Notes
-
[1]
Chartier Roger, Figures de la gueuserie, Paris, Montalba, 1982 ; Geremek Bronislaw, Les fils de Caïn. L’image des pauvres et des vagabonds dans la littérature européenne du XVe au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1991.
-
[2]
Rousseaux Xavier, « L’incrimination du vagabondage en Brabant (XIVe-XVIIIe siècles) », in van Dievoet Guido, Godding Philippe et van den Auweele Dirk, Langage et droit à travers l’histoire, réalités et fictions, Louvain, Paris, Peeters, 1989, p. 147-183 ; Carcamo Juan Gracia, Mendigos y vagabundos en Vizcaya (1766-1833), Bilbao, Universidad del Pais Vasco, 1993 ; Fatela Joao, « Les milles visages du vadio portugais », in Gueslin André, Kalifa Dominique (sous la direction de), Les Exclus en Europe 1830 1930, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1999, p. 49-58 ; Dauven Bernard, « La genèse d’une législation sur le vagabondage en Brabant et en Hainaut aux XVe et XVIe siècles », Bulletin des anciennes lois et ordonnances de Belgique, 2004, n° 45, p. 11-98.
-
[3]
Vandal Gilles, « Le vagabondage et la loi : les classes dangereuses à la Nouvelle-Orléans, 1850-1885 », Canadian Review of American Studies, automne 1991, n° 22-2, p. 153-171 ; Laberge Danielle, Marginaux et marginalité. Les États-Unis aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, l’Harmattan, 1997 ; Aranguiz Marcela, Vagabonds et sans abri à Montréal. Perception et prise en charge de l’errance (1840 à 1925), Montréal, RCHTQ, 2000 ; Fecteau Jean-Marie, La liberté du pauvre. Crime et pauvreté au XIXe siècle québécois, Montréal, VLB éditeur, 2004.
-
[4]
Farge Arlette, « Marginaux », in Burguière André (sous la direction de), Dictionnaire des Sciences historiques, Paris, PUF, 1986, p. 436-438 ; Castel Robert, « Les marginaux dans l’histoire », in Serge Paugam (sous la direction de), L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996, p. 32-41 ; Schmitt Jean-Claude, « L’histoire des marginaux », in Jacques Le Goff (sous la direction de), La Nouvelle Histoire, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006, p. 344-369.
-
[5]
Mollat Michel, Les Pauvres au Moyen Age, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006 (1ère édition : 1978) ; Geremek Bronislaw, La potence ou la pitié : l’Europe et les pauvres du Moyen Age à nos jours, Paris, Gallimard, 1987 ; Forrest Alan, Les Pauvres et la Révolution, Paris, Perrin, 1988.
-
[6]
Les marginaux et les exclus dans l’histoire, Cahier Jussieu, printemps 1979, n° 5, Paris, UGE, collection 10/18.
-
[7]
« L’histoire sociale en mouvement », Le Mouvement social, juillet-septembre 2002, n° 200 ; Pigenet Michel, « L’histoire sociale en question ; perspectives et enjeux », Histoire et sociétés. Revue européenne d’histoire sociale, 2ème trimestre 2004, Hors série n° 1, p. 6-14.
-
[8]
Geremek Bronislaw, aux XIVe et XVe siècles, Paris, Flammarion, collection « L’histoire vivante », 1976 ; Gutton Jean-Pierre, La société et les pauvres. L’exemple de la généralité de Lyon, 1534-1789, Paris, PUF, 1971 ; L’État et la mendicité dans la première moitié du XVIIIe siècle, Auvergne, Beaujolais, Forez, Lyonnais, Lyon, Centre d’Études foréziennes, 1973 ; La société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, PUF, 1974.
-
[9]
Perrot Michelle, « La fin des vagabonds », L’Histoire, juillet-août 1978, n° 3, p. 23-33.
-
[10]
Marginalité, déviance, pauvreté en France XIVe-XXe siècles, Cahier des Annales de Normandie, 1981, n°13.
-
[11]
Beaune Jean-Claude, Le Vagabond et la machine. Essai sur l’automatisme ambulatoire. Médecine, Technique, Société (1880-1910), Seyssel, Éditions du Champ Vallon, collection « Milieux », 1983.
-
[12]
Cubéro José, Histoire du vagabondage du Moyen Age à nos jours, Paris, Imago, 1998.
-
[13]
Wagniart Jean-François, Le Vagabond à la fin du XIXe siècle, Paris, Belin, 1999.
-
[14]
Haudebourg Guy, Mendiants et Vagabonds en Bretagne au XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998.
-
[15]
Dartiguenave Paul, Vagabonds et mendiants en Normandie entre assistance et répression : histoire du vagabondage et de la mendicité du XVIIIe au XXe siècle, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1997.
-
[16]
Thuillier Guy, La mendicité en Nivernais : débats et pratiques (1840-1860), Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 2001 ; Préfets et mendiants : le dépôt de mendicité de la Nièvre (1808-1820), Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 2002.
-
[17]
Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité (textes rassemblés par Avon-Soletti Marie-Thérèse), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2002.
-
[18]
Gueslin André, Gens pauvres. Pauvres gens dans la France au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1998 ; Les gens de rien. Une histoire de la grande pauvreté dans la France du XXe siècle, Paris, Fayard, 2004 ; Pierrard Pierre, Les pauvres et leur histoire. De Jean Valjean à l’abbé Pierre, Paris, Bayard, 2005.
-
[19]
Voir le dossier « Au nom des pauvres », coordonné par Jean François Wagniart, Cahiers d’Histoire. Revue d’Histoire critique, n° 101, 2ème trimestre 2007.
-
[20]
Marec Yannick, Pauvreté et protection sociale aux XIXe et XXe siècles. Des expériences rouennaises aux politiques nationales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Collection « Carnot », 2006 ; Bienfaisance communale et protection sociale à Rouen (1796-1927). Expériences locales et liaisons nationales, Paris, La Documentation Française et Association pour l’Étude de l’Histoire de la Sécurité sociale, 2002, 2 volumes.
-
[21]
Damon Julien, Des hommes en trop : essai sur le vagabondage et la mendicité, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 1996 ; Gaboriau Patrick, Les SDF à la Belle Époque : l’univers des mendiants vagabonds au tournant des XIXe et XXe siècles, Paris, Desclée de Brouwer, 1998 ; Declerck Patrick, Les naufragés. Avec les clochards de Paris, Paris, Plon, Collection « Terre humaine », 2001 ; Zeneidi-Henry Djemila, Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre, Paris, Éditions Bréal, Collection « D’autre part », 2002 ; Rullac Stéphane, Et si les SDF n’étaient pas des exclus ? Essai ethnologique pour une définition positive, Paris, L’Harmattan, 2004 ; André Lacroix, Des rues et des hommes. Les SDF : une question de société, Paris, Dunod, Collection « Action sociale », 2006.
-
[22]
Vexliard Alexandre, Le Clochard, Paris, Desclée de Brouwer, 1998 (1ère édition en 1955) ; Introduction à la sociologie du vagabondage, Paris, L’Harmattan, 1999 (1ère édition : 1956).
-
[23]
Bertrand Valérie, « La mendicité et l’état dangereux : l’historicité des représentations sociales dans le discours juridique », Connexions, « Mémoires collectives et représentations sociales », 2004/1, n° 80, p. 137-154. Les premiers arrêtés ont été pris durant l’été 1993, surtout dans des villes du sud (Montpellier, Carcassonne, Cannes, Perpignan), puis l’été suivant dans d’autres villes (Avignon, Toulouse), et surtout lors de l’été 1995 (La Rochelle, Banuyls, Pau, Mende, Tarbes, Valence, Carpentras).
-
[24]
Damon Julien, « La question SDF au prisme des médias », Espaces et sociétés, 2004/1-2, n° 116-117, p. 93-110.
-
[25]
Durant l’hiver 2006-2007, sous l’impulsion de l’association Les Enfants de Don Quichotte, un campement de tentes fut organisé le long du canal Saint-Martin à Paris et dans plusieurs villes de province. Plus récemment, dans la nuit du 21 au 22 février 2008, une manifestation des 28 associations de solidarité avec les sans-abri et les mal-logés s’est déroulée à Paris.
-
[26]
Renaut Marie-Hélène, « Vagabondage et mendicité : délits périmés, réalité quotidienne », Revue Historique, avril-juin 1998, n° 606, p. 287 ; Damon Julien, « Vagabondage et mendicité : délits périmés et contrôle persistant », in Mucchielli Laurent et Robert Philippe (sous la direction de), Crime et sécurité, l’état des savoirs, Paris, La découverte, 2002, p. 120-129.
-
[27]
Ils sont passés de 9 298 condamnations en 1953 à 1 431 infractions en 1993, avant de tomber à une seule infraction l’année suivante.
-
[28]
En août 2007, le maire d’Argenteuil, Georges Mothron, avait pris un arrêté anti-mendicité de longue durée (jusqu’en 2011) et décidé l’achat d’un produit répulsif - le Malodor - contre la « gêne olfactive anormale » provoquée par les SDF. Devant le tollé général, il fut contraint, quelques semaines plus tard, de retirer ses deux mesures.
-
[29]
Dans le cadre du plan d’action renforcé en faveur des sans abri (PARSA), le gouvernement de Dominique de Villepin a prévu la création de plus de 27 000 places d’hébergement et a fait voter une loi sur le droit au logement opposable le 5 mars 2007.
-
[30]
Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin fit adopter le 18 mars 2003 une loi sur la sécurité intérieure entérinant un durcissement de la législation à l’égard des marginaux et particulièrement des mendiants. Elle réprime « l’exploitation de la mendicité » de trois ans de prison et d’une amende de 45 000 euros, peines qui peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 1 500 000 euros lorsque la mendicité est « commise en bande organisée ».
-
[31]
Articles : « Vagabonage », « Vagabond », in Lachiver Marcel, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, Fayard, 1997.
-
[32]
Pour plus de détails, voir Rey Alain (sous la direction de), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998, 3 tomes ; Dictionnaire culturel en langue française, Paris, Le Robert, 2005, 4 volumes, en particulier l’encadré sur « mendiants et mendicité », p. 526-527, volume 3.
-
[33]
Articles « mendiant » (vol. 10) et « vagabond » (vol. 16), in Le Rond d’Alembert Jean, Diderot Denis, (sous la direction de), Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des arts, des sciences et des métiers par une société de gens de lettres, Paris-Neufchâtel, 1751-1772, 28 vol.
-
[34]
Boiste Pierre-Claude-Victor, Dictionnaire universel de la langue française, Paris, 1834 ; Littré Émile, Dictionnaire de la langue française, Paris, Hachette, 1863-1872, 4 vol. ; Dictionnaire de l’Académie française, Paris, Firmin Didot, 1884 (7ème édition) ; Larousse Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Lacour éditeur, 1866 1875, 15 vol.
-
[35]
Dauven Bernard, « Les vagabondes : des inconnues aux XVe et XVIe siècles ? », Genèses, septembre 2006, n° 64, p. 5-25.
-
[36]
Grand Catherine, « Le délit de vagabondage au XVIIIe siècle : une illustration jurisprudentielle de la justice prévôtale de Lyon », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité), op. cit., p. 121-146.
-
[37]
Cité dans Castel Robert, op. cit., p. 141.
-
[38]
Cité par Catherine Grand, op. cit., p. 124.
-
[39]
Depauw Jacques, « Pauvres, pauvres mendiants, mendiants valides ou vagabonds ? Les hésitations de la législation royale », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, juillet-septembre 1974, p. 401-418.
-
[40]
Chassaing Jean-François, « Vagabondage et histoire du droit pénal. Synthèse sur le problème du vagabondage du Moyen Age au XIXe siècle », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 15.
-
[41]
Code pénal de 1810 : Livre III. Des crimes, des délits et de leur punition. Titre 1er. Crimes et délits contre la chose publique. Chapitre III. Crimes et délits contre la paix publique. Section V. Association de malfaiteurs, Vagabondage et Mendicité. Paragraphe II. Vagabondage. Paragraphe III. Mendicité. Dispositions communes aux Vagabonds et Mendiants.
-
[42]
Cette définition du Code pénal de 1810 n’est pas sans rappeler celle de la déclaration royale du 27 août 1701.
-
[43]
Cité par Renaut Marie-Hélène, op. cit., p. 304.
-
[44]
Mollat Michel, op. cit., p. 14.
-
[45]
Gueslin André, op. cit., p. 49.
-
[46]
Castel Robert, op. cit., p. 140.
-
[47]
Garnot Benoît (sous la direction de), Normes juridiques et pratiques judiciaires du Moyen Age à l’époque contemporaine, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007.
-
[48]
Bart Jean, « Vagabondage et citoyenneté », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 147-159.
-
[49]
Chauvaud Frédéric, Les criminels du Poitou au XIXe siècle. Les monstres, les désespérés et les voleurs, La Crèche, Geste éditions, Collection « Pays d’histoire », 1999.
-
[50]
Geremek Bronislaw, « La lutte contre le vagabondage à Paris aux XIVe et XVe siècles », in Ricerche storiche ed economiche in memoria di Corrado Barbagallo, tome II, Napoli, Edizioni scientifiche italiane, p. 211-236.
-
[51]
Fontaine Juliette, Hubschwerlin Marie-Odile, Rose Jonathan, Steinmetz Thomas, « La répression pénale de la mendicité du XVIe siècle à nos jours », in Jeanclos Yves (sous la direction de), Les délinquances urbaines en France du XVIe siècle à nos jours, Strasbourg, Université Robert Schuman, Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion, Dimensions historiques du droit européen, septembre 2003, n° 8, p. 125-167 ; Schnapper Bernard, « La répression du vagabondage et sa signification historique du XIVe au XVIIIe siècle », Revue d’histoire du droit français et étranger, avril-juin 1985, n° 2, p. 143-157.
-
[52]
Tournerie Jean-André, Criminels et vagabonds au siècle des Lumières, Paris, Imago, 1997.
-
[53]
Zysberg André, Les Galériens. Vies et destins de 60 000 forçats sur les galères de France, 1680-1748, Paris, Éditions du Seuil, Collection « L’Univers historique », 1987, p. 66-74.
-
[54]
Sur 65 dépôts de mendicité créés entre 1809 et 1813, seulement 37 seront effectivement en activité.
-
[55]
Pour l’application de l’article 274, la jurisprudence donnera une définition de la mendicité.
-
[56]
Chassaing Jean-François, op. cit., p. 19-20.
-
[57]
Mucchielli Laurent, « Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l’élimination des criminels réputés « incorrigibles », Revue d’histoire des sciences humaines, 2000/2, n° 3, p. 57-88.
-
[58]
Les mendiants vagabonds et gens sans aveu multirécidivistes avaient déjà fait l’objet d’une déportation vers l’Amérique au début du XVIIIe siècle, qui fut ensuite interdite par les déclarations royales des 5 juillet 1722 et du 18 juillet 1724. À ce sujet, voir Frostin Charles, « Le peuplement pénal de l’Amérique française aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1978, Tome 85, p. 67-94.
-
[59]
Schnapper Bernard, « La récidive, une obsession créatrice au XIXe siècle », in Schnapper Bernard, Voies nouvelles en histoire du droit, la justice, la famille, la répression pénale (XVIe-XXe siècles), Paris, PUF, 1991, p. 313-351 ; Tanguy Jean-François, « Ceux qu’il faut renoncer à amender ? La loi de 1885 sur la Relégation : origines et implications politiques », in Briegel Françoise et Perrot Michelle (sous la direction de), Le criminel endurci. Récidive et récidivistes du Moyen Age au XXe siècle, Genève, Droz, 2006, p. 289-308.
-
[60]
Bérard Alexandre, « La relégation. Résultats de la loi du 27 mai 1885 », Archives d’anthropologie criminelle, de criminologie et de psychologie normale et pathologique, 1897, tome 12, p. 245-264.
-
[61]
En 1907, la relégation des femmes est abolie. Puis par la loi du 18 mars 1955, la peine de relégation pour vagabondage est supprimée. Mais il faut attendre la loi du 17 juillet 1970 pour que soit définitivement supprimée la relégation.
-
[62]
Mollat Michel, op. cit., p. 297.
-
[63]
Perrot Michelle, Robert Philippe, Compte général de l’administration de la justice criminelle en France pendant l’année 1880 et rapport relatif aux années 1826 à 1880, Genève-Paris, Slatkine Reprints, 1989, p. CXLII-CXLIII.
-
[64]
Wagniart Jean-François, « La pénalisation du vagabondage et la répression de la pauvreté errante à la fin du XIXe siècle », Cahier d’Histoire, 1996, n° 64, p. 77-90 ; Smith Timothy B., « Assistance and repression : rural exodus, vagabondage and social crisis in France, 1880-1914 », Journal of Social History, summer 1999, volume 32, n° 4, p. 821-846.
-
[65]
Berger Virginie, « Le vol nécessaire au XIXe siècle. Entre réalité sociale et lacune juridique, une histoire en construction », Le Temps de l’histoire, revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Hors-série, 2001, p. 241-251.
-
[66]
Peccoud Patricia, « La délinquance des vagabonds en Isère au XIXe siècle. Les formes de la répression de la marginalité », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 213-229 ; Luther Viret Jérôme, « Vagabonds et mendiants dans les campagnes au Nord de Paris dans le premier tiers du XVIIIe siècle », Annales de Démographie Historique, 2006, n° 1, p. 12-16.
-
[67]
Berlanstein Leonard R., « Vagrants, Beggars and Thieves : Delinquent Boys in Mid-Nineteenth Century Paris », Journal of Social History, 1979, volume 12, n° 4, p. 531-552.
-
[68]
Désert Gabriel, « Aspects de la criminalité en France et en Normandie », Marginalité, déviance, pauvreté en France XIVe-XXe siècles, Cahier des Annales de Normandie, 1981, n° 13, p. 221-316.
-
[69]
Chatelard Claude, Crime et criminalité dans l’arrondissement de Saint-Étienne au XIXe siècle, Saint-Étienne, Centre d’Études foréziennes, 1981 ; Desmars Bernard, La Délinquance en Loire-Inférieure entre 1800 et 1830, thèse de doctorat d’histoire (sous la direction de Nouailhat Yves-Henri), Université de Nantes, 1990.
-
[70]
Wagniart Jean-François, « Les migrations des pauvres en France à la fin du XIXe siécle : le vagabondage ou la solitude des voyages incertains », Genèses, mars 1998, p. 30-52.
-
[71]
Chevalier Louis, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, Plon, 1958 ; réédition, Perrin, 2002.
-
[72]
Gegot Jean-Claude, « La criminalité urbaine dans l’Hérault sous le Second Empire : Montpellier, Béziers, Sète », in La ville en pays languedocien et catalan, Colloque, Perpignan, Société languedocienne de géographie, Bulletin, 1982, série 3, n° 3-4, tome 16, p. 345-353 ; Passion Luc, « Conjoncture et géographie du crime à Paris sous le Second Empire », Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France. Mémoires, 1982, tome 33, p. 187-224.
-
[73]
Rosental Paul-André et Couzon Isabelle, « Le Paris dangereux de Louis Chevalier : un projet d’histoire utile », in Lepetit Bernard et Topalov Christian (eds), La Ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001, p. 191-226.
-
[74]
Ratcliffe Barrie M., Piette Christine, Vivre la ville. Les classes populaires à Paris (1ère moitié du XIXe siècle), Paris, La Boutique de l’Histoire éditions, 2007, et en particulier le chapitre II : « Déconstruire la représentation dominante : la thèse de Louis Chevalier », p. 53-86 ; Ratcliffe Barrie M., « Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris dans la première moitié du XIXe siècle ? The Chevalier Thesis Reexamined », French Historical Studies, 1991, n° 17, p. 542-574.
-
[75]
Farcy Jean-Claude, « La ville contemporaine (XIXe et XXe siècles) est-elle criminogène ? », in Marec Yannick (sous la direction de), Villes en crise ? Les politiques municipales faces aux pathologies urbaines (fin XVIIIe-fin XXe siècles), Grâne, Créaphis, 2005, p. 20-31.
-
[76]
Milliot Vincent, « Une ville malade de son espace ? Paris et le lieutenant général de police Lenoir (1775-1785) », in Marec Yannick (sous la direction de), Villes en crise ? op. cit., p. 32-53 ; Nugues-Bourchat (A.), « Les ajustements du quadrillage policier à Lyon (1800-1852) », in Marec Yannick (sous la direction de), op. cit., p. 54-64.
-
[77]
Peccoud Patricia, Villes et délinquance : l’exemple de Grenoble au XIXe siècle (1789-1914), thèse de doctorat d’histoire du droit (sous la direction de Gérard Chianéa), Université Pierre-Mendès-France, Grenoble II, 2001.
-
[78]
Joly Henri, « L’émigration provinciale et les arrestations dans Paris », Revue encyclopédique, 1898, 2ème semestre, p. 795 et s.
-
[79]
Désert Gabriel, op. cit., p. 249.
-
[80]
Donovan James M., The relationship between migration and criminality in Marseille 1825-1880, Doctoral Dissertation, Syracuse University, 1982 ; Sewell William H., Structure and mobility. The men and women of Marseille, 1820-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.
-
[81]
Santucci Marie-Renée, Délinquance et répression au XIXe siècle. L’exemple de l’Hérault, Paris, Économica, 1986, p. 86-104 : « Les aléas des migrations ».
-
[82]
Farcy Jean-Claude, Les Paysans beaucerons au XIXe siècle, Chartres, Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1989, p. 990.
-
[83]
Farcy Jean-Claude, Faure Alain, La mobilité d’une génération de Français. Recherche sur les migrations et les déménagements vers et dans Paris à la fin du XIXe siècle, Paris, INED, 2003, p. 477-519 : « La migration, école du crime ? ».
-
[84]
Piette Christine et Ratcliffe Barrie M., « Les migrants et la ville : un nouveau regard sur le Paris de la première moitié du XIXe siècle », Annales de démographie historique, 1993, p. 263-302.
-
[85]
Rosental Paul-André, Les sentiers invisibles. Espace, familles et migrations dans la France du XIXe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999.
-
[86]
Vimont Jean-Claude, « Les graffiti de la colonie pénitentiaire des Douaires », in Chauvaud Frédéric, Petit Jacques-Guy (sous la direction de), L’histoire contemporaine et les usages des archives judiciaires (1800-1939), Histoire et archives, hors série n° 2, Paris, Honoré Cham pion Éditeur, 1998, p. 139-155.
-
[87]
Yvorel Jean-Jacques, « Errance juvénile et souffrance sociale au XIXe siècle d’après les récits autobiographiques », in Chauvaud Frédéric (sous la direction de), Histoires de la souffrance sociale XVIIe-XXe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 87-109.
-
[88]
Veysset Nicolas, « Le mendiant infirme au XIXe siècle », in Gueslin André et Stiker Henri-Jacques (sous la direction de), Handicaps, pauvreté et exclusion dans la France du XIXe siècle, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2003, p. 33-51.
-
[89]
Geremek Bronislaw, Les Marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, op. cit., p. 208-237.
-
[90]
Chesney Kellow, Les Bas-Fonds de Londres. Crime et prostitution sous le règne de Victoria, Paris, Éditions Tallandier, Collection « Texto », 2007, et plus particulièrement le chapitre VII : Les mendiants, p. 269-314.
-
[91]
Cité dans l’article « Contrôle social », in Barreyre Jean-Yves, Bouquet Brigitte (sous la direction de), Nouveau Dictionnaire critique d’action sociale, Paris, Bayard Éditions, collection « Travail social », 2006.
-
[92]
Gutton Jean-Pierre, La société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), op. cit., p. 122-157 ; Schwartz Robert M., Policing the Poor in Eighteenth-Century France, Chapelle Hill et Londres, University of North Carolina Press, 1988 ; Mcstay Adams Thomas, Bureaucrats and Beggars. Franch Social Policy in the Age of the Enlightenment, New York-Oxford, Oxford University Press, 1990.
-
[93]
Castan Nicole, Zysberg André, Histoire des galères, bagnes et prisons en France de l’Ancien Régime, Toulouse, Éditions Privat, collection « Hommes et communautés », 2002, p. 57-87.
-
[94]
Petit Jacques-Guy, Faugeron Claude, Pierre Michel, Histoire des prisons en France (17892000), Toulouse, Éditions Privat, collection « Hommes et communautés », 2002, p. 26-29.
-
[95]
Imbert Jean (sous la direction de), La protection sociale sous la Révolution française, Paris, Association pour l’Étude de l’Histoire de la Sécurité sociale, 1990.
-
[96]
Thuillier Guy, « Le désordre de l’administration napoléonienne : l’échec des dépôts de mendicité (1808-1815) », La Revue administrative, janvier-février 2002, n° 325, p. 30-36.
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[97]
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1Parmi les figures historiques du monde des marginaux, les mendiants et les vagabonds ont traversé les siècles sans jamais cesser d’inquiéter les autorités qui, au gré des perceptions sociales, ont oscillé en permanence entre assistance et répression. Si jusqu’au XIVe siècle l’image du pauvre mendiant errant s’incarne encore le plus souvent dans le pauvre christique, recevant l’aumône et jouant le rôle d’intercesseur auprès de Dieu pour ses donateurs, celle-ci se dégrade dans un contexte de crise (Guerre de cent ans, peste noire), au point de distinguer de plus en plus le « faux » pauvre valide du « vrai » pauvre malade et infirme. À partir du XVIe siècle, cette stigmatisation s’impose durablement dans une société où leurs comportements remettent en cause des valeurs comme la sédentarité et le travail. « Demeurant partout » et nulle part, ces marginaux sont en effet perçus comme des êtres oisifs, des « inutiles au monde » sans attache communautaire ou territoriale.
2Ces diverses représentations révèlent ainsi l’ambivalence des attitudes d’une société, hésitant entre la compassion et la peur ce dont témoigne l’abondante littérature qui leur a été consacrée depuis le moyen âge [1]. D’une manière générale, on assiste à une pénalisation croissante de la mendicité et du vagabondage, même si la société porte un regard plus indulgent à l’égard du mendiant. Paradoxalement ces visages de la marginalité sont demeurés longtemps à l’écart de la recherche historique, car l’histoire de la mendicité et du vagabondage reste une histoire par définition difficile à saisir, incertaine, pour des hommes et des femmes qui s’expriment peu et dont les sources émanent toujours ou presque des représentants du pouvoir. Pourtant, depuis les années 1970, plusieurs travaux ont été menés surtout pour le moyen âge et l’époque moderne, travaux qui ne sont d’ailleurs pas propres à la France puisque des historiens européens [2] et nord-américains [3] ont aussi travaillé sur cette question sociale.
Mendiants et vagabonds : un moment dans l’historiographie française
3Depuis plusieurs décennies, l’histoire de la pauvreté et des marginaux s’est en effet enrichie de nombreux travaux. Pourtant, il a fallu attendre la fin des années 1960 et le mouvement de Mai 1968 pour voir l’attention des historiens se porter vers de nouveaux sujets d’études. Ce puissant mouvement de contestation trouve alors un écho particulier dans l’historiographie française, qui réévalue le rôle des marges et des marginaux [4]. Des pans entiers de la société, délaissés jusque-là, investissent ainsi le champ de la recherche historique, qu’il s’agisse de l’histoire des sorcières (Robert Muchembled), de la folie ou des prisons (Michel Foucault, Michelle Perrot), de la violence (Arlette Farge), de la prostitution (Alain Corbin) ou de la pauvreté (Michel Mollat, Bronislaw Geremek, Alan Forrest) [5]. À l’Université de Paris VII-Jussieu, on voit même s’organiser pendant plusieurs années, sous la direction de Bernard Vincent, un enseignement sur « les marginaux et les exclus de l’histoire » [6]. Cette nouvelle histoire sociale ne se contentait plus de reproduire les discours des représentants du pouvoir, mais donnait la parole à ces gens ordinaires. Aujourd’hui, cette histoire sociale présente une multitude de visages [7].
4À cet égard, même s’ils sont longtemps restés absents de l’historiographie française, les mendiants et les vagabonds émergent à nouveau depuis une dizaine d’années comme objets d’histoire. Situés au carrefour de l’histoire de la pauvreté et de la marginalité, ils ont été particulièrement étudiés pour le moyen âge (Bronislaw Geremek) et la période moderne (Jean-Pierre Gutton) [8]. Mais pour la période contemporaine, rares ont été les études sur ces marginaux, les historiens privilégiant les recherches sur les mondes rural et ouvrier. Pourtant, après le fameux article de Michelle Perrot [9] et un ancien numéro des Cahier des Annales de Normandie (l981) [10], voire depuis l’essai de Jean-Claude Beaune [11], l’historiographie s’est enrichie, depuis la fin des années 1990, de nouveaux travaux. On pense ici aux travaux de José Cubéro [12] qui, dans une perspective multiséculaire, a retracé l’évolution des politiques et des regards portés sur le monde de l’errance depuis le moyen âge ou à Jean-François Wagniard [13], qui a judicieusement choisi le dernier tiers du XIXe siècle où l’angoisse face au vagabondage atteint alors son paroxysme. étudiant une région à forte identité culturelle comme la Bretagne au XIXe siècle, Guy Haudebourg a, lui aussi, apporté sa contribution à cette histoire, mettant en évidence les différences de perception et de traitement de cette pauvreté entre une Basse-Bretagne plus tolérante et une haute-Bretagne beaucoup plus répressive [14]. On ne doit pas oublier l’étude de Paul Dartiguenave, centrée essentiellement sur le Calvados [15]. Plus récemment, on doit des recherches sur cette question aux travaux de Guy Thuillier [16], mais aussi à des historiens du droit, des juristes et des sociologues [17]. D’une manière générale, l’étude de la pauvreté et de la marginalité, au siècle de l’industrialisation et de l’apogée des campagnes, a longtemps souffert dans le paysage historiographique français. C’est là le mérite d’André Gueslin d’avoir mené deux études sur les pauvretés en France au XIXe et au XXe siècles [18], constituant une contribution majeure à l’histoire contemporaine de la pauvreté [19], mais également de Yannick Marec dont les travaux font aujourd’hui autorité dans le champ historiographique de l’histoire de la protection sociale, et particulièrement ses dernières publications, fruit d’une longue recherche menée depuis trente ans [20]. En définitive, il existe encore peu de travaux sur le sujet.
5Toutes ces études s’inscrivent, plus largement, dans le cadre d’une réflexion sur l’état de la société française au tournant des XXe et XXIe siècles, et notamment sur l’existence d’une très grande pauvreté, parfois errante, et née avec les années de crise. Cette réflexion s’est nourrie des travaux de sociologues, d’ethnologues et de géographes [21], qui ont prolongé, à leur manière, les recherches pionnières du sociologue Alexandre Vexliard, menées au milieu des années 1950 [22]. Ce regain d’intérêt ne peut se comprendre que si l’on se rappelle qu’au milieu des années 1990, plusieurs municipalités, de toutes tendances politiques, prirent des arrêtés contre la mendicité [23]. La mendicité et le vagabondage revinrent donc sur le devant de la scène publique, suscitant de nombreuses polémiques, relayées par les médias, particulièrement par la presse [24]. D’ailleurs, chaque hiver, la question des SDF se pose à nouveau avec acuité [25]. Finalement, aucune réponse satisfaisante n’a été prise de façon définitive pour régler le problème des sans-abri. Cependant, « depuis le nouveau code pénal (1er mars 1994), les infractions de vagabondage et de mendicité ont disparu » [26]. Il est vrai que, depuis les années 1950, les délits de vagabondage et de mendicité avaient baissé fortement [27]. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ont disparu dans la société française, en témoignent les récents arrêtés municipaux pris contre les attroupements et la mendicité [28]. Car, aujourd’hui c’est la question des SDF qui préoccupe les pouvoirs publics [29] et plus généralement ce que certains appellent les « nouvelles classes dangereuses » [30].
Mendiants, vagabonds : des marginaux par nature difficiles à définir
Des définitions littéraires
6À l’égard des mendiants et des vagabonds, la plupart des spécialistes s’accordent sur la difficulté à définir cette population flottante, par nature difficile à saisir. Aussi, avant de tenter une définition de la mendicité et du vagabondage au XIXe siècle, convient-il de remonter à l’origine de ces mots. Emprunté au latin mendicitas, le terme de mendicité est attesté vers 1278, définissant un « état d’indigence extrême, état de celui qui demande l’aumône ». Mais le verbe mendier, « demander l’aumône » (du latin mendicare), est déjà utilisé au début du XIIe siècle, tandis que le terme de mendiant, « personne qui mendie », lui, n’apparaît qu’à la fin du siècle. Pour ce qui est de l’histoire du mot vagabondage, il faut attendre la deuxième moitié du XVIIIe (vers 1767) pour qu’il prenne place, sous sa forme moderne, dans la langue française. Jusque-là, on disait plutôt vagabonage [31]. Cette « habitude de vagabonder » existait déjà au moyen âge, l’adjectif vagabond étant attesté vers 1382, issu du latin vagabundus, signifiant « vagabond, errant » ou « personne qui mène une vie errante ». Puis, vers 1502, le vagabond désigne une personne sans domicile fixe [32]. Plus tard, dans sa vaste entreprise de collecte de l’information et de vulgarisation scientifique et philosophique, l’Encyclopédie s’est également intéressée aux problèmes de la pauvreté, consacrant notamment des articles aux mots mendiant et vagabond [33], rédigé respectivement par Louis de Jaucourt et par Boucher d’Argis.
7Ces premières définitions ont d’ailleurs perduré. À quelques nuances près, elles sont reprises par l’ensemble des dictionnaires du XIXe siècle. Pour le Dictionnaire universel de la langue française de Boiste comme pour le Dictionnaire de la langue française de Littré, le mendiant est celui « qui mendie », le vagabond est celui qui « erre çà et là », qui est « sans aveu, sans état, sans domicile », définitions que l’on retrouve dans le Dictionnaire de l’Académie française ou le Grand Larousse universel du XIXe siècle [34]. Au-delà des définitions littéraires, l’histoire de la mendicité et du vagabondage va de pair avec une importante législation, qui, elle aussi, a essayé de proposer une définition juridique de ces individus vivant en marge de la société.
Des définitions juridiques
8À ce propos, l’Ancien Régime a, en effet, produit de nombreux textes de loi, particulièrement aux XVIe [35] et XVIIIe siècles [36], témoin des inquiétudes persistantes de la monarchie face à ces « présences inquiétantes ». Une des premières tentatives de définition, si l’on suit Robert Castel, est présentée dans une ordonnance de François Ier de 1534 : « tous vagabonds, oisifs, gens sans aveu et autres qui n’ont aucun bien pour les entretenir et qui ne travaillent ni labourent pour gagner leur vie » [37]. Cette définition repose sur deux critères propres au vagabond : le manque de travail, et donc de ressources pour vivre, et l’absence d’appartenance à une communauté. Les définitions suivantes continueront de reprendre ces deux caractéristiques du vagabond, non sans apporter des éléments de précision. Ainsi, à l’absence de métier et de caution morale pouvant répondre d’un individu la déclaration royale du 27 août 1701 ajoute l’absence de domicile : « Déclarons vagabonds et gens sans aveu ceux qui n’ont ni profession, ni métier, ni domicile certain, ni bien pour subsister, et qui ne sont avoués, et ne peuvent certifier de leurs bonnes vies et mœurs, par personnes dignes de foi » [38]. Jusque-là, les déclarations royales se contentaient de qualifier seulement le vagabond. Mais, à partir de la déclaration royale du 10 mars 1720, la confusion entre vagabond et mendiant devient manifeste. Ce qui les différenciait jusqu’alors, à savoir l’existence d’un domicile et d’un métier, n’apparaît plus comme un caractère distinctif. Ce texte de loi n’est pas sans rappeler une déclaration royale du 10 février 1699, qui assimilait déjà le mendiant au vagabond [39]. Plus tard, la déclaration du 3 août 1764 n’est pas également dénuée de toute ambiguïté. Du fait de l’imprécision des termes juridiques employés, les mendiants peuvent être soupçonnés de vagabondage. Cependant, ce texte apporte une précision importante sur le statut du vagabond, en y ajoutant la notion de « chômage ». Cette nouvelle définition cherche à distinguer le vagabond oisif de celui qui serait privé pour un temps (depuis plus de six mois) d’un travail.
9À l’égard de ce monde de l’errance, la législation révolutionnaire renouvelle les mêmes définitions. Ainsi, une loi du 1er février - 28 mars 1792 considère comme vagabond toute personne trouvée hors de son canton et incapable de justifier dans les vingt jours de son inscription sur le tableau de sa commune de domicile. La loi du 24 vendémiaire an II (15 octobre 1793), « pour l’extinction de la mendicité », accorde un secours à toute personne dans le besoin, à la condition d’avoir un domicile connu depuis « un an dans une commune », plus communément appelé « domicile de secours ». Ce qui signifie que celui qui ne possède pas de lieu d’habitation ne peut pas être secouru. Il court même le risque d’être arrêté. La loi du 10 vendémiaire an IV (2 octobre 1795) ne dira pas autre chose, précisant toutefois l’obligation de disposer d’un passeport pour tout individu circulant hors de son canton.
10Plus généralement, ces définitions juridiques du vagabond et du mendiant préfigurent les dispositions du Code pénal napoléonien. Selon Jean-François Chassaing, le délit de vagabondage semble « se rattacher plus à la logique de l’Ancien Régime qu’à celle du tout nouveau principe de légalité criminelle » [40]. Dans le Code pénal de 1810 [41], l’article 270 précise que « Les vagabonds ou gens sans aveu sont ceux qui n’ont ni domicile certain, ni moyens de subsistances, et qui n’exercent ni métier ni profession », reprenant d’ailleurs à son compte la phraséologie médiévale de l’absence d’aveu [42]. Curieusement, la mendicité n’a fait l’objet d’aucune définition, le législateur se contentant de rappeler les dispositions pénales à son encontre (articles 274-282). Il faudra attendre les effets de la jurisprudence pour que soit définie juridiquement la mendicité : il s’agit de « s’adresser à la charité ou à la bienfaisance, dans le but d’obtenir un secours tout à fait gratuit et pour lequel on n’offre en échange aucune contre-valeur appréciable » [43].
11Malgré ces précisions et les difficultés pour distinguer dans la réalité le mendiant du vagabond, en raison de conditions d’existence très proches, il semble possible d’envisager une définition, aussi modeste soit-elle, de cette population flottante.
Une définition pour en finir ?
12En soi, cette démarche ne fait pas preuve d’originalité. Des historiens tels que Michel Mollat ou André Gueslin se sont déjà penchés sur la question, donnant respectivement une définition de la pauvreté au moyen âge [44] et au XIXe siècle [45]. Incontestablement, les mendiants et les vagabonds appartiennent à ce monde de la grande pauvreté, incapables d’assurer leur minimum vital, et donc placés dans une situation de dépendance et d’exclusion. En constituant « la frange la plus marginale de la société » [46], ces pauvres errants appartiennent à ce monde des marginaux, vivant en dehors des normes dominantes de la société [47]. Dans une société comme celle du XIXe siècle, qui valorise peu à peu le travail et le domicile fixe, ils apparaissent alors comme des individus à part, des oisifs, le plus souvent stigmatisés comme des « inutiles au monde ». Mis à l’écart de la société, ils le sont d’autant plus qu’ils ne peuvent participer pleinement à la vie de la Cité puisque l’exercice de la citoyenneté suppose le rattachement à une commune. Déjà effective sous la Révolution française [48], cette obligation renaît-sous la Seconde République. La loi électorale du 31 mai 1850 modifie celle du 15 mars 1849 : la liste électorale comprendra dorénavant tous les Français âgés de vingt et un ans « qui ont leur domicile dans la commune ou dans le canton depuis trois ans au moins » (article 2) au lieu de six mois. Cette privation de leurs droits civiques ne peut que les exclure encore un peu plus de la société.
13Fort de ces constatations, il est dès lors possible de proposer une définition de ces marginaux. Situés tout en bas de l’échelle sociale, ces « désespérés » [49] se trouvent dans une situation d’extrême pauvreté. Privés de travail, donc sans moyens d’existences suffisants, et le plus souvent sans domicile, ils ne peuvent entretenir, dans ces conditions, que des relations familiales et sociales fragiles, voire quasi inexistantes. Dans une société où ils se sentent de moins en moins intégrés, voire exclus, les seuls liens qui les rattachent encore à celle-ci, les placent, de par leurs modes de vie ou leurs comportements marginaux, dans une situation de dépendance à l’égard des institutions d’assistance et/ou de suspicion à l’égard des institutions policières, judiciaires et pénitentiaires. Ce sont autant d’handicaps qui en font des « citoyens » à part et pas comme les autres.
Mendiants et vagabonds : de la pénalisation à la relégation
14Depuis le moyen âge, le phénomène de marginalité s’est construit, en partie, à travers le paradigme du vagabond et du mendiant. La peur sociale qu’ils suscitent est telle que la réaction des pouvoirs publics devient de plus en plus répressive, sans qu’il y ait cependant véritablement de cohérence et de logique dans l’application des législations mises en place contre ces individus. À partir du XIVe siècle [50] et surtout depuis le XVIe siècle [51], le pouvoir royal a tenté à plusieurs reprises d’éradiquer cette masse errante, soucieux qu’il était de maintenir la sécurité publique. Aussi assiste-t-on à un durcissement de cette répression avec la multiplication des déclarations royales qui instituent en particulier la peine de galères pour les vagabonds et les mendiants (déclarations du 18 avril 1588, du 28 janvier 1687, du 27 août 1701, du 18 juillet 1724 et enfin, la déclaration du 3 août 1764) [52]. Malgré cet arsenal répressif, l’envoi aux galères de mendiants et de vagabonds reste très marginal. Sur les 60 401 personnes envoyées aux galères entre 1680 et 1748, André Zysberg a seulement dénombré 2 021 mendiants et vagabonds, même si les condamnations ont été deux fois plus nombreuses entre 1716 et 1748 qu’entre 1680 et 1715 [53].
15Malgré la détermination du pouvoir royal, ces marginaux n’ont pas pour autant disparu de la société française au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Même si le code pénal du 25 septembre 1791 ne contient aucune disposition à leur égard, deux décrets du 24 vendémiaire et du 11 brumaire an II condamnent les mendiants et les vagabonds récidivistes, âgés entre 18 et 60 ans, à la peine de transportation pour une durée minimum de huit années. Pour les autres, ils devront rester en détention. Le contrôle de cette population mouvante devient également un impératif majeur de la politique intérieure du nouveau régime napoléonien. Ainsi, par le décret impérial du 5 juillet 1808 sur « l’extirpation de la mendicité », la mendicité est interdite « sur tout le territoire de l’Empire » (article 1). Dès lors, « tout individu qui sera trouvé mendiant dans ledit département sera arrêté d’après les ordres de l’autorité, et par les soins de la gendarmerie ou de toute autre force armée. Il sera aussitôt traduit au dépôt de mendicité » (article 4), créé dans chaque département (article 2) [54] et destiné à accueillir « tous les individus mendiants et n’ayant aucun moyen de subsistances » (article 3).
16Cette politique s’accompagne de nouvelles dispositions pénales à l’égard du mendiant et du vagabond. Selon l’article 269, « le vagabondage est un délit », mais à la condition que les trois critères retenus et définis par l’article 270 soient réunis : à savoir l’absence d’un domicile certain, d’une profession et de suffisamment de ressources pour vivre. Le délit de mendicité est, lui, fixé par les articles 274 et 275. Toutefois le Code pénal ne définit pas les caractères de la mendicité [55]. Punis par la loi, les mendiants et les vagabonds encourent des peines de trois à six mois d’emprisonnement, qui peuvent aller jusqu’à cinq ans, voire dix ans dans les cas de circonstances aggravantes (articles 277-282). À l’expiration de leurs peines, ils seront « conduits au dépôt de mendicité » pour y effectuer une peine de travail ou mis à la « disposition du Gouvernement pendant le temps qu’il déterminera, eu égard à leur conduite ». Pourtant, en y regardant de plus près, ces peines apparaissent beaucoup moins sévères que celles appliquées sous l’Ancien Régime, même si, dans certaines circonstances (article 279), le délit de mendicité ou de vagabondage devient un crime. Dans la plupart des cas, le délit de mendicité ou de vagabondage reste un délit mineur. Mais, derrière cet arsenal répressif se cache, en réalité, la volonté du législateur de réprimer les comportements supposés délinquants du mendiant et du vagabond. Ils ne sont plus coupables d’avoir seulement des mauvaises mœurs, mais suspectés de commettre des actes délictueux tels que le vol [56].
17Cette présomption de délinquance des mendiants et des vagabonds est reprise avec la loi de relégation des multirécidivistes du 27 mai 1885. L’accroissement du nombre des récidivistes inquiète en effet les autorités et suscitent de nombreux débats dans les milieux médicaux [57]. Pour les seuls vagabonds, les statistiques criminelles sont encore plus préoccupantes : pour les seules années 1881-1885, la récidive des vagabonds atteint 73 %. Aussi, le 12 mai 1885, la loi sur les récidivistes est adoptée à une large majorité à la Chambre des députés par 385 voix contre 52. Elle décide l’internement permanent des récidivistes « sur le territoire de colonies ou possessions françaises » [58]. Parmi les multirécidivistes à reléguer, les vagabonds ou les mendiants n’échappent pas à la règle prévue par l’article 4 de la loi [59]. Pourtant, la relégation se révèle rapidement inefficace tant sur le plan pénal qu’économique [60], le nombre de récidivistes continuant de s’accroître et les magistrats n’appliquant que très peu la loi [61], lui préférant le dispositif Bérenger.
Mendiants et vagabonds : entre assistance et répression
18Mener une recherche sur ce monde marginal suppose d’abord une étude quantitative de cette délinquance, à la fois dans ses dimensions sociologiques et géographiques. Elle demande de prendre en considération les facteurs d’évolution de cette grande pauvreté. Au-delà des représentations dont ils font l’objet depuis le moyen âge, il est également nécessaire d’étudier les politiques de traitement de cette pauvreté, en sachant que les autorités ont le plus souvent mené de front une politique répressive et une politique d’assistance.
La mesure de la mendicité et du vagabondage
19En dépit de son désir de mieux appréhender l’évolution de la mendicité et du vagabondage dans une longue perspective historique, l’historien doit faire face à de nombreux obstacles pour les évaluer le plus précisément. D’ailleurs, à plusieurs siècles d’intervalles, les chiffres les plus farfelus ont circulé : au milieu du siècle des Lumières, le royaume aurait compté jusqu’à 200 000 pauvres errants ; quant au début du XXe siècle, on en annonçait 400 000 ! Les sources médiévales et modernes se révèlent en effet moins riches et plus fragmentaires que celles du XIXe siècle d’où la difficulté à reconstruire des séries sur la longue durée à partir d’archives essentiellement judiciaires. Si l’on suit Michel Mollat, la population des villes médiévales comprendrait environ 10 % de mendiants [62]. Vers 1650, la capitale compterait environ 30 000 mendiants. En 1694, ce chiffre atteindrait 40 000. Entre 1764 et 1777, la maréchaussée arrête 106 839 vagabonds et mendiants sur l’ensemble du territoire.
20À propos du XIXe siècle, l’évaluation quantitative de ces individus semble plus aisée. Parmi les sources disponibles, le Compte général de l’administration de la justice criminelle constitue la série administrative la plus complète et la plus homogène depuis 1826. Ainsi, entre 1826 et 1880, les délits de vagabondage et de mendicité ont augmenté respectivement de 258 % et de 640 %, passant de 2 910 à 10 429 prévenus pour le nombre de vagabonds et de 966 à 7 152 prévenus pour celui des mendiants [63], avant d’atteindre des niveaux records au tournant du XIXe et du XXe siècles : les années 1880-1914 voient, en effet, leur nombre s’accroître considérablement, passant de 20 456 en 1880 à 34 678 condamnations en 1894, date de l’apogée du phénomène [64], avant de diminuer à partir du milieu des années 1910. On doit aussi compter sur les enquêtes lancées par les autorités ministérielles et préfectorales ou celles des observateurs sociaux, sans oublier la correspondance échangée entre les maires, les sous-préfets et les préfets ainsi que les rapports des commissaires et des gendarmes. Ces renseignements supplémentaires fourmillent de détails propres à compléter les données offertes par les jugements et les dossiers correctionnels ainsi que par les registres d’écrou des prisons.
21Toutefois, il ne serait question de voir dans ces archives judiciaires que la solution miracle pour qui voudrait mesurer avec exactitude ce type de délinquance. En effet, devant la difficulté à qualifier parfois le délit de vagabondage, la pratique judiciaire a tendance à retenir d’autres incriminations telles que le vol [65], l’outrage à agent ou le trouble à l’ordre public, tendance qui s’accentue lorsque le jeune vagabond a moins de 16 ans. Il faut d’ailleurs rappeler que ces délits étaient souvent commis en même temps que ceux de mendicité et/ou de vagabondage [66]. Aussi, convient-il de dépouiller les registres d’écrou [67] et les jugements correctionnels relatifs à cette petite délinquance afin de réévaluer les phénomènes de mendicité et de vagabondage. Mais, en y regardant de plus près, il faut se garder de voir dans ces statistiques l’unique réponse à une étude quantitative de cette délinquance, qui serait le plus fidèle reflet de l’activité des appareils répressifs.
Logiques et processus de marginalisation
22En étudiant le phénomène de mendicité et de vagabondage en France, on ne pourra échapper à la tentation d’émettre quelques hypothèses sur les facteurs qui rendront compte de son évolution depuis le moyen âge.
23La plus évidente trouve son explication dans l’évolution socio-économique. La misère pousse souvent à la délinquance. Dans une période jalonnée par de nombreux soubresauts économiques, les plus pauvres sont les premiers touchés. Ils apparaissent ainsi comme des « pauvres conjoncturels » (Jean-Pierre Gutton). Ce processus de marginalisation s’aggrave, en effet, en périodes de crises économiques. Gabriel Désert a ainsi démontré les relations entre la courbe des délits et celle des fluctuations économiques [68] : le nombre de prévenus diminue durant les phases de prospérité (Second Empire, 1895-1905), alors qu’il augmente pendant les phases de dépression (années 1830-1840 et 1873-1897). Pour l’essentiel, la délinquance correctionnelle est l’ œuvre des représentants des couches les plus modestes de la société, corrélation particulièrement nette dans les régions industrielles [69]. La précarité sociale, le chômage, l’absence de domicile sont autant de difficultés qui les poussent à commettre des délits pour subsister, contraints le plus souvent de voler, de mendier pour se nourrir [70]. On ne doit pas non plus négliger l’influence de la démographie (exode rural, épidémies, etc.) et des guerres sur l’évolution de la mendicité et du vagabondage.
24Plus généralement, d’autres éléments d’explications ont été mis en avant par les historiens. On pense ici à l’urbanisation et au développement des migrations. À l’origine de cette réflexion, on trouve le livre de Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris, publié en 1958 et réédité récemment [71]. étudiant la criminalité à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, il observe une augmentation du crime dont attestent l’importance des faits divers dans la presse et le nombre considérable de romans abordant ce thème, pour l’essentiel ceux de Victor Hugo et de Balzac. La misère ouvrière est telle que les classes laborieuses, en menaçant l’ordre social, sont devenues dangereuses aux yeux des contemporains. Pour lui, la prolifération des crimes s’explique surtout par l’arrivée massive des migrants qui viennent s’entasser dans la capitale. Le nombre d’habitants à Paris passe, en effet, de 600 000 en 1800 à plus de 1 million en 1850. Marquant profondément la grille de lecture de la criminalité du XIXe siècle, son travail a été repris par de nombreux historiens [72].
25Or l’idée d’une identification des classes laborieuses aux classes dangereuses, sous l’effet d’une croissance démographique mal maîtrisée par une ville dont les structures se trouvent inadaptées, n’est pas totalement convaincante. Comme l’ont démontré récemment plusieurs historiens à l’image de Paul-André Rosental et d’Isabelle Couzon [73] ou de Barrie Ratcliffe et de Christine Piette [74], cette thèse repose sur une interprétation qui reprend au pied de la lettre le discours de peur des élites, à travers ses normes dominantes et sa fonction de contrôle social. En outre, elle ne présente aucune évaluation quantitative de la criminalité. Des études sur la criminalité en milieu urbain ont pris d’autres directions. Elles relèvent une criminalité et une délinquance beaucoup plus élevées dans la ville qu’à la campagne, car ce n’est pas la ville qui est criminogène, comme l’a démontré Jean-Claude Farcy [75], mais son organisation économique. Des inégalités sociales plus criantes, des rapports sociaux différents de la campagne, des ressources plus nombreuses et plus tentantes, des groupes de populations plus importantes (les jeunes, les célibataires) constituent en effet autant de facteurs criminogènes. À cela s’ajoutent des changements dans le contrôle social fondés sur des conditions nouvelles de vie et de travail moins collectives et sur une surveillance policière accrue [76], en relation avec le développement d’une importante réglementation de la vie urbaine et parfaitement mise en lumière par Patricia Peccoud pour la ville de Grenoble [77].
26Beaucoup plus proche de notre sujet d’étude est la relation étroite qui peut exister entre les migrations et la criminalité. Inspirée des réflexions d’un des spécialistes du crime, Henri Joly [78], qui s’inquiétait à la fin du XIXe siècle de l’accroissement considérable de la mobilité sociale et géographique des populations sous l’effet des mutations économiques, la théorie du déracinement a été reprise par la suite par nombre d’historiens, à commencer par Gabriel Désert, partisan de cette vision pessimiste des mouvements migratoires [79]. D’autres historiens ont également conclu à une délinquance plus forte parmi les migrants [80]. Dans le département de l’Hérault [81], 21 % des délinquants jugés en 1845 par les tribunaux correctionnels sont nés hors du département ; puis ils sont 40 % en 1865 et 56 % en 1885, proportions que l’on retrouve dans l’arrondissement de Chartres [82].
27Cependant, plusieurs critiques ont été émises à l’égard de cette théorie. À partir de l’étude du casier judiciaire, Jean-Claude Farcy et Alain Faure ont montré, à travers l’exemple des migrations provinciales vers Paris à la fin du XIXe siècle, que le taux de déviance des migrants, s’il est plus élevé que celui des populations restées en province, est nettement inférieur à celui des Parisiens de naissance [83]. Par ailleurs les comportements des migrants lors de leur arrivée en ville constituent également une des conditions de leur réussite ou non à s’intégrer. Ainsi, si certains profitent des réseaux d’accueil des travailleurs saisonniers - que l’on songe aux maçons - et parviennent à s’insérer facilement, d’autres, en revanche, connaissent une intégration beaucoup plus difficile [84]. On pense ici à toute cette population flottante, en situation d’échec, très mobile, qui représente une part importante de la population criminelle et délinquante, à l’image des mendiants et des vagabonds. Plus récemment, la recherche a montré que les migrations vers les villes, loin d’être toutes vouées à l’échec, peuvent constituer un moyen de promotion sociale, surtout à partir du dernier quart du XIXe siècle [85].
28Au-delà de ces multiples facteurs socio-économiques qui rendent compte de l’évolution de la mendicité et du vagabondage, on ne peut passer sous silence le fait que pour une partie de ces marginaux, ce mode de vie peut se révéler être aussi un choix personnel, choix qu’il est toutefois difficile d’approcher de près. D’ailleurs on peut se poser la question de savoir jusqu’à quel point ces marginaux ont conscience de leur inadaptation aux normes sociales dominantes. Majoritairement analphabètes et illettrés, les mendiants et les vagabonds écrivent et parlent peu, même s’ils peuvent produire exceptionnellement des graffiti [86] ou des récits de leur vie [87]. Ce sont sur ces écrits autobiographiques que l’historien peut s’appuyer pour retracer les heurs et malheurs d’un quotidien marqué par les privations et les souffrances, mais aussi par les stratégies de survie, fondées souvent sur de vraies ou fausses infirmités [88] et bien décrites par les historiens Bronislaw Geremek [89] et Kellow Chesney [90], mais encore trop peu étudiées.
Le contrôle social de ces migrants
29Cette réflexion sur les logiques et les processus de marginalisation doit également conduire à s’interroger sur les moyens qu’une société met en place pour contrôler et parfois soumettre ces marginaux. Au préalable, il faut, cependant, revenir sur ce que sous-tend, selon nous, le terme de contrôle, et plus particulièrement l’expression « contrôle social ». Il faut remonter au XIVe siècle pour en retrouver la trace : le terme « contrôle » tirait son origine de l’expression « contrerôle », qui concernait un registre tenu en double pour la vérification. Sous l’influence de la sociologie américaine, est apparu, dès les années 1920, le concept de contrôle social. Au départ, il a désigné la capacité d’une société à s’autoréguler, à assurer sa stabilité. Puis on est passé à une acception négative du contrôle social, considéré comme une réaction aux comportements déviants. Le contrôle social est alors entendu comme « l’ensemble des ressources matérielles et symboliques dont dispose une société pour assurer la conformité du comportement de ses membres à un ensemble de règles et principes prescrits et sanctionnés » [91]. C’est cette dernière définition que l’on retiendra pour qualifier les différentes politiques d’assistance et de coercition mises en œuvre dans la lutte contre la mendicité et le vagabondage.
30En cela, le XIXe siècle fait apparemment preuve de peu d’originalité. Il y a, en effet, toujours eu une forte intervention du pouvoir sur ces problèmes. Sans remonter jusqu’au moyen âge, il faut rappeler qu’à partir du XVIe siècle, on assiste progressivement à la mise en place d’une politique d’enfermement des pauvres, dans des institutions comme les hôpitaux généraux ou les dépôts de mendicité [92]. Entre 1764 et 1767, trente-trois dépôts de mendicité sont créés dans tout le royaume, soit un dans chaque généralité [93]. Jugés trop coûteux, ils sont supprimés deux ans plus tard, puis de nouveau rétablis en 1777 devant la recrudescence de la mendicité, avant de renaître avec les lois du 10 septembre 1790 et du 24 vendémiaire an II (15 octobre 1793) sous la forme de « maisons de répression » [94]. Marquée par de profonds bouleversements politiques et sociaux, la Révolution ne pouvait par conséquent ne pas se préoccuper de ces problèmes au moment où la misère était générale [95]. Mais, il faut attendre le Directoire pour assister à une nouvelle organisation de l’assistance : la loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796) sur l’organisation hospitalière et celle du 7 frimaire an V (27 novembre 1796) sur la création de bureaux de bienfaisance chargés des secours à domicile, posent ainsi les fondations d’une bienfaisance communale dont les principes, en dépit de quelques modifications ultérieures, resteront en vigueur pendant plus d’un siècle. Tout au long du XIXe siècle, il existe ainsi un système d’assistance publique, fondé sur les établissements hospitaliers (hôpitaux et hospices), les bureaux de bienfaisance et les ateliers de charité, système complété par les dépôts de mendicité (relancés en 1808, mais très rapidement inefficaces [96], avant de disparaître sous la Troisième République) [97] et par toute une multitude d’œuvres charitables privées, d’inspiration religieuse pour la plupart d’entre elles. Cette politique sociale s’est surtout développée dans le cadre de la ville ce qui explique que la plupart des travaux historiques se soient portés sur l’assistance en milieu urbain [98], au dépens des campagnes encore assez mal connues. Par ailleurs, on ne doit pas passer sous silence les différentes lois d’assistance mises en place à la charnière des XIXe et XXe siècles : loi sur l’assistance médicale gratuite du 15 juillet 1893 et la loi sur les vieillards, infirmes et incurables du 14 juillet 1905, lois qui sont encore peu étudiées sur le plan local. Mais derrière ces préoccupations sociales, ne doit-on par voir, en définitive, ici le désir sécuritaire des élites [99] de renforcer le contrôle policier de ces marginaux à un moment où l’état-nation naissant considère comme une priorité le contrôle des étrangers ? [100]
31Au regard de la société, le vagabondage et la mendicité constituent en effet des délits sanctionnés par la loi. Dans ces conditions, ils restent soumis à un contrôle policier et judiciaire particulièrement contraignant. Depuis long-temps, le contrôle de la mobilité est demeuré un enjeu majeur pour les pouvoirs publics [101] dans sa volonté de catégoriser, d’identifier et de recenser les migrants pour mieux les surveiller et finalement les arrêter. On assiste à un perfectionnement des pratiques administratives d’identification et de contrôle des mendiants et des vagabonds, à l’instar de la législation sur les passeports. En effet, l’Empire reprend l’essentiel de la législation révolutionnaire, distinguant les passeports pour l’intérieur obligatoires pour toute personne se déplaçant en dehors de son canton et les passeports pour l’étranger pour sortir du territoire national. Avec le retour de Fouché à la tête du ministère de la Police générale, en juillet 1804, le droit de circuler devient beaucoup plus restrictif [102], même si un assouplissement de la législation permet de remettre aux plus pauvres des « feuilles de route » pour voyager légalement [103]. Cette politique impériale fixe ainsi durablement le cadre réglementaire de la législation sur les passeports au XIXe siècle [104].
32Sur le terrain, cette politique est assurée à la campagne par la gendarmerie [105], héritière de la maréchaussée d’Ancien Régime [106] et en ville par la police [107] dont les histoires connaissent depuis quelques années une relecture intense [108]. En ville, la question du contrôle des migrants se pose avec acuité avec l’arrivée de nouveaux venus, originaires de la province ou de l’étranger. L’essentiel du travail des policiers repose sur la surveillance et le contrôle des divers points d’accueil (hôtels, auberges, garnis) [109], en particulier la nuit [110], ou de certaines activités particulièrement recherchées par les migrants [111]. En effet ces activités sont perçues - dans les discours des autorités ou de la presse - à travers le prisme du vagabondage. La rue est également sous une surveillance étroite. À la fois lieu de passage et lieu de vie des marginaux, la rue offre souvent le spectacle de la pauvreté et de la violence auxquels les mendiants et les vagabonds ne sont pas totalement étrangers [112]. À la campagne, l’une des missions de police essentielles de la gendarmerie est de surveiller et de contrôler ces migrants [113]. Aussi, lors de leur tournée, les gendarmes doivent-ils privilégier certains points névralgiques : les grands axes de communications, les lieux de foire et de marché, les cabarets, etc. Lieux d’échanges et de rencontre, les foires et les marchés attirent bien évidemment les plus pauvres, à la recherche notamment de nourriture : les vols à l’étalage et dans les poches y sont considérables. Au village, le cabaret est l’autre lieu de rencontre où l’on se rend pour retrouver de vieilles connaissances ou nouer de nouvelles amitiés, pour y boire un verre, y préparer des mauvais coups, etc. L’alcool aidant, les disputes et les bagarres ne sont pas rares. Ce sont autant d’éléments de désordre qu’il faut veiller à contrôler. Cette police des campagnes est également dévolue aux gardes champêtres [114] dont les relations avec les brigades de gendarmerie ne sont pas sans poser parfois des problèmes [115]. Dans ces conditions, les mendiants et les vagabonds constituent, à la campagne comme à la ville, des cibles privilégiées des forces de l’ordre et des arrêtés d’interdiction contre la mendicité et le vagabondage.
33Arrêtés par les représentants de l’ordre, ils sont dès lors pris en charge par l’appareil judiciaire. Ne relevant normalement d’aucune juridiction spécifique sous l’Ancien Régime, les mendiants et les vagabonds dépendent ainsi de la juridiction dans lesquelles ils ont été arrêtés, à l’instar des prévôts des maréchaux. Au XIXe siècle, ces délits relèvent des tribunaux correctionnels au sein du tribunal de Première Instance (loi du 27 ventôse an VIII). À partir de l’étude des jugements correctionnels [116] ou des registres d’écrous, des historiens, comme Guy Haudebourg pour la Bretagne et Patricia Peccoud pour l’Isère, ont montré que les magistrats étaient plus sévères pour les vagabonds que pour les mendiants [117]. On ne doit pas non plus négliger le rôle de certaines institutions (l’école, l’église ou l’armée) comme lieu d’éducation et de régulation de cette marginalité.
34Faire l’histoire de ces marginaux, c’est donc d’abord se heurter à un problème récurrent de l’histoire de la pauvreté : celui de reconstituer la voix de ces « sans visages » [118], considérés depuis longtemps comme « les muets de l’histoire » [119]. En dehors de leur cadre de vie habituel, où l’usage de la parole peut se faire dans la confiance, parfois dans un langage qui leur est propre, ces marginaux s’expriment le plus souvent sous la contrainte, lors d’une arrestation par la gendarmerie ou lors d’un interrogatoire devant la justice, forcés d’expliquer un délit ou de justifier une façon de vivre [120]. Il faut cependant se garder de voir dans ces mots le fidèle reflet de la pensée du marginal car ils témoignent avant tout du bon fonctionnement des institutions assistancielles, policières, judiciaires et pénitentiaires, qui se sont la plupart du temps révélées impuissantes à régler cette question sociale. Même en dépassant ces discours stéréotypés et en sondant les nombreux fonds de ces « archives de la peur » [121], on ne peut que constater combien il est souvent difficile de s’approcher au plus près de cette vie marginale incertaine [122], comme l’ont fait en leur temps un Jack London, vagabondant à travers les États-Unis en 1894 [123] ou s’immergeant dans les bas-fonds de Londres au début du XXe siècle [124] ou un Amédée Fraigneau [125], décrivant les quartiers populaires et miséreux de Rouen à la fin des années 1880 où vivaient ces clochards plus connus sous le nom de « soleils ». Par ces dimensions politiques, économiques, sociales et culturelles, cette histoire de la pauvreté et de la marginalité offre ainsi de multiples visages qui n’ont aujourd’hui malheureusement pas disparu de notre société.
Notes
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[1]
Chartier Roger, Figures de la gueuserie, Paris, Montalba, 1982 ; Geremek Bronislaw, Les fils de Caïn. L’image des pauvres et des vagabonds dans la littérature européenne du XVe au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1991.
-
[2]
Rousseaux Xavier, « L’incrimination du vagabondage en Brabant (XIVe-XVIIIe siècles) », in van Dievoet Guido, Godding Philippe et van den Auweele Dirk, Langage et droit à travers l’histoire, réalités et fictions, Louvain, Paris, Peeters, 1989, p. 147-183 ; Carcamo Juan Gracia, Mendigos y vagabundos en Vizcaya (1766-1833), Bilbao, Universidad del Pais Vasco, 1993 ; Fatela Joao, « Les milles visages du vadio portugais », in Gueslin André, Kalifa Dominique (sous la direction de), Les Exclus en Europe 1830 1930, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1999, p. 49-58 ; Dauven Bernard, « La genèse d’une législation sur le vagabondage en Brabant et en Hainaut aux XVe et XVIe siècles », Bulletin des anciennes lois et ordonnances de Belgique, 2004, n° 45, p. 11-98.
-
[3]
Vandal Gilles, « Le vagabondage et la loi : les classes dangereuses à la Nouvelle-Orléans, 1850-1885 », Canadian Review of American Studies, automne 1991, n° 22-2, p. 153-171 ; Laberge Danielle, Marginaux et marginalité. Les États-Unis aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, l’Harmattan, 1997 ; Aranguiz Marcela, Vagabonds et sans abri à Montréal. Perception et prise en charge de l’errance (1840 à 1925), Montréal, RCHTQ, 2000 ; Fecteau Jean-Marie, La liberté du pauvre. Crime et pauvreté au XIXe siècle québécois, Montréal, VLB éditeur, 2004.
-
[4]
Farge Arlette, « Marginaux », in Burguière André (sous la direction de), Dictionnaire des Sciences historiques, Paris, PUF, 1986, p. 436-438 ; Castel Robert, « Les marginaux dans l’histoire », in Serge Paugam (sous la direction de), L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996, p. 32-41 ; Schmitt Jean-Claude, « L’histoire des marginaux », in Jacques Le Goff (sous la direction de), La Nouvelle Histoire, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006, p. 344-369.
-
[5]
Mollat Michel, Les Pauvres au Moyen Age, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006 (1ère édition : 1978) ; Geremek Bronislaw, La potence ou la pitié : l’Europe et les pauvres du Moyen Age à nos jours, Paris, Gallimard, 1987 ; Forrest Alan, Les Pauvres et la Révolution, Paris, Perrin, 1988.
-
[6]
Les marginaux et les exclus dans l’histoire, Cahier Jussieu, printemps 1979, n° 5, Paris, UGE, collection 10/18.
-
[7]
« L’histoire sociale en mouvement », Le Mouvement social, juillet-septembre 2002, n° 200 ; Pigenet Michel, « L’histoire sociale en question ; perspectives et enjeux », Histoire et sociétés. Revue européenne d’histoire sociale, 2ème trimestre 2004, Hors série n° 1, p. 6-14.
-
[8]
Geremek Bronislaw, aux XIVe et XVe siècles, Paris, Flammarion, collection « L’histoire vivante », 1976 ; Gutton Jean-Pierre, La société et les pauvres. L’exemple de la généralité de Lyon, 1534-1789, Paris, PUF, 1971 ; L’État et la mendicité dans la première moitié du XVIIIe siècle, Auvergne, Beaujolais, Forez, Lyonnais, Lyon, Centre d’Études foréziennes, 1973 ; La société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, PUF, 1974.
-
[9]
Perrot Michelle, « La fin des vagabonds », L’Histoire, juillet-août 1978, n° 3, p. 23-33.
-
[10]
Marginalité, déviance, pauvreté en France XIVe-XXe siècles, Cahier des Annales de Normandie, 1981, n°13.
-
[11]
Beaune Jean-Claude, Le Vagabond et la machine. Essai sur l’automatisme ambulatoire. Médecine, Technique, Société (1880-1910), Seyssel, Éditions du Champ Vallon, collection « Milieux », 1983.
-
[12]
Cubéro José, Histoire du vagabondage du Moyen Age à nos jours, Paris, Imago, 1998.
-
[13]
Wagniart Jean-François, Le Vagabond à la fin du XIXe siècle, Paris, Belin, 1999.
-
[14]
Haudebourg Guy, Mendiants et Vagabonds en Bretagne au XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998.
-
[15]
Dartiguenave Paul, Vagabonds et mendiants en Normandie entre assistance et répression : histoire du vagabondage et de la mendicité du XVIIIe au XXe siècle, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1997.
-
[16]
Thuillier Guy, La mendicité en Nivernais : débats et pratiques (1840-1860), Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 2001 ; Préfets et mendiants : le dépôt de mendicité de la Nièvre (1808-1820), Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 2002.
-
[17]
Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité (textes rassemblés par Avon-Soletti Marie-Thérèse), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2002.
-
[18]
Gueslin André, Gens pauvres. Pauvres gens dans la France au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1998 ; Les gens de rien. Une histoire de la grande pauvreté dans la France du XXe siècle, Paris, Fayard, 2004 ; Pierrard Pierre, Les pauvres et leur histoire. De Jean Valjean à l’abbé Pierre, Paris, Bayard, 2005.
-
[19]
Voir le dossier « Au nom des pauvres », coordonné par Jean François Wagniart, Cahiers d’Histoire. Revue d’Histoire critique, n° 101, 2ème trimestre 2007.
-
[20]
Marec Yannick, Pauvreté et protection sociale aux XIXe et XXe siècles. Des expériences rouennaises aux politiques nationales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Collection « Carnot », 2006 ; Bienfaisance communale et protection sociale à Rouen (1796-1927). Expériences locales et liaisons nationales, Paris, La Documentation Française et Association pour l’Étude de l’Histoire de la Sécurité sociale, 2002, 2 volumes.
-
[21]
Damon Julien, Des hommes en trop : essai sur le vagabondage et la mendicité, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 1996 ; Gaboriau Patrick, Les SDF à la Belle Époque : l’univers des mendiants vagabonds au tournant des XIXe et XXe siècles, Paris, Desclée de Brouwer, 1998 ; Declerck Patrick, Les naufragés. Avec les clochards de Paris, Paris, Plon, Collection « Terre humaine », 2001 ; Zeneidi-Henry Djemila, Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre, Paris, Éditions Bréal, Collection « D’autre part », 2002 ; Rullac Stéphane, Et si les SDF n’étaient pas des exclus ? Essai ethnologique pour une définition positive, Paris, L’Harmattan, 2004 ; André Lacroix, Des rues et des hommes. Les SDF : une question de société, Paris, Dunod, Collection « Action sociale », 2006.
-
[22]
Vexliard Alexandre, Le Clochard, Paris, Desclée de Brouwer, 1998 (1ère édition en 1955) ; Introduction à la sociologie du vagabondage, Paris, L’Harmattan, 1999 (1ère édition : 1956).
-
[23]
Bertrand Valérie, « La mendicité et l’état dangereux : l’historicité des représentations sociales dans le discours juridique », Connexions, « Mémoires collectives et représentations sociales », 2004/1, n° 80, p. 137-154. Les premiers arrêtés ont été pris durant l’été 1993, surtout dans des villes du sud (Montpellier, Carcassonne, Cannes, Perpignan), puis l’été suivant dans d’autres villes (Avignon, Toulouse), et surtout lors de l’été 1995 (La Rochelle, Banuyls, Pau, Mende, Tarbes, Valence, Carpentras).
-
[24]
Damon Julien, « La question SDF au prisme des médias », Espaces et sociétés, 2004/1-2, n° 116-117, p. 93-110.
-
[25]
Durant l’hiver 2006-2007, sous l’impulsion de l’association Les Enfants de Don Quichotte, un campement de tentes fut organisé le long du canal Saint-Martin à Paris et dans plusieurs villes de province. Plus récemment, dans la nuit du 21 au 22 février 2008, une manifestation des 28 associations de solidarité avec les sans-abri et les mal-logés s’est déroulée à Paris.
-
[26]
Renaut Marie-Hélène, « Vagabondage et mendicité : délits périmés, réalité quotidienne », Revue Historique, avril-juin 1998, n° 606, p. 287 ; Damon Julien, « Vagabondage et mendicité : délits périmés et contrôle persistant », in Mucchielli Laurent et Robert Philippe (sous la direction de), Crime et sécurité, l’état des savoirs, Paris, La découverte, 2002, p. 120-129.
-
[27]
Ils sont passés de 9 298 condamnations en 1953 à 1 431 infractions en 1993, avant de tomber à une seule infraction l’année suivante.
-
[28]
En août 2007, le maire d’Argenteuil, Georges Mothron, avait pris un arrêté anti-mendicité de longue durée (jusqu’en 2011) et décidé l’achat d’un produit répulsif - le Malodor - contre la « gêne olfactive anormale » provoquée par les SDF. Devant le tollé général, il fut contraint, quelques semaines plus tard, de retirer ses deux mesures.
-
[29]
Dans le cadre du plan d’action renforcé en faveur des sans abri (PARSA), le gouvernement de Dominique de Villepin a prévu la création de plus de 27 000 places d’hébergement et a fait voter une loi sur le droit au logement opposable le 5 mars 2007.
-
[30]
Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin fit adopter le 18 mars 2003 une loi sur la sécurité intérieure entérinant un durcissement de la législation à l’égard des marginaux et particulièrement des mendiants. Elle réprime « l’exploitation de la mendicité » de trois ans de prison et d’une amende de 45 000 euros, peines qui peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 1 500 000 euros lorsque la mendicité est « commise en bande organisée ».
-
[31]
Articles : « Vagabonage », « Vagabond », in Lachiver Marcel, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, Fayard, 1997.
-
[32]
Pour plus de détails, voir Rey Alain (sous la direction de), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998, 3 tomes ; Dictionnaire culturel en langue française, Paris, Le Robert, 2005, 4 volumes, en particulier l’encadré sur « mendiants et mendicité », p. 526-527, volume 3.
-
[33]
Articles « mendiant » (vol. 10) et « vagabond » (vol. 16), in Le Rond d’Alembert Jean, Diderot Denis, (sous la direction de), Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des arts, des sciences et des métiers par une société de gens de lettres, Paris-Neufchâtel, 1751-1772, 28 vol.
-
[34]
Boiste Pierre-Claude-Victor, Dictionnaire universel de la langue française, Paris, 1834 ; Littré Émile, Dictionnaire de la langue française, Paris, Hachette, 1863-1872, 4 vol. ; Dictionnaire de l’Académie française, Paris, Firmin Didot, 1884 (7ème édition) ; Larousse Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Lacour éditeur, 1866 1875, 15 vol.
-
[35]
Dauven Bernard, « Les vagabondes : des inconnues aux XVe et XVIe siècles ? », Genèses, septembre 2006, n° 64, p. 5-25.
-
[36]
Grand Catherine, « Le délit de vagabondage au XVIIIe siècle : une illustration jurisprudentielle de la justice prévôtale de Lyon », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité), op. cit., p. 121-146.
-
[37]
Cité dans Castel Robert, op. cit., p. 141.
-
[38]
Cité par Catherine Grand, op. cit., p. 124.
-
[39]
Depauw Jacques, « Pauvres, pauvres mendiants, mendiants valides ou vagabonds ? Les hésitations de la législation royale », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, juillet-septembre 1974, p. 401-418.
-
[40]
Chassaing Jean-François, « Vagabondage et histoire du droit pénal. Synthèse sur le problème du vagabondage du Moyen Age au XIXe siècle », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 15.
-
[41]
Code pénal de 1810 : Livre III. Des crimes, des délits et de leur punition. Titre 1er. Crimes et délits contre la chose publique. Chapitre III. Crimes et délits contre la paix publique. Section V. Association de malfaiteurs, Vagabondage et Mendicité. Paragraphe II. Vagabondage. Paragraphe III. Mendicité. Dispositions communes aux Vagabonds et Mendiants.
-
[42]
Cette définition du Code pénal de 1810 n’est pas sans rappeler celle de la déclaration royale du 27 août 1701.
-
[43]
Cité par Renaut Marie-Hélène, op. cit., p. 304.
-
[44]
Mollat Michel, op. cit., p. 14.
-
[45]
Gueslin André, op. cit., p. 49.
-
[46]
Castel Robert, op. cit., p. 140.
-
[47]
Garnot Benoît (sous la direction de), Normes juridiques et pratiques judiciaires du Moyen Age à l’époque contemporaine, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007.
-
[48]
Bart Jean, « Vagabondage et citoyenneté », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 147-159.
-
[49]
Chauvaud Frédéric, Les criminels du Poitou au XIXe siècle. Les monstres, les désespérés et les voleurs, La Crèche, Geste éditions, Collection « Pays d’histoire », 1999.
-
[50]
Geremek Bronislaw, « La lutte contre le vagabondage à Paris aux XIVe et XVe siècles », in Ricerche storiche ed economiche in memoria di Corrado Barbagallo, tome II, Napoli, Edizioni scientifiche italiane, p. 211-236.
-
[51]
Fontaine Juliette, Hubschwerlin Marie-Odile, Rose Jonathan, Steinmetz Thomas, « La répression pénale de la mendicité du XVIe siècle à nos jours », in Jeanclos Yves (sous la direction de), Les délinquances urbaines en France du XVIe siècle à nos jours, Strasbourg, Université Robert Schuman, Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion, Dimensions historiques du droit européen, septembre 2003, n° 8, p. 125-167 ; Schnapper Bernard, « La répression du vagabondage et sa signification historique du XIVe au XVIIIe siècle », Revue d’histoire du droit français et étranger, avril-juin 1985, n° 2, p. 143-157.
-
[52]
Tournerie Jean-André, Criminels et vagabonds au siècle des Lumières, Paris, Imago, 1997.
-
[53]
Zysberg André, Les Galériens. Vies et destins de 60 000 forçats sur les galères de France, 1680-1748, Paris, Éditions du Seuil, Collection « L’Univers historique », 1987, p. 66-74.
-
[54]
Sur 65 dépôts de mendicité créés entre 1809 et 1813, seulement 37 seront effectivement en activité.
-
[55]
Pour l’application de l’article 274, la jurisprudence donnera une définition de la mendicité.
-
[56]
Chassaing Jean-François, op. cit., p. 19-20.
-
[57]
Mucchielli Laurent, « Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l’élimination des criminels réputés « incorrigibles », Revue d’histoire des sciences humaines, 2000/2, n° 3, p. 57-88.
-
[58]
Les mendiants vagabonds et gens sans aveu multirécidivistes avaient déjà fait l’objet d’une déportation vers l’Amérique au début du XVIIIe siècle, qui fut ensuite interdite par les déclarations royales des 5 juillet 1722 et du 18 juillet 1724. À ce sujet, voir Frostin Charles, « Le peuplement pénal de l’Amérique française aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1978, Tome 85, p. 67-94.
-
[59]
Schnapper Bernard, « La récidive, une obsession créatrice au XIXe siècle », in Schnapper Bernard, Voies nouvelles en histoire du droit, la justice, la famille, la répression pénale (XVIe-XXe siècles), Paris, PUF, 1991, p. 313-351 ; Tanguy Jean-François, « Ceux qu’il faut renoncer à amender ? La loi de 1885 sur la Relégation : origines et implications politiques », in Briegel Françoise et Perrot Michelle (sous la direction de), Le criminel endurci. Récidive et récidivistes du Moyen Age au XXe siècle, Genève, Droz, 2006, p. 289-308.
-
[60]
Bérard Alexandre, « La relégation. Résultats de la loi du 27 mai 1885 », Archives d’anthropologie criminelle, de criminologie et de psychologie normale et pathologique, 1897, tome 12, p. 245-264.
-
[61]
En 1907, la relégation des femmes est abolie. Puis par la loi du 18 mars 1955, la peine de relégation pour vagabondage est supprimée. Mais il faut attendre la loi du 17 juillet 1970 pour que soit définitivement supprimée la relégation.
-
[62]
Mollat Michel, op. cit., p. 297.
-
[63]
Perrot Michelle, Robert Philippe, Compte général de l’administration de la justice criminelle en France pendant l’année 1880 et rapport relatif aux années 1826 à 1880, Genève-Paris, Slatkine Reprints, 1989, p. CXLII-CXLIII.
-
[64]
Wagniart Jean-François, « La pénalisation du vagabondage et la répression de la pauvreté errante à la fin du XIXe siècle », Cahier d’Histoire, 1996, n° 64, p. 77-90 ; Smith Timothy B., « Assistance and repression : rural exodus, vagabondage and social crisis in France, 1880-1914 », Journal of Social History, summer 1999, volume 32, n° 4, p. 821-846.
-
[65]
Berger Virginie, « Le vol nécessaire au XIXe siècle. Entre réalité sociale et lacune juridique, une histoire en construction », Le Temps de l’histoire, revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Hors-série, 2001, p. 241-251.
-
[66]
Peccoud Patricia, « La délinquance des vagabonds en Isère au XIXe siècle. Les formes de la répression de la marginalité », in Des Vagabonds aux SDF. Approches d’une marginalité, op. cit., p. 213-229 ; Luther Viret Jérôme, « Vagabonds et mendiants dans les campagnes au Nord de Paris dans le premier tiers du XVIIIe siècle », Annales de Démographie Historique, 2006, n° 1, p. 12-16.
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[67]
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[68]
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[69]
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-
[70]
Wagniart Jean-François, « Les migrations des pauvres en France à la fin du XIXe siécle : le vagabondage ou la solitude des voyages incertains », Genèses, mars 1998, p. 30-52.
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[71]
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[72]
Gegot Jean-Claude, « La criminalité urbaine dans l’Hérault sous le Second Empire : Montpellier, Béziers, Sète », in La ville en pays languedocien et catalan, Colloque, Perpignan, Société languedocienne de géographie, Bulletin, 1982, série 3, n° 3-4, tome 16, p. 345-353 ; Passion Luc, « Conjoncture et géographie du crime à Paris sous le Second Empire », Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France. Mémoires, 1982, tome 33, p. 187-224.
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Ratcliffe Barrie M., Piette Christine, Vivre la ville. Les classes populaires à Paris (1ère moitié du XIXe siècle), Paris, La Boutique de l’Histoire éditions, 2007, et en particulier le chapitre II : « Déconstruire la représentation dominante : la thèse de Louis Chevalier », p. 53-86 ; Ratcliffe Barrie M., « Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris dans la première moitié du XIXe siècle ? The Chevalier Thesis Reexamined », French Historical Studies, 1991, n° 17, p. 542-574.
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[76]
Milliot Vincent, « Une ville malade de son espace ? Paris et le lieutenant général de police Lenoir (1775-1785) », in Marec Yannick (sous la direction de), Villes en crise ? op. cit., p. 32-53 ; Nugues-Bourchat (A.), « Les ajustements du quadrillage policier à Lyon (1800-1852) », in Marec Yannick (sous la direction de), op. cit., p. 54-64.
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[77]
Peccoud Patricia, Villes et délinquance : l’exemple de Grenoble au XIXe siècle (1789-1914), thèse de doctorat d’histoire du droit (sous la direction de Gérard Chianéa), Université Pierre-Mendès-France, Grenoble II, 2001.
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[78]
Joly Henri, « L’émigration provinciale et les arrestations dans Paris », Revue encyclopédique, 1898, 2ème semestre, p. 795 et s.
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[79]
Désert Gabriel, op. cit., p. 249.
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[80]
Donovan James M., The relationship between migration and criminality in Marseille 1825-1880, Doctoral Dissertation, Syracuse University, 1982 ; Sewell William H., Structure and mobility. The men and women of Marseille, 1820-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.
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Santucci Marie-Renée, Délinquance et répression au XIXe siècle. L’exemple de l’Hérault, Paris, Économica, 1986, p. 86-104 : « Les aléas des migrations ».
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[82]
Farcy Jean-Claude, Les Paysans beaucerons au XIXe siècle, Chartres, Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1989, p. 990.
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[84]
Piette Christine et Ratcliffe Barrie M., « Les migrants et la ville : un nouveau regard sur le Paris de la première moitié du XIXe siècle », Annales de démographie historique, 1993, p. 263-302.
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[85]
Rosental Paul-André, Les sentiers invisibles. Espace, familles et migrations dans la France du XIXe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999.
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Vimont Jean-Claude, « Les graffiti de la colonie pénitentiaire des Douaires », in Chauvaud Frédéric, Petit Jacques-Guy (sous la direction de), L’histoire contemporaine et les usages des archives judiciaires (1800-1939), Histoire et archives, hors série n° 2, Paris, Honoré Cham pion Éditeur, 1998, p. 139-155.
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Veysset Nicolas, « Le mendiant infirme au XIXe siècle », in Gueslin André et Stiker Henri-Jacques (sous la direction de), Handicaps, pauvreté et exclusion dans la France du XIXe siècle, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2003, p. 33-51.
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[89]
Geremek Bronislaw, Les Marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, op. cit., p. 208-237.
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[90]
Chesney Kellow, Les Bas-Fonds de Londres. Crime et prostitution sous le règne de Victoria, Paris, Éditions Tallandier, Collection « Texto », 2007, et plus particulièrement le chapitre VII : Les mendiants, p. 269-314.
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[91]
Cité dans l’article « Contrôle social », in Barreyre Jean-Yves, Bouquet Brigitte (sous la direction de), Nouveau Dictionnaire critique d’action sociale, Paris, Bayard Éditions, collection « Travail social », 2006.
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[92]
Gutton Jean-Pierre, La société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), op. cit., p. 122-157 ; Schwartz Robert M., Policing the Poor in Eighteenth-Century France, Chapelle Hill et Londres, University of North Carolina Press, 1988 ; Mcstay Adams Thomas, Bureaucrats and Beggars. Franch Social Policy in the Age of the Enlightenment, New York-Oxford, Oxford University Press, 1990.
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Castan Nicole, Zysberg André, Histoire des galères, bagnes et prisons en France de l’Ancien Régime, Toulouse, Éditions Privat, collection « Hommes et communautés », 2002, p. 57-87.
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[94]
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[97]
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[98]
Petit Jacques-Guy, Marec Yannick (sous la direction de), Le social dans la ville en France et en Europe (1750-1914), Paris, Les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 1996.
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[99]
Kalifa Dominique, « Délinquance et insécurité urbaine en France (XIXe-XXe siècles) : un contrepoint », in Fourchard Laurent et Olawale Albert Isaac (sous la direction de), Sécurité, crime et ségrégation dans les villes d’Afrique de l’Ouest du XIXe siècle à nos jours, Paris/Ibadan, Karthala-IFRA, 2003, p. 73-84.
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[100]
Noiriel Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècles). Discours publics, humiliations privées, Paris, Fayard, 2007.
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[101]
Noiriel Gérard, « Les pratiques policières d’identification des migrants et leurs enjeux pour l’histoire des relations de Pouvoir. Contribution à une réflexion en longue durée », in Blanc-Chaléard Marie-Claude, Douki Caroline, Dyonet Nicole, Milliot Vincent, Police et migrants. France 1667-1939, p. 115-132.
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[103]
Marec Yannick, « Des passeports pour indigents à Rouen (1813-1852) », in Gueslin André, Kalifa Dominique (sous la direction de), op. cit., p. 73.
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[104]
Noiriel Gérard, « Surveiller les déplacements ou identifier les personnes ? Contribution à l’histoire des passeports en France de la Ière à la IIIe République », Genèses, mars 1998, n° 30, p. 77-100.
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Lorgnier Jacques, Maréchaussée. Histoire d’une révolution judiciaire et administrative, tome I, Les juges bottés et tome II, Quand le gendarme juge, Paris, L’Harmattan, 1995.
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[107]
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[110]
Delattre Simone, Les douze heures noires. La nuit à Paris au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 2000.
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[111]
Bernard Daniel, « Surveillance des itinérants et ambulants dans le département de l’Indre au XIXe siècle et au début du XXe siècle », in Maintien de l’ordre et polices en France et en Europe au XIXe siècle, Société d’Histoire de la Révolution de 1848 et des Révolutions du XIXe siècle, Paris, Créaphis, 1987, p. 235-247.
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[113]
Dyonet Nicole, « La maréchaussée et la population mobile dans l’Orléanais au XVIIIe siècle » et Houtte Arnaud-Dominique, « Le migrant du gendarme. Le quotidien de la surveillance dans le départe ment du Nord pendant la première moitié du XIXe siècle », in Blanc-Chaléard Marie-Claude, Douki Caroline, Dyonet Nicole, Milliot Vincent (sous la direction de), op. cit., p. 51-62 et 235-249 ; Wagniard Jean-François, « La gendarmerie et les gendarmes face à la question du vagabondage (1870-1914) », in Luc Jean-Noël (sous la direction de), op. cit., p. 289-299.
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[114]
Gaveau Fabien, L’ordre aux champs. Histoire des gardes champêtres en France de la Révolution à la Troisième République. Pour une autre histoire de l’État, thèse de doctorat d’histoire (sous la direction de Berlière Jean-Marc), Université de Dijon, 2005, 3 volumes.
-
[115]
Gaveau Fabien, « Gendarmes et gardes champêtres, de 1795 à 1854 : une relation ambiguë », in Luc Jean-Noël (sous la direction de), op. cit., p. 81-90.
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[116]
Flori Juliette, « Les vagabonds devant les tribunaux correctionnels à la fin du XIXe siècle », Labyrinthe. La revue des étudiants-chercheurs, 1999, n° 2, p. 19-39 ; Wagniart Jean-François, « La pénalisation du vagabondage et la répression de la pauvreté errante à la fin du XIXe siècle », Cahier d’Histoire, 1996, n° 64, p. 77-90.
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[117]
Haudebourg Guy, op. cit., p. 331-339 ; Peccoud Patricia, op. cit., p. 223-229.
-
[118]
Farge Arlette, Laé Jean-François, Cingolani Patrick, Magloire Franck, Sans visages. L’impossible regard sur le pauvre, Paris, Bayard, 2004.
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[119]
Wagniart Jean-François, « À la recherche de la parole errante (1871 1914) », Revue d’Histoire du XIXe siècle, 2000, n° 20-21, p. 217-230.
-
[120]
Chauvaud Frédéric, « La parole captive. L’interrogatoire judiciaire au XIXe siècle », Histoire et Archives, 1997, n° 1, p. 33-60.
-
[121]
Stora-Lamarre Annie (sous la direction de), Archives de la peur. Les « populations à risque » dans la Franche-Comté au XIXe siècle, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises/Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, 2000.
-
[122]
Thuillier Guy, L’histoire de la protection sociale. Orientations de recherche sur la pauvreté et la souffrance, Paris, Comité d’Histoire de la Sécurité sociale, Cahier d’Histoire de la Sécurité sociale, n° 2, 2005, p. 80-89 (Chapitre IX : La mendicité) et 90-101 (Chapitre X : Probabilisme et mendicité).
-
[123]
London Jack, La Route. Les Vagabonds du rail, Paris, Éditions Phébus, Collection « Libretto », 2001.
-
[124]
London Jack, Le peuple d’en bas, Paris, Éditions Phébus, Collection « Libretto », 1999.
-
[125]
Amédée Fraigneau, Rouen bizarre, Rouen, Éditions PTC, 2003, p. 13-72.