Notes
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[1]
On évoque régulièrement une fourchette comprise entre 500 000 et 700 000 entreprises appelées à changer de propriétaire-dirigeant sur les années à venir (Les Echos Entrepreneur, 2011), avec néanmoins des disparités possibles. L’observatoire du CRA (2017) se projette par exemple sur 42 000 opérations potentielles par an, lorsque celui du Groupe BPCE (2017) en identifie a minima 75 000 par an.
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[2]
En France, les solutions d’accompagnement sont donc surtout proposées en amont du rachat, par l’intermédiaire d’un écosystème de professionnels (réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie, association des Cédants et Repreneurs d’Affaires, cabinets de rapprochement, d’experts-comptables et d’avocats spécialisés, études notariales, etc.). Celles-ci permettent à chaque repreneur de préciser son projet, d’identifier des cibles potentielles et de les auditer sur différents plans.
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[3]
L’article 25 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises précise que « le cédant d’une entreprise commerciale, artisanale ou de services peut, après cette cession et la liquidation de ses droits à pension de retraite, conclure avec le cessionnaire de cette entreprise une convention aux termes de laquelle il s’engage à réaliser une prestation temporaire de tutorat. Cette prestation vise à assurer la transmission au cessionnaire de l’expérience professionnelle acquise par le cédant en tant que chef de l’entreprise cédée. Lorsque la prestation de tutorat est rémunérée, le tuteur reste affilié aux régimes de sécurité sociale dont il relevait antérieurement à la cession ». Le décret n° 2007-478 du 29 mars 2007 se consacre à la définition du type de missions de tutorat pouvant être proposées au repreneur.
-
[4]
Appropriation du réseau de contacts, de la culture d’entreprise, de son historique, etc.
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[5]
Pour ces auteurs, une organisation ambidextre se caractérise par un juste équilibre entre l’exploitation de l’existant et l’exploration de sources nouvelles de croissance.
-
[6]
Cité par Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005.
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[7]
Monin (2000:5) suggère, par exemple, de recourir à la solution d’anthropomorphisation (Levinson, 1965), « hypothèse selon laquelle les salariés personnifient l’entreprise en assimilant les actes des autres salariés […] à des actes de l’entreprise elle-même ».
-
[8]
Pour Dabos et Rousseau (2004 : 52), la mutualité décrit « le degré à partir duquel les deux parties [d’un contrat psychologique] s’accordent sur l’interprétation des promesses et des engagements faits et acceptés par chacune d’entre elles ».
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[9]
Au sens large du terme.
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[10]
L’attribution du fauteuil de direction est, en guise d’exemple, une mesure symbolique qui permet d’asseoir le repreneur dans sa nouvelle position aux yeux du corps social.
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[11]
N’oublions pas que la performance économique de l’entreprise détermine sa capacité de remboursement.
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[12]
Aucun manquement significatif n’a été décelé sur les cas CNZ, PDG, TDG, EIT et RAC (tous conformes à la durée initiale dans un climat plutôt pacifique).
-
[13]
Le temps semble avoir une influence sur l’intensité des réponses affectives associées à la violation d’une même obligation morale : par exemple, quand on avance dans la relation d’accompagnement, et que la volonté d’émancipation du repreneur se fait plus forte, sa sensibilité aux comportements moins responsables du cédant paraît exacerbée (avec un abrègement plus probable de la cohabitation).
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[14]
Cité par Robinson et Morrison (2000).
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[15]
Cité par Robinson et Morrison (2000).
-
[16]
Le terme régulation est ici pris dans son sens militaire : « action du commandement dans un domaine particulier (mouvements et transports, ravitaillement, transmissions) en vue d’en adapter les opérations aux nécessités de la manœuvre et à l’évolution de la situation » (Larousse, 2013).
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[17]
Par exemple, pour compenser les effets d’un départ anticipé du cédant sur leur apprentissage du métier, certains repreneurs n’ont pas hésité à rechercher cette connaissance auprès de salariés clés qu’ils ont ensuite fait évoluer dans la structure.
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[18]
Par opposition aux relations d’emploi transactionnel (voir les travaux de Morrison et Robinson (1997) pour un approfondissement de ces notions).
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[19]
Extérieur au métier et à la culture de l’entreprise.
-
[20]
Ce phénomène conforte par ailleurs les conclusions de Dabos et Rousseau (2013)sur le poids des réseaux sociaux informels au sein des organisations dans l’évaluation des contrats psychologiques.
Le rôle du contrat psychologique dans la compréhension de la cohabitation entre un cédant et un repreneur
1Le changement de dirigeant revêt un caractère stratégique pour l’entreprise, particulièrement à l’occasion de son rachat par une personne physique (Haddadj et d’Andria, 2001 ; Deschamps, 2002 ; Boussaguet et De Freyman, 2018). Dans l’optique de mieux comprendre ce phénomène, les travaux sur ce type d’opération se sont multipliés au cours des vingt dernières années, avec un mariage plutôt efficace de contributions empiriques et théoriques (Deschamps et Paturel, 2009). Pour autant, on est encore en présence d’un domaine de recherche bourgeonnant, marqué par des approches processuelles (Paturel, 2008) et un recours croissant à des concepts et des corpus théoriques de disciplines plus matures : transition de rôle (Cadieux, 2005 ; Cadieux et Deschamps, 2011), socialisation organisationnelle (Boussaguet, 2005 ; d’Andria et Chalus-Sauvannet, 2007 ; Boussaguet et Grima, 2015), deuil (Bah, 2006), représentations sociales (Bornard et Thévenard-Puthod, 2009), transfert de connaissances (Muskat et Zeher, 2017), mentorat (St-Jean, 2012), etc.
2Pour préserver cette dynamique de recherche, beaucoup d’auteurs continuent d’insister sur les enjeux économiques et sociaux des cessions d’entreprise, en mobilisant notamment des statistiques criantes [1] désormais bien connues des milieux économiques. En conséquence, les problématiques abordées dans la littérature sont assez diverses et variées (Cadieux et Brouard, 2009 ; Aubry et Wolff, 2016). On observe néanmoins une évolution récente du domaine vers l’étude approfondie des phases du processus repreneurial, avec un intérêt croissant pour l’entrée opérationnelle des repreneurs externes (Paturel, 2008). Ce phénomène semble pouvoir s’expliquer par l’émergence d’une nouvelle catégorie de repreneurs, moins aguerris à la gestion d’une organisation à taille humaine. En effet, pour faire face aux aléas du marché du travail, les cadres expérimentés sont de plus en plus nombreux à devoir se tourner vers ce choix de carrière (Donckels, 1995 ; De Freyman, 2009), au point d’être devenus majoritaires dans le paysage des reprises externes (Fusacq, 2011). Leur profil présente une singularité : malgré des parcours professionnels solides, beaucoup d’entre eux expriment des besoins d’accompagnement spécifiques, souvent liées à leur extériorité au monde des TPE/PME et au métier de la cible.
3En règle générale, les experts s’accordent à dire que la nature et la qualité de l’aide reçue par le repreneur, à des moments clés du processus d’acquisition, participent à la diminution du risque de résignation et d’abandon du projet de reprise (OSEO, 2005). Cependant, celles-ci sont bien souvent assimilées à des interventions programmées en amont du rachat, ce qui les rend insuffisantes pour garantir l’issue de la greffe. Dans le cas de ces nouveaux repreneurs, plus que le recours à ces solutions d’accompagnement classiques [2], c’est surtout la gestion de l’entrée opérationnelle qui devient décisive : un tiers des opérations de reprise d’entreprise échoue en raison « d’erreurs commises ou trouvant leur origine dans le laps de temps de prise en mains » (Rollin, 2006 : 13). Par définition, leur dépendance à l’égard des cédants est renforcée par la nécessité de s’appuyer sur une période de cohabitation plus soutenue. Cela signifie qu’ils s’exposent aux dangers d’une mauvaise collaboration, alors même qu’ils n’ont pas toujours été préparés à vivre ce qui se rapproche d’un « règne conjoint » (Cadieux, 2005). Il s’agit là d’un point de rupture majeur avec le contexte des successions familiales où une dimension stratégique est, depuis longtemps déjà, accordée à la préparation de l’héritier (Barach et al., 1988 ; Handler, 1990 ; Morris et al., 1997 ; Cadieux et al., 2000).
4En France, le législateur a souhaité sécuriser cette période grâce à la conclusion d’une convention de tutorat [3] avec le cédant. Ce cadre légal, repris à l’échelle européenne (Picard et Thévenard-Puthod, 2010 ; Thévenard-Puthod et al., 2014), s’appuie sur les forces prescriptive, normative et coercitive du contrat pour contenir les sources de friction potentielles entre les acteurs (Tilloy-Alphonse, 2008). Malheureusement, cédant et repreneur semblent peu enclins dans les faits à prendre le risque de compromettre la conclusion de l’affaire en sur-détaillant les missions de tutorat. La confiance est clairement privilégiée à ce stade (Deschamps, 2000 ; Boussaguet, 2005 ; Picard et Thevenard-Puthod, 2006) : elle pousse les deux parties à envisager la régulation de cette période de cohabitation autrement que par un recours systématique au contenu de la convention de tutorat. D’ailleurs, lorsqu’un conflit peine à être désamorcé, il est plus fréquent de les voir se séparer d’un commun accord que de les voir recourir à la dimension coercitive du contrat de tutorat (Le Repreneur, 2007), quitte à se mettre lourdement en danger.
5C’est pour éviter ces impasses, au moment de la prise en mains, qu’un renforcement de notre compréhension de la cohabitation est souhaitable. Celle-ci est essentielle pour cette vague de nouveaux repreneurs, éloignés du métier de l’entreprise et totalement dépendants d’un entre-deux règnes de qualité. Pour répondre à ce besoin, cette recherche se donne pour objectif de mieux appréhender la relation cédant/repreneur au cours du règne-conjoint, ainsi que les mécanismes de son évolution, celle-ci pouvant parfois aboutir à une rupture prématurée de la relation d’accompagnement. Les limites de la convention de tutorat, notamment en termes d’emprise juridique sur le cédant, nous invitent à privilégier un cadre d’analyse à même de mieux cerner la dimension psychologique de la cohabitation. Nous proposons à cet effet de recourir au concept de contrat psychologique et de porter un intérêt particulier aux travaux de Rousseau (1989, 1995) qui s’est intéressée à la violation de ces contrats en contexte organisationnel. Plus précisément, en s’appuyant sur la notion d’obligations morales, ainsi que sur l’existence d’une gradation possible des situations de manquements (ou de « brèches »), il est parfaitement possible de proposer une lecture plus fine des interactions, des arbitrages et des évolutions observées au cours des périodes de cohabitation.
6Pour ce faire, nous commencerons dans un premier temps par revenir sur les enjeux stratégiques de cette étape charnière du processus repreneurial. Nous veillerons ensuite à présenter les fondements théoriques du concept de contrat psychologique pour mieux comprendre, d’une part, l’intérêt d’une identification des obligations morales des acteurs et, d’autre part, les perspectives d’étude offertes par la notion de violation du contrat psychologique. Enfin, après avoir présenté la méthodologie retenue, nous consacrerons la dernière partie de ce papier à la présentation et la discussion des principaux résultats de la recherche.
1 – Les enjeux de la relation cédant/repreneur au cours de la cohabitation
7La prise en mains d’une entreprise à laquelle on est étranger nécessite le soutien du cédant pour de nombreuses raisons (sociales, organisationnelles, stratégiques, techniques, managériales, etc.). Pour autant, celui-ci n’est pas toujours acquis et plusieurs sources de frictions peuvent compromettre sérieusement sa relation avec le repreneur. L’enjeu pour le nouvel entrant est déterminant, à l’image de sa difficulté à savoir identifier la meilleure posture.
1.1 – L’accompagnement du repreneur par le cédant
8L’entrée opérationnelle du repreneur est une étape clé du processus repreneurial (Deschamps, 2002). Elle s’accompagne d’un moment de désordre interne qui, dans un scénario de mauvaise gestion, peut déboucher sur la remise en cause de la performance économique de l’entreprise. Pour atténuer ce risque, il est d’usage pour le repreneur de solliciter l’accompagnement de son prédécesseur et de créer les conditions d’un règne-conjoint, à l’image de ce qui se fait dans les milieux familiaux lorsque la nouvelle génération se prépare à la succession (Cadieux, 2005 ; Chalus-Sauvannet et al., 2016). Les objectifs à atteindre sont identiques : maîtriser l’organisation et le métier de l’entreprise, affirmer un nouveau leadership en son sein et maintenir un équilibre post-acquisition (Boussaguet, 2005 ; Bah, 2006 ; Rollin, 2006 ; De Freyman, 2009). La cohabitation est le support de ce processus d’appropriation : elle est le théâtre d’une alchimie complexe de transformation (Bah, 2006) grâce à laquelle des processus aussi importants que le transfert de l’informel [4], la légitimation du nouvel entrant et la régénération stratégique sont mis en place (Bégin, Chabaud et Hannachi, 2011).
9Les règles du jeu pour y parvenir sont en revanche foncièrement différentes, du fait de la spécificité même des processus d’entrée opérationnelle. En effet, la période de cohabitation est souvent réduite à quelques mois dans le cadre d’une cession à un tiers, contre un cycle de six à sept années pour la préparation de l’héritier naturel (Ward, 1987). Cela signifie, pour le repreneur externe, une intensité plus grande au quotidien, à un moment du processus où le contrecoup psychologique du rachat risque de produire ses effets (Rollin, 2006). Les semaines qu’il vit enchaîné au cédant, pour compléter son apprentissage et diminuer sa dépendance, sont particulièrement éprouvantes. Il doit se soumettre à un processus d’ajustement mutuel des rôles (Handler, 1990) qui le fragilise en début de processus. Chacun de ses faits et gestes est observé, décrypté par un corps social qui ne manque jamais d’alimenter la chronique des comparaisons. La position émotionnelle des salariés, moins bien préparés au changement de mains, complique d’ailleurs un peu plus son entrée opérationnelle, avec des inquiétudes d’ordre personnel et organisationnel qui perturbent le fonctionnement normal de l’entreprise (risques de licenciement, de mise en préretraite, de remise en cause des acquis, de révision des conditions de travail, etc.).
10Le recul offert par l’étude des successions familiales montre que la relation entre le prédécesseur et son successeur est un facteur clé de succès de la gestion de la cohabitation (Handler, 1990 ; Morris et al., 1997), et plus largement encore, des opérations de transmission d’entreprise (Barach et al., 1988 ; Wang, Watkins, Harris et Spicer, 2004). Cette conclusion se prête sans mal au contexte de la reprise externe où le rôle moteur de la confiance a déjà été démontré par le passé (Thévenard-Puthod et Picard, 2006). L’absence de liens de parenté fait peser un risque plus grand sur l’efficacité du couple cédant/repreneur, d’autant que la rupture est moins progressive, plus brutale pour le vendeur. Certains freins psychologiques, comme la peur du vide et la perte du statut social, peuvent déclencher chez lui une résistance et un refoulement profond de la situation, ce qui s’accompagne parfois de comportements déviants. En outre, les acteurs obéissent à des volontés propres qui ne sont pas toujours conciliables (Deschamps et Simon, 2011) et qui exposent l’entreprise au danger d’un entre-deux règnes mal négocié (Rollin, 2006). Le dilemme « rupture/continuité » en devient plus pesant pour le repreneur, surtout lorsque la présence du cédant à ses côtés est encore souhaitable. Il est alors parfois difficile pour lui de construire une organisation ambidextre [5] (Bégin, Chabaud et Hannachi, 2011) sans altérer en retour la qualité de sa relation avec son prédécesseur.
1.2 – Le rôle de la relation cédant/repreneur dans la régulation de la cohabitation
11Les premiers contacts cédant/repreneur sont décisifs. Ils déterminent la qualité de la relation à venir et conditionnent presque toujours la capacité respective des acteurs à faire preuve d’indulgence le moment venu l’un envers l’autre (Cadieux et Deschamps, 2011). La convention de tutorat, établie en amont du rachat, participe à ce travail d’apaisement. Elle évite que le climat relationnel, déjà mis à mal par des écarts de valorisation, se dégrade davantage et compromette la conclusion de l’affaire pour des inquiétudes liées aux modalités de la prise en mains. Cependant, on peut admettre avec Tilloy-Alphonse (2008) que les bénéfices de ce dispositif juridico-légal sur le processus d’entrée du repreneur sont incertains, malgré son balisage exhaustif de la période de cohabitation (nature des actions à mettre en œuvre, modalités pratiques de réalisation du tutorat, durée de convention et conditions de prolongation, etc.). La détérioration de la relation cédant/repreneur est en cause : elle pousse le second à s’interroger sur la nécessité de maintenir le premier dans l’entreprise, en dépit des engagements consignés dans la convention de tutorat (De Freyman, 2009). L’équation est épineuse car la rupture prématurée de la relation d’accompagnement peut devenir dangereuse pour l’entreprise, notamment lorsque la capacité d’exercice du repreneur est encore limitée et que son recul n’est pas suffisant pour savoir si le remède n’est pas pire que le mal.
12Les sources d’instabilité, rencontrées tout au long du processus de transition, sont à l’origine de ce dilemme. Elles affectent le déroulement normal de la cohabitation. Par exemple, certains couples d’acteurs ne prennent pas le temps de s’y projeter pour en clarifier les conditions et se limitent aux formules de convenance sur l’engagement du cédant à transmettre son expérience professionnelle au repreneur après cession. Ce manque de précision occasionne des ambiguïtés, des confusions de rôles et des tensions qui fragilisent leur équilibre relationnel (Bah, 2009). La mauvaise préparation psychologique est un autre facteur aggravant. Pour le repreneur, celle-ci se révèle au moment du « choc de la réalité » (Boussaguet, 2005), c’est-à-dire lorsqu’il prend réellement conscience de son éloignement identitaire et socioculturel avec l’entreprise, jusqu’alors masqué par le syndrome du « je sais faire » (Rollin, 2006). Pour le cédant qui éprouve des difficultés à faire son deuil, la cohabitation réveille des peurs profondes qui limitent sa coopération (Bah et Cadieux, 2011) et affaiblissent la portée de ses actions de tutorat. L’impact des ressources humaines n’est pas non plus négligeable (Arcand, 2011). La résistance des salariés, souvent mis devant le fait accompli, à l’exception peut-être du noyau dur de l’entreprise (Saoudi, 2012), contamine la relation cédant/repreneur par des manifestations de craintes et d’attentes nouvelles (Chabert, 2005) qui peuvent opposer les deux parties. Sur un registre proche, le décalage générationnel, défini par des méthodes de travail et des visions de l’avenir différentes (Cadieux et Brouard, 2009), démontre également un pouvoir corrosif dans la gestion des échanges quotidiens.
13Les cas de séparation d’un commun accord confirment l’idée que la régulation de cette période critique obéit à d’autres mécanismes qu’une application stricto sensu des modalités prévues par la convention de tutorat. La difficulté pour le repreneur est de parvenir à protéger son projet de vie, durant ces quelques mois de cohabitation, sans être lui-même à l’origine de décisions, d’attitudes et/ou de comportements contraires aux objectifs de continuité et de stabilité. Plus que jamais, il semble de la responsabilité du repreneur de se prendre en mains et de tout faire pour favoriser une bonne collaboration avec le cédant (Bah et Cadieux, 2011). Pour autant, au-delà des bénéfices à en espérer, on sait finalement peu de choses sur les conditions qui permettent à certains de préserver la qualité de cette relation et de valoriser pleinement la cohabitation. En vue d’y remédier, le recours aux théories du contrat psychologique, souvent utilisées dans l’étude de relations professionnelles temporaires (McLean Parks, Kidder et Gallagher, 1998), peut être opportun : elles semblent fournir un cadre d’analyse pertinent pour approfondir notre compréhension de la relation cédant/repreneur et de son évolution au cours du processus de transition.
2 – La conclusion d’un contrat psychologique entre un cédant et un repreneur
14La littérature consacrée à l’étude du contrat psychologique s’est densifiée au cours des dernières décennies. Les contextes organisationnels se sont également diversifiés, nourrissant ainsi de nombreux débats sémantiques. Cependant, les travaux de Rousseau (1989, 1990, 1995, 1998, 2001) se sont doucement imposés, en plaçant la notion de violation au cœur des discussions.
2.1 – Le concept de contrat psychologique
15Le contrat psychologique est un construit qui s’inspire de la théorie de l’échange social et de la norme de réciprocité (Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005). Les définitions sont nombreuses (Levinson et al., 1962 ; Kotter, 1973 ; Rousseau, 1989 ; McLean Parks et al., 1998 ; Cavanaugh et Noe, 1999 ; Aselage et Eisenberger, 2003, De Vos et al., 2003), mais la paternité du concept est accordée à Chris Argyris (1960) qui a introduit le terme pour décrire les aspects implicites de la relation entre un groupe d’ouvriers et leurs contremaîtres. Pour cet auteur, les contrats formalisés sont incapables de capturer la relation d’emploi dans toutes ses dimensions, à l’image des mécanismes d’entente tacite qui permettent au management passif d’être parfois plus efficace en usine. Ce sont néanmoins les recherches de Levinson et al. (1962) et de Schein (1965), sur la relation d’échange entre l’employé et l’organisation, qui ont popularisé le concept de contrat psychologique. Ces auteurs le définissent comme une série d’attentes mutuelles entre des parties qui « peuvent en avoir que faiblement conscience mais qui régissent leur rapport à l’autre » (Levinson et al., 1962 : 21). D’après Schein (1965), ces attentes ont la particularité d’agir comme de puissants déterminants du comportement, en dépit d’une dimension parfaitement tacite d’un point de vue contractuel. Elles sont rapportées aux contributions de chaque partie et peuvent générer, en cas d’écart trop grand, des déviances comportementales (parfois d’autant plus fortes que la qualité des interactions entre les parties est mauvaise).
16Naturellement, depuis ces écrits fondateurs, la notion de contrat psychologique a évolué vers des conceptualisations plus actuelles (Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005). Parmi celles-ci, l’approche développée par Rousseau (1989), dans laquelle nous nous inscrivons, s’est clairement distinguée des autres, au point d’éclipser un grand nombre de travaux antérieurs (Taylor et Tekleab [6], 2004) et d’en inspirer beaucoup d’autres. L’auteur défend l’idée que les individus pensent contractuellement et appréhendent leurs relations sociales en termes d’obligations et de droits (Rousseau, 1995). En conséquence, elle assimile le contrat psychologique à « la croyance d’un individu relative aux termes et aux conditions d’un accord d’échange réciproque entre cette personne cible et une autre partie » (Rousseau, 1989 : 123). Celui-ci est un modèle mental que les personnes possèdent à propos d’une relation particulière (Rousseau, 2001) et qu’elles construisent sur la base de perceptions subjectives et cognitives pouvant parfaitement diverger du contenu des écrits formels et des interprétations faites par des tierces personnes (Roehling, 1997 ; Rousseau et Tijoriwala, 1998). Ce qui peut devenir très problématique au regard de la capacité importante des individus à se construire leur propre réalité (Weick, 1979).
17Dans son approche, « les questions clés ont trait à la croyance qu’une promesse a été faite et une compensation offerte en échange, liant les parties à un ensemble d’obligations réciproques » (Rousseau, 1989 : 123). La nature de « l’autre partie » est un point de rupture majeur avec ces prédécesseurs. En effet, pour Rousseau (1989), le contrat psychologique ne peut être porté que par un individu, ce qui signifie que l’autre partie engagée dans la relation, à savoir l’organisation, est un élément de contexte. Elle propose à ce titre une typologie, fondée sur la destination du contrat (individu ou groupe) et la qualité de la ou des personnes l’interprétant (interne ou externe), qui lui permet de différencier le contrat psychologique des autres formes de contrats, à savoir normatifs, tacites et sociaux (Rousseau, 1995). Certains auteurs lui reprochent ce niveau d’analyse qui revient, d’après eux, à minimiser l’importance de la mutualité et de l’interaction (Guest, 1998 ; Lester et al., 2002). Anderson et Schalk (1998) y voient là un débat difficile à trancher, même si des pistes de médiation ont été proposées [7].
18L’introduction de la notion d’obligations, établie à partir de promesses perçues, est la seconde source de fracture sémantique. En effet, pour Rousseau (1989 : 123), un contrat psychologique émerge dès lors « qu’une partie a le sentiment qu’une promesse de retours futurs a été faite, qu’une contribution a été donnée, et ainsi, qu’une obligation de fournir des bénéfices futurs a été créée ». Elle se détache ainsi du concept d’attentes, pour lui préférer celui d’obligations à partir duquel elle défend l’importance du concept de violation dans la compréhension des échanges (Rousseau, 1995). Pour Thomas et Anderson (1998), ces deux notions clés sont encore trop souvent interchangeables, malgré la distinction établie par Rousseau (1998 : 680) : « Même si tous les contrats psychologiques occasionnent des attentes qu’une personne ou une firme devra tenir dans une veine particulière, toutes les attentes ne sont pas contractuelles. Un aspect important d’un contrat psychologique est que les croyances composant ce contrat résultent de promesses. L’attente est un concept bien plus large que le contrat psychologique ». Anderson et Schalk (1998) regrettent, plus largement encore, cette profusion de termes (perceptions, attentes, croyances, promesses et obligations). Elle alimente un climat de confusion et participe au risque de voir certaines analyses dégénérées dans une rhétorique vide (Guest, 1998).
2.2 – La violation du contrat psychologique
19Le contrat psychologique se développe en présence de contrats formels, mais débouche sur la création d’obligations morales en l’absence d’obligations véritablement légales (Shore et Tetrick, 1994 ; Parks et Schmedemann, 1994). La solidité de l’accord repose avant tout sur la perception de la mutualité [8] et non sur la mutualité elle-même (Rousseau, 1998 ; Sels et al., 2004), ce qui signifie qu’une mauvaise compréhension des engagements initiaux de chacun peut suffire à favoriser un sentiment de non réciprocité (Macneil, 1985). La perception d’une divergence trop forte entre ce qui a été promis à un individu et ce que celui-ci a réellement reçu de l’autre partie peut être à l’origine de conséquences irréversibles sur son comportement et ses attitudes. Le sentiment de violation naît de cette mise en balance (Rousseau, 1995). Morrison et Robinson (1997) ont cherché à mieux définir cette notion. Ces auteurs suggèrent d’associer le terme de « violation » à l’état émotionnel et affectif pouvant suivre la perception de l’échec à respecter le contrat psychologique, et de réserver celui de « perception de manquement » (ou de brèche perçue) au calcul cognitif. L’expérience émotionnelle est centrale dans leurs travaux : elle est à l’origine des sentiments qui vont animer la personne et la préparer à réagir d’une certaine manière. Ainsi, le fait qu’une perception de manquement conduise à la violation dépend surtout du « processus d’interprétation au travers duquel l’employé va considérer les conséquences du problème, pourquoi et comment ce manquement a eu lieu, mais également le contrat social gouvernant la relation » (Morrison et Robinson, 1997 : 231).
20C’est en raison de ce mécanisme d’interprétation que les circonstances de rupture génèrent des réactions émotionnelles inégales chez les individus (Alcover et Martinez-Inigo, 2012 ; Bal et al., 2013 ; Payne et al., 2015 ; Tomprou, 2015), même si les caractéristiques individuelles ont un rôle dans ce processus (Chen et al., 2009 ; Thomas et Feldman, 2009 ; Priesemuth et Taylor, 2016). Rousseau (1995) a identifié trois formes de violation possibles. La « rupture par inadvertance » est liée à un contexte de méprise, c’est-à-dire que les deux parties sont capables et désireuses de respecter les termes du contrat, mais les interprétations qu’elles en ont divergent. Celle-ci se démarque des situations de « dislocation du contrat » où l’une des parties est dans l’incapacité de respecter sa part du contrat en raison d’une évolution non souhaitée des circonstances générales. Il y a enfin « violation du contrat » dès lors qu’une des parties, parfaitement à même de respecter ses engagements moraux, décide de ne plus s’y tenir pour des raisons connues ou non des cocontractants. Naturellement, dans les deux premières configurations de rupture, les conséquences sur la confiance que les parties se portent sont plutôt limitées, au contraire de la troisième qui peut occasionner des réactions épidermiques et destructrices.
21La coexistence de ces formes de rupture illustre le poids que peut avoir le contrat psychologique dans la régulation des échanges (Shore et Tetrick, 1994). Ceci est particulièrement vrai au cours des premières semaines car la recherche d’informations y est plus active (De vos et Freese, 2011) et que les chances de réagir négativement à un manquement y sont nettement plus élevées (Tekleab et al., 2013). Les travaux de Robinson et al. (1994) aident à comprendre l’origine de cette influence. Ces auteurs associent en effet le rôle du contrat psychologique à un triple processus: (1) un processus de consolidation des liens entre parties prenantes ; (2) un processus de structuration des échanges futurs déjà anticipés ; (3) un processus de renforcement des obligations mutuelles inhérentes au contrat formel. Les niveaux d’engagement psychologiques peuvent néanmoins diverger et impacter de façon différenciée le résultat de ce triple processus : « L’échec à voir des attentes satisfaites n’est pas du même ordre que l’échec à voir remplies des obligations. En conséquence de quoi, il est important d’être parfaitement clair sur le contenu des contrats psychologiques » (Guest, 1998 : 651). Cela explique l’intérêt croissant des chercheurs pour l’étude des contenus, au détriment des contenants (processus de formation du contrat psychologique). Dans le cadre de la relation d’emploi par exemple, Rousseau (1990) a établi une liste d’obligations types de l’employeur, c’est-à-dire des obligations dont la violation peut altérer sa relation avec le salarié.
3 – Méthodologie : échantillon, collecte et analyse des données
22L’objectif de cette recherche est d’approfondir notre compréhension de la relation cédant/repreneur et de son évolution au cours du processus de transition, dans des contextes de reprise où le nouvel entrant est extérieur au métier de l’entreprise. Le concept de contrat psychologique semble fournir à cet effet un cadre d’analyse adapté à une meilleure appréhension de cette période charnière. Celui-ci nous invite à identifier la nature des obligations morales que chaque acteur s’attend à voir respecter au cours de la cohabitation, que celles-ci figurent ou non dans la convention de tutorat et qu’elles soient comprises ou non par l’autre partie.
3.1 – Mode de production des données
23Pour y parvenir, nous avons décidé de conduire une recherche qualitative et d’axer notre stratégie de recherche sur l’étude de cas « collective/multiple » (Stake, 1994). En effet, cette approche est indiquée en présence de situations complexes à appréhender (Wacheux, 1996). Elle favorise la recherche de connaissances plus compréhensives. Le dispositif de recherche consiste à « étudier en profondeur et de manière intensive une ou plusieurs situations dans une ou plusieurs organisations » (Evrard et al., 1997 : 89), notamment dans le but d’y retrouver des récurrences. Ainsi, dans le respect des critères clés « d’absence de lien » (Deschamps, 2000) et de « repreneurs accomplis » (Boussaguet, 2005), nous avons retenus 13 cas de reprise externe en contexte TPE (Tableau 1), tous étudiés dans les départements du Var et des Bouches-du-Rhône. Ceux-ci ont été identifiés par l’intermédiaire d’une antenne CRA (Cédant et Repreneurs d’Affaires), d’une bourse d’opportunités privée et d’une CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie).
Les 13 cas de reprise externe étudiés
Les 13 cas de reprise externe étudiés
24La méthode de production principale des données a été celle de l’entretien (Tableau 2). Une étude exploratoire a d’abord été conduite auprès de 13 experts de la reprise d’entreprises, sur la base d’une méthode Delphi aménagée. Ce travail a servi de support à la création d’un guide d’entretien destiné à notre échantillon, composé majoritairement de repreneurs. En effet, celui-ci ne pouvait être ni trop structuré, au risque de biaiser l’interprétation des vécus, ni trop ouvert, pour éviter des discours décousus. En ce sens, conformément aux recommandations de Blanchet et Gotman (1992), des consignes ont été retenues de sorte à produire à la fois des discours référentiels (identification de l’objet dont on parle) et modaux (croyances à l’égard de la référence). Cependant, en raison des contextes de transition en cours ou des difficultés propres à ce type d’opération, les cas étudiés n’ont pas permis de réaliser les entretiens par paires « cédant/repreneur », à l’exception de deux d’entre eux. L’observation et les documents sont donc venus compléter la production de données en mode parallèles (29 notes de terrain et 13 relevés d’évènements), grâce à des opportunités de terrain liées à la nature du secteur d’activités de certains rachats ou à la relation privilégiée avec certaines entreprises. Les cinq cas de transition en cours nous ont permis d’élargir la collecte de données aux salariés des entreprises. De prime abord, on pouvait craindre une perte d’homogénéité, mais cette approche est connue pour être utile dans l’étude des reprises externes car elle atténue les biais d’échantillonnage et permet « de s’extraire des perceptions individuelles unilatérales […] et de recueillir [avec une approche multi acteurs] des représentations à différents niveaux » (Boussaguet, 2005 : 184).
La collecte des données
Mode de production des données | |
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Entretiens semi-directifs (enregistrés et retranscrits) |
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Observation non participante (notes de terrains et relevé des évènements de cas) |
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La collecte des données
3.2 – Mode d’analyse des données
25Les méthodes d’analyse de représentations et/ou de discours sont nombreuses (Allard-Poesi et al., 1999). Elles ont en commun d’inscrire le chercheur dans une « activité dynamique, continue et itérative » qui lui permet de procéder au traitement des données recueillies (Huberman et Miles, 1991). Dans ce travail, nous avons suivi une analyse par théorisation ancrée (Paillé, 1994). Celle-ci vise à « générer inductivement une théorisation au sujet d’un phénomène culturel, social ou psychologique, en procédant à la conceptualisation et la mise en relation progressives et valides de données empiriques qualitatives » (Paillé, 1994 : 214). Cette approche revendique une affiliation partielle à la Grounded Theory de Glaser et Strauss (1967), mais elle s’en démarque sur au moins deux aspects clés : « (1) elle est prise comme méthode d’analyse de données, plutôt que comme stratégie générique de recherche, gagnant par le fait même une certaine autonomie au niveau théorique (par rapport aux orientations prises par Glaser et Strauss) et sur le plan technique (on peut adapter la méthode à des fins diverses) ; (2) elle laisse de côté l’objectif de production d’une théorie, pour celui, plus réaliste, moins engageant et plus axé sur le processus, de théorisation » (Paillé, 1994 : 214).
26Les étapes de l’analyse qualitative de théorisation varient en nombre d’une recherche à l’autre. Cependant, on s’accorde sur un découpage en cinq opérations (Tableau 3), qui ne sont ni linéaires, ni même équivalentes, leur durée évoluant en cours de recherche (Paillé, 1994).Ces étapes favorisent la saisie de la complexité des situations, mais elles ne sont pas toutes nécessaires : « La codification, la catégorisation et la mise en relation peuvent à elles seules mener l’analyse d’un corpus de données à un niveau analytique très intéressant et suffisamment éloquent, dépendamment des objectifs visés » (Paillé, 1994 : 220). Dans le cadre de cette recherche, centrée sur le rôle du contrat psychologique et de sa violation au cours de la cohabitation cédant/repreneur, les étapes d’intégration et de modélisation n’ont pas semblé indispensables à la bonne analyse des données collectées. La codification a tout d’abord permis – sur la base des témoignages livrés et des situations observées – de relever des actions et des comportements caractéristiques de la réalité vécue ou exprimée. Ce n’est que dans un deuxième temps que la phase de catégorisation a débouché – par abstraction – sur l’identification des obligations morales et réciproques des acteurs (Tableaux 4 et 6). La mise en relation s’est traduite par un affinement des résultats précédents, mais aussi par un niveau de questionnement supplémentaire lié à l’introduction des contextes de violation dans l’analyse.
La méthode d’analyse des données
La méthode d’analyse des données
4 – Résultats empiriques
27En nous appuyant sur l’analyse des données recueillies, et dans le respect de la théorisation ancrée (phases de codification, de catégorisation et de mise en relation), nous sommes parvenus à regrouper des actions et des comportements pour faire émerger des catégories d’obligations morales propres à chaque acteur engagé dans la cohabitation. Celles-ci sont essentiellement issues de la perception des repreneurs, de sa combinaison avec le regard des autres acteurs interrogés et des observations réalisées.
4.1 – Les obligations morales du cédant au cours de la cohabitation
28Les obligations morales du cédant sont étroitement liées aux objectifs de maîtrise (développement d’une capacité d’exercice) et de continuité (maintien d’un équilibre de transition) que le repreneur assigne à la période de cohabitation. Elles se distinguent de simples attentes par le risque d’échec plus élevé que leur violation fait peser sur l’issue du projet de reprise (même en situation de rupture par inadvertance ou de dislocation du contrat). Les repreneurs semblent identifier ces obligations morales à partir de la perception qu’ils se font de leur entrée opérationnelle et des difficultés qu’ils s’attendent à rencontrer au cours de cet exercice de double pilotage (Tableau 4). Pour beaucoup d’entre eux, ils les conçoivent en termes de rôles à tenir, de missions à remplir et de comportements à avoir.
Les obligations morales du cédant au cours de la cohabitation
Obligations morales du cédant | ||
---|---|---|
Nature de l’obligation morale | Actions et comportements associés | Intérêt pour le repreneur |
Favoriser la socialisation, la crédibilité et la légitimité du repreneur |
| Recherche de maîtrise |
Créer les conditions d’un transfert de savoir-faire |
| |
Maintenir un climat social propice à la performance économique |
| Recherche de continuité |
Sécuriser les premiers mois d’exercice |
| |
Adopter un comportement responsable |
| Recherche de sérénité |
Les obligations morales du cédant au cours de la cohabitation
29Ainsi, la première obligation morale du cédant consiste, d’après le repreneur, à créer les conditions d’un transfert de savoir-faire efficace. Celle-ci présente la particularité d’être reprise, sous une forme très synthétique, dans le contenu standard des conventions de tutorat. Cependant, en amont de l’entrée opérationnelle, il est presque impossible pour le couple cédant/repreneur de détailler parfaitement l’apprentissage nécessaire à la maîtrise de l’organisation [9] et de son métier. Un écart de perception initiale, lié à des parcours et des référentiels techniques différents, peut rapidement s’installer et compromettre la montée en régime du repreneur sans que les acteurs en aient eu l’intention au départ. Le nouvel entrant aborde cette période clé avec une conviction profonde : tout doit être mis en œuvre pour réduire sa dépendance à l’égard des connaissances techniques, organisationnelles et managériales du cédant, ce qui exclut toute forme de rétention d’informations. En d’autres mots, le repreneur s’attend à cohabiter avec un maître formateur, tout aussi capable de formaliser son expérience et son activité quotidienne que de démontrer des qualités de pédagogue pour en favoriser l’assimilation. Dans sa compréhension du contrat, l’accès à cette expertise ne se borne pas au règne-conjoint, elle doit être mobilisable à l’occasion de périodes critiques postérieures au désengagement physique du cédant (rôle de conseiller).
30Mais pour construire sa capacité d’exercice, le repreneur considère également que l’appui du cédant en matière de socialisation organisationnelle est de première nécessité. Sa distance au métier génère des interrogations à de nombreux niveaux (salariés, partenaires, clients, etc.) et sur de nombreux sujets (compétences techniques, style de management, stratégie commerciale, compréhension de l’environnement, etc.). Celle-ci le condamne à faire face, dès son premier jour dans l’entreprise, à un double déficit de légitimité et de crédibilité qui, d’une part, handicape ses chances d’intégration rapide, et, d’autre part, accentue sa dépendance à l’égard du cédant. Le repreneur est rarement surpris de rencontrer ces conditions défavorables, il y a déjà mûrement réfléchi au moment de s’engager dans le projet de reprise. Il s’attend cependant à ce que le cédant travaille à ses côtés pour lutter efficacement contre l’émergence d’un trop grand nombre d’a priori négatifs (exemple de leviers recherchés : cautionnement du plan de reprise, communication autour de l’adhésion aux valeurs du repreneur, élimination des sources d’ambiguïtés possibles, mise en place de mesures symboliques [10], etc.). Dans son esprit, on est au-delà de la simple introduction formelle décrite dans la convention de tutorat : il y a une obligation morale, pour le cédant, de viabiliser socialement la greffe en faisant tout pour lui donner le temps et les moyens de faire ses preuves.
Extraits de verbatim liés à l’identification des obligations morales des cédants
Favoriser la socialisation, la crédibilité et la légitimité du repreneur |
|
Sécuriser les premiers mois d’exercice |
|
Adopter un comportement responsable |
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Créer les conditions d’un transfert de savoir-faire |
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Maintenir un climat social propice à la performance économique |
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Extraits de verbatim liés à l’identification des obligations morales des cédants
31Le repreneur espère atteindre, plus largement encore, un objectif de continuité. Les enjeux sociaux, économiques et familiaux l’encouragent à se méfier de lui-même et des erreurs que son temps d’apprentissage peut occasionner. Son raisonnement projette le cédant dans un rôle de garde-fou en vue de sécuriser les premiers mois d’exercice (traitement des dossiers en cours, réalisation et/ou contrôle des devis commerciaux, gestion des équipes techniques, etc.). Cependant, le repreneur est également conscient de devoir maintenir un climat social qui n’altère pas la performance économique de l’entreprise : celle-ci fait l’objet même du rachat [11]. Nul doute pour lui, à la lecture de la convention, que le cédant doit y contribuer sans réserve, d’autant qu’à l’heure des premiers pas dans la cohabitation, il continue d’être celui qui détient une emprise managériale sur le corps social. Le repreneur compte sur ce soutien pour gérer le traumatisme que la vente déclenche chez les employés. Certains s’y sont préparés (à partir d’un jeu de déductions fondées sur l’âge du cédant, sur la teneur de ses discours et/ou de ses actes, sur des confidences glanées ici et là, etc.), d’autres beaucoup moins, si bien que le risque de subir des perturbations organisationnelles n’est pas négligeable. Les repères collectifs sont fragilisés durant cette période de flottement, au point pour eux de ne plus savoir quoi penser, ni même comment se comporter et/ou à qui s’adresser (confusion inhérente au contexte de cohabitation). L’engagement du cédant est donc limpide à ses yeux : s’employer à rassurer les salariés, notamment par des actions de communication communes, symboliques et positives (soutien affirmé, plein et entier).
32L’adoption d’un comportement responsable et constant semble représenter la dernière obligation morale perçue par le repreneur. Celui-ci assimile son entrée opérationnelle à des sources de tensions potentielles avec le cédant : approches managériales différentes, nouvelle stratégie de développement, implémentation de changements importants, choix d’une reconfiguration organisationnelle, etc. Pour autant, dans son interprétation du contrat, il y a un engagement clair du cédant à se comporter, à chaque instant de la cohabitation, dans l’intérêt supérieur de l’entreprise et des salariés. Par exemple, il est important pour lui que le cédant fasse preuve d’une ouverture d’esprit suffisante – vis-à-vis de pratiques et de pensées éloignées des siennes – pour ne pas être le moteur d’une résistance au changement. De la même manière, il s’attend à ce que celui-ci s’interdise toute forme de jugements sur sa personne et/ou ses actes, au profit de positions beaucoup plus constructives et positives. Cependant, il semble qu’un des comportements les plus responsables que le repreneur désire rencontrer chez le cédant consiste à savoir lâcher prise le moment venu pour favoriser son émancipation et ne pas devenir un obstacle à la prise en mains définitive de l’organisation.
4.2 – Les obligations morales du repreneur au cours de la cohabitation
33Le repreneur n’est pas le seul à se soucier des conditions et de l’issue de la cohabitation. En présence d’une opération hors métier, le cédant semble y attacher également beaucoup d’importance, en ne manquant pas d’interpréter le moindre engagement de son successeur (Tableau 6). La vente de l’entreprise n’est pas pour lui synonyme de désintérêt immédiat : il semble, bien au contraire, vouloir porter la responsabilité de la continuité économique et sociale de l’organisation. La cohabitation est un moyen efficace, à ses yeux, de ne pas faire acte de désertion et de s’assurer a posteriori que les critères de choix du repreneur étaient les bons. D’une certaine manière, le cédant semble assimiler cette période à son dernier acte de gestion, celui à la fin duquel il embrassera un nouveau départ.
Les obligations morales du repreneur au cours de la cohabitation
Obligations morales du repreneur | ||
---|---|---|
Nature de l’obligation morale | Actions et comportements associés | Intérêt pour le cédant |
Accepter d’avoir des choses à apprendre |
| Confirmer son « bon » choix |
Faire preuve de respect à l’égard du cédant et de l’existant |
| Faciliter ses conditions de sortie |
Les obligations morales du repreneur au cours de la cohabitation
34Cependant, il existe une contrepartie à un tel niveau d’investissement : le cédant développe une interprétation gorgée d’affect de ce que doit être le règne-conjoint. Celle-ci configure au moins deux obligations morales dans son esprit. La première consiste, pour le nouvel entrant, à débuter la cohabitation avec le comportement et les attitudes de quelqu’un qui accepte d’avoir des choses à apprendre. La sensibilité du cédant à la capacité du repreneur à se mettre à l’écoute et à se remettre en cause est grande. Elle conditionne pour beaucoup la qualité de l’accès à son expertise technique et organisationnelle. Il semble ne pas y avoir pire danger, dans une configuration de rachat où le repreneur est éloigné du métier, qu’une absence d’humilité chez celui qui a pour mission de construire l’avenir de l’entreprise. Celle-ci est indispensable aux yeux du cédant, ne serait-ce déjà que par le déroulement standard de la cohabitation qui impose au repreneur une période d’observation et de mise en retrait assez longue. Le repreneur doit y endosser un costume d’apprenti, même temporaire, sans lequel ses chances d’hypothéquer son plan de reprise deviennent plus grandes que celles de le sécuriser.
Extraits de verbatim liés à l’identification des obligations morales de repreneurs
Accepter d’avoir des choses à apprendre |
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Faire preuve de respect à l’égard du cédant et de l’existant |
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Extraits de verbatim liés à l’identification des obligations morales de repreneurs
35La deuxième obligation morale du repreneur est également d’ordre comportemental puisqu’il s’agit pour lui de se montrer respectueux du cédant et de l’existant. Là encore, le nouvel entrant se confronte à la charge émotionnelle du processus de cession pour son prédécesseur. La cohabitation n’est naturelle pour aucun des deux hommes, mais elle est peut-être plus difficile à vivre pour celui dont la mission finale est de lâcher prise. Le cédant entrevoit, dans le regard des autres, la perte progressive de son statut. La faculté du repreneur à faire preuve d’empathie et de compréhension lors de cette période critique est essentielle pour asphyxier les tensions naissantes. Par exemple, il semble parfois difficile pour le vendeur d’assister à l’implantation de changements majeurs et de maintenir en même temps un niveau de coopération élevé. Sur un autre registre, la cohabitation n’est pas non plus une phase au cours de laquelle celui-ci s’attend à être mis en porte-à-faux vis-à-vis de ses anciens salariés, que cela soit par une remise en question du système existant, des conditions de travail ou de ses décisions passées. En fait, le cédant semble surtout désirer une sortie digne et compte sur le repreneur pour l’y aider.
4.3 – Nature des formes de violation observées dans les cas étudiés
36La période de cohabitation expose le duo cédant/repreneur à des situations de manquements à leurs obligations morales respectives, même si celles-ci ne sont pas systématiques (à l’image de plusieurs cas étudiés dans cette recherche) et que leurs conséquences sont assez inégales (en raison de contingences multiples liées par exemple aux personnalités, à la complexité du métier ou encore à la structure organisationnelle de l’entreprise). Dans notre démarche, pour contraster utilement chacune des situations observées, une grille de lecture a été pensée en combinant les travaux de Rousseau (1995), qui différencient les formes de violation du contrat psychologique, à ceux de Morrison et Robinson (1997, 2000), qui accordent une place importante au calcul cognitif et à l’interprétation des manquements par les individus (origines et conséquences). Les critères de climat (conflictuel vs pacifique) et de durée de la transition (écourtée vs conforme) ont pour leur part rendu possible une catégorisation générale des cas traités (Tableau 8).
Les formes de violation observées dans les cas étudiés [12]
Les formes de violation observées dans les cas étudiés [12]
37En première lecture, des situations de manquement sont observées dans la grande majorité des cas (8 sur 13), avec une diversité plutôt significative dans les origines et les formes de violation. Si une corrélation positive entre la présence de relations conflictuelles et le nombre d’obligations morales non respectées semble logiquement émerger de l’analyse, des cas de transition pacifiques enregistrent également des schémas de dislocation et de rupture par inadvertance. Ce premier constat nous renseigne sur l’importance que peut avoir la gestion d’un contrat psychologique dans une dynamique de cohabitation, même en présence de circonstances de départ favorables. En fait, dans la plupart des situations étudiées, la ligne de fracture se dessine pour beaucoup en fonction de la capacité des acteurs – et des repreneurs en particulier – à vouloir interpréter et donner du sens aux manquements rencontrés. Celle-ci modère plus ou moins fortement les conséquences des violations (sous ses différentes formes), qui restent finalement très dépendantes des individus (personnalité, motivations, background, etc.), des antécédents de la relation (climat de départ, dureté des négociations, passifs éventuels, etc.) et de l’intérêt à devoir poursuivre la cohabitation (encore très fort, limité, etc.).
38L’analyse des transgressions observées appelle des constats additionnels. En premier lieu, il n’est pas exclu pour les acteurs d’avoir à gérer des situations de « manquements multiples », caractérisées par le non-respect d’au moins deux obligations morales, quelle que soit la forme de violation associée (inadvertance, dislocation ou violation). Les repreneurs semblent particulièrement exposés à ce risque. Ils manifestent des interrogations fréquentes sur les comportements à privilégier : leur difficulté consiste surtout à pouvoir déterminer le bénéfice global de la cohabitation à un moment de celle-ci où plusieurs manquements viennent impacter le gain des obligations morales satisfaites. Ce calcul cognitif s’appuie sur l’existence perçue d’un autre phénomène : la hiérarchisation possible des obligations morales. En effet, dans la logique d’arbitrage du repreneur par exemple, certaines d’entre elles semblent bien plus sujettes à des réactions épidermiques et/ou définitives de sa part, à l’image des conditions de transfert du savoir-faire et de la sécurisation des premiers mois d’exercice. De son côté, un cédant risque de présenter une sensibilité plus élevée à l’absence d’humilité chez un repreneur, notamment lorsque celui-ci accepte plus difficilement d’avoir des choses à apprendre.
39Les cas étudiés suggèrent également un effet modérateur de la forme de violation (dislocation, inadvertance ou violation) sur la capacité des acteurs à vouloir et pouvoir maintenir les conditions initiales de cohabitation. Cet effet modérateur semble d’ailleurs lié au constat précédent sur la hiérarchisation possible des obligations morales. En ce sens, plusieurs situations de cohabitation nous laissent penser que la « violation » d’une obligation morale « centrale » pour l’une des parties peut réduire considérablement les chances de sauvegarder la relation d’accompagnement (déclenchement d’un état affectif et émotionnel destructeur). L’impact sur la collaboration semble moindre pour les cas de « dislocation » et/ou de « rupture par inadvertance », notamment lorsque les obligations morales concernées sont plutôt « secondaires » dans l’esprit des protagonistes. Une dernière remarque peut être faite au sujet des situations de rupture prématurée de la cohabitation : celles-ci semblent pouvoir exister en présence de manquements faiblement impactant, en dehors de tout climat conflictuel (cas LGV). Dans notre échantillon, ce poids moindre des obligations morales est à rapprocher des métiers et/ou des secteurs d’activité a priori moins complexes à appréhender (limitant le risque d’une prise en main plus soudaine que prévue). Ce « faible » niveau de technicité caractérise également les 5 cas (sur les 13 étudiés) pour lesquels aucun manquement n’a réellement été observé. Les formats de transition étaient plutôt courts, à l’exception d’un cas idéal (EIT) où la combinaison d’une proximité culturelle et d’une volonté commune de continuité a favorisé une dynamique vertueuse (climat pleinement pacifique). Dans les autres situations, l’existence de tensions, non directement liées à la relation d’accompagnement et au contenu des engagements mutuels, a parfois perturbé le contexte de cohabitation, mais sans jamais en altérer le bon déroulement par des comportements hostiles et non appropriés (climat plutôt pacifique).
5 – Discussion : quelles options pour le repreneur ?
40Les cas étudiés semblent montrer que la compréhension des obligations morales de chacun et par chacun peut améliorer les chances de protéger la cohabitation d’une dégradation importante de la relation cédant/repreneur. En effet, celle-ci clarifie les normes de réciprocité et limite le risque de divergence dans l’interprétation des rôles et des comportements à avoir (Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005). Pour autant, tout au long de l’entre-deux règnes, des déviances peuvent toujours être perçues par l’une ou l’autre des parties et provoquer des réactions émotionnelles importantes. Dans ces situations de rupture, la gestion du sentiment de violation semble influencer l’issue donnée à la cohabitation en poussant les acteurs à s’interroger sur le type de comportement adapté à ce cas de figure.
41Au départ, les deux parties peuvent avoir des raisons réelles de vouloir échapper à une rupture prématurée de la relation d’accompagnement (Figure 1). De son côté, soumis au traumatisme de la vente (Bah, 2006), un cédant peut facilement cultiver un lien de générativité (Erikson, 1964) à l’égard de l’entreprise et de son corps social. Le contexte des rachats « hors métier » paraît particulièrement exposé à ce phénomène cognitif : les cédants semblent y développer une « obligation de préoccupation » plus grande (Erikson, 1964). Celle-ci agit en vrai contrepoids émotionnel et renforce leur niveau de tolérance vis-à-vis de déviances potentielles. Pour ce qui est du repreneur, son extériorité au métier de l’entreprise rend sa position plus complexe car il doit préserver le climat de la cohabitation par nécessité. Cette posture fait écho à l’influence des « contraintes situationnelles » mentionnées par Turnley et Feldman (1999) dans leurs travaux sur la violation des contrats psychologiques.
Les options du repreneur dans sa gestion de la cohabitation
Les options du repreneur dans sa gestion de la cohabitation
42Le respect mutuel des obligations morales n’est pourtant pas garanti car l’instabilité de ce type de contrat est inévitable. Elle multiplie les chances de mécompréhension et/ou de tension [13], à l’image de ce qui a déjà été observé dans d’autres contextes organisationnels (Sutton et Griffin, 2004 ; Deery et al., 2006). Les cas étudiés confirment le poids théorique donné par Morrison et Robinson (1997) au processus d’interprétation des circonstances de violation du contrat psychologique. En effet, la perception des manquements dans ces contextes de cohabitation repreneuriale semble « résulter à la fois d’une transgression contractuelle avérée, mais aussi d’un processus complexe et parfois imparfait de recherche de sens » (Robinson et Morrison, 2000 : 543). Cela confirme l’importance du caractère explicite des obligations morales décrit successivement par plusieurs auteurs (Turnley et Feldman, 1999 ; Robinson et Morrison, 2000) car celui-ci impacte directement les chances pour un individu de percevoir une brèche dans un contrat psychologique (bien plus faibles qu’en présence de promesses implicites).
43De même, nos observations empiriques valident la hiérarchisation possible des formes de rupture introduite par Rousseau (1995), même si le contexte repreneurial semble accorder une place moindre aux situations de dislocation du contrat. Elles mettent en lumière les rôles de la surveillance, de l’importance de la perte et de la force de la relation (Rousseau, 1995) dans l’expérience subjective de la violation, même si le dernier facteur paraît plus actif au cours de la cohabitation. Cependant, il y a peut-être une spécificité à souligner puisque « l’effet miroir », décrivant un ajustement mutuel des parties dans leur volonté de respecter leurs obligations morales réciproques (Adams [14], 1965 ; Blau [15], 1964), est moins évident dans ce contexte organisationnel précis. Cela s’explique probablement par un volume d’obligations morales initiales déséquilibré, traduisant une dépendance plus forte du repreneur et, à l’inverse, une emprise moindre sur le cédant. Ce dernier point renforce le caractère stratégique de cette période pour le nouvel entrant et l’intérêt qu’il peut avoir à gérer au mieux les situations de manquements rencontrées, quitte à accepter plus facilement un « contrat malléable » (Thomas et Feldman, 2009) ou à déclencher un « réajustement » du contrat psychologique (Payne et al., 2015) au terme d’un « processus d’autorégulation » (Tomprou et al., 2015).
44L’évolution de la cohabitation est donc pleinement liée à celle du contrat psychologique. En ce sens, si les conséquences d’une séparation anticipée peuvent paraître plus dommageables pour le repreneur, elles ne l’empêchent pas de s’y résoudre lorsque les conditions ne sont plus réunies pour servir la qualité de sa prise en mains. La gestion du sentiment de violation est au cœur de cette prise de décision. En fait, dans la majorité des cas observés, le repreneur semble être celui qui contrôle l’évolution de la cohabitation et les mécanismes de régulation qui permettent de la stabiliser. Compte tenu de ses besoins, le dilemme peut vite tourner au casse-tête lorsque le cédant ne respecte pas certaines de ses obligations (manquement « simple » ou « multiple ») et que son comportement d’ensemble éveille des doutes quant à son niveau d’engagement. Le repreneur est pris en étau entre les bénéfices encore espérés de la cohabitation et les risques associés au maintien d’un « contexte forcé », caractérisé par une coopération minimale (Bah et Cadieux, 2011). Cette situation inconfortable s’explique par l’évolution normale d’un contrat psychologique où des mécanismes d’adaptation unilatéral (basée sur la perception de la réalité) et d’adaptation réciproque (basée sur la norme de réciprocité) interviennent de façon continue (Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005), notamment au cours de la socialisation organisationnelle (Delobbe et al., 2016) où sa « dimension dynamique » s’exprime (Rousseau et al., 2018).
45Il peut être difficile de trouver la bonne posture, mais la nature des réponses apportées influe sur les chances du repreneur de parvenir à préserver la qualité de son entrée opérationnelle. Ainsi, pour savoir comment agir – recours à la régulation [16] ou arrêt de l’accompagnement – deux étapes de raisonnement semblent nécessaires. La première pousse le repreneur à considérer, puis interpréter les circonstances de rupture avant toute prise de décision définitive. En effet, l’examen des cas observés suggère que la cohabitation est une période propice aux scénarios de rupture par inadvertance (Rousseau, 1995). Les acteurs y manifestent des volontés conciliables (Deschamps et Simon, 2011), mais ils peinent à se construire une interprétation commune des engagements de chacun. Ce contexte de méprise ne débouche pas forcément sur des tensions accrues et dangereuses pour le climat de la cohabitation. Robinson (1996) explique, dans ses travaux, qu’un individu peut facilement associer des circonstances atténuantes à la perception d’une brèche lorsque son « capital confiance » n’est pas altéré. C’est aussi la position de Turnley et Feldman (1999) qui ne systématisent pas les « réactions hostiles » des individus, même en présence de violation(s) manifeste(s). Les repreneurs étudiés cultivent cette volonté d’apaisement et semblent actionner un double levier pour désamorcer et/ou réguler les conflits de ce type :
- celui de la communication tout d’abord, grâce auquel cédant et repreneur peuvent partager leurs compréhensions initiales du contrat et les réviser ensemble avec des redéfinitions de rôles et/ou de périmètres par exemple (« Avons-nous compris les mêmes choses ? »). Ce levier est cohérent avec les travaux de Morrison et Robinson (1997) qui expliquent les différences de perception (« incongruence ») par la divergence des schémas, la complexité et l’ambiguïté des obligations et l’insuffisance de communication ;
- celui de l’introspection ensuite, grâce auquel un repreneur cherche à faire évoluer ses propres représentations pour donner du sens à la violation perçue d’une obligation (« Ai-je eu un comportement adapté à la situation ? »). Ce levier fait écho à la problématique des écarts de représentations dans les opérations de rachat (Bornard et Thévenard-Puthod, 2009) et confirme les conclusions de Morrison et Robinson (1997) sur l’émergence d’un « processus cognitif d’interprétation » suite à la perception d’une brèche.
46Il arrive cependant que les circonstances de rupture traduisent une violation consciente et volontaire des obligations morales associées au déroulement de la cohabitation. Quand le repreneur s’en convainc, la seconde étape du raisonnement devient essentielle : il s’agit de déterminer le coût d’une rupture prématurée de la relation d’accompagnement (« Qu’est-ce que je risque à mettre un terme à notre collaboration ? ») et de se demander si celui-ci est supportable. Lorsque la réponse est négative, les nouveaux entrants semblent accélérer les choses pour se concentrer sur les points hautement stratégiques de la prise en mains, quitte à improviser et à rechercher des alternatives à la présence du cédant [17]. L’objectif est de parvenir à se contrôler, en dépit des circonstances, pour optimiser la relation d’échange et atteindre au plus vite le point à partir duquel le coût d’une séparation devient acceptable. L’exercice est difficile car on est dans une relation d’emploi relationnelle [18] et que l’expérience de la violation y est nécessairement plus intense (Morrison et Robinson, 1997). La capacité du repreneur à dépasser des explications sociales peu convaincantes pour s’adapter au mode de fonctionnement du cédant et à l’origine de ses déviances paraît particulièrement décisive dans la gestion de ce contexte défavorable. Ce n’est qu’au terme de ces étapes que la décision de rompre la cohabitation semble pouvoir être prise avec assurance.
6 – Implications, limites et futures recherches
47Une entreprise qui change de mains se met en danger : elle bouleverse son équilibre interne, elle déstabilise son environnement et elle enraye la mécanique de sa performance économique. Aujourd’hui, on peut expliquer un tiers des échecs de reprise par une entrée opérationnelle mal négociée (Rollin, 2006). Clairement, dans ces circonstances de réajustement organisationnel, la capacité du duo cédant/repreneur à s’engager dans une cohabitation intelligente – c’est-à-dire bénéfique pour la pérennité de l’entreprise – est un facteur clé de réussite d’un rachat de cibles. En ce sens, au regard de ses résultats empiriques, ce travail rejoint le rang des recherches faisant du lien cédant/repreneur un élément moteur de la réussite d’une reprise externe (Deschamps, 2000 ; Boussaguet, 2005 ; Thévenard-Puthod et Picard, 2006 ; Cadieux et Deschamps, 2011). Cependant, la qualité de la relation initiale ne fait pas tout car des manquements peuvent facilement se produire, en particulier sur certains types d’obligations morales. Les différences de pratiques managériales, essentiellement liées à un décalage générationnel et à un profil spécifique [19] de repreneurs, ont par exemple généré des incompréhensions handicapantes à des moments charniers de la prise en mains, celles-ci se propageant [20] souvent au sein des équipes.
48Ce résultat soulève une première limite à ce travail, notamment au regard des conclusions d’Aggarwal et Bhargava (2009) et de Mcdermott et al. (2013). En effet, ces auteurs démontrent l’influence d’un changement des pratiques de ressources humaines sur la compréhension des contrats psychologiques par les salariés et la performance économique des organisations. En conséquence, on peut penser que leur posture au cours de la cohabitation est difficilement neutre, elle a probablement des effets sur la manière dont le couple cédant/repreneur interprètent le respect de leurs obligations morales réciproques. Ce sont peut-être même trois types de contrats psychologiques qui interagissent simultanément pour redéfinir le nouvel équilibre organisationnel (cédant/salarié, cédant/repreneur, repreneur/salarié). Par ailleurs, il y a sans doute une autre limite à cette recherche qui ne permet pas de recenser, de façon exhaustive, les stratégies à déployer en cas de collaboration difficile mais nécessaire (au-delà de la réflexion que le repreneur amorce pour savoir si une rupture prématurée de la relation d’accompagnement est souhaitable ou non). Dans le but de remédier à ce manque, un travail s’appuyant sur la littérature consacrée à la résolution des conflits aurait certainement été profitable. Celle-ci a par exemple montré qu’un conflit peut être bénéfique pour un individu à partir du moment où trois types de prérequis peuvent être identifiés chez lui : des compétences cognitives, des compétences sociales et des prérequis affectivo-relationnels (Buchs et al., 2008). De même, nous aurions pu tirer profit des discussions déjà engagées autour des pratiques de prévention et de gestion des conflits (Pastor et Bréard, 2007) pour construire des solutions adaptées au contexte de la cohabitation et favoriser une anticipation proactive de ces risques de manquement (Zagenczyk et al., 2009).
49Mais de façon plus globale, cette recherche confirme l’intérêt de recourir à des corpus théoriques de disciplines plus matures pour approfondir notre connaissance du repreneuriat. Celui-ci nécessite des cadres d’analyse en mesure de saisir la dimension humaine des opérations de reprises externes et, plus largement encore, celle des transmissions d’entreprises dans leur ensemble. En ce sens, le concept de contrat psychologique pourrait être mobilisé pour appréhender l’évolution, parfois épidermique et complexe, de la relation entre un dirigeant et son héritier désigné lors d’une succession familiale. En effet, dans la lignée des travaux de Ward et al. (2007) sur l’intérêt de ce construit théorique dans l’analyse des entreprises familiales, on peut penser qu’un contrat psychologique émerge entre eux et que celui-ci évolue au fil des six ou sept années nécessaires à la préparation du successeur (Ward, 1987). De la même manière, il serait tout aussi bénéfique de s’appuyer sur les travaux existants en matière de succession familiale pour déterminer et comprendre les effets d’un format d’accompagnement différent sur le contenu du contrat psychologique liant les acteurs. En reprenant le travail de Cadieux (2005) sur le processus de transmission d’une entreprise familiale, on observe par exemple une temporalité différente du processus d’accompagnement (phases d’initiation, d’intégration, de règne-conjoint et de désengagement). On peut facilement imaginer, en contexte externe, que la disparition de ces phases dédiées à la socialisation (initiation et intégration) renforce la complexité et l’intensité de la période de cohabitation, avec des obligations morales à tenir qui n’auraient sans doute pas (ou plus) la même importance dans un contexte familial. La multiplication de ce type de travail contribuerait par ailleurs à consolider les résultats de cette recherche dont la portée se limite à un contexte restreint (entreprises de petite taille et secteurs de métier plutôt techniques) et qui exclut par extension toute forme de généralisation. Un niveau plus élevé de structuration – caractéristique des organisations plus grandes – modifie certainement le rapport des acteurs à la cohabitation avec un besoin de tolérance moins fort et un filet de sécurité plus grand pour le repreneur. En outre, pour des acquéreurs hors métiers souvent issus du monde la grande entreprise, cette configuration les rapproche d’un univers où ils peuvent appliquer des principes de gestion qu’ils maîtrisent (ce qui relativise l’intérêt d’une longue cohabitation).
50Les cas de rupture par inadvertance, assez nombreux au cours des cohabitations étudiés, nous invitent finalement à réfléchir à des solutions spécifiques pouvant sécuriser la relation d’accompagnement (en complément de la convention de tutorat). Dans ce souci, il pourrait être utile de compléter les programmes de formation à destination des repreneurs et des cédants en intégrant des modules d’accompagnement propres à la gestion de l’entrée opérationnelle. Ce serait peut-être un moyen de mieux les préparer aux difficultés rencontrées lors de cette période en les aidant à s’y projeter au plus tôt pour prendre conscience des obligations de chacun et parvenir à se comprendre le moment venu (en évitant les biais d’interprétation et en orientant plus facilement la recherche de sens). Cela contribuerait peut-être même à désamorcer la charge émotionnelle de certaines obligations morales, davantage liées à des mécanismes psychologiques. Par exemple, les cédants prenant leurs retraites semblent nombreux à vouloir bien faire les choses pour que l’entreprise leur survive, mais dans la pratique ils font souvent preuve de maladresses au cours de l’entre-deux règnes (créant ainsi des brèches dans le contrat psychologique). Des actions de sensibilisation plus précises contribueraient sans doute à réduire leur exposition à ce risque, tout en leur démontrant la nécessité de dépersonnaliser la structure et de poursuivre efficacement leur travail de deuil. Une composition différente de l’échantillon nous aurait sans doute permis d’aller plus loin dans l’analyse des représentations et des comportements des cédants. Il aurait pour cela fallu dépasser les limites méthodologiques de ce travail et accéder à un échantillon plus homogène entre cédants, repreneurs et salariés (en contournant plus efficacement la difficulté d’observer en temps réel une période aussi critique et complexe dans des secteurs d’activité différents).
Conclusion
51L’objectif de cette recherche consistait à renforcer notre compréhension de la cohabitation entre un cédant et un repreneur n’appartenant pas au métier de l’entreprise au moment de son rachat. Les limites de la convention de tutorat ont servi de point de départ à la réflexion : elles nous ont amené à privilégier la dimension humaine de ce type d’opération en retenant un cadre d’analyse issu des travaux conduits sur la contractualisation psychologique. L’introduction des notions d’obligations morales et de violation ont abouti à une nouvelle lecture de cette période d’entre-deux règnes – davantage centrée sur des considérations psychologiques – où il n’est pas toujours facile pour les acteurs de préserver le climat relationnel. Les résultats de ce travail confirment clairement le besoin de renforcer notre connaissance des spécificités humaines et relationnelles des cas de reprises où le nouvel entrant est extérieur à la famille, au métier et à la culture de l’entreprise transmise. Il s’agit sans doute là d’un premier pas qui en appelle beaucoup d’autres au regard du nombre toujours plus important de cadres souhaitant racheter, par envie ou par nécessité, une entreprise qui leur permettra à la fois de rebondir professionnellement et de s’enrichir humainement.
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- ZAGENCZYK T.J., GIBNEY R., KIEWITZ C., RESTUBOG S.L.D. (2009), « Mentors, supervisors and role models: do they reduce the effects of psychological contract breach », Human Resource Management Journal, vol. 19, n° 3, p. 237-259.
Mots-clés éditeurs : cohabitation cédant/repreneur, contrat psychologique, reprise d’entreprise
Date de mise en ligne : 04/12/2020
https://doi.org/10.3917/entre.183.0165Notes
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On évoque régulièrement une fourchette comprise entre 500 000 et 700 000 entreprises appelées à changer de propriétaire-dirigeant sur les années à venir (Les Echos Entrepreneur, 2011), avec néanmoins des disparités possibles. L’observatoire du CRA (2017) se projette par exemple sur 42 000 opérations potentielles par an, lorsque celui du Groupe BPCE (2017) en identifie a minima 75 000 par an.
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[2]
En France, les solutions d’accompagnement sont donc surtout proposées en amont du rachat, par l’intermédiaire d’un écosystème de professionnels (réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie, association des Cédants et Repreneurs d’Affaires, cabinets de rapprochement, d’experts-comptables et d’avocats spécialisés, études notariales, etc.). Celles-ci permettent à chaque repreneur de préciser son projet, d’identifier des cibles potentielles et de les auditer sur différents plans.
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[3]
L’article 25 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises précise que « le cédant d’une entreprise commerciale, artisanale ou de services peut, après cette cession et la liquidation de ses droits à pension de retraite, conclure avec le cessionnaire de cette entreprise une convention aux termes de laquelle il s’engage à réaliser une prestation temporaire de tutorat. Cette prestation vise à assurer la transmission au cessionnaire de l’expérience professionnelle acquise par le cédant en tant que chef de l’entreprise cédée. Lorsque la prestation de tutorat est rémunérée, le tuteur reste affilié aux régimes de sécurité sociale dont il relevait antérieurement à la cession ». Le décret n° 2007-478 du 29 mars 2007 se consacre à la définition du type de missions de tutorat pouvant être proposées au repreneur.
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Appropriation du réseau de contacts, de la culture d’entreprise, de son historique, etc.
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Pour ces auteurs, une organisation ambidextre se caractérise par un juste équilibre entre l’exploitation de l’existant et l’exploration de sources nouvelles de croissance.
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Cité par Coyle-Shapiro et Parzefall, 2005.
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[7]
Monin (2000:5) suggère, par exemple, de recourir à la solution d’anthropomorphisation (Levinson, 1965), « hypothèse selon laquelle les salariés personnifient l’entreprise en assimilant les actes des autres salariés […] à des actes de l’entreprise elle-même ».
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[8]
Pour Dabos et Rousseau (2004 : 52), la mutualité décrit « le degré à partir duquel les deux parties [d’un contrat psychologique] s’accordent sur l’interprétation des promesses et des engagements faits et acceptés par chacune d’entre elles ».
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Au sens large du terme.
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L’attribution du fauteuil de direction est, en guise d’exemple, une mesure symbolique qui permet d’asseoir le repreneur dans sa nouvelle position aux yeux du corps social.
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[11]
N’oublions pas que la performance économique de l’entreprise détermine sa capacité de remboursement.
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Aucun manquement significatif n’a été décelé sur les cas CNZ, PDG, TDG, EIT et RAC (tous conformes à la durée initiale dans un climat plutôt pacifique).
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[13]
Le temps semble avoir une influence sur l’intensité des réponses affectives associées à la violation d’une même obligation morale : par exemple, quand on avance dans la relation d’accompagnement, et que la volonté d’émancipation du repreneur se fait plus forte, sa sensibilité aux comportements moins responsables du cédant paraît exacerbée (avec un abrègement plus probable de la cohabitation).
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Cité par Robinson et Morrison (2000).
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Cité par Robinson et Morrison (2000).
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Le terme régulation est ici pris dans son sens militaire : « action du commandement dans un domaine particulier (mouvements et transports, ravitaillement, transmissions) en vue d’en adapter les opérations aux nécessités de la manœuvre et à l’évolution de la situation » (Larousse, 2013).
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Par exemple, pour compenser les effets d’un départ anticipé du cédant sur leur apprentissage du métier, certains repreneurs n’ont pas hésité à rechercher cette connaissance auprès de salariés clés qu’ils ont ensuite fait évoluer dans la structure.
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Par opposition aux relations d’emploi transactionnel (voir les travaux de Morrison et Robinson (1997) pour un approfondissement de ces notions).
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Extérieur au métier et à la culture de l’entreprise.
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Ce phénomène conforte par ailleurs les conclusions de Dabos et Rousseau (2013)sur le poids des réseaux sociaux informels au sein des organisations dans l’évaluation des contrats psychologiques.