Notes
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[*]
Conflit d’intérêts : aucun.
Introduction
1On ne naît pas mère, on le devient. Il s’agit d’un processus de transition qui commence dès la grossesse et qui donne lieu à d’importants remaniements physiques et psychiques. Durant cette période, les futures mères peuvent se sentir psychologiquement vulnérables, la transition à la maternité s’accompagnant souvent d’anxiété, de tristesse, d’une perte de confiance en soi et d’un sentiment de découragement, aboutissant dans les cas extrêmes à une dépression (Heron, et al., 2004 ; Nanzer, 2009 ; Righetti-Veltema, et al., 2007). La dépression du post-partum (DPP) est la pathologie la plus présente chez les femmes dans l’année qui suit l’accouchement, touchant environ 13 % de mères (Green, 1998 ; Heron, et al., 2004 ; Rich-Edwards, et al., 2006). Les facteurs de risque principaux de la DPP sont des antécédents personnels de troubles psychiatriques, une faible estime de soi, un manque de soutien social et marital, des événements de vie stressants sur la vie ou encore une grossesse non désirée (Beck, 2001 ; Robertson, et al., 2004). Les mères présentant des symptômes dépressifs sont généralement réticentes à avouer leur mal-être après la naissance du bébé, période connotée positivement par la société, raison pour laquelle la DPP reste sous-diagnostiquée (Beck, 2001 ; Nanzer, 2009). La DPP non détectée et non traitée aurait un impact négatif sur le lien précoce mère-bébé ; certaines recherches pointent en effet une moindre réactivité de la mère aux signaux du bébé, ou encore un faible investissement émotionnel de l’enfant (Foss, et al., 2004), ce qui peut avoir une incidence défavorable sur le développement cognitif et socio-affectif de ce dernier (Righetti-Veltema, et al., 2007). Ces constats inquiétants ont mené à la multiplication des études sur la DPP durant ces dernières décennies afin de favoriser la prévention de ce trouble (Nanzer, 2009).
2Parmi les prédicteurs les plus importants de la DPP se trouve la présence de symptômes dépressifs pendant la grossesse. En effet, près de la moitié des femmes qui ont souffert d’une dépression anténatale (DAN) sont toujours déprimées au post-partum (Heron, et al., 2004 ; Robertson, et al., 2004 ; Austin, et al., 2007). Pour désigner cette continuité entre la DAN et la DPP, les professionnels parlent de « dépression périnatale », suggérant qu’il pourrait s’agir de l’expression d’une même problématique, à savoir la difficulté de transition à la parentalité sur un fond de grande vulnérabilité biologique, psychologique et sociale (Green, 1998 ; Nanzer, 2009). La DAN a été moins étudiée que la DPP (Gerardin, 2012 ; Koleva, et al., 2011), bien qu’ayant une prévalence plus élevée, à savoir 12 à 25 % des femmes enceintes (Evans, et al., 2001 ; Marcus, et al., 2003 ; Rich-Edwards, et al., 2006). LA DAN passe souvent inaperçue des professionnels de santé car ses symptômes peuvent être confondus avec les maux classiques de la grossesse (par exemple fatigue, douleurs, perte d’appétit) (Rich-Edwards, et al., 2006 ; Nanzer, 2009). Le dépistage précoce de la DAN représente donc un enjeu majeur car, en plus d’être un facteur de risque important pour la DPP, ce trouble est associé à des complications obstétricales, telles qu’un retard de croissance intra-utérin, une prééclampsie, des malformations congénitales, un avortement spontané et une prématurité (Field, et al., 2003 ; Brittain, et al., 2015 ; Gerardin, 2012). Les facteurs de risque de la DAN se recoupent en grande partie avec ceux de la DPP (Beck, 2001 ; Faisal-Cury et Rossi Menezes, 2007) ; en outre, elle s’avère fortement associée à des stresseurs socio-environnementaux pendant la grossesse, tels qu’un bas niveau socio-économique, des difficultés financières, un logement précaire ou inadapté, un manque de ressources sociales ou une prise en charge médicale inadéquate (Da-Silva, et al., 1998 ; Kitamura, et al., 1996 ; Rich-Edwards, et al., 2006 ; Robertson, et al., 2004).
3La comorbidité entre la dépression et l’anxiété est importante pendant la période périnatale et ces deux troubles semblent s’influencer mutuellement. Durant la grossesse, l’anxiété peut être normale et passagère, mais aussi constituer un trouble à part entière (Heron, et al., 2004). Sa prévalence varie entre 11 et 54 % selon les études (Austin, et al., 2007 ; Faisal-Cury et Rossi Menezes, 2007 ; Matthey, et al., 2003 ; Lee, et al., 2007). Elle peut, d’une part, s’expliquer par une vulnérabilité accrue des femmes enceintes face aux stresseurs quotidiens (Da-Silva, et al., 1998 ; Kitamura, et al., 1996) ou, d’autre part, refléter des inquiétudes des femmes en lien avec le déroulement de la grossesse et l’accouchement (Lobel, et al., 2008 ; Ross et McLean, 2006). La plus haute prévalence d’anxiété anténatale a été observée chez des femmes primipares (Faisal-Cury et Rossi Menezes, 2007), mais également chez des populations migrantes avec un statut légal précaire ou de milieu défavorisé (Goguikian Ratcliff, et al., 2014 ; Foss, et al., 2004). L’anxiété anténatale est un facteur prédicteur de la DPP indépendamment de la DAN. Autrement dit, plus l’anxiété est importante durant la grossesse, plus la symptomatologie dépressive sera grave dans le post-partum (Beck, 2001 ; Robertson, et al., 2004 ; Austin, et al., 2007 ; Gerardin, 2012). De plus, l’anxiété anténatale a été associée à des complications néonatales, telles qu’un petit poids à la naissance, une prématurité, une croissance intra-utérine plus lente (O’Connor, et al., 2002 ; Orr, et al., 2007). Par conséquent, certains auteurs plaident actuellement pour que l’évaluation de l’anxiété fasse partie du suivi de la grossesse à titre préventif (Matthey, et al., 2003 ; Austin, et al., 2007). Les recherches sur l’anxiété anténatale et ses facteurs de risque spécifiques sont encore peu nombreuses (Faisal-Cury et Rossi Menezes, 2007). De plus, il existe peu d’études longitudinales retraçant son évolution entre la grossesse et le post-partum. Il semble que, comme pour la dépression, sa prévalence diminue après l’accouchement (Heron, et al., 2004), les femmes étant généralement rassurées suite à la naissance de l’enfant en bonne santé (Nanzer, 2009).
Anxiété et dépression périnatales chez les migrantes
4Des données récurrentes montrent qu’en termes de santé périnatale, il existe des disparités entre les femmes migrantes et les femmes autochtones. Les mères de nationalité étrangère ont environ deux à trois fois plus de risque de développer une symptomatologie anxieuse et dépressive ; la prévalence de la DAN varie entre 25 et 42 % selon les études (Lara, et al., 2009 ; Zelkowitz, et al., 2004 ; Zelkowitz, et al., 2008), et la prévalence de la DPP entre 38 et 50 % (Stewart, et al., 2008 ; Zelkowitz, et al., 2008). Les mères migrantes semblent être également à plus haut risque d’anxiété périnatale (Goguikian Ratcliff, et al., 2014), mais les études longitudinales manquent à ce sujet.
5Les facteurs de risque invoqués pour expliquer ces disparités se rapportent le plus souvent à des facteurs psychologiques, tels que les événements traumatiques vécus avant la migration (notamment par les demandeuses d’asile), les violences conjugales, les grossesses involontaires, ainsi qu’à des difficultés environnementales ou psychosociales rencontrées après la migration, telles qu’un statut légal provisoire, des difficultés socio-économiques, un isolement social, des difficultés d’accès aux soins et la barrière linguistique avec les soignants (Da-Silva, et al., 1998 ; Gagnon, et al., 2010).
6Mis à part ces facteurs environnementaux, les migrantes, quel que soit leur statut social, vivent, au niveau subjectif, une transition socioculturelle. Deux études québécoises sur des migrantes de classe socio-économique moyenne, en situation régulière, arrivées au Canada depuis plus de cinq ans et parlant le français, ont montré qu’elles présentaient des taux de dépression pré- et post-partum supérieurs aux femmes autochtones (Zelkowitz, et al., 2004 ; Zelkowitz, et al., 2008). En l’absence de conditions de vie difficiles, ces résultats suggèrent que le facteur de désajustement socioculturel pourrait jouer un rôle. D’une part, les migrantes sont séparées de leur famille, privées de tout un ensemble de transmissions symboliques et matérielles permettant d’inscrire la mère et l’enfant dans une filiation et une appartenance culturelle (Bina, 2008 ; Moro et Drain, 2009 ; Zelkowitz, et al., 2004). D’autre part, la migration entraîne une déstabilisation des routines socioculturelles et une perte de repères internes. Les femmes sont confrontées au processus d’acculturation, décrit par Berry (1997), qui consiste en une maîtrise progressive des codes, des normes et des valeurs de la société d’accueil, de façon à y évoluer avec aisance. Il a été montré par exemple que la méconnaissance de la langue locale, et des institutions de santé et de la petite enfance, constitue un facteur de risque pour la détresse périnatale, favorisant l’isolement social et un sentiment d’incompétence (Goguikian Ratcliff, et al., 2014 ; Moro et Drain, 2009 ; Zelkowitz, et al., 2004). Le rôle des facteurs socioculturels a peu été étudié dans la survenue et le maintien de la détresse périnatale chez les migrantes. Dans la plupart des études, la variable culturelle se confond avec des variables d’ordre économique et social, les migrantes considérées se trouvant souvent en situation de précarité. Or, dans une ville comme Genève, la plupart des femmes migrantes appartiennent à un milieu socio-économique moyen à aisé, et très peu d’études leur sont consacrées.
7Au vu de ce qui précède, l’hypothèse générale autour de laquelle s’articule ce travail postule qu’outre le stress potentiel qu’implique une grossesse chez toute femme, les migrantes doivent souvent faire face à un cumul de facteurs de risque psychologiques, environnementaux et socioculturels qui interagissent entre eux, et exacerbent le stress éprouvé pendant la période périnatale.
Objectifs de l’étude
8Peu d’études se sont intéressées à la santé mentale des migrantes pendant la période périnatale. Les études existantes se limitent généralement à la DPP chez des migrantes précaires, et n’incluent pas de groupe contrôle de femmes non migrantes, ni de migrantes non précaires. De plus, les études plus récentes sur des populations générales soulignent l’intérêt d’évaluer la prévalence de la DAN, de sorte à mieux cerner la continuité entre la DAN et la DPP. En outre, il est actuellement admis que l’anxiété prénatale peut accroître le risque de la DPP, indépendamment de la DAN. Elle doit donc être évaluée séparément, notamment chez des femmes traversant une période de vie stressante telle que la migration. A cet égard, le rôle des facteurs socioculturels, en particulier de l’acculturation, dans la survenue et le maintien de la détresse périnatale chez les migrantes a rarement été étudié.
9Les buts de cette étude longitudinale étaient : 1) de comparer le taux de symptômes anxieux et dépressifs chez les migrantes et les Suissesses ; 2) d’identifier les facteurs de risque sociodémographiques ou environnementaux (âge, parité, soutien social et marital, emploi et situation socio-économique) et socioculturels (durée du séjour en Suisse, maîtrise du français, acculturation) associés à l’état anxieux et dépressif ; 3) de suivre l’évolution de l’anxiété et de la dépression du pré- au post-partum chez les migrantes et les Suissesses.
Méthode
10Les femmes enceintes, migrantes et suisses, ont été recrutées par la psychologue responsable de l’étude pendant les cours de préparation à la naissance à l’Arcade sages-femmes, collectif de sages-femmes indépendantes à Genève. Ces cours étaient payants et étaient proposés en différentes langues. L’étude a été présentée aux femmes en début de chaque session ; celles intéressées ont été ensuite contactées par téléphone afin de convenir d’un entretien individuel. Ce dernier débutait par l’information sur les objectifs de la recherche et la signature du formulaire de consentement, suivi de la passation des échelles et questionnaires. Huit à douze semaines après l’accouchement, les femmes ont été recontactées par téléphone pour un deuxième entretien postnatal. Les données ont été recueillies entre janvier 2015 et mars 2016.
11Les femmes ont été considérées comme migrantes lorsqu’elles étaient nées en dehors de la Suisse et avaient migré à l’âge adulte (18 ans ou plus). Les critères d’inclusion étaient les suivants : troisième trimestre de grossesse, 18 ans révolus, parlant français ou anglais, mariée ou en couple. Les critères d’exclusion suivants ont été retenus : malformation fœtale ou présence d’un trouble psychiatrique grave (par exemple abus de substance, schizophrénie, trouble obsessionnel compulsif). Parmi les 89 femmes qui ont initialement accepté de participer à l’étude, 3 ont été exclues car elles ne remplissaient pas les critères d’inclusion, et 2 n’ont plus souhaité donner suite. L’échantillon final comportait 84 femmes, dont 43 migrantes. Le protocole de l’étude a été accepté par la Commission d’éthique de la faculté de psychologie et des sciences d’éducation de l’Université de Genève.
Mesures
12Questionnaire sociodémographique. Ce questionnaire contient une vingtaine de questions portant sur l’âge, la nationalité, la date d’arrivée en Suisse, le niveau d’éducation, la profession et le taux d’activité, le statut marital, le statut légal, la présence de membres de la famille à Genève, la maîtrise du français et des données sur la grossesse (parité, date prévue d’accouchement, suivi de grossesse). Les femmes ont été également interrogées sur la présence d’antécédents psychiatriques personnels (nature, durée et période d’apparition). Les taux d’activité des participantes ont été ajoutés à ceux de leurs partenaires afin d’obtenir le taux d’activité du couple (allant de 0 à 200 %), permettant d’obtenir un indicateur indirect du statut socio-économique du couple.
13Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS ; Cox, et al., 1987). Questionnaire d’autoévaluation des symptômes dépressifs périnataux en 10 items, largement utilisé au niveau international, dans la mesure où cet outil propose une évaluation de la dépression excluant les symptômes somatiques classiques (Cox, et al., 1987). Les réponses sont données sur une échelle de Likert à 4 points. La version française utilisée dans cette étude a été traduite et validée en France par Guédeney et Fermanian (1998), montrant de bonnes qualités psychométriques pour la détection de la DPP et une bonne cohérence interne, et suggérant une note seuil de 11. Dans la présente recherche, l’autoquestionnaire a été utilisé lors d’un entretien individuel, et le score seuil de 10 a été choisi, tel que recommandé par les auteurs de l’échelle lorsque l’EPDS est utilisé comme la mesure unique de symptômes dépressifs. L’Association américaine de pédiatrie recommande également le score seuil de 10 pour détecter les femmes à risque de dépression périnatale. Dans notre échantillon, la cohérence interne de l’EPDS est satisfaisante, avec le coefficient alpha de Cronbach à 0,77.
14State-Trait Anxiety Inventory (STAI-Y ; Spielberger, 1983). Echelle de 40 items qui permet de calculer 2 concepts distincts d’anxiété : anxiété en tant qu’état émotionnel (anxiété-état) et anxiété en tant que trait de personnalité (anxiété-trait), avec 20 items pour chaque sous-échelle. La participante exprime son accord avec les énoncés sur une échelle de Likert à 4 points, et le score total varie entre 20 et 80. Un score en dessous de 35 indique un niveau d’anxiété très faible. Entre 36 et 45, l’anxiété est faible ; entre 45 et 55, elle est moyenne, et le score de 56 ou plus indique un niveau d’anxiété élevé. Cette échelle a été traduite et adaptée en français par Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1993). Dans notre échantillon, elle a montré une bonne cohérence interne, avec des coefficients alpha de Cronbach de 0,91 pour l’anxiété-état et de 0,89 pour l’anxiété-trait.
15Social Support Questionnaire 6 (SSQ6 ; Sarason, et al., 1987). Questionnaire de 6 items, représentant 6 situations dans lesquelles une personne est susceptible d’avoir besoin de soutien, évaluant 2 dimensions du soutien social : le nombre de personnes disponibles dans une situation donnée et la satisfaction avec le soutien disponible (échelle de Likert à 4 points). Cette échelle a été traduite et validée en français par Bruchon-Schweitzer, et al. (2003). Les coefficients alpha de Cronbach pour notre échantillon étaient de 0,91 pour la première sous-échelle et de 0,89 pour la seconde.
16Soutien marital. Deux questions ont été posées aux participantes : 1) Est-ce que votre époux/compagnon vous apporte un soutien pratique pendant la grossesse/après l’accouchement ? La participante devait cocher la réponse « oui » ou « non » ; 2) A quel point êtes-vous satisfaite avec le soutien de votre époux/compagnon pendant la grossesse/après l’accouchement ? La réponse est donnée sur une échelle de Likert allant de 0 (« très insatisfaite ») à 10 (« très satisfaite »).
17Vancouver Index of Acculturation (VIA ; Ryder, et al., 2000). Echelle à 20 items comportant 2 sous-échelles, mesurant 2 dimensions indépendantes d’acculturation : le degré d’affiliation ou d’identification à la culture d’origine et à celle du pays d’accueil (au regard du comportement, de la participation, des valeurs et de l’affiliation sociale). Les réponses sont données sur une échelle de Likert à 9 points permettant d’obtenir un score pour chaque culture. Les items de la VIA ont été adaptés pour la présente étude en remplaçant le mot « américain » par « suisse ». La version française de la VIA a été adaptée par Friedman et Saroglou (2010) en Belgique. Dans notre échantillon, les coefficients alpha de Cronbach étaient de 0,76 pour la sous-échelle de la culture d’origine et de 0,82 pour celle de la culture suisse.
Analyse de données
18Les données ont été analysées avec Statistica (version 11) et SPSS (version 21). Les scores de tous les questionnaires ont été utilisés dans leur forme continue pour les analyses. La description des variables sociodémographiques a été effectuée par le calcul de la moyenne et de l’écart type pour des variables quantitatives, la fréquence et les pourcentages pour les variables qualitatives. L’effet de groupe sur les scores d’anxiété et de dépression a été mesuré grâce à l’ANOVA simple ; l’évolution des symptômes anxieux et dépressifs entre le pré- et le post-partum a été évaluée grâce à l’ANOVA à mesures répétées. L’identification de facteurs de risque de la DAN et de la DPP, ainsi que de l’anxiété périnatale, a été effectuée moyennant des analyses de régression linéaire multiple. L’évaluation des intercorrélations entre les variables a précédé toutes les analyses de régression. Aucun problème de multicolinéarité n’a été détecté dans les analyses.
Résultats
Caractéristiques des participantes
19Parmi les 84 femmes qui ont participé à l’étude durant la grossesse, 79 femmes ont été revues en post-partum, soit un taux de participation de 94 % aux deux temps de l’étude. L’échantillon postnatal ne différait pas de l’échantillon anténatal au niveau de l’âge, de la parité, ou du niveau socio-économique.
20L’âge des participantes variait entre 21 et 42 ans (m = 32,7, ET = 4,3). La majorité des femmes était mariée (n = 63, 75 %) et primipare (n = 66, 79 %). Pour 92 % des femmes (n = 77), la grossesse avait été planifiée. Le niveau d’éducation des participantes était élevé, avec 83 % des femmes ayant terminé des études supérieures (12 % doctorat ou diplôme postgrade, 51 % master, 20 % cachelor ou licence). La grande majorité des femmes exerçait une activité professionnelle (n = 66, 79 %), tout comme leurs partenaires (94 %). La plupart d’entre elles (n = 53, 63 %) travaillaient à temps plein.
21Les femmes migrantes (n = 43) ne différaient pas des femmes suisses, au regard de l’âge, du niveau d’éducation, du support social et marital ou du taux d’emploi (voir tableau 1). Elles étaient plus souvent mariées (91 % vs 56 %, χ2 = 13,42, p < 0,01), primipares (91 % vs 68 %, χ2 = 6,84, p < 0,05), et avaient moins de membres de la famille à Genève que les Suissesses (7 % vs 88 %, χ2 = 55,13, p < 0,001). Elles vivaient en Suisse en moyenne depuis cinq ans (ET = 3,9 ; minimum cinq mois et maximum quinze ans). Onze femmes (26 %) vivaient à Genève depuis moins de deux ans, 17 femmes (40 %) entre deux et cinq ans, et 15 femmes (35 %) depuis cinq ans ou plus. Une grande partie des migrantes (n = 18, 42 %) venaient d’un pays de l’Europe occidentale (France, Grande-Bretagne, Espagne, Allemagne et Italie) ; 10 femmes (23 %) venaient d’autres pays de l’OCDE (Canada, Japon, Etats-Unis et Australie) ; et 15 femmes (35 %) venaient des pays non membres de l’OCDE, comme la Russie, l’Ukraine, l’Inde, le Taïwan et le Kenya. La moitié des femmes migrantes (51 %) vivaient avec un partenaire originaire du même pays qu’elles. En ce qui concerne la connaissance du français, 41 % des femmes parlaient très peu ou pas le français, 12 % avaient une maîtrise du français insuffisante et 47 % parlaient couramment le français. Concernant leur situation légale, la plupart des migrantes (71 %) étaient en possession d’un permis de séjour stable, 2 % avaient obtenu la nationalité suisse, 25 % avaient un permis spécifique rattaché à leur employeur (organisations internationales et intergouvernementales) et 2 % avaient un permis de moins d’un an.
Comparaison des données sociodémographiques et cliniques entre les migrantes et les Suissesses
Variables démographiques | Migrantes (n = 43) | Suissesses (n = 41) |
---|---|---|
Age moyen (ET) | 33,5 (4,2) | 31,7 (4,4) |
Primiparité (%)a | 88,6 | 67,5 |
Education (%) | ||
• Doctorat/postgrade | 14 | 14 |
• Master | 58 | 62 |
• Bachelor/licence | 26 | 21 |
• Baccalauréat | 2 | 3 |
Mariée (%)b | 91 | 53 |
Activité professionnelle (%) | 73 | 88 |
Amis à Genève (%) | 88,6 | 95 |
Famille à Genève (%)c | 6,8 | 88 |
Score moyen STAI anxiété-trait (ET) | 35 (6,8) | 35,8 (9,6) |
Score moyen EPDS | ||
• Pendant la grossesse | 5,8 (3,6) | 5,9 (3,7) |
• Au post-partum | 5,7 (3,3) | 5,5 (4,8) |
Score moyen STAI anxiété-état (ET) | ||
• Pendant la grossesse | 36,3 (8,8) | 36,6 (8,6) |
• Au post-partum | 31,6 (7,5) | 34 (12) |
Score moyen SSQ | ||
• Nombre de personnes disponibles (ET) | 28,6 (14) | 32,6 (11,8) |
• Satisfaction avec le réseau social (ET) | 31,9 (4,2) | 33,2 (2,6) |
Score moyen de satisfaction avec le soutien marital (ET) | 8,4 (1,2) | 8,8 (1,3) |
Comparaison des données sociodémographiques et cliniques entre les migrantes et les Suissesses
ap < 0,05 ; bp < 0,01 ; cp < 0,001.EPDS : Edinburgh Postnatal Depression Scale ; STAI : State-Trait Anxiety Inventory ; SSQ : Short Form Social Support Questionnaire.
Taux d’anxiété et de dépression de la grossesse au post-partum
22Les femmes migrantes ne différaient pas des femmes suisses au regard des moyennes des scores de l’EPDS et de la STAI (voir tableau 1), ni pendant la grossesse, ni au post-partum. La distribution des scores des échelles EPDS et STAI était normale dans notre échantillon.
23Pendant la grossesse, le score moyen à l’EPDS chez l’ensemble des participantes était de 5,8 (ET = 3,7), largement en dessous du score seuil de 10. Néanmoins, 15 femmes (18 %, 7 migrantes et 8 Suissesses) ont rapporté un score égal ou supérieur au score clinique de 10 et ont été considérées comme étant à risque de la DAN. Le score moyen de STAI anxiété-état était de 36 (ET = 8,7), et le score moyen de la STAI anxiété-trait était de 34,9 (ET = 6,8), soit des scores d’anxiété très bas. Néanmoins, 16 femmes (19 %, 7 migrantes et 9 Suissesses) ont obtenu un score de 46 ou plus et présentaient donc un niveau moyen, voire élevé, d’anxiété anténatale.
24Au post-partum, le score moyen de l’EPDS était de 5,6 (ET = 4), toujours largement en dessous du seuil clinique. Huit femmes (10 %, 5 migrantes et 3 Suissesses) ont rapporté un score égal ou supérieur à 10. Le score moyen de la STAI anxiété-état était de 32,7 (ET = 9,9). Huit femmes (10 %, 3 migrantes et 5 Suissesses) ont obtenu un score de 46 ou plus. L’EPDS et la STAI anxiété-état étaient hautement corrélés (r = 0,70, p < 0,001), indiquant que les femmes présentant des symptômes anxieux avaient tendance à présenter également des symptômes dépressifs, et ceci aussi bien pendant la grossesse qu’après l’accouchement.
Prédicteurs sociodémographiques et socioculturels de l’anxiété et de la dépression périnatales
25Des régressions linéaires multiples séparées ont été conduites pour les migrantes et les Suissesses afin d’identifier les facteurs de risque sociodémographiques et socioculturels associés aux symptômes anxieux et dépressifs périnataux pour chaque groupe. Au vu de l’importante corrélation entre l’anxiété et la dépression périnatales, l’anxiété (mesurée par la STAI anxiété-état) a été prise en compte dans toutes les analyses où la dépression représentait la variable dépendante et vice versa, dans le but d’identifier les facteurs de risque spécifiques pour chacun de ces troubles. Les antécédents psychiatriques ont été également contrôlés dans toutes les analyses. Nous allons d’abord présenter les résultats chez les femmes migrantes, puis ceux des femmes suisses. Les termes « anxiété anténatale » et « anxiété post-partum » se réfèrent dans le texte à l’anxiété-état.
Chez les femmes migrantes
26Pendant la grossesse, l’anxiété anténatale était prédite par un cumul de facteurs sociodémographiques et cliniques (F(4,38) = 11,18, p < 0,01), détaillés dans le tableau 2, à savoir : primiparité (b = –0,33, p < 0,05), satisfaction avec le soutien marital (b = –0,29, p = 0,030), statut socio-économique du couple (b = 0,30, p < 0,05) et anxiété-trait (b = 0,59, p < 0,001). Ces 4 facteurs prédisaient 49 % de la variance de l’anxiété anténatale. En revanche, les facteurs socioculturels (durée de séjour à Genève, maîtrise du français, acculturation) n’étaient pas associés à l’anxiété.
Facteurs prédictifs sociodémographiques de l’anxiété anténatale chez les migrantes
Variables prédictives | b*a | ETb | t(38) | p |
---|---|---|---|---|
Primiparité | –0,33 | 0,13 | –2,59 | 0,01* |
Anxiété-trait | 0,59 | 0,13 | 5,39 | 0,00*** |
Satisfaction avec le support marital | –0,29 | 0,13 | –2,24 | 0,03* |
Statut socio-économique | 0,30 | 0,13 | 2,36 | 0,02* |
Facteurs prédictifs sociodémographiques de l’anxiété anténatale chez les migrantes
a Coefficients de régression normalisés ; b Erreur type de b* ; R : 0,74, R2 : 0,54 ; R2 pondéré : 0,49, erreur type = 0,17 ; *p < 0,05 ; ***p < 0,001.27La DAN était prédite, d’une part, par l’anxiété anténatale (b = 0,60, p < 0,001) et, d’autre part, par un facteur d’ordre socioculturel, à savoir l’attachement à la culture d’origine (b = 0,23, p < 0,05), indépendamment de l’affiliation à la culture suisse. Ces 2 facteurs expliquaient à eux seuls 49 % de la variance de la DAN (F(4,39) = 11,52, p < 0,001). L’âge, le niveau d’éducation et le soutien social n’étaient pas associés aux symptômes anxio-dépressifs pendant la grossesse chez les migrantes. Cependant, les migrantes qui avaient de la famille à Genève présentaient moins de symptômes anxieux (b = –0,33, p < 0,05), indépendamment du soutien social.
28Au post-partum, l’anxiété était prédite chez les migrantes par l’anxiété-trait (b = 0,43, p < 0,05), ainsi que par le degré d’affiliation à la culture suisse (b = –0,43, p < 0,05), les 2 prédisant 20 % de la variance totale (F(3,35) = 4,06, p < 0,05). Autrement dit, les migrantes qui s’investissaient peu dans la culture suisse présentaient plus de symptômes anxieux.
29La DPP était prédite par l’anxiété postnatale (b = 0,60, p < 0,001), par la DAN (b = 0,52, p < 0,05) et par le soutien social, à savoir le nombre de personnes-ressources disponibles (b = –0,29, p < 0,05).
Chez les femmes suisses
30Pendant la grossesse, l’anxiété était prédite uniquement par l’anxiété-trait (b = 0,73, p < 0,001). La DAN était prédite par l’anxiété anténatale (b = 0,78, p < 0,001) et le faible statut socio-économique de la famille (b = –0,22, p < 0,05), ces 2 facteurs expliquant 69 % de sa variance (F(2,38) = 48,54, p < 0,001).
31Au post-partum, l’anxiété était prédite uniquement par l’anxiété-trait (b = 0,62, p < 0,001). Quant à la DPP, elle était prédite par la DAN (b = 0,52, p < 0,05), ainsi que la satisfaction avec le soutien social, même si cette prédiction était tendancielle (b = –0,23, p = 0,07).
Evolution des symptômes anxieux et dépressifs
32Chez les femmes migrantes comme chez les Suissesses, la diminution des symptômes dépressifs n’est pas significative. En effet, ces symptômes, déjà peu présents initialement, sont restés tout aussi faibles après l’accouchement (voir tableau 1). Parmi les 7 femmes migrantes enceintes présentant des scores au-dessus du seuil clinique de 10, 6 ont vu leurs symptômes diminuer après l’accouchement. Toutefois, le pattern inverse s’observe également ; 4 femmes qui avaient des scores EPDS bas pendant la grossesse ont rapporté des scores de 10 ou plus au post-partum. Chez les femmes suisses, ces 2 types d’évolution sont également présents. Parmi les 8 femmes enceintes ayant obtenu des scores cliniques, 3 ont vu leurs symptômes diminuer après l’accouchement. Une femme avec un score bas pendant la grossesse a rapporté un score clinique au post-partum.
33En ce qui concerne les symptômes anxieux, ces derniers ont nettement diminué après l’accouchement chez les femmes migrantes (F(1,39) = 15,66, p < 0,001), et cela indépendamment du score obtenu à l’anxiété-trait. Un pattern similaire quoique tendanciel s’observe chez les femmes suisses (p = 0,13).
34Les symptômes anxieux diminuent davantage entre la grossesse et le post-partum chez les femmes migrantes bénéficiant d’un bon niveau socio-économique (F(1,38) = 4,39, p < 0,05), lorsque les deux partenaires du couple ont un taux d’activité élevé. De même, un lien tendanciel s’observe entre le taux d’activité de la femme et la diminution de l’anxiété (p = 0,05).
Liens entre anxiété anténatale, DAN et DPP
35Chez l’ensemble des femmes, l’anxiété anténatale prédit à elle seule la DPP (b = 0,51, p < 0,001), tout comme la DAN (b = 0,61, p < 0,001). Toutefois, lorsque ces deux variables sont introduites simultanément dans les analyses, l’effet de la DAN reste significatif, alors que l’effet de l’anxiété anténatale disparaît (voir figure 1). Un modèle de médiation a été mis à l’épreuve, postulant que la relation entre l’anxiété anténatale et la DPP, chez l’ensemble des femmes, est médiatisée par la DAN (voir figure 1).
Effet médiateur de la DAN sur le lien entre l’anxiété anténatale et la DPP, ensemble de la population
Effet médiateur de la DAN sur le lien entre l’anxiété anténatale et la DPP, ensemble de la population
*p < 0,05 ; **p < 0,001DPP : dépression du post-partum ; DAN : dépression anténatale.
Discussion
36Les objectifs de cette étude longitudinale étaient : 1) de comparer les taux de symptômes anxieux et dépressifs chez une population de femmes migrantes et suisses ; 2) de suivre l’évolution de ces symptômes entre la grossesse et le post-partum ; et 3) d’identifier les facteurs de risque sociodémographiques (âge, parité, soutien social et marital, emploi et situation socio-économique) et socioculturels (durée du séjour en Suisse, maîtrise du français, acculturation) associés à la détresse périnatale.
37Les femmes migrantes de notre échantillon ne différaient pas des femmes suisses quant à la plupart des caractéristiques sociodémographiques, à savoir l’âge, le niveau d’éducation, l’emploi, le niveau socio-économique, ni le soutien social. La plupart des femmes migrantes étaient originaires des pays d’Europe occidentale, ce qui rend notre échantillon représentatif des migrantes à Genève. En effet, deux tiers des résidents permanents à Genève proviennent de l’Europe de l’Ouest (Office fédéral de la statistique [OFS], 2016). Les migrantes étaient plus souvent mariées que les Suissesses et attendaient, pour la plupart, leur premier enfant. La fréquence plus élevée des couples mariés pourrait refléter l’importance de cette pratique pour les femmes venant de sociétés plus traditionnelles (Russie, Japon, Taiwan, Inde), ou encore son utilité en termes d’obtention d’un statut légal (immigration pour motif de regroupement familial). Notons que la moyenne d’âge de 33 ans chez les femmes migrantes pour une première grossesse peut paraître élevée par rapport aux pays d’origine (Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], 2014). Cela peut renvoyer au fait que la plupart de ces femmes ont une formation universitaire et qu’elles ont dû consacrer du temps à leurs carrières dans le pays d’accueil en situation migratoire. Dans ce contexte, la majorité des grossesses a été planifiée.
38En ce qui concerne les taux d’anxiété et de dépression, les femmes autochtones ont rapporté des taux anxio-dépressifs similaires à ceux décrits dans d’autres études, autant pendant la grossesse qu’après l’accouchement (Evans, et al., 2001 ; Faisal-Cury et Rossi Menezes, 2007 ; Gerardin, 2012 ; Lara, et al., 2009 ; Lee, et al., 2007). De manière plus surprenante, les femmes migrantes de notre échantillon ont rapporté des taux similaires aux femmes suisses, et donc nettement inférieurs à ceux rapportés dans la littérature (Ahmed, et al., 2008 ; Zelkowitz, et al., 2004 ; Foss, et al., 2004 ; Goguikian Ratcliff, et al., 2015 ; Lara, et al., 2009). Une première explication de ce constat pourrait relever du fait que les études précitées se sont focalisées sur les femmes migrantes désavantagées ou précaires tant au niveau socio-économique qu’au niveau du statut légal (réfugiées, clandestines), alors que les femmes de notre échantillon avaient un bon niveau socio-économique et la plupart d’entre elles exerçaient une activité professionnelle. Une deuxième explication pourrait être d’ordre socioculturel. Une grande majorité des études sur les femmes migrantes en période périnatale expliquent leur détresse par un manque de réseau social dans le pays d’accueil, et cela même chez les femmes d’un bon niveau socio-économique (Bina, 2008 ; Zelkowitz, et al., 2004). L’importance accrue du soutien social pendant la grossesse et après l’accouchement a été soulignée dans de nombreuses recherches (Goguikian Ratcliff, et al., 2015 ; Martinez-Schallmoser, et al., 2003 ; Zelkowitz, et al., 2008). Or, les femmes de notre échantillon avaient étonnamment la même densité du réseau social que les Suissesses et elles étaient satisfaites de la qualité de ce réseau. Cela pourrait être expliqué à la fois par la durée de séjour en Suisse (la plupart des femmes résidant en Suisse depuis environ cinq ans), par le fait d’être insérées professionnellement, mais aussi par le fait de faire partie d’un microcosme de vie international tel qu’il existe dans la ville de Genève. En effet, Genève abrite plus de vingt organisations internationales et intergouvernementales, et un tiers de la population active parle anglais sur le lieu de travail, et la connaissance du français n’est ainsi pas une nécessité (OFS, 2013).
Evolution des symptômes anxieux et dépressifs
39Les femmes suisses et les femmes migrantes de notre échantillon ont présenté des scores moyens très bas aux échelles d’anxiété et de dépression, autant pendant la grossesse qu’après l’accouchement. Les scores de dépression ont peu évolué entre la grossesse et le post-partum. Parmi les femmes présentant des scores cliniques à l’EPDS pendant la grossesse, certaines ont vu leurs scores diminuer, alors que chez d’autres, les symptômes dépressifs ont perduré au post-partum. Par ailleurs, certaines femmes qui avaient des scores de dépression bas pendant la grossesse ont rapporté des scores cliniques après l’accouchement. Même si ces résultats montrent que les scores EPDS ne sont pas toujours stables entre la grossesse et le post-partum, le score à l’EPDS anténatal s’est révélé être un bon prédicteur du score EPDS postnatal, ce qui corrobore les données de la littérature (Rich-Edwards, et al., 2006 ; Stowe, et al., 2005).
40En ce qui concerne l’anxiété, les scores globaux ont diminué davantage entre le pré- et le post-partum, surtout chez les migrantes. Ce pattern d’évolution de l’anxiété qui s’estompe après la naissance de l’enfant a été montré dans d’autres études, et peut être attribué au fait que l’anxiété diminue après l’accouchement lorsque la mère est rassurée de voir son enfant en bonne santé (Nanzer, 2009). Par ailleurs, l’accouchement même est un sujet qui focalise les inquiétudes des femmes pendant la grossesse (Lobel, et al., 2008). Dans cette étude, le seul facteur qui favorisait le maintien des symptômes anxieux chez les migrantes était le faible statut socio-économique (emploi temporaire, absence d’emploi chez la femme ou le conjoint). Les femmes d’un faible niveau socio-économique ont rapporté une anxiété durable qui s’étendait de la grossesse au post-partum. Relevons enfin que les femmes anxieuses par nature n’ont pas rapporté de diminution de symptômes anxieux après l’accouchement, ce qui corrobore le fait que les antécédents personnels d’anxiété contribuent au maintien de la symptomatologie anxio-dépressive périnatale (Evans, et al., 2001).
Facteurs de risque sociodémographiques et socioculturels
41Les femmes migrantes semblaient être plus vulnérables que les Suissesses aux stresseurs environnementaux, auxquels venaient s’ajouter des facteurs socioculturels. En effet, pendant la grossesse, les symptômes anxieux étaient prédits par un bas niveau socio-économique, autant chez les migrantes que chez les Suissesses, ce qui va dans le sens de la littérature (Da-Silva, et al., 1998 ; Kitamura, et al., 1996 ; Robertson, et al., 2004). En outre, les migrantes étaient plus anxieuses lorsqu’elles étaient primipares et n’étaient pas satisfaites du soutien marital. Il semble alors que les femmes migrantes soient fragilisées par les difficultés qu’elles rencontrent au pays d’accueil. D’une part, elles vivent leur grossesse dans un pays étranger, loin des proches et du cadre culturel familier, ce qui peut engendrer un sentiment d’incompétence anxiogène (Moro et Drain, 2009 ; Bina, 2008 ; Zelkowitz, et al., 2008). De ce fait, il n’est pas surprenant que le soutien marital représente une ressource primordiale pour ces femmes. D’ailleurs, la littérature est unanime sur le rôle protecteur du soutien marital pendant la grossesse chez toutes les femmes, et en particulier chez les migrantes (Ahmed, et al., 2008 ; Bina, 2008 ; Zelkowitz, et al., 2004). D’autre part, lorsque les femmes migrantes peinaient à trouver un emploi, avaient un emploi temporaire ou faisaient face à des difficultés financières, elles ont manifesté des taux d’anxiété élevés. Elles ont souvent exprimé les craintes de perdre leur emploi après la naissance du bébé ; cela était particulièrement vrai pour les femmes qui travaillaient dans des organisations internationales et dont le permis de séjour dépendait de leur lieu de travail (un quart des femmes). Ainsi, les résultats de l’étude semblent plaider en faveur du modèle de stress cumulatif : le cumul de tous ces facteurs augmentait la vulnérabilité des femmes migrantes de notre échantillon.
42De plus, les facteurs socioculturels venaient s’ajouter aux facteurs sociodémographiques et environnementaux chez les migrantes. Les résultats ont montré que les migrantes qui étaient très attachées à leur culture d’origine présentaient plus de symptômes dépressifs pendant la grossesse. Ainsi, pour ces femmes, l’éloignement du cadre culturel familier semble avoir un effet négatif sur leur humeur pendant la grossesse. En effet, il est admis que la culture joue un rôle important dans la manière dont une femme vit sa grossesse, chaque culture ayant des pratiques et des croyances spécifiques autour de la période périnatale, afin de protéger la mère et l’enfant durant cette période de vulnérabilité (Bina, 2008 ; Team, et al., 2009). A cet égard, les femmes migrantes enceintes qui avaient de la famille à Genève souffraient moins de symptômes anxieux, pouvant compter sur le soutien émotionnel des personnes proches qui partageaient des références culturelles similaires (Moro et Drain, 2009).
43De manière étonnante, la non-maîtrise de la langue française n’était pas associée à une détresse émotionnelle périnatale chez les migrantes. Cela va à l’encontre de nombreuses recherches sur le sujet soulignant que la non-connaissance de la langue locale peut mener à un sentiment d’incompétence, de manque d’autonomie et augmenter l’anxiété (Foss, et al., 2004 ; Goguikian Ratcliff, et al., 2015). Nous pouvons avancer l’hypothèse que les femmes de notre échantillon socialisaient beaucoup avec des collègues, souvent en anglais, et avaient, pour la plupart, des amis avec les mêmes origines culturelles. Par ailleurs, la moitié des migrantes avaient comme partenaire un ressortissant du même pays, ce qui leur permettait de parler leur langue maternelle dans le contexte familial. Dans leur étude sur les femmes hautement qualifiées en Suisse, Nunes-Reichel et Santiago-Delefosse (2015) ont montré que les expatriées parlaient anglais au travail et socialisaient principalement avec leurs collègues, ce qui constituait à la fois un soulagement pour ces femmes mais aussi un réel obstacle pour apprendre le français.
44Après l’accouchement, c’est le manque de connaissance de la culture suisse qui prédisait des symptômes dépressifs chez les migrantes. Rappelons que l’échelle utilisée pour évaluer l’acculturation (la VIA) mesurait le degré de familiarité et de participation dans différents domaines de la culture suisse (socialisation avec des Suisses, emploi, divertissements, cuisine, fêtes nationales et traditions). Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait qu’après la naissance du bébé, les femmes qui se disaient étrangères à la culture suisse et aux pratiques locales exprimaient des difficultés dans la vie quotidienne et se sentaient démunies face aux institutions médicales et de la petite enfance. Une autre étude menée en Nouvelle-Zélande par Abbott et Williams (2006) s’est intéressée à l’attachement à la culture d’origine et à l’affiliation à la culture d’accueil. Les auteurs ont mis en évidence que l’attachement à la culture d’origine et la connaissance de la culture du pays d’accueil représentaient des facteurs protecteurs contre la dépression post-partum. Ces résultats corroborent ceux de la présente étude en ce qui concerne la connaissance de la culture d’accueil. Toutefois, la comparaison entre les deux études est difficile, car, d’une part, la population de l’étude en question consistait uniquement en mères asiatiques d’un bas niveau socio-économique. D’autre part, l’évaluation de l’acculturation dans cette étude consistait en une interview orale qui permettait de classer les femmes selon les quatre stratégies d’acculturation décrites par Berry (1997). L’attachement à la culture d’accueil était inféré seulement en lien avec la familiarisation avec la culture d’accueil et non indépendamment (par exemple « Détachement de la culture d’origine associé à l’adaptation à la culture d’accueil »). Ainsi, nos résultats sont importants car ils contribuent à une compréhension plus fine du rôle joué par l’acculturation dans la vulnérabilité accrue des migrantes pendant la période périnatale. Etant donné que peu de recherches existent sur ce sujet, les résultats de la présente étude devraient être mis à l’épreuve dans des études ultérieures.
45La DAN semble davantage associée à des facteurs sociodémographiques que la DPP, ce qui a été peu souligné dans la littérature. La DPP qui semble présenter une continuité entre la grossesse et le post-partum, ce qui va dans le sens d’études longitudinales préalables (Green, 1998 ; Goguikian Ratcliff, et al., 2015). Les résultats montrent que la DPP au premier trimestre du post-partum était prédite principalement par les symptômes anxieux et dépressifs éprouvés pendant la grossesse, autant chez les femmes migrantes que les Suissesses. Cela souligne l’importance de dépister la DAN et l’anxiété pendant la grossesse. Quant aux facteurs socioculturels, ils semblent jouer un rôle important chez les femmes migrantes durant toute la période périnatale. Lors de la grossesse, c’est l’attachement à la culture d’origine qui crée de la détresse psychologique chez ces femmes, alors qu’après l’accouchement, la connaissance de la culture suisse joue le rôle d’un facteur protecteur contre l’anxiété postnatale. Le seul facteur environnemental prédictif de la symptomatologie dépressive après l’accouchement était le soutien social, et ceci autant chez les femmes migrantes que chez les Suissesses. Ce résultat corrobore ceux de nombreuses études soulignant l’importance du soutien social après la naissance du bébé (Goguikian Ratcliff, et al., 2015 ; Martinez-Schallmoser, et al., 2003 ; Zelkowitz, et al., 2008).
Limites de l’étude
46Plusieurs limites de la présente étude doivent être mentionnées. Tout d’abord, la participation volontaire à l’étude aurait pu induire un biais de sélection, les femmes souhaitant participer étant celles qui sont satisfaites de leur expérience de grossesse. Ensuite, les participantes étaient des femmes mariées ou en couple, avec un haut niveau d’éducation et avec un haut niveau socio-économique, ce qui limite la généralisation des résultats à toutes les femmes migrantes à Genève. Dans cette étude, des antécédents psychologiques ont été autorapportés par les femmes, et des questionnaires d’autoévaluation ont été utilisés pour mesurer des symptômes anxieux et dépressifs (EPDS, STAI). Ce sont des outils pratiques et faciles à utiliser autant pour le chercheur que pour les participantes, mais ces outils ne permettent pas d’établir des diagnostics d’anxiété ou de dépression. Une évaluation clinique et un entretien semi-structuré basé sur les critères du DSM-5 auraient permis d’obtenir des taux d’anxiété et de dépression plus corrects. Cependant, l’établissement des diagnostics n’était pas l’objectif de cette étude longitudinale.
Points à retenir
- Les femmes migrantes d’un bon niveau socio-économique ne diffèrent pas des Suissesses quant aux caractéristiques sociodémographiques et aux taux de symptômes anxieux et dépressifs périnataux, qui sont bas.
- Les symptômes dépressifs restent bas et évoluent peu entre le pré- et le post-partum, alors que l’anxiété diminue significativement chez les migrantes.
- L’anxiété et la dépression anténatales sont prédites chez les migrantes autant par des facteurs environnementaux que des facteurs socioculturels (acculturation).
- L’anxiété et la dépression au post-partum dépendent moins des facteurs environnementaux mais principalement de l’état émotionnel pendant la grossesse.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : dépression périnatale, migration, anxiété périnatale
Mise en ligne 14/01/2019
https://doi.org/10.3917/dev.184.0309Notes
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Conflit d’intérêts : aucun.