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Article de revue

La linguistique générale est-elle toujours d’actualité en aphasiologie, 80 ans après son entrée à La Salpêtrière ?

Pages 33 à 40

Notes

  • [1]
    Sous cette référence (p. 9-12), le lecteur trouvera une bibliographie assez complète, portant sur les aspects historiques de la neuropsycholinguistique aussi bien que sur bon nombre de travaux récents.
  • [2]
    Il convient de rappeler que Roman Jakobson, avec N.S. Troubetzkoy font partie, avec V. Mathesius, des fondateurs, en 1926, du Cercle de linguistique de Prague, où R. Jakobson soutiendra son doctorat en 1930. Il quittera la Tchécoslovaquie après l’invasion de l’armée allemande, en 1939.
  • [3]
    Parmi les intervenants : M. Critchley, Lord Brain, R. Jakobson, D. Howes, D. Broadbent, F. Goldman-Eisler, E. Bay, A.R. Luria, T. Alajounanine, F. Lhermitte, W. Neff, B. Milner, H. Hécaen, R. Angelergues, O. Zangwill, E. Stengel, A. Ross.
  • [4]
    En 1969, avait été publié dans Cortex, par A.R. Lecours et F. Lhermitte, l’article « Phonemic paraphasias : linguistic structures and tentative hypotheses » [9], fort souvent cité par la suite pour les innovations qu’il apportait à la caractérisation des erreurs segmentales des aphasiques.
  • [5]
    Pour la suite de l’histoire de la SNLF, se reporter au tome 164 de la Revue neurologique, mai 2008. Numéro spécial, coordonné par Francis Eustache, pour Les trente ans de la Société de neuropsychologie de langue française.
  • [6]
    Pour un travail récent dans ce domaine, voir [13].
  • [7]
    Dans certaines études mais pas dans toutes, et ce en dépit du caractère insatisfaisant du matériel lexical utilisé [14].
  • [8]
    Les capacités « transversales » dont parlait Fodor dans son ouvrage fondamental [19].
  • [9]
    Nous laisserons ici de côté le phénomène d’anaphore à visée rhétorique, et qui repose sur la « répétition d’un mot ou d’un groupe de mots en début d’énoncé » [20] : « Moi, président… ! »
  • [10]
    Dont certains sont également linguistes. En toute confidence, nul ne nous a jamais demandé, dans notre vie universitaire nord-américaine, si nous étions linguiste, psychologue ou neurologue. Nous étions perçus comme œuvrant dans le domaine de l’aphasie. Dans notre beau pays qu’est la France, on ne manque jamais de nous le demander, encore et encore (très récemment) : à quelle « tribu gauloise » appartenons-nous, même s’il s’agit de tribus « scientifiques », ce qui rend le propos, à notre humble avis, quelque peu malsain. Verrons-nous le jour où de tels cloisonnements disciplinaires disparaîtront ?
  • [11]
    En matière neurobiologique, la « plasticité cérébrale » dont on pensait, il y a quelques décennies, qu’elle s’étiolait avec l’âge (plus ou moins après la puberté) est à nouveau d’actualité, grâce aux travaux récents en neuro-imagerie [24]. Elle vise, cette fois, des sujets d’âge bien plus avancé.

Mise en situation. Un peu d’histoire…

1En 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, parurent en même temps deux ouvrages qui allaient jouer un rôle majeur dans l’évolution de la linguistique générale – dont les fondements avaient été posés, quelques décennies auparavant, par Ferdinand de Saussure (1857-1913) en Europe et par Leonard Bloomfield (1887-1949) aux États-Unis – et de l’aphasiologie.

2Le premier ouvrage – Principes de phonologie [1] – est l’œuvre princeps de N.S. Troubetzkoy (1890-1938), un des fondateurs de la phonologie, discipline qui s’assigne pour objectif de rendre compte des principes abstraits qui président à l’organisation structurale des langues naturelles et qui, de ce fait, au niveau de la « langue », identifient les « invariants » qui transcendent les multiples variations phonétiques de la « parole » chez des locuteurs différents, voire chez un même locuteur, d’un moment à un autre.

3Sur la base de la dichotomie saussurienne « langue/parole », Troubetzkoy montre bien tout l’intérêt qu’il y a de différencier les « phonèmes », objets de la phonologie et qui garantissent l’intercompréhension interindividuelle au sein d’une communauté linguistique, des « sons », décrits par la phonétique, lesquels varient d’un individu à un autre, voire chez le même individu, d’un moment à un autre. Nous reviendrons plus loin sur l’intérêt de cette dichotomie « phonologie/phonétique » ou « phonème/son » en clinique courante.

4Le second ouvrage – Le syndrome de désintégration phonétique dans l’aphasie [2] – est le fruit de la collaboration de Théophile Alajouanine (1890-1980), neurologue, André Ombredane (1898-1958), psychologue, et Marguerite Durand (1904-1962), linguiste et plus précisément phonéticienne. Il est l’aboutissement de contacts pluridisciplinaires, vivement souhaités par Théophile Alajouanine, qui accueillit très chaleureusement ces deux collègues à La Salpêtrière.

5La neurolinguistique naquît ainsi au pays de Jacques Lordat (1773-1870), de Marc Dax (1770-1837), de Gustave Dax (1815-1893) et (certes) de Paul Broca (1824-1880) qui, bien qu’ayant eu connaissance de leurs travaux, ne les cita guère [3] [1].

6Deux ans après la parution de ces deux ouvrages fondamentaux, en 1941, Roman Jakobson (1896-1982), un autre linguiste, d’origine russe comme Troubetzkoy, publia Kindersprache, Aphasie und allgemeine Lautgesetze, qui sera traduit en français en 1969 par les éditions de Minuit, sous le titre de Langage enfantin et aphasie[2][4]. 1941 est l’année de son arrivée aux États-Unis. En 1948, en poste à l’université Columbia, il a comme étudiant Morris Halle, originaire de Lettonie, avec lequel il publiera plusieurs ouvrages majeurs, dont Fundamentals of language (1956) [5]. À la même époque (1955), Noam Chomsky soutient sa thèse à l’université de Pennsylvanie où il a été l’élève de Zellig Harris. Roman Jakobson l’aide à rejoindre la même année le Massachussetts Institute of Technology (MIT) dans un laboratoire d’électronique œuvrant dans le domaine de la traduction automatique.

7Aux deux extrémités de Massachussetts Avenue, l’université Harvard, où Roman Jakobson enseigne, et le MIT, où Noam Chomsky obtient un poste de professeur en 1961, dans le département des langues vivantes et de linguistique où il crée, avec Morris Halle, le doctorat en linguistique, se trouve alors réuni un fort potentiel scientifique qui va s’élargir très rapidement à des psychologues, prêts à jeter les premiers fondements de la psycholinguistique.

8À une portée d’arbalète, se trouve également le Boston V.A. Hospital, où le jeune Harold Goodglass commence à s’intéresser aux dysfonctionnements langagiers consécutifs à des lésions cérébrales (= aphasies). Avec le même esprit d’ouverture que celui de Théophile Alajouanine à Paris, à la fin des années 1930, il reconnaît, 20 ans après ce dernier, l’importance des travaux en linguistique générale des chercheurs que nous venons de mentionner ainsi que celle des travaux réalisés autour de l’inventeur de la neurolinguistique française.

9 Théophile Alajouanine publiera, en 1968, L’aphasie et le langage pathologique [6], peu avant de prendre sa retraite, cédant son poste hospitalo-universitaire à François Lhermitte, fils de Jean Lhermitte, dont le portrait trônait dans le bureau d’un autre grand neuropsychologue français : Henry Hécaen, en poste à l’hôpital Sainte-Anne.

10 Ce sont les ouvrages énumérés ci-dessus ainsi que les cliniciens et chercheurs qui en sont les auteurs qui nous conduisirent à pousser, à 23 ans, la porte du bureau du Pr André Rascol au CHU Toulouse-Purpan, à l’automne 1970. Ce dernier avait entendu, à plusieurs reprises, parler de linguistique par François Lhermitte, lors de séances de la Société de neurologie, et, en bon clinicien, il était à la recherche d’une approche plus fine de la symptomatologie des patients atteints d’aphasie.

11Il nous accepta dans son service, récemment créé, et c’est dans un bureau qu’il mit à notre entière disposition que nous vîmes (quasiment) tous les aphasiques de la région, aucune structure hospitalière périphérique et aucun clinicien (orthophoniste, psychologue…) n’ayant de compétence dans cette nouvelle approche. Il nous offrit également, au terme de notre première rencontre, un autre ouvrage fort important dans le contexte historique de l’époque : Disorders of language, édité, en 1964, au terme d’un symposium international et pluridisciplinaire, par la Fondation CIBA à l’instigation de Lord Brain, Macdonald Critchley, Colin Cherry et Oliver Zangwill  [3][7].

12Passionné par les énigmes permanentes soulevées par chaque patient, nous passions donc le plus clair de notre temps à l’hôpital, gratifié, aux plans scientifiques et humains, chaque fois que nous pensions avoir trouvé une certaine cohérence (grâce aux outils fournis par la linguistique descriptive que nous commencions à appeler « linguistique clinique ») dans les manifestations linguistiques de surface, ou symptômes, que nous enregistrions méticuleusement sur notre magnétophone.

13 Nous décidâmes alors, en accord avec notre maître Joseph Verguin, qui avait créé le premier enseignement de linguistique générale à l’université de Toulouse, de préparer un doctorat en linguistique sur le thème de l’aphasie et, plus particulièrement, sur l’agrammatisme.

14 Au plan national, l’engouement pour la linguistique comme outil permettant de mieux rendre compte des perturbations de la parole et du langage observées à la suite de lésions cérébrales se manifesta tout particulièrement par l’organisation, dans l’amphithéâtre Charcot de La Salpêtrière, au début de 1971, d’une Journée linguistique et aphasie.

15 Présidée par Théophile Alajouanine, elle réunit, comme orateurs, Henri Hécaen qui collaborait avec Jean Dubois, linguiste, Olivier Sabouraud (Rennes) qui collaborait avec Jean Gagnepain, linguiste, concepteur de la « théorie de la médiation », François Lhermitte, qui, lors de cette journée, présenta André Roch Lecours comme « son » linguiste [4], et René Tissot (Genève) qui avait publié chez Masson, en 1966, Neuropsychopathologie de l’aphasie [8]. C’est lors de cette journée que nous rencontrâmes pour la première fois André Roch Lecours pour apprendre de sa bouche qu’il était, en fait, neurologue, même s’il s’était formé quelque peu en linguistique… un parcours inverse par rapport au nôtre !

16Quelques années après (1977), naissait la Société de neuropsychologie de langue française (SNLF), dont Henry Hécaen fut le premier président, auquel succéda, deux ans plus tard, François Lhermitte [5], l’année même de la parution du livre « jaune » sur l’aphasie, piloté par A.R. Lecours et F. Lhermitte [10] et auquel nous eûmes l’honneur de participer, juste avant notre départ à l’université de Montréal où fut créé, au sein d’un département de linguistique, le premier poste de neuropsycholinguistique dans la francophonie.

17Bref ! Chacun l’aura compris, lorsque la SNLF fut créée, avec pour thématique fondatrice primordiale, l’étude des troubles du langage dans l’aphasie, la neurologie attendait beaucoup de la linguistique (sans doute trop !).

18Cet engouement s’explique néanmoins dans la mesure où toute approche clinique s’appuie d’emblée sur la description des manifestations – verbales ou autres. L’approche clinique requiert donc la mobilisation des outils descriptifs les plus sophistiqués compte tenu de l’état d’avancement de telle ou telle discipline. Dans le domaine du langage et de ses dysfonctionnements, la linguistique permet une caractérisation des manifestations de surface aussi fine et précise que celle que permet le microscope ou le télescope dans d’autres domaines… sans parler de l’imagerie fonctionnelle cérébrale en matière anatomique.

19Ceci étant, et c’est bien là la grande limite des outils descriptifs, leur valeur explicative/interprétative est fort limitée et, parfois même, nulle. S’agissant de la linguistique générale, si elle permet bien de différencier et de classer les divers types de structures constitutives des langues naturelles et la complexité, plus ou moins grande, de ces dernières, elle ne peut que « supposer » que ces hiérarchies de complexité structurale sont susceptibles d’entraîner à leur tour la plus ou moins grande complexité des processus cognitifs qui doivent être mobilisés par le cerveau/esprit humain pour leur production ou leur compréhension, à l’oral comme à l’écrit.

Quelques illustrations de l’intérêt, toujours d’actualité, de la linguistique dans l’étude des perturbations linguistiques dans l’aphasie

Au niveau phonéticophonologique

20Nous avons choisi ce premier exemple pour des raisons historiques. En effet, l’étude des dysfonctionnements phonétiques et phonémiques dans l’aphasie constitue l’un de tout premiers thèmes abordés par Théophile Alajouanine dans les années 1930 (cf. supra). Repris et développé par A.R. Lecours et F. Lhermitte dans leur célèbre article de 1969, ce distinguo fera l’objet de multiples études auxquelles nous participerons (avec Yves Joanette également et tant d’autres doctorants) au cours des trois décennies suivantes.

21Alors que la dichotomie « son » versus « phonème » ne paraissait pas d’emblée évidente à bon nombre de neurologues, rares sont ceux qui, aujourd’hui, mettent en cause l’existence d’une « double dissociation » entre patients qui souffrent d’un déficit phonétique alors qu’ils n’ont aucune difficulté dans la gestion des entités phonologiques abstraites que sont les phonèmes et patients qui, en l’absence de troubles phonétiques ou arthriques, présentent des difficultés dans la sélection et/ou la combinaison des phonèmes. Ainsi, se trouvent différenciés les aphasiques de Broca des aphasiques de conduction, si l’on accepte, ne fut-ce qu’un instant, d’utiliser cette taxonomie classique des aphasies.

22Les outils descriptifs utilisés dans une première période demeuraient toutefois relativement grossiers : omission, addition, substitution et déplacement de sons et de phonèmes constituaient l’essentiel de l’arsenal du clinicien et du chercheur. Des cadres théoriques plus sophistiqués vinrent changer considérablement la donne dans les trois dernières décennies du xx e siècle. Nous ne retiendrons qu’un seul exemple particulièrement significatif d’un « modèle » qui permet de mieux appréhender la cohérence interne de certains phénomènes, de certaines « erreurs ».

23La Théorie des contraintes et des stratégies de réparation [11] met l’accent sur deux stratégies alternatives qui permettent de « simplifier » les groupes consonantiques, dont on sait qu’ils constituent une difficulté, tant pour l’enfant qui apprend sa langue maternelle que pour l’étudiant japonophone qui apprend le français (pas de CC en japonais)… et que pour l’aphasique. La première stratégie est la syncope qui consiste à supprimer une des deux consonnes du groupe (et pas n’importe laquelle, cf. infra)). La seconde stratégie est l’épenthèse, qui consiste à insérer une voyelle entre les deux consonnes. Dans les deux cas, le groupe consonantique est brisé et la structure syllabique résultante est ramenée à une alternance de consonnes et de voyelles plus facile à réaliser : CVCVCV. Nous avons eu l’occasion de montrer que, parfois, le même patient, d’un instant à l’autre, était en mesure de recourir à l’une ou à l’autre de ces stratégies, ce qui constitue, de tout évidence, une preuve de leur équivalence fonctionnelle [12]. Ainsi, un patient, tentant à plusieurs reprises de produire le mot « tracteur », dit /toeraktoer/, /taraktoer/, /taktoer/… mais jamais /raktoer/, ce qui indique bien que les deux consonnes du mot cible n’ont pas le même statut. Pareillement, un patient tentant de produire le mot « station », dit /tasion/, /Estasion/ (à l’espagnole) mais jamais /sasion/.

24On voit ici à l’œuvre des stratégies qui font partie de la « boîte à outils » de tout locuteur, même si elles n’ont fait l’objet d’aucun apprentissage explicite. Leur observation nous renseigne tout à la fois sur la nature des dysfonctionnements dont souffre tel ou tel patient (enfant, apprenant…) et sur la manière dont fonctionne un système phonologique.

25Dans le cadre d’une approche de ce type, la « compétence phonologique » du locuteur ne se limite donc plus à un ensemble de phonèmes dont l’agencement serait régi par des règles phonotactiques fixes, établies une fois pour toutes ; les phénomènes que nous venons de rapporter octroient une certaine flexibilité au fonctionnement du système phonologique et crédibilisent l’existence de cette « boîte à outils », laquelle fait, en quelque sorte, partie, elle aussi, de la compétence du locuteur/auditeur puisque ce dernier peut y avoir recours dans la dynamique d’un acte de parole  [6] chaque fois que survient un problème.

Au niveau syntaxique : noms versus verbes

26Comme deuxième exemple, nous évoquerons la « double dissociation » relevée depuis le milieu des années 1980, entre la gestion des noms et celle des verbes.

27Dans un article récent [3], nous avons soulevé la question de savoir s’il s’agissait bien de doubles dissociations ou d’« illusions ».

28En effet, en examinant le matériel expérimental mobilisé pour tester la validité de telles dissociations, la quasi-totalité des cliniciens/chercheurs – tout au moins dans une première période – a, en fait, comparé la gestion de « noms d’objets » à celle de « verbes d’action ».

29Ce faisant, lorsqu’une dissociation est observée, lorsqu’elle l’est [7], il n’est pas possible, comme nombre d’auteurs l’ont pourtant fait, de déterminer s’il s’agit d’une dissociation noms versus verbes reposant sur l’appartenance des deux types d’unités lexicales à deux catégories morphosyntaxiques différentes, ou bien plutôt d’une dissociation entre unités lexicales renvoyant à des objets versus unités lexicales renvoyant à des actions, sachant, de surcroît, qu’il est possible d’évoquer linguistiquement des actions via des noms et sachant également que tous les verbes ne sont pas des verbes d’action…

30Là encore, la nécessité de recourir à des notions fines issues de la linguistique générale s’impose, afin de ne pas confondre, dans le cas qui nous occupe ici, catégories morphosyntaxiques (noms versus verbes) et catégories conceptuelles (objets versus actions) [3].

Au niveau sémantique

31Le pire exemple de confusion conceptuelle et, par voie de conséquence, terminologique, fréquemment retrouvé tant dans la littérature psycholinguistique que neuropsychologique, a trait à l’utilisation, abusive, du vocable « sémantique » pour caractériser certains dysfonctionnements observables chez des cérébrolésés aphasiques et chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Cette confusion n’est d’ailleurs pas sans relation avec le problème soulevé dans le paragraphe précédent.

32Ferdinand de Saussure s’est évertué, à fort bon escient, au début du xx e siècle, à différencier le « signe linguistique », et ses deux faces « signifié » et « signifiant » (qui n’ont de « valeur » que dans le système que constitue une langue naturelle), du « référent » auquel renvoie un signe dans le monde extralinguistique qui entoure les locuteurs/auditeurs, sachant, en plus, que tous les signes linguistiques n’ont pas nécessairement de « référent ». Quel serait, en effet, dans le monde, le « référent » de « signes linguistiques » comme « philosophie », « quintessence », « abstraction » ?

33Le « signifié » d’un signe se définit, linguistiquement, par opposition aux signifiés des autres signes de la même langue. Sa définition est « oppositionnelle » et « interne » à la structure de la langue X ou Y ; elle ne correspond donc pas au « référent », qui vit sa propre vie dans le monde environnant. Le mot « fauteuil » ne renvoie pas, comme d’aucuns l’ont pourtant proposé naguère, à un siège avec dossier et accoudoirs. Il dénote plutôt la notion de « confort ». Les « éléphants » du parti socialiste n’ont pas besoin d’être pourvus de trompes pour exister linguistiquement : seuls comptent, dans l’usage de ce mot, leur « puissance » et leur « pouvoir », métaphoriquement parlant !

34D’ailleurs, en termes neuropsychologiques, certaines dissociations soulignent bien l’existence « cognitive » des référents en dehors des propriétés intrinsèques d’une langue.

35Un patient atteint d’agnosie (agnosie des objets ou agnosie des couleurs) n’est plus capable de reconnaître lesdits objets et lesdites couleurs mais il demeure parfaitement capable de dire « bleu » en réponse à une question comme : « Quelle est la couleur du ciel quand il fait beau ? ». Il ne peut plus traiter le « référent » mais il continue à manipuler adéquatement le signe linguistique [15, 16]. Même chose pour le patient prosopagnosique, qui ne parvient pas à trouver un portrait de Napoléon dans un ensemble de portraits qui lui est proposé, mais, qui, sans coup férir, dira « Napoléon » lorsqu’on lui demandera, par la seule voie linguistique : « Quel est le vainqueur d’Austerlitz ou le vaincu de Waterloo ? ».

36Pareillement, les deux faces du signe telles que définies par Ferdinand de Saussure – faces dont il soulignait la solidarité synchronique en recourant à l’image de la feuille de papier dont on ne peut déchirer le recto sans déchirer le verso – peuvent faire l’objet d’une double dissociation. Psycholinguistiquement, en effet, certains patients aphasiques peuvent ainsi avoir accès au signifié sans parvenir à trouver/produire le signifiant-cible (« je le sais mais je ne peux pas le dire » ; « c’est un machin qui sert à… ») quitte à produire diverses « approximations successives », « périphrases » et « autocorrections » qui démontrent bien que, comme les locuteurs normaux, ils ont eu accès à la représentation sémantique (au sens strict) alors que la forme lexico-phonologique du mot demeure « indisponible », à un moment donné [14, 17, 18].

37De telles observations indiquent clairement que les représentations « extralinguistiques » (conceptuelles) et les représentations linguistiques (sémantiques au vrai sens du terme) jouissent, dans le cerveau/esprit humain, d’une certaine autonomie, et ce même si, en situation normale, elles sont très certainement en permanente interaction, au sein de réseaux neurocognitifs associatifs.

La linguistique ne peut se passer de la psycholinguistique pour rendre compte de certains phénomènes langagiers

38Dans ce qui précède, nous avons insisté sur l’intérêt primordial des notions développées par la linguistique générale pour décrire les propriétés structurales des langues naturelles et, par le fait, les manifestations linguistiques de surface des patients aphasiques qui nous ont occupés pendant toute la durée de notre carrière.

39Il convient cependant de mettre également l’accent sur l’importance des modèles procéduraux (psycholinguistiques) pour rendre compte de tel ou tel type de dysfonctionnement langagier. Les représentations linguistiques (structurales), même si elles sont abstraites, n’en demeurent pas moins « fonctionnelles », sinon à quoi serviraient-elles ? Or, quand il s’agit de passer de la structure à la fonction in situ, divers mécanismes ou processus – mnésiques, attentionnels [8] – se doivent d’être convoqués pour assurer la transmutation du sens en son, en production, ou du son en sens, en perception/compréhension.

40Nous ne mentionnerons ici que deux exemples qui montrent, en particulier, l’importance de l’interaction entre structures linguistiques et processus mnésiques (en « mémoire de travail » essentiellement).

Propositions relatives

41Nous parlerons en premier lieu des propositions relatives qui viennent accroître la complexité syntaxique des phrases, tout comme les autres propositions subordonnées.

42Toute proposition relative, sans être ni grand clerc ni linguiste professionnel, peut être définie comme une expansion syntaxique, initiée par un pronom relatif, attaché à un antécédent, et organisée autour d’un prédicat secondaire, par rapport au prédicat de la proposition principale dans laquelle elle se trouve insérée.

43Ceci étant, d’un point de vue procédural, toutes les propositions relatives ne présentent pas le même degré de complexité. L’enfant n’apprend pas à maîtriser tous les sous-types de « relatives » en même temps. Il commence par gérer les relatives amorcées par des « présentatifs », comme « il y a », « c’est » : « il y a quelqu’un qui… » ; « c’est papa qui… » … et il termine toujours son apprentissage par la maîtrise des relatives enchâssées : « Le chien qui a mordu le facteur a été enfermé dans le garage » ou « le chien que mon père a trouvé dans le bois n’arrête pas de nous faire des caresses ».

44Ces dernières propositions relatives requièrent une « gymnastique cognitive » plus complexe. En particulier, s’agissant des relatives enchâssées, elles mobilisent une gestion mnésique qui n’a rien à voir avec leur structure syntaxique interne (qui reste fondamentalement la même, cf. supra). Il convient, en effet, pour l’auditeur du message, de maintenir en mémoire de travail la partie initiale de la proposition principale afin de pouvoir la réactiver, une fois traitée la proposition relative qui est venue briser la continuité du traitement de la proposition principale. Structures syntaxiques et processus mnésiques sont ici clairement en interaction et linguistes et psycholinguistes ne peuvent se passer l’un de l’autre !

Résolution des anaphores

45Comme deuxième exemple, nous prendrons ce que les linguistes appellent généralement la « résolution des anaphores », particulièrement dans le contexte des travaux en traitement automatique des langues (TAL).

46

« En grammaire, l’anaphore est un processus syntaxique consistant à reprendre par un segment un pronom en particulier, un autre segment du discours, un syntagme nominal antérieur, par exemple » [20] [9].

47Toutefois, qui saurait prétendre que la résolution du problème posé par l’apparition d’un « il » ou d’un « celui-ci » dans un discours continu ne reposerait que sur des processus syntaxiques « intrinsèques » ?

48De toute évidence, afin de déterminer quel est le « co-référent » du pronom anaphorique et de poursuivre l’interprétation en temps réel du message en cours de traitement, il convient de maintenir actives et/ou de réactiver des représentations syntacticosémantiques maintenues en éveil en « mémoire de travail ». L’effort mnésique ainsi requis variera donc, bien évidemment, en fonction de la « distance » (et donc du temps écoulé, à l’oral comme à l’écrit) entre le pronom anaphorique et son « co-référent », généralement placé avant mais parfois, aussi, après, dans les cas de « cataphores ». Qui, lors de la lecture d’un roman à multiples personnages, n’a été contraint à revenir en arrière afin de vérifier à qui/quoi renvoyait tel ou tel pronom anaphorique ?

49Ces deux exemples montrent bien, selon nous, à quel point une approche strictement linguistique serait lacunaire et manquerait de réalisme. Les psycholinguistes en sont convaincus ab origine, mais certains linguistes s’en sont finalement rendus compte : Georges Kleiber (Strasbourg), Francis Cornish (Toulouse)… des neuropsychologues aussi [10] : David Caplan (Cambridge, Massachusetts), François Rigalleau (Tours), Marion Fossard (Neufchâtel).

50Ces deux exemples illustrent, de manière éclatante, selon nous, la nécessité de la pluridisciplinarité, mieux, de l’interdisciplinarité, que nous avons toujours défendue, depuis la fin des années 1960 du siècle précédent.

51Une telle flexibilité cognitive/plasticité cérébrale n’a d’égale que celle du vivant, dont nous dirons quelques mots dans la partie conclusive à venir.

52Certes, d’aucuns, quelle que soit leur formation initiale, ont tendance à se replier frileusement sur leur « pré-carré ». Ils en ont le droit et nous le respectons… tout en le regrettant toutefois, tant il est évident que les plus grandes découvertes scientifiques dont l’humanité a accouché ont été, fort souvent, le fruit de la construction de ponts « improbables » entre domaines et disciplines différentes !!!

De la flexibilité du fonctionnement du cerveau/esprit humain

53Le locuteur/auditeur idéal dont Noam Chomsky a rêvé n’existe pas. C’est là une évidence !

54Pareillement, la célèbre citation d’Aristote, selon laquelle « il n’est de science que du général », est tout aussi désuète !

55Certes, il existe bien un substrat biologique commun à l’espèce humaine, y compris celui qui dote les humains du « langage articulé », mais ce dernier ne saurait être « réduit » à une algorithmique mécaniciste, de même que le cerveau ne saurait être « réduit » à un « cerveau-machine dans les termes de La Mettrie [21].

56Ceci étant, et tel qu’énoncé plus haut, les compétences cognitives de l’être humain, en matière de langage comme dans tout autre domaine de la cognition, ne sauraient être ramenées à des opérations immuables et figées. Si des invariants existent, bel et bien, dans le fonctionnement du vivant et du langage, l’atout majeur de la cognition humaine réside également (surtout ?) dans ses capacités adaptatives et donc dans sa flexibilité [11] et sa créativité.

57En matière linguistique, force est de constater que le comportement verbal humain est loin d’être stéréotypé [22, 23]. Tout au contraire, ce qui en fait la richesse dépend de ses capacités adaptatives, et ce chez le sujet sain comme chez le sujet dit « pathologique ». Les mêmes stratégies adaptatives sont mobilisées chez le sujet sain et, avec, il est vrai, plus ou moins de succès, chez le sujet aphasique. Il s’ensuit une variabilité comportementale qui ne dérange que ceux qui ne souhaitent voir « qu’une seule tête » et recherchent un « état stable » qui n’existe tout simplement pas.

58Même l’« eau dormante » ondule encore !

59La vie même n’est que mouvement !

60La variabilité dans la gestion du langage, de plus, s’accroît quand, même à matériau linguistique identique, le locuteur/auditeur est placé dans des situations de communication (ou dans des tâches expérimentales) différentes :

  • répéter une phrase et lire à haute voix la même phrase n’impliquent pas à 100 % les mêmes processus ;
  • planifier et produire un message « en temps réel », à l’oral, n’est pas la même chose que planifier et produire un message équivalent « en temps différé », à l’écrit, par exemple ;
  • effectuer une tâche de jugement métalinguistique – évaluant bien plus le « savoir » que le « savoir-faire » et le « faire » – n’a pas grand-chose à voir avec la compréhension d’un message in vivo et in situ.

61Or, les batteries d’examen linguistique de l’aphasie pêchent toutes par le décalage qu’elles introduisent entre la nature « hors contexte », in vitro, des épreuves censées évaluer spécifiquement tel ou tel type de processus et la réalité du handicap langagier ressenti/vécu dans la vie quotidienne par le patient et son entourage [25]. Or, c’est bien ce dernier que cliniciens et chercheurs aimeraient pouvoir cerner et caractériser en vue de la mise en place de programmes de remédiation efficaces [26].

En guise de conclusion

62Dans les pages précédentes, nous avons tenté de souligner le caractère toujours actuel d’une discipline, comme la linguistique générale, comme outil descriptif susceptible d’enrichir l’approche clinique des troubles du langage dans l’aphasie. Nous en avons également indiqué les limites explicatives et interprétatives, lesquelles rendent obligatoires, selon nous, l’interdisciplinarité [3].

63De la même manière, la linguistique permet de décrire les étapes successives de l’acquisition d’une langue maternelle ou seconde ou d’observer finement, à l’autre extrémité du spectre de l’expertise langagière, la diversité des variations stylistiques de tel ou tel grand écrivain.

64Nous défendons ainsi une conception du langage et du vivant comme continuum et non comme encapsulé en différentes catégories étanches.

65C’est dire finalement que nous adhérons pleinement à la conception, également « continuiste », défendue par Georges Canguilhem, médecin et philosophe, selon laquelle le distinguo entre le « normal » et le « pathologique » est une différence de « degré » plutôt que de « nature » [27].

66Un de nos premiers articles, publié en 1973, s’intitulait « La linguistique à la croisée des chemins : de la neurolinguistique à la psycholinguistique ». Le présent article s’inscrit dans la même veine, à cette différence près que les chemins se sont fort heureusement précisés et clarifiés depuis lors, de même que se sont, fort heureusement, développées les interactions entre chemins et disciplines. La route vers une neuropsycholinguistique intégrée demeure toutefois longue !

Liens d’intérêts

67l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

Bibliographie

Références

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  • 2. Alajouanine T., Ombredane A., Durand M.. La désintégration phonétique dans l’aphasie. Paris : Masson, 1939 .
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  • 10. Lecours A.R., Lhermitte F.. L’aphasie. Paris : Flammarion, 1979 .
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  • 13. Prince T.. Représentations syllabiques et segmentales dans l’acquisition du langage et dans l’aphasie. Les sequences sC du français. Université de Nantes, 2016 (thése de doctorat en sciences du langage).
  • 14. Nespoulous J.L.. Sémantique et aphasie. Approche neuropsycholinguistique des processus cognitifs/linguistiques de haut niveau. Langages 2016  ; 201 : 111-27.
  • 15. Nespoulous J.-L.. La linguistique à la croisée des chemins : de la neurolinguistique à la psycholinguistique. Une application : le circuit de la communication. Toulouse : presses de l’auniversité Toulouse-le Mirail, 1973 p. 91-114.
  • 16. Nespoulous J.L., Borrell A.. De la validité neuropsychologique de la dichotomie référent/signe. Cah Cent Interdiscip Sci Lang 1983  ; 5 : 184-91.
  • 17. Nespoulous J.-L.. Les stratégies palliatives dans l’aphasie. Reeduc Orthoph 1996  ; 34 : 423-3.
  • 18. Nespoulous J.L.. L’aphasie : du déficit à la mise en place de stratégies palliatives.  In : Mazaux J.-M., de Boissezon X., Pradat-Diehl P., Brun V.. Communiquer malgré l’aphasie . Montpellier : Sauramps Medical, 2014 , p. 11-9.
  • 19. Fodor J.. The modularity of mind. Cambridge (Massachusetts) : The MIT Press, 1983 .
  • 20. Dubois J., Giacomo M., Guespin L., et al. Dictionnaire de linguistique. Paris : Larousse, 1973 .
  • 21. La Mettrie J.. L’homme machine. 1747 (republié par les éditions Parid-Sud [1948]) (republié par les éditions Parid-Sud [1948]).
  • 22. Nespoulous J.-L.. Invariance et variabilité dans la symptomatologie linguistique des aphasiques agrammatiques : le retour du comparatisme ?.  In : Fuchs C., Robert S.. Diversité des langues et représentations cognitives . Paris : Ophrys, 1997 , p. 227-39.
  • 23. Nespoulous J.-L.. Invariance and variability in aphasic performance. An example: agrammatism. Brain Lang 2000  ; 71 : 167-71(special millennium issue).
  • 24. Duffau H.. A two-level model of interindividual anatomo-functional variability of the brain and its implications for neurosurgery. Cortex 2016  ; 86 : 303-1.
  • 25. Nespoulous J.-L., Lecours A.R., Lafond D., et al. Protocole Montréal-Toulouse d’examen linguistique de l’aphasie. , 2 ed. Isbergues : L’Ortho-Edition, 1992 .
  • 26. Nespoulous J.-L., Virbel J.. Apport de l’étude des handicaps langagiers à la connaissance du langage humain. Rev Parole 2004  ; 26 : 5-42.
  • 27. Canguilhem G.. Le normal et le pathologique. Paris : PUF, 1966 .

Notes

  • [1]
    Sous cette référence (p. 9-12), le lecteur trouvera une bibliographie assez complète, portant sur les aspects historiques de la neuropsycholinguistique aussi bien que sur bon nombre de travaux récents.
  • [2]
    Il convient de rappeler que Roman Jakobson, avec N.S. Troubetzkoy font partie, avec V. Mathesius, des fondateurs, en 1926, du Cercle de linguistique de Prague, où R. Jakobson soutiendra son doctorat en 1930. Il quittera la Tchécoslovaquie après l’invasion de l’armée allemande, en 1939.
  • [3]
    Parmi les intervenants : M. Critchley, Lord Brain, R. Jakobson, D. Howes, D. Broadbent, F. Goldman-Eisler, E. Bay, A.R. Luria, T. Alajounanine, F. Lhermitte, W. Neff, B. Milner, H. Hécaen, R. Angelergues, O. Zangwill, E. Stengel, A. Ross.
  • [4]
    En 1969, avait été publié dans Cortex, par A.R. Lecours et F. Lhermitte, l’article « Phonemic paraphasias : linguistic structures and tentative hypotheses » [9], fort souvent cité par la suite pour les innovations qu’il apportait à la caractérisation des erreurs segmentales des aphasiques.
  • [5]
    Pour la suite de l’histoire de la SNLF, se reporter au tome 164 de la Revue neurologique, mai 2008. Numéro spécial, coordonné par Francis Eustache, pour Les trente ans de la Société de neuropsychologie de langue française.
  • [6]
    Pour un travail récent dans ce domaine, voir [13].
  • [7]
    Dans certaines études mais pas dans toutes, et ce en dépit du caractère insatisfaisant du matériel lexical utilisé [14].
  • [8]
    Les capacités « transversales » dont parlait Fodor dans son ouvrage fondamental [19].
  • [9]
    Nous laisserons ici de côté le phénomène d’anaphore à visée rhétorique, et qui repose sur la « répétition d’un mot ou d’un groupe de mots en début d’énoncé » [20] : « Moi, président… ! »
  • [10]
    Dont certains sont également linguistes. En toute confidence, nul ne nous a jamais demandé, dans notre vie universitaire nord-américaine, si nous étions linguiste, psychologue ou neurologue. Nous étions perçus comme œuvrant dans le domaine de l’aphasie. Dans notre beau pays qu’est la France, on ne manque jamais de nous le demander, encore et encore (très récemment) : à quelle « tribu gauloise » appartenons-nous, même s’il s’agit de tribus « scientifiques », ce qui rend le propos, à notre humble avis, quelque peu malsain. Verrons-nous le jour où de tels cloisonnements disciplinaires disparaîtront ?
  • [11]
    En matière neurobiologique, la « plasticité cérébrale » dont on pensait, il y a quelques décennies, qu’elle s’étiolait avec l’âge (plus ou moins après la puberté) est à nouveau d’actualité, grâce aux travaux récents en neuro-imagerie [24]. Elle vise, cette fois, des sujets d’âge bien plus avancé.
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