Notes
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Traduit par Renée Zauberman (CESDIP).
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Directeur de l’Institute for Criminal Policy Research, School of Law, King’s College London.
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[***]
Consultante au Research, Development and Statistics Directorate, Home Office, London.
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[1]
Le Home Office prend uniquement en charge l’Angleterre et le Pays de Galles. L’Écosse et l’Irlande du Nord disposent d’un système de justice pénale distinct. L’Écosse a pris part à deux vagues dans les débuts de l’enquête, puis a mis sur pied ses propres enquêtes en 1993,1996, et 2000. L’Irlande du Nord a mené des enquêtes en 1995,1998 et 2001. Tant les enquêtes écossaises qu’irlandaises ont opéré à plus petite échelle que le BCS.
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[2]
À l’origine, l’enquête était menée au cours des trois premiers mois de l’année, les répondants étant interrogés sur leur expérience de victimation de l’année calendaire précédente. Aujourd’hui, ils sont interrogés sur leurs expériences des douze mois précédents. La décision de passer à une enquête roulante en continu a été fonction de la taille de l’entreprise : aucun institut de sondage n’était en mesure d’entreprendre la conduite de 40 000 entrevues en trois mois à un coût raisonnable.
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[3]
Il y a eu une incursion dans la victimation de groupes d’âge plus jeunes (Aye Maung, 1995), mais ce fut sans grand succès dans le cadre d’une enquête conçue pour étudier les expériences des adultes.
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[4]
Sous CAPI, les enquêteurs notent les réponses sur un ordinateur portable. Le questionnaire est informatisé et propose les questions ainsi que la gamme et la structure des réponses possibles. Des instructions de déroulement déterminent quelles questions sont posées, et dans quel ordre.
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[5]
Le NCVS a, par intermittence, inclus des questionnaires supplémentaires sur les styles de vie et les attitudes, mais leurs objectifs étaient généralement conçus de manière plus étroite, simplement comme un indicateur épidémiologique.
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[6]
Certaines infractions sont enregistrées par la police sous des catégories très larges, incluant des infractions contre des victimes institutionnelles et contre des victimes individuelles, rendant l’appariement impossible.
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[7]
Nous nous sommes trompés en nous attendant à ce que les journalistes se servent de « l’horloge du crime » dans leur présentation des résultats de la première enquête.
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[8]
Le recensement national du Royaume-Uni est réalisé au début de chaque décennie; les données sur les caractéristiques de la population sont publiées par circonscription électorale (avec des populations d’environ 5000 à 10000 personnes) et par districts de dénombrement (avec des populations d’environ 400 à 500 personnes).
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[9]
La typologie géo-démographique utilisée était celle d’ACORN (A Classification of Residential Neighbourhoods).
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[10]
Reste à voir si les télévisions à écran plat deviendront le nouveau produit « chaud ». La valeur élevée des grands écrans est vraisemblablement compensée par leur volume. Les téléphones mobiles de « nouvelle génération » et les organiseurs électroniques sont probablement de meilleures affaires.
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[11]
Une variation intéressante sur ce thème a été traitée par une étude mise sur pied par l’un d’entre nous sur la pratique policière à Londres, dans laquelle une enquête incluant des questions du BCS était combinée au sous-échantillon londonien du BCS pour produire des échantillons de taille suffisante (Fitzgerald et al., 2002).
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[12]
En Grande-Bretagne, les substances illicites sont divisées en trois classes, en fonction du risque qu’elles font courir. La classe A est la catégorie la plus sérieuse, comprenant actuellement comme substances principales l’héroïne, la cocaïne et l’ecstasy.
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[13]
Non pour suggérer que les premières publications ne faisaient l’objet d’aucune critique. Elles étaient critiquées par certains scientifiques pour leur traitement de la peur du crime, par exemple, et leurs analyses du risque, dont on disait qu’elles faisaient peu de cas du poids disproportionné de la délinquance qui pèse sur les groupes vivant dans les centre-villes.
1Cet article résume les apports du British Crime Survey (BCS) à la compréhension des tendances de la criminalité en Angleterre et Galles [1]. Le BCS est l’une des enquêtes les mieux établies d’Europe. Auteurs de cet article, nous avons créé l’équipe d’origine en 1981 et avons gardé, depuis lors, à divers titres, un contact étroit avec le dispositif. Nous espérons que cela nous place en bonne position pour faire un bilan de son impact.
2Nous commencerons par un bref historique des origines et du développement des enquêtes, ainsi que par un résumé des méthodes employées. Puis nous examinerons ce que les enquêtes nous ont appris sur les tendances de la délinquance au cours des deux décennies de son existence. Disons, pour anticiper sur nos arguments, que le BCS a éclairé de façon nouvelle ce que nous pouvions comprendre du sens de l’évolution de la délinquance et de certains facteurs qui en étaient responsables. Ce dispositif s’est institutionnalisé à un degré bien plus important que nous ne l’avions jamais envisagé il y a vingt ans, et a modifié la manière dont les criminologues et les praticiens de la justice pénale pensent la délinquance. Nous conclurons par des considérations sur l’avenir de ces enquêtes.
Origines et développement des enquêtes
3C’est sans aucun doute aux États-Unis le National Crime Victimization Survey (NCVS) qui a donné son élan initial au BCS. Tout au long des années 1970, le Home Office a envisagé par intermittence la possibilité d’une enquête nationale en Grande-Bretagne. L’idée fut écartée à l’époque, essentiellement pour des raisons de coût, mais aussi à cause des craintes du piège politique qu’étaient susceptibles de poser les estimations du niveau de délinquance non enregistrée fournies par de telles enquêtes. Autour de 1980, et le Research and Planning Unit Home Office et son Crime Policy Planning Unit plaidaient vigoureusement en faveur d’une enquête nationale. Leur plaidoyer reposait largement sur l’inadéquation des enregistrements policiers comme indicateurs de la délinquance et sur l’intérêt de disposer d’un guide plus précis de l’étendue et de la configuration du problème auquel la justice pénale devait s’attaquer.
4Un autre attrait se trouvait dans l’espoir que les enquêtes serviraient d’antidote à ce qu’on considérait comme les conceptions erronées du public sur le niveau de la délinquance, ses tendances et les risques d’en être victime. Un indicateur de la délinquance basé sur des enquêtes montrerait qu’éventuellement – si ce n’est en réalité – l’indicateur fondé sur les infractions enregistrées par la police peut être l’objet d’une « inflation statistique » due à des changements dans les pratiques de renvoi et d’enregistrement. On attendait aussi de l’information sur les risques la preuve que les risques de délinquance grave étaient faibles. On dégonflerait ainsi les stéréotypes erronés sur les victimes. Autrement dit, les enquêtes promettaient une image plus informée de la délinquance, créant ainsi un climat d’opinion plus équilibré sur la loi et de l’ordre. Enfin, il y avait le sentiment qu’une enquête nationale donnerait un coup de fouet à la recherche et à la théorie criminologique, qu’elle offrirait une source d’information nouvelle sur la délinquance et une base de données substantielle pour des analyses secondaires.
5Tous ensemble, ces arguments l’emportèrent et en juillet 1981, il fut décidé que l’on procèderait au BCS. Un budget de 230000 £ lui fut alloué – environ 331000 € au cours actuel. La méthodologie de l’enquête fut mise au point assez rapidement – empruntant au National Crime Victimization Survey américain et à l’expertise de consultants techniques américains. La première vague de l’enquête fut menée au début 1982, sur un échantillon national de 10000 répondants, représentatifs de la population d’Angleterre et du Pays de Galles (Hough, Mayhew, 1983).
6Le BCS fut répété deux ans plus tard, en 1984 (Hough, Mayhew, 1985); une troisième vague suivit en 1988 (Mayhew et al., 1989) et une quatrième en 1992 (Mayhew et al., 1993). Il fut ensuite administré une année sur deux jusqu’en 2000, où la taille de l’échantillon a doublé – pour atteindre environ 20000 répondants (Kershaw et al., 2000). En 2001, il s’est transformé en une enquête annuelle « glissante » continue, avec 40 000 entretiens menés au long de l’année (Kershaw et al., 2001; Simmons et al., 2002; Simmons, Dodd, 2003) [2]. Un des objectifs de l’augmentation de la taille de l’échantillon était la production de résultats plus fiables pour diverses formes de criminalité violente. Une autre raison était que l’on ressentait le besoin d’« indicateurs de performance » chiffrés relatifs au niveau de confiance du public à l’égard de la police dans chacune des 43 forces de police en Angleterre et Galles. La taille beaucoup plus importante de l’échantillon permet d’obtenir des estimés d’enquête d’une précision acceptable au niveau de chaque force de police, pour l’ensemble de la délinquance contre les ménages et les individus. L’éventualité de tels développements ne nous était jamais venue à l’esprit dans les débuts du BCS, quand nous défendions les enquêtes largement comme un instrument de recherche, et en aucune façon comme un outil de gestion des résultats.
Méthodologie
7Les enquêtes se sont toujours appuyées sur des échantillons probabilistes stratifiés, dans lesquels les enquêtés âgés de 16 ans et plus sont interviewés à domicile en face-à-face [3]. Chaque échantillon est nouveau et ceci est la différence essentielle entre le BCS et l’enquête américaine (qui est conçue sous forme de panel). À l’origine, l’échantillon de 10000 était tiré du registre national des électeurs. Avec le temps, la fiabilité de ce mode de tirage a décru – en particulier au moment où la collecte des impôts locaux fut temporairement liée à l’inscription sur les listes électorales. Depuis 1992, la base de tirage de l’échantillon est la liste des points de distribution de la Poste – le fichier des codes postaux (Postcode Address File). Les taux de réponse sont généralement élevés par rapport à d’autres enquêtes publiques, excédant parfois 80%; actuellement, ils tournent autour de 75%. Les questionnaires étaient administrés à l’origine au cours d’interviews en face-à-face en format papier-crayon; depuis 1994, l’enquête est menée en face-à-face, mais avec l’aide d’un ordinateur (CAPI, Computer Assisted Personal Interviewing) [4]. Ceci a sans aucun doute amélioré la qualité technique de l’enquête en réduisant les erreurs commises par les enquêteurs dans l’administration d’un questionnaire extrêmement complexe. Un sous-produit de CAPI permet aux enquêtés d’utiliser eux-mêmes l’ordinateur pour répondre à des questions particulièrement sensibles – une technique connue sous le nom de Computer Assisted Self Interviewing (CASI). CASI a été utilisé dans toutes les vagues d’enquête depuis 1994 pour les enquêtés âgés de 16 à 59 ans, dans les domaines de l’usage auto-déclaré de stupéfiants, de la victimation sexuelle, de la violence familiale et dans celui du recel (se voir offrir et acheter des biens dont on sait qu’ils ont été volés).
8Comme celui du NCVS américain, le questionnaire comprend pour commencer un ensemble de questions-filtre destinées à identifier les victimes d’une gamme d’infractions : les enquêtés sont interrogés sur leur propre expérience et celles d’autres membres du ménage pour les infractions touchant ce dernier (par exemple le vol de voiture) et sur leur propre expérience pour les infractions les touchant personnellement (par exemple les coups et blessures). Après quoi, l’enquêteur recueille des informations détaillées sur chacune des infractions mentionnées. Contrairement au NCVS, le BCS recueille une large gamme d’autres informations relatives aux attitudes et comportements des enquêtés. Comme nous le verrons, cette caractéristique des enquêtes a grandement amélioré sa valeur d’instrument de recherche [5].
9Une caractéristique du BCS est que les infractions sont catégorisées d’après les renseignements recueillis dans le module de victimation selon les règles de classification policière des infractions (de nombreuses autres enquêtes prennent les descriptions d’événements fournies par les victimes – par exemple, un « cambriolage » – comme un donné, sans vérifier si elles sont conformes aux critères juridiques ou policiers). La procédure d’appariement des catégories d’infractions du BCS avec celles de la police permet la comparaison des tendances de la délinquance selon les deux sources, après calcul au plan national de la valeur des estimés du BCS. Ou du moins procède-t-on ainsi pour un sous-ensemble d’infractions « appariables » [6]. Pour les sous-ensembles comparables, trois tendances peuvent faire l’objet de comparaisons : a) les infractions commises; b) les infractions renvoyées à la police; c) les infractions enregistrées par la police, etc.
10En conséquence, on peut examiner les changements, avec le temps, à la fois des taux de renvoi par le public et de la proportion des infractions renvoyées qui sont enregistrées par la police.
Le chiffre noir
11Les premières enquêtes ont fait l’objet d’un grand intérêt politique et médiatique. La première montrait que guère plus du tiers des infractions commises étaient renvoyées à la police et qu’un peu moins des deux tiers des infractions renvoyées étaient effectivement enregistrées. Ainsi, selon le BCS, une infraction seulement sur quatre entrait dans les registres policiers. Quelque peu à notre surprise – et à notre soulagement – les médias furent modérés dans le traitement d’un sujet sur la délinquance qui offrait la possibilité de titres à sensation sur l’océan des infractions non enregistrées. Certaines enquêtes ultérieures firent cependant les gros titres, avec des reportages stupéfaits apportant de nouvelles révélations sur le « chiffre noir » et le nombre d’infractions commises par minute dans le pays [7].
12Le fossé entre les estimés d’enquête et les chiffres policiers varie – ce n’est pas une surprise – selon les types d’infractions. Actuellement, un seul incident de vandalisme sur cinq finit dans les enregistrements policiers, un sur quatre pour les coups et blessures et les vols avec violence et un sur trois pour les vols à la roulotte et les vols de vélos. En revanche, la majorité des cambriolages ayant entraîné un dommage et des vols de voiture apparaissent dans les enregistrements policiers. Ces « chiffres noirs » sont plus faibles que dans les premiers temps du BCS, un point sur lequel nous reviendrons.
13Le BCS a montré, – comme d’autres enquêtes de victimation – que les infractions ne font pas l’objet d’un renvoi quand on les juge soit trop bénignes soit insusceptibles d’une action policière efficace. Néanmoins, sur une échelle de 20 points sur laquelle on demande aux victimes de noter la gravité de leur victimation, il est clair qu’une minorité significative d’infractions graves ne font pas l’objet d’un renvoi. C’est en particulier le cas pour de nombreuses violences, notamment quand victimes et auteurs se connaissent. D’où on peut tirer la leçon que les enquêtes de victimation ne sont pas simplement un moyen coûteux de mesurer des infractions sans la moindre importance.
Les tendances de la délinquance
14La figure 1 compare les évolutions du BCS depuis 1981 avec celles des statistiques enregistrées par la police. Les chiffres sont donnés à partir d’une base 100 en 1981. Le trait le plus remarquable de la figure 1 est l’évidence, sur les deux courbes, d’un pic de délinquance au milieu des années 1990, suivi d’une chute (le pic policier a lieu en 1993, celui du BCS en 1995). Comme de nombreux autres pays développés ensuite, l’Angleterre et le Pays de Galles ont vu la délinquance décroître à la fin du XXe siècle. Personne au Home Office n’avait, dans les années 1980, prévu avec quelque confiance une telle évolution, ce qui est surprenant, étant donné que les tendances étaient déjà à la baisse aux États-Unis et au Canada. Nous reviendrons plus bas sur la baisse de la délinquance. Avant cela, néanmoins, il vaut la peine de se pencher sur les convergences et les divergences entre les estimés du BCS et les tendances de la délinquance enregistrée.
Renvoi et enregistrement des infractions : les processus
15Dans la première décennie des enquêtes, leurs résultats ont confirmé l’hypothèse qui a aidé à « vendre » les enquêtes à nos dirigeants politiques. Jusqu’en 1991, la tendance à la hausse de la délinquance enregistrée était beaucoup plus marquée que celle du BCS. Ensuite, la tendance s’est renversée : les chiffres policiers ont crû moins rapidement que ceux du BCS, et entre 1993 et 1995, ont effectivement subi une chute, alors que la tendance du BCS se poursuivait à la hausse. À la fin des années 1990, les courbes de tendance sont tombées parallèlement, les chutes du BCS se poursuivant ces dernières années. Le renversement vers le haut des chiffres policiers en 2002/2003 s’explique par une modification du National Crime Recording Standard sur lequel on reviendra.
16En s’appuyant à la fois sur les données du BCS et sur des informations externes à l’enquête, on peut expliquer les divergences entre les deux courbes de tendance. La figure 2 montre les changements dans le temps des taux de renvoi. De 1981 à 1991, ils ont augmenté. Bien que les enquêtes ne puissent pas offrir la preuve d’un lien causal clair, elles montrent que le téléphone s’est répandu au cours de cette période, rendant le renvoi plus facile. Autre changement important, l’augmentation de la proportion de ménages assurés, augmentant par là même le nombre de gens motivés à renvoyer les infractions à la police (la plupart des compagnies d’assurance en Grande-Bretagne disent qu’avant de procéder à l’indemnisation, elles demandent une preuve que l’infraction a fait l’objet d’un renvoi).
Tendances des renvois à la police selon le BCS
Tendances des renvois à la police selon le BCS
17Le léger déclin dans les taux de renvoi au début des années 1990 peut aussi avoir été fonction du niveau de pénétration des assurances. Après la vague de couverture assurantielle des années 1980, celle-ci a décliné au début des années 1990 – en particulier chez les ménages vivant dans des zones où les taux de délinquance étaient les plus élevés (Mayhew et al., 1994). Il est probable que ce déclin a été déclenché par la récession économique de la fin des années 1980. On observe également une chute dans le nombre des déclarations de sinistre faites par les victimes, peut-être pour conserver leurs bonus, ou pour éviter une augmentation de leurs primes. En tout état de cause, la chute est manifeste dans les taux de renvoi au cours des années 1990, bien qu’ils se soient stabilisés depuis.
18La figure 3 montre les tendances du taux d’enregistrement de la police – c’est-à-dire la proportion d’infractions renvoyées qui sont enregistrées. L’affaire est ici plus complexe. Au cours de la première décennie, le niveau des taux d’enregistrement était stable, autour de 60%. Bien que le BCS ne puisse en fournir aucune preuve, d’autres recherches ont montré que pour l’essentiel, les infractions renvoyées ne sont pas enregistrées, soit que la police les considère comme trop dénuées de gravité, soit parce qu’elle doute de l’exactitude ou de l’honnêteté du renvoi du plaignant (par exemple Burrows et al., 2000).
L’évolution des taux d’enregistrement policier
L’évolution des taux d’enregistrement policier
19En 1995, le taux d’enregistrement chute de 10 points. Bien qu’il s’agisse largement d’une présomption, cette chute est très probablement due à l’introduction d’objectifs quantitatifs de résultats dans la gestion de la délinquance. Les hommes politiques ont entrepris de rendre clair aux yeux de la police qu’on attendait d’elle une diminution de la délinquance et que ses budgets dépendaient de leur performance. Nul besoin d’invoquer une théorie du complot pour expliquer comment ces pressions à la démonstration d’efficacité ont pénétré les organisations policières et ont diminué la propension des policiers à enregistrer ce qu’ils considéraient comme des infractions « marginales ».
20Les taux d’enregistrement ont crû après le milieu des années 1990, sous l’influence de deux ensembles de modifications des procédures d’enregistrement. D’abord, en 1998, les règles de comptage ont changé : certaines infractions ont été comptabilisées différemment, principalement pour refléter le nombre de victimes d’une infraction plutôt que sa seule occurrence. Deuxièmement, à peu près au même moment a été prise la décision de passer à un nouveau National Crime Recording Standard (NCRS) qui précisait de nouvelles règles d’enregistrement des infractions. Une règle-clé était que le récit des victimes devait être pris à sa valeur faciale, plutôt que d’être soumis à toutes sortes d’épreuves de sa fiabilité (voir Simmons, 2000). Ceci explique l’augmentation brutale des taux d’enregistrement à partir de la fin des années 1990. Le NCRS fut introduit dans toutes les forces de police en avril 2002, mais plusieurs sites pilotes traînèrent des pieds pour s’engager dans les nouvelles mesures, tandis que d’autres anticipèrent leur introduction.
Comprendre les tendances de fond : les risques d’être victime
21Comme nous l’avons dit, le BCS était considéré à l’origine comme un instrument de recherche et une priorité importante était de mettre davantage en lumière quelles populations étaient « à risques » et pourquoi. En abordant ces questions, nous faisions particulièrement fond sur les perspectives qui se développaient en matière de prévention situationnelle (Clarke, Mayhew, 1980) et de théorie des activités de routine (Cohen, Felson, 1979). Rétrospectivement, cela a probablement été un des éléments les plus utiles des enquêtes, fournissant non seulement des explications sur la manière dont la délinquance se distribue entre les groupes sociaux, mais aussi sur les facteurs faisant monter ou descendre les courbes de la délinquance.
22Toutes les vagues de l’enquête ont inclus des variables socio-démographiques détaillées, certaines ont aussi inclus des séries de questions sur le style de vie des enquêtés – l’organisation de leurs activités de travail et de loisir, selon quelle fréquence et quelle durée leur logement était vide, si et où ils consommaient de l’alcool, s’ils consommaient des drogues illégales, même s’ils possédaient un chien à la maison. De plus, les codes postaux des répondants permettent de faire le lien avec les données du recensement national [8] qui décrivent les quartiers de résidence de chaque foyer d’enquêté [9].
23L’ampleur de ces informations de contexte a permis au BCS de décrire les divergences de risques entre diverses localités et divers individus. Par exemple, les hommes sont bien plus atteints par les coups et les vols avec violence que les femmes. Les gens jeunes et les célibataires courent des risques plus élevés, ainsi que ceux des centre-villes. Quant aux infractions contre les ménages, comme le cambriolage, les atteintes aux véhicules, le vandalisme et les vols au domicile, les urbains y sont plus exposés, comme le sont les foyers avec enfants et jeunes chefs de ménage. Les habitants des logements sociaux sont également davantage exposés, encore que ceci semble davantage tenir à l’interaction entre le statut résidentiel du répondant (type de location) et le statut résidentiel prédominant dans le quartier. Une analyse des risques d’être cambriolé, par exemple, a montré que les locataires de logements sociaux dans des zones qui n’étaient pas principalement bâties de logements sociaux ne couraient que des risques moyens, alors que les risques étaient notablement plus élevés pour des locataires de logements sociaux vivant dans des zones à forte concentration de logements sociaux (Hope, Hough, 1988).
24Les analyses de risque du BCS ont également mis au jour le phénomène de la victimation à répétition (ou victimation multiple). L’analyse par Gottfredson (1984) des résultats de la première enquête fut la toute première en la matière. C’est aujourd’hui l’un des produits les plus connus des enquêtes de victimation, du BCS en particulier, et son importance est cruciale pour les politiques de prévention de la délinquance. On a beaucoup fait pour décrire l’étendue et la nature de la victimation multiple, malgré le fait que l’utilisation habituelle d’une période de remémoration de 12 mois, à laquelle les enquêtés rapportent leurs expériences, fasse passer une frontière artificielle au sein du nombre d’incidents multiples qui peuvent être comptabilisés. Les explications se sont concentrées en partie sur l’attractivité inhérente des cibles des victimations à répétition, et en partie sur le fait que les mêmes délinquants – ou leurs associés – reviennent parfois sur les lieux de l’infraction pour exploiter le savoir qu’ils ont engrangé « au premier tour » (Pease, 1998). Le BCS a fourni beaucoup de données permettant d’étayer l’implication plus que proportionnelle de certaines victimes et de certains auteurs (par exemple Mayhew, Elliott, 1990).
25Ces résultats sur les risques ne surprennent plus guère aujourd’hui. Mais quand ils ont été publiés pour la première fois, ils étaient les premiers à détailler les caractéristiques des victimes de la délinquance en Angleterre et Galles et ils ont mis à bas de nombreux préjugés. Par exemple, il valait vraiment la peine de faire savoir qu’un large éventail de victimes tendait à être jeunes, pauvres et de sexe masculin – même si c’est aujourd’hui une banalité criminologique. La victimation multiple elle aussi est maintenant intégrée à la théorie de la victimation, mais, à l’époque, c’était une découverte frappante.
26Le BCS a aussi établi de façon indiscutable que leurs styles de vie et leurs routines étaient des déterminants importants des risques encourus par les gens. Les théoriciens des activités de routine avancent que la meilleure explication des variations des risques entre individus et entre groupes se trouve dans les facteurs influençant l’exposition au risque. À la suite de ces théoriciens, nous avons argué que pour que se commette une infraction, trois conditions sont requises : a) l’existence d’une cible attractive; b) en présence d’un délinquant motivé; c) et en l’absence de surveillance efficace.
27Pendant une bonne partie de l’après-guerre, la criminologie en Grande-Bretagne (et ailleurs) a tendu à chercher les explications de la configuration de la délinquance exclusivement dans les caractéristiques relatives aux délinquants. En d’autres termes, la croissance de la délinquance à partir des années 1950 était largement expliquée sous les espèces de l’offre de « délinquants motivés ». Les théories du contrôle constituaient probablement la perspective théorique préférée tant des praticiens de la justice pénale que des décideurs, l’augmentation de la délinquance étant attribuée à l’affaiblissement des institutions en mesure d’exercer et de reproduire le contrôle social (Hirschi, Gottfredson, 1981; Gottfredson, Hirschi, 1990). S’appuyant sur des travaux antérieurs du Home Office sur la prévention situationnelle, le BCS a établi sans discussion qu’il était important d’examiner non seulement les facteurs de motivation, mais aussi les variations dans l’offre de cibles attractives et les modifications de leur surveillance.
28Avec le recul, cet accent mis sur la structure des opportunités délinquantes semble évident. Mais quand nous avons avancé pour la première fois que ce sont les variations des opportunités qui pouvaient expliquer les changements dans le niveau de la délinquance, (Mayhew et al., 1976), nombreux furent ceux qui accueillirent la suggestion avec colère ou dérision. Aujourd’hui, rares sont ceux qui remettraient en question l’idée que les tendances de la délinquance, au cours des deux dernières décennies du XXe siècle, doivent être rapportées à la fois au niveau de la motivation délinquante, aux opportunités et à la surveillance.
Expliquer la croissance de la délinquance
29Les criminologues ont travaillé longtemps et durement pour expliquer la croissance de la délinquance après la Deuxième Guerre mondiale. Nous ne tenterons pas une explication exhaustive des facteurs qu’ils ont fait entrer en ligne. Néanmoins, sur la base d’une série d’analyse du BCS, une explication prudente de la croissance du cambriolage résidentiel, par exemple, ferait référence à : a) la croissance de l’offre, dans le domicile moyen, d’objets attractifs, dotés d’une certaine valeur, transportables et donc susceptibles d’être volés; b) la diminution de la taille des ménages, entraînant la diminution de la surveillance; c) la baisse des taux d’élucidation de cette infraction.
30De la même façon, la croissance des vols à la roulotte peut largement s’analyser comme une fonction de la croissance du parc automobile, et – plus récemment – de la demande croissante d’équipement audio de prix élevé (Mayhew, 1990). On trouvait dans un grand nombre de véhicules un nouvel équipement susceptible d’être volé, et un nombre croissant de propriétaires de véhicules qui désiraient cet équipement.
31Le BCS a montré que la plupart des types d’infractions ont décru depuis le milieu des années 1990. La chute est beaucoup plus prononcée pour les atteintes aux biens, bien que, selon les mesures opérées par le BCS, même la violence a chuté. L’image des atteintes aux biens dessinée par les données policières est généralement identique; la violence continue sa croissance, encore que cela puisse bien être lié aux changements dans les modes d’enregistrement par la police. Cependant, il y a une – petite – catégorie qui fait l’objet de fortes augmentations : le vol avec violence sur la voie publique. Il est pertinent d’avoir recours ici à une approche en terme de routines : la possession de téléphones portables, de marotte, est devenue une nécessité sociale chez les adolescents de la fin des années 1990. Ils sont devenus le dernier objet à la mode, dont tout le monde voulait disposer (Clarke, 2001). Les vols de téléphones mobiles, donc, permettent dans une certaine mesure d’expliquer la croissance des vols avec violence (Harrington, Mayhew, 2001; Curran et al., sous presse).
Expliquer la baisse de la délinquance
32Il est difficile d’expliquer la baisse de la délinquance. Pour commencer, une baisse est évidente dans de nombreux pays industrialisés (par exemple Killias, Aebi, 2000). Par conséquent, des explications simplement « locales » – comme celles portant sur les États-Unis par exemple (Blumstein, Wollman, 2000) – ne font pas tout à fait l’affaire. De plus, les aperçus des criminologues sur la montée de la délinquance dans les décennies précédentes ne sont pas particulièrement utiles comme point de départ pour comprendre sa chute dans les années 1990. Par exemple, on a aujourd’hui davantage de décomposition familiale, de mères qui travaillent et d’activités de loisirs qui amènent les gens à sortir de chez eux, davantage de consommation de drogues, etc.
33Néanmoins, la perspective des « activités de routine » que le BCS a contribué à intégrer dans la pensée criminologique britannique offre une source d’explications de la chute de la délinquance « de masse » depuis le milieu des années 1990. D’abord, il faut rechercher s’il y a eu modification de l’offre de cibles attractives. Sans aucun doute, celles-ci arrivent rapidement sur le marché. Mais on observe des changements significatifs : par exemple, des biens qui attiraient les cambrioleurs – télévisions, équipements audio et vidéo – ont vu leurs prix d’achat baisser substantiellement. Leur valeur sur le marché des biens volés aura également décliné [10]. La qualité des équipements audio installés dans les voitures modernes est aussi uniformément d’un haut niveau, ce qui ne pousse guère à en vouloir de meilleurs encore.
34Ensuite, certaines formes de surveillance se sont multipliées au cours de la dernière décennie. Les mesures de prévention physique constituent un type de prévention efficace. Différentes analyses du BCS ont examiné leur efficacité, montrant à la fois que le matériel de protection parvient à défendre les domiciles et que la couverture par des mesures efficaces s’est élargie (Budd, 1999). Les logements sont tout simplement plus difficiles à cambrioler. De même, la sécurité des voitures a connu des avancées significatives, par exemple grâce aux systèmes d’immobilisation montés en série sur tous les véhicules fabriqués depuis 1994.
35De surcroît, les technologies de surveillance – largement au moyen de caméras électroniques en circuit fermé, mais aussi d’analyses d’empreintes génétiques – commencent peut-être à avoir un impact significatif sur la perception du risque par les délinquants.
36Il est difficile d’évaluer si l’offre de délinquants motivés s’est réduite, et le BCS ne peut fournir que peu d’indices : il montre que l’usage de substances prohibées n’a pas diminué, mais s’est accru au cours de la dernière décennie, bien qu’il ne puisse pas établir la prévalence des usagers problématiques ou dépendants. D’autres indicateurs suggèrent que le nombre d’usagers de drogues dépendants est toujours en augmentation (par exemple Godfrey et al., 2002). S’il est probable qu’une partie de ces usagers trouve de l’argent grâce à une délinquance acquisitive, c’est en règle générale au moyen du vol à l’étalage, que le BCS ne mesure pas et qui est également mal représenté dans les données policières.
37Si on adopte une perspective plus large, la démographie peut avoir joué un rôle. Les populations européennes et nord-américaines ont connu un vieillissement général, avec une baisse du nombre d’hommes jeunes, dans les groupes d’âge les plus portés à la délinquance. Il y a un consensus général selon lequel les effets démographiques n’influencent que partiellement les tendances de la délinquance, mais l’influencent quand même. On peut davantage discuter une éventuelle pénétration vers la jeunesse des valeurs des classes d’âge moyen, mais l’hypothèse n’est pas totalement fantaisiste. De même, les changements dans les styles de vie et les aspirations des jeunes peuvent avoir « civilisé » ceux qui sont à la marge – mettant à la mode un revenu régulier et légal plutôt qu’une mauvaise conduite.
38D’autres explications de la chute de la délinquance méritent aussi une place – tant en Grande-Bretagne que dans d’autres pays. Un climat économique dans l’ensemble favorable est un facteur-clé, des niveaux de chômage comparativement faibles réduisant les besoins de revenus tirés de la délinquance. La performance policière dans de nombreux pays peut aussi s’être récemment améliorée. Différents pays sont susceptibles d’avoir adopté des approches différentes, mais dans la mesure où ils ont en commun une pratique policière plus ciblée et proactive, et une police scientifique et technique de meilleure qualité, il n’est pas exclu que celles-ci aient participé à la baisse de la délinquance. Un souci plus grand de la prévention de la délinquance au niveau local (par exemple avec le Crime and Disorder Partnership en Angleterre et Galles) peut également avoir joué un rôle.
Autres sujets couverts par le BCS
39Cet article s’est concentré sur la contribution du BCS à la compréhension des tendances de la délinquance et des risques d’être victime. Avant de faire le bilan des produits et perspectives des enquêtes, il est intéressant de résumer quelques autres sujets qu’elles ont couverts de manière régulière ou par intermittence.
40Les enquêtes ont toujours interrogé les victimes sur leur expérience de la police, mais à partir de 1984, elles ont traité, de manière plus ou moins détaillée, les autres formes de contacts avec la police. De la sorte, les liens entre les contacts de la population avec la police et la confiance qu’elle lui accorde ont pu faire l’objet d’analyses assez complexes (par exemple Skogan, 1984; Bucke, 1995; Mirrlees-Black, Budd, 1997) [11]. Le niveau de satisfaction vis-à-vis de la police locale est dans l’ensemble assez élevé, bien qu’il soit, comme on pouvait s’y attendre, plus bas chez les plus jeunes et chez les minorités ethniques. Un résultat robuste est que, de tous les usagers, ceux qui ont le plus de contacts avec la police sont ceux qui notent le moins généreusement leur performance. On l’a dit plus haut, la taille du BCS a subi une importante augmentation, pour permettre de procéder à ces mesures au niveau de chaque force de police.
41Depuis 1987, le BCS inclut un échantillon grossi des minorités visibles les plus importantes. Ce qui a permis une analyse détaillée non seulement des risques différentiels de victimation encourus par divers groupes ethniques, mais aussi de leur exposition différentielle à des tactiques policières comme les interpellations et les fouilles (Fitzgerald, Hale, 1996; Bucke, 1997; Clancy et al., 2001).
42Depuis 1996, les enquêtes incluent un ensemble de questions sur les connaissances sur la délinquance et la justice, sur la confiance dans la justice pénale et sur l’évaluation de l’efficacité de différentes agences au sein du système de justice pénale. Ce module a permis un travail considérable d’illustration du faible niveau de confiance du public dans ceux qui déterminent les peines et son considérable mécontentement à propos de l’indulgence de ces peines. En même temps, les enquêtes ont montré que le public est systématiquement mal informé, tant à propos de la délinquance que des peines et que son mécontentement reflète largement cette mauvaise information (voir par exemple Hough, Roberts, 1998, 1999; Mattinson, Mirrlees-Black, 2000).
43Les enquêtes fournissent aussi des indicateurs de la « peur du crime » – un intitulé raccourci pour désigner une large gamme d’émotions et de réactions assez diverses à la délinquance. La plupart des mesures remontent à 1984. Les premiers rapports BCS proposaient des analyses de la peur du crime qui, avec le recul, paraissent plutôt naïves, suggérant implicitement que les craintes des gens au sujet de la délinquance étaient irrationnelles et exagérées. Bien que ce thème ait été accueilli avec enthousiasme par les hommes politiques et la police, une analyse détaillée des enquêtes suivantes a largement entamé les bases empiriques d’une perspective de « peur irrationnelle » (Hough, 1995). En particulier, l’idée que les personnes âgées (qui encourent généralement de faibles risques) sont les plus craintives n’est étayée que par l’évolution des réponses à la question sur la ‘peur dans la rue’ – qui pourraient ne refléter que leurs angoisses plus générales quant à la négociation des espaces publics. Sur la base d’autres indicateurs, le BCS montre avec constance que les gens sujets aux plus hauts niveaux d’inquiétude à propos de la délinquance sont ceux qui ont le plus de raisons de s’en soucier.
44Le BCS fournit aujourd’hui les principaux estimés réguliers de l’usage de substances prohibées. Un certain nombre de données de délinquance auto-révélée ont toujours été recueillies par ces enquêtes, mais depuis 1994, cela s’est fait par la complétion directe par l’enquêté du questionnaire sur l’ordinateur portable que lui confiait l’enquêteur. Cette technique permet une bien meilleure confidentialité dans la fourniture d’informations sur l’usage de drogues et a entraîné une croissance notable du nombre de gens admettant en avoir consommé (Ramsey, Percy, 1997). Les derniers résultats, pour 2002-2003, montrent que 12% des 16-59 ans ont admis avoir consommé une substance prohibée dans la dernière année – du cannabis la plupart du temps (Condon, Smith, 2003). La consommation chez les 16-24 ans était beaucoup plus fréquente (28%). La consommation de drogues plus sérieuses (classe A [12] ) est restée stable depuis 1996 dans la classe d’âge la plus jeune; il est peu probable cependant que le niveau de la consommation problématique soit saisi avec quelque précision dans ces enquêtes.
45Dans les premiers temps, le BCS s’est attiré des critiques pour la mauvaise qualité de ses mesures de la violence sexuelle et familiale – du fait par exemple que les enquêtés pouvaient hésiter à reconnaître ces incidents devant des inconnus venus les interviewer. Les possibilités de la technique CASI se sont offertes avec la mise sous format électronique des entrevues et depuis lors, elle a été exploitée pour mesurer le viol et les agressions sexuelles dans l’enquête de 1994 (Percy, Mayhew, 1997), la violence familiale en 1996 (Mirrlees-Black, 1999), le harcèlement sexuel en 1999 (Budd et al., 2000), de nouveau le viol et les agressions sexuelles en 1998 et 2000 (Myhill, Allen, 2002) et très récemment, toutes les formes de violences interpersonnelles sensibles en 2001 (Walby, Allen, sous presse).
46Il est certain que le CASI impose certaines limites à la complexité des questions qui peuvent être posées sur la nature de la victimation, néanmoins on peut avancer que ces modules auto-complétés placent le BCS à la pointe des techniques de mesure des sujets sensibles. Les niveaux de violence sexuelle et familiale qu’elles révèlent, par exemple, sont sensiblement plus élevés – pour les hommes comme pour les femmes – que ceux donnés par les méthodes conventionnelles. Une nouvelle question importante – encore jamais posée dans d’autres enquêtes à notre connaissance – interrogeait les victimes sur l’infraction renvoyée : était-ce « une infraction, un tort qu’on leur avait fait, mais pas une infraction, ou simplement quelque chose qui arrive… ?». Les incidents sont plus souvent décrits comme des infractions quand des inconnus y sont impliqués, mais il est clair que les gens ont plus de mal à admettre que les transgressions commises par des associés, des amis proches ou des gens de la famille constituent clairement des infractions. La question est importante : les enquêtes de victimation ont implicitement pour objet de mesurer des comportements dont nous tenons pour acquis qu’ils soulèvent la désapprobation morale, et qui pourraient être punis, quoiqu’en pensent la police ou les victimes. Dans le domaine de la victimation sexuelle et familiale, le consensus moral entre police, public et victimes est peut-être plus faible qu’à propos d’autres transgressions (le cambriolage par exemple). L’interprétation morale des événements par ceux qui les vivent est dès lors importante en elle-même. Il est également pertinent d’essayer d’évaluer le degré de dommage infligé – bien que l’interprétation morale n’en donne pas nécessairement une bonne mesure.
47La question « était-ce une infraction… ?» fait partie maintenant depuis un certain temps du module principal pour toutes les formes de victimation – bien qu’elle n’ait pas fait l’objet à ce jour de nombreuses analyses ni interprétations.
Un bilan : ce qui est fait, ce qui reste à faire
48Il est impossible de proposer une évaluation complètement dépassionnée d’une entreprise qui est devenue, pour chacun d’entre nous, un élément significatif de notre carrière. En faisant le bilan des réalisations du BCS, nous avons essayé d’éviter à la fois l’autopromotion et la fausse modestie.
49À jeter un regard en arrière sur vingt ans de rapports du BCS, on a du mal aujourd’hui à voir comment la police, les politiques publiques et les chercheurs ont pu se passer d’enquêtes de victimation nationales d’une sorte ou d’une autre pendant si longtemps. Les criminologues tiennent aujourd’hui pour acquis que, pour une large gamme d’infractions, nous avons une appréhension assez précise du nombre de cas enregistrés par la police, du nombre de ceux qui ne sont pas renvoyés et de ceux qui sont renvoyés mais pas enregistrés. Nous comprenons bien les facteurs qui affectent les taux de renvoi et d’enregistrement, et avons une raisonnablement bonne connaissance de la manière dont ces taux ont évolué avec le temps. Cette connaissance, maintenant considérée comme part intégrante de notre compréhension de la délinquance, n’était, avant le BCS, que pur objet de spéculation.
50Il est possible que ce qui a vraiment cimenté la valeur du BCS est que, à l’origine, il était conçu comme un instrument de recherche, et non pas uniquement comme un indicateur épidémiologique. L’usage habile de composants sur des sujets variables et des questionnaires de suivi a construit une très large base de données sur des questions de délinquance, au point de défier une analyse exhaustive. On a mentionné les questions principales (les contacts avec la police, attitudes à l’égard des peines, la peur du crime et la consommation de stupéfiants), mais il y en a beaucoup d’autres – par exemple la conduite en état d’ivresse (Riley, 1986), les appels téléphoniques obscènes (Buck et al., 1995), la surveillance du quartier par ses habitants (neighbourhood watch) (voir, par exemple Sims, 2001) et le recel des biens volés (Sutton, 1998).
51La large couverture des questionnaires BCS a permis une considérable souplesse dans la vérification d’un certain nombre d’hypothèses de recherche – par exemple sur la prévention situationnelle et les activités de routine, ou encore sur les niveaux de cohésion sociale locale (Sampson, Groves, 1989; Pease, 1993). Nous avons vu que leur exploration par les enquêtes a profondément modifié la façon dont les praticiens et les décideurs politiques pensent et expliquent des risques de victimation et leurs évolutions. Les opportunités nouvelles offertes par le BCS ont permis des travaux très créatifs dans les années 1980 et au début des années 1990.
L’avenir
52Le BCS est confronté à de nombreux défis. Ce qui lui a finalement permis de « faire ses frais », c’est l’adoption de plusieurs de ses mesures comme indicateurs de performance aux niveaux national et local.
53Ceci représente à la fois une force et un risque. Les enquêtes doivent produire maintenant, pour chaque force de police, des mesures de la délinquance contre les ménages et les individus et de la confiance dans l’action policière locale. Au plan national, elles doivent produire les mesures des tendances de l’ensemble de la délinquance, des cambriolages, des vols liés aux véhicules, de la confiance du public dans différentes agences du système pénal, de la peur du crime et des perceptions de divers comportements antisociaux. Mais plus les enquêtes deviennent un élément de l’appareil gouvernemental de gestion de la performance, plus elles perdent de la souplesse en vue d’autres travaux : manque de place dans le questionnaire et manque de moyens pour faire les analyses. Ce dernier problème est important : la priorité actuelle des chercheurs du Home Office travaillant sur le BCS est de produire des estimations sommaires des tendances de la délinquance et d’autres mesures utilisées dans la gestion de la performance. On dispose de moins en moins de temps pour des analyses plus réfléchies, davantage guidées par la recherche. De surcroît, on fait peser sur les développements futurs des enquêtes des attentes centrées sur la production de données plus fines de gestion de la performance au niveau local. Il n’est guère question d’élargir la BCS dans des directions plus théoriques, par exemple pour combler des lacunes de la connaissance en matière de victimation ordinaire ou contribuer à mieux expliquer les changements dans les configurations des risques.
54Un enjeu non dénué de lien avec ce qui précède est la crédibilité publique des enquêtes. Les premiers rapports du BCS pouvaient se lire comme des commentaires critiques sur les statistiques policières de la délinquance. Chez les commentateurs informés et dans la communauté scientifique, les rapports étaient en général très appréciés, et leur excellence technique jamais mise en cause [13]. Depuis 1995, néanmoins, quand il a commencé à annoncer de « bonnes nouvelles » au gouvernement avec la baisse de la délinquance, le BCS a de plus en plus été considéré comme une nouvelle opération de communication de la part du gouvernement. L’impression (sans fondement) que ses résultats avaient été manipulés fut aggravée par la hausse des chiffres de la police, due pour commencer aux changements des règles de comptage en 1998-1999, et ensuite par l’introduction du National Crime Recording Standard.
55Enfin, et plus prosaïquement, il faut mentionner le spectre de la chute du taux de réponses, problème auquel sont confrontées toutes les enquêtes en sciences sociales. À l’avenir, il est probable qu’il deviendra de plus en plus difficile de s’assurer la coopération du public pour une entrevue dont le déroulement est long et complexe. C’est dans les zones de forte délinquance, là où la précision est la plus nécessaire, que les taux de réponses sont susceptibles d’être les plus faibles. À quel niveau le taux de non-réponse constituera-t-il une menace sérieuse pour la fiabilité d’enquêtes nationales de ce type ? À quel moment les concepteurs de l’enquête devraient-ils envisager d’offrir des stimulations financières aux enquêtés ? Voilà des évaluations délicates que devra faire l’équipe du BCS.
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Mots-clés éditeurs : TENDANCES DE LA DÉLINQUANCE, VICTIMATION, MESURE DE LA DÉLINQUANCE, ENQUÊTES DE VICTIMATION
Notes
-
[*]
Traduit par Renée Zauberman (CESDIP).
-
[**]
Directeur de l’Institute for Criminal Policy Research, School of Law, King’s College London.
-
[***]
Consultante au Research, Development and Statistics Directorate, Home Office, London.
-
[1]
Le Home Office prend uniquement en charge l’Angleterre et le Pays de Galles. L’Écosse et l’Irlande du Nord disposent d’un système de justice pénale distinct. L’Écosse a pris part à deux vagues dans les débuts de l’enquête, puis a mis sur pied ses propres enquêtes en 1993,1996, et 2000. L’Irlande du Nord a mené des enquêtes en 1995,1998 et 2001. Tant les enquêtes écossaises qu’irlandaises ont opéré à plus petite échelle que le BCS.
-
[2]
À l’origine, l’enquête était menée au cours des trois premiers mois de l’année, les répondants étant interrogés sur leur expérience de victimation de l’année calendaire précédente. Aujourd’hui, ils sont interrogés sur leurs expériences des douze mois précédents. La décision de passer à une enquête roulante en continu a été fonction de la taille de l’entreprise : aucun institut de sondage n’était en mesure d’entreprendre la conduite de 40 000 entrevues en trois mois à un coût raisonnable.
-
[3]
Il y a eu une incursion dans la victimation de groupes d’âge plus jeunes (Aye Maung, 1995), mais ce fut sans grand succès dans le cadre d’une enquête conçue pour étudier les expériences des adultes.
-
[4]
Sous CAPI, les enquêteurs notent les réponses sur un ordinateur portable. Le questionnaire est informatisé et propose les questions ainsi que la gamme et la structure des réponses possibles. Des instructions de déroulement déterminent quelles questions sont posées, et dans quel ordre.
-
[5]
Le NCVS a, par intermittence, inclus des questionnaires supplémentaires sur les styles de vie et les attitudes, mais leurs objectifs étaient généralement conçus de manière plus étroite, simplement comme un indicateur épidémiologique.
-
[6]
Certaines infractions sont enregistrées par la police sous des catégories très larges, incluant des infractions contre des victimes institutionnelles et contre des victimes individuelles, rendant l’appariement impossible.
-
[7]
Nous nous sommes trompés en nous attendant à ce que les journalistes se servent de « l’horloge du crime » dans leur présentation des résultats de la première enquête.
-
[8]
Le recensement national du Royaume-Uni est réalisé au début de chaque décennie; les données sur les caractéristiques de la population sont publiées par circonscription électorale (avec des populations d’environ 5000 à 10000 personnes) et par districts de dénombrement (avec des populations d’environ 400 à 500 personnes).
-
[9]
La typologie géo-démographique utilisée était celle d’ACORN (A Classification of Residential Neighbourhoods).
-
[10]
Reste à voir si les télévisions à écran plat deviendront le nouveau produit « chaud ». La valeur élevée des grands écrans est vraisemblablement compensée par leur volume. Les téléphones mobiles de « nouvelle génération » et les organiseurs électroniques sont probablement de meilleures affaires.
-
[11]
Une variation intéressante sur ce thème a été traitée par une étude mise sur pied par l’un d’entre nous sur la pratique policière à Londres, dans laquelle une enquête incluant des questions du BCS était combinée au sous-échantillon londonien du BCS pour produire des échantillons de taille suffisante (Fitzgerald et al., 2002).
-
[12]
En Grande-Bretagne, les substances illicites sont divisées en trois classes, en fonction du risque qu’elles font courir. La classe A est la catégorie la plus sérieuse, comprenant actuellement comme substances principales l’héroïne, la cocaïne et l’ecstasy.
-
[13]
Non pour suggérer que les premières publications ne faisaient l’objet d’aucune critique. Elles étaient critiquées par certains scientifiques pour leur traitement de la peur du crime, par exemple, et leurs analyses du risque, dont on disait qu’elles faisaient peu de cas du poids disproportionné de la délinquance qui pèse sur les groupes vivant dans les centre-villes.