunot qui cite des expressions comme la saison de vendanges. Mais en 1616, le défini est rétabli :
221616, p. 287 = 1621, f. 382 vo = 1633, p. 823 = 1647, p. 804 une partie des jeunes chevaliers. [17]
23Compte tenu de ce qu’on sait de la corruption des éditions considérées, peut-on, sans le témoignage d’un nombre suffisant d’exemples convergents, affirmer avec assurance que « le défini est rétabli » ? Ne prend-on pas ici pour un rétablissement de l’article relevant de la « précision » grammaticale d’un auteur (qu’il s’agisse d’Urfé ou de son secrétaire) ce qui est en fait une corruption imputable à l’imprécision d’un prote ? On mesurera d’autant mieux la difficulté d’une réponse assurée à la question qu’en réalité, dans le cas précis de l’exemple choisi ci-dessus, c’est la question elle-même qui est posée à partir d’une version déjà corrompue du texte. Elle procède en effet d’une observation qui ne remonte pas au-delà de l’édition de 1612 : car l’édition originale de 1607 portait déjà « une partie des jeunes chevaliers » (f. 483 vo), suivie en cela par l’édition de 1610 (ibid.). Il n’y a donc pas eu évolution d’une formulation, mais restitution ponctuelle et spontanée d’une leçon : le fait considéré n’appartient pas à l’histoire de la rédaction du texte, mais à celle de sa tradition. Ce qui revient à dire qu’une critique textuelle doit aussi servir à délimiter soigneusement le champ d’exercice de l’étude génétique.
24L’alternative que nous évoquions et l’hésitation qu’on doit avoir en jugeant d’une divergence textuelle pour savoir si elle est ou non du ressort de l’analyse génétique, si elle est imputable à l’autorité d’une rédaction ou si elle est le fait d’une tradition sans autorité, nous renvoient par conséquent au très délicat problème de l’articulation des différents états textuels de l’œuvre à ses éditions successives et notamment à la question soulevée par Anne Sancier-Chateau : celle d’un quatrième état textuel postérieur à l’édition de 1612, qui apparaîtrait avec l’édition dite « de 1616 ». Commençons d’abord par une description matérielle de cette édition : il s’agit d’une édition au format in-8o publiée sous l’adresse de Toussaint Du Bray, comptant 8 feuillets liminaires non chiffrés et 880 pages chiffrées [18]. La page de titre n’est pas composée typographiquement, mais consiste en une page de titre gravée sur cuivre signée en bas à gauche « Mattheus f[ecit] » (Jean Mathieu), qui copie le frontispice signé de Pierre Firens utilisé pour la première fois en tête de l’édition de la première partie publiée par Jean Micard et Toussaint Du Bray en 1610 : on y voit un portique encadré par Céladon à gauche et Astrée à droite, surmonté d’un fronton brisé d’où deux angelots déversent à gauche des flammes sur Céladon, à droite des cœurs sur Astrée (voir cliché). Sur le cuivre de Mathieu, le titre L’Astree de messire Honoré Durfé Premiere partie est suivi, dans la partie centrale de la composition, d’une date gravée en grands caractères : 1615. Cette date n’est toutefois pas recevable en l’état, car l’édition contient dans le même temps un extrait du privilège royal du 25 mai 1616 signé Perrochel, accordé à Olivier de Varennes et Toussaint Du Bray pour « L’Astrée en trois parties, soit ensemble ou séparément », pour une durée de dix ans « à compter que ledit livre en trois parties sera achevé ». Cette observation a conduit Anne Sancier-Chateau à reporter la date réelle de l’édition de l’année 1615 à l’année 1616. Cette datation a été reprise par Roméo Arbour dans sa monographie sur Du Bray, mais c’est, en toute rigueur, aller un peu trop vite en besogne : car si le privilège permet d’affirmer qu’on ne doit pas se fier à la date gravée sur le titre, il ne fournit pas lui-même une date d’édition exacte mais un simple terminus a quo : l’édition n’est pas antérieure à 1616, et là s’arrête l’information que nous fournit la description matérielle.
25Si l’on passe maintenant à la description textuelle, on constate que l’état des leçons corrompues ne permet de placer cette édition ni avant celle qui parut à l’adresse d’Olivier de Varennes en 1618 [19], ni même avant celle qui parut pour partie à l’adresse d’Olivier de Varennes et pour partie à l’adresse de Toussaint Du Bray en 1621. On rencontre en effet dans l’édition dite de 1616 toutes les corruptions produites par les deux éditions de 1618 et 1621, tandis que l’inverse n’est pas vrai. Voici quelques exemples de corruptions significatives qui permettent d’aboutir à cette conclusion, empruntés aux livres IX et X de la première partie :
26Les trois exemples ci-dessus illustrent le fait que les corruptions de 1621 et de l’édition dite de 1616 ne sont pas toutes partagées par l’édition de 1618. Comme l’édition de 1621, l’édition dite de 1616 est donc postérieure à 1618. Les exemples ci.dessous montrent quant à eux qu’elle est également postérieure à 1621, puisqu’il s’agit maintenant de corruptions inconnues en 1621 (mais qu’en aval on retrouvera intactes dans l’édition de 1633) :
27Il faut donc abandonner cette désignation d’ « édition de 1616 » pour lui substituer celui d’ « édition postérieure à 1621 ». Il est certes troublant qu’on ait publié après cette dernière date une édition accompagnée du privilège royal accordé pour les trois premières parties le 25 mai 1616 – lequel était au demeurant sans effet pour les deux premières parties du roman en vertu d’une décision du tribunal des Requêtes de l’hôtel du roi en date du 5 mai 1617 [20] – plutôt qu’accompagnée du privilège accordé pour ces mêmes parties le 7 mai 1619, sous lequel a été en revanche publiée l’édition de 1621 [21]. Mais outre que la réalité philologique interdit formellement de postuler une date antérieure à 1621, une observation matérielle d’ordre bibliographique vient corroborer cette datation, même si elle n’a pas la même valeur de preuve. On remarque en effet que de 1607 à 1621 inclus, toutes les éditions au format in-8o appartenant à la lignée directe des éditions publiées par les trois libraires associés Du Bray, Micard et Varennes sont foliotées, à la différence des éditions paginées de 1633 et 1647 (qui ont été publiées par Courbé et Sommaville mais qui appartiennent bien à la même lignée, comme le montre le stemma). Si elle était antérieure à 1621, l’édition dite de 1616 ferait donc exception à cette suite chronologique, puisqu’elle n’est pas foliotée mais paginée. Or cette exception est bien peu vraisemblable, car le passage de la foliotation à la pagination s’est accompagné d’une modification lourde de la mise en page, d’un remaniement complet du travail d’ « imposition » qui consiste, dans l’atelier typographique, à répartir la masse du texte à imprimer en cahiers puis pages à l’intérieur de ces cahiers [22]. Cette opération de repérage est particulièrement délicate, puisque chacun des cahiers dont l’assemblage constituera le volume final étant produit par le pliage d’une grande feuille dont on a imprimé les deux côtés successivement, l’ordre des pages dans les formes typographiques qui servent à imprimer le texte ne peut pas être le même que l’ordre de lecture de ces mêmes pages, obtenu seulement après pliage. L’imprimeur doit donc procéder à une projection relativement compliquée pour préparer son travail en fonction d’un ordre final qui n’est pas celui de ses propres opérations. Aussi est-il beaucoup plus expédient et économique, si l’on imprime un texte déjà édité, de reproduire une mise en page antérieure et par là de s’épargner le temps et les difficultés d’une nouvelle « imposition ». De fait, les imprimeurs qui ont travaillé pour Du Bray, Micard et Varennes ont jusqu’en 1621 constamment repris le modèle d’imposition en 408 feuillets fixé dès 1607 par Charles Chappelain, l’imprimeur de l’édition originale. En revanche, l’édition dite de 1616 présente un nouveau modèle d’imposition en 880 pages, repris par l’édition de 1633. Aussi est-il peu vraisemblable qu’on ait fait l’effort de ce nouveau travail pour l’abandonner presque aussitôt dans les éditions immédiatement postérieures et n’y revenir qu’une quinzaine d’années plus tard : du point de vue des pratiques typographiques, il est beaucoup plus probable que l’édition en question prenne date entre 1621 et 1633 et ne constitue pas une exception dans la suite chronologique des éditions foliotées mais soit simplement la première des éditions paginées.
28Si l’examen philologique permet de passer de la probabilité à la certitude que la date de cette édition est postérieure à 1621, il permet d’affirmer de même qu’elle est antérieure à 1633, puisque c’est elle qui a servi de base à l’édition publiée cette année-là, qui en reproduit à la fois la mise en page – ce qui est, comme l’écrit Jean-François Gilmont, « un indice irréfutable de dépendance » [23] – et, avec un admirable scrupule, toutes les corruptions les plus aberrantes. On peut même affiner un peu plus cette fourchette chronologique si l’on recroise une dernière fois l’information philologique avec l’information bibliographique : l’édition postérieure à 1621 est en effet antérieure à 1630, puisqu’on constate qu’elle a fait l’objet d’une nouvelle émission à cette dernière date, consistant en une remise en vente sous une page de titre à l’adresse tantôt d’Olivier de Varennes, tantôt de François Pomeray [24] : on s’est contenté pour ce faire de recomposer le cahier liminaire, dans lequel figurent désormais un extrait de privilège royal ni daté ni signé, accordé pour dix ans à Marie Beys, veuve d’Olivier de Varennes, à Toussaint Du Bray et à François Pomeray, et un achevé d’imprimer du 3 janvier 1630.
29Au-delà d’une simple question de datation bibliographique, il est clair que, pour l’éditeur moderne du texte d’Urfé, cette révision chronologique appelle à reprendre un certain nombre des sondages qu’avait faits Anne Sancier-Chateau en vue de suivre les corrections successives du texte : il convient chaque fois de vérifier si les variantes présentées par l’édition postérieure à 1621 n’apparaissent pas déjà en 1618 ou en 1621. Or ce travail aboutit finalement à révoquer l’hypothèse d’un « quatrième état » textuel attaché à l’une ou l’autre de ces éditions. Ce n’est pas que le troisième état fixé par l’édition de 1612 au format in-8o soit définitif, mais c’est que le terme de « quatrième état » ne convient plus vraiment parce qu’il recouvre en réalité trois campagnes de correction distinctes et d’ampleur très inégale. Les sondages que nous avons effectués permettent en effet d’établir que les variantes définissant ce prétendu état ne sont pas le fait d’une édition particulière, mais ont été introduites par touches successives à trois dates différentes, les unes dès l’édition de 1618, d’autres dans l’édition de 1621, d’autres enfin dans l’édition postérieure à 1621. Les tableaux ci-dessous (où la leçon donnée dans la première colonne, prise à l’édition de 1614-1615, est toujours conforme à celle de l’édition in-8o de 1612) présentent quelques exemples de ces trois cas de figure :
30Même si ces tableaux ne sont évidemment pas exhaustifs, leur inégale longueur n’en rend pas moins compte d’une réalité statistique : les variantes apportées au texte de 1612 sont en nombre infime en 1618, à peine un peu plus nombreuses en 1621, enfin beaucoup plus nombreuses entre 1621 et 1630. Quant à leur teneur, elle est double en 1618 et 1621 : il s’agit soit de retouches stylistiques d’ordre lexical ( « regrets » plutôt que « plaintes » ) ou syntaxique ( « baiser sa robe » plutôt que « lui baiser la robe » ), soit de corrections visant à renforcer la vraisemblance du récit en en éliminant quelques incohérences de détail : tantôt on renforce la cohérence énonciative d’un passage en substituant au nom de Lydias l’expression « mon Maître » parce qu’il s’agit d’un épisode rapporté par la bouche d’Egide, serviteur qui sait que son maître en question n’est désigné sous le nom de Lydias que par méprise et est en réalité Lygdamon [25], tantôt on renforce la cohérence interne de l’intrigue romanesque après avoir remarqué que, de l’édition originale de 1607 jusqu’à l’édition de 1618 incluse, on avait négligé une contradiction entre l’épisode des jeux pastoraux au livre premier, où il était dit que Céladon recevait le prix de la lutte, et l’évocation des « exercices » des bergers au quatrième livre, où le lecteur apprenait au contraire que « Celadon pour estre trop jeune, ne fut receu qu’à celuy de la course, dont il eut le prix » [26]. Les corrections apportées après 1621 sont en revanche d’une unique nature : il ne s’agit que de retouches stylistiques, dont la plupart vont dans le sens d’une modernisation des usages grammaticaux (modernisations lexicales : « plaindre » substitué à « douloir », « reconnaître » à « connaître », « partager » à « partir » ; modernisations syntaxiques : genre du substantif « affaire » transféré du masculin au féminin, accord au pluriel du verbe ayant deux sujets coordonnés par « et » au lieu d’un accord au singulier avec le sujet le plus proche, expression du second élément de la négation précédemment omis [27]), même si certaines des modernisations adoptées n’ont finalement pas été avalisées par l’histoire de la langue, à l’exemple de celle qui consiste à remplacer « avant que » par « devant que ».
31Cette ultime série de corrections est donc celle qu’Anne Sancier-Chateau a attribuée à Balthazar Baro en soulignant la proximité qu’elle présentait avec la série des corrections apportées par celui-ci au texte de la quatrième partie en 1627. Reporter de l’année 1616 vers une date située entre 1621 et 1630 la publication de la première édition qui intègre ces variantes ne fait finalement que conforter l’attribution défendue par Anne Sancier-Chateau. Aussi nous paraît-il très probable que, non contente d’être postérieure à 1621, cette édition soit postérieure aussi à la mort d’Urfé, survenue le 1er juin 1625 [28]. Le plus vraisemblable est qu’elle est à peu de choses près contemporaine de l’édition de la quatrième partie révisée par Baro et donc a été publiée vers 1627. En établissant un premier recensement des éditions de L’Astrée, Vaganay avait d’ailleurs émis l’hypothèse que les première et deuxième parties du roman avaient fait l’objet d’une édition en 1627, même s’il n’avait retrouvé d’exemplaires pour aucune d’entre elles. Sans doute cette conjecture reposait-elle sur le constat que la même année avaient été publiées chez Du Bray et ses associés des éditions – quant à elles bien attestées – des troisième et quatrième parties du roman, et qu’on avait donc vraisemblablement procédé à une édition collective des quatre premières parties [29]. La nouvelle datation que nous proposons pour l’édition dite de 1616 vient renforcer cette hypothèse : il ne reste plus maintenant qu’à retrouver la deuxième partie du roman qui manque à cet ensemble, ou l’identifier parmi les éditions actuellement connues par une méthode semblable à celle qui nous permet ici d’identifier la première partie. Mais il faudrait encore ajouter que cette édition collective n’est pas seulement celle des quatre premières parties, car la quatrième partie, qui porte un achevé d’imprimer du 5 novembre 1627, fut suivie de près par l’édition originale de la cinquième et dernière partie, publiée sous une page de titre datée de 1628 mais portant un achevé d’imprimer du 31 décembre 1627. Aussi serions-nous ici en présence de la première édition collective de l’intégralité du roman, qui daterait par conséquent de 1627 et non pas, comme on l’a dit jusqu’à présent, de 1632-1633. Cette ultime hypothèse ne peut au demeurant que rendre plus compréhensible la campagne de correction entreprise par Baro sur les premières parties du roman : c’est la perspective d’une édition collective qui a incité à une homogénéisation des différentes parties.
32Quant aux variantes de la première partie postérieures à 1612 et antérieures à 1627, la difficulté est qu’elles ne nous sont plus accessibles qu’au milieu d’un texte défiguré en de nombreux points, en vertu de l’accélération du mouvement de corruption que nous avons constatée à partir des deux éditions de 1618 et 1621. C’est la raison pour laquelle, en prenant aussi acte du fait qu’à deux seules exceptions près dans tout le premier livre [30], les variantes introduites après 1612 et avant 1627 consistent en aménagements linguistiques ou stylistiques mineurs, la seule solution praticable pour l’éditeur moderne consiste à choisir aujourd’hui pour copy-text l’édition de 1612, en modérant seulement ce choix de la manière suivante : d’une part, dans l’établissement du texte, en redressant les quelques corruptions qu’on y repère, mais en ayant soin d’indiquer au lecteur ces interventions ponctuelles au moyen d’une note afin qu’il puisse lui-même juger de l’analyse qui a conduit à identifier la leçon redressée comme une corruption et non pas comme une variante significative [31], et en vertu d’un principe de visibilité et de possible réversibilité des interventions modernes que connaît bien tout restaurateur d’œuvre d’art ; d’autre part, en indiquant en note les rares variantes (au sens strict du terme, c’est-à-dire au sens de « variantes significatives ») introduites en 1618 et 1621.
33L’examen de la tradition éditoriale de la première partie de L’Astrée et le travail de critique textuelle qu’il autorise nous conduisent ainsi à ajouter de nouveaux arguments à la conclusion à laquelle Anne Sancier-Chateau était parvenue par d’autres voies : « Reproduire intégralement le texte de 1616, comme le font les premières éditions collectives (1633, 1647) ne paraît pas possible. La probabilité d’interventions d’origines diverses sur le texte après 1612 nous fait retenir la seule édition publiée à cette date » [32]. Le texte ainsi produit sera par conséquent assez proche de celui qu’avait édité Vaganay en 1925, qui annonçait alors qu’il s’était fondé sur l’édition de 1612 au format in-8o [33]. Néanmoins notre texte ne pourra que se distinguer en plusieurs points de celui de Vaganay, en apportant une rigueur philologique que celui-ci est loin d’avoir observée. Car c’est là un dernier enseignement de l’étude stemmatique et de l’examen des corruptions éditoriales : en étendant l’analyse de critique textuelle jusqu’à l’édition de 1925, il apparaît en effet que Vaganay s’est servi de l’édition de 1612 parce qu’il en avait bien compris la qualité, mais ne s’est pas fondé sur elle au sens où il l’aurait choisie pour copy-text. En réalité, il a procédé à un premier établissement du texte en utilisant une édition très tardive, même si elle reste relativement bonne parce qu’elle appartient à une branche du stemma greffée sur l’édition de 1614-1615, laquelle est antérieure au segment le plus corrompu de la tradition : il s’agit de l’édition lyonnaise publiée par le libraire Rigaud en 1631, dont Vaganay croyait qu’elle datait de 1616 parce qu’il utilisait un exemplaire incomplet de sa page de titre [34]. Puis, après avoir intuitivement repéré les passages où cette édition était défectueuse ou incertaine, il a recouru à l’édition de 1612 in-8o pour redresser localement ces imperfections. Mais il n’a en aucun cas procédé à une collation systématique des deux textes. C’est ce qui explique que certaines corruptions lui aient échappé, notamment celles qui procédaient au départ d’une volonté de redresser une corruption antérieure : comme ce travail de correction s’est fait, en 1631, de manière conjecturale et non pas par vérification sur un témoin textuel plus sûr, dans plusieurs cas son résultat a été à la fois d’approfondir la corruption, mais dans le même mouvement de la dissimuler au lecteur. De ce processus témoigne par exemple un très intéressant enchaînement de corruptions au livre X, quand Céladon, comparant les effets de l’amour à ceux de la cour, déclare : « Les ennuis d’un rival ne sont guere moindres que ceux d’un Courtisan ». Telle est la leçon que donne Vaganay (p. 386), en suivant l’édition lyonnaise de 1631 (p. 492). Comme elle a toutes les apparences d’une leçon admissible, il n’a pas jugé utile de la vérifier dans l’édition de 1612. Or s’il l’avait fait, son attention aurait été attirée par l’étrange version que donne celle-ci, qu’aucun argument de linguistique historique ne permet de justifier : « Les ennuis d’un rival ne sont guere moindres que celles d’un Courtisan » (f. 322, nos italiques). De là, il aurait été conduit à faire une vérification plus poussée du côté des éditions de 1607 et 1610 et à conclure que l’édition de 1612 avait simplement corrompu le mot « envies » en « ennuis » – d’où la dissymétrie grammaticale que l’édition lyonnaise a réduite en modifiant à tort le genre du pronom démonstratif, alors que l’erreur portait sur le nom auquel ce pronom se rapportait. La seule leçon admissible est donc celle que fournissaient les éditions de 1607 et 1610 : « Les envies d’un rival ne sont guere moindres que celles d’un Courtisan ». Mais la méthode aléatoire suivie par Vaganay l’a empêché de deviner que le caractère a priori recevable de la leçon de l’édition lyonnaise de 1631 procédait d’une mauvaise correction revenant à prolonger et aggraver la première corruption. Dans d’autres cas, c’est simplement l’attention de lecteur de Vaganay qui a été prise en défaut. Ainsi au livre IX, quand il publie la leçon « Galathée, qui avoit bonne memoire de Lindamor » (p. 366), prise à l’édition lyonnaise de 1631 (p. 465) : la leçon est grammaticalement recevable, ce qui l’aide à passer inaperçue ; mais elle est incohérente avec le sens général du récit et procède de l’omission d’une partie de la phrase. Faute d’en avoir pris conscience, Vaganay l’a laissée telle, alors qu’il aurait dû rétablir la leçon « Galathée, qui avoit bonne memoire de ce que luy avoit dit cet abuseur, à l’abord de Lindamor », qui est bien celle que fournit l’édition de 1612 (f. 304).
34Il apparaît, en outre, que Vaganay n’a pas seulement comblé les lacunes qu’il décelait dans l’édition de 1631 au moyen de l’édition de 1612, mais qu’il a ponctuellement recouru à une autre édition encore. C’est ainsi qu’au livre XI, dans le récit que fait Egide des cérémonies du mariage d’Amerine et Lygdamon, il n’adopte pas la leçon « et lors prenant le gasteau d’orge, Lydias le couppa » mais la remplace par la version « mon Maistre le couppa ». Or celle-ci ne figure ni dans l’édition de 1612, ni dans l’édition lyonnaise de 1631. C’est donc que Vaganay, trouvant l’une et l’autre insuffisantes sur ce point, a eu recours à une troisième édition, laquelle n’était pas antérieure à celle de 1621 puisque celle-ci est la première à proposer la leçon « mon Maistre ». C’est même cette édition de 1621 qui a été très certainement mise à profit, puisqu’il en possédait un exemplaire qu’il avait déjà utilisé pour la publication de son édition strasbourgeoise de la première partie en 1922 [35]. Tout ce travail s’est au demeurant opéré en trois étapes : un banc d’essai ne contenant que les trois premiers livres de la première partie a d’abord été publié à Lyon en 1911, fondé sur le texte de l’édition lyonnaise de 1631 complété par une comparaison avec l’édition de 1621 [36], puis l’intégralité du premier livre a été publiée à Strasbourg en 1922 en ajoutant aux deux éditions de 1631 et 1621 le recours ponctuel à l’édition in-8o de 1612 dont un exemplaire était alors accessible à Wolfenbüttel [37], enfin le texte ainsi constitué a été repris dans l’édition intégrale des cinq parties du roman publiée à Lyon de 1925 à 1928. Le résultat est que Vaganay a eu l’inestimable mérite de permettre à l’honnête homme du XXe siècle d’accéder au récit de L’Astrée, mais n’a néanmoins pas produit une édition philologiquement fiable du texte : plutôt qu’éditer l’œuvre dans les règles de la critique, il a construit une mosaïque textuelle, de nature à troubler la tradition du texte par un phénomène de contamination d’éditions anciennes les unes par les autres. Telle est, puisée à une histoire détaillée des éditions de la première partie de L’Astrée, la raison qui milite aujourd’hui en faveur d’une nouvelle et véritable édition scientifique du texte de 1612, dont on peut dire qu’il n’a jamais été réédité à ce jour puisqu’il n’a jamais été retenu à proprement parler comme copy-text.
Annexe : bibliographie des éditions de la première partie de L’Astrée (1607-1647)
35Abréviations utilisées :
36— bl. : blanc,
37— fig. : figure,
38— front. : frontispice,
39— gr. s. b. : gravé sur bois,
40— gr. s. c. : gravé sur cuivre,
41— pl. : planche,
42— portr. : portrait,
43— priv. : privilège,
44— sign. : signatures.
45Les exemplaires conservés dans des collections publiques sont classés dans l’ordre alphabétique des noms de villes de conservation ; les exemplaires conservés dans des collections privées sont classés à la suite.
46L’astérisque figurant devant un nom de lieu signifie que nous avons eu l’exemplaire entre les mains.
1607
47I . 1
48L’Astrée... Où par plusieurs histoires, & sous personnes de bergers & d’autres, sont deduits les divers effets de l’honneste Amitié. A Paris, chez Toussaincts du Bray... M . DC . VII.
49[7, 1 bl.], 508 [i.e. 408] f. ; 8o.
50Marque du libraire gr. s. b. au titre. Au f. 508 vo : « A Paris, de l’imprimerie de Charles Chappelain, ruë des Amandiers, à l’Image nostre Dame ». Extrait du priv. royal du 18 août 1607 signé Beuhier, accordé à Honoré d’Urfé pour dix ans, cédé par lui à Toussaint Du Bray par contrat du 18 août 1607. – Séquence de foliotation 134-233 omise. Sign. A8, A.Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8.
51• * Paris, BNF, département des Manuscrits, Rothschild V . 2 . 18 : exemplaire dont le titre est imprimé sans le nom de l’auteur ;
52• * Paris, BNF, Réserve des livres rares, Rés. p. Y2 . 261 : exemplaire dont le titre est imprimé avec le nom de l’auteur ;
53• * Versailles, Bibliothèque municipale, Rés. Lebaudy in-12 406 : exemplaire dont le titre est imprimé avec le nom de l’auteur.
1610
54I . 2
55Premiere partie de l’Astrée... A Paris, chez Jean Micard... M . DC . X.
56[8], 508 [i.e. 408], [3] f. : front. gr. s. c. ; 8o.
57Extrait du priv. royal du 15 février 1610 signé Desportes, accordé à Jean Micard et Toussaint Du Bray pour six ans pour la publication des deux premières parties de L’Astrée. Achevé d’imprimer le 24 avril 1610. – Séquence de foliotation 193-292 omise. Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8, Fff4 (dernier f. bl.). – Front. gr. s. c. signé en bas à droite « P. Firens fecit » : portique encadré de Céladon à gauche et Astrée à droite et surmonté d’un fronton brisé d’où deux angelots déversent à gauche des flammes sur Céladon, à droite des cœurs sur Astrée.
58• Munich, Bayerische Staatsbibliothek, P. o. gall. 2280 (1) ;
59• * Paris, BNF, Arts du spectacle, 8o Rf. 7336 : incomplet du front. (f. a1) ;
60• Coll. part. : exemplaire de Mme Paule Koch, décrit à la p. 386 de son article « Encore du nouveau sur L’Astrée », RHLF, 1972, p. 385-399 ;
61• * Coll. C. K., Paris : exemplaire à l’adresse de Toussaint Du Bray.
1612
62I . 3
63L’Astrée divisée en trois parties... A Paris, chez Jean Micard... M . DC . XII.
64[5] f., 647 [i.e. 623], [5] p. ; 4o.
65Paginations 345-348, 390-399, 591-600 omises. Sign. a4 (premier f. bl.), e2, A-Z4, Aa-Zz4, AAa-ZZz4, AAaa-IIii4, KKkk2.
66• * Paris, BNF, Réserve des livres rares, Rés. Y2 . 723 ;
67• * Versailles, Bibliothèque municipale, Rés. Lebaudy in-4o 62.
68I . 4
69Premiere partie de l’Astrée... A Paris, chez Toussaincts du Bray... M . DC . XII.
70[8], 408, [3] f. : front. gr. s. c. ; 8o.
71Au f. 408 vo : « A Paris, de l’imprimerie de Charles Chappellain, ruë des Carmes, au College des Lombards. M . DC . XII. » Extrait du priv. royal du 15 février 1610 signé Desportes, accordé pour six ans, pour « la premiere et seconde partie de l’Astrée de messire Honoré d’Urfé », à Jean Micard et Toussaint Du Bray. – Sign. : a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8, Fff4 (dernier f. bl.). – Front. gr. s. c. : réutilisation du cuivre de Pierre Firens ayant servi pour le front. de I . 2.
72• Augsbourg, Universitätsbibliothek, 02/III . 11 . 8 . 583-1 ;
73• * Cambridge, Cambridge University Library, F. 161 d 4-2 : exemplaire de Thomas Wentworth, comte de Strafford (1593-1641), relié à ses armes et portant des notes de sa main, acquis par lui en 1612 à Orléans ;
74• * Paris, BNF, Littérature et art, 8o Y2 . 8801 ;
75• Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, M : Lm 3567 (1).
1614 ou 1615
76I . 5
77L’Astrée... Premiere partie 1615. A Paris. Chez Olivier de Varennes... M. DC. XIIII.
78[8], 408 [i.e. 407], [1] f. : titre gr. s. c. ; 8o.
79Extrait du priv. royal du 15 février 1610 signé Desportes, accordé pour six ans, pour « la premiere et seconde partie d’Astrée, de messire Honoré d’Urfé », à Jean Micard et Toussaint Du Bray, et auquel, par accord du 28 mai 1614, Micard a associé Olivier de Varennes « pour un quart ». – Foliotation 407 omise. Sign. : a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8. – Titre gr. s. c., signé en bas à gauche « Mattheus f », copiant le front. signé Firens de I . 2.
80• * Oxford, Taylorian Library, Arch. 8o F. 1614 (2) ;
81• * Oxford, Codrington Library (All Souls College), hh. 17 . 2 : exemplaire au titre duquel on a collé sur le cartouche de la partie inférieure un papillon de la même forme ovale portant l’adresse gravée d’Olivier de Varennes à la date de 1615 ( « A Paris Chez Olivier de Varennes. ruë Sainct Jacques à la Victoire. 1615. » ) ;
82• * Bordeaux, Bibliothèque municipale, B 7910/1 : exemplaire sur le titre gravé duquel on a modifié la date originelle « 1615 » en « 1655 » en grattant le troisième chiffre et le remplaçant au composteur par un 5. De même, dans le cartouche où figure l’adresse de Varennes, la date « M . DC . XIIII » a été modifiée en « M . DC . LIIII » par impression d’un L au composteur. Une main a ultérieurement corrigé ces deux dates à l’encre brune en « 1614 » et « M . DC . XIIII ».
1616
83I . 6
84L’Astrée... Derniere edition reveuë & augmentée par l’autheur. A Lyon. De l’imprimerie de Simon Rigaud... 1616.
85[4] f., 642 [i.e. 644], [4] p. ; 8o.
86Titre à encadrement gravé, l’adresse et la date d’édition comprises dans cet encadrement. Permission d’imprimer du 24 juin 1616 signée du procureur du roi Daveyne, accordée à Simon Rigaud pour quatre ans, « en consequence de la precedente edition imprimée par vertu du privilege du Roy, à present expiré ». – Page 644 chiffrée par erreur 642. Sign. a4, A.Z8, Aa-Rr8, Ss2, a3-4. – Encadrement gr. s. c. signé en bas à droite « C Audran F. » (Karl Audran) : un portique encadré des figures de Céladon à gauche et Astrée à droite, fronton brisé au centre duquel est gravé un écu aux armes (semé de larmes accompagné de deux os en sautoir, trois croix pattées en chef) avec la devise Dignius amor, un angelot couché sur chaque extrados, à gauche faisant tomber une pluie de langues de feu sur Céladon, à droite une pluie de cœurs sur Astrée.
87• * Lyon, Bibliothèque municipale, B. 510093 (1) ;
88• * Paris, Bibliothèque Mazarine, 63931 (1).
89I . 7
90L’Astrée... Tome premier. A Rouen, chez Jean Boulley... M . DC . XVI.
91[1] f. de front. gr. s. c., [8], 406, [2] f. ; 8o.
92Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8. – Front. gr. s. c., signé en bas au centre « J. van hoochstraten fecit. » et portant l’adresse « A Rouen chez Adrien Ouyn & Jean Boulley dans la Court du Palais » : copie du front. signé Firens de I . 2.
93• * Cambridge, Cambridge University Library, P. 12 . 17.
1617
94I . 8
95L’Astrée... Premiere partie. Derniere edition reveuë & augmentée par l’autheur. A Lyon, de l’imprimerie de Simon Rigaud... 1617.
96[4] f., 620, [4] p. ; 8o.
97Titre à encadrement gravé, l’adresse et la date d’édition comprises dans cet encadrement. Permission d’imprimer du 24 juin 1616 signée du procureur du roi Daveyne, accordée à Simon Rigaud pour quatre ans, « en consequence de la precedente edition imprimée par vertu du privilege du Roy, à present expiré ». – Sign. a4, A-Z8, Aa-Qq8. – Encadrement gr. s. c. : réutilisation du cuivre de Karl Audran ayant servi pour l’encadrement de I . 6.
98• Augsbourg, Universitätsbibliothek, 02/III . 11 . 8 . 585-1 ;
99• * Paris, BNF, Réserve des livres rares, Rés. Y2 . 72248.
1618
100I . 9
101L’Astrée... Premiere partie 1618. A Paris. Chez Olivier de Varennes... M . DC . XVIII.
102[8], 407, [1] f. : titre gr. s. c. ; 8o.
103Extrait du priv. royal du 25 mai 1616 signé Perrochel, accordé pour « L’Astrée en trois parties, soit ensemble ou séparément », pour dix ans « à compter que ledit livre en trois parties sera achevé », à Olivier de Varennes et Toussaint Du Bray. – Sign. : a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8. – Titre gr. s. c. : réutilisation du titre signé Mattheus ayant servi pour I . 5, sur lequel la date 1615 figurant sous les mots « Premiere partie » a été grattée pour être modifiée en « 1618 ».
104• * Versailles, Bibliothèque municipale, Rés. Lebaudy in-12 966.
105I . 10
106L’Astrée... Premiere partie 1616. A Rouen, chez Adrien Ouyn & Jean Boulley... [1618].
107[4], 355 [i.e. 345], [3] f. : titre gr. s. c. ; 8o.
108Édition de 1618 d’après l’achevé d’imprimer au colophon (f. Xx4) : « Achevé d’imprimer ce jourd’huy 18. de Janvier, mil six cens dixhuict, de l’imprimerie de J. Durand ». – Foliotation 180-189 omise. Sign. a4, A-Z8, Aa-Vv8, Xx4. – Titre. gr. s. c., signé en bas au centre « J. van hoochstraten fecit. » : réutilisation du cuivre ayant servi pour le front. de I . 7.
109• * Londres, British Library, 1073. b. 15 ;
110• * Oxford, Bodleian Library, 8o D 57 Art.
111I . 11
112L’Astrée... Premiere partie. A Paris, chez Remy Dallin... M . DC . XVIII.
11316 p., 387, [1] f. : front. à encadr. gr. s. c. ; 8o.
114Titre en rouge et noir. – Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Bbb8, Ccc4. – Front. à encadr. gr. s. c. signé en bas à gauche « M. de Chesne. Fe. », copiant le front. signé Firens de I . 2.
115• Roanne, Bibliothèque municipale, 192 F. R/C : incomplet des p. 3-4 (f. a2) et des f. 4-5 et 216 ;
116• * Troyes, Bibliothèque municipale, Y. 17 . 3445 (1) ;
117• Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Schulenb. Lf. 72 (1) ;
118• (L’exemplaire de la Bibliothèque municipale de Marseille conservé sous la cote 80173 (1) n’appartient pas à cette édition : il s’agit en réalité d’un exemplaire de I . 22 incomplet du cahier liminaire et dont le frontispice a été remplacé par le titre à encadrement gravé de I . 11.)
[Après 1618]
119I . 12
120L’Astrée... Premiere partie 1616. A Rouen, chez Adrien Ouyn & Jean Boulley... [Après 1618].
121[4], 355 [i.e. 345], [2] f. : titre gr. s. c. ; 8o.
122Édition différant de I . 10 par son matériel typographique et postérieure à elle d’après l’état textuel. – Foliotation 185-194 omise. Sign. a4, A-Z8, Aa-Vv8, Xx4 (dernier f. bl.). – Titre. gr. s. c., signé en bas au centre « J. van hoochstraten fecit. » : réutilisation du cuivre ayant servi pour le front. de I . 7.
123• * Oxford, Taylorian Library, Vet. Fr. I B. 128.
1619
124I . 13
125[L’Astrée. Premiere partie. Lyon, Claude Morillon, 1619.]
126L’existence de cette édition non retrouvée paraît établie par les termes de l’avis aux lecteurs placé par Claude Morillon en tête de son édition de la seconde partie en 1619, où il déclare : « J’attendois d’imprimer en suitte de ceste premiere & seconde partie d’Astrée, de Messire Honoré d’Urfé, sa troisiesme partie. »
1621
127I . 14
128L’Astrée... Premiere partie. Reveuë & corrigée, par l’autheur en cette derniere edition... A Paris, chez Toussainct du Bray... M . DC . XXI.
129[10], 407, [1] f. : front. et portr. gr. s. c. ; 8o.
130Priv. royal du 7 mai 1619 signé Renouard, accordé à Honoré d’Urfé pour dix ans, « pour la premiere, seconde & troisiesme partie [de L’Astrée], qu’il desiroit faire imprimer par Olivier de Varennes et Toussainct du Bray ». – Sign. a8, e2, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Eee8. – Front. gr. s. c. : réutilisation du cuivre ayant servi de titre pour I . 5. Portr. gr. s. c. d’Honoré d’Urfé (au vo du titre) et de la bergère Astrée (au f. e2 vo) gravés par J. Briot d’après des dessins de Louis Beaubrun, réutilisant les cuivres utilisés d’abord dans l’édition de la troisième partie du roman, Paris, Olivier de Varennes / Toussaint Du Bray, 1619.
131• Le Mans, Médiathèque Louis Aragon, BL. 8o 3194 (1) ;
132• * Oxford, Christ Church College, Z. N. 9 1a : exemplaire à l’adresse d’Olivier de Varennes, où la date au front. a été modifiée en « M . DC . XXII » ;
133• * Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 8o BL. 20631 (1) : exemplaire à l’adresse de Toussaint Du Bray. Incomplet du f. 404 ;
134• * Versailles, Bibliothèque municipale, Rés. Lebaudy in-12 415 : exemplaire à l’adresse d’Olivier de Varennes.
1624
135I . 15
136L’Astrée... Premiere partie. A Paris, chez Mathurin Henault... M . DC . XXIIII.
13716 p., 387, [1] f. ; 8o.
138Titre en rouge et noir. Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Bbb8, Ccc4. – Front. à encadrement gr. s. c., non signé, copiant le front. signé Firens de I . 2.
139• * Paris, BNF, Département Littérature et art, Y2 . 72256 ;
140• * Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 8o BL. 20633 (1) ;
141• * Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 8o BL. 20632 (1) : incomplet du front. et du f. Ccc4 ;
142• Autres exemplaires : Cahors, Bibliothèque municipale, d. 720 ; Châlon-sur-Saône, Bibliothèque municipale, Réserve 4570 (1) ; Lisbonne, Biblioteca nacional, L. 6067 p ; Munich, BSB, P. o. gall. 2281 (1) ; Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Y 8o 3329 ; Rennes, Bibliothèque municipale, Réserve 71863 (1).
[1627 ?]
143I . 16
144L’Astrée... Premiere partie 1615. A Paris. Chez Toussaincts du Bray... [Vers 1627].
145[8] f., 880 p. : titre gr. s. c. ; 8o.
146Datation d’après l’état textuel, qui corrige celui de I . 14 selon des principes identiques à ceux qu’a suivis Baro pour corriger la quatrième partie du roman en 1627. – Extrait du priv. royal du 25 mai 1616 signé Perrochel, accordé pour « L’Astrée en trois parties, soit ensemble ou separément », pour dix ans « à compter que ledit livre en trois parties sera achevé », à Olivier de Varennes et Toussaint Du Bray. – Sign. : a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Iii8. – Titre gr. s. c. : réutilisation du cuivre ayant servi de titre pour I . 5.
147• * Paris, BNF, Littérature et art, Y2 . 7031 ;
148• * Versailles, Bibliothèque municipale, Rés. 8o E. 221e : incomplet du cahier liminaire, auquel on a substitué le front. gravé et la page de titre de I . 14.
[Entre 1630 et 1631]
149I . 17
150L’Astrée... Premiere partie. A Paris, chez Nicolas et Jean de La Coste...
151[8] f., 623 p. : titre et portr. gr. s. c. ; 8o.
152Cette édition a été probablement publiée entre 1630, date à laquelle Nicolas, le plus jeune des deux frères La Coste, a été reçu maître, et 1631, date de l’édition lyonnaise publiée par le libraire Rigaud (I . 19), qui suit celle des frères La Coste. – Sign. a8, A-Z8, Aa-Qq8. – Titre gr. s. c., non signé, copiant le titre gravé en 1619 par Léonard Gaultier pour la troisième partie du roman, Paris, Olivier de Varennes / Toussaint Du Bray, 1619 : sur fond d’un paysage traversé par le Lignon, un portique encadré par les figures d’Alexis à gauche et Astrée à droite et surmonté par Cupidon, avec à gauche un feu de cœurs et à droite une pluie de cœurs. Portr. gr. s. c. d’Honoré d’Urfé (au f. a8 v) signé en bas à gauche « M Pelais fe. », copiant le portr. gravé par Briot d’après Beaubrun figurant également dans l’édition Varennes et Du Bray de la troisième partie du roman en 1619.
153• * Cambridge, Trinity College Library, G. 22 . 4 ;
154• Cobourg, Landesbibliothek, Cas. A 6145 (1/2) #1 : exemplaire du duc Albrecht von Sachsen-Coburg (1648-1699).
[Entre 1630 et 163 ?]
155I . 18
156L’Astrée... I. A Paris chez Anthoine de Sommaville [...] [entre 1630 et 163 . ?].
157[8] f., 623 p. ; 8o.
158Sign. a8, A-Z8, Aa-Qq8. – Titre gr. s. c. utilisant le cuivre de Daret qui figure aussi en tête de l’édition collective des cinq parties publiée à Paris en 1633 par Courbé et Sommaville : un paysage traversé par le Lignon, encadré par les figures d’Alexis à gauche et Astrée à droite et surmonté par un cartouche soutenu par deux anges dans lequel est inscrit le titre. Portr. gr. s. c. d’Urfé et d’Astrée copiés sur les portr. de 1619 gravés par Briot d’après Beaubrun.
159• * Londres, British Library, 012548. ddd. 5 (1) : page de titre et portr. gravés très rognés, de sorte que la date de l’édition au titre et les éventuelles signatures des gravures ont disparu.
1630
160I . 16 bis
161L’Astrée... Premiere partie. Reveuë & corrigée en cette derniere edition, et enrichie de figures en taille douce... A Paris, chez François Pomeray... 1630.
162[7] f., 880 p. ; 8o.
163Nouvelle émission de l’édition I . 16, dont on a simplement renouvelé le cahier liminaire. – Extrait d’un priv. royal non daté, non signé, accordé pour dix ans à Marie Beys veuve Olivier de Varennes, Toussaint Du Bray et François Pomeray. Achevé d’imprimer du 3 janvier 1630. – Sign. a7, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Iii8.
164• Blois, Bibliothèque municipale, F. 6771 : exemplaire à l’adresse d’Olivier de Varennes ;
165• * Versailles, Bibliothèque municipale, 8o E. 228e : exemplaire à l’adresse de François Pomeray ; incomplet des f. V2-3 (p. 307-310).
1631
166I . 19
167L’Astrée... Premiere partie. A Lyon de l’imprimerie de Simon Rigaud... M . DC . XXXI.
168[8] f., 623, [1] p. : portr. gr. s. c. ; 8o.
169Titre à encadrement gravé, l’adresse et la date d’édition comprises dans cet encadrement. Permission d’imprimer du 24 juin 1616 signée du procureur du roi Daveyne, accordée à Simon Rigaud sans précision de durée, « en consequence de la precedente edition imprimée par vertu du privilege du Roy, à present expiré ». – Sign. a8, A-Z8, Aa-Qq8. – Encadrement gr. s. c. par J. Bonser (signé en bas à droite « J. B fe », interprété par erreur comme la signature de Jean Boulanger par Auguste Bernard, Recherches bibliographiques sur le roman d’Astrée, Montbrison, 1861, p. 22), copiant l’encadrement de Karl Audran de I . 6. Portr. gr. s. c. d’Urfé (f. a7 v) et d’Astrée (f. a8 v) également signés par J. Bonser, copiant les portr. de 1619 gravés par Briot d’après Beaubrun.
170• Montbrison, Bibliothèque municipale ;
171• * Paris, BNF, Département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, Smith-Lesouef Rés. 930.
1633
172I . 20
173L’Astrée... Premiere partie. Reveuë & corrigée en cette derniere edition. Et enrichie de figures en taille-douce... A Paris, chez Augustin Courbé... M . DC . XXXIII.
174[8] f., 880 p., [5] f. : front., portr., fig. gr. s. c. ; 8o.
175Priv. royal du 11 janvier 1633 signé Conrard, accordé pour vingt ans à Augustin Courbé pour l’ « Astrée du feu sieur marquis d’Urfé en cinq volumes, & chaque volume de douze livres, avec les desseins & figures de taille douce qu’il a fait faire exprés pour l’ornement d’icelle », suivi d’une mention d’association d’Antoine de Sommaville au priv. Achevé d’imprimer du 30 avril 1633. – Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Iii8, a5. – Front. gr. s. c. signé « Daret sc. » : paysage traversé par le Lignon et encadré des figures de Céladon à gauche et Astrée à droite, avec deux anges dans le ciel soutenant un cartouche où est inscrit le titre de 1re partie. Portr. gr. s. c. non signés d’Urfé (f. a2 vo) et d’Astrée (f. a4 vo) copiés sur les portr. de 1619 gravés par Briot d’après Beaubrun. 12 pl. gr. s. c. placées en tête de chacun des douze livres de la première partie du roman, en partie signés par Michel Lasne et Charles David d’après des dessins de Daniel Rabel.
176• * Paris, BNF, Département Littérature et art, Y2 . 7036 : exemplaire à l’adresse d’Augustin Courbé, provenant de Pierre-Daniel Huet et annoté par lui ;
177• * Paris, BNF, Réserve des livres rares, Rés. Y2 . 1582-1583 : exemplaire à l’adresse d’Antoine de Sommaville. Incomplet du front. et du cahier a5 contenant le priv. Le f. a8 a été anciennement remonté et le bas de la p. 1 consolidé à la même époque. Exemplaire réglé (réglure du XVIIe siècle). Rel. en deux volumes. Rel. de la première moitié du XVIIIe siècle en maroquin rouge, dentelle droite aux plats, doublures en maroquin olive foncé ornées d’une petite dentelle, dos ornés, tr. dor. sur marbrure, armes de Marie-Antoinette ultérieurement ajoutées aux plats ;
178• Nombreux autres exemplaires.
[1638 ?]
179I . 21
180L’Astrée... I partie. A Paris Par la Societé des Imprimeurs. [1638 ?]
181[8] f., 583 [i.e. 623] p. : titre et portr. gr. s. c. ; 8o.
182Cette édition appartient à une édition collective qui regroupe au moins les quatre premières parties du roman et dont la quatrième est datée 1638, à la différence des trois précédentes qui ne sont pas datées. – P. 623 chiffrée par erreur 583. Sign. a8, A-Z8, Aa-Qq8. – Titre gr. s. c. non signé, réutilisant le cuivre ayant servi de front. pour I . 20. Portr. gr. s. c. non signé d’Urfé (f. a8 vo) copié sur le portr. de 1619 gravé par Briot d’après Beaubrun.
183• * Oxford, Taylorian Library, Vet. Fr. I A. 232 ;
184• * Oxford, Taylorian Library, Vet. Fr. I A. 242 : exemplaire incomplet du titre gravé ;
185• Montbrison, Bibliothèque de la Diana.
1647
186I . 22
187L’Astrée... Premiere partie. Reveuë & corrigée en cette derniere edition. Et enrichie de figures en taille-douce... Imprimée à Roüen, & se vend à Paris, chez Augustin Courbé... M . DC . XXXXVII.
188[8] f., 855, [5] p. : front., portr., fig. gr. s. c. ; 8o.
189Sign. a8, A-Z8, Aa-Zz8, Aaa-Hhh8 (les deux derniers f. bl.). – Front. gr. s. c., réutilisant le cuivre utilisé pour 1 frontispice de I . 20 après avoir gratté la signature de Daret. Portr. gr. s. c. d’Urfé et d’Astrée et 12 pl. gr. s. c. réutilisant les cuivres des portr. et pl. de I . 20.
190• * Paris, BNF, Réserve des livres rares, Rés. Y2 . 1609 : rel. du temps en maroquin rouge aux chiffres couronnés de Louis XIV (plat supérieur) et Marie-Thérèse (plat inférieur), trois filets d’encadrement, dos orné d’un semé de petites fleurs de lys, tranches dorées ;
191• * Marseille, Bibliothèque municipale (Bibliothèque de l’Alcazar), 80173 (1) : exemplaire incomplet du cahier liminaire et du f. Hhh6 contenant la fin des tables, frontispice remplacé par le titre à encadrement gravé de I, 11. Demi-rel. basane du XXe siècle ;
192• Nombreux autres exemplaires.
Notes
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[1]
P. Koch, « Encore du nouveau sur L’Astrée », Revue d’histoire littéraire de la France, 72 (1972), p. 385-399.
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[2]
A. Sancier-Chateau, « Recherches sur les exemplaires des premières éditions de L’Astrée non identifiées à ce jour ou non répertoriées, et sur les différents états du texte », dans Langue, littérature du XVIIe et du XVIIIe siècle : mélanges offerts à M. le Prof. Frédéric Deloffre, éd. par Roger Lathuillère, Paris, SEDES, 1990, p. 25-38.
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[3]
Nous laissons volontairement de côté dans ce très rapide point bibliographique les pages de Roméo Arbour sur les éditions de L’Astrée dans la monographie qu’il a consacrée au libraire parisien Toussaint Du Bray (Un Éditeur d’œuvres littéraires au XVIIe siècle : Toussaint du Bray (1604-1636), Genève, Droz, 1992, p. 46-56) dans la mesure où le point de vue adopté n’est pas celui de la bibliographie matérielle, ordonné à une recherche de critique textuelle, mais celui d’une histoire sociale de la librairie parisienne au XVIIe siècle.
-
[4]
Sur les étapes et les enjeux de cette seconde histoire du texte d’Honoré d’Urfé, voir Delphine Denis, « Bergeries infidèles : les modernisations de L’Astrée (1678-1733) », communication au colloque Modernities, Oxford, 28-30 juin 2006, à paraître dans Seventeenth Century French Studies.
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[5]
Nous nous gardons d’inclure dans ce décompte les deux éditions perdues au format in-4o dont parle Anne Sancier-Chateau (« Recherches sur les exemplaires... », art. cité, p. 27 et Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 22-23), qui auraient paru en 1612 en plus de l’édition in-4o publiée cette année-là sous l’adresse de Jean Micard et connue quant à elle par deux exemplaires respectivement conservés à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France (Rés. Y2 . 723) et dans la collection Lebaudy à la Bibliothèque municipale de Versailles (Rés. Lebaudy in-4o 62). L’existence de ces deux éditions supplémentaires – l’une qui appartiendrait à une édition commune des deux premières parties publiée par Micard, l’autre à une édition annoncée « en trois parties » sous le nom de Du Bray – n’est en effet supputée que sur la foi du texte d’un procès du 5 mai 1617 : voir Paule Koch, « Encore du nouveau... », art. cité, p. 387. Or non seulement l’interprétation de ce texte, pour savoir de quels objets bibliographiques exactement il est question, est loin d’être sûre, mais la mention qui y est faite des formats d’édition, fondamentale pour pouvoir bien distinguer des éditions différentes, présente de trop grands risques d’erreur pour qu’on puisse fonder sur elle une connaissance bibliographique avec un raisonnable degré d’assurance. Notons d’ailleurs qu’en parlant d’éditions « imprimées » par Micard et par Du Bray, le texte de ce procès montre qu’on ne peut pas lui accorder de réelle confiance bibliographique : car Micard et Du Bray n’ont jamais possédé d’atelier d’imprimerie (voir R. Arbour, Un Éditeur d’œuvres littéraires..., op. cit., p. 116-117), mais, agissant uniquement comme « marchands libraires », ont délégué à d’autres le travail d’impression – notamment, pour les éditions de L’Astrée parues de 1607 à 1612, à Charles Chappelain.
-
[6]
Nous ne sommes parvenus à en retrouver que deux exemplaires, l’un à All Souls College à Oxford (Codrington Library, hh. 17 . 3), le second à la bibliothèque de l’Université d’Augsbourg (02/III . 11 . 8 . 586-2).
-
[7]
Telle est la conclusion à laquelle Anne Sancier-Chateau aboutit au terme d’un rapprochement entre les modifications du texte de la première partie apportées par l’édition dite de 1616 et les modifications introduites par Baro en 1627, après la mort d’Urfé, dans le texte de la quatrième partie : voir Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 406.
-
[8]
Voir ici même l’article de Jean-Dominique Mellot, « Le régime des privilèges et les libraires de L’Astrée », p. 206 sq.
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[9]
Contrairement à ce qu’écrit Roméo Arbour, qui affirme qu’ « entrées dans le domaine public en 1617, les deux premières parties du roman ne seront guère exploitées par d’autres libraires qu’après la mort de l’auteur en 1625 » (Un Éditeur d’œuvres littéraires..., op. cit., p. 52, n. 33), c’est bien dès l’échéance du privilège royal du 15 février 1610, accordé pour six ans à Micard et Du Bray pour la publication des deux premières parties de L’Astrée, que les éditions de ces dernières se multiplient : à Rouen chez Jean Boulley et Adrien Ouyn (deux éditions différentes en 1616 et 1618 et une troisième, non datée, postérieure à 1618), à Lyon chez Simon Rigaud (deux éditions différentes en 1616 et 1617) et chez Claude Morillon (édition de 1619 citée ci-dessus), à Paris chez Rémy Dallin en 1618 et chez Mathurin Hénault en 1624.
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[10]
Le léger flou de cette datation tient au fait que l’édition en question présente sur sa page de titre gravée une double date : le millésime 1615 apparaît en chiffres arabes au centre de la page tandis que dans le cartouche de la partie inférieure, l’adresse du libraire « À Paris chez Olivier de Varennes rue Sainct Jacques à la Victoire » est suivie, en chiffres romains, de la date « M . DC . XIIII ». Une possible explication est qu’il s’agit d’une édition imprimée à la fin de l’année 1614 et diffusée au début de l’année 1615 : on se sera contenté de mettre à jour la date qui apparaissait le plus manifestement, à la fois parce qu’elle était au centre de la page et parce qu’elle était aussi gravée en caractères sensiblement plus grands. L’autre explication est qu’il s’agit simplement d’une erreur du graveur dans l’inscription de la date en chiffres romains. Aussi a-t-on corrigé parfois celle-ci en la recouvrant d’un papillon portant lui aussi la date de 1615 : tel est le cas de l’exemplaire conservé à la bibliothèque d’All Souls College à Oxford (Codrington Library, hh. 17 . 2).
-
[11]
Signé van Hoochstraten, ce frontispice copie le titre gravé par Pierre Firens pour l’édition parisienne de la première partie publiée par Micard et Du Bray en 1610.
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[12]
Voir A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 23-24 ( « L’édition de 1616 : un nouvel état du texte » ) et p. 46 : « La première partie a été corrigée trois fois – en 1610, 1612, 1616 – et non pas deux comme il était dit jusqu’à présent ». Nous discuterons plus loin cette thèse, mais il est en tout cas certain que Maurice Magendie avait tort d’affirmer que « l’édition de 1647 est identique à celle de 1612 » (Du Nouveau sur L’Astrée, Paris, H. Champion, 1927, p. 41), de même qu’Hugues Vaganay écrivant, en tête de l’édition de la première partie qu’il a publiée en 1922 à Strasbourg dans la collection Bibliotheca Romanica, que « le texte de [l’édition publiée par Du Bray et Varennes en] 1621 est, dans une impression moins nette et sur un papier de qualité très inférieure, le même que celui de 1612 » (p. 13).
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[13]
Sur les principes (et les limites) de la méthode stemmatique appliquée à l’étude de la tradition manuscrite des textes, voir Leighton D. Reynolds et Nigel G. Wilson, D’Homère à Érasme : la transmission des classiques grecs et latins, éd. mise à jour par Pierre Petitmengin et trad. Claude Bertrand, Paris, Éd. du CNRS, 1988, p. 145-148, et l’exposé ancien de Paul Maas, Textkritik, 2e éd., Leipzig, B. G. Teubner, 1950, p. 5-9.
-
[14]
Cette distinction a été formulée pour la première fois par Walter Greg dans un article demeuré célèbre, « The rationale of copy-text », Studies in Bibliography, 3 (1950-1951), p. 19-36, à la p. 21 : « We need to draw a distinction between the significant, or as I shall call them “substantive”, readings of the text, those namely that affect the author’s meaning or the essence of his expression, and others, such in general as spelling, punctuation, word-division, and the like, affecting mainly its formal presentation, which may be regarded as the accidents, or as I shall call them “accidentals”, of the text ». Greg a ensuite nuancé ce propos, incontestablement trop rapide dans la définition des « accidents », mais la distinction a été légitimement maintenue et avalisée dans son principe.
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[15]
Pour un exposé méthodique plus complet, voir, en langue française, la toujours très utile synthèse de Roger Laufer, Introduction à la textologie : vérification, établissement, édition des textes, Paris, Larousse, 1972, en particulier p. 46-72.
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[16]
Sur la notion d’émission, voir Jeanne Veyrin-Forrer, « Fabriquer un livre au XVIe siècle », dans Histoire de l’édition française, sous la direction de Roger Chartier et Henri-Jean Martin, Paris, Promodis, 1982-1986, t. 1, p. 279-301, à la p. 295.
-
[17]
A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 73.
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[18]
Cette édition est connue par deux exemplaires : à celui qu’a découvert Anne Sancier-Chateau à la Bibliothèque nationale de France (département Littérature et art, Y2 . 7031), il faut ajouter un exemplaire à la bibliothèque municipale de Versailles (Rés. 8o E. 221e), qui est toutefois incomplet du cahier liminaire, auquel on a substitué le frontispice gravé et la page de titre (avec au verso le portrait d’Urfé gravé en 1619 par Isaac Briot d’après un dessin de Louis Beaubrun) de l’édition de Paris, Toussaint Du Bray, 1621.
-
[19]
Nous n’avons jusqu’à présent localisé d’exemplaire de cette édition de 1618 qu’à la bibliothèque municipale de Versailles (Rés. Lebaudy in-12 966).
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[20]
Voir J.-D. Mellot, art. cité, p. 208.
-
[21]
L’histoire éditoriale de L’Astrée n’est pas exempte d’autres curiosités de ce type : en 1634, 1637 et 1647 encore, Courbé et Sommaville font occasionnellement imprimer d’anciens privilèges de 1623 et 1627, éventuellement périmés, alors qu’ils ont obtenu le 11 janvier 1633 un privilège d’une durée de vingt ans. Voir J.-D. Mellot, art. cité, p. 218-219.
-
[22]
Sur la notion d’imposition, voir Jeanne Veyrin-Forrer, art. cité, p. 284-288, et Philip Gaskell, A New Introduction to Bibliography, Oxford, Oxford University Press, 1974, p. 78-117.
-
[23]
J.-F. Gilmont, Le Livre et ses secrets, Genève et Louvain, Droz, Université catholique de Louvain, 2003, p. 350 (« L’édition critique à partir d’imprimés anciens », p. 341-355).
-
[24]
Un exemplaire à l’adresse de François Pomeray est conservé à la bibliothèque municipale de Versailles (8o E. 228e), un exemplaire à l’adresse d’Olivier de Varennes à la bibliothèque municipale de Blois (F. 6771). Nous remercions M. Bruno Guigard, qui a très précisément décrit pour nous l’exemplaire de Blois.
-
[25]
Il s’agit du récit que fait Egide à Sylvie au livre XI pour lui raconter ce qu’il est advenu de Lygdamon, contraint d’épouser Amerine parce que celle-ci l’a pris pour un certain Lydias.
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[26]
Édition de 1607, f. 88 vo.
-
[27]
Sur ce dernier point en particulier, dater l’édition après 1621 permet de résoudre le problème relevé par Anne Sancier-Chateau, qui, sauf une occurrence isolée dans l’édition de 1610, n’a trouvé d’exemple de cette marque de modernisation dans aucune des éditions antérieures à 1633 à l’exception de l’édition « de 1616 », où elle apparaît en revanche massivement : voir Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 218.
-
[28]
Chanoine Odilon-C. Reure, La Vie et les œuvres de Honoré d’Urfé, Paris, Plon-Nourrit, 1910, p. 351.
-
[29]
H. Vaganay, « Essai de bibliographie sur les éditions de L’Astrée », dans H. d’Urfé, L’Astrée. Nouvelle édition publiée sous les auspices de la « Diana », Lyon, P. Masson, 1925-1928, t. 5, p. 551-561, p. 553-554.
-
[30]
Ce sont les deux cas de renforcement de la cohérence interne du récit que nous avons relevés dans l’édition de 1621. Voir ci-dessus, p. 240.
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[31]
Il va toutefois de soi que l’explicitation des redressements du texte ne doit concerner que les corruptions qu’on pourrait hésiter à prendre pour des variantes : il ne saurait être question de rendre compte des simples corrections de coquilles typographiques sans aucune conséquence, au risque d’émailler l’édition critique de notes parfaitement inutiles.
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[32]
A. Sancier-Chateau, Une Esthétique nouvelle..., op. cit., p. 406-407.
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[33]
H. Vaganay, « Essai de bibliographie... », art. cité, p. 553 : « Notre texte est celui de la troisième édition, 1612 ».
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[34]
Si Vaganay n’a pas fourni d’indications claires sur son travail éditorial dans l’édition lyonnaise des cinq parties du roman publiée de 1925 à 1928, il a été plus précis dans la note qui figure en tête de l’édition de la seule première partie qu’il avait publiée à Strasbourg en 1922. C’est là qu’il déclare s’être servi d’un exemplaire personnel « sans titre, que nous datons de 1616 : c’est une édition vraiment économique, à la typographie hérissée d’abréviations ».
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[35]
Voir la note qui figure en tête de cette édition, p. 12-13, et M. Magendie, Du Nouveau sur L’Astrée, op. cit., p. 29, n. 1.
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[36]
H. d’Urfé, L’Astrée. Nouvelle édition. Spécimen. 1re partie, livres I, II et III, Lyon, [1911].
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[37]
Ce recours a dû être d’autant plus ponctuel que Vaganay avait trop rapidement conclu à l’identité des textes de 1612 et de 1621.