Nous y sommes, rattrapés par le réel de la pandémie. Hier, nous nous endormions avec une épidémie chinoise, maintenant nous nous réveillons avec une pandémie planétaire. Par les temps qui courent, nous vivons au ralenti. Est-ce que je cauchemarde ? La pandémie galopante a non seulement rattrapé l’impensé d’une fiction déréalisante, mais aussi l’a supplantée. À force de remettre à plus tard le désastre que nous pourrions engendrer, il nous tombe dessus sans crier gare et chamboule nos vies. Civilisation de la mobilité, maintenant par décret, à mobilité réduite autour du pâté de maisons, empêtrés que nous sommes dans notre élan ou notre hyperactivisme.
Évènement inédit, non prédictible, d’autant plus dévastateur qu’il échappe à toute anticipation. À ce jour, nous n’en avions cure. Notre civilisation post-moderne, à dérégulation forcée sous l’égide du discours capitaliste, dans sa course folle et son illusion de maîtrise, n’en avait même pas idée. Virus de taille infinitésimale, insaisissable dans sa transmission, la menace n’en est que plus grande : chacun peut être à son insu, porteur asymptomatique et diffuseur d’autant.
Temps d’angoisse donc et de vacillement. Sensation encore plus oppressante, à l’image du film Alien ; la menace monstrueuse est partout et nulle part à la fois. L’irruption fulgurante et sa propagation exponentielle submergent même les capacités d’hospitalisation. Tel un tsunami en plusieurs vagues, ainsi ce virus fragilise-t-il brutalement nos vies…