Couverture de RHS_631

Article de revue

Pierre Bouguer, commissaire pour la marine et expert pour les longitudes : Un opposant au développement de l'horlogerie de marine au xviiie siècle ?

Pages 121 à 159

Notes

  • [*]
    Guy Boistel, Centre François Viète, Faculté des sciences et des techniques, 2, rue de la Houssinière, BP 92208, 44322 Nantes Cedex 3.
    E-mail : guy.boistel@orange.fr
  • [1]
    Guy Boistel, « L’astronomie nautique au xviiie siècle en France : Tables de la Lune et longitudes en mer », thèse de doctorat (univ. de Nantes, Centre François Viète, 2001), commercialisée par l’Atelier national de reproduction des thèses (ANRT, univ. Lille-3), partie I (thèse récompensée par le prix André-Jacques Vovard 2002 de l’Académie de marine). Voir Frédéric Marguet, Histoire générale de la navigation, xve - xxe siècle (Paris : Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1931), ouvrage qui demeure une référence en la matière.
  • [2]
    John David North, The satellites of Jupiter, from Galileo to Bradley, in The Universal frame (London : Hambledon Press, 1989), 185-214.
  • [3]
    Id., Old and new questions in physics, cosmology, philosophy and theoretical physics (New York : A. Van der Merwe, Plenum, 1983), 689-717.
  • [4]
    Charles Wolf, Histoire de l’Observatoire de Paris, Revue scientifique de la France et de l’étranger, 49 (1872), 1149-1159. Paul Couderc, Histoire de l’Observatoire de Paris, L’Astronomie (avril 1968), 149-168. René Taton, Les origines et les débuts de l’Observatoire de Paris, Vistas in astronomy, 20 (1976), 65-71. Raymonde Barthalot, The story of Paris Observatory, in Sky & telescope, 59/2 (February 1980), 100-107.
  • [5]
    Traduit et mentionné par Bruno Morando, L’observatoire royal de Greenwich à Greenwich et à Hermontceux, LAstronomie (mai 1971), 185-205.
  • [6]
    Eric Gray Forbes, Index of the Board of longitude papers at the Royal Greenwich Observatory, part I, Journal for the history of astronomy, vol. I, part I (1970), 169-179. Derek Howse, Le Bureau britannique des longitudes, LAstronomie, 92 (octobre 1978), 413-425. Peter Johnson, The Board of longitude, 1714-1828, Journal of the British Astronomical Association, 99/2 (1989), 63-69. Voir aussi Philippe Despoix, Mesure du monde et représentation européenne au xviiie siècle : Le programme britannique de détermination de la longitude en mer, Revue d’histoire des sciences ( RHS par la suite), LIII/2 (2000), 205-233.
  • [7]
    Anne Stuart (1665-1714), reine de Grande-Bretagne de 1702 à 1714. Le Longitude Act est signé dans la douzième et dernière année de son règne.
  • [8]
    Une traduction de cet acte se trouve aux Archives nationales (Paris), fonds Marine (AN, MAR par la suite), G91, fol. 20 (3 pages), s.l.n.d.
  • [9]
    Selon Jérôme Lalande ( Connaissance des temps (CDT par la suite) pour l’année 1767, 205), 20 000 livres sterling valent 469 670 livres de France. 1 livre sterling vaut environ 23,50 livres de France en 1765. Les prix octroyés par le Board of longitude sont de 3 000 livres sterling, soit 70 451 livres de France, et de 500 livres sterling, soit 11 742 livres de France. Edme-Sébastien Jeaurat estime à 68 500 livres de France le prix de 3 000 livres sterling attribué à la veuve de Mayer (CDT 1786 (Paris, 1783), 198-199), ce qui donne 1 livre sterling = 22,80 livres de France environ en 1783.
  • [10]
    Derek Howse, Greenwich time and the discovery of the longitude (New York : Oxford University Press, 1980), 47-51.
  • [11]
    Id., art. cit. in n. 6, 415. Voir aussi Jim Bennett, The travels and trials of Mr Harrison’s timekeeper, in Marie-Noëlle Bourguet, Christian Licoppe, Heinz Otto Sibum (eds.), Instruments, travel and science : Itineraries of precision from the seventeenth to the twentieth century (London – New York : Routledge, 2002), 75-95.
  • [12]
    Danielle Fauque, Origines du Bureau des longitudes, Cahiers Clairaut, 55 (1991-1992), 34-39 ; 56 (1991), 31-37 ; 57 (1992), 31-37. Bruno Morando, Un moment d’histoire : La création du Bureau des longitudes en 1795, Conférences de la Société philomathique de Paris, 3 (1993), 23-44. Jean-Marie Feurtet, « Le Bureau des longitudes (1795-1854), de Lalande à Le Verrier », thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe (École nationale des Chartes, 2005).
  • [13]
    L’abbé Jean de Hautefeuille (1647-1724) fut écrivain et physicien. Il étudia l’horlogerie et présenta à l’Académie des sciences, en juillet 1674, son invention du ressort d’acier.
  • [14]
    Bernard Renau d’Elisagaray (1652-1719), engagé dans la marine, fut de 1679 à 1684 conseiller auprès du marquis de Seignelay, de Colbert et de l’amiral de Tourville. Il est l’auteur en 1689 d’une Théorie de la manœuvre des vaisseaux. Académicien honoraire en 1699, il est proche des idées du père Malebranche.
  • [15]
    Maître d’hydrographie à Brest à la fin du xviie siècle. Il est l’auteur en 1693 d’un Abrégé du pilotage qui sera réédité et prétendument révisé par Pierre-Charles Le Monnier en 1766 (Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, 105-113).
  • [16]
    Jean-Paul Bignon (1662-1743), bibliothécaire du roi, neveu de Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727), et cousin de Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781), futur ministre de la Marine (de 1723 à 1749). Bignon est à l’origine du renouvellement du règlement de l’Académie royale des sciences en 1699, dont il fut le premier président.
  • [17]
    Principales références : Ernest Maindron, Les Fondations de prix à l’Académie des sciences : Les lauréats de l’Académie, 1714-1880 (Paris : Gauthier-Villars, 1881), 13-23 ; Michelle Lardit, « Les concours de l’Académie royale des sciences », mémoire de maîtrise d’histoire (univ. Paris-I – Panthéon-Sorbonne, 1997), 16 sq. (archives de l’Académie des sciences).
  • [18]
    Jean-Baptiste Rouillé, comte de Meslay (15 avril 1656-13 mai 1715).
  • [19]
    Testament daté du 12 mars 1714, déposé le 7 septembre. Michelle Lardit reproduit en annexe et dans son intégralité le testament de Rouillé de Meslay (Lardit, op. cit. in n. 17, 124-130) provenant de la bibliothèque historique de la Ville de Paris. Les longitudes sont traitées dans un article à la page 127 de son mémoire.
  • [20]
    Remarquons qu’à cette époque, on ne sait pas si la quadrature du cercle peut être ou non résolue. Voir Marie Jacob, La Quadrature du cercle : Un problème à la mesure des Lumières (Paris : Fayard, 2006).
  • [21]
    Lardit, op. cit. in n. 17, 16-17.
  • [22]
    Gilles Maheu, La vie scientifique au milieu du xviiie siècle : Introduction à la publication des lettres de Bouguer à Euler, RHS, XXIX/3 (1966), 211 ; Maindron, op. cit. in n. 17, 13, note 28.
  • [23]
    Maheu, art. cit. in n. 22, 211 ; Maindron, op. cit. in n. 17, 14, note 28.
  • [24]
    Voir Liliane Hilaire-Pérez, L’Expérience de la mer : Les Européens et les espaces maritimes au xviiie siècle (Paris : Seli Arslan, 1997), 217-224 et Abel Poitrineau, Article Law (John), Encyclopædia universalis, édition 1993 (Paris), Corpus, t. 13, 542-543. La création autorisée en 1716 par le Régent d’une banque royale et l’émission de papier monnaie conduit en 1719 à la création de la Compagnie des Indes françaises. L’échec du système de Law en 1720 ne profita qu’à cette compagnie, qui fit construire ses vaisseaux en France et à l’étranger, jusqu’à ce que le port de Lorient lui soit confié. De 1715 à 1724, la Compagnie passe de 24 à 75 vaisseaux alors que le délabrement de la Marine royale s’accroît. Donna-t-il un moyen aux navigateurs de gagner plus facilement de l’argent ? Comment cette faillite eut-elle des conséquences sur la fondation du prix Rouillé de Meslay ? Maheu (1966a) ne livre pas ici toutes ses sources.
  • [25]
    Roger Hahn, Anatomie d’une institution scientifique : L’Académie des sciences de Paris (Paris : Éditions des archives contemporaines, 1993), 205-206, note 98, 206.
  • [26]
    Jean-Étienne Montucla, Histoire générale des mathématiques (Paris, 1803), t. IV, 551. L’ouvrage a été achevé et édité par Lalande. Il pourrait paraître curieux que ce dernier ait laissé passer cette erreur.
  • [27]
    Philippe, duc d’Orléans (Saint-Cloud, 4 août 1674 – Versailles, 2 décembre 1723) à la mort de Monsieur, son père et frère de Louis XIV. Au décès de Louis XIV, il obtient en septembre 1715, avec le titre de Régent, la présidence du Conseil de régence et la tutelle du futur roi Louis XV, alors âgé de 5 ans seulement. Il exerce ses fonctions jusqu’au 16 février 1723, date de la majorité légale du jeune Louis XV, âgé de 13 ans. Philippe d’Orléans devient ensuite Premier ministre du roi le 11 août 1723.
  • [28]
    Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657-1757), secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de 1697 à 1740 ; premier pensionnaire-secrétaire nommé par Louis XIV le 28 janvier 1699 ; mathématicien et philosophe.
  • [29]
    Maindron, op. cit. in n. 17, 23. Le texte original se trouve dans les procès-verbaux des séances de l’Académie royale des sciences (PV ARS), 1716, samedi 21 mars, fol. 99 r°-v° (Gallica).
  • [30]
    Une piste de réflexion possible est constituée par le rapprochement avec l’Angleterre qu’opèrent, entre 1716 et 1721, Philippe d’Orléans et surtout l’abbé Guillaume Dubois (1656-1723) – conseiller d’État puis ministre des Affaires étrangères –, pour freiner les prétentions de Philippe V d’Espagne au trône de Louis XIV.
  • [31]
    Bernard Le Bovier de Fontenelle, À la recherche des longitudes en mer, Histoire de l’Académie royale des sciences pour l’année 1722, avec les mémoires […] (HARS par la suite) (Paris, 1724), Histoire, 96-107.
  • [32]
    Ibid., 102.
  • [33]
    Fontenelle, op. cit. in n. 31, 107.
  • [34]
    Maindron, op. cit. in n. 17, 23 : Maindron ne cite aucune autre référence que cette lettre.
  • [35]
    André Picciola, Le Comte de Maurepas : Versailles et l’Europe à la fin de l’Ancien Régime (Paris : Perrin, 1999), 95 sq. Cet auteur cite un extrait d’un mémoire postérieur à 1715, intitulé « Principes sur la marine » (archives Phélypeaux de Pontchartrain, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits) : « M. le comte de Pontchartrain […] connaissait la marine, il en voulait le bien, mais il trouva tout contre lui. Des finances épuisées, le commerce éteint, une guerre à soutenir, des intrigues de cour à combattre et la prévention si ordinaire et si injuste qui rejette sur la conduite des ministres le malheur des temps dont ils ont souvent paré une partie. »
  • [36]
    Picciola, op. cit. in n. 35, 105.
  • [37]
    Voir par exemple Danielle Fauque, Les écoles d’hydrographie en Bretagne au xviiie siècle, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. LXXVIII (2000), 369-400. Anthony John Turner, Advancing navigation in eighteenth-century France : Teaching and instrument-making in the port of Rochefort, Mariner’s mirror, 91/4 (2005), 531-547.
  • [38]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, pour une histoire complète et inédite des conditions dans lesquelles ce poste à été créé en septembre 1739 par Maurepas et l’action de ces académiciens.
  • [39]
    Guy Boistel, Pierre-Louis Moreau de Maupertuis : Un inattendu préposé au perfectionnement de la navigation (1739-1745), Annales 2003 de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo (2004), 241-261.
  • [40]
    Un pensionnaire de l’Académie royale des sciences reçoit une pension de 1 200 livres.
  • [41]
    Guy Boistel, La Lune au secours des marins : La déconvenue d’Alexis Clairaut, Les Génies de la science, 25 (novembre 2005 - février 2006), 28-33 ; Id., Au-delà du problème des trois corps : Alexis Clairaut et ses tables à vocation nautique (1751-1765), in Anne Bonnefoy et Bernard Joly (éd.), Actes du congrès d’histoire des sciences et des techniques (Poitiers, 20-22 mai 2004), Cahiers d’histoire et de philosophie des sciences, hors-série (2006), 20-29. Voir aussi Boistel, op. cit. in n. 1, partie IV, pour une étude des tables de la Lune de Clairaut et de leur diffusion auprès des astronomes.
  • [42]
    Lettre de Clairaut à John Bevis, Gentleman’s magazine, XXXV (1765), 208, traduite et présentée par Boistel, op. cit. in n. 41 (2nde référ.), 28-29.
  • [43]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, 103-113.
  • [44]
    AN, MAR, G/86, fol. 97, lettres au ministre du 12 avril 1762, et fol. 98, 7 mai 1763.
  • [45]
    François Russo, L’hydrographie en France aux xviie et xviiie siècles : Écoles et ouvrages d’enseignement, in René Taton (éd.), Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle (Paris : Hermann, 1964), rééd. (1986), 439.
  • [46]
    Une étude approfondie sur la vie et l’œuvre de Le Monnier reste à écrire. Voir Michelle Chapront-Touzé, Aspects de l’œuvre et de la vie de Pierre-Charles Le Monnier, astronome et académicien, collègue de Grandjean de Fouchy, RHS, LXI/1 (2008), 89-103.
  • [47]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I pour son œuvre en tant que préposé au perfectionnement de la marine ; partie II pour une histoire inédite de la Connoissance des temps ; partie III pour le rôle joué par Lalande dans la diffusion de méthodes alternatives à la méthode des distances lunaires ; partie IV pour la contribution de Lalande à la diffusion des tables de la Lune de Clairaut.
  • [48]
    Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au xviiie siècle : Les espaces maritimes, guerre-administration-exploration (Paris : SEDES, 1996), 110-113. La Compagnie des Indes emploie des officiers de la plus grande qualité : Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette (ibid., 111-112). Voir aussi Philippe Haudrère, La Compagnie des Indes au xviiie siècle, 1719-1795 (Paris : Librairie de l’Inde, 1989), 4 vol., ici t. 2, 546-547. Du même auteur, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette et les progrès de la connaissance dans l’océan Indien au xviiie siècle, d’après les routiers et les cartes françaises, Revue française d’histoire du livre, 94-95 (1997), 53-62.
  • [49]
    Danielle Fauque, Pierre Bouguer (1698-1758), figure emblématique ou savant singulier ? Un itinéraire sous les regards croisés des chercheurs d’aujourd’hui, in Bernard Joly et Vincent Jullien (dir.), Actes du congrès d’histoire des sciences et des techniques, Lille, 24-26 mai 2001, Cahiers d’histoire et de philosophie des sciences, hors-série (2004), 93-96.
  • [50]
    Une lettre de la marquise du Deffand à Maupertuis, datée du samedi 29 avril 1749, indique que Rouillé est nommé à la place de Maurepas, le vendredi 28 avril 1749. Maurepas est démis le jeudi 27 avril 1749 et non le 29 avril comme on peut le lire couramment dans les notices biographiques (Georges Hervé, Les correspondantes de Maupertuis, suivi des Lettres de Mme du Deffand à Maupertuis, Revue de Paris, n° 20 (15 octobre 1911), 776). Sur les activités de Rouillé au ministère de la Marine, voir Michel Allard, Antoine-Louis Rouillé, secrétaire d’État à la Marine (1749-1754) : Progrès scientifique et marine, RHS, XXX/2 (1977), 97-103.
  • [51]
    AN, MAR, C/7/40, fol. 22 v° - 23 r°.
  • [52]
    Vergé-Franceschi, op. cit. in n. 48, 113-120.
  • [53]
    Lettre de Pierre Bouguer à Maurepas, du Croisic, le 1er janvier 1726, lettre donnée par M. de la Gournerie, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences (CRAS par la suite), LXXXII (1876), 484-486. Cette lettre se trouve aux Archives nationales, dans le dossier personnel de Bouguer, sous la cote C/7/40. Voir aussi Danielle Fauque, Du bon usage de l’éloge : Cas de celui de Pierre Bouguer, RHS, LIV/3 (2001), 351-382 et 364 en particulier. Voir aussi l’article de Danielle Fauque dans ce numéro.
  • [54]
    Voir Danielle Fauque, The introduction of the octant in eighteenth-century France, in Remmelt Daalder, Frits Loomeijer, Diederik Wildeman (dir.), Koersvast : Vijf eeuwen navigatie op zee (Zaltbommel : Uitgeverij Aprilis, 2005), 95-104.
  • [55]
    Pierre Bouguer, De la mâture des vaisseaux (Paris, 1727) ; il fut réédité en 1752 dans le premier tome des Recueils des pièces qui ont remporté les prix à l’Académie royale des sciences. Id., De la méthode d’observer exactement sur mer la hauteur des astres (Paris, 1729). Id., De la méthode d’observer en mer la déclinaison de la boussole (Paris, 1731). Sur la mâture des vaisseaux, voir Pierre Lamandé, Théorie et pratique maritimes dans deux textes de Pierre Bouguer sur la mâture des vaisseaux, Science et techniques en perspective, IIe série, n° 3, fasc. 2 (1999), 365-396.
  • [56]
    Maheu, art. cit. in n. 22, 210.
  • [57]
    Pierre Bouguer remplaça son père, Jean Bouguer, au poste de maître de mathématiques et d’hydrographie à l’école d’hydrographie du Croisic. Voir Danielle Fauque, Les écoles d’hydrographie en Bretagne au xviiie siècle, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, LXXVIII (2000), 369-400. Id., Du bon usage de l’éloge […], op. cit. in n. 53. Voir aussi Roland Lamontagne, La contribution de Pierre Bouguer à la marine, Revue d’histoire de l’Amérique française, XVII/1 (1963), 87-92.
  • [58]
    D’après Gilles Maheu, Bibliographie de Pierre Bouguer (1698-1758), RHS, XIX/3 (1966), 195-198 ; Jean Dhombres, Mettre la géométrie en crédit : Découverte, signification et utilisation du métacentre inventé par Pierre Bouguer, Science et techniques en perspective, IIe série, n° 3, fasc. 2 (1999), 360-362.
  • [59]
    Jean Bouguer, auteur d’un Traité complet de navigation (Nantes : P. de Heugueville, 1698), réédité en 1706 à Paris, à Nantes et au Croisic.
  • [60]
    Voir Jérôme Lamy, Le problème des longitudes en mer dans les traités d’hydrographie des jésuites aux xviie et xviiie siècles : Choix méthodologiques et pratiques instrumentales, Histoire & mesure, XXI/2 (2006), 95-120, pour une mise en parallèle des contenus des traités des jésuites et du traité de navigation de Pierre Bouguer.
  • [61]
    Voir François Russo, L’hydrographie en France aux xviie et xviiie siècles, in Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle, René Taton (dir.) (Paris : Hermann, 1986), 419-440. Voir aussi le toujours précieux François de Dainville, L’Éducation des jésuites (Paris : Éd. de Minuit, 1978), et en particulier, la partie « Enseignement des sciences », 311-423.
  • [62]
    Xavier Lefort, Mathématiques et navigation : Le traité de Pierre Bouguer de 1753, in Contribution à une approche historique de l’enseignement des mathématiques (Nantes : Univ. de Nantes, IREM des Pays de la Loire, 1999), 67.
  • [63]
    Dès 1749 et 1750, les marins Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette et Joseph-Bernard Cogolin, marquis de Chabert, essayent en mer et à terre les distances lunaires pour la détermination des longitudes, envisagées quelques années auparavant par La Caille dans son édition des Éphémérides des mouvemens célestes pour la décennie 1745-1755 (Paris, 1743). En 1754, La Caille donne à l’Académie un projet d’almanach nautique ; à la même époque, Le Monnier et Pingré travaillent aux éphémérides lunaires de L’État du Ciel (Paris, 1754-1757). Voir Boistel, op. cit. in n. 1, parties II et III et infra.
  • [64]
    Lefort, art. cit. in n. 62, 59-67.
  • [65]
    Guy Boistel, Le problème des « longitudes à la mer » dans les principaux textes d’astronomie nautique en France autour du xviiie siècle, Science et techniques en perspective, IIe série, vol. 3, fasc. 2 (1999), 253-284.
  • [66]
    Ibid. : la révision in-octavo de La Caille n’améliore pas vraiment le maniement de cet ouvrage. Le format n’est pas seul en cause. Dans la version originale, les tables sont dispersées dans tout le corps de l’ouvrage. Si elles sont en partie regroupées dans l’édition de La Caille (Paris, 1760), l’addition de multiples notes en rend la lecture fastidieuse et double quasiment le nombre d’articles et de pages. Si riche que soit l’édition de La Caille, l’ouvrage reste lourd pour un simple marin.
  • [67]
    Étienne-Nicolas Blondeau (1723-1783). Le projet de Blondeau est déposé au secrétariat de l’Académie royale des sciences (ARS par la suite) le 11 février 1764. Le rapport est signé Clairaut et Le Monnier le 14 mars 1764 (PV ARS, 1764, t. 83, 14 mars et 21 juillet 1764 et pochette de séance du 17 novembre 1764). Voir l’article de Liliane Alfonsi dans ce numéro.
  • [68]
    Jean Dhombres et Larrie Ferreiro ont récemment donné une analyse des travaux de Bouguer sur la construction navale. Voir Dhombres, art. cit. in n. 58, 305-363 ; on y trouvera une chronologie et une bibliographie abondante sur les travaux autour de la construction navale au Siècle des lumières. Voir aussi Larrie D. Ferreiro, « Down from the mountain : The birth of naval architecture in the scientific revolution, 1600-1800 », Ph. D. (univ. of London, 2004). Pierre Lamandé, lui, a traité des mémoires de Bouguer sur la mâture des vaisseaux (Lamandé, art. cit. in n. 55).
  • [69]
    Allard, art. cit. in n. 50.
  • [70]
    ARM par la suite.
  • [71]
    Lettre de Pierre Bouguer, Paris, 19 septembre 1752 (Archives de l’Académie des sciences, fonds Gabriel Bertrand, carton 5).
  • [72]
    Service historique de la Défense, fonds Marine à Vincennes (SHD V), fonds de l’Académie royale de marine (ARM), t. 110, fol. 2, lettre de Bouguer au secrétaire de l’ARM du 23 septembre 1752. Voir Roland Lamontagne, La Galissonnière, directeur du dépôt de la Marine, RHS, XIV/1 (1961), 19-26. La Galissonnière est nommé directeur du dépôt en décembre 1749.
  • [73]
    SHD V, ARM, t. 87, fol. 41, lettre de l’ARM à Bouguer, du 24 novembre 1752. Lié à Duhamel du Monceau, l’officier de marine Sébastien-François Bigot de Morogues (1705-1781) est l’un des membres fondateurs et le secrétaire de l’Académie de marine en 1752 ; il se distingue lors de la bataille des Cardinaux (20 novembre 1759), pendant la guerre de Sept Ans. Après une carrière dense d’officier de marine, Aymar-Joseph de Roquefeuil (1714-1782) commanda la marine à Brest et fut aussi l’un des membres fondateurs et le secrétaire de l’Académie de marine. Voir Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français (Paris : Tallandier, 2002), 49-50 et 462.
  • [74]
    Maheu, art. cit. in n. 58, 201-205.
  • [75]
    Rappelons rapidement que la Terre effectuant un tour de 360° en 24 heures, une différence de longitude entre le méridien local du navire et un méridien de référence se détermine par une différence d’heure, entre l’heure locale du navire et l’heure qu’il est au même instant, au méridien de référence.
  • [76]
    Nous soulignons.
  • [77]
    Nous soulignons.
  • [78]
    L’horloger Henry Sully (1680-1728) est récompensé par l’Académie en 1726 (AN, MAR, 3/JJ/13, pièce 14). Voir William J. H. Andrewes (ed.), The Quest for longitude (Cambridge, Harvard University : Cambridge University Press, 1996), 192-195. Voir infra.
  • [79]
    AN, MAR, G/94, fol. 89 r°.
  • [80]
    Fauque, art. cit. in n. 54, en particulier 96-97.
  • [81]
    Nous soulignons.
  • [82]
    Pierre Bouguer, Journal de La Rochelle à la Martinique, bibliothèque de l’Observatoire de Paris, C/2/7 (feuillets s.l.n.d.), mais il est possible de les dater du mois de mai 1735. Mes remerciements à Danielle Fauque pour avoir attiré mon attention sur cette partie du journal de Bouguer.
  • [83]
    PV ARS 1755, 14 mai 1755, 333-334.
  • [84]
    Nous soulignons. AN, MAR, G/94, fol. 91, « Sentiment de Mrs Bouguer et Duhamel sur un mémoire anonyme intitulé Essay pour déterminer les longitudes daté du 11 mai 1750 ». Le mémoire est signé Duhamel et Bouguer ; l’écriture est celle de Bouguer.
  • [85]
    AN, MAR, C/7/40, fol. 12 v° et 13 r°. Cité aussi par Lamontagne, art. cit. in n. 57, 88-89.
  • [86]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie III, 441-472. La méthode est ingénieuse ; elle sera développée par La Caille pour la correction des distances lunaires des effets de la parallaxe et de la réfraction.
  • [87]
    Ibid., partie III, 383-440 et partie IV, 676-688 en particulier.
  • [88]
    Mes remerciements à Christelle Rabier et Stéphane Vandamme (Maison française d’Oxford) pour m’avoir invité à la journée d’étude « Science, capitals and expertise » (Oxford, 14-15 octobre 2006), et m’avoir ainsi permis d’éclairer sous un nouveau jour l’action de Pierre Bouguer comme commissaire pour la marine.
  • [89]
    Le géomètre Antoine Deparcieux sera pressenti pour devenir à son tour préposé au perfectionnement de la marine en 1768, quelques semaines malheureusement avant son décès.
  • [90]
    Ces mémoires et les rapports se trouvent principalement conservés dans les séries Marine G et dans la série 3/JJ (mémoires d’astronomie nautique) des Archives nationales. La série Marine G a été indexée de manière très précise par Philippe Henrat, Innovations techniques dans la marine (1641-1817) : Mémoires et projets reçus par le département de la Marine (Marine G86 à 119) (Paris : Archives nationales, 1990). La série 3/JJ n’est que très partiellement indexée et demeure sous-explorée. Voir Boistel, op. cit. in n. 1, partie I.
  • [91]
    Voir l’annexe 2.
  • [92]
    Il a été assez difficile de rassembler des éléments sûrs sur ce constructeur d’instruments. Il y eut en fait plusieurs constructeurs nommés Baradelle au cours du xviiie siècle, certainement une dynastie qui débuta ses activités vers 1720 et les acheva sous le Premier Empire. Celui qui nous intéresse et recueille nos suffrages est (Jean-Louis)-Jacques Baradelle, fabricant d’instruments, établi quai de l’Horloge du Palais, « À l’enseigne de l’Observatoire », dès 1740 (L’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, 233 (1878), 59-60 ; Maurice Daumas, Les Instruments scientifiques aux xviie et xviiie siècles (Paris : PUF, 1953), 380). Le prospectus de cette enseigne est reproduit ci-après. Mais il est possible qu’il s’agisse plutôt de Nicolas-Jacques Baradelle (1701 – c. 1770), qui fut apprenti, entre autres, chez J. Lemaire et Bion, maître fondeur en 1725, ingénieur du roi, et filleul de Cassini II (Franck Marcelin, Dictionnaire des fabricants d’instruments de mesure du xve au xixe siècle, chez l’auteur, franck.marcelin@tele2.fr, 2004). Ceci expliquerait l’intérêt particulier que l’on porte à son instrument. On ne sait rien sur le fils François-Antoine Baradelle, né en 1725. Les autres Baradelle sont reçus fondeurs bien au-delà de la vie de Pierre Bouguer.
  • [93]
    AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21.
  • [94]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I.
  • [95]
    AN, MAR, G/94, fol. 91 r°. Malheureusement, le mémoire ne semble pas avoir été conservé.
  • [96]
    Lamy, art. cit. in n. 60. Guy Boistel, Le problème des longitudes à la mer dans les principaux manuels de navigation française autour du xviiie siècle, Sciences et techniques en perspective, 2e série, 3/2 (1999), 253-284.
  • [97]
    Guy Boistel, Les ouvrages et manuels d’astronomie nautique en France, 1750-1850, in Annie Charon, Thierry Claerr, François Moureau (dir.), Le Livre maritime au siècle des Lumières : Édition et diffusion des connaissances maritimes (1750-1850) (Paris : Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005), 111-132.
  • [98]
    Allard, art. cit. in n. 50. Vergé-Franceschi, op. cit. in n. 48, 113-120.
  • [99]
    Patrick Villiers, Duhamel du Monceau et Maurepas : Une rencontre inattendue, Chronique d’histoire maritime, 61 (décembre 2006), 23-40.
  • [100]
    Lamontagne, art. cit. in n. 72.
  • [101]
    Christian Licoppe, La Formation de la pratique scientifique (Paris : La Découverte, 1996), en particulier, « Les travaux sur la force du bois de Duhamel du Monceau et Buffon : Deux versions de la rhétorique utilitaire », 219-242.
  • [102]
    Ibid., 232-237 en particulier.
  • [103]
    Catherine Cardinal, Ferdinand Berthoud and Pierre Le Roy : Judgement in the twentieth century of a quarrel dating from the eighteenth century, in Andrewes, op. cit. in n. 78, 282-292.
  • [104]
    Voir Jean Le Bot, Quand l’art de naviguer devenait science : Les chronomètres de marine français au xviiie siècle (Grenoble : Terre et Mer, 1983), 67 sq., 70 et 73 pour les citations. Pierre Le Roy est l’inventeur de l’échappement libre, que Berthoud appliqua à ses propres modèles.
  • [105]
    Contrairement à ce que propage l’historiographie traditionnelle, le problème ne sera pas pour autant réglé à cette époque. Les chronomètres de marine ne trouveront une stabilité thermique qu’avec l’avènement du bilame et les travaux de l’ingénieur-mathématicien-astronome Antoine-Yvon Villarceau dans les années 1860. Voir Guy Boistel, De quelle précision a-t-on réellement besoin en mer ? Quelques aspects de la diffusion des méthodes de détermination astronomique et chronométrique des longitudes en mer en France, de La Caille à Mouchez (1750-1880), Histoire & mesure, XXI/2 (2006), 121-156.
  • [106]
    Jean-André Lepaute, Traité d’horlogerie contenant tout ce qu’il est nécessaire pour bien connaître et pour régler les pendules et les montres (Paris, 1755). Voir Guy Boistel, Nicole-Reine Lepaute et l’hortensia, Cahiers Clairaut, 108 (2004), 13-17 pour ce que l’on connaît de Mme Lepaute.
  • [107]
    Voir le dossier que consacre Olivier Courcelle à la Société des arts sur son site http://www.clairaut.com/nSansdatepo20pf.html.
  • [108]
    Anthony John Turner, Berthoud in England, Harrison in France : The transmission of horological knowledge in 18th century Europe, Antiquarian horology and the proceedings of the Antiquarian Horological Society, 20 (1992), 219-239.
  • [109]
    Voir Philippe Minard, Les savants et l’expertise manufacturière au xviiie siècle, in Éric Brian et Christiane Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences : Guide de recherches (Paris : Tec & Doc, 1996), 311-318.
  • [110]
    Voir Boistel, op. cit. in n. 1, parties II et III.
  • [111]
    Voir Bennett, art. cit. in n. 11. Voir aussi Turner, op. cit. in n. 108 ; du même auteur, L’Angleterre, la France et la navigation : Le contexte historique de l’œuvre chronométrique de Ferdinand Berthoud, in Of time and measurement : Studies in the history of horology and fine technology (Aldertshot : Variorum, 1993), texte XIV, 142-163. On connaît la querelle qui opposa Nevil Maskelyne et Harrison quant aux avantages respectifs de leurs méthodes, Maskelyne préférant les distances lunaires aux méthodes horlogères, plus sans doute, pour des raisons personnelles que pour des raisons scientifiques. Voir Esprit Pezenas, Les Principes de la montre de M. Harrison […] suivis de la Réponse de John Harrison aux remarques et objections de N. Maskelyne (Avignon, 1767).
  • [112]
    En mai 1763, Lalande, Charles-Étienne-Louis Camus et Ferdinand Berthoud ont fait le voyage de Londres et ont rencontré la plupart des figures marquantes de l’astronomie, ainsi que Harrison. Ce dernier ne leur a pas livré tous les détails sur sa montre, comme le lui demandait le Longitude Act (voir Turner, art. cit. in n. 108, 154-156). Voir aussi Seymour L. Shapin, Lalande and the longitude : A little known London voyage in 1763, Notes and records of the Royal Society, 32 (1978), 165-180.
  • [113]
    Ce contrôle de la marche des chronomètres à l’aide des distances lunaires sera en usage jusqu’au milieu du xixe siècle. Voir Boistel, art. cit. in n. 105, 137-142 en particulier.
  • [114]
    Pierre Le Roy, Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le tems en mer […] contenant la description de la montre à longitudes présentée à S. M. le 5 août 1766 (Paris, c. 1770).
  • [115]
    Ferdinand Berthoud, Éclaircissements sur l’invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermination des longitudes en mer par la mesure du tems (Paris, 1773) ; Id., Les Longitudes par la mesure du tems ou, Méthode pour déterminer les longitudes en mer avec le secours des horloges marines, suivies du recueil des tables nécessaires au Pilote pour réduire les observations relatives à la longitude et à la latitude (Paris, 1775).
  • [116]
    Lamontagne, art. cit. in n. 72 ; Boistel, op. cit. in n. 1, partie III, 303-308. Chabert s’est intéressé dès 1748 aux distances lunaires.
  • [117]
    Vendu 13 livres selon la liste des ouvrages achetés par l’ARM à Brest – SHD V, ARM, t. 105, pièce 4, « État des livres achetés pour l’Académie de marine et destinés pour Brest » (juillet 1753). Pour comparaison, selon le même état : les Élémens de géométrie et d’algèbre de Clairaut sont achetés 3 livres 5 sols chacun ; l’Hydrographie du père Georges Fournier, s. j. (éd. 1679), 7 livres ; les Principia de Newton dans l’édition de Genève du révérend père François Jacquier (1742) valent 34 livres ; les Institutions astronomiques de Le Monnier sont achetées 15 livres, ces derniers ouvrages se révélant très chers.
  • [118]
    Vendu 8 livres – SHD V, ARM, t. 105, pièce 4, « État des livres achetés pour l’Académie de marine et destinés pour Brest » (juillet 1753). Les deux ouvrages de Bouguer font partie des premiers ouvrages achetés constituant la bibliothèque de l’Académie de marine à Brest (années 1753-1754).
  • [119]
    Voir Boistel, op. cit. in n. 1, partie I et annexe II.
  • [120]
    Voir infra et annexe 3.
  • [121]
    A true copy of a paper found, in the hand writing of Sir Isaac Newton, among the papers of the late Dr. Halley, containing a description of an instrument for observing the Moon’s distance from the fixed stars at sea, Philosophical transactions, 465 (1742), 155-156. Halley prit connaissance de l’octant de Newton en 1700. L’invention en 1731 de l’octant, répandu dans la marine au xviiie siècle, est due à John Hadley, The description of a new instrument for taking angles, Philosophical transactions, XXXVII/420 (1733), 147-157.
  • [122]
    Caleb Smith, The Description, use and excellency of a new instrument, or sea quadrant, invented by Caleb Smith (London, 1734) ; Smith introduit un prisme à réflexion à la place du miroir.

Introduction : Les marines européennes en quête des longitudes en mer

1On connaît, par les travaux des historiens de la marine, l’importance accordée par divers États aux problèmes de la navigation astronomique dès le xve siècle [1]. De nombreuses récompenses furent promises dès la découverte de nouveaux continents par les colons portugais et espagnols au xve siècle, afin de sécuriser et maîtriser les routes maritimes commerciales. Le prix le plus célèbre fut celui proposé par les États des Provinces-Unies hollandaises au xviie siècle. Le prétendant le plus notoirement connu à cette récompense fut Galilée pour l’application sans succès de sa découverte des satellites de Jupiter à la détermination des longitudes en mer [2]. Mais Galilée ne sera pas le premier savant primé pour avoir « découvert le secret des longitudes » [3].

2Au xviie siècle, la nécessité d’améliorer la cartographie de leurs royaumes respectifs avait conduit la France et l’Angleterre, les deux principales nations sensibles aux progrès scientifiques, à fonder des observatoires royaux. En 1667, Louis XIV fonde l’Observatoire royal de Paris. Le gros œuvre achevé en 1672, l’observatoire est confié à Jean-Dominique Cassini (1625-1712) [4]. Devant la concurrence, le roi Charles II d’Angleterre ordonne en 1675 la construction d’un observatoire dans le parc royal de Greenwich. La mission confiée au premier Astronomer Royal d’Angleterre, John Flamsteed (1646-1719), est clairement établie dès la création de cet établissement, comme elle l’est aussi pour l’astronome de l’Observatoire royal à Paris :

3

« L’astronome royal appliquera immédiatement tous ses soins et toute son activité à rectifier les tables des mouvements célestes et les positions des étoiles fixes, dans le but de donner les moyens de déterminer les longitudes pour le perfectionnement de l’art de la Navigation [5]. »

4Améliorer les cartes et résoudre le problème des longitudes en mer : voilà les missions assignées aux astronomes royaux de France et d’Angleterre à la fin du xviie siècle. Il faut toutefois attendre le xviiie siècle pour que se déclarent, en France et en Angleterre, les premiers encouragements matériels et substantiels aux recherches sur l’amélioration des conditions de navigation en général et la détermination des longitudes en mer en particulier. Mais si l’Angleterre manifeste une très grande considération pour sa marine, la France entretient avec la mer et ses marins des relations très ambiguës. Mal aimée et déconsidérée, la marine française ne sera jamais jugée essentielle et vitale pour le royaume. Il manque la condition suprême, la volonté royale de développer une véritable marine. Au contraire, l’Angleterre saura concevoir des structures efficaces permettant à sa marine d’œuvrer et de s’améliorer dans de bien meilleures conditions qu’en France.
La plus célèbre des institutions dédiées au perfectionnement de la navigation est le Board of longitude, le Bureau des longitudes britannique [6]. À la suite de propositions émanant de savants, de marins anglais et du Parlement britannique, la reine Anne [7] édicte le Longitude Act en juin 1714 : An act for providing a publick reward for such person or persons as shall discover the longitude at sea[8]. Ce décret royal promet de splendides récompenses d’un montant total de 20 000 livres sterling [9] (vingt fois plus en livres de France ou environ 250 000 livres sterling actuelles). Le Board of longitude, organisation née du Longitude Act, centralisa, au cours du xviiie siècle, l’ensemble des recherches britanniques sur la navigation scientifique et distribua quelques bourses de recherches [10]. Histoire bien connue : le prix fut en partie attribué en 1765 à l’horloger anglais John Harrison pour sa montre de marine numérotée H4 [11]. Il faudra attendre le mois d’août 1795 pour que l’idée d’un bureau français du même genre soit exposée par l’abbé Grégoire (1750-1830) [12].

Les récompenses françaises contemporaines du Longitude Act et les prédécesseurs de Maupertuis

5Entre 1709 et 1714, l’abbé Jean de Hautefeuille [13] proposait plusieurs mémoires sur la détermination des longitudes en mer à l’aide d’observations des éclipses des satellites de Jupiter (ainsi que de prétendus nouveaux instruments d’observation sans importance pour la suite des recherches nautiques). Par ailleurs, il contestait – à juste titre – les compétences scientifiques ou mathématiques des pilotes, sans toutefois aborder de front le délicat problème de la formation des marins. Ses mémoires se verront sanctionnés par trois rapports négatifs en l’espace de six mois : en décembre 1714 par l’académicien Renau d’Elisagaray [14], en février 1715 par le maître hydrographe brestois Coubard [15], et enfin sévèrement par l’abbé Jean-Paul Bignon [16] en mai 1715. Il est intéressant de s’arrêter au rapport de Renau, remis le 9 décembre 1714, car il pose, d’une part, le problème de l’instruction et de la formation des pilotes, sujets de réformes entreprises depuis Colbert, et, d’autre part, la nécessité de développer la « science des longitudes ». En somme, comme les Anglais en cette année 1714, il n’est plus question de perdre des navires parce que les pilotes commettent d’énormes erreurs en déterminant la longitude par l’estime dans la navigation au long cours.

6Au moment même où l’amirauté britannique se voit assistée d’un Bureau des longitudes pour l’examen de nouvelles méthodes destinées à améliorer la navigation astronomique, l’Académie des sciences se voit offrir par le comte Rouillé de Meslay, soucieux de contribuer au progrès des sciences, un fonds important destiné à promouvoir les développements scientifiques. Peu de temps après, selon certains auteurs, le Régent, le duc Philippe d’Orléans, offre une récompense à qui révélera au monde le secret des longitudes.
Examinons brièvement ce que nous pouvons connaître de ces deux prix quasi contemporains du Longitude Act britannique.

Le prix Rouillé de Meslay ou prix de l’Académie des sciences au xviiie siècle [17]

7En septembre 1714, le comte Rouillé de Meslay [18], conseiller au parlement de Paris, dépose un testament par lequel il lègue à l’Académie royale des sciences un fonds de 125 000 livres destiné à récompenser diverses recherches sur la quadrature du cercle et autres découvertes en mathématiques [19]. Le testament est daté du 12 mars 1714. Rouillé de Meslay décède le 13 mai 1715. Vainement contesté par sa famille – en ce qui concerne notamment le sujet de la quadrature du cercle que ses héritiers regardent comme une chimère [20] –, ce legs à l’Académie sera finalement confirmé par un arrêt de la Grand-Chambre le 30 août 1718. Ce legs prévoit deux rentes prises sur les aides et gabelles : la première de 4 000 livres au principal de 100 000 livres, la seconde de 1 000 livres au principal de 25 000 livres. La destination de ce legs est fortement discutée au sein de l’Académie, ainsi que le montant et la destination du prix retenu. L’Académie décide finalement en 1719 d’homologuer et d’attribuer deux prix en alternance [21].

8Le premier prix – dit de mécanique céleste – de 2 500 livres porte sur le système du monde et en général sur « ce qui contient, soutient et fait mouvoir en son ordre les planètes et autres substances contenues en l’univers, le fond premier et général de leurs productions et formations, le principe de la lumière et du mouvement [22] ». Le second prix – dit de navigation – d’un montant de 2 000 livres porte sur des objets relatifs à la navigation et au commerce. Il devait être délivré à « celui qui aurait mieux réussi en une méthode et règle plus courte et plus facile pour prendre plus exactement les hauteurs et les degrés de longitude en mer et en des découvertes utiles à la navigation et grands voyages [23] ». À l’origine, ces prix devaient être annuels et de montants respectifs de 2 000 et 500 livres. Mais en raison de la banqueroute du financier écossais John Law (1671-1729) [24], les prix furent en 1723 fixés à 2 500 et 2 000 livres, et attribués tous les deux ans. Il sera décidé que le prix de mécanique céleste et d’astronomie physique serait décerné les années paires, le prix de navigation les années impaires.
La confusion et le flou qui règnent autour du règlement concernant ce fonds légué à l’Académie sont à l’origine de diverses contestations émises par nombre de prétendants au prix des longitudes qui pensaient que le prix Rouillé de Meslay devait être attribué dans sa totalité – 150 000 livres. Ils ignoraient que l’Académie avait finalement destiné ce fonds à l’entretien de prix annuels [25]. Les nombreuses accusations de manquement au règlement émises à l’encontre de l’Académie sont révélatrices du secret entretenu par l’Académie – volontairement ou non – autour de la destination de ce fonds. Remarquons que la situation pour les académiciens mêmes n’est pas des plus claires puisque dans son Histoire générale des mathématiques (1803), Jean-Étienne Montucla laisse entendre que le prix Rouillé de Meslay était destiné uniquement au perfectionnement de la navigation et reporté d’année en année. En effet, n’écrit-il pas en 1802 : « Le comte Rouillé de Meslay, par son testament, avait confié à l’Académie royale des sciences le fonds d’un prix à proposer chaque année sur un objet utile à la perfection des différentes parties de la navigation [26] » ?

Les promesses du Régent, le duc Philippe d’Orléans [27]

9L’existence d’une promesse de récompense faite par le Régent Philippe d’Orléans est source d’interrogations historiques, que nous avons tenté de démêler dans notre thèse de doctorat. Dans son histoire des fondations de prix académiques, Ernest Maindron (1881) donne un élément capital pour reconstruire cette histoire. Il cite une lettre écrite par Philippe d’Orléans, de Paris, le 15 mars 1716, et adressée à Bernard Le Bovier de Fontenelle, l’incontournable secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences [28] :

10

« Je vous renvoye, Monsieur, plusieurs Placets et Mémoires qui m’ont été adressez depuis quelques tems par des Auteurs de différens païs, persuadez qu’ils ont enfin trouvez le secret tant désiré de connoître exactement et facilement les longitudes. Quoy que j’aye grande peine à croire qu’ils ayent réussi, ni même que cette découverte soit bien possible, elle seroit si importante à la navigation, qu’il est juste de ne pas décourager ceux qui s’appliquent à la rechercher. Comme avant de découvrir leur secret, ils insistent tous à se voir assurer des récompenses, vous pouvez leur répondre en mon nom, et sur ma parolle que je feray payer la somme de cent mil Livres au premier qui aura été assez heureux pour trouver cet admirable secret, aussi tôt que l’Académie des sciences aura rendu témoignage de quelque Nation que puisse être l’Inventeur. Vous ne sauriez même rendre trop publique l’assurance que je vous donne icy, et que vous aurez soin d’insérer dans les registres de l’Académie [29]. »

11Les termes de cette lettre sont intéressants. Le montant de la récompense nous est précisé : 100 000 livres de France. Loin d’être aussi élevée que celle du prix britannique, puisqu’elle n’en représente environ que le cinquième, cette récompense n’en reste pas moins importante. Par ailleurs, le Régent ne veut décourager aucune recherche. Précisant qu’il a reçu plusieurs propositions de méthodes de détermination des longitudes en mer, sa lettre témoigne de l’activité importante qui existe sur le sujet des longitudes à cette époque. Sans doute faut-il y voir l’effet du Longitude Act [30]. Aussi n’est-il pas surprenant de lire que Philippe d’Orléans conseille à Fontenelle de rendre publique cette proposition de récompense et de l’insérer dans les registres de l’Académie.

12Fontenelle et Jacques Cassini ont vraisemblablement eu accès aux mémoires auxquels le Régent fait allusion dans sa lettre. En 1722, dans un mémoire intitulé « À la recherche des longitudes en mer [31] », Fontenelle, poursuivant son « état des lieux » sur le problème des longitudes et mentionnant rapidement les promesses de récompense par le Régent, remarque que les méthodes proposées sont souvent défaillantes :

13

« […] On a été que trop encouragé à cette recherche ; plusieurs personnes très-incapables d’y réussir l’ont entreprise, & l’entreprennent encore tous les jours ; quelques-uns même ne savent pas ce qu’il faut chercher, ni quel est l’état de la question. C’est pour en instruire le Public, pour bien fixer les idées, & pour en donner même aux Mathématiciens, que M. Cassini a fait sur les Longitudes en mer un Ecrit, dont nous rapportons ici le précis […] [32]. »

14La suite de son mémoire se compose donc d’un inventaire de toutes les méthodes de détermination des longitudes en mer alors envisagées par les astronomes et résumées par Cassini afin d’orienter les recherches des savants dans la bonne direction. Fontenelle et Cassini n’établissent aucune hiérarchie entre les différentes méthodes.

15

« M. Cassini est d’avis que l’on perfectionne toutes les méthodes, sans exception, qui ont les longitudes pour objet. Si ce n’est pas là résoudre le Problême dans le sens qu’il est proposé, & mériter la récompense promise, c’est du moins diminuer toujours de plus en plus un grand péril de la Navigation, & travailler solidement à l’utilité publique. Une méthode sera employée au défaut de l’autre selon les occasions, & il y aura toujours quelqu’une qui aura lieu ; de plus l’incertitude qui restera à chacune, sera, ou levée, ou amoindrie, par le concours de plusieurs, selon qu’elles s’accorderont plus ou moins [33]. »

16Insistons sur ce fait : Cassini ne dresse pas de hiérarchie dans les méthodes, et n’en privilégie aucune particulièrement. Son programme de recherche est simple mais terriblement lucide : il n’existe pas une seule méthode pour déterminer exactement les longitudes en mer ; toutes sont valables et complémentaires les unes des autres.

17Excepté un court passage publié dans ce volume de l’Histoire de l’Académie royale des sciences pour 1722, la lettre du Régent de 1716 n’a pas été diffusée comme elle aurait dû l’être, puisque même les académiciens les mieux informés de l’histoire, Joseph-Nicolas Delisle, Jérôme Lalande et Alexandre-Guy Pingré par exemple, ne semblent pas en connaître l’existence. Mais ces quelques lignes suffiront à aiguiser l’appétit de nombreux prétendants à cette récompense. Toutefois, comme le signale Maindron : « L’Académie n’eut point occasion de décerner le prix, et la somme promise par le Régent ne fut jamais mise à sa disposition [34]. »

18Remarquons que les promesses du Régent marquent une rupture significative avec le règne de Louis XIV. Au décès de ce dernier, le 1er septembre 1715, la marine française est en mauvais état : peu de navires sont en mesure de naviguer, l’entretien négligé des arsenaux souligne un manque cruel de fonds, et les choix politiques privilégient plutôt la guerre de course (pour intercepter les ravitaillements ennemis) qu’une politique active d’armements navals [35]. Avec cette promesse, le Régent et son Conseil de marine (créé assez rapidement après la disparition de Louis XIV [36]) affirment une volonté de donner une nouvelle impulsion et une nouvelle vie à la marine française. Ils manifestent ainsi un certain souci de retrouver une part du souffle colbertien du développement d’une marine savante.

Des experts pour la marine

19Pour examiner les mémoires envoyés au département de la Marine ainsi qu’aux différents acteurs institutionnels intéressés par les progrès de la marine, il fallait des commissaires. L’Académie des sciences incarnant l’expertise savante au xviiie siècle, ces commissaires ne pouvaient être recrutés que parmi les académiciens plus ou moins engagés dans les progrès des sciences nautiques. Indépendamment des problèmes de l’instruction des marins et des pilotes, sujet que nous n’aborderons pas ici [37], la marine avait donc besoin de faire appel à des astronomes et à des géomètres capables de juger de la pertinence des mémoires des prétendants aux diverses récompenses. Il fallait aussi les rémunérer. L’Académie royale des sciences restera toujours étrangère au choix de l’académicien apte à remplir cette charge qui relevait du seul privilège du secrétaire d’État à la Marine [38].

20Institué à une époque où la navigation astronomique devait nettement progresser, le poste de « préposé au perfectionnement de la marine » a été créé par un Maurepas complaisant envers un Maupertuis courtisan et mondain [39]. Assorti d’une confortable pension de 3 000 livres [40], cet emploi dédommageait Maupertuis d’une réception plutôt froide à son retour de l’« expédition du Nord », expédition géodésique menée en Laponie suédoise, durant les années 1736-1737. Mais ses contributions ne répondent pas aux attentes du ministre : initier un vaste courant de développement scientifique de la marine. Les travaux de Maupertuis, organisés comme des justifications a posteriori de l’expédition en Laponie et de ses travaux sur la figure de la Terre, paraissent trop personnels et trop théoriques pour jouer un rôle notable dans le développement des sciences nautiques. Bien que ses écrits intéressent les débats sur la figure de la Terre – importante pour la géographie et la navigation –, ils n’ont pas d’applications immédiates dans la navigation astronomique. Il faut attendre le retour de Bouguer en France en 1744 et sa nomination en 1745 à ce poste pour voir quelques résultats concernant la construction navale comme la navigation astronomique.

21À partir de 1745, le préposé au perfectionnement de la marine est recruté parmi les plus grandes figures académiques du xviiie siècle : les théoriciens Bouguer (1745-1758) et Alexis Clairaut (1758-1765) ; les deux astronomes Pierre-Charles Le Monnier (1758-1791) et Lalande (1765-1793). Le Monnier fut le seul à exercer cette charge en duo, avec Clairaut, jusqu’au décès de ce dernier en 1765, puis simultanément avec Lalande jusqu’en 1791. Ces savants marquèrent leur époque, l’histoire de l’astronomie et l’histoire de la navigation scientifique, là où progrès scientifique et progrès de la marine convergeaient : détermination de la figure de la Terre, amélioration de la géographie et des outils de la navigation, tables astronomiques, éphémérides nautiques, théorie du mouvement de la Lune. On ne sera donc pas surpris de voir figurer dans cette liste quatre mesureurs de méridien. Maupertuis, Clairaut et Le Monnier étaient allés ensemble en Laponie suédoise, en 1736-1737, mesurer un degré de méridien près du pôle ; Bouguer avait fait partie de l’expédition académique – dite « du Pérou » (1735-1744) – chargée de mesurer un degré de méridien près de l’équateur.

22Clairaut est l’auteur d’une théorie analytique et de tables des mouvements de la Lune (auxquelles il adjoint des tables de la parallaxe horizontale et des tables du mouvement horaire) qui seront prises en compte dans les débats sur l’astronomie nautique. Nous avons montré par ailleurs comment les tables de la Lune de Clairaut ont été l’objet d’une attention permanente de la part des astronomes de terrain au cours des années 1754-1783 [41]. Le succès de ses travaux auprès des astronomes a encouragé Clairaut à réclamer, un mois avant son décès soudain en mai 1765, sa part du prix britannique des longitudes [42].
Le Monnier s’est distingué par son action sur le terrain et son soutien aux missions scientifiques chargées de statuer sur les horloges marines [43]. Du trio Clairaut, Lalande, Le Monnier, ce dernier paraît être le seul à avoir pris sa fonction au sérieux. Le Monnier semble en effet plus impliqué dans les progrès de la marine que ses confrères. Ses productions, variées, couvrent un vaste éventail de sujets intéressant le développement d’une marine savante : étude des marées, magnétisme, instruments nautiques, astronomie nautique. Ses travaux ne sont toutefois pas d’une originalité extraordinaire et ne marqueront pas l’histoire, contrairement aux ouvrages de Bouguer. Le Monnier, attentif au développement de l’horlogerie de marine, aura au moins eu le mérite d’inciter les ministres de la Marine à encourager les principales expéditions scientifiques maritimes dans la période 1767-1773, dont l’expédition du comte Pierre Claret de Fleurieu sur l’Isis (novembre 1768-novembre 1769) et celle du chevalier Jean-Charles de Borda sur la Flore (octobre 1771-octobre 1772) portent un éclatant témoignage. Le Monnier aura aussi eu à cœur d’encourager la création ou le maintien d’écoles d’hydrographie. Ainsi est-il certainement à l’origine du maintien de la chaire d’hydrographie à Rouen [44] et indirectement à l’origine du futur succès des Leçons de navigation du maître d’hydrographie rouennais Vincent-François Dulague (1729-1805), ouvrage qui connut un grand succès jusqu’en 1842 [45]. Le Monnier aura joué le plus clair du temps pour son propre camp, cherchant surtout à obtenir des fonds pour faire publier des ouvrages qui semblent avoir eu finalement de faibles répercussions sur le développement des sciences nautiques [46].
Les contributions de Lalande se concentrent dans son action à la direction des éphémérides académiques de la Connoissance des tems (CDT). Lalande eut la volonté d’intégrer, entre autres, les tables des distances lunaires en 1772 (CDT pour 1774). Aux côtés des marins de l’Académie de marine à Brest, il prit une part active à la diffusion des connaissances et des méthodes de navigation astronomique. Lalande pèse de manière décisive sur l’évolution des tables astronomiques et nautiques et sur la littérature en astronomie nautique en général, jusqu’à son décès en 1807 [47].

Pierre Bouguer, préposé au perfectionnement de la marine

23Revenons à l’action de Bouguer, commissaire pour la Marine. En nommant Maupertuis au poste de préposé au perfectionnement de la navigation, Maurepas ne fait qu’entériner une situation où l’État cherche à attirer à lui tous les savoirs, toutes les connaissances, qu’il honore et rémunère, déplaçant ainsi la création vers des milliers de cerveaux terriens qui pensent et réfléchissent, en ignorant les compétences des officiers comme ceux de la Compagnie des Indes par exemple. La Marine royale souffre à cette époque de trop d’État, de trop de courtisans, d’un vieillissement du corps et de ses cadres [48]. Les constructions navales sont insuffisantes. C’est justement dans ce domaine que le successeur de Maupertuis, Bouguer, ancien professeur d’hydrographie au Croisic, va le mieux réussir, contribuant de façon significative aux progrès de la navigation [49].

24Au début de l’année 1745, Maupertuis part pour l’académie de Berlin dont il prend la présidence. Bouguer lui succède comme préposé au perfectionnement de la marine. Bouguer en témoigne rétrospectivement dans une lettre adressée au tout nouveau ministre Antoine-Louis Rouillé [50] et datée du 11 mai 1749 :

25

« […] Quelques mois après mon retour, M. de Maupertuis qui étoit préposé pour travailler à la perfection des instruments et des pratiques des Pilotes, et généralement de tout ce qui dans la Marine a quelque rapport aux Mathématiques, passa en Prusse, et laissa vacante la place qu’il occupoit, M. le comte de Maurepas me fit l’honneur de jeter les yeux sur moi pour la remplir, ce qui m’a déterminé à m’appliquer encore d’avantage à la Marine. J’ay publié depuis mon arrivée un assez gros volume sur la construction des vaisseaux et sur la théorie de leurs manœuvres ; et je me suis engagé d’en donner un autre sur le Pilotage [51]. »

26À cette époque, la situation de la marine est tragique. Peu de vaisseaux sont en état de prendre la mer. On doit à Rouillé de nombreuses actions en faveur de l’essor des sciences navales et du rétablissement de la marine, en augmentant le nombre de navires capables de naviguer, en améliorant la qualité du service de la formation du personnel navigant et non navigant [52]. Dans cette optique, le choix de Bouguer pour remplacer Maupertuis s’imposait presque. Depuis 1714, Bouguer était bien connu du Conseil de marine et de Maurepas. Dans le cadre de ses obligations de professeur d’hydrographie, il avait à examiner les journaux de bord. C’est ainsi qu’en 1726, dans une lettre au ministre, il proposait d’inciter tous les pilotes et maîtres de navire à consigner les résultats d’ordre hydrographique et de noter les observations d’histoire naturelle et nautiques, obligation précisée dans l’ordonnance de 1681, mais jusqu’alors mal respectée [53]. Bouguer avait ensuite été, à trois reprises, le lauréat du prix Rouillé de Meslay, remportant un prix portant sur l’architecture navale (en 1727, sur la mâture des vaisseaux) et deux prix relatifs à la navigation (le premier en 1729, sur la mesure de la hauteur des astres en mer [54] ; le second en 1731, sur la déclinaison magnétique de la boussole) [55].

27Par ailleurs, peu de temps après son retour en France en juin 1744, revenant « du Pérou », Bouguer avait été désigné le 5 septembre 1744 membre du jury chargé de statuer sur le prix pour l’année 1745 (en fait un prix double pour 1745-1747) portant sur « la meilleure manière de trouver l’heure en mer [56] ». Son passé de professeur d’hydrographie au Croisic, école réputée au début du xviiie siècle [57], ses succès aux divers prix de l’Académie et ses talents de géomètre faisaient de lui un candidat des plus sérieux à ce poste de préposé au perfectionnement de la navigation. Dès lors, Bouguer devient l’un des membres incontournables de l’Académie des sciences. Il fait partie de tous les jurys chargés de statuer sur les prix proposés par l’Académie. De 1745 à son décès en 1758, il participe à quatre-vingt arbitrages sur des mémoires proposés à l’Académie.

28Ainsi, considérée à travers le filtre de sa charge de préposé au perfectionnement de la marine, la production de Bouguer est considérable et cohérente. Elle couvre l’ensemble des objets de la navigation : pilotage et moyens de navigation à l’estime, astronomie nautique, construction et architecture navale. Les trois grands traités publiés par Bouguer illustrent parfaitement l’état de la science de cette époque. L’annexe 1 donne la liste des principaux textes écrits entre 1745 et 1758 [58], classés selon leur ordre de présentation effective à l’Académie et l’année d’édition.

29La tradition historique veut que le Traité de navigation publié en 1753 corresponde à une commande expresse du ministre de la Marine, Rouillé. La lettre citée plus haut laisserait plutôt entendre que ce fut une commande engagée sous Maurepas, ou une œuvre personnelle entreprise par Bouguer – sans doute en hommage à son père [59] – et certainement favorisée par Rouillé. Cet ouvrage constitue une sorte d’aboutissement des manuels de navigation qui existent dans cette première moitié du xviiie siècle et dont les auteurs sont en majorité des hydrographes jésuites [60]. Dans son traité, Bouguer écrit plus en mathématicien qu’en praticien de la mer, critique qui était aussi souvent faite aux ouvrages de navigation des jésuites [61]. Peut-on considérer que l’expérience de la mer de Bouguer est, en 1753, déjà ancienne ? Depuis son retour à Paris en 1744, Bouguer n’avait plus navigué et s’était spécialisé dans les problèmes de physique et de géométrie, développant surtout les travaux théoriques sur l’optique et la figure de la Terre. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le Traité de navigation s’ouvre avec un discours sur la figure de la Terre [62], Bouguer s’inscrivant ainsi dans la démarche de son prédécesseur Maupertuis et cédant à la nécessité où sont les savants de se prononcer sur les grands sujets de la science en marche.
Le Traité de navigation fut plusieurs fois réédité, soit dans sa forme originale – pourtant vite dépassée par les progrès effectués dans les années 1750-1770 [63] –, soit dans ses révisions ultérieures [64]. Cet ouvrage pouvait-il devenir le manuel de référence ? Nous avons montré par ailleurs la lourdeur de ce manuel de navigation au format in-quarto, qui explique en partie son échec relatif et justifie les révisions successives de ce traité [65] : format trop grand, tables dispersées dans le corps de l’ouvrage, le rendant peu maniable et peu pratique. Il sera en effet revu, corrigé et augmenté par l’abbé Nicolas-Louis de La Caille puis par Lalande [66]. Le professeur d’hydrographie calaisien et académicien brestois Étienne-Nicolas Blondeau aura aussi, en 1764, le projet d’apporter sa propre touche à l’ouvrage [67].
Les deux autres ouvrages marquent l’introduction du calcul intégral dans l’architecture navale et soulignent l’originalité du travail théorique de Bouguer et son adéquation avec les besoins de la marine. En définissant le métacentre, point au-dessous duquel il faut placer le centre de gravité, Bouguer redéfinit la stabilité d’un navire par une formule intégrale. En introduisant le calcul intégral pour le dessin des plans de forme d’un navire, il transporte l’architecture navale dans le domaine des mathématiques et étend ainsi la sciencia navalis[68].
On ne doit pas s’étonner alors que le ministre Rouillé, membre honoraire de l’Académie des sciences depuis le 11 mars 1751 [69], le nomme parmi les premiers membres de l’Académie royale de marine [70], créée en juillet 1752, faisant de lui un académicien honoraire. Flatté et considéré, Bouguer remerciera Sébastien-François Bigot de Morogues, le secrétaire de l’ARM, de cette nomination dans une lettre datée du 19 septembre 1752 [71]. Ces remerciements ne sont pas de pure politesse. En effet, rapidement, Bouguer participe aux travaux de la toute nouvelle académie. Le 23 septembre 1752, il rédige un rapport sur un mémoire du directeur du dépôt de la Marine, Roland-Michel Barrin de La Galissonnière, sur la construction des vaisseaux [72]. À la même époque, il envoie à l’Académie de marine le manuscrit de son traité de navigation pour approbation. Ouvrage qu’approuve l’ARM dans sa réponse datée du 24 novembre 1752, signée par ses deux chefs de file, Bigot de Morogues et Aymar-Joseph de Roquefeuil [73].

Les rapports de Bouguer, commissaire pour la marine

30Gilles Maheu [74] donne la liste – sans toutefois en préciser le contenu détaillé – des quatre-vingts rapports auxquels Bouguer participa lors de l’examen de divers mémoires relatifs à la navigation, et particulièrement au problème des longitudes à l’aide d’horloges ou de montres marines. D’autres arbitrages de Bouguer, ou auxquels il a participé, ont été identifiés dans les archives de la Marine, soit dans le fonds Marine des Archives nationales, soit dans les archives de la Marine du service historique de la Défense à Vincennes. L’annexe 2 ci-après ne recense que les rapports portant sur des méthodes de détermination des longitudes en mer par divers moyens, en excluant les mémoires ou ouvrages soumis par des académiciens. En effet, les ouvrages ou les mémoires produits par les académiciens ne sont jamais refusés. Au-delà de l’aspect a priori fastidieux de cette énumération, cette liste et quelques citations nous permettent de dégager quelques idées méconnues de Bouguer sur le problème des longitudes en mer, d’étudier le style d’une pratique particulière de l’expertise académique d’Ancien Régime.

Bouguer ne croit pas à l’horlogerie de marine

31L’examen attentif de certains des rapports de Bouguer révèle une constance dans ses jugements. Bouguer connaît bien évidemment la possibilité de déterminer une différence de longitude par la détermination d’une différence d’heure [75], et croit au possible succès des méthodes horlogères, à la condition que les horlogers parviennent à construire des montres embarquées suffisamment fiables. Mais il doute fortement que cela puisse se produire dans un avenir proche. Voyons comment.

32Cette opinion négative de Bouguer apparaît clairement formulée en décembre 1749. La méthode proposée par un marin brestois, l’enseigne de vaisseau Le Maignan Duhoulbec, est fondée sur l’emploi d’horloges supposées exactes. Bouguer juge ce mémoire en des termes auxquels les historiens des sciences et de la marine doivent apporter une attention particulière :

33

« Il y a très long-temps qu’on sait que si[76] l’on peut réussir à construire des horloges assez exactes pour qu’elles conservassent la régularité de leur mouvement pendant un ou deux mois, ou pendant toute une traversée, on connoitroit avec précision les longitudes en mer. Tous nos livres font mention de ce moyen ; et il est certain qu’on pourroit l’employer sans avoir recours comme le fait l’auteur du mémoire, au lever ou au coucher d’étoiles qu’on ne voit pas lorsqu’elles sont trop voisines de l’horizon. […] Mais la difficulté qui arreste et qui interdira vraisemblablement toujours cette voye[77], c’est qu’on n’a point d’horloges sur la régularité desquelles on puisse compter et qui soient assez exactes ; malgré l’agitation continuelle du Vaisseau et le changement de la température de l’air, si on voit à peu près le moyen de remédier au second de ces deux inconvéniens, on n’a rien trouvé qui puisse remédier au premier, quoique plusieurs personnes l’ayent tenté ; comme Mr. Huygens, lorsqu’il inventa les horloges à pendule ; et un fameux horloger Anglois, nommé Sully [78], qui reçeut des bienfaits de la Cour, du temps de la Régence. Il est bien vrai que les altérations, que souffre une montre en mer chaque jour, sont peu considérables : mais un dérangement une fois produit influs continuellement sur l’état de l’horloge ; et d’ailleurs il s’agit de cette somme qui doit décider à la fin de la traversée et si elle se trouve d’une heure, elle causera une erreur de 15 degrez, qui valent 300 lieües aux environs de l’équateur […] [79]. »

34L’idée selon laquelle il juge difficilement envisageable d’avoir un jour des horloges résistant aux agitations de la mer est en fait assez ancienne chez Bouguer. En effet, durant le mois de mai 1735, lors de la traversée de l’Atlantique par les navires de l’expédition « du Pérou » – conduite par les académiciens Louis Godin, Bouguer et Charles de La Condamine –, Bouguer procède à des essais de navigation à l’aide d’un octant de Hadley. Les essais s’avèrent très bons et les responsables de l’expédition envisagent même de recommander l’usage de cet instrument dans la marine de France [80] ; un bon octant de Hadley permettrait désormais aux navigateurs de bien déterminer leur latitude. Demeure le problème de la longitude. Bouguer reste perplexe quant à l’emploi des méthodes horlogères et le consigne dans son Journal :

35

« C’est déjà beaucoup que d’être muni d’un bon instrument pour observer exactement en mer la hauteur des astres : Nous avons cette obligation à l’Astronome Anglois. On peut désormais sçavoir non seulement la latitude en mer à une ou deux minutes près, on est aussi en état de marquer avec plus d’exactitude l’heure dans presque tous les temps du jour ; ce qui est comme un premier pas qui nous approche de la détermination des longitudes. Je viens de dire un mot de l’essai que j’ay fait dans cette vüe des montres ordinaires que selon toutes les apparences on ne perfectionnera jamais assez[81] pour qu’on reussisse à les faire aller avec régularité pendant le cours d’une longue traversée [82]. »

36Vingt ans plus tard, cette position tranchée est toujours présente dans l’esprit de Bouguer, et de nouveau affirmée. En 1755, à l’occasion du rapport sur un mémoire d’un dénommé Martin qui propose à l’Académie divers moyens de détermination des longitudes en mer, il écrit :

37

« Il y a longtemps que l’on sait que si l’on pouvait être assures que les horloges conservassent la régularité de leurs mouvemens sur mer, ou au moins, si l’on pouvait connoître exactement la quantité dont elles s’écartent après un certain temps, soit par l’agitation des Vaisseaux ou par des autres causes qui altèrent le mouvement des meilleures horloges, l’on sait dis-je, depuis longtemps, que l’on en pourroit conclure les longitudes sur mer, avec autant de précision que l’on pourroit déterminer par observation [de] l’heure du lieu ou l’on se trouve. Mais comme l’on est pas encore parvenu à surmonter toutes les difficultés qui se sont rencontrées jusqu’ici dans cette recherche, ce que l’Auteur des prétendus secrets dont nous rendons compte n’a rien ajouté a ce qu’on savoit déjà, qu’il paroît même ignorer ; nous avons jugé que son mémoire ne necessite aucune attention de la part de l’Académie [83]. »

38Pourtant, en juin 1750, à l’occasion de l’examen d’un second mémoire du Brestois Duhoulbec, Bouguer écrivait :

39

« L’auteur […] est encore un de ceux qui s’imaginent qu’on n’est arresté dans la solution de ce probleme que parce qu’on ne sçait pas tirer parti des Horloges que nous avons. […] Ainsi il ne s’agit pas pour faire quelque chose d’utile pour la Marine de faire entrer dans un mémoire des calculs que les plus petits pilotins sçavent parfaitement faire mais il faudroit nous procurer de bonnes horloges[84]. »

40Bouguer refuse clairement tout mémoire sur les longitudes qui prône l’emploi de montres marines supposées parfaites. Son refus semble tout à fait justifié puisque à son époque, il n’existe aucun instrument répondant à ces exigences de perfection. Le refus est si catégorique que Bouguer ne se donne pas la peine d’examiner la méthode astronomique qui est associée à l’hypothèse irréaliste – à son époque – qu’il rejette avec force.

41Le théoricien semble aussi indirectement dénier aux artistes la possibilité de progresser dans la voie de l’amélioration technique des horloges en affirmant à plusieurs reprises qu’il sera sans soute impossible d’obtenir un jour des horloges suffisamment fiables, capables de résister aux fortes perturbations de tous genres à bord d’un navire. Pourtant, dans une lettre datée du 16 octobre 1730, Bouguer ébauchait les principes méthodologiques qui l’animaient à cette époque et qui préfigurent le texte de sa préface au Traité du navire :

« […] qu’on ne se dissimule aucune circonstance, qu’on tente de résoudre les problèmes dans toute leur difficulté, et on verra un continuel accord entre la théorie et la pratique ; le contraire impliqueroit contradiction […]. Les matieres compliquées ne se perfectionnent que peu-à-peu et que par parties [85]. »
Ainsi, de l’impossibilité technique à l’opposition aux méthodes horlogères, il n’y a qu’un pas à franchir. De fait, dans son traité de navigation de 1753, Bouguer ne dit rien de l’usage à la mer de montres de marine. Sa méthode de détermination de l’heure locale est purement astronomique – elle utilise l’observation de la hauteur du Soleil et la connaissance de la seule déclinaison –, assortie d’une résolution graphique, inspirée des travaux du père Paul Hoste, publiés en 1692 [86]. Remarquons que Bouguer n’est pas non plus impliqué (est-il seulement concerné ?) dans le développement des méthodes lunaires alors que dans les années 1754-1755, l’abbé de La Caille, Le Monnier et le père Pingré développent des méthodes, différentes et concurrentes, dans lesquelles les horloges marines viennent en complément des observations lunaires, dans le calcul ou l’observation du mouvement horaire de la Lune. En effet, lorsque des observations de la Lune ne sont pas effectuées simultanément, comme dans le cas des distances lunaires et des prises de hauteurs de la Lune, celle-ci se déplace suffisamment pour que les observateurs soient obligés de tenir compte de ce petit mouvement rapide de la Lune dans le ciel. C’est ici que les horloges, même au fonctionnement approximatif, jouent pleinement leur rôle [87].

Les caractéristiques d’une expertise particulière

42Tentons de dégager quelques traits caractéristiques de l’expertise pratiquée par Bouguer dans le cadre de sa charge de « préposé au perfectionnement de la Navigation sous toutes ses formes » [88].

43À l’Académie, Bouguer n’est pas le seul juge. Il est le plus souvent associé à Henri-Louis Duhamel du Monceau, moins fréquemment à Le Monnier ou Antoine Deparcieux [89]. Les rapports manuscrits consultés sont presque tous de la main de Bouguer. Mais il est assez difficile de savoir quelle est la part de chacun des commissaires dans la rédaction du rapport final, dont la forme et le fond varient peu d’un mémoire à l’autre, que l’avis soit positif ou négatif.

44En revanche, pour ce qui concerne les mémoires et projets remis directement au département de la Marine [90], il est plus facile de mettre en évidence la contribution du seul Bouguer. En effet, en matière de longitudes en mer, plusieurs exemples montrent que Duhamel du Monceau s’en remet le plus souvent aux compétences de Bouguer [91].

45La désignation de l’expert pour la marine relève du choix du seul ministre de la Marine. L’Académie ne semble jamais avoir eu de droit de regard sur le choix de l’académicien appelé à remplir la charge de préposé au perfectionnement de la navigation. Seules les compétences reconnues et la maîtrise des savoirs assurent la légitimité du savant appointé par la Marine. Au sein de l’Académie, les rapports que cosigne Bouguer engagent l’institution. En cas de litiges, le secrétaire perpétuel fait office de médiateur. Le statut de préposé au perfectionnement de la marine engage celui qui en a la charge. Appointé par le département de la Marine, dégagé de l’Académie, Bouguer est seul responsable de ses jugements et peut ainsi défendre ses positions personnelles.

46Être désigné expert pour juger les projets de prétendants aux récompenses n’interdit pas d’aider les inventeurs. En 1749, Bouguer assiste l’« ingénieur du roi pour les instruments de mathématiques », sans doute Jacques Baradelle [92], constructeur d’un « nouvel instrument pour mesurer les latitudes sur mer ». Le projet est examiné par Le Monnier et Bouguer. Ce dernier s’est même déplacé pour participer au développement de l’instrument. Juge et partie, Bouguer obtient le financement de la fabrication de l’instrument et le remboursement des dépenses occasionnées par son développement [93]. Cette attitude peut nous surprendre ; elle n’a pourtant rien d’exceptionnel à l’époque. On retrouvera quelques années plus tard, pour Le Monnier, des situations analogues [94], qui voient les intérêts privés entrer en conflit avec la parole publique.
Intéressons-nous au style de Bouguer. Voici un rapporteur au ton tranchant et péremptoire, qui n’hésite pas à être cassant. L’avis du commissaire n’est pas discutable. L’autorité et la notoriété de l’expert étouffent d’éventuelles contestations. Relevons ainsi les propos sévères de Bouguer à l’égard du Brestois Duhoulbec, déjà évoqué plus haut : « […] il résulte que ce n’est qu’un galimatias, où il n’y a pas de bon sens, qu’un pilote qui écriroit un tel mémoire mériteroit d’être cassé [95]. »
Bouguer se situe à la charnière entre une ancienne et une nouvelle navigation. En doutant d’un éventuel succès des méthodes horlogères, il n’encourage pas les travaux qui vont à l’encontre de sa propre vision de la navigation. Nous avons indiqué plus haut comment Bouguer élude les méthodes lunaires (dans lesquelles, rappelons-le, les horloges jouent un rôle important) que, pourtant, d’autres académiciens – l’abbé La Caille et Le Monnier – développent à la même époque. Bouguer, mathématicien ouvert aux nouvelles théories, apparaît comme conservateur en ce qui concerne la navigation astronomique. Son Traité de navigation est le dernier à être composé selon un modèle « ancien » qui privilégie un exposé ordonné, presque normalisé des connaissances à acquérir par les marins, mais de manipulation difficile de par son format in-4° et la dispersion des tables dans tout l’ouvrage [96]. Faut-il chercher ici, le poids de la tradition familiale ? Quoi qu’il en soit, les traités de navigation seront par la suite de nature très différente [97].

Ill. 1

Prospectus publicitaire de l’enseigne À l’Observatoire, Baradelle (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21)

Ill. 1

Prospectus publicitaire de l’enseigne À l’Observatoire, Baradelle (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21)

(Photo Guy Boistel.)

Conclusion

47Le cœur du problème est donc bien de savoir quelle fut l’influence de la position de Bouguer sur l’engagement des artistes horlogers durant les années 1750, ou sur le soutien que l’Académie et/ou la Marine pouvaient apporter à ces projets.

48Une étude approfondie et synthétique permettrait de mieux préciser la contribution de Bouguer par rapport à la volonté de Rouillé de rétablir la Marine, en stimulant à sa façon les progrès de la navigation scientifique [98]. Cette histoire compte d’autres acteurs. Patrick Villiers a récemment montré comment, avant Rouillé, Maurepas a favorisé l’ascension de Duhamel du Monceau et comment ce dernier a contribué au développement de l’architecture navale [99]. Une fois nommé au dépôt de la Marine, La Galissonnière travaille de concert avec Rouillé et s’appuie sur les astronomes, géomètres et marins-savants Le Monnier, Bouguer, La Caille, Chabert, pour améliorer le traitement et l’exploitation des observations astronomiques récoltées lors des missions et expéditions scientifiques, la récolte et le transport des plantes, des animaux à bord des navires, etc. [100]. Christian Licoppe a en particulier étudié les travaux de Duhamel du Monceau et de Buffon, confrontés aux pratiques des artistes à propos des études sur les bois de construction navale [101]. Pour cette nouvelle génération de savants et d’académiciens, les connaissances et savoir-faire issus de la pratique traditionnelle ne sont plus suffisants. Dorénavant, les mathématiques et la méthode scientifique priment. Comme les physiciens, nos astronomes et géomètres n’hésitent plus à remettre en cause les pratiques traditionnelles des artistes. Sans doute ce mouvement de « réforme éclairée [102] » explique-t-il en partie la prise de position négative, ferme et tranchée de Bouguer vis-à-vis de l’horlogerie de marine.

49Les horlogers français – Pierre Le Roy l’aîné (1687-1762), son frère Julien Le Roy (1686-1759), son fils Pierre Le Roy (1717-1785) et Ferdinand Berthoud (1727-1807) – ne travaillent à la construction d’horloges marines qu’à partir des années 1753-1754 [103]. Pierre Le Roy (l’aîné) dépose le 18 décembre 1754, au secrétariat de l’Académie, un pli cacheté contenant la « description d’une horloge propre pour l’usage à la mer ». Berthoud l’avait précédé le 20 novembre 1754, en déposant son propre pli cacheté, accompagné d’une « description d’une machine propre à mesurer le tems en mer » [104]. Ces artistes devront attendre une dizaine d’années encore avant de parvenir à construire des horloges capables de résister suffisamment aux agitations des navires, ainsi qu’aux variations de température et d’hygrométrie notamment [105].

50Un autre horloger célèbre et réputé, Jean-André Lepaute, publie en 1755, sans doute avec l’aide de l’astronome Lalande, un Traité d’horlogerie, ouvrage savant dans lequel Nicole-Reine Lepaute, son épouse, fit ses premiers pas de calculatrice [106]. Tous ces fabricants s’inscrivent dans la tradition ouverte par l’horloger Henry Sully, qui, sous la Régence, avait favorisé les échanges franco-anglais en matière d’horlogerie. Sully avait compris toute l’importance de l’instruction des artistes et avait fortement contribué à leur rapprochement avec l’Académie royale des sciences par le biais de la méconnue Société des arts [107], encourageant les échanges entre théoriciens et marins [108].

51À l’époque de Bouguer, il n’existe donc pas encore d’horloges marines fiables, ayant une marche aussi parfaite que l’exigent le problème des longitudes et les critères d’attribution des récompenses. Mais des horlogers – au moins les familles Le Roy et Berthoud – y travaillent. Ces horlogers sont réputés et évoluent dans un cercle proche de l’Académie, but à atteindre pour s’assurer une légitimité institutionnelle et intégrer l’élite de la science [109]. Bouguer ne pouvait manquer de connaître leurs travaux, mais il n’évolue pas dans le cercle de la défunte Société des arts. Les extraits de ses rapports que nous rapportons ici montrent bien qu’il s’agit chez lui d’une position de fond et qu’il ne croit pas en l’avenir de l’horlogerie appliquée à la navigation.

52Pensionnaire de l’Académie, membre de presque tous les jurys académiques chargés de statuer sur les mémoires déposés auprès du département de la Marine, préposé au perfectionnement de la navigation, Bouguer est l’image même de l’expert incontournable. L’opinion négative du préposé au perfectionnement de la marine était connue et n’était pas de nature à encourager l’Académie à soutenir les efforts en horlogerie de marine au cours des années 1750 [110]. Notons qu’à la même époque, les deux astronomes en position d’infléchir l’Académie sur ces questions, La Caille et Le Monnier, se déchirent dans des querelles personnelles concernant la défense de leurs propres méthodes : La Caille et les distances lunaires, Le Monnier et sa méthode de l’angle horaire mise en œuvre par le père Pingré dans les éphémérides de l’État du ciel, publiées entre 1754 et 1757. Le poids académique de Lalande n’est pas encore suffisant ; César-François Cassini de Thury et Guillaume-Hyacinthe-Joseph-Jean-Baptiste Legentil de la Galaisière ne s’impliquent guère dans ces questions.
Il faudra attendre la remise du prix britannique des longitudes à Harrison, en 1765, pour sa montre à longitudes [111]. Ce véritable « électrochoc » décide (enfin) l’Académie royale des sciences à favoriser, par tous les moyens, des missions de mise en œuvre et d’étude des méthodes de navigation astronomique et chronométrique [112]. Après l’épisode Harrison de 1765, l’Académie implique fortement les constructeurs dans l’organisation des expéditions scientifiques. Pierre Le Roy et Berthoud sont ainsi placés sur un rang de quasi-égalité avec les astronomes dans le contrôle des observations de la marche des montres marines à l’aide des distances lunaires [113]. Berthoud et Pierre Le Roy sont très actifs et produisent à leur tour des traités savants [114]. Berthoud, par exemple, est l’auteur de deux grands traités de navigation, en 1773 et 1775 [115], assurant la promotion de ses montres marines, ouvrages qui auraient pu être composés par un professeur d’hydrographie ou même un astronome. Bien plus, ces deux traités de Berthoud sont plus consistants et pertinents que L’Astronomie nautique lunaire que Le Monnier publia en 1771. Berthoud est parfaitement au courant des meilleures méthodes de l’astronomie nautique ; il peut lui-même construire ses tables astronomiques et développer, dans les années 1770, les méthodes mathématiques idoines dans des ouvrages de haute tenue.
L’influence négative que nous attribuons ici à la position de Bouguer a été sans doute adoucie par l’action efficace et constructive de La Galissonnière à la direction du dépôt de la Marine. Celui-ci a su s’entourer de marins savants compétents et décidés à faire progresser la navigation astronomique, comme le marquis de Chabert, par exemple [116].
Il reste à exhumer d’innombrables mémoires et correspondances dans les archives de la Marine. Leur étude permettrait d’affiner encore notre regard sur ces questions délicates.


Annexe 1

Liste des publications de Pierre Bouguer, sous son statut de préposé au perfectionnement de la marine (1745-1758)

531746 – Traité du navire, de sa construction et de ses mouvements[117] (Paris : Jombert), 682 p. [bibliothèque municipale de Nantes, 19.607*rouge].

541748 – Éclaircissements sur le problème de la mâture des vaisseaux, Histoire de l’Académie royale des sciences (HARS dans la suite), année 1745 (Paris, 1749), Mémoires (Mém. dans la suite), 309-329. Lu à l’Académie les 22 et 27 mars 1748.

551750 – Sur une nouvelle construction de Loch, avec des remarques sur l’usage des autres instruments qui peuvent servir à mesurer le sillage des navires, HARS 1747 (Paris, 1752), Mém., 644-665. Lu à l’Académie les 19 et 22 août 1750.

561751 – Remarques sur les observations de la parallaxe de la Lune, qu’on pourrait faire en même temps en plusieurs endroits, avec la méthode d’évaluer les changements que cause à ces parallaxes la figure de la Terre, HARS 1751 (Paris, 1755), Mém., 64-86. Lu à l’Académie le 18 août 1751.

571752 – Mémoire sur les opérations nommées corrections par les Pilotes ; avec diverses remarques qui peuvent être utiles dans les parties pratiques des mathématiques, HARS 1752 (Paris, 1756), Mém., 1-26. Lu les 16 et 19 août 1752.

581753 – Nouveau traité de navigation contenant la théorie et la pratique du pilotage [118] (Paris : Guérin et Delatour), 442 p. [Nantes, 19.671*rouge].

591755 – Solution des principaux problèmes de la manœuvre des vaisseaux, HARS 1754 (Paris, 1759), Mém., 342-369. Lu à l’Académie le 22 février 1755.

601755 – Second mémoire sur les principaux problèmes de la manœuvre des vaisseaux, HARS 1755 (Paris, 1761), Mém., 481-495. Lu le 26 juillet 1755.
1757 – De la manœuvre des vaisseaux, ou Traité de méchanique et de dynamique, dans lequel on réduit à des solutions très simples les problèmes les plus difficiles qui ont pour objet le mouvement du navire (Paris : Guérin et Delatour), 520 p.

Annexe 2

Liste (non exhaustive) des rapports sur les méthodes de longitudes en mer pour lesquels Pierre Bouguer fut commissaire

61Sources : Archives nationales, fonds Marine (AN, MAR) ; Procès-verbaux des séances de l’Académie royales des sciences (PV ARS) ; fonds de l’Académie royale de marine à Brest (service historique de la Défense, fonds Marine, à Vincennes ; SHD V). Ces rapports ont été oubliés ou ignorés par Gilles Maheu [119].

621745 (22 décembre). PV ARS, t. 64, 321-323 : rapport de Pierre Bouguer et Louis Duhamel du Monceau sur Le Parfait pilote de M. Mandillo qui propose une méthode pour les longitudes à l’aide des boussoles. Les commissaires rejettent le projet. Il existe des suites de la présentation de cet ouvrage. En 1755, est présentée au ministre une « division en deux parties de la découverte des longitudes faite par M. Mandillo, capitaine de vaisseau Ganois, au moyen d’une boussole universelle magnétique et d’un planisphère magnétique » (AN, MAR, 3/JJ/16, pièce 56). En note, il est précisé : « On sait que Mandillo a fait imprimer cet ouvrage en 1754 ou 1755 à Paris chez Boudet et que le public n’a point goûté l’ouvrage qui est tombé. » Le projet de Mandillo est repris par un certain Maupin en 1757.

631747 (1er juillet). PV ARS, t. 66, 307, mémoire de l’abbé Ferretti, « Solution d’un problème sur les longitudes », mémoire déposé le 21 avril 1747 ; la méthode est basée sur la déviation de l’aiguille aimantée. Rapport négatif de Bouguer et de Le Monnier (AN, MAR 3/JJ/7, pièce 3).

641748 (24 février). PV ARS, t. 67, 66-69, mémoire de Chabert-Cogolin, sur la longitude de Buenos Aires. Le rapport est signé Bouguer et Le Monnier, et il est très positif.

651749. Baradelle (Jacques ?) [120], « ingénieur du Roi pour les instruments de mathématiques, demeurant sur le quay de l’horloge à Paris », « Mémoire sur un nouvel instrument pour mesurer les latitudes sur mer », mémoire soutenu par Le Monnier et Bouguer. Rapport de Bouguer (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21), qui s’est même déplacé pour aider Baradelle au développement de cet instrument.

661749 (décembre). L’auteur est répertorié comme anonyme. Il s’agit d’un mémoire sur la longitude à l’aide d’horloges. Rapport négatif de Bouguer (AN, MAR G/94, fol. 88 – 89 r°) : lettre de Bouguer datée du 13 décembre 1749. Le rapport est remis le 17 décembre 1749, sur ce mémoire d’abord transmis à Duhamel qui, devant s’absenter, l’a lui-même donné à Bouguer pour qu’il le regarde.

67Des recoupements permettent d’identifier l’auteur qui est en fait un Brestois, Le Maignan Duhoulbec (fils), enseigne de vaisseau. Dans une lettre datée du 8 décembre 1749, il demande à rester (et non à y être affecté comme l’indique l’index des AN, 1990, op. cit., 82) au port de Brest (AN, MAR, G/94, fol. 90). Le mémoire n’est plus conservé dans ces archives. La méthode proposée par Duhoulbec est fondée sur l’emploi d’horloges supposées exactes.

681750. Suite de l’examen d’un second mémoire proposé par Duhoulbec. Rapport de Bouguer et Duhamel le 3 juin 1750 : le nouveau mémoire est refusé (AN, MAR G/94, fol. 91). « Sentiment de Mrs Bouguer et Duhamel sur un mémoire anonyme intitulé Essay pour déterminer les longitudes daté du 11 mai 1750. » Après avoir signifié son refus, Bouguer fait référence au prix de 1725 sur la perfection des sabliers, pour lequel Daniel Bernoulli donna de bonnes idées mais se garda bien de prétendre à quelque précision pour la recherche des longitudes. Ce mémoire est à recouper avec le carton (AN, MAR, 3/JJ/7, pièce 24) (s.d.) : « Essay sur la longitude », rapport de Bouguer et de Duhamel du Monceau.

691750 (mai). Spero Meliora. Ce prétendant au prix des longitudes transmet le 11 mai 1750, un « Essai sur la détermination des longitudes à l’aide d’horloges à sable ». Le rapport de Bouguer est négatif, pour les mêmes raisons qu’indiquées précédemment et sur lesquelles il n’insiste plus (AN, MAR, G/94, fol. 92-95). Le mémoire porte simplement la mention « refusé ».

701750 (9 juin). Jean-Baptiste Coignard, marin de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, propose une méthode pour les longitudes à l’aide d’horloges. Refus de Bouguer (AN, MAR, 3/JJ/7, pièce 12). Le mémoire est adressé à Rouillé et concerne « le point fixe de la longitude sur terre et sur mer » à l’aide d’un sablier (sic) de 4 heures et d’une bonne montre donnant les heures et les minutes. Le rapport de Bouguer est daté du 17 juillet 1750 (rue des Postes). Bouguer écrit que la méthode a déjà été proposée une infinité de fois, avec des horloges dont l’auteur imagine seulement la régularité. Bouguer précise simplement que la méthode employant un sablier est totalement inutile.

711751 (26 juin). PV ARS, t. 70, 379, ouvrage de Gabriel de Bory (navigation) ; Bouguer signe le rapport avec Duhamel. Bory présente des additions au traité sur le quartier de réflexion de d’Après de Mannevillette. Cité par Gilles Maheu, nous ne le mentionnons ici que pour mémoire.

721752 (26 avril). PV ARS, 224-225, de Bruhaud sur les longitudes à l’aide de pendules. Selon Maheu, Bouguer est seul commissaire. En fait, le rapport est signé par Bouguer et Camus. Il s’agit d’une pendule à équation de Berthoud. Mais comme précédemment, la méthode est impraticable en mer.

731752 (6 septembre). PV ARS, 487-489, rapport favorable de Bouguer, La Galissonnière et Le Monnier à la publication de l’ouvrage du marquis de Chabert, Voyage fait par ordre du roi en 1750 et 1751, dans l’Amérique septentrionale […] pour en fixer ses principaux poins par des observations astronomiques (Paris : Impr. royale, 1753). Dans ce mémoire, loué par les commissaires pour ses qualités scientifiques et la consistance des calculs effectués par son auteur, Chabert emploie toutes les méthodes connues pour déterminer les longitudes, à partir d’observations essentiellement terrestres.

741755 (14 mai). PV ARS, 332-334, mémoire d’un dénommé Martin sur plusieurs méthodes de longitudes. Le rapport est signé Joseph-Nicolas Delisle et Bouguer. Dans son mémoire soumis à l’Académie, Martin suggère plusieurs « secrets » pour la détermination des longitudes, dont une méthode basée sur l’utilisation de la boussole, et une méthode supposant l’emploi d’horloges de marche régulière. Martin propose de tester le fonctionnement de plusieurs horloges dans différentes mers, calme, houleuse et formée, afin de déterminer les retards ou avances dans toutes les conditions météorologiques possibles (cela suppose donc que les écarts soient reproductibles).
1756 (18 décembre). PV ARS, 572-573, Mémoire du comte de Créqui-Frohant sur la navigation. Rapport de Bouguer avec Dortous de Mairan et François Nicole. Créqui propose de relier deux navires par un pont un peu à la manière d’un catamaran. Bouguer refuse le mémoire : « […] on ne doit rien attendre d’utile pour la Marine dans l’assemblage de deux navires mis à côté l’un de l’autre. »
1757 (30 juillet). PV ARS, 489, transmission d’un mémoire anglais par Clairaut : « M. Clairaut [directeur] a présenté un écrit de Mons. Irwin, gentilhomme irlandais sur les longitudes, renvoyé par M. de Moras ; on a nommé pour l’examiner, MM. Bouguer et l’abbé de La Caille. » La méthode n’est pas indiquée, mais l’auteur, Christopher Irwin (fl. 1758-1763) est connu pour avoir inventé une « chaise marine », destinée à stabiliser l’observateur pour qu’il puisse, lors de l’observation des éclipses, conserver Jupiter et ses satellites dans le champ d’une lunette astronomique embarquée à bord d’un navire. L’invention sera testée tout au long de la décennie 1760-1770. Le voyage académique d’essais de la frégate La Flore en 1771 et celui qu’entreprend Nevil Maskelyne vers les Barbades en 1773-1774 mettront fin à l’espoir représenté par cette invention.

Annexe 3

Mémoire sur un nouvel instrument pour observer la latitude sur mer, par Baradelle (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21)

75« L’observation des astres ayant toujours été regardée comme la partie la plus importante du Pilottage, on a travaillé de tous têms à inventer des Instruments qui pussent la rendre exacte. L’arbalestrille et le quartier anglois sont les premiers dont on a fait usage ; le quartier anglois, surtout, a été fort estimé ; cependant les deffauts dont il est susceptible ayant causé de grandes erreurs dans la connoissance de la latitude, le Roy d’Angleterre chargea un sçavant astronome anglois nommé M. Halley, de tacher de perfectionner cet instrument, ou d’en inventer un autre. Dans cette vûë, M. Halley fit un voyage sur Mer et imagina un quartier anglois à réflexion [121]. La célébrité du nom de l’auteur, et la nouveauté de l’invention gagnèrent d’abord l’estime des Marins et, sans trop d’examen, lui valurent leur suffrage ; mais l’usage qu’on en fit sur Mer ne répondit pas à l’idée qu’on en avoit conçuë ; on s’apperçut que la façon de tenir cet instrument étoit très pénible, et que les coups d’opérations, n’ayant pas assés d’étenduë jettoient dans de grandes erreurs. En France, où on en construit, on a reconnu les mêmes inconvénients que la figure seule de l’instrument décelle.

Ill. 2

Mémoire sur un nouvel instrument pour observer la latitude sur mer, par Baradelle (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21)

Ill. 2

Mémoire sur un nouvel instrument pour observer la latitude sur mer, par Baradelle (AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21)

76« Voulant mettre l’idée de M. Halley à profit, un des plus célèbres Physiciens d’Angleterre (M. Caleb Smith [122]) a été sollicité de le perfectionner et le succès a surpassé ce que l’on devoit même attendre de ce grand homme. Son instrument a une grande portée, et rien n’est plus aisé que la façon de s’en servir ; aussi tous les Sçavans et Marins anglois en font un grand éloge. Ils assurent qu’il n’est pas possible qu’on puisse observer les astres avec plus de facilité et de certitude. C’est ce qui paroist dans un écrit anglois, où l’on donne la description et l’usage de cet instrument, remply de certificats les plus avantageux.

77« Une découverte aussi utile ne pouvoit pas être longtêms ignorée en France. Plusieurs Marins et plusieurs Sçavans souhaittèrent qu’un Ingénieur des Instruments de Mathématiques voulut le mettre à execution. On s’adressa en 1749 au Sr Baradelle ; comme cette execution demandoit de grandes dépenses, celui-cy n’osa en faire l’entreprise sans une espèce de certitude de la bonté de l’instrument. Les informations qu’il fit à cet égard, le déterminèrent mais ce qui le gagna entièrement, ce furent les sollicitations particulières de Messieurs Le Monnier et Bouguer, membres distingués de l’Accadémie Royale des Sciences. Mr Bouguer voulut même mettre la main à l’œuvre, et se transporta à cette fin chez le Sieur Baradelle, pour l’aider dans son travail. Enfin, par beaucoup d’essays, l’instrument est exécuté avec la dernière justesse et précision.

78« Après bien des dépenses, des faux frais et de travail, le Sieur Baradelle seroit-il autorisé à süplier très humblement Monseigneur Le Ministre de la Marine, d’ordonner que l’Accadémie Royale des Sciences examine son ouvrage, pour en faire son raport, à fin de lui donner, s’il le mérite, toute l’authenticité necessaire pour mériter la confiance des Marins. C’est l’objet de ce Mémoire. »


Mots-clés éditeurs : horloges et montres de marine, Pierre Bouguer, expertise, longitudes, navigation, commissaire pour la Marine, Académie royale des sciences

Date de mise en ligne : 15/06/2010

https://doi.org/10.3917/rhs.631.0121

Notes

  • [*]
    Guy Boistel, Centre François Viète, Faculté des sciences et des techniques, 2, rue de la Houssinière, BP 92208, 44322 Nantes Cedex 3.
    E-mail : guy.boistel@orange.fr
  • [1]
    Guy Boistel, « L’astronomie nautique au xviiie siècle en France : Tables de la Lune et longitudes en mer », thèse de doctorat (univ. de Nantes, Centre François Viète, 2001), commercialisée par l’Atelier national de reproduction des thèses (ANRT, univ. Lille-3), partie I (thèse récompensée par le prix André-Jacques Vovard 2002 de l’Académie de marine). Voir Frédéric Marguet, Histoire générale de la navigation, xve - xxe siècle (Paris : Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1931), ouvrage qui demeure une référence en la matière.
  • [2]
    John David North, The satellites of Jupiter, from Galileo to Bradley, in The Universal frame (London : Hambledon Press, 1989), 185-214.
  • [3]
    Id., Old and new questions in physics, cosmology, philosophy and theoretical physics (New York : A. Van der Merwe, Plenum, 1983), 689-717.
  • [4]
    Charles Wolf, Histoire de l’Observatoire de Paris, Revue scientifique de la France et de l’étranger, 49 (1872), 1149-1159. Paul Couderc, Histoire de l’Observatoire de Paris, L’Astronomie (avril 1968), 149-168. René Taton, Les origines et les débuts de l’Observatoire de Paris, Vistas in astronomy, 20 (1976), 65-71. Raymonde Barthalot, The story of Paris Observatory, in Sky & telescope, 59/2 (February 1980), 100-107.
  • [5]
    Traduit et mentionné par Bruno Morando, L’observatoire royal de Greenwich à Greenwich et à Hermontceux, LAstronomie (mai 1971), 185-205.
  • [6]
    Eric Gray Forbes, Index of the Board of longitude papers at the Royal Greenwich Observatory, part I, Journal for the history of astronomy, vol. I, part I (1970), 169-179. Derek Howse, Le Bureau britannique des longitudes, LAstronomie, 92 (octobre 1978), 413-425. Peter Johnson, The Board of longitude, 1714-1828, Journal of the British Astronomical Association, 99/2 (1989), 63-69. Voir aussi Philippe Despoix, Mesure du monde et représentation européenne au xviiie siècle : Le programme britannique de détermination de la longitude en mer, Revue d’histoire des sciences ( RHS par la suite), LIII/2 (2000), 205-233.
  • [7]
    Anne Stuart (1665-1714), reine de Grande-Bretagne de 1702 à 1714. Le Longitude Act est signé dans la douzième et dernière année de son règne.
  • [8]
    Une traduction de cet acte se trouve aux Archives nationales (Paris), fonds Marine (AN, MAR par la suite), G91, fol. 20 (3 pages), s.l.n.d.
  • [9]
    Selon Jérôme Lalande ( Connaissance des temps (CDT par la suite) pour l’année 1767, 205), 20 000 livres sterling valent 469 670 livres de France. 1 livre sterling vaut environ 23,50 livres de France en 1765. Les prix octroyés par le Board of longitude sont de 3 000 livres sterling, soit 70 451 livres de France, et de 500 livres sterling, soit 11 742 livres de France. Edme-Sébastien Jeaurat estime à 68 500 livres de France le prix de 3 000 livres sterling attribué à la veuve de Mayer (CDT 1786 (Paris, 1783), 198-199), ce qui donne 1 livre sterling = 22,80 livres de France environ en 1783.
  • [10]
    Derek Howse, Greenwich time and the discovery of the longitude (New York : Oxford University Press, 1980), 47-51.
  • [11]
    Id., art. cit. in n. 6, 415. Voir aussi Jim Bennett, The travels and trials of Mr Harrison’s timekeeper, in Marie-Noëlle Bourguet, Christian Licoppe, Heinz Otto Sibum (eds.), Instruments, travel and science : Itineraries of precision from the seventeenth to the twentieth century (London – New York : Routledge, 2002), 75-95.
  • [12]
    Danielle Fauque, Origines du Bureau des longitudes, Cahiers Clairaut, 55 (1991-1992), 34-39 ; 56 (1991), 31-37 ; 57 (1992), 31-37. Bruno Morando, Un moment d’histoire : La création du Bureau des longitudes en 1795, Conférences de la Société philomathique de Paris, 3 (1993), 23-44. Jean-Marie Feurtet, « Le Bureau des longitudes (1795-1854), de Lalande à Le Verrier », thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe (École nationale des Chartes, 2005).
  • [13]
    L’abbé Jean de Hautefeuille (1647-1724) fut écrivain et physicien. Il étudia l’horlogerie et présenta à l’Académie des sciences, en juillet 1674, son invention du ressort d’acier.
  • [14]
    Bernard Renau d’Elisagaray (1652-1719), engagé dans la marine, fut de 1679 à 1684 conseiller auprès du marquis de Seignelay, de Colbert et de l’amiral de Tourville. Il est l’auteur en 1689 d’une Théorie de la manœuvre des vaisseaux. Académicien honoraire en 1699, il est proche des idées du père Malebranche.
  • [15]
    Maître d’hydrographie à Brest à la fin du xviie siècle. Il est l’auteur en 1693 d’un Abrégé du pilotage qui sera réédité et prétendument révisé par Pierre-Charles Le Monnier en 1766 (Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, 105-113).
  • [16]
    Jean-Paul Bignon (1662-1743), bibliothécaire du roi, neveu de Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727), et cousin de Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781), futur ministre de la Marine (de 1723 à 1749). Bignon est à l’origine du renouvellement du règlement de l’Académie royale des sciences en 1699, dont il fut le premier président.
  • [17]
    Principales références : Ernest Maindron, Les Fondations de prix à l’Académie des sciences : Les lauréats de l’Académie, 1714-1880 (Paris : Gauthier-Villars, 1881), 13-23 ; Michelle Lardit, « Les concours de l’Académie royale des sciences », mémoire de maîtrise d’histoire (univ. Paris-I – Panthéon-Sorbonne, 1997), 16 sq. (archives de l’Académie des sciences).
  • [18]
    Jean-Baptiste Rouillé, comte de Meslay (15 avril 1656-13 mai 1715).
  • [19]
    Testament daté du 12 mars 1714, déposé le 7 septembre. Michelle Lardit reproduit en annexe et dans son intégralité le testament de Rouillé de Meslay (Lardit, op. cit. in n. 17, 124-130) provenant de la bibliothèque historique de la Ville de Paris. Les longitudes sont traitées dans un article à la page 127 de son mémoire.
  • [20]
    Remarquons qu’à cette époque, on ne sait pas si la quadrature du cercle peut être ou non résolue. Voir Marie Jacob, La Quadrature du cercle : Un problème à la mesure des Lumières (Paris : Fayard, 2006).
  • [21]
    Lardit, op. cit. in n. 17, 16-17.
  • [22]
    Gilles Maheu, La vie scientifique au milieu du xviiie siècle : Introduction à la publication des lettres de Bouguer à Euler, RHS, XXIX/3 (1966), 211 ; Maindron, op. cit. in n. 17, 13, note 28.
  • [23]
    Maheu, art. cit. in n. 22, 211 ; Maindron, op. cit. in n. 17, 14, note 28.
  • [24]
    Voir Liliane Hilaire-Pérez, L’Expérience de la mer : Les Européens et les espaces maritimes au xviiie siècle (Paris : Seli Arslan, 1997), 217-224 et Abel Poitrineau, Article Law (John), Encyclopædia universalis, édition 1993 (Paris), Corpus, t. 13, 542-543. La création autorisée en 1716 par le Régent d’une banque royale et l’émission de papier monnaie conduit en 1719 à la création de la Compagnie des Indes françaises. L’échec du système de Law en 1720 ne profita qu’à cette compagnie, qui fit construire ses vaisseaux en France et à l’étranger, jusqu’à ce que le port de Lorient lui soit confié. De 1715 à 1724, la Compagnie passe de 24 à 75 vaisseaux alors que le délabrement de la Marine royale s’accroît. Donna-t-il un moyen aux navigateurs de gagner plus facilement de l’argent ? Comment cette faillite eut-elle des conséquences sur la fondation du prix Rouillé de Meslay ? Maheu (1966a) ne livre pas ici toutes ses sources.
  • [25]
    Roger Hahn, Anatomie d’une institution scientifique : L’Académie des sciences de Paris (Paris : Éditions des archives contemporaines, 1993), 205-206, note 98, 206.
  • [26]
    Jean-Étienne Montucla, Histoire générale des mathématiques (Paris, 1803), t. IV, 551. L’ouvrage a été achevé et édité par Lalande. Il pourrait paraître curieux que ce dernier ait laissé passer cette erreur.
  • [27]
    Philippe, duc d’Orléans (Saint-Cloud, 4 août 1674 – Versailles, 2 décembre 1723) à la mort de Monsieur, son père et frère de Louis XIV. Au décès de Louis XIV, il obtient en septembre 1715, avec le titre de Régent, la présidence du Conseil de régence et la tutelle du futur roi Louis XV, alors âgé de 5 ans seulement. Il exerce ses fonctions jusqu’au 16 février 1723, date de la majorité légale du jeune Louis XV, âgé de 13 ans. Philippe d’Orléans devient ensuite Premier ministre du roi le 11 août 1723.
  • [28]
    Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657-1757), secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de 1697 à 1740 ; premier pensionnaire-secrétaire nommé par Louis XIV le 28 janvier 1699 ; mathématicien et philosophe.
  • [29]
    Maindron, op. cit. in n. 17, 23. Le texte original se trouve dans les procès-verbaux des séances de l’Académie royale des sciences (PV ARS), 1716, samedi 21 mars, fol. 99 r°-v° (Gallica).
  • [30]
    Une piste de réflexion possible est constituée par le rapprochement avec l’Angleterre qu’opèrent, entre 1716 et 1721, Philippe d’Orléans et surtout l’abbé Guillaume Dubois (1656-1723) – conseiller d’État puis ministre des Affaires étrangères –, pour freiner les prétentions de Philippe V d’Espagne au trône de Louis XIV.
  • [31]
    Bernard Le Bovier de Fontenelle, À la recherche des longitudes en mer, Histoire de l’Académie royale des sciences pour l’année 1722, avec les mémoires […] (HARS par la suite) (Paris, 1724), Histoire, 96-107.
  • [32]
    Ibid., 102.
  • [33]
    Fontenelle, op. cit. in n. 31, 107.
  • [34]
    Maindron, op. cit. in n. 17, 23 : Maindron ne cite aucune autre référence que cette lettre.
  • [35]
    André Picciola, Le Comte de Maurepas : Versailles et l’Europe à la fin de l’Ancien Régime (Paris : Perrin, 1999), 95 sq. Cet auteur cite un extrait d’un mémoire postérieur à 1715, intitulé « Principes sur la marine » (archives Phélypeaux de Pontchartrain, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits) : « M. le comte de Pontchartrain […] connaissait la marine, il en voulait le bien, mais il trouva tout contre lui. Des finances épuisées, le commerce éteint, une guerre à soutenir, des intrigues de cour à combattre et la prévention si ordinaire et si injuste qui rejette sur la conduite des ministres le malheur des temps dont ils ont souvent paré une partie. »
  • [36]
    Picciola, op. cit. in n. 35, 105.
  • [37]
    Voir par exemple Danielle Fauque, Les écoles d’hydrographie en Bretagne au xviiie siècle, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. LXXVIII (2000), 369-400. Anthony John Turner, Advancing navigation in eighteenth-century France : Teaching and instrument-making in the port of Rochefort, Mariner’s mirror, 91/4 (2005), 531-547.
  • [38]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, pour une histoire complète et inédite des conditions dans lesquelles ce poste à été créé en septembre 1739 par Maurepas et l’action de ces académiciens.
  • [39]
    Guy Boistel, Pierre-Louis Moreau de Maupertuis : Un inattendu préposé au perfectionnement de la navigation (1739-1745), Annales 2003 de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo (2004), 241-261.
  • [40]
    Un pensionnaire de l’Académie royale des sciences reçoit une pension de 1 200 livres.
  • [41]
    Guy Boistel, La Lune au secours des marins : La déconvenue d’Alexis Clairaut, Les Génies de la science, 25 (novembre 2005 - février 2006), 28-33 ; Id., Au-delà du problème des trois corps : Alexis Clairaut et ses tables à vocation nautique (1751-1765), in Anne Bonnefoy et Bernard Joly (éd.), Actes du congrès d’histoire des sciences et des techniques (Poitiers, 20-22 mai 2004), Cahiers d’histoire et de philosophie des sciences, hors-série (2006), 20-29. Voir aussi Boistel, op. cit. in n. 1, partie IV, pour une étude des tables de la Lune de Clairaut et de leur diffusion auprès des astronomes.
  • [42]
    Lettre de Clairaut à John Bevis, Gentleman’s magazine, XXXV (1765), 208, traduite et présentée par Boistel, op. cit. in n. 41 (2nde référ.), 28-29.
  • [43]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I, 103-113.
  • [44]
    AN, MAR, G/86, fol. 97, lettres au ministre du 12 avril 1762, et fol. 98, 7 mai 1763.
  • [45]
    François Russo, L’hydrographie en France aux xviie et xviiie siècles : Écoles et ouvrages d’enseignement, in René Taton (éd.), Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle (Paris : Hermann, 1964), rééd. (1986), 439.
  • [46]
    Une étude approfondie sur la vie et l’œuvre de Le Monnier reste à écrire. Voir Michelle Chapront-Touzé, Aspects de l’œuvre et de la vie de Pierre-Charles Le Monnier, astronome et académicien, collègue de Grandjean de Fouchy, RHS, LXI/1 (2008), 89-103.
  • [47]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I pour son œuvre en tant que préposé au perfectionnement de la marine ; partie II pour une histoire inédite de la Connoissance des temps ; partie III pour le rôle joué par Lalande dans la diffusion de méthodes alternatives à la méthode des distances lunaires ; partie IV pour la contribution de Lalande à la diffusion des tables de la Lune de Clairaut.
  • [48]
    Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au xviiie siècle : Les espaces maritimes, guerre-administration-exploration (Paris : SEDES, 1996), 110-113. La Compagnie des Indes emploie des officiers de la plus grande qualité : Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette (ibid., 111-112). Voir aussi Philippe Haudrère, La Compagnie des Indes au xviiie siècle, 1719-1795 (Paris : Librairie de l’Inde, 1989), 4 vol., ici t. 2, 546-547. Du même auteur, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette et les progrès de la connaissance dans l’océan Indien au xviiie siècle, d’après les routiers et les cartes françaises, Revue française d’histoire du livre, 94-95 (1997), 53-62.
  • [49]
    Danielle Fauque, Pierre Bouguer (1698-1758), figure emblématique ou savant singulier ? Un itinéraire sous les regards croisés des chercheurs d’aujourd’hui, in Bernard Joly et Vincent Jullien (dir.), Actes du congrès d’histoire des sciences et des techniques, Lille, 24-26 mai 2001, Cahiers d’histoire et de philosophie des sciences, hors-série (2004), 93-96.
  • [50]
    Une lettre de la marquise du Deffand à Maupertuis, datée du samedi 29 avril 1749, indique que Rouillé est nommé à la place de Maurepas, le vendredi 28 avril 1749. Maurepas est démis le jeudi 27 avril 1749 et non le 29 avril comme on peut le lire couramment dans les notices biographiques (Georges Hervé, Les correspondantes de Maupertuis, suivi des Lettres de Mme du Deffand à Maupertuis, Revue de Paris, n° 20 (15 octobre 1911), 776). Sur les activités de Rouillé au ministère de la Marine, voir Michel Allard, Antoine-Louis Rouillé, secrétaire d’État à la Marine (1749-1754) : Progrès scientifique et marine, RHS, XXX/2 (1977), 97-103.
  • [51]
    AN, MAR, C/7/40, fol. 22 v° - 23 r°.
  • [52]
    Vergé-Franceschi, op. cit. in n. 48, 113-120.
  • [53]
    Lettre de Pierre Bouguer à Maurepas, du Croisic, le 1er janvier 1726, lettre donnée par M. de la Gournerie, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences (CRAS par la suite), LXXXII (1876), 484-486. Cette lettre se trouve aux Archives nationales, dans le dossier personnel de Bouguer, sous la cote C/7/40. Voir aussi Danielle Fauque, Du bon usage de l’éloge : Cas de celui de Pierre Bouguer, RHS, LIV/3 (2001), 351-382 et 364 en particulier. Voir aussi l’article de Danielle Fauque dans ce numéro.
  • [54]
    Voir Danielle Fauque, The introduction of the octant in eighteenth-century France, in Remmelt Daalder, Frits Loomeijer, Diederik Wildeman (dir.), Koersvast : Vijf eeuwen navigatie op zee (Zaltbommel : Uitgeverij Aprilis, 2005), 95-104.
  • [55]
    Pierre Bouguer, De la mâture des vaisseaux (Paris, 1727) ; il fut réédité en 1752 dans le premier tome des Recueils des pièces qui ont remporté les prix à l’Académie royale des sciences. Id., De la méthode d’observer exactement sur mer la hauteur des astres (Paris, 1729). Id., De la méthode d’observer en mer la déclinaison de la boussole (Paris, 1731). Sur la mâture des vaisseaux, voir Pierre Lamandé, Théorie et pratique maritimes dans deux textes de Pierre Bouguer sur la mâture des vaisseaux, Science et techniques en perspective, IIe série, n° 3, fasc. 2 (1999), 365-396.
  • [56]
    Maheu, art. cit. in n. 22, 210.
  • [57]
    Pierre Bouguer remplaça son père, Jean Bouguer, au poste de maître de mathématiques et d’hydrographie à l’école d’hydrographie du Croisic. Voir Danielle Fauque, Les écoles d’hydrographie en Bretagne au xviiie siècle, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, LXXVIII (2000), 369-400. Id., Du bon usage de l’éloge […], op. cit. in n. 53. Voir aussi Roland Lamontagne, La contribution de Pierre Bouguer à la marine, Revue d’histoire de l’Amérique française, XVII/1 (1963), 87-92.
  • [58]
    D’après Gilles Maheu, Bibliographie de Pierre Bouguer (1698-1758), RHS, XIX/3 (1966), 195-198 ; Jean Dhombres, Mettre la géométrie en crédit : Découverte, signification et utilisation du métacentre inventé par Pierre Bouguer, Science et techniques en perspective, IIe série, n° 3, fasc. 2 (1999), 360-362.
  • [59]
    Jean Bouguer, auteur d’un Traité complet de navigation (Nantes : P. de Heugueville, 1698), réédité en 1706 à Paris, à Nantes et au Croisic.
  • [60]
    Voir Jérôme Lamy, Le problème des longitudes en mer dans les traités d’hydrographie des jésuites aux xviie et xviiie siècles : Choix méthodologiques et pratiques instrumentales, Histoire & mesure, XXI/2 (2006), 95-120, pour une mise en parallèle des contenus des traités des jésuites et du traité de navigation de Pierre Bouguer.
  • [61]
    Voir François Russo, L’hydrographie en France aux xviie et xviiie siècles, in Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle, René Taton (dir.) (Paris : Hermann, 1986), 419-440. Voir aussi le toujours précieux François de Dainville, L’Éducation des jésuites (Paris : Éd. de Minuit, 1978), et en particulier, la partie « Enseignement des sciences », 311-423.
  • [62]
    Xavier Lefort, Mathématiques et navigation : Le traité de Pierre Bouguer de 1753, in Contribution à une approche historique de l’enseignement des mathématiques (Nantes : Univ. de Nantes, IREM des Pays de la Loire, 1999), 67.
  • [63]
    Dès 1749 et 1750, les marins Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette et Joseph-Bernard Cogolin, marquis de Chabert, essayent en mer et à terre les distances lunaires pour la détermination des longitudes, envisagées quelques années auparavant par La Caille dans son édition des Éphémérides des mouvemens célestes pour la décennie 1745-1755 (Paris, 1743). En 1754, La Caille donne à l’Académie un projet d’almanach nautique ; à la même époque, Le Monnier et Pingré travaillent aux éphémérides lunaires de L’État du Ciel (Paris, 1754-1757). Voir Boistel, op. cit. in n. 1, parties II et III et infra.
  • [64]
    Lefort, art. cit. in n. 62, 59-67.
  • [65]
    Guy Boistel, Le problème des « longitudes à la mer » dans les principaux textes d’astronomie nautique en France autour du xviiie siècle, Science et techniques en perspective, IIe série, vol. 3, fasc. 2 (1999), 253-284.
  • [66]
    Ibid. : la révision in-octavo de La Caille n’améliore pas vraiment le maniement de cet ouvrage. Le format n’est pas seul en cause. Dans la version originale, les tables sont dispersées dans tout le corps de l’ouvrage. Si elles sont en partie regroupées dans l’édition de La Caille (Paris, 1760), l’addition de multiples notes en rend la lecture fastidieuse et double quasiment le nombre d’articles et de pages. Si riche que soit l’édition de La Caille, l’ouvrage reste lourd pour un simple marin.
  • [67]
    Étienne-Nicolas Blondeau (1723-1783). Le projet de Blondeau est déposé au secrétariat de l’Académie royale des sciences (ARS par la suite) le 11 février 1764. Le rapport est signé Clairaut et Le Monnier le 14 mars 1764 (PV ARS, 1764, t. 83, 14 mars et 21 juillet 1764 et pochette de séance du 17 novembre 1764). Voir l’article de Liliane Alfonsi dans ce numéro.
  • [68]
    Jean Dhombres et Larrie Ferreiro ont récemment donné une analyse des travaux de Bouguer sur la construction navale. Voir Dhombres, art. cit. in n. 58, 305-363 ; on y trouvera une chronologie et une bibliographie abondante sur les travaux autour de la construction navale au Siècle des lumières. Voir aussi Larrie D. Ferreiro, « Down from the mountain : The birth of naval architecture in the scientific revolution, 1600-1800 », Ph. D. (univ. of London, 2004). Pierre Lamandé, lui, a traité des mémoires de Bouguer sur la mâture des vaisseaux (Lamandé, art. cit. in n. 55).
  • [69]
    Allard, art. cit. in n. 50.
  • [70]
    ARM par la suite.
  • [71]
    Lettre de Pierre Bouguer, Paris, 19 septembre 1752 (Archives de l’Académie des sciences, fonds Gabriel Bertrand, carton 5).
  • [72]
    Service historique de la Défense, fonds Marine à Vincennes (SHD V), fonds de l’Académie royale de marine (ARM), t. 110, fol. 2, lettre de Bouguer au secrétaire de l’ARM du 23 septembre 1752. Voir Roland Lamontagne, La Galissonnière, directeur du dépôt de la Marine, RHS, XIV/1 (1961), 19-26. La Galissonnière est nommé directeur du dépôt en décembre 1749.
  • [73]
    SHD V, ARM, t. 87, fol. 41, lettre de l’ARM à Bouguer, du 24 novembre 1752. Lié à Duhamel du Monceau, l’officier de marine Sébastien-François Bigot de Morogues (1705-1781) est l’un des membres fondateurs et le secrétaire de l’Académie de marine en 1752 ; il se distingue lors de la bataille des Cardinaux (20 novembre 1759), pendant la guerre de Sept Ans. Après une carrière dense d’officier de marine, Aymar-Joseph de Roquefeuil (1714-1782) commanda la marine à Brest et fut aussi l’un des membres fondateurs et le secrétaire de l’Académie de marine. Voir Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français (Paris : Tallandier, 2002), 49-50 et 462.
  • [74]
    Maheu, art. cit. in n. 58, 201-205.
  • [75]
    Rappelons rapidement que la Terre effectuant un tour de 360° en 24 heures, une différence de longitude entre le méridien local du navire et un méridien de référence se détermine par une différence d’heure, entre l’heure locale du navire et l’heure qu’il est au même instant, au méridien de référence.
  • [76]
    Nous soulignons.
  • [77]
    Nous soulignons.
  • [78]
    L’horloger Henry Sully (1680-1728) est récompensé par l’Académie en 1726 (AN, MAR, 3/JJ/13, pièce 14). Voir William J. H. Andrewes (ed.), The Quest for longitude (Cambridge, Harvard University : Cambridge University Press, 1996), 192-195. Voir infra.
  • [79]
    AN, MAR, G/94, fol. 89 r°.
  • [80]
    Fauque, art. cit. in n. 54, en particulier 96-97.
  • [81]
    Nous soulignons.
  • [82]
    Pierre Bouguer, Journal de La Rochelle à la Martinique, bibliothèque de l’Observatoire de Paris, C/2/7 (feuillets s.l.n.d.), mais il est possible de les dater du mois de mai 1735. Mes remerciements à Danielle Fauque pour avoir attiré mon attention sur cette partie du journal de Bouguer.
  • [83]
    PV ARS 1755, 14 mai 1755, 333-334.
  • [84]
    Nous soulignons. AN, MAR, G/94, fol. 91, « Sentiment de Mrs Bouguer et Duhamel sur un mémoire anonyme intitulé Essay pour déterminer les longitudes daté du 11 mai 1750 ». Le mémoire est signé Duhamel et Bouguer ; l’écriture est celle de Bouguer.
  • [85]
    AN, MAR, C/7/40, fol. 12 v° et 13 r°. Cité aussi par Lamontagne, art. cit. in n. 57, 88-89.
  • [86]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie III, 441-472. La méthode est ingénieuse ; elle sera développée par La Caille pour la correction des distances lunaires des effets de la parallaxe et de la réfraction.
  • [87]
    Ibid., partie III, 383-440 et partie IV, 676-688 en particulier.
  • [88]
    Mes remerciements à Christelle Rabier et Stéphane Vandamme (Maison française d’Oxford) pour m’avoir invité à la journée d’étude « Science, capitals and expertise » (Oxford, 14-15 octobre 2006), et m’avoir ainsi permis d’éclairer sous un nouveau jour l’action de Pierre Bouguer comme commissaire pour la marine.
  • [89]
    Le géomètre Antoine Deparcieux sera pressenti pour devenir à son tour préposé au perfectionnement de la marine en 1768, quelques semaines malheureusement avant son décès.
  • [90]
    Ces mémoires et les rapports se trouvent principalement conservés dans les séries Marine G et dans la série 3/JJ (mémoires d’astronomie nautique) des Archives nationales. La série Marine G a été indexée de manière très précise par Philippe Henrat, Innovations techniques dans la marine (1641-1817) : Mémoires et projets reçus par le département de la Marine (Marine G86 à 119) (Paris : Archives nationales, 1990). La série 3/JJ n’est que très partiellement indexée et demeure sous-explorée. Voir Boistel, op. cit. in n. 1, partie I.
  • [91]
    Voir l’annexe 2.
  • [92]
    Il a été assez difficile de rassembler des éléments sûrs sur ce constructeur d’instruments. Il y eut en fait plusieurs constructeurs nommés Baradelle au cours du xviiie siècle, certainement une dynastie qui débuta ses activités vers 1720 et les acheva sous le Premier Empire. Celui qui nous intéresse et recueille nos suffrages est (Jean-Louis)-Jacques Baradelle, fabricant d’instruments, établi quai de l’Horloge du Palais, « À l’enseigne de l’Observatoire », dès 1740 (L’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, 233 (1878), 59-60 ; Maurice Daumas, Les Instruments scientifiques aux xviie et xviiie siècles (Paris : PUF, 1953), 380). Le prospectus de cette enseigne est reproduit ci-après. Mais il est possible qu’il s’agisse plutôt de Nicolas-Jacques Baradelle (1701 – c. 1770), qui fut apprenti, entre autres, chez J. Lemaire et Bion, maître fondeur en 1725, ingénieur du roi, et filleul de Cassini II (Franck Marcelin, Dictionnaire des fabricants d’instruments de mesure du xve au xixe siècle, chez l’auteur, franck.marcelin@tele2.fr, 2004). Ceci expliquerait l’intérêt particulier que l’on porte à son instrument. On ne sait rien sur le fils François-Antoine Baradelle, né en 1725. Les autres Baradelle sont reçus fondeurs bien au-delà de la vie de Pierre Bouguer.
  • [93]
    AN, MAR, 3/JJ/10, pièce 21.
  • [94]
    Boistel, op. cit. in n. 1, partie I.
  • [95]
    AN, MAR, G/94, fol. 91 r°. Malheureusement, le mémoire ne semble pas avoir été conservé.
  • [96]
    Lamy, art. cit. in n. 60. Guy Boistel, Le problème des longitudes à la mer dans les principaux manuels de navigation française autour du xviiie siècle, Sciences et techniques en perspective, 2e série, 3/2 (1999), 253-284.
  • [97]
    Guy Boistel, Les ouvrages et manuels d’astronomie nautique en France, 1750-1850, in Annie Charon, Thierry Claerr, François Moureau (dir.), Le Livre maritime au siècle des Lumières : Édition et diffusion des connaissances maritimes (1750-1850) (Paris : Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005), 111-132.
  • [98]
    Allard, art. cit. in n. 50. Vergé-Franceschi, op. cit. in n. 48, 113-120.
  • [99]
    Patrick Villiers, Duhamel du Monceau et Maurepas : Une rencontre inattendue, Chronique d’histoire maritime, 61 (décembre 2006), 23-40.
  • [100]
    Lamontagne, art. cit. in n. 72.
  • [101]
    Christian Licoppe, La Formation de la pratique scientifique (Paris : La Découverte, 1996), en particulier, « Les travaux sur la force du bois de Duhamel du Monceau et Buffon : Deux versions de la rhétorique utilitaire », 219-242.
  • [102]
    Ibid., 232-237 en particulier.
  • [103]
    Catherine Cardinal, Ferdinand Berthoud and Pierre Le Roy : Judgement in the twentieth century of a quarrel dating from the eighteenth century, in Andrewes, op. cit. in n. 78, 282-292.
  • [104]
    Voir Jean Le Bot, Quand l’art de naviguer devenait science : Les chronomètres de marine français au xviiie siècle (Grenoble : Terre et Mer, 1983), 67 sq., 70 et 73 pour les citations. Pierre Le Roy est l’inventeur de l’échappement libre, que Berthoud appliqua à ses propres modèles.
  • [105]
    Contrairement à ce que propage l’historiographie traditionnelle, le problème ne sera pas pour autant réglé à cette époque. Les chronomètres de marine ne trouveront une stabilité thermique qu’avec l’avènement du bilame et les travaux de l’ingénieur-mathématicien-astronome Antoine-Yvon Villarceau dans les années 1860. Voir Guy Boistel, De quelle précision a-t-on réellement besoin en mer ? Quelques aspects de la diffusion des méthodes de détermination astronomique et chronométrique des longitudes en mer en France, de La Caille à Mouchez (1750-1880), Histoire & mesure, XXI/2 (2006), 121-156.
  • [106]
    Jean-André Lepaute, Traité d’horlogerie contenant tout ce qu’il est nécessaire pour bien connaître et pour régler les pendules et les montres (Paris, 1755). Voir Guy Boistel, Nicole-Reine Lepaute et l’hortensia, Cahiers Clairaut, 108 (2004), 13-17 pour ce que l’on connaît de Mme Lepaute.
  • [107]
    Voir le dossier que consacre Olivier Courcelle à la Société des arts sur son site http://www.clairaut.com/nSansdatepo20pf.html.
  • [108]
    Anthony John Turner, Berthoud in England, Harrison in France : The transmission of horological knowledge in 18th century Europe, Antiquarian horology and the proceedings of the Antiquarian Horological Society, 20 (1992), 219-239.
  • [109]
    Voir Philippe Minard, Les savants et l’expertise manufacturière au xviiie siècle, in Éric Brian et Christiane Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences : Guide de recherches (Paris : Tec & Doc, 1996), 311-318.
  • [110]
    Voir Boistel, op. cit. in n. 1, parties II et III.
  • [111]
    Voir Bennett, art. cit. in n. 11. Voir aussi Turner, op. cit. in n. 108 ; du même auteur, L’Angleterre, la France et la navigation : Le contexte historique de l’œuvre chronométrique de Ferdinand Berthoud, in Of time and measurement : Studies in the history of horology and fine technology (Aldertshot : Variorum, 1993), texte XIV, 142-163. On connaît la querelle qui opposa Nevil Maskelyne et Harrison quant aux avantages respectifs de leurs méthodes, Maskelyne préférant les distances lunaires aux méthodes horlogères, plus sans doute, pour des raisons personnelles que pour des raisons scientifiques. Voir Esprit Pezenas, Les Principes de la montre de M. Harrison […] suivis de la Réponse de John Harrison aux remarques et objections de N. Maskelyne (Avignon, 1767).
  • [112]
    En mai 1763, Lalande, Charles-Étienne-Louis Camus et Ferdinand Berthoud ont fait le voyage de Londres et ont rencontré la plupart des figures marquantes de l’astronomie, ainsi que Harrison. Ce dernier ne leur a pas livré tous les détails sur sa montre, comme le lui demandait le Longitude Act (voir Turner, art. cit. in n. 108, 154-156). Voir aussi Seymour L. Shapin, Lalande and the longitude : A little known London voyage in 1763, Notes and records of the Royal Society, 32 (1978), 165-180.
  • [113]
    Ce contrôle de la marche des chronomètres à l’aide des distances lunaires sera en usage jusqu’au milieu du xixe siècle. Voir Boistel, art. cit. in n. 105, 137-142 en particulier.
  • [114]
    Pierre Le Roy, Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le tems en mer […] contenant la description de la montre à longitudes présentée à S. M. le 5 août 1766 (Paris, c. 1770).
  • [115]
    Ferdinand Berthoud, Éclaircissements sur l’invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermination des longitudes en mer par la mesure du tems (Paris, 1773) ; Id., Les Longitudes par la mesure du tems ou, Méthode pour déterminer les longitudes en mer avec le secours des horloges marines, suivies du recueil des tables nécessaires au Pilote pour réduire les observations relatives à la longitude et à la latitude (Paris, 1775).
  • [116]
    Lamontagne, art. cit. in n. 72 ; Boistel, op. cit. in n. 1, partie III, 303-308. Chabert s’est intéressé dès 1748 aux distances lunaires.
  • [117]
    Vendu 13 livres selon la liste des ouvrages achetés par l’ARM à Brest – SHD V, ARM, t. 105, pièce 4, « État des livres achetés pour l’Académie de marine et destinés pour Brest » (juillet 1753). Pour comparaison, selon le même état : les Élémens de géométrie et d’algèbre de Clairaut sont achetés 3 livres 5 sols chacun ; l’Hydrographie du père Georges Fournier, s. j. (éd. 1679), 7 livres ; les Principia de Newton dans l’édition de Genève du révérend père François Jacquier (1742) valent 34 livres ; les Institutions astronomiques de Le Monnier sont achetées 15 livres, ces derniers ouvrages se révélant très chers.
  • [118]
    Vendu 8 livres – SHD V, ARM, t. 105, pièce 4, « État des livres achetés pour l’Académie de marine et destinés pour Brest » (juillet 1753). Les deux ouvrages de Bouguer font partie des premiers ouvrages achetés constituant la bibliothèque de l’Académie de marine à Brest (années 1753-1754).
  • [119]
    Voir Boistel, op. cit. in n. 1, partie I et annexe II.
  • [120]
    Voir infra et annexe 3.
  • [121]
    A true copy of a paper found, in the hand writing of Sir Isaac Newton, among the papers of the late Dr. Halley, containing a description of an instrument for observing the Moon’s distance from the fixed stars at sea, Philosophical transactions, 465 (1742), 155-156. Halley prit connaissance de l’octant de Newton en 1700. L’invention en 1731 de l’octant, répandu dans la marine au xviiie siècle, est due à John Hadley, The description of a new instrument for taking angles, Philosophical transactions, XXXVII/420 (1733), 147-157.
  • [122]
    Caleb Smith, The Description, use and excellency of a new instrument, or sea quadrant, invented by Caleb Smith (London, 1734) ; Smith introduit un prisme à réflexion à la place du miroir.

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