L’histoire des migrations connaît un essor tardif en Belgique. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que le champ s’est établi, avec Anne Morelli et Frank Caestecker comme auteurs prolifiques. La recherche se concentre surtout sur l’immigration, bien que des études sur l’émigration et la transmigration gagnent du terrain. Pour ces deux dernières, l’attention se porte surtout sur le long XIXe siècle, époque pendant laquelle l’émigration dépasse encore l’immigration, et qui est marquée par l’apogée d’Anvers comme port de départ vers l’outre-mer. Inversement, concernant l’immigration, c’est surtout le XXe siècle qui fait l’objet d’études, quand la Belgique devient un pays d’immigration. Pour le XIXe siècle, le débat sur l’immigration a cherché à établir si la Belgique était, ou non, une terre d’accueil pour les étrangers, se basant surtout sur le cadre législatif et le traitement de réfugiés politiques. De récentes études dévoilent la mise en œuvre des lois d’immigration par les administrations locales à Anvers et à Bruxelles. Néanmoins, les mouvements des travailleurs migrants restent méconnus. Afin de mieux établir le profil de ces migrants, le projet IMMIBEL a constitué une base de données de 154 000 étrangers arrivés en Belgique entre 1839 et 1890. Il se concentre sur certains groupes – répartis par professions – pour mieux comprendre les aspects sociaux, politiques, économiques et culturelles qui influencent les schémas migratoires. En même temps, l’analyse des pratiques d’expulsions révèle comment les États-nations développaient la déportation comme pilier central de la politique d’immigrations…