Couverture de ENTRE_183

Article de revue

Le rôle du capital social sur la croissance des jeunes entreprises innovantes : incubées versus non incubées

Pages 59 à 80

Notes

  • [1]
    Eurasanté (biologie, santé & nutrition ; recherche publique), Cré’Innov (tous secteurs), EuraTechnologies (TIC & numérique), APUI (éco-technologies), Innotex (textile), Tonic Incubation (tous secteurs), MITI (tous secteurs ; recherche publique).
  • [2]
    Réseau national d’appui aux entrepreneurs disposant d’une vingtaine d’antennes en Nord-Pas-de-Calais

Introduction

1Lorsqu’elles sont jeunes, les entreprises innovantes sont confrontées à de nombreux problèmes spécifiques (Stam et al., 2014) comme un environnement technologique turbulent, des process de mise au point et de commercialisation plutôt longs, la construction d’un nouveau marché, une concurrence plutôt nationale ou internationale que locale, le besoin d’identification des partenaires (ex. : fournisseurs, clients) ou encore celui de recruter du personnel très qualifié. Aussi, une clé essentielle pour faire face à ces défis réside dans leur capacité à acquérir, échanger et exploiter des informations et des connaissances externes (Patton, 2013) et donc à développer du capital social (CS) par son réseau relationnel (Debrulle et al., 2014). Le concept de capital social peut se définir comme la valeur actuelle et potentielle inclue dans les relations sociales des individus ou des entités sociales (Nahapiet et Ghoshal, 1998). Il est de plus en plus usité pour expliquer la croissance (Maurer et al., 2011 ; Partanen et al., 2008 ; Pirolo et Presutti, 2010 ; Prashantham et Dhanaraj, 2010) des entreprises établies et des jeunes entreprises innovantes (Anderson et al., 2007 ; Maurer et Ebers, 2006 ; Stam et al., 2014).

2Dans le cas spécifique des entreprises naissantes, divers systèmes de soutien et d’accompagnement ont au cœur de leurs missions celles de fournir l’accès à des partenaires et donc d’accroitre le capital social des entrepreneurs et de leur entreprise (Adlesic et Slavec, 2012 ; Patton, 2013). A cet égard, les incubateurs d’entreprises occupent une place de choix puisqu’ils sont censés permettre aux jeunes entreprises de développer leurs réseaux externes et obtenir ainsi plus facilement les informations et les connaissances nécessaires à leur développement (Patton et Marlow, 2011).

3Si le capital social semble indispensable au développement de la jeune entreprise, au point que les structures d’accompagnement en fassent un des axes essentiels de leurs missions, les résultats empiriques sur le rôle joué par le capital social sont contrastés voire contradictoires pour plusieurs raisons (Stam et al., 2014). Premièrement, la notion de capital social est « extrêmement difficile » à évaluer et ne peut donner de résultats homogènes en raison de la variété des profils d’entreprises à laquelle il s’applique (Gedajlovic et al., 2013). Deuxièmement, les variables contextuelles sont insuffisamment prises en compte dans les études sur le capital social (Gedajlovic et al., 2013). De plus, le rôle véritable des incubateurs dans la constitution du capital social reste assez flou et questionne plus globalement la performance des incubateurs comme le font certains chercheurs (Messeghem et al., 2013).

4Notre article prend en considération ces constats. Tout d’abord, il circonscrit l’analyse à un type spécifique d’entreprises : les jeunes entreprises innovantes (JEI). Ensuite, il prend en considération le contexte dans lequel elles évoluent et, en particulier, le fait qu’elles bénéficient d’un accompagnement. Sur la base d’une étude comparative entre, d’une part, des JEI incubées et, d’autre part, des JEI ayant reçu un accompagnement sans hébergement (hors incubateurs), la recherche permet de mieux comprendre dans quelle mesure l’incubation et le capital social reçu lors de ces premières années d’existence (moins de 6 ans) sont facteurs de croissance. Nous analysons donc l’utilité perçue des aides que reçoivent les entrepreneurs des JEI de la part de leurs parties prenantes au cours de cette période. A cet effet, nous distinguons le capital social interne (bonding) de l’externe (bridging) (Adler et Kwon, 2002) car plus adapté à l’étude des JEI (Cao et al., 2012 ; Cuevas-Rodriguez et al., 2014 ; Davidsson et Honig, 2003 ; Debrulle et al., 2014 ; Yli-Renko et al., 2002). Nous étudions s’il existe une relation significative entre le capital social interne (CSI) puis externe (CSE) et la croissance des entreprises innovantes. Ensuite, notre recherche s’inscrit dans une perspective contextuelle. Nous mettrons donc en évidence le rôle des structures d’aide et de soutien aux entreprises dans la constitution du capital social. Pour cela, nous testons le rôle de l’incubation dans la constitution d’un capital social externe, ainsi que le rôle modérateur des incubateurs sur la relation entre le capital social et la croissance de la jeune entreprise. En conséquence, notre article soulève deux interrogations relatives aux incubateurs : « Dotent-ils la JEI de capital social facteur de croissance ? » et « Amplifient-ils l’effet du capital social sur la croissance de la JEI ? ». Nos résultats confirment tout d’abord une relation positive entre le CSE et la croissance de la JEI, mais la relation pour le CSI n’est pas démontrée. Ensuite, concernant le rôle des incubateurs, nos résultats mettent en évidence qu’ils favorisent la constitution d’un capital social externe pour la JEI. Toutefois, ils soulignent aussi que le CSE ne permet pas à la JEI de croitre mieux que des entreprises ayant reçu d’autres formes d’accompagnement.

5Cet article débute par la présentation de la notion de capital social, et plus spécifiquement de capital social interne et externe, puis il aborde le contexte de l’accompagnement en particulier des incubateurs. De cette revue de la littérature, nous en déduisons nos hypothèses. Ensuite, nous décrivons la méthode de recherche déployée ainsi que la grille d’analyse adoptée. Enfin, nous présentons et discutons les résultats nous permettant de conclure par des recommandations et des pistes de recherches futures.

1 – Cadre théorique

6Bien que la croissance des jeunes entreprises soit un phénomène multidimensionnel (Delmar et al., 2003), le capital social ou les ressources propres au réseau personnel de l’entrepreneur sont essentiels à la performance et à la croissance de la jeune entreprise (Maurer et Ebers, 2006; Stam et al., 2014). Le réseau personnel de l’entrepreneur comprend la famille, les amis et l’ensemble de ses contacts (Maurer et Ebers, 2006). Il permet d’obtenir des ressources utiles à la croissance de l’entreprise et dont l’acquisition n’aurait pas été possible autrement ou très difficilement (Brush et al., 2008). Ces attributs conférés au capital social s’inscrivent dans la conception de Nahapiet et Ghoshal (1998). Pour ces derniers, le capital social est une notion dynamique selon laquelle le réseau relationnel (source) génère de la valeur (ressources) qui, potentiellement, peut conduire à la croissance de l’entreprise. Dans le contexte entrepreneurial, leur conception irrigue deux courants de recherche (Lamine et al., 2015). Le premier, en lien avec les travaux de Burt (1995), regarde comment la structure des réseaux évolue avec le projet entrepreneurial lui-même. Le second s’intéresse à la manière dont la nature et la force des liens conditionnent le développement du projet entrepreneurial (Eterson et al., 2010 ; Hite et Hesterly, 2001). En faisant porter notre recherche sur l’utilité perçue des aides fournies par les différentes parties prenantes, nous nous inscrivons dans ce deuxième courant de recherche. Nous distinguons le capital social interne du capital social externe dans le cas spécifique de la jeune entreprise innovante (1.1.). Puis nous portons une attention particulière au contexte dans lequel évoluent ces entreprises. En effet, les dimensions contextuelles pour que la croissance soit rendue possible est trop souvent négligée par la recherche entrepreneuriale (Wright et Stigliani, 2013; Clarysse et al., 2011). Nous prenons donc en considération la manière dont ces entreprises ont été accompagnées, en particulier le fait qu’elles soient passées ou non par un incubateur (1.2.).

1.1 – Le rôle du capital social dans la croissance des jeunes entreprises innovantes

7La nature et la force des relations qu’une organisation ou qu’un individu entretient avec ses parties prenantes sont le plus souvent basées sur l’approche par les liens forts et les liens faibles de Granovetter (1973). Cette approche est souvent mobilisée pour distinguer les relations impliquant les parties prenantes internes de l’organisation (capital social interne ou « bonding social capital ») de celles impliquant les parties prenantes externes (capital social externe ou « bridging social capital ») (Adler et Kwon, 2002 ; Davidsson et Honig, 2003). De fait, le capital social interne se réfère aux échanges relationnels développés au sein d’un groupe homogène (Eklinder-Frick, Eriksson et Hallén, 2014). Dans le cadre d’une entreprise, le capital social englobe les liens sociaux entre les individus tels que les salariés et les associés. On y trouve également le soutien de la famille et des amis lorsqu’il s’agit d’un projet entrepreneurial (Davidsson et Honig, 2003). Comme le soulignent plusieurs auteurs (Davidsson et Honig, 2003 ; Eklinder-Frick et al., 2014 ; Shrestha, 2013), la perspective interne du capital social est traditionnellement associée à la notion de liens forts développée par Granovetter (1973). En d’autres termes, le capital social interne d’une jeune entreprise englobe les liens (forts) internes qu’elle possède et qu’elle entretient avec les individus ou les groupes d’individus au sein de son organisation (Cuevas-Rodriguez et al., 2014). Le capital social externe se réfère, quant à lui, aux échanges relationnels qu’une entreprise ou un individu de cette entreprise – par exemple, le dirigeant (Cao et al. 2012) – tisse avec ses parties prenantes externes (Cuevas-Rodriguez et al., 2014). Comme le soulignent plusieurs auteurs (Davidsson et Honig, 2003 ; Debrulle et al., 2014 ; Gedajlovic et al., 2013), la perspective externe du capital social est traditionnellement associée à la notion de liens faibles développée par Granovetter (1973). En d’autres termes, le capital social externe d’une jeune entreprise englobe les liens (faibles) externes qu’elle possède et qu’elle entretient avec les acteurs extérieurs (Cuevas-Rodriguez et al., 2014).

1.1.1 – Le rôle spécifique du capital social externe pour les jeunes entreprises innovantes

8Défini par les liens faibles, l’apport principal du capital social externe se situe sur l’accès à l’information et à la connaissance. Il permet d’acquérir des informations rares, non-redondantes et nouvelles (Burt, 2000 ; Kolstad et Wiig, 2013) qu’il aurait été difficile et coûteux d’obtenir autrement (Davidsson et Honig, 2003). Debrulle et al. (2014) montrent qu’il existe une relation positive et significative entre cette forme de capital social et la capacité d’absorption de la start-up en lui permettant d’identifier des opportunités d’affaires (Eterson et al., 2007) que cela soit sous la forme d’accès à de nouveaux marchés (Yli-Renko et al., 2002) ou d’innovation (Cao et al., 2012), par exemple. Yli-Renko et al. (2001) soulignent que les jeunes entreprises de hautes technologies arrivent à survivre, croître et prospérer malgré leur manque important de ressources spécifiques grâce au capital social. En effet, en échafaudant un réseau relationnel externe idoine, l’entreprise se construit une ressource difficilement imitable d’acquisition et traitement d’information et de connaissance lui procurant un avantage concurrentiel. Les auteurs mettent en évidence que plus une jeune entreprise développe son capital social externe, plus importante sera sa connaissance et plus rapide sera sa croissance à l’international. Davidsson et Honig (2003), quant à eux, expliquent que le capital social externe est un élément important pour déterminer quels jeunes entrepreneurs réaliseront des ventes ou des profits, étant établi que ces deux facteurs sont considérés comme critiques pour le succès de la nouvelle entreprise. Ces deux auteurs constatent – tout comme Debrulle et al. (2014) mais à l’inverse de Stam et al. (2014) – que l’importance du capital social externe augmente parallèlement au développement de l’entreprise. Toutefois, certains travaux pointent des effets négatifs ou des difficultés liés au capital social externe. De fait, établir une relation de confiance durable et se forger une légitimité auprès des parties prenantes externes sont des handicaps que la jeune entreprise doit surmonter pour acquérir des ressources relationnelles (Persais, 2004). En outre, l’entretien et le développement dans la durée des ponts relationnels représentent un investissement important en temps et en énergie (McFadyen et Cannella, 2004). Ce processus chronophage est d’autant plus problématique pour les entreprises naissantes car traditionnellement contraintes par la faiblesse de leurs capacités (Semrau et Werner, 2012). En conséquence, les entrepreneurs devraient limiter leurs relations externes (Cao et al., 2012). Un autre point d’achoppement concerne la difficulté d’exploiter des ressources obtenues. Ainsi, Stam et al. (2014) montrent qu’il est plus difficile de donner du sens à une information extraite de liens faibles car l’individu ne peut bénéficier d’une construction collective de sens au sein de ce réseau. Par ailleurs, le développement de liens faibles par la jeune entreprise l’expose à des risques opportunistes de ses partenaires (Pirolo et Presutti, 2010). En résumé, s’il existe des effets négatifs alloués au capital social externe, la majorité des travaux sur la question met en avant les effets positifs. Cela nous permet de poser l’hypothèse suivante illustrée en figure 1 :

  • H1a : Le capital social externe favorise la croissance de la jeune entreprise innovante dans ses premières années de développement (moins de 6 ans)

1.1.2 – Le rôle spécifique du capital social interne pour les jeunes entreprises innovantes

9Défini par les liens forts, le capital social interne favorise les échanges de ressources fiables, le transfert de connaissances tacites (Stam et al., 2014) et la solidarité sous différentes formes d’aides (Gedajlovic et al., 2013). Du point de vue de la jeune entreprise, l’apport du capital social interne est très important dans la phase de gestation et de création d’entreprise. Plusieurs auteurs ont montré que les besoins en capital social de l’entrepreneur lorsqu’il démarre sont assurés essentiellement par son entourage proche (Arrègle et al., 2007; Davidsson et Honig, 2003). En effet, la confiance en ces parties prenantes proches, le soutien moral, financier et les conseils qu’elles peuvent fournir permettent à l’entrepreneur d’accéder rapidement à des ressources essentielles lors de l’acte fondateur entrepreneurial (Adler et Kwon, 2002). Par la suite, l’accroissement du capital social interne favorise une cohésion et une vision partagée dans l’entreprise propice à l’échange, à la créativité ainsi qu’à la résolution des problèmes (Yli-Renko et al., 2002) et à l’innovation (Nahapiet et Ghoshal, 1998 ; Sanchez-Famoso et al., 2014). Dans le même esprit, en développant des liens sociaux intra-organisationnels, l’entrepreneur se façonne une meilleure représentation du potentiel de son organisation et peut de ce fait réallouer les ressources pour favoriser les échanges (Cao et al., 2012). Yli-Renko et al. (2002) observent ainsi une relation significative entre le capital social interne et l’intensité de la connaissance de la jeune entreprise technologique. Toutefois, plusieurs travaux énoncent des limites liées au capital social interne. Tout d’abord, ses effets sur la jeune entreprise en développement sont plus ténus que lors de la phase de création. Ensuite, Debrulle et al. (2014) ne relèvent aucune relation significative entre la capacité d’absorption de la start-up et son capital social interne, et cela quelles que soient les conditions environnementales de son activité. En résumé, si les résultats des différents travaux ne s’accordent pas sur les effets du capital social interne, il ressort toutefois que ce dernier se comporte comme un levier positif d’innovation et in fine de croissance. Aussi, sachant que notre échantillon est constitué de jeunes entreprises innovantes, nous escomptons trouver une relation positive entre leur capital social interne et leur croissance illustrée en figure 1 :

  • H1b : Le capital social interne favorise la croissance de la jeune entreprise innovante dans ses premières années de développement (moins de 6 ans)

1.2 – Le contexte de l’accompagnement : le rôle des incubateurs

10Les jeunes entreprises en tant que pourvoyeuses d’emplois véhiculent un certain nombre d’attentes de la part des pouvoirs publics locaux (Anyadike-Danes et al., 2015 ; Birch, 1979). Dès lors, les dispositifs publics régionaux en faveur de l’entrepreneuriat, constituent un élément de contexte important. Plusieurs auteurs (Wright et Stigliani, 2013 ; Clarysse et al., 2011) ont d’ailleurs souligné que les dimensions contextuelles pour expliquer la croissance des jeunes entreprises étaient trop souvent négligées par les recherches. Messeghem et al. (2013) rappellent qu’une grande diversité d’acteurs existe en matière d’accompagnement avec, d’une part, les structures dédiées comme les incubateurs et, d’autre part, les programmes d’accompagnement portés par des fondations ou des associations, hors des structures d’hébergement, comme le Réseau Entreprendre ou les Boutiques de gestion. Dans ce contexte foisonnant de l’accompagnement de l’entreprise naissante, les incubateurs occupent une place centrale tant en matière de politique publique entrepreneuriale qu’en raison des recherches qui lui sont consacrées (Messeghem et al., 2013).

11Les incubateurs sont généralement considérés comme une ressource importante pour surpasser les difficultés de la jeune entreprise (Hackett et Dilts, 2004). Dans leur conception d’origine, ils ont été créés par les pouvoirs publics comme un moyen de fournir à certaines entreprises naissantes l’environnement, les supports et les ressources nécessaires pour pallier les difficultés rencontrées au cours de leurs premières années d’existence (Schwartz, 2013). A ce titre, l’incubateur joue un rôle important dans la constitution des réseaux relationnels et d’affaires ainsi que du capital social des entreprises incubées (Adlesic et Slavec, 2012 ; Patton, 2013). Cette capacité réticulaire constitue d’ailleurs un critère fort de satisfaction des incubés dans l’évaluation de la structure d’accompagnement (Adlesic et Slavec, 2012 ; Tötterman et Sten, 2005). Tötterman et Sten (2005) montrent que l’une des premières raisons évoquées par les entreprises pour intégrer un incubateur repose sur la volonté de bénéficier du réseau relationnel interne entre incubés afin de partager des informations mais aussi rompre leur isolement. On retrouve aussi cette nécessité d’« immersion » dans les incubateurs universitaires (Borges et Filion, 2013). En outre, les incubateurs en fournissant des supports, des formations, des événements, des contacts, etc. préparent l’entreprise naissante à développer ses relations et sa communication d’affaires. Plus encore, Ebbers (2014) estime qu’une des valeurs ajoutées des responsables d’incubateurs réside dans leur capacité à fournir une place de marché interne à l’incubateur. De même, Borges et Filion (2013) soutiennent que les incubés peuvent s’appuyer sur la légitimité et la notoriété de la structure d’accompagnement (d’autant plus qu’elle est réputée) pour se forger une crédibilité sur le marché et nouer par la même des contacts d’affaires avec les parties prenantes externes.

12Si l’appartenance à un incubateur semble favoriser théoriquement l’accès à du capital social, les résultats empiriques sont plus contrastés (Amezcua et al., 2011 ; Patton et Marlow, 2011 ; Tötterman et Sten, 2005). Ainsi, Tötterman et Sten (2005) soulignent que les liens et la confiance entre les entreprises incubées disparaissent lors de la phase de post-incubation. Ils ajoutent que si les incubateurs constituent un support pertinent pour fournir une aide générale aux incubés, ils rencontrent en revanche des difficultés à leur procurer un soutien sur mesure. Dans la continuité de ces résultats, Borges et Filion (2013) montrent en particulier que les incubateurs universitaires s’ils offrent un support significatif pour la constitution de réseaux financiers, technologiques et d’aides pour les incubés, ils réussissent nettement moins bien dans le cas des réseaux d’affaires, pourtant essentiels à la réussite de la jeune entreprise.

13On le voit, la littérature n’est pas unanime sur le rôle du passage par un incubateur dans la constitution du capital social de l’entreprise. Ainsi, le lien entre le capital social obtenu de cette manière et la croissance de l’entreprise n’a pas été démontré. Un gap théorique existe donc sur la manière dont est utilisé le capital social par la JEI pour se développer. Pour y répondre notre recherche procède en deux temps. Comme présenté en figure 1, elle teste dans un premier temps le lien entre incubation et capital social externe (H2a), puis elle identifie s’il existe un effet modérateur de l’incubation sur la croissance de la JEI (H2b). En d’autres termes, l’incubation accroit-elle le capital social de la JEI accompagnée et améliore-t-elle l’usage de ce capital social ? En outre, nous procédons à une étude comparative sur ce point précis entre les JEI qui ont reçu un accompagnement hors incubation et celles qui ont été accompagnées par un incubateur.

  • H2a : Le passage par un incubateur favorise la constitution d’un capital social externe pour la JEI
  • H2b : Le passage par un incubateur a un effet modérateur positif entre le capital social externe de la JEI et sa croissance.

Figure 1

Les liens capital social-incubation-croissance et les hypothèses testées

Figure 1

Les liens capital social-incubation-croissance et les hypothèses testées

2 – Méthodologie

14Pour traiter la relation entre incubation et CSE puis capital social et croissance, nous avons mobilisé l’analyse par régression hiérarchique en moindres carrés ordinaires (MCO). Les MCO sont une méthodologie adaptée pour étudier ces liens en raison de la caractérisation de l’effet du CS sur la croissance, en particulier le sens de la relation et le poids du capital social relativement aux autres variables. Après avoir détaillé la constitution et la composition de notre échantillon (2.1.), nous présentons les variables dépendantes (2.2.), indépendantes d’intérêt (2.3.) et de contrôle (2.4.) constitutives de notre modèle d’analyse présenté en figure 1.

2.1 – Echantillon

15La recherche porte sur des entreprises créées entre 2008 et 2013 (inclus) et situées dans la région Nord-Pas-de-Calais (France). Les bases de données utilisées ont été fournies par NFID (Nord France Innovation Développement), un service émanant du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais dont le but est de fournir des informations, des études et des conseils pour l’orientation des politiques publiques en matière d’innovation. Sur une population globale de 310 individus, nous obtenons 104 réponses d’entreprises en activité au moment de l’étude, soit un taux de retour de 33,55 %. Cette population de référence est composée de deux groupes d’entreprises. Le premier correspond aux 122 entreprises passées par un des sept incubateurs régionaux [1] depuis 2008. Parmi ce groupe, 62 entreprises ont répondu, ce qui correspond à un taux de retour de 50 %. Le second groupe correspond aux 188 entreprises qui n’ont pas été incubées, mais qui ont bénéficié d’un accompagnement par des structures telles que les Boutiques de Gestion [2], ou le Réseau Entreprendre. Parmi ce groupe, 42 entreprises ont répondu, ce qui correspond à un taux de retour de 22 %. Le questionnaire (cf. annexe) a été administré au deuxième semestre 2014 à 104 dirigeants-fondateurs par téléphone (52), en face à face (49) ou par mail (3). Ces dernières ont cependant été préalablement contactées par téléphone.

2.2 – Mesures

16L’étude du rôle de l’incubateur dans la relation entre le capital social et la croissance nous amène à investir deux catégories de modèles : modèle (A) et modèle (B). Le modèle (A) vise à tester la validité de l’hypothèse H2a portant sur la relation entre le passage par l’incubation et le capital social externe de la JEI. Nous contrôlons l’incidence du passage par l’incubation sur le CSE par la situation du dirigeant au moment de la création. La seconde catégorie concerne la relation entre le capital social et la croissance de la jeune entreprise innovante correspondant aux hypothèses H1a, H1b et H2b. Comme représenté dans la figure 1, le CSE intervient donc comme variable dépendante à expliquer dans le modèle (A) et variables indépendante explicative de la croissance dans les modèles (B).

2.2.1 – Variable d’intérêt : Capital social

17L’objet de notre étude est de déterminer l’impact des incubateurs dans la formation du CSE de la JEI et comment le CSE et le CSI favorisent sa croissance. La mesure de capital social intervient donc à deux niveaux dans nos estimations. A l’instar de Debrulle et al. (2014) ou Cuevas-Rodriguez et al. (2014), nous évaluons le capital social externe et interne par une échelle de Likert de 0 à 5 qualifiant le degré d’utilité des aides reçues provenant de chaque catégorie de parties prenantes : 0 indique l’absence d’aide, 1 indique une aide reçue inutile et 5 une aide très utile (Annexe). Le capital social externe concerne les aides des clients, des fournisseurs, des avocats, des experts-comptables, des clubs d’entrepreneurs et des structures d’accompagnement. La somme des notes attribuées aux différentes parties prenantes permet de définir un indicateur synthétique d’utilité perçue des aides. Cette synthèse par somme de notes est couramment utilisée chez les psychométriciens. Elle permet de fournir une représentation fidèle de la composition des aides reçues par les entrepreneurs, contrairement à des indicateurs de synthèse comme l’analyse en composante principale (Vaillant et Wolff, 2010). Nous obtenons en conséquence un indice de capital social externe borné entre 0, si aucune aide n’a été reçue, et 30 si toutes les aides ont été perçues comme procurant l’utilité maximale, soit une note de 5 sur chacune des 6 parties prenantes. Fondé sur la même échelle de Likert, l’indice de capital social interne est obtenu par somme des notes quantifiant le degré d’utilité perçue des membres de la famille, des amis, des anciens collègues et des associés. Il en résulte une note potentiellement comprise entre 0, si absence d’aide, et 20, si chacune des 4 parties prenantes constitutives du capital social interne a fourni une aide maximale.

2.2.2 – Variables de contrôle du modèle (A)

18Le modèle A permet d’identifier les antécédents du capital social externe et en particulier le rôle des incubateurs. Nous mobilisons trois variables de contrôle qualitatives centrées sur le capital humain (Gedajlovic et al., 2013 ; Kolstad et Wiig, 2013). La première variable évalue l’effet de la situation du dirigeant précédant la création d’entreprise sur son niveau de CSE. Nous testons si le niveau de CSE diffère suivant que le dirigeant était en situation d’emploi, demandeur d’emploi ou inactif. La deuxième variable est binaire et évalue l’expérience entrepreneuriale en demandant au dirigeant si antérieurement à la JEI étudiée, il a participé à la création d’au moins une autre entreprise (Kreiser et al., 2013 ; Lans et al., 2015). La troisième variable, elle aussi binaire, teste l’apport potentiel d’un cursus complémentaire de formation en entrepreneuriat (Kreiser et al., 2013). Enfin, nous testons le rôle du CSI comme antécédent du CSE comme suggéré par Arrègle et al. (2007), Davidsson et Honig (2003) et Gedajlovic et al. (2013).

2.2.3 – Variable dépendante du modèle (B) : la croissance

19En raison des caractéristiques propres aux entreprises de notre échantillon (TPE, moins de six ans, innovantes), nous retenons l’emploi comme variable de croissance. En effet, l’emploi indique, pour la jeune entreprise, un accroissement des ressources et constitue un indicateur pertinent de la croissance de l’entreprise (Kogut et Zander, 1992). De plus, Stam et al. (2014) précisent que l’utilisation d’indicateurs non-financiers pour mesurer la croissance est mieux adaptée à la mesure de la relation entre capital social et croissance. L’emploi est mesuré en valeur absolue et de manière longitudinale (Davidsson et Wiklund, 2001), en prenant en compte la situation de l’entreprise en termes d’emploi (Equivalent Temps Plein) à deux intervalles donnés : t0 correspond au moment de la création, et t1 correspond au moment de l’étude. La croissance est donc appréciée sur l’ensemble de la durée de vie de l’entreprise. Afin de tenir compte de l’hétérogénéité dans la durée de vie des entreprises, nous normalisons la croissance en employés par l’âge en mois des entreprises.

2.2.4 – Variables de contrôle du modèle B

20Les ressources financières initiales sont fortement explicatives de la croissance de l’activité. Les estimations intègrent donc le total du financement levé en millier d’euros comme variable de contrôle quantitative. Deux variables de contrôle qualitatives sont mobilisées : l’appartenance à un incubateur et le secteur d’activité. À partir de la Nomenclature d’Activités Française (code NAF) codifiant l’activité principale d’une entreprise ou d’une association, nous avons réparti les entreprises interrogées dans 5 secteurs d’activités : industrie (1), commerce (2), information et communication (3), activités spécialisées scientifiques et techniques (4) et services (5).

3 – Résultats

21Dans un premier temps, nous présentons nos résultats par une analyse descriptive de notre échantillon afin de bien comprendre les caractéristiques des entreprises étudiées, notamment en termes de capital social interne et externe (3.1.). Nous analysons ensuite la présence de multicolinéarité entre nos différentes variables (3.2.), puis testons l’existence d’un potentiel biais d’endogénéité des mesures, fréquent dans l’analyse contextualisée du capital social (3.3.). Enfin, nous étudions la relation entre capital social et croissance par régression hiérarchique (3.4.).

3.1 – Description des données

22Le tableau 1 détaille les statistiques descriptives de l’échantillon. Le nombre d’employés médian à la création est de 1,06 et l’écart-type de 1,3. 40 entrepreneurs ont démarré leur activité sans salarié tandis que 12 entreprises en avaient plus de 3. Entre la création et la constitution de l’échantillon, la croissance moyenne en employés était de +1,81 pour un écart-type de 2,3 employés. 7 entreprises ont détruit entre 1 et 2 emplois, tandis que 20 entreprises n’en n’ont pas créés. Seules 6 d’entre elles ont créées plus de 10 emplois.

Tableau 1

Statistiques descriptives (N = 104)

MoyenneEcart-typeMinMax
Croissance1,812,3-29
CSI9,764,6019
CSE12,416,93028
Total financement309 991,35577 864,161 0004 106 000
Age en mois de l’entreprise36,5918669

Statistiques descriptives (N = 104)

23L’âge moyen des entreprises au moment de la collecte était de 3 ans et 2 mois, et compris entre 6 mois et 5 ans et 9 mois. 12 entreprises étaient dotées d’un financement total inférieur ou égal à 10 000 euros avec un minimum de 2 000 euros pour 2 d’entre elles tandis que 11 entreprises ont un financement supérieur ou égal à 1 million d’euros. Le financement moyen est de 309 991,35 euros pour un écart-type de 577 864,16 euros. Les entreprises appartiennent à 5 secteurs. 14,4 % au secteur du commerce, 22,1 % à l’industrie, 32,7 % à l’information et communication, 23,1 % aux sciences et techniques et 5 % aux services. 59,6 % des entreprises sondées sont passées par un incubateur.

24En ce qui concerne les caractéristiques des dirigeants utilisées comme antécédents du capital social, 46,6 % des sondés occupaient un emploi ou dirigeaient une autre entreprise préalablement à la création de la JEI, 37,86 % étaient demandeurs d’emploi et 15,53 % étaient inactifs essentiellement des étudiants. Nous observons de plus que 36,89 % des dirigeants avaient déjà créé une entreprise antérieurement à la création de la JEI étudiée. Enfin, 19,42 % des sondés ont suivi un cursus complémentaire en entrepreneuriat.

25Nous évaluons le capital social par la somme des notes attribuées à chaque partie prenante au regard de l’utilité perçue de l’aide apportée. Le tableau 2 détaille la composition des indicateurs de capital social interne et externe. La partie gauche du tableau nous indique la fréquence des aides reçues par catégorie, tandis que la partie droite nous informe sur la part que représente la catégorie d’aide dans l’indice de capital social. Il apparaît que le capital social interne est en majorité composé de l’aide des associés et de la famille. Notons que l’aide des associés semble d’autant plus importante que 26 % des entreprises de l’échantillon sont unipersonnelles. Concernant le capital social externe, sa principale source est l’aide des structures de conseil en particulier les structures d’accompagnement (25 %), les experts-comptables (19 %) et les avocats (16 %). L’aide des partenaires commerciaux clients et fournisseurs représente une part plus faible de respectivement 14 % et 11 %. En raison de valeurs extrêmes, 5 entreprises ont été exclues de l’échantillon afin de ne pas biaiser les estimations économétriques.

Tableau 2

Composition des indices de capital social interne et externe

Sources du capital socialFréquences des aides reçuesReprésentation dans l’indice de capital social
Capital social interne
 Associés64 %33 %
 Famille67 %31 %
 Amis52 %21 %
 Anciens collègues41 %15 %
Capital social externe
 Structures d’accompagnement90 %25 %
 Experts-comptables69 %19 %
 Avocats59 %16 %
 Clients52 %14 %
 Clubs entrepreneurs50 %14 %
 Fournisseurs45 %11 %

Composition des indices de capital social interne et externe

3.2 – Corrélations simples de Pearson

26Le tableau 3 fournit la matrice des corrélations afin de contrôler la présence de multicolinéarité. Mis à part la relation forte observée entre la variable dépendante croissance et total financement, il n’apparaît pas de corrélation suffisamment élevée et significative. Des relations significatives mais faibles sont observables entre le financement, le CSE et l’appartenance à un incubateur. Le rapport de corrélation montre enfin une relation négative entre la situation antérieure du dirigeant si le dirigeant était demandeur d’emploi ou inactif (modalité de référence : « salarié ou dirigeait une entreprise ») et l’accès à l’incubation.

Tableau 3

Matrice des corrélations simples de Pearson

Tableau 3
Croissance Total Financement Age entreprise CSE CSI Secteur Incubateur Situation précédente Expérience entrepreneuriale Double diplôme Croissance 1 Total Financement 0,49*** 1 Age en mois de l’entreprise 0,07 0,04 1 CSE 0,25** 0,34*** -0,01** 1 CSI 0,11 0,15 -0,13 0,3 1 Secteur 0,03 -0,05 0,01 -0,13 -0,01 1 Incubateur 0,15 0,25* -0,11* 0,20* 0,20* -0,01 1 Situation précédente -0,12 -0,12 -0,13 -0,13 -0,07 0,00 -0,27*** 1 Expérience entrepreneuriale 0,07 0,09 -0,04 0,05 -0,09 -0,01 0,09 0,11 1 Double diplôme 0,17† 0,02 0,23** 0,05 0,09 0,22** 0,13 -0,13 0,03 1

Matrice des corrélations simples de Pearson

Note : †, *, **, *** indiquent le niveau de significativité à 0.1, 0.05, 0.01 et < 0.001.

3.3 – Biais d’endogénéité

27L’une des difficultés majeures identifiée dans la littérature empirique sur le capital social est le problème d’endogénéité des mesures (Carpenter et al., 2012; Gedajlovic et al., 2013). Ce problème survient lorsque la variable dépendante que l’on cherche à prédire est à la fois la conséquence et la cause de la variable indépendante. Il en résulte l’incapacité du modèle de régression MCO à fournir une estimation consistante des paramètres. Dans notre étude, ce problème peut survenir en raison du décalage temporel des mesures. En particulier, une évaluation rétrospective du capital social peut conduire à des causalités réciproques : le capital social peut générer de la croissance, elle-même génératrice de capital social futur. Cet écueil est récurrent tant en raison des outils de mesure de capital social que de la nature des échantillons collectés. En effet, l’historique par nature limité des données sur les jeunes entreprises innovantes et le faible nombre d’individus qui compose les populations limitent les possibilités d’analyses longitudinales qui permettraient d’isoler la dynamique temporelle du capital social. Nous nous sommes interrogés sur la nécessité de traiter ce biais dans la relation capital social et croissance. A l’instar de Carpenter et al. (2012), Kolstad et al. (2013) et Kreiser et al. (2013), nous avons procédé à un test d’endogénéité de Wu-Hausman dont les résultats sont reportés dans le tableau 4.

Tableau 4

Tests d’endogénéité de Wu-Hausman

DfF TestP-Value
CSI10.4760.17
CSE10.36090.45

Tests d’endogénéité de Wu-Hausman

28L’endogénéité étant rejetée dans le cas présent, les MCO sont supposés fournir une estimation fiable des relations traitées.

3.4 – Résultats économétriques

29Le tableau 5 présente les résultats d’estimation centrés sur deux ensembles : le modèle (A) et cinq estimations du modèle B. Le modèle (A) teste les déterminants du capital social. Les modèles (B1) à (B5) se focalisent sur la relation entre les mesures de capital social et la croissance par régression hiérarchique. Cela consiste à comparer différentes estimations portant sur un même échantillon. Dans chaque estimation, les variables d’intérêts sont ajoutées successivement. La comparaison des coefficients standardisés au sein des estimations nous informe sur l’influence relative des variables entre elles sur la croissance, alors que la comparaison des R² ajustés entre les estimations évalue le pouvoir explicatif des variables ajoutées. Le modèle (B1) porte sur la relation entre les variables de contrôle seules et la croissance. Le modèle (B2) évalue l’apport du CSI seul dans l’explication de la croissance. De même, l’apport du CSE seul est introduit dans le modèle (B3). Le modèle (B4) intègre l’effet modérateur du passage par l’incubation dans le rôle joué par le CSE sur la croissance. Le modèle (B5) reporte les relations entre l’ensemble des variables testées et la croissance. Les erreurs types sont indiquées entre parenthèses sous les coefficients estimés. L’incubation apparaissant dans les deux étapes d’abord comme antécédent du CSE, puis comme déterminant de la croissance, nous avons mené un test de corrélation de Pearson sur les résidus des modèles (A) et (B). La corrélation des résidus signifiant un manque de fiabilité des résultats, tester cette corrélation est une précaution nécessaire. Le test confirme l’indépendance des résidus des modèles avec une statistique de T = -0.987 et une p.value de 0.926 et donc la validité économétrique des estimations des modèles (A) et (B).

Tableau 5

Estimations des relations entre capital social, incubation et croissance

Tableau 5
Variables Dépendantes Variables indépendantes  Capital social externe Croissance en employés/âge de l’entreprise en mois Modèle (A) B1 B2 B3 B4 B5 Constante -19.3† (0.102) -0.42† (0.213) -0.37† (0.215) -0.387† (0.205) -0.393† (0.208) -0.372† (0.211) Financement 0.403*** (0.075) 0.411*** (0.075) 0.397*** (0.072) 0.398*** (0.073) 0.402*** (0.073) Secteur (réf: Industrie) Commerce 0.20 (0.253) 0.162 (0.254) 0.189 (0.243) 0.186 (0.245) 0.169 (0.248) Information et communication 0.782** (0.244) 0.745** (0.245) 0.872** (0.236) 0.872*** (0.238) 0.849** (0.242) Activités scientifiques et techniques 0.09 (0.245) 0.054 (0.245) 0.145 (0.236) 0.146 (0.238) 0.125 (0.241) Services 0.278 (0.381) 0.2515 (0.38) 0.364 (0.367) 0.365 (0.37) 0.348 (0.372) Indice CSI 0.159** (0.054) 0.095 (0.075) 0.044 (0.076) Indice CSE 0.221*** (0.077) 0.204* (0.115) 0.19* (0.11) Incubation (réf: non-incubée) 0.159* (0.098) 0.06 (0.162) 0.095 (0.16) -0.044 (0.16) -0.04 (0.162) -0.045 (0.163) CSE x Incubation 0.031 (0.154) 0.034 (0.155) Situation précédente (réf : actif occupé) Demandeur d’emploi -0.186** (0.104) Inactif -0.257** (0.137) Expérience entrepreneuriale (réf : non) 0.115 (0.098) Double diplôme (réf : non) -0.144 (0.117) R² 0.26 0.34 0.35 0.40 0.40 0.40 R² ajusté 0.21 0.30 0.30 0.35 0.34 0.335 Fisher 5.472*** 7.745*** 6.91*** 8.324*** 7.21*** 6.399*** Observations 99 99 99 99 99 99

Estimations des relations entre capital social, incubation et croissance

Note : †, *, **, *** indiquent le niveau de significativité à 0.1, 0.05, 0.01 et < 0.001.

30Le modèle (A) évalue les effets de la situation antérieure du dirigeant, du CSI et du passage préalable par un incubateur sur le niveau de CSE de l’entreprise. Les résultats révèlent en premier lieu que le passage préalable par un incubateur influe positivement sur le niveau de CSE de l’entreprise (β = +0.159*), ce qui confirme l’hypothèse (H2a). Nous observons de plus que le CSI a lui aussi un effet positif de même intensité que le passage par un incubateur (β = +0.159**). En ce qui concerne les variables de contrôle, il apparaît que la situation antérieure du dirigeant a un impact fort sur le CSE. En effet, le CSE des entreprises dont les dirigeants étaient demandeurs d’emploi (β = -0.186**) ou inactifs (β = -0.257**) est inférieur à celui des entreprises dont les dirigeants occupaient une activité salariée ou dirigeaient déjà une autre entreprise. Les résultats ne permettent cependant pas de mettre en évidence de relation significative entre l’expérience entrepreneuriale et le niveau de capital social. Il en va de même pour le suivi d’un cursus complémentaire en gestion préalablement à la création d’entreprise.

31Le modèle (B1) confirme la pertinence des variables de contrôle, mais ne permet pas de soutenir une croissance supérieure pour les entreprises précédemment passées par un incubateur. Notons que le financement total est positivement et fortement explicatif de la croissance. L’appartenance sectorielle est faiblement explicative. Seules les entreprises du secteur 3 (information et communication), ont un niveau de croissance supérieur au secteur 1 de référence (Commerce). Au regard des coefficients de régression, nous observons que l’intensité des relations entre les variables de contrôle et la croissance est stable des estimations (B1) à (B5).

32Le modèle (B2) révèle que le capital social interne n’est pas significativement lié à la croissance. L’hypothèse (H1b) est donc rejetée. A l’opposé, le modèle (B3) valide l’hypothèse (H1a). L’estimation indique que l’indice de capital social externe (CSE) est positivement corrélé à la croissance (β = +0.221***). L’apport de cette variable à la variance expliquée (R² ajusté) est de +5 %. Le modèle (B4) ne permet pas de conclure que l’incubateur a un effet modérateur dans la relation entre le CSE et la croissance. En d’autres termes, l’effet du capital social externe sur la croissance n’est pas accentué lorsque l’entreprise est passée par un incubateur comparativement à d’autres formes d’accompagnement. L’hypothèse (H2b) est donc rejetée. L’introduction de l’ensemble des variables dans le modèle (B5) attenue la significativité des résultats.

4 – Discussion

33Nos résultats nous permettent d’apporter plusieurs contributions. Une première série de contributions porte sur le rôle du capital social, qu’il soit interne ou externe, dans l’explication de la croissance de la JEI. Une deuxième série de contributions s’attarde sur le contexte de l’accompagnement et le rôle spécifique joué par les incubateurs dans le lien capital social – croissance.

4.1 – Capital social et croissance de la JEI

34Le capital social externe est généralement perçu comme ayant un rôle positif sur la croissance des entreprises. Nos résultats confirment cette relation dans un contexte de jeunes entreprises innovantes et sont donc en concordances avec les travaux plus spécifiques de Stam et al. (2014), Debrulle et al. (2014), Eterson et al. (2007) et Yli-Renko et al. (2001). En effet, le processus risqué et incertain de l’innovation dépend de la capacité des individus à collecter, produire et échanger des connaissances avec les parties prenantes externes (Yli-Renko et al., 2001). En d’autres termes, l’entreprise innovante doit être capable de développer des liens faibles en externe sources d’informations et de connaissances propices aux opportunités d’affaires (Adler et Kwon, 2002). On note que les services de conseils regroupant les structures d’accompagnement, les clubs de dirigeants, les avocats et les experts-comptables représentent 75 % de l’aide de notre indice de CSE, contre 25 % pour les clients et les fournisseurs. Si certaines études citées ont mis en avant le rôle important joué par les clients et les fournisseurs pour obtenir des informations sur d’éventuelles opportunités d’affaires, la part plus modeste de l’aide reçue par les clients et les fournisseurs dans notre étude peut s’expliquer de plusieurs façons. D’une part, le développement de liens faibles par la jeune entreprise l’expose à des risques opportunistes de ses partenaires (Pirolo et Presutti, 2010), d’autant que l’asymétrie d’informations et de pouvoir de négociation est renforcée avec les grandes entreprises ou les entreprises durablement établies. D’autre part, l’entreprise naissante se heurte au handicap de sa jeunesse (Stinchcombe, 1965). Plus que les autres, elles doivent convaincre leurs différentes parties prenantes de leur légitimité (Golant et Sillince, 2007), notamment leurs clients et leurs fournisseurs (Drori et Honig, 2013). Or dans notre étude, le capital social est lié à l’utilité perçue de l’aide par les structures d’aide (organisme d’accompagnement, experts-comptables…) qui, par définition, ont vocation à fournir de l’aide. Dans cette relation, la légitimité est plus facilement acquise, « taken for granted » comme le propose Zimmerman et Zeitz (2002). En revanche, obtenir de la légitimité, et donc de l’aide de la part des clients et des fournisseurs, relève davantage d’une stratégie délibérée et de démarches à part entière de la part de la jeune entreprise (Zimmerman et Zeitz, 2002). La position de la jeune entreprise vis-à-vis de ses différentes parties prenantes externes n’est donc pas la même alors qu’elles contribuent toutes potentiellement à lui fournir du capital social.

35Le capital social interne est traditionnellement décrit comme ayant un rôle positif pour l’amorce du projet entrepreneurial (Davidsson et Honig, 2003) mais dont les effets s’estompent ou ne sont que peu visibles dans la phase de développement de l’entreprise (Debrulle et al., 2014). Nos résultats confirment le rôle prépondérant du capital social interne dans l’acquisition du capital social externe. Pour les JEI, les liens familiaux, amicaux ou avec les associés constituent une sorte d’étape préalable pour entrer en contact avec des partenaires extérieurs et rendre ses partenariats utiles. En revanche, nos résultats ne montrent aucune relation significative entre le capital social interne et la croissance de la jeune entreprise innovante. La taille des organisations étudiées constitue potentiellement un élément de réponse. Effectivement, le nombre d’employés médian à la création était de 1,06 et la croissance moyenne en employés était de +1,81. Du fait de leur jeunesse, les entreprises ont des effectifs très réduits limitant par là même les effets croisés d’échanges cognitifs et informationnels. Aussi, nous pouvons nous interroger sur l’existence d’un effet de seuil lié à la taille de l’entreprise en termes d’effectif au-delà duquel le capital social interne produirait des effets sur l’innovation et in fine sur la croissance. Cette réflexion pourrait s’appuyer sur les observations de Stam et al. (2014) montrant que les effets positifs du capital social interne sur la performance sont significativement plus marqués chez les entreprises plus âgées que chez les jeunes entreprises. Si la taille de l’entreprise (en emploi) constitue un élément possible d’explication, la nature des relations peut aussi compléter l’analyse. Hite et Hesterly (2001) ont montré que les liens forts (familles, amis…) n’étant pas, par nature, des liens économiques, ils n’ont donc pas forcement de relation avec la croissance de l’entreprise. A l’inverse, les liens faibles, étant beaucoup plus orientés vers le marché (« market oriented »), favorisent de ce fait la croissance. Le capital social interne serait donc moins déterminant une fois que l’entreprise est créée et avant qu’elle ne croisse en termes d’effectif. En somme, le rôle du capital social interne des entreprises innovantes évoluerait comme suit : (1) avant la création de l’entreprise, le capital social interne joue un rôle important pour la concrétisation du projet entrepreneurial et pour l’acquisition du capital social externe; (2) pendant la phase de démarrage de l’entreprise, le capital social interne n’a pas de rôle significatif sur la croissance de la JEI ; (3) son rôle sur la croissance se développe lorsque l’entreprise atteint un seuil d’employés suffisant. Dès lors, il serait intéressant, dans une future recherche, de vérifier cette hypothèse et de déterminer ce niveau de seuil. Notre recherche affine néanmoins les précédentes recherches. Ainsi, pour les jeunes entreprises innovantes (moins de 6 ans), c’est le capital social externe, tourné vers les relations de marché (« market ties ») mais aussi vers les structures d’aide, qui sera déterminant pour la croissance au cours de leurs toutes premières années de vie. Le capital social interne a un rôle indirect puisqu’il permet d’accroitre le capital social externe, et joue probablement comme une étape préalable à l’obtention de celui-ci.

4.2 – Le contexte de l’accompagnement et le rôle spécifique des incubateurs

36Dans un contexte de rareté de la ressource publique, se pose avec davantage d’acuité la question du retour sur investissement des actions en faveur de l’accompagnement. Notre recherche montre que la quasi-totalité (90 %) des JEI a obtenu des aides de la part des structures d’accompagnement. De plus, les aides fournies par ces structures représentent la part la plus importante (25 %) dans la composition de l’indice de capital social externe. Le rôle des structures d’accompagnement est donc essentiel dans la vie des jeunes entreprises innovantes et dans la constitution de leur capital social externe. En raison de leur notoriété, de leurs missions et du rôle qui leur est attribué par les pouvoirs publics, il était intéressant de se pencher sur le cas spécifique des entreprises qui sont passées auparavant par un incubateur. En effet, la mise en réseau fait partie de leurs missions. Nos résultats confirment ce rôle. Les JEI passées par un incubateur considèrent que la valeur perçue de leur capital social externe est supérieure à celles qui ont reçu un accompagnement hors incubation. En revanche, le lien avec la croissance n’a pas été identifié. Nos résultats montrent en effet que les entreprises passées par un incubateur n’ont pas plus de croissance que les autres. Amezcua et al. (2011) ont montré que les jeunes entreprises incubées doivent parvenir à un compromis entre le mode de fonctionnement et les attentes de l’incubateur et de ceux du marché. Cela se traduit après quelques années d’incubation par un retard dans les processus d’apprentissage et de sélection concurrentielle. Ainsi, la sortie de l’incubateur apparait comme une période compliquée pour la jeune entreprise, et les incubateurs ne permettent pas mieux que d’autres formes d’accompagnement d’amplifier le rôle du capital social pour se développer. En l’état actuel des résultats, il reste difficile de trancher sur l’efficacité d’un type de structure comparativement à une autre pour développer les JEI. Qu’il s’agisse des incubateurs ou des autres formes d’accompagnement, notre recherche montre que leur rôle est d’une grande utilité, même si le niveau d’implication des pouvoirs publics (financement, subvention, locaux…) n’y est pas identique. Sur la dimension précise de l’apport en termes de capital social, le rôle de l’incubateur est plus efficace, ce n’est pas vrai pour la croissance. Ainsi, la question de la performance des structures d’accompagnement demande d’autres études. Même si l’intérêt de ce travail est focalisé sur un groupe d’entreprises très spécifiques en raison du suivi qu’elles ont obtenu, une comparaison avec des jeunes entreprises n’ayant reçu aucun accompagnement serait particulièrement pertinent pour évaluer la valeur ajoutée des politiques locales en faveur de l’entrepreneuriat.

4.3 – Les difficultés propres à la mesure du capital social

37Il nous semble qu’une dimension qualitative du capital social manque à de nombreux travaux. Une faiblesse structurelle des définitions employées du capital social est due à la valeur qui lui est attribuée. La ressource issue du capital social est définie comme ayant intrinsèquement de la valeur (Adler et Kwon, 2002 ; Nahapiet et Ghoshal, 1998 ; Vila et al., 2013). En d’autres termes, sa qualité est une donnée implicite : elle est évaluée, soit au regard de l’acte d’acquisition ou de conservation par l’acteur du capital social, soit par la valeur des liens par lesquels cette ressource a été obtenue. Dans cette perspective, plus un acteur possède de ressources issues de ses réseaux de relations, plus son capital social a de valeur. Deux limites peuvent être objectées. D’une part, la valeur d’une ressource – surtout s’il s’agit d’information, de connaissance ou d’aide – tient plus à son (bon) usage qu’à son accumulation. D’autre part, cette représentation occulte les potentiels effets négatifs du capital social (Gedajlovic et al., 2013 ; Schulman et Anderson, 1999). Notre étude, en mesurant la manière dont l’entrepreneur perçoit l’utilité des liens qu’il développe avec toute une série de parties prenantes, affine la pertinence de l’indicateur de capital social utilisé.

Conclusion

38Les recherches sur le capital social présentent des résultats contradictoires quant à l’impact de cette variable sur la croissance de l’entreprise. Selon Stam et al. (2014) et Gedajlovic et al. (2013), les causes de cette hétérogénéité sont à rechercher dans un manque de prise en compte des dimensions contextuelles pour étudier le capital social. L’objectif de notre travail s’inscrit dans cette approche contingente du capital social en montrant le rôle du capital social interne et externe sur la croissance d’entreprises dans le contexte spécifique de l’accompagnement. Dans cette perspective, nous avons analysé le capital social sous l’angle de l’utilité perçue des aides reçues issues des réseaux de relations d’entrepreneurs de JEI au cours de leurs 5 premières années d’existence et ayant bénéficiées d’accompagnements publics par la région Nord-Pas-de-Calais. Il ressort qu’au cours de ses toutes premières années, le capital social externe de la jeune entreprise apparait comme une ressource déterminante pour sa croissance. Ce n’est pas le cas, en revanche, du capital social interne qui joue plutôt comme un intermédiaire, une première étape pour accroitre le capital social externe. Enfin, nos résultats valident le rôle prépondérant de l’incubateur dans l’acquisition du capital social externe sans pour autant valider son rôle dans la croissance des JEI. Notre recherche se distingue aussi sur la manière dont est abordé le capital social. Il n’est pas considéré comme étant a priori une ressource positive. Il faut que le lien soit considéré comme utile par l’entrepreneur pour qu’il y ait du capital social. Enfin, si notre échantillon représente un véritable intérêt en raison des caractéristiques des entreprises qui le composent, il n’en demeure pas moins assez restreint, limitant de ce fait les possibilités de validation statistique plus poussées.

39Une piste de recherche prolongeant ce travail serait de mettre en perspective l’évolution du capital social au cours du développement de ces jeunes entreprises innovantes. Cette contextualisation temporelle permettrait d’identifier d’éventuelles trajectoires d’acquisition et d’utilisation du capital social interne et externe en fonction de la croissance, du niveau de légitimité, de l’âge ou des besoins de l’entreprise. En d’autres termes, il s’agirait d’observer longitudinalement les stratégies délibérées ou chemin faisant de l’entrepreneur en termes de capital social. Une autre piste de recherche serait de comparer, sur les mêmes variables, les jeunes entreprises qui n’ont reçu aucune aide et celles qui, à un moment de leur parcours, ont été accompagnées. Les conclusions d’une telle étude fourniraient des informations intéressantes aux pouvoirs publics pour orienter leurs actions en matière de soutien à l’entrepreneuriat.


Annexe

Echelle d’évaluation du capital social

40B8. Indiquez si vous savez obtenu de l’aide de la part des acteurs suivants ? Si oui, a-t-elle été utile ?

tableau im4
Cochez la case si oui Acteurs Inutile Très utile 1 2 3 4 5 □ Associés □ □ □ □ □ □ Famille □ □ □ □ □ □ Amis □ □ □ □ □ □ Anciens collègues □ □ □ □ □ □ Clubs ou associations d’entreprises □ □ □ □ □ □ Fournisseurs □ □ □ □ □ □ Clients □ □ □ □ □ □ Expert-comptables □ □ □ □ □ □ Avocats / conseillers juridiques □ □ □ □ □ □ Structures d’accompagnement (ex. : BGE, CCI, ruche d’entreprises, incubateurs…) □ □ □ □ □

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Mots-clés éditeurs : accompagnement, croissance, jeune entreprise innovante, incubateur, capital social

Date de mise en ligne : 04/12/2020

https://doi.org/10.3917/entre.183.0059

Notes

  • [1]
    Eurasanté (biologie, santé & nutrition ; recherche publique), Cré’Innov (tous secteurs), EuraTechnologies (TIC & numérique), APUI (éco-technologies), Innotex (textile), Tonic Incubation (tous secteurs), MITI (tous secteurs ; recherche publique).
  • [2]
    Réseau national d’appui aux entrepreneurs disposant d’une vingtaine d’antennes en Nord-Pas-de-Calais

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