DARD/DARD 2021/1 N° 5

Couverture de DARD_005

Article de revue

Bio, pluriactif et inséré dans la vie de la commune !

Pages 20 à 30

Notes

  • [1]
    Catherine Rollot, « Des futurs agriculteurs en “couveuse” pour valider leur projet d’installation », Le Monde, 8 juillet 2021.
  • [2]
    La Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear) a été créée en 1984 dans la mouvance du syndicat Confédération paysanne.
  • [3]
    Une proportion sans doute à prendre avec précaution : ce chiffre provenant du site Agreste (statistique, évaluation et prospective) du ministère de l’Agriculture inclut en effet les personnes originaires du milieu agricole mais qui s’installent sur une autre exploitation que celle de leurs parents. Difficile par conséquent d’avoir un chiffre précis des nouveaux arrivants non issus de la « famille » agricole.
  • [4]
    Dans les collèges 3b (salariés des groupements professionnels agricoles), 5a (sociétés coopératives de production agricole), 5b (autres sociétés coopératives agricoles et sica), 5c (caisses de crédit agricole) et 5d (caisses d’assurances mutuelles agricoles et caisses de mutualité sociale agricole).
  • [5]
    Sophie Baltus, et al., « Transmission des fermes : il y a urgence à anticiper », Chemins de terre, n° 11, septembre 2019, p. 8.
  • [6]
    Les Néo-paysans, Paris, Seuil/Reporterre, 2016.
  • [7]
    Un point de vue que ne partage pas Pablo Duran Doz (Les Néo-paysans : une multitude d’agir-pour contre le pouvoir, mémoire de master, juin 2017), selon qui trois des vingt nouveaux installés interviewés ont des racines agricoles.
  • [8]
    Cité dans le mémo page suivante.
  • [9]
    Matthieu Calame et Baptiste Sanson, « La Bergerie de Villarceaux. Un laboratoire pour une transition agricole », Courrier de l’environnement de l’Inra, n° 64, juillet 2014. Cf. aussi Agriculture, société et territoires : pour une politique européenne (1992), connu sous le nom d’« appel de Seillac ».
  • [10]
    Bertrand Hervieu et François Purseigle, « Pour une sociologie des mondes agricoles dans la globalisation », Études rurales, n° 183, 2009, p. 177-200 : https://journals.openedition.org/etudesrurales/8999#tocto2n4

1Ce jeune homme qui s’installe en 2030 n’est vraisemblablement pas issu du monde agricole. En effet, alors qu’en 1990 quatre élèves de l’enseignement agricole sur dix venaient de ce milieu, ce n’était déjà plus le cas pour un élève sur dix en 2019. Et il y a de plus fortes chances encore que ce nouveau paysan ait entre 30 et 40 ans, ait fait des études supérieures (pas forcément en agronomie) et déjà exercé plusieurs métiers. Il aura passé un BPREA (ou un BTA s’il a plus de 40 ans) et présenté son plan de professionnalisation personnalisé (PPP) qui lui aura permis d’avoir droit à la dotation jeune agriculteur (DJA), puisqu’il peut en bénéficier maintenant jusqu’à 40 ans. Il aura peut-être fait un test (par exemple au Domaine de Viviers de Terracoopa, à Clapiers près de Montpellier) avant de s’installer, en travaillant plusieurs années au sein d’un collectif d’accompagnants. Le Réseau national des espaces-tests agricoles (Renata), qui compte plus de 50 sites sur toute la France, accueille toujours plus de ces néo-paysans soucieux de parfaire leur formation pratique sur le tas avant de voler de leurs propres ailes [1]. Suite à quoi il se sera lancé sur une petite ou moyenne exploitation dans une région qu’il aura connue étant enfant ou appréciée pendant ses vacances. Il s’installera en polyculture-élevage, en maraîchage, ou aussi bien pour faire des petits fruits rouges, voire du bovin lait ou viande, en tout cas certainement en agriculture biologique, en privilégiant les circuits courts et en transformant lui-même une partie de sa production pour récupérer la plus-value. Mais en fait, c’est plutôt en couple qu’il se sera installé ; et ce sera peut-être elle, la « cheffe d’exploitation », lui exerçant un autre métier. À moins que ce ne soit l’inverse, elle travaillant comme kinésithérapeute dans la maison de santé du village.

2Pour acquérir le foncier, ils auront fait appel à l’association Terre de Liens, ou bien ils auront créé un groupement d’associations foncières (ou une scic) avec leurs amis, comme les trois quarts des nouveaux installés. Certes, ils auront bien eu quelques démêlés avec la safer, mais la Fadear [2] les aura bien soutenus dans leurs négociations. Après quelques années, ils auront eu le temps de construire deux gîtes dans une partie des bâtiments, au début pour accueillir les membres de leur famille, et maintenant pour recevoir des vacanciers avec le site du réseau Accueil paysan – car le volet gîte/chambre d’hôte est devenu un élément d’ouverture pour « faire découvrir son activité ».

3Ils écoulent la majeure partie de leur production dans un magasin de petits producteurs, des amap, les cantines de la ville proche, et par le biais de leur site Internet. Ou bien ils font de la vente sur les marchés parce qu’ils adorent discuter avec leur clientèle, et puis ça les sort un peu de leur travail aux champs qui est le plus souvent assez solitaire. S’ils aiment ce contact avec les consommateurs, c’est aussi parce qu’ils sont fiers de leur production et qu’ils se réjouissent de pouvoir échanger à propos de leurs techniques. Et cela, comme ils l’ont remarqué, à la différence de la plupart des agriculteurs « en conventionnel », qui évitent autant que faire se peut les contacts avec les urbains pour ne pas avoir à s’expliquer sur leurs pratiques. Ils ne perçoivent plus les citadins comme venant d’un autre monde – celui dont ils sont eux-mêmes issus –, mais davantage comme de nouveaux contacts qui peuvent être utiles à leur petite entreprise.

4Ils sont membres de la MSA, ou peut-être cotisants de solidarité pour une trop petite exploitation, mais en revanche ils n’ont pas ouvert de compte au Crédit agricole. Ils se méfient un peu des conseillers de la chambre d’agriculture (même s’ils sentent depuis peu une certaine ouverture en direction des « nouveaux installés »). Ils n’apprécient pas non plus les nombreux représentants de matériel toujours plus high-tech, mais ils se sont parfois rapprochés des instituts techniques des filières pour y trouver de l’aide sur des questions concrètes. S’ils étaient contre la mécanisation au départ, ils ont pu se rendre compte qu’elle s’avérait parfois indispensable, et ils adhèrent facilement à une coopérative (Cuma) pour le prêt occasionnel d’engins agricoles. Pour la gestion, ils ont suivi les stages de l’AFOCG et rencontrent fréquemment de nouveaux installés. Ils aiment bien aller voir le vieux paysan du coin qui connaît tout de la phénologie et de la pédologie locales (même s’il n’emploie pas ce vocabulaire…), et dénichent aussi toutes sortes d’informations sur nombre de sites dédiés quand ils se trouvent confrontés à un nouveau problème. C’est ainsi qu’ils contribuent à réhabiliter des savoirs traditionnels oubliés, dans le même temps que la science écologique la plus avancée en découvre la valeur scientifique.

5Ils se tiennent à distance de la Profession et de ses représentants, défenseurs d’une institution qui se pense comme une forteresse assiégée. Cf. ce vocable d’« agribashing » qu’elle a inventé à la fin des années 2010, ainsi que Déméter, cette cellule gendarmesque créée à la demande de la FNSEA, dédiée à la protection des exploitations contre les attaques éventuelles d’écologistes terroristes ! Ils trouvent d’ailleurs ce syndicat bien trop politisé et ne comprennent pas le poids qu’il continue d’avoir dans les débats sociétaux alors que la profession très hétérogène des exploitants agricoles ne constitue qu’une part infime de la population active française (1,5 % en 2019). Un syndicat majoritaire de la Profession qui dépense l’essentiel de son énergie à contrecarrer (ou à récupérer à son profit) toutes les initiatives qu’il ne contrôle pas. Comme s’il était possible de croire encore en une « agriculture raisonnée » au vu du fiasco des plans Écophyto successifs ! Et comme si l’on pouvait faire pleinement confiance à une MSA si frileuse jusqu’à récemment encore à reconnaître des maladies professionnelles agricoles.

6Ainsi, ceux qu’on appelait les HCF, les « hors cadre familial » (significativement : qui ne font pas partie de la famille), représenteront sans doute demain la majorité des nouveaux installés. Déjà en 2019, le tiers des néo-paysans qui bénéficiaient de la DJA étaient des « hors cadre familial » [3]. Ainsi prendra fin peu à peu le système ancien selon lequel le repreneur d’une exploitation familiale et de ses dettes – quand elle n’avait pas été vendue pour être démantelée au profit de l’agrandissement des fermes voisines – devait rembourser ses frères et sœurs et s’endetter pour de longues années. Aussitôt pris en charge par toute une série de conseillers et de techniciens des divers organisations professionnelles agricoles (OPA), coopératives et instituts techniques, il devenait en quelque sorte un otage, peu à peu inséré dans un maillage qui l’isolait du reste du monde. De plus en plus dépendant de ces multiples conseillers, il était comme dépossédé de tous ses savoir-faire pour devenir davantage un simple exécutant qu’un véritable chef d’exploitation apte à expérimenter et décider seul de sa trajectoire. Par ailleurs, ainsi que l’avait fort bien analysé Sylvain Maresca dans Les Dirigeants paysans en 1983, la cooptation comme système généralisé permettait aux représentants institutionnels de la Profession de choisir ceux qui allaient leur succéder et dont ils étaient sûrs qu’ils maintiendraient le système en place. Même si depuis ces années l’exode agricole a continué de vider les campagnes, une grande partie de ceux qui les ont quittées sont venus grossir les rangs des OPA et demeurent des électeurs des chambres d’agriculture [4].

7Il fallait bien que ce système change. Sur les 400 000 exploitations agricoles actuelles, le bilan annuel des créations et des départs correspond à une perte de près de 8 000 unités. Et d’ici dix ans, près de 300 000 exploitants sont susceptibles de transmettre leur ferme, soit 7 millions d’hectares de terres agricoles. La moitié des exploitants (des hommes pour les deux tiers) ont plus de 55 ans. Selon l’association Terre de Liens, « aujourd’hui, dans 10 % des cas lors de la transmission, l’exploitation cesse son activité voire disparaît, selon le dernier rapport d’Agreste. Dans 30 % des cas environ, l’exploitation est démantelée et concourt à l’agrandissement d’une ou de plusieurs autres exploitations préexistantes. Cela représente environ quatre fermes sur dix qui ne sont pas transmises, et autant d’opportunités qui ne sont pas saisies pour installer de nouveaux agriculteurs [5] ! »

8Heureusement, il suffit d’écouter tous les jours à midi et demi sur France Inter les « Carnets de campagne » de Philippe Bertrand, ou de lire le magazine Village ou Reporterre, pour prendre connaissance de la multiplicité, de la richesse et de la créativité des initiatives qui animent le monde rural. C’est le cas par exemple de La Ceinture verte qui, avec l’aide de collectivités territoriales partenaires, propose des terrains de 2 hectares viabilisés (avec tunnels et bâtiments) et une aide technique pour accompagner de nouveaux maraîchers désireux de s’installer à proximité des villes – soit une manière très concrète de relocaliser la production alimentaire sur les territoires. La scop drômoise de semences paysannes Jardin’enVie, de son côté, peine à répondre à une demande croissante du fait de l’intérêt des restaurateurs et des épiceries fines. La scic L’Atelier paysan, en Isère, offre des plans en open source pour aider les personnes qui s’installent à concevoir et construire du matériel et des bâtiments adaptés à une agroécologie paysanne. Poulehouse propose des œufs bio issus d’élevages qui ont signé une charte garantissant des pratiques respectant les animaux. Il y a aussi des groupements d’achats solidaires (GAS), comme Les Citrons givrés en Vendée qui achètent des agrumes auprès d’une coopérative solidaire en Sicile ; des plates-formes de mutualisation des livraisons pour les producteurs vendant en circuit court, comme La Charrette en Savoie ; quant à Bugey côté fermes, il est l’exemple de ce à quoi peuvent parvenir des producteurs quand ils s’associent pour créer un « drive » fermier (avec le cas échéant le soutien du pôle circuits courts Terre d’envies-CEGAR, qui réunit plus de 700 producteurs en régions Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est).

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9On pourra lire aussi Gaspard d’Allens et Lucile Leclair, qui dans Les Néo-paysans[6] analysent de façon fort pertinente une quinzaine de cas singuliers : celui-ci, qui cultive les terres mais n’a pu récupérer la ferme, toujours occupée par les anciens exploitants, et a obtenu du maire de la commune l’autorisation d’installer une yourte où il vit confortablement avec sa compagne ; celle-là, qui a redécouvert les vertus du chanvre ; d’autres, installés sur une île, qui sont soutenus par le Conservatoire du littoral pour y cultiver des pommes de terre et élever des brebis ; cette chevrière en Ardèche qui refuse d’équiper de puces son troupeau ; cette arboricultrice près d’Orléans qui s’allie avec sa voisine viticultrice ; ce couple qui cultive le safran près de Nancy et ces deux paysans-boulangers dans les Vosges… ou encore ce berger et ses 40 brebis qui ont décroché un contrat d’éco-entretien des espaces verts en Seine-Saint-Denis… Un point commun les rassemble : aucun d’entre eux n’est issu du milieu agricole [7].

10Toutes ces initiatives et des milliers d’autres témoignent d’une extraordinaire mobilisation de citoyens, urbains et ruraux, pour inventer un nouveau mode de vie tendu vers la réalisation de trois objectifs : produire une nourriture saine à destination du plus grand nombre, participer à la protection de la biodiversité et réanimer les villages et les campagnes. Ce faisant, ils contribuent sans doute à faire réfléchir et évoluer d’autres agriculteurs de leur voisinage, encouragés à se défaire peu à peu d’arguments convenus, par exemple contre le « bio ». D’ailleurs, de plus en plus d’agriculteurs « conventionnels » d’âge moyen intègrent ce souci de la biodiversité dans leurs pratiques, ne serait-ce que pour économiser sur le coût des intrants. La plate-forme Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale (InPact), qui fédère 11 réseaux nationaux d’accompagnement à l’installation, a élaboré un « socle commun de la durabilité », véritable guide pour une intégration du néo-paysan dans le monde « commun ». Pour les nouveaux installés, il n’est plus question de nombre de quintaux à l’hectare, ni de course à l’agrandissement de la surface, mais le plus souvent, et tout simplement, de retrouver une qualité de vie. En quoi ils peuvent aussi infléchir les projets de leurs jeunes voisins « conventionnels ».

11Parmi les exploitants « conventionnels », justement, ce sont ceux que les auteurs des Champs du départ[8] avaient catalogués dès la fin des années 1980 comme des « agriculteurs intermédiaires », opposés à l’hégémonie du seul modèle productiviste mais ne souhaitant pas pour autant végéter sur de petites exploitations non rentables, et qui avaient su inventer cette nouvelle façon d’être agriculteur, à l’écart donc de la Profession, au point de préférer se définir comme des « paysans », attestant par là de leur attachement au développement local.

12Alors ? Doit-on accorder du crédit à cette rumeur qui nous est parvenue plusieurs fois aux oreilles ? De plus en plus de membres de la FNSEA, s’ils continuent d’être adhérents (pour l’accès aux prêts, à cause des voisins…), ne seraient plus d’accord avec les prises de position publiques du syndicat, ni avec ses interventions coup de poing (opérations escargot de tracteurs sur les routes, déversement de fumier dans les cours des préfectures…), sans encore pouvoir oser le dire.

13Le monde agricole est assurément au bord d’une grande mutation, et toute la question est de savoir si la Profession – comme je me plais à l’orthographier pour signifier sa prétention hégémonique – va accepter de rompre son isolement et de se confronter aux questions sociétales qu’elle n’est plus en mesure de s’approprier. Va-t-elle enfin accepter que ses membres rejoignent ce monde « commun », c’est-à-dire la société dans toute sa diversité, pour y apporter leur concours et faire advenir une véritable agroécologie ? Il est fort difficile aujourd’hui de répondre à cette question. Le poids du secteur agroalimentaire est énorme, dont dépend l’essentiel de la fourniture alimentaire des grandes surfaces ; la croyance en une agriculture qui pourrait devenir « verte » à force de sophistications techniques numériques (sélection génétique, GPS, drones, robots…) reste tenace ; les aides publiques vont toujours à ceux qui produisent le plus…

14Et pourtant, si la Profession craignait de se fourvoyer dans une impasse, les résultats de la Bergerie de Villarceaux, ce laboratoire de 650 hectares fondé en 1994 dans le Val-d’Oise, prouvent assez que l’agroécologie est tout à fait en mesure de répondre aux trois défis de l’heure : qualité alimentaire, protection de la biodiversité et vie sociale rurale satisfaisante [9]. Qu’elle persiste dans la même voix productiviste, et l’on assistera alors à cette agriculture à deux vitesses que nous prépare la dernière version de la PAC : d’un côté, une agriculture industrielle sur des parcelles immenses, des sols de moins en moins fertiles et des campagnes désertes ; de l’autre, des petites et moyennes exploitations qui vivent sans aides publiques mais satisfont aux trois exigences qu’on a dites et participent au développement d’un monde commun avec des aliments sains, une biodiversité protégée, une vie rurale réanimée. Pour élargir notre vision, on lira avec intérêt un article de Bertrand Hervieu et François Purseigle qui nous offre une analyse complète des formes actuelles de l’agriculture au niveau mondial [10].

15Il existait, jusqu’à la Première Guerre mondiale, un monde rural dans lequel vivaient et travaillaient l’immense majorité des Français (le ministère de l’Agriculture avait été créé en 1835, et en 1880 la moitié de la population active était faite de paysans). À la fin de ce monde, causée par l’hécatombe de la Grande Guerre puis par l’exode rural lié à l’industrialisation, a succédé un exode agricole qui, notamment par la politique de l’indemnité viagère de départ (IVD), a entraîné la disparition de toutes les petites exploitations au profit des seules jugées rentables. La modernisation a alors pu se développer, encadrée par un syndicat tout-puissant, co-gérant l’organisation de toutes les OPA avec les pouvoirs publics. Ainsi la Profession a-t-elle été instituée pour prendre en charge la vie de l’exploitant agricole de sa naissance jusqu’à sa mort, créant un sentiment d’appartenance indéfectible… et d’exclusion du reste de la société. Le surendettement a été multiplié par trois en trente ans. En 2015, la MSA recensait 605 suicides d’exploitants et de salariés agricoles. Fasse donc qu’aux tristes Champs du départ de 1989 succèdent les chants de l’installation heureuse !

Mémo

Le chiffre : en 2019, la profession agricole représentait 1,5 % de la population active française.
Les dispositifs et structures qui concourent au renouveau de la vie paysanne :
  • la dotation jeune agriculteur (DJA), attribuée jusqu’à 40 ans ;
  • le Réseau national des espaces-tests agricoles (Renata), qui compte plus de 50 sites sur toute la France ;
  • Terre de Liens, association née en 2003 de la convergence entre plusieurs mouvements liant éducation populaire, agriculture biologique et biodynamique, finance éthique, économie solidaire et développement rural ;
  • la Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear), créée en 1984 dans la mouvance du syndicat Confédération paysanne pour soutenir un autre modèle agricole ;
  • Accueil paysan, réseau composé d’agriculteurs et d’acteurs ruraux engagés en faveur d’une agriculture paysanne et d’un tourisme durable, équitable et solidaire ;
  • les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (amap), largement développées depuis 2003 ;
  • les instituts techniques agricoles du réseau Acta, qui servent d’appui aux agriculteurs sur les nouveaux matériels ;
  • les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma), facilitant le prêt occasionnel d’engins agricoles ;
  • la plate-forme Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale (InPact), qui a élaboré un « socle commun de la durabilité », véritable guide pour une intégration du néo-paysan dans le monde « commun ».
À lire
  • # Pierre Alphandery, Pierre Bitoun et Yves Dupont, Les Champs du départ. Une France rurale sans paysans ?, Paris, La Découverte, 1989.
  • # Christophe Bonneuil, « Retour sur la modernisation agricole et son histoire (France, années 1940-années 1960) », communication à l’occasion du séminaire « Ruralités contemporaines en question(s) », Paris, EHESS, 7 juin 2021.
  • # Fabrice Nicolino, Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture, Paris, Charlie Hebdo/Les Échappés, 2015.

Mots-clés éditeurs : agriculture, campagne, bio, transformation sociale

Date de mise en ligne : 17/11/2021

https://doi.org/10.3917/dard.005.0020

Notes

  • [1]
    Catherine Rollot, « Des futurs agriculteurs en “couveuse” pour valider leur projet d’installation », Le Monde, 8 juillet 2021.
  • [2]
    La Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear) a été créée en 1984 dans la mouvance du syndicat Confédération paysanne.
  • [3]
    Une proportion sans doute à prendre avec précaution : ce chiffre provenant du site Agreste (statistique, évaluation et prospective) du ministère de l’Agriculture inclut en effet les personnes originaires du milieu agricole mais qui s’installent sur une autre exploitation que celle de leurs parents. Difficile par conséquent d’avoir un chiffre précis des nouveaux arrivants non issus de la « famille » agricole.
  • [4]
    Dans les collèges 3b (salariés des groupements professionnels agricoles), 5a (sociétés coopératives de production agricole), 5b (autres sociétés coopératives agricoles et sica), 5c (caisses de crédit agricole) et 5d (caisses d’assurances mutuelles agricoles et caisses de mutualité sociale agricole).
  • [5]
    Sophie Baltus, et al., « Transmission des fermes : il y a urgence à anticiper », Chemins de terre, n° 11, septembre 2019, p. 8.
  • [6]
    Les Néo-paysans, Paris, Seuil/Reporterre, 2016.
  • [7]
    Un point de vue que ne partage pas Pablo Duran Doz (Les Néo-paysans : une multitude d’agir-pour contre le pouvoir, mémoire de master, juin 2017), selon qui trois des vingt nouveaux installés interviewés ont des racines agricoles.
  • [8]
    Cité dans le mémo page suivante.
  • [9]
    Matthieu Calame et Baptiste Sanson, « La Bergerie de Villarceaux. Un laboratoire pour une transition agricole », Courrier de l’environnement de l’Inra, n° 64, juillet 2014. Cf. aussi Agriculture, société et territoires : pour une politique européenne (1992), connu sous le nom d’« appel de Seillac ».
  • [10]
    Bertrand Hervieu et François Purseigle, « Pour une sociologie des mondes agricoles dans la globalisation », Études rurales, n° 183, 2009, p. 177-200 : https://journals.openedition.org/etudesrurales/8999#tocto2n4

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