Notes
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[1]
Les effectifs concernant les couples d’hommes dans les enquêtes menées auprès de familles homoparentales sont trop faibles, c’est pourquoi nous nous limiterons dans cet article aux couples de femmes.
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[2]
La coparentalité est un terme qui désigne habituellement le fait pour des parents séparés d’élever leurs enfants ensemble malgré leur séparation. Dans le contexte homoparental, il s’agit souvent d’un gay et d’une lesbienne qui ont conçu un enfant ensemble et l’élèvent au sein de deux foyers, celui du père et de son éventuel compagnon, celui de la mère et de son éventuelle compagne.
-
[3]
Le don de sperme semi-anonyme autorise les enfants à accéder à l’identité du donneur à 18 ans. Il est pratiqué notamment au Danemark et aux Pays-Bas.
-
[4]
La parentalité désigne l’exercice de fonctions parentales, le fait de prendre soin d’un enfant et de l’élever. Le terme « parenté » se réfère davantage aux définitions de ce que sont des parents, un père, une mère notamment dans le cadre de la filiation légale.
-
[5]
Entretiens menés en 2015 et 2016 dans le cadre du programme de recherche « Droit à l’enfant et filiation dans le monde », Mission « droit et justice »
-
[6]
À partir de mai 2013, un enfant peut avoir deux mères statutaires : la mère de naissance et la mère adoptive, cette dernière ayant adopté l’enfant de son épouse. Cependant, à la naissance, l’enfant ne peut avoir qu’une seule mère statutaire, celle qui l’a porté. Nous désignons par mère « statutaire » celle que la loi désigne comme mère légale au moment de la naissance de l’enfant. Les enfants concernés par l’enquête devhom sont nés en 2011 ou 2012, donc avant la promulgation de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
-
[7]
L’enquête « Fonctionnement familial et conjugal des familles homoparentales au quotidien », fhp 2012, menée par Martine Gross et Jérôme Courduriès, présente un volet quantitatif et un volet qualitatif. 406 mères lesbiennes et 139 pères gays ont répondu à un questionnaire en ligne. La moitié ne faisait partie d’aucune association homosexuelle. La question des termes d’adresse était absente. Des entretiens ont été menés et intégralement retranscrits (grâce à un financement du GIS Institut du genre) avec une vingtaine de répondants pour approfondir leurs réponses et aborder les questions qui n’étaient pas posées dans l’enquête en ligne. Cette enquête a donné lieu à plusieurs publications (Gross et Courduriès, 2014, 2015 ; Gross, Courduriès et Federico, 2014a, 2014b)
-
[8]
devhom est un programme de recherche financé par l’Agence nationale de la recherche et la cnaf qui vise à la fois à produire des données quantitatives sur la construction identitaire des enfants en contexte homoparental et à approfondir les données sur un plan qualitatif concernant les familles de ces enfants selon une orientation socio-anthropologique et clinique.
-
[9]
La modalité « petit nom » n’était pas proposée en 1997 et est donc absente dans le traitement statistique pour cette date.
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[10]
Les familles de novo sont celles où l’enfant a été conçu après la formation du couple de même sexe.
Introduction
1 Pour la représentation dominante dans la société occidentale, les parents statutaires sont de sexes différents et ont conçu ensemble l’enfant qu’ils élèvent. Il est dès lors difficile de penser des « vrais » parents qui n’ont pas donné la vie, qu’il s’agisse de beaux-parents dans un foyer recomposé, de parents adoptifs, a fortiori des parents de même sexe. En France, deux femmes qui vivent en couple et élèvent un enfant issu d’un projet parental commun ne peuvent pas être mères ensemble à sa naissance. Seule la femme qui a porté l’enfant et accouché est reconnue comme mère par la loi et par la société. Celle qui n’a pas porté l’enfant peut, depuis la loi du 17 mai 2013 ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, obtenir le statut de mère en adoptant l’enfant de sa compagne après s’être mariée préalablement avec cette dernière.
2 Deux parents de même sexe, deux mères et pas de père, deux pères et pas de mère ou encore deux pères et deux mères, heurtent la vision essentialiste de la parenté. Mais les couples de même sexe qui fondent une famille rencontrés au cours de nos différentes enquêtes se conforment à l’autre norme également très présente dans nos sociétés, l’existence d’un projet parental – on naît aujourd’hui rarement en dehors d’un projet parental (Boltanski, 2004) – de préférence de nature conjugale : l’enfant doit être idéalement issu de l’amour de ses deux parents. De fait, la plupart des couples de femmes rencontrés au cours de nos diverses enquêtes avaient décidé ensemble d’avoir des enfants ; à l’appui de cette décision, la confiance dans leur relation conjugale jugée stable et de qualité. Cette décision nourrit la conviction que les liens électifs font la famille, plus que les liens biologiques et l’hétérosexualité.
3 Comme l’écrit Françoise-Romaine Ouellette, notre système exclusif de filiation ne véhicule pas seulement l’idée que la filiation est un fait de nature. Il s’accompagne surtout d’une norme, celle de l’exclusivité de la filiation, c’est-à-dire que chaque individu n’est mis en position de fils ou de fille que par rapport à un seul homme ou une seule femme (Ouellette, 1998). Il perdure une certaine hiérarchisation des rôles parentaux associant authenticité et liens biologiques (Martial, 2006), ce qui complique parfois la construction identitaire des parents non liés biologiquement à leurs enfants (Delaisi de Parseval et Collard, 2007). Deux femmes ou deux hommes qui fondent une famille homoparentale remettent en cause ces représentations naturalistes encore très présentes en Occident (Strathern, 1992). Réciproquement, les représentations sociales qu’implique ce modèle exclusif ont des répercussions sur les définitions que se donnent les mères lesbiennes de la maternité et sur leur manière de s’approprier et d’ajuster les normes traditionnelles dans leur vie quotidienne.
4 Dans cet article, nous explorerons, en nous appuyant sur plusieurs enquêtes menées auprès de femmes [1] qui ont choisi de fonder une famille homo-parentale, les représentations qu’elles se font de la parenté en examinant la désignation des liens à l’enfant et les termes d’adresse. Les termes d’adresse et la désignation des liens nous semblent en effet des indicateurs particulièrement pertinents pour aborder la manière dont les mères lesbiennes, soumises comme tout un chacun aux normes liées à notre modèle exclusif de la parenté, articulent conformité à la norme du projet parental conjugal et innovations face au modèle exclusif hétéronormé de la filiation.
5 Les modalités d’arrivée d’un enfant dans une famille lesboparentale sont très diverses. L’enfant peut être issu du projet parental d’une union antérieure aujourd’hui défaite, généralement hétérosexuelle, et être élevé par sa mère et sa nouvelle compagne au sein d’une famille homoparentale recomposée, mais il peut aussi être issu d’un projet parental du couple de femmes. Dans ce cas, les enfants peuvent avoir été adoptés par l’une des deux et, depuis la loi de mai 2013, par les deux ; ils peuvent aussi avoir été conçus à l’aide d’un « tiers de procréation ». Ce tiers de procréation peut être une connaissance ou un ami qui contribue à la naissance d’un enfant sans s’impliquer dans une paternité légale (donneur connu) ou qui s’implique seul ou avec son compagnon de manière légale et/ou au quotidien (coparentalité [2]), ou bien un donneur anonyme ou semi-anonyme [3] dans le cadre d’une procréation médicalement assistée (pma), réalisée à l’étranger puisqu’elle n’est pas ouverte aux couples de femmes en France.
Littérature sur la question
6 Dans un couple de femmes, le fait pour l’une d’elles de donner naissance à un enfant crée une asymétrie entre les deux femmes (du Chesne, 2007 ; Millbank, 2008 ; Pelka, 2009). En effet, selon les représentations naturalistes de la maternité, les femmes qui accouchent sont de plus « vraies » mères que les autres (Millbank, 2008 ; Padavic et Butterfield, 2011). Certaines femmes partagent cette conviction et en viennent à considérer que l’enfant qu’elles élèvent ensemble est celui de la mère biologique et non le leur à toutes les deux (Descoutures, 2006). De plus, lorsqu’un père intervient dans le quotidien de l’enfant, la compagne de la mère biologique peut avoir du mal à trouver sa place en tant que mère (Gross, 2008). Ces représentations de la parenté ont un impact sur la parentalité [4].
7 Une norme semble très présente, celle de l’existence d’un caregiver principal et d’un caregiver secondaire. Dans les couples hétérosexuels, ces rôles sont assignés par les représentations genrées, le caregiver principal est généralement la mère, le secondaire est généralement le père sans qu’on puisse en déduire une nécessité liée au genre des personnes (Lamb, 1975). Ces représentations contribuent à rendre difficile de concevoir un modèle parental avec deux parents également impliqués dans les soins aux enfants. Choisir d’être la mère de naissance la désigne aux yeux de la société automatiquement non seulement comme un parent statutaire mais également comme le parent, le caregiver « principal ». Plusieurs études comparatives montrent qu’au sein du couple les lesbiennes se répartissent les tâches domestiques plus équitablement que ne le font les couples hétérosexuels (Chan et coll., 1998 ; Kurdek, 1993 ; Peplau et coll., 1996). Il en va de même pour les tâches parentales (Patterson, 2000 ; Chan et coll., 1998). Certaines études ont cependant montré que, malgré un partage égalitaire des tâches et des décisions domestiques dans les foyers lesbiens, une différence subsiste concernant les soins aux enfants qui sont plus souvent pris en charge par la mère biologique tandis que sa compagne passe plus de temps à l’extérieur du foyer (Patterson, 1995 ; Vecho, 2011). Des recherches qualitatives indiquent que les mères biologiques accordent plus d’importance à leur rôle parental que les mères non biologiques (Leblond de Brumath et Julien, 2007).
8 Plusieurs stratégies sont mises en place pour pallier l’asymétrie générée par les représentations dominantes. La période de l’allaitement peut être écourtée ou bien la mère biologique peut tirer son lait maternel pour que sa compagne puisse nourrir l’enfant. On peut choisir un prénom issu de la lignée non biologique (Cadoret, 2007). Des entretiens menés [5] avec des couples qui ont demandé l’adoption de l’enfant de la conjointe révèlent que certaines femmes, après s’être mariées, choisissent un nom de famille identique pour elles et leurs enfants – les deux patronymes accolés ou le nom de l’une ou de l’autre. Par ailleurs, lorsque chacune des deux femmes donne naissance à un enfant, le recours à un même donneur produit chez les enfants une ressemblance qui contribue au sentiment d’appartenance à une même famille (Gross, 2013 ; Fortier, 2009). Une autre stratégie est d’avoir recours à des termes d’adresse symétriques, maman ou « maman » suivi du prénom pour chacune des deux femmes (Côté, 2009 ; Gross, 2008).
Évolution depuis vingt ans
9 Des enquêtes menées en 1997, 2001, 2005, 2012 et 2015 permettent d’approcher l’évolution des termes d’adresse et la désignation des liens sur cette période. Les données issues de ces enquêtes ne prétendent pas représenter l’ensemble des familles lesboparentales en France. Obtenir un échantillon représentatif est impossible, faute de connaître la population de référence. Si les comparaisons des résultats obtenus lors de ces différentes enquêtes sont à considérer avec précaution, elles peuvent néanmoins indiquer une tendance de l’évolution entre 1997 et 2015. Trois enquêtes par questionnaire auprès des adhérents de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (apgl) ont été réalisées en 1997 (30 familles), 2001 (221 familles) et 2005 (270 familles). Les participants ont été recrutés par voie d’annonce au sein de l’association. La participation a eu lieu sur la base du volontariat. Ces enquêtes ont permis d’explorer les modes de désignation de la compagne de la mère statutaire [6], les termes employés par les enfants pour s’adresser à elle et ont donné lieu à deux publications (Gross, 2008, 2014). Des entretiens menés en 2012 auprès d’une vingtaine de familles homoparentales qui avaient accepté de répondre à l’enquête en ligne fhp 2012 [7] abordent également la thématique. Enfin, des résultats partiels issus du volet quantitatif de l’étude devhom [8] encore en cours, réalisée en 2015 auprès de 68 mères lesbiennes, dont 36 mères statutaires, viennent compléter les travaux précédents.
10 Entre 1997 et 2005, la manière dont les enfants s’adressent à la compagne de leur mère statutaire ou sont encouragés à le faire a évolué. Le terme de parenté spirituelle « marraine », encore utilisé en 2001, disparaît dans la période plus récente. La plupart des compagnes se font appeler par un petit nom maternel : « mamou », « mamina », ou par un mot qui signifie maman dans une autre langue. L’appellation par le prénom est de moins en moins fréquente, tandis que « maman » seul ou suivi du prénom connaît une progression certaine. Les résultats issus de l’enquête devhom viennent confirmer cette tendance (tableau 1). Il faut noter que tous les foyers lesbiens de l’étude devhom (la seule étude menée après l’adoption de la loi permettant aux couples de même sexe de se marier), sauf un, étaient soit mariés (29) soit pacsés (6). Les 29 couples mariés avaient lancé une procédure d’adoption de l’enfant de la conjointe. Pour 11 couples, la procédure était en cours au moment du recueil des données. Pour 18 couples, l’adoption avait été prononcée de sorte que la compagne de la mère statutaire était devenue à son tour mère statutaire. Les résultats de 2015 (presque la moitié des compagnes de mères statutaires se font appeler « maman » suivi du prénom ou d’un petit nom) sont probablement à rapporter au statut de la compagne de la mère statutaire. Une étude ultérieure sur un échantillon plus important devra explorer l’impact du mariage et surtout de l’adoption sur les appellations de celle qui n’était pas statutaire à la naissance de l’enfant.
Tableau 1 : Évolution des termes d’adresse pour la compagne de la mère statutaire entre 1997 et 2015
Tableau 1 : Évolution des termes d’adresse pour la compagne de la mère statutaire entre 1997 et 2015
[9]Figure 1 : Termes d’adresse à la compagne de la mère statutaire
Figure 1 : Termes d’adresse à la compagne de la mère statutaire
11Il faut aussi noter qu’au cours des deux dernières décennies les modalités choisies pour fonder une famille homoparentale ont considérablement évolué. De moins en moins de femmes choisissent la coparentalité tandis qu’elles sont de plus en plus nombreuses à avoir recours à la procréation médicalement assistée (pma). Les résultats de l’enquête fhp 2012 montrent une augmentation des familles de novo [10] au cours du temps et une tendance à un recours croissant à la pma chez les femmes (Gross, 2014). La plupart des couples de femmes qui optent pour la pma tiennent un discours qui souligne la nature conjugale de leur projet parental. Ainsi, 32 des 36 (89 %) mères statutaires de l’étude devhom déclarent que leur projet était un projet de couple avec leur compagne actuelle, seules trois mères déclarent que le projet avait été réalisé avec le soutien de leur compagne mais qu’il était principalement le leur propre.
12 C’est parfois la rencontre des deux femmes qui autorise de penser la réalisation d’un désir d’enfant présent chez chacune auparavant, ou bien le désir de devenir mère naît après la constitution du couple. Marie (enquête fhp 2012) : « C’était un désir commun. Quand on a commencé notre relation on espérait pouvoir avoir des enfants l’une comme l’autre, c’est quelque chose qu’on avait réfléchi avant d’être ensemble. » Loanne (enquête fhp 2012) : « Non, moi j’étais dans l’idée de ne pas en avoir, je ne voyais pas comment offrir ça à un enfant. [À la question : « C’est A qui vous y a amenée ? »] C’est une évidence, elle m’a stabilisée et ouvert un avenir tout simplement. J’avais trouvé A qui m’apportait ce que je cherchais et l’idée de l’enfant était la suite logique : on est heureuses, on a une stabilité, pourquoi ne pas en faire profiter un enfant ? »
Représentations de la parenté et termes d’adresse
13 Pour approcher la question des représentations de la parenté que recouvre l’usage des termes d’adresse, nous allons dans la suite de cet article nous intéresser à titre exploratoire à quelques résultats recueillis en 2015 à partir de l’enquête devhom. Dans près des deux tiers des cas, l’enfant, né en 2011 ou 2012, a été conçu à l’aide d’une pma avec don de sperme anonyme (tableau 2).
Tableau 2 : Modalités d’arrivée de l’enfant dans l’étude devhom( résultats partiels de 2015 )
Tableau 2 : Modalités d’arrivée de l’enfant dans l’étude devhom( résultats partiels de 2015 )
14Le projet parental des femmes interrogées est majoritairement un projet de couple avec la partenaire actuelle (32 femmes sur 36). Pour 28 des 30 femmes qui ont opté pour la pma avec don de sperme anonyme ou semi-anonyme, soit 78 %, la motivation de ce choix était la nature conjugale de leur projet parental (tableau 3).
Tableau 3 : Motivation pour choisir de recourir à la pma
Tableau 3 : Motivation pour choisir de recourir à la pma
15Dans une étude antérieure, nous notions que l’utilisation de l’expression « deux parents » plutôt que « deux mamans » ou « deux mères » pour désigner les liens avec l’enfant allait de pair avec le recours à des termes d’adresse non symétriques (Gross, 2008). Lorsque l’enfant utilise des termes d’adresse symétriques, il appelle les deux femmes « maman » ou « maman » suivi du prénom, tandis que s’il utilise des termes non symétriques, seule l’une des femmes est appelée « maman » – en général la mère qui lui a donné naissance –, tandis que l’autre est appelée par un petit nom ou éventuellement « maman » suivi de son prénom ou d’un petit nom. La motivation alléguée par les femmes pour l’utilisation de termes d’adresse symétriques était d’éviter d’établir une hiérarchie entre la mère qui a porté l’enfant et celle qui ne l’a pas porté.
16 Mais la prégnance de représentations essentialistes peut produire de la souffrance. Issue de l’enquête fhp 2012, la citation suivante illustre ce point. Michelle : « Les mamans, a priori elles portent leur enfant dans leur ventre, donc une femme qui ne porte pas d’enfant n’est pas la maman… des schémas vis-à-vis desquels j’ai lutté pendant très longtemps et qui restent prégnants malgré ce que je peux mettre de distanciation, de théorie… Quand les premiers mois on disait “maman K” et ”maman M”, j’avais un truc hyper animal : je pensais : “Mais non tu n’es pas la maman, c’est moi la maman”, comme si le fait qu’elle prenne une part du gâteau m’enlevait quelque chose… C’est resté un sujet tabou pendant assez longtemps, jusqu’à ce qu’on commence à en parler. Cédric avait 1 an et là j’ai dit : “Maman, ça ne me va pas que tu portes ce nom-là”, et j’avais une trouille phénoménale qu’elle se sente rejetée […] mais elle m’a dit : “Mais je comprends, je ne suis pas à l’aise avec le terme de maman parce que je n’allaite pas, je suis la mère de Cédric, ça c’est sûr, mais je ne suis pas sa maman” et c’est comme ça qu’on a mis du sens sur des mots et, du jour où elle s’est appelée Mum, tout est rentré dans l’ordre. »
17 Comme dans le cas de Michelle, la motivation pour choisir des appellations non symétriques est souvent de distinguer les deux mères afin de ne pas confondre la mère de naissance et la mère sociale. Par ailleurs, nous avions interprété l’utilisation de l’expression « deux parents » plutôt que « deux mères » ou « deux mamans », associée à l’utilisation de termes d’adresse non symétriques, comme la marque d’une certaine adhésion aux normes et représentations accordant un fondement biologique à la parenté. Parler de « deux parents » semblait moins transgressif de la norme de l’altérité sexuelle que « deux mamans » ou « deux mères », tout en restant conforme à la norme biparentale (Gross, 2008).
18 Dans tous les cas où l’enfant est né après la constitution du couple de femmes, les femmes ne se désignent jamais comme « une mère et sa compagne », mais comme « deux mères » (1 cas), « deux mamans » (20 cas) ou « deux parents » (14 cas). En revanche, dans la seule famille recomposée de l’échantillon, elles disent qu’elles sont une mère (ou une maman) et une belle-mère. La désignation des liens semble donc appuyer une représentation symétrique des rôles et des statuts maternels dans les familles lesboparentales de novo.
19 Pourtant les termes d’adresse utilisés révèlent que la mère statutaire est pratiquement toujours appelée « maman » ou « maman suivi d’un petit nom » (34 sur 36), tandis que la mère non statutaire est appelée assez souvent par un petit nom et beaucoup plus rarement « maman » ou « maman suivi d’un petit nom » (tableau 4). Au sein du couple, près des deux tiers utilisent des termes d’adresse symétrique (tableau 5), c’est-à-dire se font appeler toutes les deux « maman », ou bien toutes les deux « maman suivi du prénom ou d’un petit nom », ou encore toutes les deux par un petit nom. Un tiers utilisent des termes d’adresse non symétriques, généralement la mère non statutaire se faisant appeler par un petit nom.
Tableau 4 : Termes d’adresse dans le couple
Tableau 4 : Termes d’adresse dans le couple
Tableau 5 : Symétrie des termes d’adresse
Tableau 5 : Symétrie des termes d’adresse
20L’évolution en dix ans est remarquable (figure 2). Les termes d’adresse évoluent vers davantage de symétrie.
Figure 2 : Symétrie des termes d’adresse
Figure 2 : Symétrie des termes d’adresse
21Dans tous les cas où les mères statutaires se font appeler maman + prénom ou maman + petit nom, les mères non statutaires se font aussi appeler de la même manière. On peut penser que l’adoption d’un additif au terme « maman » pour la mère de naissance permet l’usage d’une adresse symétrique pour sa compagne.
22 Il semble exceptionnel qu’une mère statutaire ne se fasse pas appeler « maman ». Dans devhom, toutes les mères statutaires, sauf deux, se font appeler maman ou maman suivi du prénom. Penchons-nous sur ces deux cas qui semblent faire exception à la règle. Dans un cas, aucune ne se fait appeler « maman », les deux femmes se font toutes les deux appeler par un petit nom. Dans l’autre cas, la mère de naissance se fait appeler par un petit nom tandis que l’autre se fait appeler « maman ». Mais cet enfant est le deuxième né (« Pourquoi est-ce vous qui avez porté l’enfant ? », réponse : « Elle l’a fait, c’est mon tour »). Le premier avait été porté par la compagne. Les termes d’adresse choisis pour l’aîné ont sans doute été conservés pour le cadet afin d’éviter d’avoir à rectifier sa manière d’appeler lorsqu’il imitait l’aîné.
23 La progression vers des termes d’adresse de plus en plus symétriques au cours des deux dernières décennies est évidente, il n’en reste pas moins, comme les résultats partiels de devhom le suggèrent, que la norme de l’a-symétrie biologique qui implique d’appeler « maman » celle qui a porté l’enfant reste encore très présente.
24 Même si l’échantillon est très faible numériquement, il permet d’indiquer des pistes d’exploration futures. Ainsi, si la symétrie des termes d’adresse semble aller de pair avec le recours à la pma avec don anonyme dans près de trois quarts des cas, l’asymétrie est la règle pour 6 des 7 cas de recours à une pma avec don semi-anonyme (tableau 6).
Tableau 6 : Symétrie des termes d’adresse en fonction de la modalié de conception de l’enfant
Tableau 6 : Symétrie des termes d’adresse en fonction de la modalié de conception de l’enfant
25Dans 6 cas de recours à la pma avec don de sperme semi-anonyme sur 7, les termes d’adresse distinguent la mère de naissance avec « maman » et l’autre avec un terme différent. Ce résultat nous a intriguées. Pourquoi les termes d’adresse dans le cas du recours à un don semi-anonyme sont presque tous non symétriques ? Est-ce un artefact dû à un effectif trop faible ? Nous nous sommes demandé si permettre à l’enfant d’accéder ultérieurement à ses origines en optant pour une pma avec don de sperme semi-anonyme impliquait une adhésion plus forte au modèle exclusif de la parenté qui attribue un père et une mère à l’enfant.
26 Plusieurs questions de l’étude devhom permettent d’explorer les représentations de la parenté et les normes sociales auxquelles adhèrent les répondantes concernant la famille et le développement de l’enfant. Les effectifs étant très faibles, il convient de ne pas conclure définitivement et de garder à l’esprit que les résultats exposés le sont à titre exploratoire.
27 Une seule personne est d’accord avec l’affirmation : « Un enfant a besoin d’un père et d’une mère. » Cette personne a eu recours à une pma avec don de sperme semi-anonyme. Seules deux personnes sont d’accord avec l’affirmation : « Un enfant a surtout besoin de sa mère. » Ces deux personnes ont eu recours à une pma avec don de sperme semi-anonyme. Six des 7 personnes qui ont eu recours à une pma avec don de sperme semi-anonyme sont d’accord avec l’affirmation : « Un enfant a besoin d’un référent de l’autre sexe » pour seulement 10 personnes sur les 23 qui ont eu recours à une pma avec don anonyme.
28 Enfin, à la question : « Diriez-vous que vous êtes deux mères ? deux mamans ? deux parents ? », 5 des 7 personnes (soit 71 %) qui ont eu recours à une pma avec don de sperme semi-anonyme répondent « deux parents » vs 8 sur 23 personnes (soit 35 %) qui ont eu recours à une pma avec don de sperme anonyme.
29 Chez les femmes interrogées dans les enquêtes précédentes, le terme neutre de « parents » s’accompagnait assez souvent d’une différenciation, d’une individuation de chacune dans la manière de se faire appeler. La neutralité du terme « parent » recouvrait une situation où l’enfant était encouragé à distinguer sa mère statutaire de l’autre par un terme d’adresse non symétrique (Gross, 2008).
30 Dans les résultats partiels de devhom, on note que 5 des 7 couples qui ont eu recours à un don semi-anonyme disent qu’elles sont « deux parents ». Cela signe peut-être l’adhésion au modèle traditionnel selon lequel la seule et unique mère est celle qui accouche. Dans cette représentation, on peut avoir deux parents car le mot « parent » peut désigner les fonctions éducatives et nourricières mais pas deux mamans, car dans cette représentation on n’a qu’une seule mère ou maman. Il s’agit alors de ne pas confondre la mère biologique et l’autre, ce qui semble confirmé par le fait que 6 couples sur 7 distinguent les deux mères par des termes d’adresse différents.
Conclusions
31 Les couples de même sexe sont traversés par les mêmes représentations culturelles que les autres couples. Les termes d’adresse et la désignation des liens traduisent le rejet des normes qui assignent des rôles et des statuts différents aux deux parents ou au contraire leur appropriation. Les résultats de l’enquête 2005 semblaient montrer que si le donneur était désigné par un terme du lexique de la parenté et était perçu par les femmes comme se rapprochant d’une figure paternelle, cela rendait plus difficile pour elles de se situer en tant que deux mères (Gross, 2014). Les résultats partiels de l’étude devhom semblent indiquer une adhésion au modèle généalogique chez celles qui choisissent de permettre à leur enfant de connaître ses origines grâce à la pma avec don semi-anonyme. Il est difficile dans notre société de distinguer liens de parenté et liens biologiques. Les « vrais » parents dans le discours du plus grand nombre ne sont pas ceux qui élèvent les enfants et s’engagent auprès d’eux, mais sont ceux qui ont contribué à donner la vie. C’est cette difficulté à penser la coexistence de parents non nécessairement géniteurs avec des géniteurs non nécessairement parents qui est à l’œuvre dans l’organisation de l’anonymat des dons de gamètes. L’exclusivité de notre système de filiation conduit à une certaine « impasse » légale de la reconnaissance de plusieurs configurations familiales actuelles (Herbrand, 2011) de même qu’elle rend difficile de se représenter un donneur connu, ou qui pourra être connu ultérieurement (don semi-anonyme), qui n’empièterait pas sur les prérogatives parentales. Lorsque les composantes biologiques, sociales et juridiques de la parenté s’incarnent dans trois personnes dont l’une est extérieure à l’unité conjugale, la place de chacun peut parfois être difficile à trouver (Côté, 2014).
32 Depuis 2013, en France, les couples de femmes peuvent se marier et la conjointe de la mère qui a porté l’enfant peut adopter celui-ci, devenant à son tour mère statutaire. Des études ultérieures pourraient explorer si l’adoption de l’enfant de la conjointe permet aux mères qui n’ont pas porté leur enfant de se sentir plus légitime en tant que mères.
Bibliographie
Bibliographie
- Boltanski, L. 2004. La condition fÏtale. Une sociologie de l’avortement et de l’engendrement, Paris, Gallimard.
- Cadoret, A. 2007. « L’apport des familles homoparentales dans le débat actuel sur la construction de la parenté », L’homme, 183, 3, 55-76.
- Chan, R. W. ; Brooks, R. C. ; Raboy, B. ; Patterson, C. J. 1998. « Division of Labor Among Lesbian and Heterosexual Parents: Associations With Children’s Adjustment », Journal of Family Psychology, 12, 3, 402-419.
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- Côté, I. 2009. « La lesboparentalité : subversion ou reproduction des normes ? », Recherches féministes, 22, 2, 25-37.
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- Delaisi de Parseval, G. ; Collard, C. 2007. « La gestation pour autrui, un bricolage des représentations de la paternité et de la maternité euro-américaines », L’homme, 183, 3, 29-53.
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Mots-clés éditeurs : mères lesbiennes, représentation de la parenté, filiation, Termes d’adresse, appellations
Mise en ligne 10/04/2017
https://doi.org/10.3917/dia.215.0079Notes
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[1]
Les effectifs concernant les couples d’hommes dans les enquêtes menées auprès de familles homoparentales sont trop faibles, c’est pourquoi nous nous limiterons dans cet article aux couples de femmes.
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[2]
La coparentalité est un terme qui désigne habituellement le fait pour des parents séparés d’élever leurs enfants ensemble malgré leur séparation. Dans le contexte homoparental, il s’agit souvent d’un gay et d’une lesbienne qui ont conçu un enfant ensemble et l’élèvent au sein de deux foyers, celui du père et de son éventuel compagnon, celui de la mère et de son éventuelle compagne.
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[3]
Le don de sperme semi-anonyme autorise les enfants à accéder à l’identité du donneur à 18 ans. Il est pratiqué notamment au Danemark et aux Pays-Bas.
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[4]
La parentalité désigne l’exercice de fonctions parentales, le fait de prendre soin d’un enfant et de l’élever. Le terme « parenté » se réfère davantage aux définitions de ce que sont des parents, un père, une mère notamment dans le cadre de la filiation légale.
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[5]
Entretiens menés en 2015 et 2016 dans le cadre du programme de recherche « Droit à l’enfant et filiation dans le monde », Mission « droit et justice »
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[6]
À partir de mai 2013, un enfant peut avoir deux mères statutaires : la mère de naissance et la mère adoptive, cette dernière ayant adopté l’enfant de son épouse. Cependant, à la naissance, l’enfant ne peut avoir qu’une seule mère statutaire, celle qui l’a porté. Nous désignons par mère « statutaire » celle que la loi désigne comme mère légale au moment de la naissance de l’enfant. Les enfants concernés par l’enquête devhom sont nés en 2011 ou 2012, donc avant la promulgation de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
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[7]
L’enquête « Fonctionnement familial et conjugal des familles homoparentales au quotidien », fhp 2012, menée par Martine Gross et Jérôme Courduriès, présente un volet quantitatif et un volet qualitatif. 406 mères lesbiennes et 139 pères gays ont répondu à un questionnaire en ligne. La moitié ne faisait partie d’aucune association homosexuelle. La question des termes d’adresse était absente. Des entretiens ont été menés et intégralement retranscrits (grâce à un financement du GIS Institut du genre) avec une vingtaine de répondants pour approfondir leurs réponses et aborder les questions qui n’étaient pas posées dans l’enquête en ligne. Cette enquête a donné lieu à plusieurs publications (Gross et Courduriès, 2014, 2015 ; Gross, Courduriès et Federico, 2014a, 2014b)
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[8]
devhom est un programme de recherche financé par l’Agence nationale de la recherche et la cnaf qui vise à la fois à produire des données quantitatives sur la construction identitaire des enfants en contexte homoparental et à approfondir les données sur un plan qualitatif concernant les familles de ces enfants selon une orientation socio-anthropologique et clinique.
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[9]
La modalité « petit nom » n’était pas proposée en 1997 et est donc absente dans le traitement statistique pour cette date.
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[10]
Les familles de novo sont celles où l’enfant a été conçu après la formation du couple de même sexe.