Préambule : Ce travail est produit pendant la période de confinement, à l’approche du pic de la pandémie. Il ne se situe donc pas dans l’après-coup, mais plutôt sous le coup. L’expérience analytique montre, dans la clinique du trauma, que faute de signifiant, sous le coup, le sujet est sidéré, manque d’éléments pour penser la situation et constituer un savoir ou des symptômes. Il en va de même pour les réflexions menées dans ce court exposé qui essaie de décrire, avec les outils de la psychanalyse et de la philosophie, la pandémie que nous vivons.
Depuis la découverte il y a 122 ans du virus de la mosaïque du tabac, surgi du réel et démontré sans qu’on puisse encore le voir, l’immense savoir acquis sur les virus ne les a pas rendus beaucoup moins réels, à ne citer par exemple que le coronavirus du chat, pour lequel les recherches vétérinaires tentent de trouver une parade vaccinale depuis plus de 50 ans.
Une menace, nommée Covid-19, est devenue en moins de trois mois un signifiant maître de notre destin, source de tous les impératifs actuels. Assailli de toutes parts par le savoir, il n’est pas d’abord pour être su, comme le dit Lacan du réel. Si nous, porteur du savoir esclave, cherchons à le détruire, il résiste et on ne peut prévoir quand il sera renversé.
Issu de la nature, ce virus couronné roi, réel devenu maître de nos actions, impose sa loi physique et biologique et frappe le système néolibéral en attaquant son support le plus essentiel : le corps du consommateur qui se confine sans consommer, voire se consume pour de bon et meur…