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Article de revue

Images et contre-images de l'extrême-orient au Japon et en Occident

Pages 67 à 77

Notes

  • [1]
    Far East, the countries of East Asia & the Malay archipelago – usu. considered as comprising the Asian countries bordering on the Pacific but sometimes as including also India, Ceylon, Bangladesh, Tibet & Burma (Webster’s New Collegiate Dictionary, 1974, p. 1440). Extrême-Orient, ensemble de pays de l’Asie Orientale (Chine, Japon, Corée, États de l’Indochine et de l’Insulinde, extrémité orientale de la Russie) (Le Petit Larousse illustré, 1995, p. 1320). Kyokutô 1) Higashi no hate. Zettô. 2) (Far East) Nihon, Chûgoku, Chôsen. Tai nado Higashiajia chiiki wo Ôbei kara mite iu kôsho (Kôjien, 1981, p. 582. Traduction : 1) Extrémité de l’Orient. Extrême-Orient. 2) (Far East) Zone d’Asie Orientale, comprenant Japon, Chine, Corée, Thaïlande, etc., vue et désignée depuis l’Europe et les États-Unis.
  • [2]
    Cf. Edward Said, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, tr. de l’anglais par Catherine Malamoud (Orientalism, 1978), Paris : Seuil, 1980.
  • [3]
    Cf. John M. Steadman, The Myth of Asia, New York : Simon and Schuster, 1969. Voir aussi Franck Michel, Désirs d’Ailleurs. Essai d’anthropologie des voyages, Paris : Armand Colin, 2000, « L’exemple asiatique », pp. 128-142.
  • [4]
    Noter toutefois William Leonard Schwartz, The Imaginative Interpretation of the Far East in Modern French Literature, 1800-1925, Paris : Champion, 1927.
  • [5]
    Cf. Patrick Beillevaire, Le Japon en langue française. Ouvrages et articles publiés de 1850 à 1945, Paris : Éditions Kimé, 1993.
  • [6]
    Cf. Rutherford Alcock, The Capital of the Tycoon – A Narrative of a Three Years’ Residence in Japan, tome II, London : Longman, 1863, p. 329.
  • [7]
    Alcock, op. cit., p. 332.
  • [8]
    Alcock, op. cit., tome I, pp. v-vi.
  • [9]
    Alcock, op. cit., tome II, p. 350.
  • [10]
    Raymond A. Jones, The British Diplomatic Service 1815-1914, London : Colin Smythe, Gerrards Cross, 1983, p. 210.
  • [11]
    Georges Bousquet, Le Japon de nos jours et les échelles de l’Extrême-Orient, Paris : Hachette, 1877.
  • [12]
    Paul Morand, La Route des Indes, Paris : Arléa, 1989 (1936), p. 144.
  • [13]
    Claude-Emmanuel de Pimodan (Commandant), Promenades en Extrême-Orient (1895-1898), Paris : Champion, 1900, pp. 34-35.
  • [14]
    Cf. Catherine Mayaux, Les Lettres d’Asie de Saint-John Perse – Les récits d’un poète, Paris : Gallimard, 1994, p. 265.
  • [15]
    Émile Hovelaque, Les Peuples d’Extrême-Orient. La Chine, Paris : Ernest Flammarion, Bibliothèque de Philosophie scientifique dirigée par le Dr Gustave Le Bon, 1920, pp. 6-7.
  • [16]
    Léon Vandermeersch, Le Nouveau monde sinisé, Paris : PUF, 1986, pp. 9-13.
  • [17]
    Sadao Nishijima, « East Asia cultural sphere », Kodansha Encyclopedia of Japan, Tokyo : Kodansha, 1983, tome 3, pp. 141-142.
  • [18]
    Cf. Gérard Siary, « De la mode au modèle : les images successives du Japon en Europe au XIX e siècle et au XX e siècle », Historiens & géographes, n° 342,1993, pp. 103-121.
  • [19]
    Cf. Numa Broc, « Les voyageurs français et la connaissance de la Chine », Revue historique, n° 559,1986, pp. 85-131.
  • [20]
    Cf. Frédéric Boulesteix, « D’un Orient autrement extrême. Quelques images de la Corée en France », Les Carnets de l’exotisme, n° 15-16,1995, pp. 7-14.
  • [21]
    Cf. Max Milner, L’imaginaire des drogues de Thomas de Quincey à Henri Michaux, Paris : Gallimard, 2000, pp. 230-246.
  • [22]
    Cf. Pierre J. Simon, « Portraits coloniaux des Vietnamiens (1858-1914) », in Pierre Guiral et Émile Temime, éds., L’Idée de race dans la pensée politique française contemporaine, Paris : Éditions du CNRS, 1977, pp. 220-237; Henri Copin, L’Indochine dans la littérature française des années vingt à 1954, Paris : L’Harmattan, 1996.
  • [23]
    Cf. Gilbert Gadoffre, « Eugène Simon et l’utopie chinoise des années quatre-vingt », in Le Mythe d’Étiemble, Paris : Didier, 1979, pp. 61-67.
  • [24]
    Pour un bêtisier, cf. Paul Morand, Bouddha vivant, Paris : Grasset, 1926, pp. 59-60.
  • [25]
    Georges Weulersse, Le Japon d’aujourd’hui. Études sociales, Paris : Colin, p. 200.
  • [26]
    Claudel, « À travers les villes en flammes », in L’Oiseau noir dans le soleil levant, Paris : Gallimard, 174 (1929), p. 169.
  • [27]
    Pimodan, op. cit., p. 180.
  • [28]
    Hovelaque, op. cit., pp. 41-44.
  • [29]
    Leroy-Beaulieu, op. cit., p. 329.
  • [30]
    Pimodan, op. cit., pp. 317-318.
  • [31]
    André Bellessort, Un Français en Extrême-Orient au début de la guerre, Paris : Perrin, 1918, pp. 152,163-164.
  • [32]
    Hovelaque, op. cit., p. 75.
  • [33]
    Cf. Pierre-André Taguieff, « Doctrines de la race et hantise du métissage », Nouvelle Revue d’Ethnopsychiatrie, n° 17, Métissages, 1991, pp. 53-100.
  • [34]
    Lafcadio Hearn, « A Conservative », in Kokoro, Tokyo : Tuttle, 1985 (Boston : 1896), pp. 196-205.
  • [35]
    Georges Bousquet, op. cit., tome II, p. 285 s.
  • [36]
    Leroy-Beaulieu, op. cit., p. 416.
  • [37]
    Hovelaque, op. cit., pp. 278-282.
  • [38]
    Émile Hovelaque, Les Peuples d’Extrême-Orient. Le Japon, Paris : Ernest Flammarion, 1928, p. 335.
  • [39]
    Cf. Lisa Lowe, Critical Terrains. French and British Orientalisms, Ithaca et Londres : Cornell UP, 1991.
  • [40]
    Jean Blot, p. 212.
  • [41]
    Peter Sloterdijk, La Mobilisation infinie. Vers une critique de la cinétique politique, traduit de l’allemand par Hans Hildenbrand (Eurotaoismus. Zur Kritik der politischen Kinetik), Paris : Christian Bourgois, 2000.
  • [42]
    Jack Goody, L’Orient en Occident, traduit de l’anglais par Antoine Fabre (The East in the West, 1996), Paris : Seuil, 1999.
  • [43]
    Cf. Robert B.Valiant, « The Selling of Japan. Japanese Manipulation of Western Opinion, 1900-1905 », Monumenta Nipponica, vol. XXIX, n° 4, pp. 415-438.
  • [44]
    Cf. Bernard Hue, éd., Littératures de la péninsule indochinoise, Paris : Karthala-A.U.F., 2000, pp. 364-365.
  • [45]
    Cf. Pico Iyer, Video Night in Katmandu And Other Reports From the Not-So-Far East, New York : Alfred Knopf, 1988.
  • [46]
    Cf. Karoline Postel-Vinay, Le Japon et la nouvelle Asie, Paris : Presses de Sciences Po, 1997, chapitre 3 : « Les oscillations du Japon », pp. 87-120, et Philippe Pelletier, « Deux tournants et trois visions », Livre Deuxième : Japon, in Roger Brunet, éd., Géographie universelle : Chine, Corée, Japon, Paris : Belin-Reclus, 1994, pp. 420-422.
  • [47]
    Cf. Rob Wilson et Wimal Dissanayake, Global/Local : Cultural Production and the Transnational Imaginary, Durham : Duke UP, 1995, et Rob Wilson et Arif Dirlik, Asia/Pacific as Space of Cultural Production, Durham : Duke UP, 1995.

1L’idée d’Extrême-Orient ne relève pas d’une représentation partagée et les dictionnaires ne s’accordent pas sur l’extension du terme [1]. Affaire de point de vue et d’images nationales. L’imagologie s’est plus attachée à l’Orient [2] ou à l’Asie [3] qu’à l’Extrême-Orient [4], et plus à tel pays de l’Extrême-Orient qu’au sous-multiple planétaire désigné par ce vocable. Une seule contrée d’Extrême-Orient peut d’ailleurs, par hypostase, synecdoque, généralisation, désigner l’Orient ou l’Asie. Ainsi dans Glimpses of Unfamiliar Japan (1894), Lafcadio Hearn intitule le récit de son premier jour au Japon : « My First Day in the Orient ». Enfin d’autres mots se substituent ou voisinent avec celui d’Extrême-Orient : Est, Asie Orientale, Extrême Asie, Asie-Pacifique.

2Entre généralité orientale et spécificité est-asiatique, au-delà des images de chaque pays ou région, l’idée d’Extrême-Orient, depuis son apparition, a-t-elle suscité, dans la littérature et les idées, quelque représentation globale : noms, images, scénarios, cohérences politicoculturelles en accord avec le point de vue des nations regardantes et regardées ?

1. Nomination et extension

3Rares sont les écrits qui aident à dater l’apparition du terme d’Extrême-Orient. Dans la bibliographie du Japon en France, pour les années 1850-1867, il est absent (l’Asie orientale y figure une fois). Il apparaît à partir des années 1868-1903, à concurrence avec l’Asie, dans des titres d’articles, de revues et de récits de voyage comme Le Japon de nos jours et les échelles de l’Extrême-Orient (1877), de Georges Bousquet [5].

4Dans The Capital of the Tycoon (1862), le diplomate anglais Rutherford Alcock (1809-1897), retraçant l’histoire des appellations de l’Orient, admet la reconnaissance forcée d’un autre Orient :

5

The borders of the Mediterranean, with Asia Minor and Syria as the farther limit, long constituted the East in common acceptation. The « Levant » (le soleil levant), as the region thus defined was styled in the middle ages, nearly marked the extent of European traffic and intercourse. Later, when the discoveries of Vasco da Gama opened a sea route to India; though China and Japan were added to the countries with which we maintained certain relations of commerce, India monopolised to itself all popular conceptions of « the East. » It is only within the present generation that we have been compelled to acknowledge an East, far beyond the Ganges. [6]

6Le propos d’Alcock répète la distinction, déjà classique, de l’Orient et de l’Occident, de l’Asie et de l’Europe, du spiritualisme et du matérialisme, du progrès et de la contemplation :

7

We do not owe more to Greece and Rome, – to the cultivation of reason, taste, and the sense of beauty in the one, and the genius of government, or the spirit of legal order and legal organisation in the other, – than to Asia for its persistent and silent protest against the materialism and essentially practical, but mundane tendencies of all of European race. Asia has had in all times a tendency to spiritualism, often dream-like and mystic, yet ever with a teeming imagination directed to the unseen, the spiritual, and mysterious elements of another world. She has often sought her inspiration in things above, while we have been grovelling in earthly and material aims, in which the conquest of nature, for our own immediate ends, has been the primum mobile of our efforts. [7]

8Pour faire admettre cet Orient de plus, Alcock se place sous le patronage de son ancien chef de service, John F. Davis, diplomate et sinologue, jugé seul apte à apprécier l’information sur les Japonais [8]. De même, Alcock lance un programme d’études pour constituer le savoir utile à l’essor commercial de la Grande-Bretagne dans la zone concernée :

9

What is passing in those outlying regions of the farther Asia, among the
Siamese and the Cochin-Siamese, in China and in Japan, will be eagerly studied, until the earth is girdled round with a visible and continuous chain-link within link of reciprocal interests. [9]

10La fondation d’un nouvel orientalisme va dans le sens de la mondialisation par le commerce. Cette division du savoir correspond au découpage du monde par la diplomatie anglaise. Dès ses débuts, le service consulaire d’Extrême-Orient s’était organisé séparément du service général, démarche imposée par les problèmes de l’apprentissage des langues orientales [10]; les élèves-interprètes apprenaient d’ailleurs le chinois en Chine avant d’aller au Japon. Alcock ouvre la voie au savoir pragmatique d’un autre Orient, ni Levant ni Inde, qui comprend Japon, Chine, Siam et Cochinchine.

11L’aire assignée à l’Extrême-Orient évolue de la seconde moitié du XIX e siècle à la fin du XX e siècle et va se resserrer autour du monde dit sinisé. En 1877, Georges Bousquet relate un voyage de retour d’Edo à Paris avec les étapes suivantes, regroupées en chapitres : Hong-Kong – Canton – Macao; Manille – Singapore; Java – Ceylan – Aden [11]. Et Djibouti, qui se trouve aussi sur la route, avec « sa rue à Négresses qui donne aux voyageurs d’Extrême-Orient de si jolies séances de danses du ventre », et que Paul Morand n’oublie pas [12]. En 1895, le commandant de Pimodan fait aussi débuter la zone à Singapour, suivant un découpage qui relève à la fois de l’ordre commercial – les échelles du Levant transposées à l’Extrême-Orient – et mondain, et ne limite point l’Extrême-Orient aux pays sinisés [13]. Dans les années 20, l’empan se resserre. Émile Hovelaque, inspecteur général de l’Instruction publique [14], relate dans son livre sur la Chine son entrée en Extrême-Orient. Sens de la géographie, conviction de l’existence de races, conscience géopolitique aidant, l’observateur distingue strictement le monde indien, qu’il vient de quitter, de l’Extrême-Orient, dont l’inaccessibilité du relief est le pendant de celle du visage jaune aux yeux bridés. Domine une vision organiciste : relief, race, milieu ne font plus qu’un ensemble homogène, caractérisé par son impénétrable obscurité qui le constitue en mystère et l’oppose à l’Occident de lumière, et par son antipodisme [15]. Léon Vandermeersch, sinologue, franchit un pas de plus dans la délimitation du périmètre extrême-oriental. Cette fois, c’est la cohérence culturelle – sinon la fraternité biologique – du monde sinisé qui détermine le découpage territorial et en fait l’Asie des signes. Le monde sinisé naît à la faveur d’une colonisation politique ou simplement culturelle, mais l’évolution historique et politique, diverse, n’a pas eu raison de l’homogénéité culturelle, et le confucianisme rédimé a revigoré l’économie de l’Extrême-Orient [16].

12Mais du côté japonais, si des traits culturels communs sont admis, l’idée d’hégémonie chinoise est rejetée [17]. En dépit des contorsions objectives des intéressés, une vision occidentale est cependant à l’œuvre, qui jaunit, sinifie, inscrit l’Extrême-Orient dans une tradition tenue pour homogène et dans la zone d’enjeu que devient le bassin du Pacifique.

2. Images, scénarios, mythes d’Extrême-Orient

13Si chaque pays d’Extrême-Orient suscite des mots, en particulier des termes de relation, des images, des scénarios, des mythes ad hoc, ceux-ci participent plus de l’arsenal du magasin pittoresque de l’Extrême-Orient. Le Japon, l’empire du Soleil Levant, fascine avec ses samouraïs, ses geishas, son art, autant que par son progrès, son dynamisme et sa force d’expansion [18]. À l’inverse, la Chine, le Céleste Empire, melon juteux de la région, paraît arriérée, engoncée dans ses rites confucéens, abrutie dans l’opium, ruinée par le jeu ou par ses mandarins corrompus [19]. La Corée, pays de la Sérénité matinale, reste la nation ermite, rustique et sauvage, pauvre et douce, ersatz de Chine et de Japon, toujours vassale, qui se fait régénérer par le Japon [20]. L’Indochine, paradis des érotomanes des deux sexes avec ses congaï et ses boys, carrefour de l’opium [21], offre l’observatoire du confucianisme et du bouddhisme dans la vie asiatique [22].

14Les représentations idéologiques l’emportent sur les utopiques. Les observateurs envisagent le plus souvent les pays en termes de progrès et de développement, d’où leur approche axiologique – l’incapacité des races inférieures, parfois à bout de sève, à acquérir la civilisation qu’il a fallu des siècles pour former –, praxéologique – le bien-fondé de la colonisation ou, pour le Japon, de l’autocolonisation –, et épistémique – l’étude de la civilisation ou de l’art qui enferment dans le passé et barrent l’accès à l’histoire contemporaine –, laquelle justifie l’impérialisme. D’autres tendent à faire valoir que l’Extrême-Orient emprunte l’instrument ou la technique sans la morale voire la religion qui va avec et conserve son âme asiatique et son mépris de l’étranger : l’Oriental ne change pas et pourrait même devenir très menaçant. Certaines représentations utopiques font de la cité extrême-orientale un lieu d’harmonie : sur le modèle de La Cité antique de Fustel de Coulanges, Lafcadio Hearn bâtit la cité japonaise, réalisation de l’évolutionnisme spencérien, qui concilie éthique et esthétique; Eugène Simon (1829-1896) avec La Cité chinoise (1885), Goldsworthy Lowes Dickinson (1862-1932) et ses Letters from a Chinese Official being an Eastern View of Western Civilization (1903), présentent une Chine de paix et de raffinement [23].

15Les représentations d’ensemble de l’Extrême-Orient se dégagent le plus souvent de remarques ponctuelles qui intègrent le mot d’Extrême-Orient au propos ou d’histoires interculturelles qui mettent en vis-à-vis les pays compris dans la zone. À partir de la seconde moitié du XIX e siècle, les passants d’Extrême-Orient notent des items récurrents, autant de lieux communs. En voici quelques-uns [24] :

  • caractères chinois : la lingua franca de l’Extrême-Orient [25].
  • empereur : souverain (l’Empereur de Chine) ou marionnette (le Tennô), sa figure lointaine (Kubilay Khan), cruelle, occulte (Claudel, Segalen), intrigue d’autant plus que ce symbole du pouvoir ne paraît pas se manifester.
  • foule : associée à l’invasion possible de l’Occident par l’Asie, avec les images de la ruche, de la horde, de la fourmilière; Claudel évoque dans L’Oiseau noir dans le soleil levant ces foules épaisses que sont les foules asiatiques [26].
  • geisha : en grand nombre au Japon, exportée aux ports d’Extrême-
    Orient [27]; concurrencée par l’hétaïre locale dans les bateaux de fleurs de Chine ou par la congaï d’Indochine; l’Extrême-Oriental savoure, dans des temples de la volupté qui n’ont rien de lupanars, les délicatesses de sa civilisation, avec des femmes façonnées corps et âme pour sa jouissance par une discipline et un art millénaires [28].

16Ces items présentent un exotisme spécifique de l’aire sinisée, avec la race (jaune), la population (nombreuse), l’emprise spatiale (riziculture, plaines), la culture matérielle (bois, baguettes, jinrikisha) et spirituelle (bouddhisme, confucianisme), traits qui placent l’observateur devant un autre monde homogène en apparence. Mais l’observateur voit d’abord la variété de cette partie du monde, et l’exotisme le plus frappant naît de rapprochements de paysages [29] ou de portraits de groupes [30]. Si Leroy-Beaulieu exploite l’exotisme paysager pour marquer la différence de progrès entre Sibérie, Japon et Chine, Pimodan s’amuse de la diversité humaine qu’il classe avec soin, mais Bellessort, qui rejoint la France à la déclaration de guerre de 1914, observe le spectacle hétéroclite de races mêlées, d’un monde gâté par le cinéma d’Occident, ce qui le fait d’autant plus aspirer à un espace pur, à l’image de sa France, une et indivisible [31], et Hovelaque oppose aux Chinois la masse des barbares, peut-être associés au péril jaune [32]. Monde diapré, bigarré, disparate, qui suscite un sentiment mixophobe.

17Pour des représentations plus élaborées, il faut se reporter aux récits ou essais qui traitent de la confrontation entre pays d’Occident et d’Extrême-Orient. Les scénarios exotiques, le plus souvent, portent sur l’idylle mixte, les drames plus que les promesses du métissage, le choc des civilisations, la comparaison des valeurs d’Extrême-Orient et d’Occident. Ces histoires concluent souvent à l’incompatibilité raciale et culturelle, tant la mixophobie de l’époque est forte dans les mentalités [33].

18L’œuvre de Claude Farrère, avec sa mise en vis-à-vis des peuples, offre une image d’ensemble de l’Extrême-Orient. Dans Les Civilisés (1905) et La Bataille (1909), il campe le Japon, à la veille de la bataille de Tsushima, prêt à combattre le Russe, tandis que la Chine, qui observe le spectacle par les yeux du mandarin Tchéou-Pé-i, se demande si la technique peut déformer la civilisation du Japon puis estime que ce pays s’est écarté de la voie du Milieu invariable qu’elle-même a gardée. Au dynamisme du Japon vainqueur, qu’exalte Farrère, s’opposent la stagnation et l’attentisme de la Chine. L’Indochine, dépeinte dépravée dans Les Civilisés, est l’envers négatif du Japon. Si le milieu indochinois est trop immoral pour échapper à l’enlisement, le Japon ne recourt à l’immoralité, lui, que pour conserver sa liberté et son indépendance. Pour aider son mari, la marquise Yorisaka de La Bataille fait mine de le tromper avec l’officier anglais Fergan pour amener celui-ci à livrer ses secrets militaires qui assureront la victoire : immorale, mais patriote.

19Le voyage en Europe d’un Extrême-Oriental, incarnation de l’Extrême-Orient, est aussi prétexte à essai ou à fiction. Lafcadio Hearn imagine, dans A Conservative, célèbre nouvelle de Kokoro, un Japonais de famille samouraï, venu découvrir l’Occident, qui revient, déçu, vers les valeurs de son pays. Le samouraï oppose l’immoralité de la civilisation de l’Occident aux vertus du vieux Japon et de l’Extrême Orient :

20

During those years he saw Western civilization as few Japanese ever saw it […] Surely the old Japanese civilization of benevolence and duty was incomparably better in its comprehension of happiness, in its moral ambitions, its larger faith, its joyous courage, its simplicity and unselfishness, its sobriety and contentment. Western superiority was not ethical. [34]

21Ce type de récit se retrouve, en 1926, dans Bouddha vivant de Paul Morand, inspiré de Hearn, et La Tentation de l’Occident d’André Malraux.

3. Pour une histoire de la réception de l’Extrême-Orient d’ouest en est et d’est en ouest

22Après avoir considéré généralités et représentations narratives de l’Extrême-Orient, venons-en à des interprétations politiques, culturelles, poétiques, qui s’inscrivent dans les débats d’idées de la période moderne et contemporaine.

23La question d’Extrême-Orient, si on la définit comme la lutte pour un immense marché, où chaque puissance industrielle, ancienne ou nouvelle, a des intérêts à faire valoir, court de la guerre sino-japonaise jusqu’à nos jours. En 1877, le juriste Georges Bousquet, après un séjour au Japon, annonce une question d’Extrême-Orient, qu’il assortit déjà de la perspective d’une invasion asiatique. Il redoute que les masses d’Asie, qui n’ont pas assimilé la morale du progrès, ne retournent contre l’Occident ses propres armes techniques et ne se ruent contre lui [35]. En France, où le darwinisme passe mal, le Péril jaune agite moins les observateurs de terrain [36] que les métropolitains. La Russie, après la révolution russe, y devient une figure du Péril jaune, notamment chez Hovelaque :

24

C’est dans le vieux communisme russe et les idées de Tolstoï tout asiatiques que le Bolchevisme trouve certaines de ses racines. Peut-être doit-on voir dans cette tentative en partie une nouvelle manifestation de l’éternelle rage d’égalité et de destruction des Tartares, une révolte de l’Asie fataliste et impersonnelle contre la conception occidentale de la vie, fondée sur l’individualisme, l’effort, la lutte incessante. [37]

25En « asiatisant » le bolchevisme et la Russie, Hovelaque interprète le Péril jaune comme le symptôme d’un mal social : la contradiction entre la morale affichée par l’Europe et ses injustices flagrantes, qui ronge l’Occident.

26Malgré le Péril jaune, l’Occident se forge des représentations de l’Extrême-Orient qui lui permettent, par assimilation ou par évasion, d’accommoder ses propres difficultés. L’Extrême-Orient devient un modèle d’humanisme classique [38], ainsi qu’un objet herméneutique à l’usage d’un Occident en quête de sens, d’être, de formes : la réflexion sur l’art produit un système du sens.

27Pour Pierre Loti, dans Madame Chrysanthème, le Japon est insignifiant. Devant un bouton de porte ouvragé, il déplore que tant de raffinement ne signifie rien. Inversement, Paul Claudel lit dans la nature-temple du Japon l’intention divine qui préside au parement de la nature artiste. Il découvre la correspondance secrète entre les choses, selon un chiffrage subtil que fonde le fengshui. Chaque chose participe d’un concert universel, à la mesure réglée par les rites de l’Arpentage. Au théocentrisme de Claudel, Barthes oppose dans L’Empire des signes un décentrement du symbolique : le centre-vide de Tokyo est l’une des figures d’évacuation du Père [39]. Barthes reprend l’idée d’insignifiance et lui donne contenu positif : le signe épouse le contour du signifié sans débordement sémantique, la forme esthétique l’emporte sur l’herméneutique, le japonisme devient régime naturel du sens. Enfin, Jean Blot, en quête de signes conduisant vers des fragments épars d’un sens, note dans Retour en Asie, que toute l’Asie a gardé l’art de la précaution dans le mouvement et le placement. L’Asie livre son message dans la porcelaine coréenne :

28

l’assiette posée qui exprime, représente et dit ce que peut signifier être posé, ce que signifie concrètement la gravité, comment on peut, on doit toucher terre, et le sens qu’il faut donner à cette expression et, plus vital encore, à son verbe toucher. [40]

29L’Asie finit par représenter la paix ou le repos, à l’opposé de l’Occident d’Alcock. En dépit de ces tentatives d’adaptation de l’Extrême-Orient, il persiste un binarisme, l’opposition de l’Orient et de l’Occident, de l’engourdissement et du mouvement, dont le philosophe Peter Sloterdijk joue encore [41], même s’il est dénoncé par Jack Goody [42].

30À l’image que l’Occident se forme d’un Extrême-Orient dont le Japon voudrait s’emparer, le Japon réplique en se justifiant et en construisant la contre-image de l’Asie. L’évolution de la vision du monde du Japon produit une représentation de l’Asie qui, sous la forme d’une campagne internationale de promotion de l’image du Japon [43], réplique au Péril jaune issu de la question d’Extrême-Orient. Le livre d’Okakura Kakuzô (1862-1913), Ideals of the East (1903), est à l’origine partielle du débat interculturel des années 20 et 30, en Europe et aux États-Unis. Pionnier du panasianisme, Okakura proclame que l’Asie est une et que le Japon, sorti de la longue période d’obscurité où l’avait plongée la dynastie des Tokugawa, est à même de devenir le Musée de la riche culture de l’Asie. Dans The Awakening of Japan (1904), il affirme l’idéal de paix du Japon, exalte la vie simple d’une Asie civilisée qui, avec son moine indien, son paysan et son marchand chinois, son guerrier nippon, n’a pas sacrifié son âme et son sens de la beauté à la technique, localise le Péril jaune en Russie, et invite l’Occident, auteur du Désastre Blanc, à se mettre à l’école de l’Orient. Sûr des racines autochtones de sa modernisation, le Japon s’assigne une mission civilisatrice : revaloriser l’Asie. S’impose alors la thèse de la mission du Japon en Asie, qui débouche sur l’idée d’une Zone de Co-prospérité d’Asie Orientale comme d’une restauration de l’Asie, Tôa ishin. L’engouement cosmopolite de l’ère Taishô fait place au culturalisme ethnocentrique et à l’idéologie panasianiste du début de l’ère Shôwa.

31À la suite d’Okakura, la pensée et la littérature japonaises de l’entre-deux-guerres cherchent à situer la place du Japon en Asie et développent des visions d’ensemble qui, pour servir à l’usage local, n’en sont pas moins à considérer comme réponse, directe ou indirecte, à la menace de l’Occident. Dans Fûdo (1935), Watsuji Tetsurô (1889-1960) réplique à la Phänomenologie des Geistes de Hegel, qui suit son cours historique d’est en ouest, par une Climatologie de l’esprit, qui associe l’individu à sa nature et à sa société sans séparation du sujet et de l’objet la matière. Il s’ensuit une éthique climatologique, propre à chaque pays, qui rend la présence occidentale en Asie éthiquement déplacée. Les écrivains ne manquent pas de représenter le Japon en Extrême-Orient et par rapport à l’Occident. À côté des romans populaires qui imaginent la lutte du Japon contre les États-Unis, d’autres œuvres tentent d’accommoder l’Occident et l’Extrême-Orient via le Japon. À Pierre Loti qui, dans Un Bal à Yeddo, relate un bal au Rokumeikan où les Japonais paraissent sur le parquet comme des singes savants et la délégation de Chine du Nord, en noble représentante de la tradition, Akutagawa Ryûnosuke réplique, dans Butôkai (1924), Le Bal, avec Akiko, créature des lumières de l’ère de Meiji au sens littéral du terme, supérieure aux Chinois et même à un Loti happé par la nostalgie. Il reste que l’appréhension de l’Extrême-Orient, dans le roman japonais, apparaît comme une expérience douloureuse du corps. Dans Nobi (1952), Les Feux, d’Ooka Shôhei, le soldat perdu aux Philippines devient cannibale. Dans Iya na kanji (1968), Haut le cœur, de Takami Jun, l’anarchiste éprouve la joie de tuer, de détruire, et la scène finale à Shanghaï, où il éjacule en décapitant un captif chinois, révèle une recherche somatique dont l’Asie est le lieu de consommation. Représentations en désaccord avec l’idéal d’harmonie des doctrines politiques du moment. Le Japon, et même la Chine, n’en deviennent pas moins, dans les romans du Vietnamien Pham Van Ky, des modèles à suivre pour les pays colonisés [44].

32La notion d’Extrême-Orient n’a pas disparu des esprits d’Occident. Présente dans les titres de revues spécialisées, elle continue de désigner un ensemble économique ou culturel, à concurrence avec d’autres appellations, l’Asie ou l’Asie Orientale. Avec la reconversion de l’exotisme dans l’exaltation nostalgique d’un passé où le monde n’avait rien d’homogène, alors qu’un Loti peste très tôt contre l’uniformisation du monde, le récit de voyage contemporain enregistre le défigement de l’Extrême-Orient au profit du village global aux couleurs américaines, et le Not-so-Far East[45] ou la Kentucky fried culture sont dénoncés d’un œil amusé. Du côté de l’Asie, géographes et politologues ont rendu compte des positions du Japon en Asie Orientale : mutatis mutandis, le Japon redéfinit sa position en Asie comme l’intermédiaire entre elle et l’Occident et adopte un troisième slogan, shinbei nyûa : proximité de l’Amérique, retour à l’Asie [46]. Inversement, la Chine symbolise encore « l’Asie rebelle », qui n’a jamais frayé avec l’Occident, et la régionalisation asiatique est affectée par les deux images de la Chine et du Japon. Le vocable d’Asie-Pacifique, aussi vague que celui d’Extrême-Orient, suscite un imaginaire collectif, même s’il n’est à l’origine qu’un projet politique. Des cohérences culturelles est-asiatiques se mettent en place [47], dont les médias, plus que la littérature, sont le support, avec notamment le thème fédérateur de la Route de la soie.


Date de mise en ligne : 01/01/2001

https://doi.org/10.3917/rlc.297.0067

Notes

  • [1]
    Far East, the countries of East Asia & the Malay archipelago – usu. considered as comprising the Asian countries bordering on the Pacific but sometimes as including also India, Ceylon, Bangladesh, Tibet & Burma (Webster’s New Collegiate Dictionary, 1974, p. 1440). Extrême-Orient, ensemble de pays de l’Asie Orientale (Chine, Japon, Corée, États de l’Indochine et de l’Insulinde, extrémité orientale de la Russie) (Le Petit Larousse illustré, 1995, p. 1320). Kyokutô 1) Higashi no hate. Zettô. 2) (Far East) Nihon, Chûgoku, Chôsen. Tai nado Higashiajia chiiki wo Ôbei kara mite iu kôsho (Kôjien, 1981, p. 582. Traduction : 1) Extrémité de l’Orient. Extrême-Orient. 2) (Far East) Zone d’Asie Orientale, comprenant Japon, Chine, Corée, Thaïlande, etc., vue et désignée depuis l’Europe et les États-Unis.
  • [2]
    Cf. Edward Said, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, tr. de l’anglais par Catherine Malamoud (Orientalism, 1978), Paris : Seuil, 1980.
  • [3]
    Cf. John M. Steadman, The Myth of Asia, New York : Simon and Schuster, 1969. Voir aussi Franck Michel, Désirs d’Ailleurs. Essai d’anthropologie des voyages, Paris : Armand Colin, 2000, « L’exemple asiatique », pp. 128-142.
  • [4]
    Noter toutefois William Leonard Schwartz, The Imaginative Interpretation of the Far East in Modern French Literature, 1800-1925, Paris : Champion, 1927.
  • [5]
    Cf. Patrick Beillevaire, Le Japon en langue française. Ouvrages et articles publiés de 1850 à 1945, Paris : Éditions Kimé, 1993.
  • [6]
    Cf. Rutherford Alcock, The Capital of the Tycoon – A Narrative of a Three Years’ Residence in Japan, tome II, London : Longman, 1863, p. 329.
  • [7]
    Alcock, op. cit., p. 332.
  • [8]
    Alcock, op. cit., tome I, pp. v-vi.
  • [9]
    Alcock, op. cit., tome II, p. 350.
  • [10]
    Raymond A. Jones, The British Diplomatic Service 1815-1914, London : Colin Smythe, Gerrards Cross, 1983, p. 210.
  • [11]
    Georges Bousquet, Le Japon de nos jours et les échelles de l’Extrême-Orient, Paris : Hachette, 1877.
  • [12]
    Paul Morand, La Route des Indes, Paris : Arléa, 1989 (1936), p. 144.
  • [13]
    Claude-Emmanuel de Pimodan (Commandant), Promenades en Extrême-Orient (1895-1898), Paris : Champion, 1900, pp. 34-35.
  • [14]
    Cf. Catherine Mayaux, Les Lettres d’Asie de Saint-John Perse – Les récits d’un poète, Paris : Gallimard, 1994, p. 265.
  • [15]
    Émile Hovelaque, Les Peuples d’Extrême-Orient. La Chine, Paris : Ernest Flammarion, Bibliothèque de Philosophie scientifique dirigée par le Dr Gustave Le Bon, 1920, pp. 6-7.
  • [16]
    Léon Vandermeersch, Le Nouveau monde sinisé, Paris : PUF, 1986, pp. 9-13.
  • [17]
    Sadao Nishijima, « East Asia cultural sphere », Kodansha Encyclopedia of Japan, Tokyo : Kodansha, 1983, tome 3, pp. 141-142.
  • [18]
    Cf. Gérard Siary, « De la mode au modèle : les images successives du Japon en Europe au XIX e siècle et au XX e siècle », Historiens & géographes, n° 342,1993, pp. 103-121.
  • [19]
    Cf. Numa Broc, « Les voyageurs français et la connaissance de la Chine », Revue historique, n° 559,1986, pp. 85-131.
  • [20]
    Cf. Frédéric Boulesteix, « D’un Orient autrement extrême. Quelques images de la Corée en France », Les Carnets de l’exotisme, n° 15-16,1995, pp. 7-14.
  • [21]
    Cf. Max Milner, L’imaginaire des drogues de Thomas de Quincey à Henri Michaux, Paris : Gallimard, 2000, pp. 230-246.
  • [22]
    Cf. Pierre J. Simon, « Portraits coloniaux des Vietnamiens (1858-1914) », in Pierre Guiral et Émile Temime, éds., L’Idée de race dans la pensée politique française contemporaine, Paris : Éditions du CNRS, 1977, pp. 220-237; Henri Copin, L’Indochine dans la littérature française des années vingt à 1954, Paris : L’Harmattan, 1996.
  • [23]
    Cf. Gilbert Gadoffre, « Eugène Simon et l’utopie chinoise des années quatre-vingt », in Le Mythe d’Étiemble, Paris : Didier, 1979, pp. 61-67.
  • [24]
    Pour un bêtisier, cf. Paul Morand, Bouddha vivant, Paris : Grasset, 1926, pp. 59-60.
  • [25]
    Georges Weulersse, Le Japon d’aujourd’hui. Études sociales, Paris : Colin, p. 200.
  • [26]
    Claudel, « À travers les villes en flammes », in L’Oiseau noir dans le soleil levant, Paris : Gallimard, 174 (1929), p. 169.
  • [27]
    Pimodan, op. cit., p. 180.
  • [28]
    Hovelaque, op. cit., pp. 41-44.
  • [29]
    Leroy-Beaulieu, op. cit., p. 329.
  • [30]
    Pimodan, op. cit., pp. 317-318.
  • [31]
    André Bellessort, Un Français en Extrême-Orient au début de la guerre, Paris : Perrin, 1918, pp. 152,163-164.
  • [32]
    Hovelaque, op. cit., p. 75.
  • [33]
    Cf. Pierre-André Taguieff, « Doctrines de la race et hantise du métissage », Nouvelle Revue d’Ethnopsychiatrie, n° 17, Métissages, 1991, pp. 53-100.
  • [34]
    Lafcadio Hearn, « A Conservative », in Kokoro, Tokyo : Tuttle, 1985 (Boston : 1896), pp. 196-205.
  • [35]
    Georges Bousquet, op. cit., tome II, p. 285 s.
  • [36]
    Leroy-Beaulieu, op. cit., p. 416.
  • [37]
    Hovelaque, op. cit., pp. 278-282.
  • [38]
    Émile Hovelaque, Les Peuples d’Extrême-Orient. Le Japon, Paris : Ernest Flammarion, 1928, p. 335.
  • [39]
    Cf. Lisa Lowe, Critical Terrains. French and British Orientalisms, Ithaca et Londres : Cornell UP, 1991.
  • [40]
    Jean Blot, p. 212.
  • [41]
    Peter Sloterdijk, La Mobilisation infinie. Vers une critique de la cinétique politique, traduit de l’allemand par Hans Hildenbrand (Eurotaoismus. Zur Kritik der politischen Kinetik), Paris : Christian Bourgois, 2000.
  • [42]
    Jack Goody, L’Orient en Occident, traduit de l’anglais par Antoine Fabre (The East in the West, 1996), Paris : Seuil, 1999.
  • [43]
    Cf. Robert B.Valiant, « The Selling of Japan. Japanese Manipulation of Western Opinion, 1900-1905 », Monumenta Nipponica, vol. XXIX, n° 4, pp. 415-438.
  • [44]
    Cf. Bernard Hue, éd., Littératures de la péninsule indochinoise, Paris : Karthala-A.U.F., 2000, pp. 364-365.
  • [45]
    Cf. Pico Iyer, Video Night in Katmandu And Other Reports From the Not-So-Far East, New York : Alfred Knopf, 1988.
  • [46]
    Cf. Karoline Postel-Vinay, Le Japon et la nouvelle Asie, Paris : Presses de Sciences Po, 1997, chapitre 3 : « Les oscillations du Japon », pp. 87-120, et Philippe Pelletier, « Deux tournants et trois visions », Livre Deuxième : Japon, in Roger Brunet, éd., Géographie universelle : Chine, Corée, Japon, Paris : Belin-Reclus, 1994, pp. 420-422.
  • [47]
    Cf. Rob Wilson et Wimal Dissanayake, Global/Local : Cultural Production and the Transnational Imaginary, Durham : Duke UP, 1995, et Rob Wilson et Arif Dirlik, Asia/Pacific as Space of Cultural Production, Durham : Duke UP, 1995.

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