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Article de revue

Roman pastoral et crise des valeurs dans la France du premier XVIIe siècle

Pages 209 à 219

Notes

  • [1]
    « L’Auteur à la bergère Astrée », L’Astrée, éd. Vaganay, Lyon, P. Masson, 1925-1928, p. 7-8. Toutes nos références au roman renvoient à cette édition. Lorsqu’il y a lieu, le volume et le livre sont indiqués en chiffres romains, la page en chiffres arabes.
  • [2]
    « Avertissement au lecteur », placé en tête de la quatrième partie, cité par H. Coulet, Le Roman jusqu’à la Révolution, Paris, A. Colin, 1967, vol. I, p. 144.
  • [3]
    I, I, p. 9.
  • [4]
    « L’Auteur à la bergère Astrée », p. 6.
  • [5]
    V, XII, p. 531.
  • [6]
    Historiettes, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1960, vol. I, p. 138.
  • [7]
    Ibid., p. 140.
  • [8]
    Ibid., p. 312-313.
  • [9]
    On sait qu’Honoré d’Urfé a par ailleurs composé des pastorales dramatiques. Il est significatif que celles-ci n’aient rencontré qu’un succès bien mince, au regard du succès de L’Astrée.
  • [10]
    Il y a bien sûr des exceptions. Ainsi de La Cour bergère d’André Mareschal, publiée par Toussaint Quinet en 1640.
  • [11]
    I, II, p. 48.
  • [12]
    On sait par ailleurs l’amitié qui lie Honoré d’Urfé à François de Sales. Tous deux se sont fréquentés dans le cadre de l’académie florimontane, fondée par F. de Sales et A. Favre à Annecy en 1606.
  • [13]
    Introduction à la vie dévote, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969, 3e partie, chap. XXV.
  • [14]
    François de Sales n’est pas le seul à insister sur la modestie de la mise vestimentaire. Richeome et Binet lui accordent une importance égale, comme le rappelle H. Brémond dans son Histoire littéraire du sentiment religieux, Paris, A. Colin, 1967, vol. I, p. 49-50 et 130.
  • [15]
    Introduction à la vie dévote, troisième partie, chap. XIX.
  • [16]
    Par dévotion civile, il faut entendre l’ensemble des discours et pratiques visant à encourager et accompagner ceux que leur vocation appelle à vivre chrétiennement sans pour autant quitter le monde. Sur la notion de dévotion civile, voir R. Murphy, Saint François de Sales et la civilité chrétienne, Paris, Nizet, 1964, p. 75-80.
  • [17]
    Ibid., troisième partie, chap. VIII. Le parallèle entre la douceur du style salésien et celle qu’appelle le décor pastoral a été établi par M. Fumaroli. Voir « Sous le signe de Protée », dans Précis de littérature française du XVIIe siècle, J. Mesnard (dir.), Paris, PUF, 1990, p. 65 sq.
  • [18]
    Traité de l’amour de Dieu, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969, livre X, chap. XI.
  • [19]
    III, IV, p. 217.
  • [20]
    II, II, p. 78.
  • [21]
    III, IV, p. 218.
  • [22]
    Traité de l’amour de Dieu, livre I, chap. VI. Sur l’influence du néo-platonisme dans la pensée dévote, voir H. Brémond, op. cit., p. 378 sq.
  • [23]
    I, XI, p. 441-442.
  • [24]
    IV, VI, p. 294.
  • [25]
    IV, VI, p. 297.
  • [26]
    II, X, p. 412.
  • [27]
    III, V, p. 242.
  • [28]
    Traité de l’Amour de Dieu, livre IX, chap. II.
  • [29]
    Sur la paideia entendue comme enseignement moral véhiculé, illustré et reformulé par les textes classiques de la tradition humaniste, voir E. Bury, Littérature et politesse, Paris, PUF, 1996.
  • [30]
    Cité par R. Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Genève, Slatkine repr., 1983, p. 64.
  • [31]
    I, II, p. 48.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Voir à ce sujet la préface de Jean Lafond à son édition des extraits de L’Astrée, Gallimard, « Folio », p. 22-25, et Claude-Gilbert Dubois, Celtes et Gaulois au XVIe siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste, Paris, Vrin, 1972. Le parallélisme entre la religion des bergers du Forez et le christianisme est particulièrement évident dans les exposés théologiques du druide Adamas. La triade Hésus, Tharamis, Belenus démarque, dans le contexte pseudo-celtique du roman, la Trinité. De même, la figure de la mère du Dieu homme adorée dans le temple des Carnutes rappelle-t-elle la Vierge. Voir l’exposé d’Adamas en II, VIII, p. 324 sq.
  • [34]
    II, VIII, p. 316.
  • [35]
    Ibid., p. 317. Les majuscules sont dans le texte.
  • [36]
    On connaît à ce propos l’article de G. Genette intitulé « Le serpent dans la bergerie », publié dans Figures I, Paris, Seuil, « Points », 1966. Genette insiste sur le décalage entre les principes dont se réclament les bergers et certains épisodes. À ce sujet, voir également L. Horowitz, « 1619 – Le Roman pastoral », dans De la littérature française, éd. D. Hollier, Paris, Bordas, 1989, p. 254, et S. W. Tiefenbrun, Signs of the hidden. Semiotic Studies, Amsterdam, Rodopi, 1980, p. 58.
  • [37]
    III, IV, p. 205.
  • [38]
    I, p. 386.
  • [39]
    IV, p. 57.
  • [40]
    Introduction à la vie dévote, troisième partie, chap. XXXVIII.
  • [41]
    II, X, p. 403.
English version

1Des bergers enrubannés, à l’expression verbale recherchée ? Des troupeaux dont la garde ne requiert aucun effort ? Des prairies, des sous-bois et des hameaux toujours épargnés par la tempête ? À qui serait tenté de lui reprocher l’invraisemblance de son roman, Honoré d’Urfé rétorque :

Mais ce qui m’a fortifié davantage en l’opinion que j’ai, que mes bergers et bergères pouvaient parler de cette façon sans sortir de la bienséance des bergers, ça a été que j’ai vu ceux qui en représentent sur les théâtres, ne leur faire pas porter des habits de bureau, des accoutrements mal faits, comme les gens de village les portent ordinairement. Au contraire, s’ils leur donnent une houlette dans la main, elle est peinte et dorée, leurs jupes sont de taffetas, leur panetière bien troussée, et quelquefois faite de toile d’or ou d’argent [...]. [1]

2Nous voici donc prévenus au seuil du premier livre : L’Astrée est bien un roman, mais un roman conçu comme une pièce de théâtre. Il n’est d’ailleurs que de se reporter à ce qu’affirme Balthazar Baro, lorsque, au début du quatrième livre, celui-ci dit avoir scrupuleusement suivi le plan initial de d’Urfé, pour mener à bien l’ouvrage demeuré inachevé à la mort de l’auteur :

[Honoré d’Urfé] voulait faire de toute son œuvre une tragi-comédie pastorale, et [...], comme nos Français ont accoutumé de les disposer en cinq actes, chaque acte composé de diverses scènes, il voulait de même faire cinq volumes composés de douze livres, afin que chaque volume fût pris pour un acte et chaque livre pour une scène. [2]

3De fait, le découpage de L’Astrée en volumes-actes et livres-scènes en fait une longue représentation dramatique, élargie pour l’occasion aux dimensions d’un roman-fleuve. Et ce n’est pas tout. Au découpage de l’œuvre répondent, de l’intérieur de la fiction, un ensemble de notations qui font du monde qui s’y trouve évoqué un vaste théâtre.

4Ainsi, les bergers et les bergères qui évoluent sur les bords du Lignon sont-ils pleinement conscients de composer une troupe. L’habit qu’ils ont revêtu et qui définit aux yeux de tous – lecteurs d’hier et d’aujourd’hui, aussi bien que personnages de chevaliers et de nymphes qui les côtoient dans le texte – leur identité pastorale tient du costume, et leurs houlettes et panetières de l’accessoire de scène. Tous font un personnage de berger qu’ils ont délibérément choisi de faire. À la nymphe Galathée qui l’interroge sur la société à laquelle il appartient, Céladon rappelle justement que ce sont ses ancêtres qui, les premiers, ont voulu cette panoplie que lui et les siens ont depuis lors soigneusement conservée, transformant leur existence en un jeu de rôle permanent. De même que le roman tient tout entier dans les cinq actes que constituent ses parties successives, de même la vie des bergers de L’Astrée se résume à l’adoption d’un rôle. D’où, bien sûr, l’artificialité – voulue – des situations, le caractère ritualisé des faits et gestes accomplis par les protagonistes et leur relative indifférenciation en termes d’apparence physique.

5D’où aussi les nombreuses notations concernant le décor naturel, véritable théâtre de verdure au sein duquel se nouent de multiples drames. On ne compte plus les remarques rappelant aux lecteurs que le Forez est une région à part « ceinte, comme d’une muraille, des monts assez voisins » [3], et que, par conséquent, les événements qui s’y déroulent appartiennent à un ordre de réalité différent. À ces remarques générales viennent s’ajouter de plus particulières qui ont pour effet de distribuer l’espace en tableaux successifs : ici, un sous-bois, là une source, là une grotte, là encore un tronc creux. Mises bout à bout, ces remarques constituent autant d’indications scénographiques transformant le Forez en un véritable plateau, organisé de façon à abriter les parties d’un drame. D’Urfé ne précise-t-il d’ailleurs pas que ses personnages ont le Forez « pour théâtre » [4] ? À quoi Baro fait, là encore, fidèlement écho, en rappelant aux lecteurs que les bergers ne veulent « point de plus petit théâtre que la plaine du Forez pour la représentation de cette tragi-comédie » [5].

6Enfin, il est significatif que les premiers lecteurs de L’Astrée se soient empressés de reconduire, dans la réalité, le caractère dramatique du monde évoqué dans le roman. Céladon, Astrée et leurs semblables font un personnage de berger ? Voici qu’à leur tour, ces lecteurs s’efforcent de composer une figure pastorale et d’évoluer dans un décor idyllique. À en croire Tallemant des Réaux, Vauquelin des Yveteaux aime ainsi prendre des poses dans son jardin :

Tantôt il était vêtu en satyre, tantôt en berger, tantôt en dieu, et obligeait sa nymphe à s’habiller comme lui. Il représentait quelquefois Apollon, qui court après Daphné, et quelquefois Pan et Syringue. [6]

7L’exercice est d’ailleurs compliqué et suppose une garde-robe proportionnelle au nombre de figures à incarner. Témoin la malheureuse qui s’était mis en tête de donner la réplique à Vauquelin :

Il fallait savoir du bonhomme tous les matins comment elle se coifferait, à la grecque, à l’espagnole, à la romaine, à la française, etc. ; quel habit elle prendrait ; si elle serait reine ou déesse, nymphe ou bergère ! [7]

8Le cas est loin d’être isolé. L’activité pastorale du cardinal de Lyon revêt parfois un tour inattendu, puisque, au cœur du Lyonnais, « en un lieu où il y avait bonne compagnie [...], il se déguisa comme les autres, et fit déguiser toutes les dames en bergères » [8].

9C’est dire si le roman d’Honoré d’Urfé mérite d’être pensé dans son rapport au geste dramatique. Que ce soit en amont, à l’intérieur ou en aval de l’œuvre, ce geste réapparaît et intrigue. Quelle peut bien en être la portée ? Dans quelles directions pointe-t-il ? Pourquoi apparaît-il dans et autour d’un roman, plutôt qu’au théâtre [9] ? Répondons d’emblée par une formule que les pages suivantes auront à charge d’illustrer et de développer : L’Astrée est un roman expérimental du geste théâtral et de ses implications morales.

10De fait, l’inscription du geste théâtral dans le discours romanesque permet tout d’abord d’attirer l’attention du lecteur sur ce geste même en lui attachant explicitement un ensemble de valeurs. Contrairement aux bergers qui apparaissent au théâtre et pour lesquels il semble tout naturel de porter chapeau, panetière et houlette [10], ceux qui s’expriment dans L’Astrée rappellent à qui veut l’entendre l’histoire de leurs ancêtres. Or cette histoire commence précisément avec le geste fondateur de leur société, geste dramatique s’il en est, puisqu’il consiste à opter pour un déguisement :

Il y a plusieurs années, que d’un accord général, tous ceux qui étaient le long des rives de Loire, de Lignon, de Furan, d’Argent, et de toutes ces autres rivières [...], s’assemblèrent dans cette grande plaine, qui est autour de Montverdun, et là, d’un mutuel consentement, jurèrent tous de fuir à jamais toute sorte d’ambition [...], et de vivre, eux et les leurs, avec le paisible habit de berger. [11]

11Retrait des affaires, rejet de l’ambition, souci de la paix sont donc au cœur du contrat social qui lie entre eux les bergers de d’Urfé. De leur choix vestimentaire et des principes qu’il suppose, ceux-ci semblent d’ailleurs n’avoir jamais eu qu’à se féliciter, puisque partout ailleurs que chez eux règnent l’injustice, la violence et la barbarie. Jouer aux bergers comme le font Astrée, Céladon, Phillis et tous leurs semblables, c’est quitter délibérément le monde, pour adopter un mode de vie exemplaire, présenté dans le roman comme enviable.

12En quoi les bergers de L’Astrée offrent l’image d’une société qui aurait fait siennes les valeurs prônées par François de Sales et la dévotion civile. Car la douceur et l’humilité qui prévalent sur les bords du Lignon font précisément écho aux recommandations que Monsieur de Genève adresse à ses ouailles, dans les années mêmes où L’Astrée fait fureur [12] :

Tenez-vous toujours, tant qu’il vous sera possible, du côté de la simplicité et modestie, qui est le plus grand ornement de la beauté [...]. Pour moi, je voudrais que mon dévot et ma dévote fussent toujours les mieux habillés de la troupe, mais les moins pompeux et affétés, et [...] qu’ils fussent parés de grâce, bienséance et dignité. [13]

13De même que François de Sales doit donner de la religion une image aimable qui n’effarouche pas ceux et celles qui sont appelés à vivre chrétiennement sans renoncer au monde, de même Honoré d’Urfé donne à ses personnages des atours qui signifient l’humilité mais qui ne sacrifient pas pour autant la distinction. Cet idéal d’élégance et de discrétion, le costume de berger revêtu par les ancêtres de Céladon et Astrée permet en somme aux personnages de L’Astrée de l’incarner dans la fiction. Ni trop ostentatoire, ni trop modeste, ce costume rappelle constamment à ceux qui le portent le sens de leur appartenance à la communauté pastorale, on pourrait presque dire le sens de leur vocation [14]. De la sorte, les bergers du Forez ont constamment sous les yeux les insignes de leur humble dignité. L’aspect de chacun d’eux signale aux autres le personnage qu’il convient de faire dans l’existence, conformément à un principe d’émulation que l’on retrouve dans la pensée salésienne :

Plusieurs vous diront peut-être qu’il ne faut avoir aucune sorte de particulière affection et amitié, d’autant que cela occupe le cœur, distrait l’esprit, engendre les envies : mais ils se trompent en leurs conseils ; [...] mais quant à ceux qui sont entre les mondains et qui embrassent la vraie vertu, il leur est nécessaire de s’allier les uns aux autres par une sainte et sacrée amitié ; car par le moyen d’icelle ils s’animent, ils s’aident, ils s’entreportent au bien. [15]

14De fait, le mode de vie des bergers de L’Astrée répond assez bien aux exigences de la dévotion civile [16]. C’est qu’à l’hospitalité qui leur fait toujours accueillir à bras ouverts les étrangers de passage s’ajoute l’attention réciproque qu’ils se manifestent. Celle-ci s’exprime plus particulièrement à l’occasion des longues conversations qu’ils ont sur la meilleure façon d’aimer. Les conseils qu’ils se dispensent à ce sujet, les opinions subtiles qu’ils échangent leur permettent alors de progresser ensemble sur la voie du parfait Amour. Chacun raconte donc son histoire particulière, afin que tous puissent en tirer quelque enseignement profitable. Car il « ne faut pas seulement avoir la douceur du miel, qui est aromatique et odorant, c’est-à-dire la suavité de la conversation civile avec les étrangers, mais aussi la douceur du lait entre les domestiques et proches voisins [...] » [17].

15On connaît les effets de cette conversation doucereuse sur la façon d’aimer des bergers. En la matière, vertu, mérite, discrétion, modestie caractérisent un idéal comportemental que tous ou presque s’efforcent d’abord de définir, puis d’atteindre par des voies parfois différentes mais qui finissent néanmoins par converger. Le néo-platonisme dont sont empreintes de nombreuses pages du roman donne à l’amour que se portent Diane et Silvandre, Astrée et Céladon, ou encore Calidon et Célidée un ton qui rappelle celui des directeurs de conscience soucieux de sanctifier les attachements terrestres de leurs ouailles. Si pour François de Sales, il faut « aimer Dieu en l’homme ou l’homme en Dieu [...], chérir Dieu seul pour l’amour de lui-même, et la créature pour l’amour d’icelui » [18], pour le grand druide Adamas qui conduit les âmes en Forez, il faut apprendre à « aimer Dieu en ses créatures, et les créatures en Dieu » [19]. Tous deux font de la beauté sensible une émanation de Dieu, un « rayon qui s’élance de lui sur toutes les choses créées » [20]. Tous deux voient dans l’amour un principe et une fin. Pour l’un Dieu, dans son amour, « a fait toute chose pour l’amour » [21] ; pour l’autre « Dieu, ayant créé l’homme à son image et semblance, veut que, comme en lui, tout y soit ordonné par et pour l’amour » [22].

16Or, significativement, Adamas commente précisément les actions des bergers et bergères du Lignon en termes dramatiques, donnant ainsi au geste fondateur de la prise d’habit une signification transcendante :

Tout ainsi que l’ouvrier se joue de son œuvre et en fait comme il lui plaît, de même les grands dieux, de la main desquels nous sommes formés, prennent plaisir à nous faire jouer sur le théâtre du monde le personnage qu’ils nous ont élu. [23]

17Voici donc ceux qui ont pris la houlette investis d’un sens qui les dépasse et que les lecteurs sont indirectement invités à savoir déchiffrer dans leurs actions. Des balises sont d’ailleurs savamment disposées dans le texte pour les guider dans cette tâche. Tomante est-il épris de Delphire que courtise aussi Filinte ? C’est que « le Ciel voulut donner connaissance à ce jeune berger qu’il ne l’avait fait naître que pour vivre au service de cette belle fille [...] » [24]. Voit-il soudain Filinte s’éloigner ? « Il sembla que le Ciel voulût favoriser le dessein de Tomantes, en lui ôtant ce rival qui ne lui était pas peu ennuyeux » [25]. Bellinde aime-t-elle Célion ? « Le Ciel a fait naître sa passion » [26].

18C’est dire que le ballet des couples est réglé par une volonté supérieure que l’enchaînement des épisodes successifs traduit dans la disposition d’ensemble du roman. De même que cette disposition d’ensemble n’apparaît au lecteur qu’une fois l’œuvre lue dans sa totalité, de même les bergers doivent-ils s’en remettre avec confiance à la sagesse divine, en attendant que celle-ci se révèle dans toute sa profondeur. À Céladon qui dans son malheur doute, Adamas rappelle

19qu’il [Dieu] ne commande jamais que ce qui est juste et louable, et quoi que l’ignorance humaine fasse quelquefois juger le contraire, nous voyons toujours qu’à la fin celui qui ne se départ point de ce qu’il ordonne, surmonte toutes difficultés, et éclaircit tous ces petits doutes qui pouvaient obscurcir la gloire de ses actions [....]. [27]

20L’expérience de la lecture donne alors forme à la leçon que François de Sales adresse à ses fidèles dans des termes très proches de ceux du grand druide :

Les afflictions sont comme cela : si nous les regardons hors de la volonté de Dieu, elles ont leur amertume naturelle ; mais qui les considère en ce bon plaisir éternel, elles sont toutes d’or, aimables et précieuses plus qu’il ne se peut dire. [28]

21Dans L’Astrée, la médiatisation du dramatique par le romanesque donne donc à la panetière tout son poids. Alors que les bergers des pastorales dramatiques dont d’Urfé s’est inspiré ne paraissent pas conscients d’avoir opté pour un style de vie particulier, alors que de leur côté les lecteurs enthousiastes de L’Astrée ne peuvent se livrer au travestissement pastoral que le temps d’une mascarade, les protagonistes du roman, eux, savent et disent qu’ils représentent, pour la vie, un système de valeurs bien précis. De même que les dévots s’engagent à faire de la totalité de leur existence un témoignage visible de leur appartenance à Dieu, Céladon et tous les siens s’engagent, en prenant l’habit pastoral, à faire de leur vie toute entière un théâtre permanent que le discours romanesque décrit, commente et évalue. Aux lecteurs, ce théâtre laisse entendre que les personnages principaux de L’Astrée incarnent des principes moraux que le roman a pour fonction d’illustrer, conformément aux principes de la paideia humaniste qui voit dans la littérature un vaste répertoire proposant aux lecteurs autant de modèles de vie exemplaires [29].

22Il reste que le mode de vie dramatique des bergers ne fait pas que le jeu des valeurs religieuses. Il s’en faut même de beaucoup. Prendre l’habit pastoral permet sans doute de composer un personnage dont les lettres de noblesse remontent aux rois-bergers de l’Ancien Testament et à la figure divinement humble du Bon Berger, mais c’est aussi s’inscrire dans la lignée de Pan, figure emblématique du paganisme dont le retour est toujours à craindre à l’heure où la libre-pensée et le libertinage de mœurs le disputent à la dévotion.

23Pour Guez de Balzac, en effet, « le grand Pan est mort par la naissance du Fils de Dieu, ou plutôt par celle de sa doctrine : il ne faut pas le ressusciter » [30]. Tous les bergers qui dans L’Astrée s’adressent à lui plutôt qu’au Ciel font donc du théâtre sur lequel ils évoluent un espace foncièrement ambivalent. Remarquons à ce propos que la décision même des ancêtres de Céladon de « vivre eux et les leurs avec le paisible habit de berger » [31] n’est pas exempte d’ambiguïté. Officiellement, c’est après « avoir bien reconnu les incommodités que l’ambition d’un peuple nommé Romain faisait ressentir à leurs voisins pour le désir de dominer » [32] qu’ils se retirent en Forez. Le geste fondateur de leur société exprime donc une volonté déclarée d’échapper à l’hégémonie romaine. Mais quelle puissance cette hégémonie représente-t-elle donc ? La Rome antique et sa vaine grandeur ? Sans doute, et le Forez apparaît alors, au cœur de l’ancienne Gaule, comme le berceau d’une religion préfigurant étrangement le christianisme de la France moderne [33]. En en faisant le lieu de l’action principale, d’Urfé se donne donc les moyens d’évoquer indirectement les pratiques religieuses de son temps en projetant celles-ci dans un passé mythique. Mais ne peut-on pas aussi bien reconnaître dans le rejet de l’hégémonie romaine l’expression d’une aspiration à se dégager des contraintes imposées par l’orthodoxie religieuse auxquelles le seul nom de Rome est associé dans les premières années du XVIIe siècle ? Plusieurs indices le suggèrent.

24Tout d’abord, il faut relever le fait qu’à l’heure où commence le récit, le geste fondateur de la société pastorale est présenté comme un héritage du passé, si bien qu’une distance s’établit entre les valeurs que la société pastorale est censée représenter et les pratiques actuelles des bergers. Certes, Astrée, Céladon, Diane et Silvandre ont décidé de garder l’habit pris par leurs ancêtres, comme ils ont décidé de renouveler le serment jadis formulé par ceux-ci d’éviter soigneusement toute forme d’ambition. Mais ils n’en appartiennent pas moins à une autre génération pour laquelle jouer aux bergers se révèle parfois bien contraignant. Car rien ne ressemble plus à un berger de pastorale qu’un autre berger de pastorale, les très nombreux quiproquos qui parsèment l’intrigue le disent bien, tout comme les nombreux effets de redoublement et de parallélisme rapprochant jusqu’à la quasi-confusion les parcours des divers protagonistes. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement dans une société où l’identité repose une fois pour toutes sur l’emprunt par tous d’un costume commun ? Il y va de la survie même de cette société et des valeurs qu’elle incarne.

25Aussi ne faut-il pas s’étonner si dans cette société les écarts de conduite sont surveillés de près et si les bergers tentent de se soustraire tant bien que mal à l’ordre commun. Significativement, lorsque Céladon se réfugie dans les bois après avoir été banni de la présence d’Astrée, Adamas fait tout pour le ramener sur la scène où paraissent d’habitude ses semblables. L’argumentation qu’il utilise à cet effet est d’ailleurs intéressante ; elle met l’accent sur les plans que le Dieu Tharamis a pour Céladon :

Vous êtes né, Céladon, à quelque chose de meilleur [...], [vous] que le grand Tharamis a particulièrement doué de la raison, ne serez-vous condamné par son infaillible jugement si à la nécessité vous ne produisez les effets qu’il attend de vous ? S’il a mis quantité de troupeaux et de pâturages sous votre charge, pensez-vous n’être pas obligé de lui en rendre compte ? [...] Et comment pensez-vous être raisonnable, puisqu’en l’âge où vous êtes, sans souci de vos troupeaux, de vos parents ni de vos amis, vous vivez dans les antres écartés [...], et sans vous prévaloir en cette occasion des remèdes que ce grand Dieu a remis entre vos mains. [34]

26Or précisément, ce prêche rencontre, de la part de Céladon, une forte résistance :

Fasse de moi Tharamis tout ce qu’il lui plaira, que mes troupeaux deviennent ce qu’ils pourront. Que mes parents et amis se plaignent et aient de moi telle opinion qu’ils voudront, ils doivent être tous satisfaits et contents de moi quand je leur dirai pour toute raison que J’AIME. [35]

27Dès lors, il ne reste plus au grand druide qu’à composer comme il peut avec les exigences d’indépendance du berger. On connaît le stratagème qui lui vient alors à l’esprit : à Céladon, il propose de se travestir en fille-druide pour revenir vivre auprès d’Astrée, sans pour autant contrevenir à l’ordre formulé par la bergère de ne jamais réapparaître à ses yeux qu’elle ne le lui ait commandé. Pour un directeur de conscience, c’est assez osé !

28Le retour de Céladon dans la communauté pastorale se fait donc sur la base d’un drôle de compromis qui complique singulièrement les valeurs attachées à la houlette : en tant qu’il accepte de rejoindre la société pastorale et de se conformer aux plans divins, Céladon fait le jeu d’Adamas et, indirectement, de la dévotion civile. Mais en tant qu’il suppose un travestissement dont on a souvent relevé la charge érotique [36], le retour de Céladon dans le giron d’Adamas prend une tonalité libertine. Sans doute n’évolue-t-on pas librement sur le théâtre de verdure que forme la plaine du Forez. Mais on peut toujours y négocier des arrangements avec le Ciel.

29On ne s’étonnera donc pas que la volonté affichée de fuir toute ambition et de mener une vie humble et digne se confonde parfois avec un goût un peu trop prononcé de l’indépendance pour pouvoir vraiment répondre aux valeurs de la dévotion civile. En témoignent les motivations qui ont conduit certains à rejoindre la communauté des bergers. Ces motivations répondent parfois davantage à l’hédonisme qu’à l’esprit de simplicité prêché par François de Sales. Daphnide a peut-être obéi au Ciel en rejoignant la communauté des bergers à la suite d’un oracle qui lui enjoignait de se rendre en Forez ; en réalité elle obéit surtout à sa curiosité et à son souci de tranquillité personnelle :

Je vous avouerai bien que l’une des principales raisons qui me le fit faire fut [...] la curiosité de voir s’il était vrai que cette contrée fût si heureuse, ou plutôt ceux qui y habitaient [...]. Car l’on me disait des merveilles du lieu, de la douceur de l’air, de la quantité des rivières et du bien qu’elles rapportaient, soit à la félicité des campagnes, soit à l’abondance des poissons. Mais, quand on me racontait la douce vie des bergers de Loire, du Furan, d’Argent et de Serant, mais surtout de Lignon, je demeurais ravie et étonnée [...]. Pour savoir donc si cette renommée était véritable, je consentis à ce voyage. Et, parce que nous sûmes que presque tous y allaient vêtus en façon de bergers et bergères [...], nous nous déguisâmes de la sorte que vous nous voyez [...] pour n’être point obligées à traîner une plus grande suite de personnes après nous. [37]

30Le Forez apparaît alors moins comme le lieu où la religion primitive des Gaulois subsiste dans toute sa pureté et en dépit de l’influence romaine que comme un espace où s’affranchir des contraintes. Et de fait, aux yeux des visiteurs de passage, « il n’y a rien dans les villes, qui égale la franchise et la liberté de ces villages » [38]. Ceux qui y vivent jouissent d’une « honnête liberté » [39].

31Encore est-ce trop peu dire, car l’ « honnêteté » qui caractérise la conversation des bergers du Lignon, loin de toujours engager ceux-ci sur le chemin d’une civilité aux accents salésiens, les conduit aussi sur les sentiers de la libre pensée. On connaît l’importance du personnage fait par Hylas, lequel défend ouvertement des thèses libertines. Le désir seul est sa loi ; rien ni personne ne saurait le retenir. Parmi ses très nombreuses conquêtes se comptent entre autres Florice, Cloris, Aymée, Carlis, Stilliane, Cyrcène et Dorinde. C’est dire que le personnage, tout berger qu’il est, est loin de composer une figure répondant aux principes dévots ! Or Hylas est écouté des autres bergers, même si ceux-ci ne partagent pas son point de vue. Bien mieux : ses réparties, ses frasques même divertissent et font sourire toute la troupe de ses semblables.

32Rien de plus significatif à cet égard que l’épisode dans lequel les bergers et bergères les plus honnêtes découvrent en sa compagnie et à l’occasion d’une promenade les douze tables des lois d’Amour dont les préceptes définissent l’attitude de l’amant parfait. Les articles de ces tables n’ont pour fin que l’apologie de l’honnêteté dans les relations amoureuses : seuls comptent l’honneur, la fidélité et le respect de l’amant pour sa Dame. Pour un peu, ces articles dessinent le portrait de l’amant idéal qui apparaît en creux dans les recommandations que François de Sales adresse à Philothée :

Mais vous, ô femmes, desquelles l’honneur est inséparablement conjoint avec la pudicité et honnêteté, conservez jalousement votre gloire et ne permettez qu’aucune sorte de dissolution ternisse la blancheur de votre réputation. [40]

33Cependant, Hylas modifie les articles des douze tables des lois d’Amour dans le dos des autres bergers, de façon à ce que ces articles répondent à son credo personnel : seuls comptent l’inconstance, le plaisir, la liberté. Son geste est donc grave, puisqu’il touche au code même qui règle les comportements amoureux et définit en la matière les valeurs auxquelles les bergers veulent croire et qu’ils sont supposés incarner. Et pourtant, ceux-ci se bornent à éclater de rire, dès la supercherie d’Hylas découverte, et ne lui infligent pas d’autre châtiment que celui d’effacer ses rajouts et de rétablir les articles dans leur version originale. Il faut croire qu’ils ont su apprécier son geste et que leur bonne humeur suffit à en désamorcer la gravité.

34La scène que dresse le roman de d’Urfé offre ainsi le spectacle d’une troupe interprétant fidèlement le texte qu’elle est censée représenter, mais qui sait aussi bien adapter ce texte à ses besoins propres lorsqu’elle le veut. La mise à distance du geste théâtral par la narration romanesque fait alors apparaître l’un des enjeux de la tragi-comédie qu’Honoré d’Urfé voulait offrir à ses lecteurs en composant L’Astrée : en tant qu’il traduit visiblement les intentions de la divinité comme le prétend Adamas, ce jeu renvoie à un principe transcendant ; mais en tant qu’il est conduit par les bergers eux-mêmes, il ne renvoie qu’à la capacité des êtres à décider pour eux-mêmes. Car à la détermination de Céladon qui force le grand druide à trouver un compromis dont l’honnêteté est pour le moins discutable, la déclaration d’indépendance formulée par Astrée fait symétriquement écho :

Je vous jure et promets [...] qu’il n’y a [...] ni ordonnance du Ciel ni contraintes de la terre qui me fasse jamais aimer autre que Céladon, ni qui puisse m’empêcher que je l’aime toujours. [41]

35Que les amants soient finalement réunis dans la continuation écrite par Baro laisse donc ouverte la question de savoir à qui ils doivent ce bonheur. Si leur histoire est exemplaire, c’est en somme qu’elle annule la distance entre Ciel et Terre. Le cardinal de Lyon et Vauquelin des Yveteaux, l’homme d’Église et le libertin, peuvent alors jouer tous deux aux bergers, comme nous le rappelle Tallemant : dans leur folie commune, chacun d’eux reste cohérent avec les valeurs qu’il entend représenter.


Date de mise en ligne : 01/05/2008.

https://doi.org/10.3917/dss.022.0209

Notes

  • [1]
    « L’Auteur à la bergère Astrée », L’Astrée, éd. Vaganay, Lyon, P. Masson, 1925-1928, p. 7-8. Toutes nos références au roman renvoient à cette édition. Lorsqu’il y a lieu, le volume et le livre sont indiqués en chiffres romains, la page en chiffres arabes.
  • [2]
    « Avertissement au lecteur », placé en tête de la quatrième partie, cité par H. Coulet, Le Roman jusqu’à la Révolution, Paris, A. Colin, 1967, vol. I, p. 144.
  • [3]
    I, I, p. 9.
  • [4]
    « L’Auteur à la bergère Astrée », p. 6.
  • [5]
    V, XII, p. 531.
  • [6]
    Historiettes, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1960, vol. I, p. 138.
  • [7]
    Ibid., p. 140.
  • [8]
    Ibid., p. 312-313.
  • [9]
    On sait qu’Honoré d’Urfé a par ailleurs composé des pastorales dramatiques. Il est significatif que celles-ci n’aient rencontré qu’un succès bien mince, au regard du succès de L’Astrée.
  • [10]
    Il y a bien sûr des exceptions. Ainsi de La Cour bergère d’André Mareschal, publiée par Toussaint Quinet en 1640.
  • [11]
    I, II, p. 48.
  • [12]
    On sait par ailleurs l’amitié qui lie Honoré d’Urfé à François de Sales. Tous deux se sont fréquentés dans le cadre de l’académie florimontane, fondée par F. de Sales et A. Favre à Annecy en 1606.
  • [13]
    Introduction à la vie dévote, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969, 3e partie, chap. XXV.
  • [14]
    François de Sales n’est pas le seul à insister sur la modestie de la mise vestimentaire. Richeome et Binet lui accordent une importance égale, comme le rappelle H. Brémond dans son Histoire littéraire du sentiment religieux, Paris, A. Colin, 1967, vol. I, p. 49-50 et 130.
  • [15]
    Introduction à la vie dévote, troisième partie, chap. XIX.
  • [16]
    Par dévotion civile, il faut entendre l’ensemble des discours et pratiques visant à encourager et accompagner ceux que leur vocation appelle à vivre chrétiennement sans pour autant quitter le monde. Sur la notion de dévotion civile, voir R. Murphy, Saint François de Sales et la civilité chrétienne, Paris, Nizet, 1964, p. 75-80.
  • [17]
    Ibid., troisième partie, chap. VIII. Le parallèle entre la douceur du style salésien et celle qu’appelle le décor pastoral a été établi par M. Fumaroli. Voir « Sous le signe de Protée », dans Précis de littérature française du XVIIe siècle, J. Mesnard (dir.), Paris, PUF, 1990, p. 65 sq.
  • [18]
    Traité de l’amour de Dieu, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969, livre X, chap. XI.
  • [19]
    III, IV, p. 217.
  • [20]
    II, II, p. 78.
  • [21]
    III, IV, p. 218.
  • [22]
    Traité de l’amour de Dieu, livre I, chap. VI. Sur l’influence du néo-platonisme dans la pensée dévote, voir H. Brémond, op. cit., p. 378 sq.
  • [23]
    I, XI, p. 441-442.
  • [24]
    IV, VI, p. 294.
  • [25]
    IV, VI, p. 297.
  • [26]
    II, X, p. 412.
  • [27]
    III, V, p. 242.
  • [28]
    Traité de l’Amour de Dieu, livre IX, chap. II.
  • [29]
    Sur la paideia entendue comme enseignement moral véhiculé, illustré et reformulé par les textes classiques de la tradition humaniste, voir E. Bury, Littérature et politesse, Paris, PUF, 1996.
  • [30]
    Cité par R. Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Genève, Slatkine repr., 1983, p. 64.
  • [31]
    I, II, p. 48.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Voir à ce sujet la préface de Jean Lafond à son édition des extraits de L’Astrée, Gallimard, « Folio », p. 22-25, et Claude-Gilbert Dubois, Celtes et Gaulois au XVIe siècle. Le développement littéraire d’un mythe nationaliste, Paris, Vrin, 1972. Le parallélisme entre la religion des bergers du Forez et le christianisme est particulièrement évident dans les exposés théologiques du druide Adamas. La triade Hésus, Tharamis, Belenus démarque, dans le contexte pseudo-celtique du roman, la Trinité. De même, la figure de la mère du Dieu homme adorée dans le temple des Carnutes rappelle-t-elle la Vierge. Voir l’exposé d’Adamas en II, VIII, p. 324 sq.
  • [34]
    II, VIII, p. 316.
  • [35]
    Ibid., p. 317. Les majuscules sont dans le texte.
  • [36]
    On connaît à ce propos l’article de G. Genette intitulé « Le serpent dans la bergerie », publié dans Figures I, Paris, Seuil, « Points », 1966. Genette insiste sur le décalage entre les principes dont se réclament les bergers et certains épisodes. À ce sujet, voir également L. Horowitz, « 1619 – Le Roman pastoral », dans De la littérature française, éd. D. Hollier, Paris, Bordas, 1989, p. 254, et S. W. Tiefenbrun, Signs of the hidden. Semiotic Studies, Amsterdam, Rodopi, 1980, p. 58.
  • [37]
    III, IV, p. 205.
  • [38]
    I, p. 386.
  • [39]
    IV, p. 57.
  • [40]
    Introduction à la vie dévote, troisième partie, chap. XXXVIII.
  • [41]
    II, X, p. 403.
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