Ce titre polémique et qui ne reprend pas innocemment des formules
d’un autre âge — on aura, bien sûr, reconnu mai 68 et les années 1970 —
voudrait d’abord prémunir contre les pièges selon moi inhérents à toute
réflexion placée sous le signe de « l’histoire littéraire », même au pluriel
et minée par un point d’interrogation.
Si je choisis de m’exprimer ainsi et à la première personne en
m’adressant à une communauté dans laquelle je m’inclus, ce n’est pas
seulement pour me conformer au contrat de communication de la table
ronde proposée par José-Luis Diaz, c’est parce que, dans le débat scientifique, il faut parfois assumer à visage découvert des hypothèses auxquelles on tient en prenant en compte le fait qu’elles contreviennent au
consensus de la discipline dont on persiste à se réclamer.
Le danger principal, selon moi, est que la recherche et l’enseignement
littéraires continuent aveuglément à se murer dans la dénégation du caractère historique, pour ne pas dire daté, et par conséquent instable, discutable, amendable, de la sélection, de la taxinomie, de la hiérarchie, des traditions exégétiques dans lesquelles est reçu, transmis et commenté le
corpus d’auteurs et d’œuvres réputé constituer la littérature. Il se trouve
que cet aveuglement concerne au premier chef le XIXe siècle — le siècle
où s’en est, non sans résistance, formée l’idée sur laquelle nous vivons
encore. Quitte à passer pour un paysan du Danube, je n’hésiterai donc pas
à proférer sur cette idée quelques trivialités que je crois salubres et, de
manière critique et au temps présent, à faire un peu d’histoire anti littéraire de l’histoire littéraire…
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