Diogène 2001/2 n° 194

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Article de revue

Penser les recompositions identitaires dans les pays postcommunistes

Pages 5 à 18

Notes

  • [*]
    Cet article intègre les commentaires réalisés par la discutante de cette séance, Hélène Desbrousses, qui est chaleureusement remerciée pour sa contribution qui m’a permis de préciser plus particulièrement les attendus du titre de ce recueil et la problématique exposée au début de cet article (CNRS, UPRESA 8004 Philosophie politique contemporaine, ENS Lettres et Sciences Humaines Lyon, Université de Paris-X Nanterre.)
  • [**]
    Wanda Dressler : Doctorat et habilitation en sociologie à Paris-X Nanterre, sur le thème “ Dynamiques nationales et transformations identitaires dans l’Europe de l’après-guerre et dans l’ex-Union soviétique, ou l’émergence d’un paradigme de la différence ” ; analyse comparative des mouvements sociaux et nationaux, en France (mouvement du Larzac, mouvements corses), puis en Europe centrale et orientale (Pologne, Estonie, Moldavie, et surtout Kazakhstan), s’intéresse à l’analyse théorique des processus d’élaboration des identités collectives à différentes échelles dans la construction européenne, à l’ère de la globalisation. Responsable d’un groupe de recherche internationale et transdisciplinaire pour le ministère de l’Éducation et de la Recherche sur la transition de 1991 à 1995 (Programme “ Intelligence de l’Europe ”). Choix d’ouvrages : Le second printemps des nations, sur les ruines d’un Empire, questions nationales et minoritaires, en Estonie, Moldavie, Kazakhstan, Pologne (Haute Silésie et Biélorussie polonaise), 1999 ; Ethnicité, mouvements nationaux et praxis sociale, (avec N. Skvortsov et K. A. Khabibullin, en russe), 1995 ; Les nouveaux repères de l’identité collective en Europe (avec G. Gatti et A. Pérez-Agote), 1999 ; L’identité de pays à l’épreuve de la modernité, (avec L. Quéré et F. Morin), 1986. Responsable du Pôle sur l’Europe de l’Est à l’époque contemporaine. Contact : carland@univ-paris1.fr
  • [1]
    Jocelyne Streiff-Fenart – Philippe Poutignat, Les théories de l’ethnicité, Paris, PUF 1995, suivi de : Les groupes ethniques et leurs frontières, Paris, PUF 1995.
  • [2]
    Alain Blum, “ L’illusion des identifications ethniques ”, dans Claire Levy-VroElant – Isaac Joseph, La guerre aux civils, Paris, L’Harmattan 1997, p. 37-42.
  • [3]
    Patrick Simon, “ Les enjeux de l’identité. Classements scientifiques et identités ethniques ”, Recherches Sociales, n° 147, juillet-septembre 1998, p. 16-32.
  • [4]
    M Wieviorka, La démocratie à l’épreuve, Paris, La Découverte 1994 ; voir aussi, concernant la Corse, l’article de Wanda Dressler, “ Histoire d’une singularité : culture politique, clanisme et nationalisme en Corse ”, dans Daniel Céfai, Cultures politiques, PUF, 2001, et Wanda Dressler, Dix questions pour comprendre la Corse, Paris, Éditions La Découverte 2001 (à paraître).
  • [5]
    Catherine Goussef, “ Le concept d’ethnos en Russie : une approche à travers les statistiques démographiques ”, Convention de l’ASN, New York, Université de Columbia, avril 2000.
  • [6]
    Wanda Dressler, (dir.) Le second printemps des nations, sur les ruines d’un empire, questions nationales et minoritaires en Estonie, Moldavie, Kazakhstan, Pologne (Haute Silésie, Biélorussie polonaise), Bruxelles, Bruylant 1999.
  • [7]
    J. B. Bromlei, “ The Rise of Ethnic Assertiveness ”, dans A. Brumby (éd.), Chronicle of a Revolution, New York, Pantheon Books 1991.
  • [8]
    Marie Mendras, “ La préférence pour le flou ”, Le Débat, 107, novembre-décembre 1999 ; Vladimir Kolossov, “ Ethnic and Political Identities and Territorialities in the Post Soviet Space ”, Political Geography, 2000.
  • [9]
    Artan Fuga, L’Albanie entre la pensée totalitaire et la raison fragmentaire, Paris, L’Harmattan 1998.
  • [10]
    Lidija Hristova, “ Clivages politiques et ethniques ”, colloque sur Transition et reconstruction des sociétés, Ohrid, Mars 2000 ; Anna Krasteva (dir.), Communities and Identities, Sofia, Petekson series : Intercultural Studies 1998.
English version

1Cet article se propose d’explorer le sens, les mécanismes et les enjeux des recompositions identitaires qui se font jour dans les pays de l’espace postcommuniste. Cet espace est conçu non pas tant en soi que dans ses interactions anciennes et nouvelles avec les pays d’Europe occidentale, pour comprendre les phénomènes de recomposition identitaire dans leur généralité, rapportés à la période de globalisation que nous vivons.

2Complémentaire de la perspective historique de l’analyse proposée ici en terme de paradigmes, pour penser l’interaction entre groupes spatiaux (nations, États, “ groupes naturels ”) et groupes sociaux (classes), la notion d’espace présente l’intérêt de poser en quelque sorte la disponibilité d’un “ substrat ”, susceptible d’accepter à priori des formes identitaires diverses. L’accent est mis sur les re-compositions, identitaires, religieuses, politiques, qui circulent dans l’espace global dans leurs relations avec les identités économiques et sociales de contextes particuliers.

3L’interrogation porte tant sur ce qui demeure, que ce sur ce qui est recomposé, sur les interactions ou les possibles interférences avec les différentes traces culturelles et politiques de chaque société, traces plus ou moins anciennes qui se superposent et se combinent dans une alchimie particulière.. Entre ce qui était avant et ce qui est recomposé, se trouve posée de façon sous-jacente, un processus qu’on peut désigner au moyen du préfixe - : dé-construction, dé-composition, dés-écriture des référents construits sous le communisme, le communisme ayant lui même décomposé et reconstruit ce qui était avant.

4Toute l’attention est portée sur les mouvements sociaux de la période contemporaine qui opèrent ce processus de déconstruction progressive des paradigmes de l’État-nation centralisé, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest. Ce qu’il s’agit de reconstruire, depuis 1989, peut se nommer re-individualisation, re-privatisation, ou re-capitali-sation : c’est à dire re-harmonisation avec les mécanismes sociaux en usage dans l’espace global non-communiste.

5Dans certains cas, il s’agit bien d’une restauration, non de la période communiste mais de la période pré-communiste (restauration des biens privés, des institutions démocratiques s’il y en eut, ou de schémes mentaux nationaux hérités de cet avant). Dans d’autres cas, cette restauration est plus une reformulation symbolique pour un réenracinement dans une continuité plus longue.

6L’idée de re-construction identitaire suppose donc à la fois une dé-construction identitaire préalable des référents en usage dans l’espace communiste, construits à l’intérieur du paradigme national/paradigme de classe, et la tentation de lui substituer une pré-construction échappant à la temporalité historique (l’ethnie) au lieu d’une matrice qui ouvre sur un nouvel avenir politique ; ceci pour des raisons de légitimation politique, le plus souvent, mais aussi de refabrication d’un corps social éprouvé et déstabilisé. Cette idée pose la coexistence, c’est-à-dire la mise en concurrence de deux ou plusieurs logiques, formes, modes de composition ou d’écriture d’un même espace, qui ne construisent pas la même réalité politique, voire diversifient les cas de figure à l’infini, dans des cadres juridiques et politiques qui s’ouvrent à l’innovation en même temps qu’à la répétition du même, dans un univers qui n’est apparemment plus tracé.

7Les questions centrales sont donc : que s’agit-il de re-composer dans cet espace et sur quelles bases cela se re-compose ? quelles sont les interdépendances entre ce qui est reconstruit dans cet espace et dans l’espace global? Question aussi des points de repère, et presque d’une double perte de repères, dans la mesure où réapparaissent des facteurs aléatoires.

8Face à cette perte de repères, la problématique qui préside à cette ré-élaboration des identités, est essentielle : si on part du principe que l’identité a une relative fixité, si on la conçoit comme qualité ou essence pré-donnée, elle abolit un avant historiquement et politiquement situé, comme pôle de recomposition possible, même imaginaire ; si, au contraire, on la conçoit comme principe flexible d’auto-désignation du sujet, dans des catégories souples légitimées par l’État pour faciliter l’intégration et la gestion démocratique d’un corps social de plus en plus mobile, les entités politiques recomposées seront tout autres et beaucoup plus ouvertes.

9La mise en évidence des liens entre modes de recomposition identitaires et nature des transformations du monde social et politique, tentée ici, facilite l’appréhension de ce qui change et du comment cela change dans les espaces postcommunistes en comparaison avec le reste de l’Europe. Dans des contextes de ruptures sociales et politiques, les choix ne peuvent être les mêmes que là où le changement est plus progressif.

10Le choix des outils conceptuels qui permettent d’appréhender ces changements est essentiel. La question est de savoir s’il est possible de forger des outils capables de penser la globalité du phénomène ou s’il est nécessaire d’en forger d’autres, plus spécifiques, pour analyser ce qui se déroule dans les espaces postcommunistes. Mon hypothèse est qu’il est possible de forger des outils communs pour analyser les mécanismes de recompositions qui nous occupent. Seul, le contenu de ces mécanismes et les enjeux sociaux et politiques liés à des situations particulières changent; les substrats changent sous des formes culturelles et politiques qui peuvent rester les mêmes.

11Un des modes d’appréhension de ces recompositions qui s’inscrivent à l’intérieur d’un changement paradigmatique que cet article cherche à mettre en évidence, est d’observer des corpus de mots importants du vocabulaire politique qui circulent dans l’espace global à différentes époques, car ces mots portent à l’existence les réalités politiques en émergence. Je n’épuiserai pas le sujet ici : je le poserai d’une façon assez large et méthodologique pour donner des repères et expliciter une démarche.

Les mutations du contexte global et ses corollaires identitaires

12D’un paradigme de l’homogénéisation, de la centralité nationale ou de la fusion identitaire dans l’identité nationale, on est passé, à partir des années ’50, à un paradigme de la différenciation, de l’autonomisation des centres et de la tendance à l’ethnicisation du politique, corollaire de sa dé-nationalisation. Ce changement qui se déroule, sous nos yeux, oblige à réinterroger le concept d’identité collective, les différents types d’identités, les liens des identités avec le politique en général et les modèles socio-politiques en vigueur, en particulier.

13Dans un monde qui, depuis deux siècles, s’est structuré peu à peu autour des États-nations, (à partir de la décomposition des empires et des monarchies féodales), on se trouve, depuis l’après-guerre, dans un cadre socio-politique et juridique inédit du fait de la reconnaissance de la question minoritaire et de la construction européenne. Ce nouveau cadre participe de la mise en place d’un nouveau paradigme, celui de la différence culturelle à différentes échelles (minoritaire, ethnique, nationale, régionale et supra-nationale). En affaiblissant le paradigme nation-souveraineté populaire, ce dernier paradigme n’a pas fini de transformer le mode de groupement socio-politique, symbole de la modernité, dans lequel on fonctionnait sans se rendre compte qu’il s’agissait d’un ordre de pratiques et de représentations construit à un moment spécifique de l’évolution des formations sociales (plus précisément à la fin de la féodalité et au moment de la croissance du capitalisme industriel).

14Le moment fort de la période contemporaine qu’a représenté pour nous l’implosion de l’empire soviétique a accentué la prise de conscience de ce changement de paradigmes identitaires car il a fait réapparaître des phénomènes nationaux que nous croyions avoir relégués à jamais sous la forme de ce que l’on a appelé des nationalismes ethniques, pour s’en différencier en tant que nations politiques occidentales démocratiques, autodéfinies comme civiques.

15Il a fait réémerger un débat sur la formation des nations européennes qui a pris la forme d’une opposition entre deux types-idéaux de nations : la nation française ou américaine dite civique et politique, ou nation-contrat, par opposition à la nation allemande dite culturelle ou ethnique et avec cette opposition, la dichotomie droit du sol/droit du sang. L’opposition, trop rigide, de ces deux types-idéaux se trouve invalidée par l’analyse concrète des réalités nationales, tant à l’Est qu’à l’Ouest de l’Europe. Une analyse en termes de polarité ethnique ou civique qui accentue un trait au détriment de l’autre, tous les deux étant co-présents dans la construction d’une nation, paraît, en effet, plus recevable car elle laisse une place importante aux éléments contextuels évolutifs.

16Cette implosion a mis en évidence le fait que le modèle de la démocratie libérale, tel que nous le vivions à l’Ouest de l’Europe, reposait sur des présupposés qu’il nous fallait déconstruire, que les termes d’identité et d’ethnicité qui nous permettaient de les penser nécessitaient une explicitation plus approfondie. Au préalable, je dirais comme Jocelyne Streiff Fénart et Philippe Poutignat [1], que théoriser l’ethnicité ou les formes de recomposition du national ne revient pas à fonder le pluralisme ethnique comme modèle socio-politique, mais à examiner les modalités selon lesquelles une vision du monde postnationale et ethnique est rendue pertinente pour les acteurs et les incidences que cette vision (qui met l’accent sur la dimension ethnique et culturelle au détriment de la référence de classe) peut avoir sur les constructions politiques à venir.

17Plusieurs modalités d’existence institutionnelle de la différence apparaissent possibles : celles, complémentaires, sous la prééminence d’identités nationales et supranationales réellement intégratrices des identités sub-nationales (régionales ou ethniques), mettant en œuvre le principe de subsidiarité et tout un héritage démocratique de citoyenneté abstraite qu’on trouve à la base de la constitution des États modernes ; celles, en concurrence avec elles, qui tentent de faire advenir un autre modèle politique de la nation aux formes connues ou inédites (nation ethnocratique, nations pluriculturelles non démocratiques…).

18De la fin du xviiie siècle au début du xxe siècle, période de formations des nations modernes d’Ouest en Est, quelques concepts ont été opératoires avec leur champ lexical connexe, dans un contexte d’historicisme dominant et de croyance en un progrès linéaire : nation, national, peuple, souveraineté, classe populaire, classe bourgeoise, classe hégémonique, prolétariat, citoyenneté, ethnie, groupe ethnique. L’ethnie était considérée au bas de l’échelle des entités politiques, n’ayant pas accès au statut de nation politique, avec un État, une langue officielle, un territoire autonome. À partir de la Révolution française, qui constitue le moment de la plus large diffusion du modèle national moderne, ces différents concepts ont mis un demi-siècle pour se traduire dans la réalité française, voire un siècle dans la majeure partie de l’Europe. La nation centralisée et unitaire sur le modèle français incarnait le modèle de société démocratique le plus abouti avec celui des États-Unis, autre variante d’organisation socio-poltique, non plus unitaire mais fédérale. Par rapport à ces deux modèles, la société fédérative multinationale soviétique issue de la Révolution de 1917 fait figure de synthèse originale car elle incorpore, comme les deux autres, les concepts de peuple (narod), de nation, d’ethnie, de citoyenneté (soviétique), de nationalité et de classe dans un agencement particulier et un contenu sémantique autre. Elle intègre ses composantes dans le même schéma évolutionniste mais donne à la notion de classe prolétaire une place privilégiée. Ajoutons, à ce propos, que la notion d’êtnos (en russe) est utilisée depuis longtemps en Russie pour décrire les populations non-orthodoxes [2,] ce qui rejoint aussi le sens attribué dans nos sociétés à ce mot qui, depuis la Grèce ancienne, nous est parvenu avec le sens “ autre que soi même ”, c’est-à-dire, celui qui n’est pas intégré dans la cité grecque ou qui participe d’une autre cité. Le modèle soviétique ajoute, à cet ensemble, d’autres concepts, en usage dans l’idéologie marxiste, (je ne signale ici que les plus distinctifs) : notion de minorités nationales (qui seront en fait les nations transformées en minorités nationales dans le nouvel ensemble des républiques fédérées), ou essor national avant la synthèse soviétique (rassvet-sblizenie), formation multinationale (la nation étant amenée, selon le credo marxiste, à disparaître dans la société communiste réalisée).

19C’est à une rupture de ce schéma évolutionniste et de l’évaluation positive des modèles politiques unitaires centralisés qui en découlent qu’on assiste aujourd’hui, dans cette phase nouvelle de capitalisme réticulaire associée à la société informationnelle. Cette rupture met aussi en évidence l’inadéquation de la pensée binaire pour penser la complexité de la situation présente.

Le paradigme de la différence des années ’70 d’Ouest en Est

20Le nouveau paradigme identitaire de la différence culturelle se met en place dans les années ’70, en procédant à la déconstruction progressive des formes antérieures. Les acteurs sociaux prennent appui de façon manifeste (Ouest) ou masquée (Est) sur les nouveaux mouvements sociaux qui surgissent sur la scène politique mondiale dans les années ’60-70 (mouvements des droits des minorités des États-Unis et d’Europe, mouvements écologiques et féministes) et sur les politiques identitaires des minorités, des régions et de l’émigration, mises en œuvre conjointement par les États et par les instances internationales européennes en particulier tant au sein de l’union européenne en construction que dans l’URSS. Dans ce dernier cas, on assiste, à différentes époques, à des processus discrets d’assouplissement des politiques identitaires en vigueur dans la période stalinienne, négociés au cas par cas (1956, 1980-1985).

21Ce paradigme identitaire de la différence s’articule sur un corpus de nouveaux concepts et groupes nominaux qui commencent à avoir une traduction institutionnelle : Europe, supra-nation, macro-région, région dans différents sens (administrative, naturelle), région-nation, ethnicité symbolique et réflexive, nation ethnique/nation civique, identité de groupes ethniques, société multiethnique, multinationale, pluriculturelle, discrimination positive, politiquement correct…

22La redéfinition de catégories statistiques de description du monde social est un des descripteurs souligné par Patrick Simon [3] comme révélateur des rapports société/culture/groupes sociaux, nationaux/étrangers et mode de groupement national. Les modes de construction des catégories dans les sociétés démocratiques postindustrielles actuelles, dites informationnelles, apparaissent majoritairement comme des modes de construction de catégories que j’appellerais floues, sous-déterminées, facilitant l’expression de catégories subjectives pour laisser un niveau important d’indétermination et de jeu sur les appartenances multiples des acteurs. Ce jeu est, semble-t-il, nécessaire dans des sociétés en changement rapide comme le sont les nôtres, pour permettre l’exercice de la démocratie. Il est différemment institutionnalisé dans les deux modèles démocratiques étatsunien et français. Cette différence et la pression qui s’exerce désormais sur le second, est à l’origine d’un débat en cours en France, sur ces deux modes opposés d’institutionnalisation de la reconnaissance culturelle, réactivée avec la tentative de règlement de la question corse (débat entre “ communautariens ” anglo-saxons et républicains français) [4]. Le débat porte sur le niveau d’institutionnalisation et d’indétermi-nation qu’il faut laisser à la différence culturelle pour que ce qui est pensé comme un progrès de la démocratie représentative ne se retourne pas en son contraire (rigidification des différences, éclatement du lien social commun) sous l’effet de tendances à la fragmentation du corps social et de la crise de la démocratie moderne que l’on observe aujourd’hui.

23Cette indétermination semble avoir présidé aux débuts de la construction politico-administrative du système soviétique, au moment de la Nouvelle Politique Économique (1921-28), période de transition qui a précédé la venue de Staline au pouvoir [5].

24Les catégories ethniques et nationales se sont par la suite rigidifiées, après que Staline ait simplifié la carte de la diversité ethno-culturelle et hiérarchisé les groupes ethniques et nationaux en attribuant des statuts politico-administratifs divers à chacun. Ce paradigme de la différence ethno-culturelle, a, donc, structuré fortement la réalité des groupes sous le régime soviétique, symbolisée par l’inscription obligatoire sur le passeport de la nationalité et de la citoyenneté. Même si la nationalité n’avait qu’une existence seconde par rapport à la citoyenneté soviétique et l’appartenance au parti communiste, modulée par le statut politique du groupe d’appartenance, cette reconnaissance de facto perpétua ou créa une conscience appuyée sur une pratique linguistique encouragée pour rallier à la révolution les groupes ethniques et nationaux, cantonnés au statut de minorités. Leur existence groupale était d’autant plus assurée que leur docilité était plus grande mais cette reconnaissance créait la possibilité d’une mobilisation identitaire ultérieure. Ce qui ne manqua pas de se produire aux débuts de la glasnost et de la perestroïka[6].

25Ces découpages catégoriels ont été étayés par le travail intense de recueil des littératures orales, de transcription des langues pour leur enseignement, réalisé par les ethnographes soviétiques. Ils ont été théorisés par J. B. Bromlei [7] dans les années ’60-70, pour encadrer, voire contenir idéologiquement, les dynamiques ethniques et nationales issues de ces découpages, en pleine effervescence sous l’influence du nouveau contexte mondial (le paradigme du droit à la différence fut largement diffusé par le canal du Courrier de l’unesco et des revues de linguistique de l’Académie des sciences dans tout l’empire). Le but était de stabiliser l’architecture identitaire marquant la prééminence du paradigme de classe et de l’internationalisme prolétarien sur le paradigme ethnique et national, en insistant sur les termes de la fusion territoriale dans la pluralité soviétique. Ces tentatives sont manifestes un peu partout dans l’Empire par la fabrication de contre-rites pour canaliser les poussées anti-systémiques qui viennent du contexte global. Des éléments de la tradition orale ou écrite de l’épopée, importante dans l’ethnogenèse des peuples des steppes, ainsi recueillis, sont alors facilement recomposés pour élaborer un message véhiculant l’idéologie dominante : exemple de Moukhtar Aouesov, auteur kazakh qui réalise la synthèse attendue dans son œuvre La jeunesse d’Abaï (1948) et joue aujourd’hui le rôle d’emblème d’une conscience identitaire réaffirmée sur un mode intégrateur, national et macro-régional : conscience de citoyenneté kazakhstanaise et non pas seulement kazakhe, et eurasiatique, c’est-à-dire intégrant tous les peuples du Kazakhstan dans une relation privilégiée avec le peuple russe et ses voisins d’Asie centrale.

26En Europe centrale, les mêmes procédés de réutilisation de symboles locaux avec des contenus idéologiques différents ont été généralisés. En Pologne, l’aigle des Jagiellon (symbole du Commonwealth multiethnique polonais qui se maintint du xvie siècle au premier partage, 1772) a été remplacé par l’aigle des Piast, comme symbole unitaire de la lutte des Polonais contre la Prusse et par dérivation, le nazisme. La tendance fut de renforcer également le nationalisme centralisateur et de tenir sous le boisseau les minorités régionales et ethniques, sauf rares exceptions (la minorité biélorusse polonaise fut favorisée par le régime soviétique et fut la seule à être reconnue lors de l’assouplissement du régime polonais après 1956). Les minorités allemandes de Pologne, hongroises de Roumanie ne furent, par contre, reconnues en tant que telles qu’après 1989.

Les nouvelles politiques identitaires de l’après-mur de Berlin

27Ce paradigme de la différence, voilé par le paradigme marxiste dominant, se manifeste depuis la rupture du référent soviétique à travers les principaux concepts à l’œuvre dans la recombinaison des référents identificatoires et politiques. Les mécanismes qui tentent de surmonter la crise du référent soviétique combinent les dimensions temporelles et spatiales de façon à créer de la continuité et de la stabilité dans la discontinuité et la rupture. La diversité des modes d’identification et des politiques identitaires adoptées par les nouvelles élites pallie le vide de la perte de repères créée par la rupture, de façon plus ou moins souple, selon les enjeux de pouvoir locaux et supra-nationaux qui sont assortis à ces recompositions du pouvoir, de l’économie et des appartenances sociales et identitaires.

28Ces nouvelles élites sont issues, pour partie, de l’ancienne nomenklatura, habilement reconvertie au modèle libéral national sous une variante souvent ethnocratique, directement issue du système de structuration soviétique et, pour une autre, de l’opposition dite démocratique. Celle-ci doit être décomposée en deux groupes. Le plus jeune est issu des nouveaux mouvements écologistes, nationaux et minoritaires, quasi “ clandestins ” depuis les années ’56-60, puis légitimés à partir des années quatre-vingt. L’autre, plus âgé, regroupe des opposants au régime communiste, représentés par leurs enfants ou revenus d’exil depuis 1989, avec des schèmes nationaux issus des années ’30-40, le plus souvent rigidifiés. Dans la course au pouvoir démarrée au moment de la perestroïka, l’enjeu était de s’emparer de la structure administrative des Républiques pour la faire fonctionner en concordance avec les référents en circulation dans l’espace global et au sein des structures internationales sous hégémonie occidentale. Les derniers mentionnés, souvent liés au renouveau des droites extrêmes, ne sont pas absents de cette course au pouvoir. Les concepts, désormais à l’œuvre dans ces espaces postcommunistes sont pour l’essentiel nation-titulaire, région-nation, êtnos, minorités nationales, plurinationalité, le mot ethnie combiné avec d’autres termes… Il faudrait en lister bien d’autres qui ont nécessité des traductions dans les médias quotidiens et scientifiques pour faciliter leur compréhension et leur inscription dans la nouvelle réalité politique qu’ils contribuaient ainsi à faire advenir. Tâche complexe car les significations sont différentes selon les groupes, les classes d’âge, les orientations idéologiques. Ce qui ajoute à la confusion, le débat terminologique étant à ses débuts dans tous ces pays, voire même dans les instances internationales. Pour les Russes, par exemple, ethnos réfère à un groupe non territorialisé, réparti dans tout l’espace soviétique avec une distanciation forte des références à la russité, fortement combattues sous le régime soviétique, tandis que pour la plupart des populations des nations titulaires, il se réfère plus au territoire et renvoie à l’autochtonie (équivalent de native en anglais). Dans les deux cas, le rapport au territoire est totalement différent, d’où une tendance des Russes des Républiques autonomes ou indépendantes de soutenir le projet de sociétés pluriculturelles intégratrices des différences qui leur redonnent une place égale dans les nouvelles entités politiques (Estonie, Kazakhstan, Moldavie, Tatarstan, etc.).

29De nouvelles entités politiques se reconstituent ainsi sous ces différents termes par la mise en place de politiques identitaires qui jouent sur les modes de catégorisation flous ou rigidifiés pour faciliter ou contraindre les redéfinitions, les mobilités, les stratégies d’intégration [8]. La période actuelle de redéfinitions des hiérarchies de pouvoir n’est pas sans rappeler la période de la Nouvelle Politique Économique, de ce point de vue.

30L’élément temporel est devenu très important dans cette phase de réorganisation des espaces politiques (espaces de solidarités et d’allégeances). C’est le temps des commémorations des huit cents ans (Lettonie), mille ou mille cinq cents ans, un peu partout dans l’ex-URSS, comme s’il était absolument nécessaire de renouer avec le passé lointain pour légitimer les nouvelles identités mises en avant et les élites qui les promeuvent. C’est un temps que l’on tente de reconstruire seul, nation par nation, ou ensemble (Eurasie, Asie centrale), en dépit des rivalités nationales, pour construire un espace économique intégré viable, dans cette logique dominante de blocs régionaux. Rappelons la commémoration récente des mille cinq cents ans de la ville de Turkestan (ancienne ville de la Route de la soie située au Kazakhstan), où la nouvelle université, édifiée par l’État kazakh, dès 1989 avec le concours de la Turquie et du Kirghizistan, retisse les fils d’une histoire commune aux pays des steppes, ancrée sur des héros religieux auxquels les Kazakhs et leurs voisins peuvent s’identifier avec leurs différences (K. H. Yasawi, poète et philosophe du xiie siècle, propagateur de l’islam).

31Dans les lieux où une rigidification des catégories est intervenue (Estonie, Moldavie, ex-Yougoslavie), diverses causes peuvent être rapidement esquissées. L’héritage du système antérieur fait apparaître que les clivages ethniques recoupaient d’autres clivages qui surgissent au grand jour aujourd’hui avec la disparition des super-structures idéologico-politiques et son cortège de décompositions spectaculaires (clivages sociaux, socio-professionnels structurels, religieux, etc.). Ces décompositions ont été génératrices de tensions très fortes, les aléas des restructurations sectorielles ayant inversé brutalement les rapports de pouvoir entre les groupes ethniques (effondrement du secteur industriel pénalisant les Russes, celui du secteur universitaire pénalisant les nationaux au départ, réinvestissement des structures artisanales et familiales d’auto-consommation en larges réseaux de solidarité (Albanais de Macédoine, clan familial kazakh [9]). Dans bien des cas, la fragmentation de la société civile fut liée à l’absence de régulations étatiques à la fois conséquentes et souples (faiblesse des nouveaux cadres institutionnels de la démocratie représentative) et à l’exacerbation de la conflictualité inter-ethnique, sous-jacente avant l’implosion (conflit de Moldavie en Transnistrie, Macédoine). Dans nombre de pays du bloc communiste, l’ethnie est devenue le nouveau paradigme structurant les rapports sociaux, cumulant les effets d’indigénisation ou de naturalisation du social, rassurant car créateurs d’un lien social potentiellement solidariste, capable de combler le vide d’identité. Le référent ethnique substantialise, en effet, les constructions sociales réalisées par les nouvelles élites pour rétablir une stabilité de la société car il renvoie à l’affect de la première socialisation, à l’ancrage au lieu renforcé par les discours sur l’autochtonie, voire au biologique. Il tend à refaire de la culture un héritage qui s’incorpore facilement à l’héritage génétique dans l’imaginaire [10]. La société informationnelle contribue de son côté à instrumentaliser et à renforcer l’efficacité sociale et politique des références ethniques dans des sociétés en mal de repères stables. Bien souvent le travail de stabilisation et de canalisation, commencé sous le régime soviétique, se perpétue, cette fois-ci, tout à fait légitimement.

32Affaibli, le paradigme classiste (le peuple ex-soviétique ) reste néanmoins encore opératoire sous la nation. Dans la plupart des pays de l’espace ex-soviétique, la conscience soviétique s’actualise encore dans certaines pratiques sociales de solidarité et cohabite avec la référence nationale légitimée, équilibrant, dans certaines situations, les effets de fragmentation en facilitant les solidarités transversales. Des éléments forts d’identification au milieu naturel (dégradé) sont générateurs de mouvements écologistes qui renforcent le sentiment de déréliction de certains groupes ethniques, minoritaires, dominés. Les deux référents combinent alors leurs effets mobilisateurs et sont à l’origine d’une opposition démocratique, si faible soit-elle, dans certains de ces pays (Kazakhstan).

Ambivalence du paradigme identitaire de la différence

33L’émergence de ce nouveau paradigme identitaire est à la fois adaptation aux nouvelles conditions socio-économiques et culturelles des groupes qui composent les sociétés européennes, traversées par d’importants flux migratoires et mode de restructuration du pouvoir au sein de ces sociétés en articulation plus étroite avec la culture. Cette dernière devient un élément clé de la réorganisation des espaces politico-économiques en fragments et blocs concurrents dans le cadre de la société-monde. Les sociétés postcommunistes sont des sociétés où l’héritage soviétique pèse lourdement sur le mode de structuration socio-politique, mais non de façon exclusive : les structures d’État issues de la décomposition des démocraties socialistes et des républiques soviétiques ont la double tâche de reconstruire une économie en s’appuyant sur des identités nationales héritées des périodes précédentes (soviétiques et fascistes), le plus souvent sans distance critique, et de répondre en même temps aux exigences actuelles d’intégration et de reconnaissance minoritaire de la différence, c’est à dire de tolérance. Ce que ces États faibles, voire inexistants, ont fait avec une plus ou moins faible marge de manœuvre, en rigidifiant les frontières internes et externes entre les groupes ou en les assouplissant en fonction de multiples facteurs dont leur survie dépend le plus souvent (sécurité, capacités de régulations, situation de force ou de faiblesse économique et géopolitique, etc.). Ce qui me conduit à conclure sur l’ambivalence des manifestations identitaires qui peuvent véhiculer des messages politiques différents, voire opposés, sans changer de forme, en variant les contenus.

34La stabilisation des constructions sociales historiques, perçues désormais comme contingentes par les acteurs sociaux qui vivent cet effondrement comme une double perte de repères de statut social et identitaire, est ainsi le plus souvent obtenue par des mécanismes d’essentialisation qui font adhérer ces derniers aux discours tenus sur les ethnies et sur l’enracinement premier des autochtones. Ces discours, s’ils sont légitimés par les nouveaux pouvoirs, portent de fait ces dernières à l’existence sur des bases exclusivistes.

35L’actuel penchant vers le néo-libéralisme qui met l’accent sur l’individu sans en appeler au peuple (notion de peuple souverain issue des révolutions modernes), ni à la patrie pour créer un attachement fort à une communauté territoriale, suscite des structures de remplacement pour assurer la cohésion sociale : la tendance à la substitution du national-patriotique par un européanisme supra-ethnique qui différencie les identités de groupe entre le national et l’ethnique par des catégories floues entraîne à privilégier un certain niveau de cohésion de groupes non rigidifiés ni codifiés mais implicitement admis par le corps social pour recréer des solidarités infra-étatiques à vocation intégratrice.

36Une catégorie floue tolère un degré d’essentialisation faible, une sous-détermination de l’identité collective, où l’implicite, l’ambigu, le mixte laissent le champ ouvert à l’interprétation et s’opposent à la fermeture des catégories aristotéliciennes ou logiques d’opposition binaire et du tiers exclu (pur/impur). L’indéfini, l’impossible à connaître donne lieu, cependant, à une incertitude épistémologique qui relativise l’identité de l’individu de cette catégorie et le fragilise en quelque sorte. La catégorie claire au contraire rassure, stabilise. Elle contraint l’individu à se couler dans la catégorie ou à s’en exclure, à désigner son adversaire pour se constituer en tant que sujet d’un groupe bien identifié, dans la hiérarchie des groupes nouvellement portés à l’existence, dans la conjoncture de recomposition des rapports sociaux de l’après-communisme.

37Le mode de constitution du sujet ethnique influence ainsi la façon dont est thématisée la différence ethnique et la traduction politique du processus de différenciation. Cette essentialisation réalisée le plus souvent de concert par les politiques, les citoyens, voire les scientifiques, à leur corps défendant ou non, pour les besoins d’une effectivité sociale, fait continuellement courir le risque d’une dérive politique si l’appareil juridique et statistique qui sert à un État pour gouverner en fait un usage rigide pour exclure et non pour intégrer, ce qui est en principe sa fonction si l’on en croît les tenants de l’expression des différences.

38La non constitution d’une Europe politique et l’ambivalence, désormais manifeste, de la plupart de nos concepts politiques, risquent d’accentuer ce risque.

Bibliographie

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Notes

  • [*]
    Cet article intègre les commentaires réalisés par la discutante de cette séance, Hélène Desbrousses, qui est chaleureusement remerciée pour sa contribution qui m’a permis de préciser plus particulièrement les attendus du titre de ce recueil et la problématique exposée au début de cet article (CNRS, UPRESA 8004 Philosophie politique contemporaine, ENS Lettres et Sciences Humaines Lyon, Université de Paris-X Nanterre.)
  • [**]
    Wanda Dressler : Doctorat et habilitation en sociologie à Paris-X Nanterre, sur le thème “ Dynamiques nationales et transformations identitaires dans l’Europe de l’après-guerre et dans l’ex-Union soviétique, ou l’émergence d’un paradigme de la différence ” ; analyse comparative des mouvements sociaux et nationaux, en France (mouvement du Larzac, mouvements corses), puis en Europe centrale et orientale (Pologne, Estonie, Moldavie, et surtout Kazakhstan), s’intéresse à l’analyse théorique des processus d’élaboration des identités collectives à différentes échelles dans la construction européenne, à l’ère de la globalisation. Responsable d’un groupe de recherche internationale et transdisciplinaire pour le ministère de l’Éducation et de la Recherche sur la transition de 1991 à 1995 (Programme “ Intelligence de l’Europe ”). Choix d’ouvrages : Le second printemps des nations, sur les ruines d’un Empire, questions nationales et minoritaires, en Estonie, Moldavie, Kazakhstan, Pologne (Haute Silésie et Biélorussie polonaise), 1999 ; Ethnicité, mouvements nationaux et praxis sociale, (avec N. Skvortsov et K. A. Khabibullin, en russe), 1995 ; Les nouveaux repères de l’identité collective en Europe (avec G. Gatti et A. Pérez-Agote), 1999 ; L’identité de pays à l’épreuve de la modernité, (avec L. Quéré et F. Morin), 1986. Responsable du Pôle sur l’Europe de l’Est à l’époque contemporaine. Contact : carland@univ-paris1.fr
  • [1]
    Jocelyne Streiff-Fenart – Philippe Poutignat, Les théories de l’ethnicité, Paris, PUF 1995, suivi de : Les groupes ethniques et leurs frontières, Paris, PUF 1995.
  • [2]
    Alain Blum, “ L’illusion des identifications ethniques ”, dans Claire Levy-VroElant – Isaac Joseph, La guerre aux civils, Paris, L’Harmattan 1997, p. 37-42.
  • [3]
    Patrick Simon, “ Les enjeux de l’identité. Classements scientifiques et identités ethniques ”, Recherches Sociales, n° 147, juillet-septembre 1998, p. 16-32.
  • [4]
    M Wieviorka, La démocratie à l’épreuve, Paris, La Découverte 1994 ; voir aussi, concernant la Corse, l’article de Wanda Dressler, “ Histoire d’une singularité : culture politique, clanisme et nationalisme en Corse ”, dans Daniel Céfai, Cultures politiques, PUF, 2001, et Wanda Dressler, Dix questions pour comprendre la Corse, Paris, Éditions La Découverte 2001 (à paraître).
  • [5]
    Catherine Goussef, “ Le concept d’ethnos en Russie : une approche à travers les statistiques démographiques ”, Convention de l’ASN, New York, Université de Columbia, avril 2000.
  • [6]
    Wanda Dressler, (dir.) Le second printemps des nations, sur les ruines d’un empire, questions nationales et minoritaires en Estonie, Moldavie, Kazakhstan, Pologne (Haute Silésie, Biélorussie polonaise), Bruxelles, Bruylant 1999.
  • [7]
    J. B. Bromlei, “ The Rise of Ethnic Assertiveness ”, dans A. Brumby (éd.), Chronicle of a Revolution, New York, Pantheon Books 1991.
  • [8]
    Marie Mendras, “ La préférence pour le flou ”, Le Débat, 107, novembre-décembre 1999 ; Vladimir Kolossov, “ Ethnic and Political Identities and Territorialities in the Post Soviet Space ”, Political Geography, 2000.
  • [9]
    Artan Fuga, L’Albanie entre la pensée totalitaire et la raison fragmentaire, Paris, L’Harmattan 1998.
  • [10]
    Lidija Hristova, “ Clivages politiques et ethniques ”, colloque sur Transition et reconstruction des sociétés, Ohrid, Mars 2000 ; Anna Krasteva (dir.), Communities and Identities, Sofia, Petekson series : Intercultural Studies 1998.
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