Couverture de RERU_195

Article de revue

Qu’apporte l’urbanisme à l’étude des espaces de coworking ?

Revue de littérature et approche renouvelée

Pages 963 à 986

Points-clés

1

  • ­ Bien que les ECW soient situés principalement en ville, l'état de l'art démontre que les auteurs abordent marginalement la dimension territoriale et les enjeux d’ordre urbanistique qui découlent de leur implantation à l’échelle des quartiers.
  • ­ Les relations entre ville et espaces de coworking sont principalement de trois ordres : la ville comme réceptacle, ressource territoriale et champs d'action politique.
  • ­ Les outils que sont l'urbanisme réglementaire, l'urbanisme de projet et l'urbanisme tactique offrent à la fois une grille de lecture et des modalités d'intervention pour l'intégration spatiale des nouveaux espaces de travail. 

1.  Introduction

2Les persistances et les mutations globales de l’économie entraînent des répercussions urbaines, périurbaines et rurales sans précédent. En effet, la traditionnelle concentration des travailleurs hautement qualifiés dans des lieux dédiés à l’innovation se poursuit – dans la lignée des clusters innovants – en même temps que la transition numérique accroît l’indépendance des individus et permet paradoxalement le développement de l’économie collaborative et du partage (Veltz, 2017). Les générations Y « digital native » et Z des 4C « communication, collaboration, connexion et créativité », nées à l’heure du tout numérique et des réseaux sociaux, confirment leur entrée sur le marché de l’emploi. Parallèlement, la crise bancaire et financière de 2008 continue dix ans plus tard à avoir des effets plus ou moins visibles sur la précarisation du marché du travail (Lussault, 2017).

3C’est dans ce contexte inédit que les « tiers-lieux », notion héritée de Oldenburg (1989), se sont multipliés comme nouveaux lieux de travail qui ne sont localisés ni dans une entreprise ni au domicile personnel (Spinuzzi, 2012). Revêtant une forte dimension collaborative, il peut s’agir d’hackerspaces, de makerspaces, de fablabs, et plus particulièrement des « espaces de cotravail » ou « espace de coworking », que l’on abrégera en ECW. L’origine des ECW remonte à la création en 2005 de The Hat Factory au coeur de la Silicon Valley. Les ECW sont le dernier avatar de l’utopie d’un monde profondément transformé. L’objet de la recherche n’est pas de revenir sur les définitions possibles des ECW que nous considérons, à l’instar de Merkel (2015) et Gandini (2015), comme de nouveaux espaces dédiés au travail, temporaire ou permanent, fournissant des bureaux, des salles de réunion, des espaces de convivialité et offrant de multiples opportunités de réseautage. Les communautés des « coworkers » s’apparentent à des communautés de pratiques où l’on échange selon des intérêts professionnels partagés et des valeurs éthiques et collaboratives communes. Des valeurs écologiques sont également affichées, à travers la volonté de déconcentrer les lieux de travail, rapprocher les travailleurs de leurs lieux de résidence et diminuer ainsi les mobilités polluantes qui se feraient plus actives. Mais qu’en est-il au-delà des valeurs économiques, citoyennes et environnementales affichées ? Ces ECW, loin d’être un modèle homogène, unique ou imposé, puisque Deskmag (2017) en recense 13.800 pour plus d’un million de coworkers sur la planète, tiennent-ils leurs promesses ?

4Cette interrogation semble d’autant plus légitime pour le chercheur en urbanisme qu’elle renvoie à l’action opérationnelle et au pouvoir transformateur des ECW sur leur territoire d’implantation, encore majoritairement métropolitains malgré leur dispersion croissante (Lévy-Waitz, 2018). Les ECW sont-ils porteurs d’un urbanisme aussi disruptif que le sont les innovations qui s’y concrétisent ?

5Notre article propose de se nourrir des approches disciplinaires existantes et d’enrichir la connaissance des rapports entre territoires et innovation en mobilisant l’approche urbanistique, qui est encore très peu explorée sur ce sujet. En effet, la question des ECW est porteuse d’un triple enjeu au cœur des préoccupations du chercheur en études urbaines et du praticien en urbanisme et aménagement (Leducq et Ananian, 2018a) : un premier enjeu immédiat de géographie économique porte sur la localisation et nous rappelle que l’emplacement est primordial ; un second enjeu de sociologie urbaine questionne les nouvelles articulations entre ECW et lieux (quartiers et communautés locales) ; le troisième enjeu, lié à la science politique, sous-entend que les politiques publiques ont un rôle à jouer dans cette nouvelle donne économique et territoriale. Afin d’explorer ces enjeux et aller plus loin, nous avons dans un premier temps réalisé une revue critique et actualisée de la littérature existante à partir de la question centrale des liens entre ECW, ville et urbanisme. Les constats quantitatifs et qualitatifs obtenus nous permettent de proposer une grille d’analyse sondant les effets transformateurs des ECW sur le territoire. Cette approche renouvelée est basée, d’une part, sur l’articulation des échelles et, d’autre part, sur les rapports qu’entretiennent villes et ECW à partir de principes d’organisation analogues. Enfin, nous conclurons cet article en démontrant que les méthodes et outils de l’urbanisme et de la fabrique des territoires permettent de dévoiler d’autres dimensions des rapports innovation-territoires, au plus près du terrain et de l’étude de l’intégration des ECW dans leur milieu.

2.  Littérature émergente et marginalité de la relation ville - ECW

6Afin de démontrer l’importance pour les études urbaines et l’urbanisme de développer une approche théorique et empirique des ECW, nous souhaitions tout d’abord valider notre hypothèse de départ selon laquelle peu de publications abordent les ECW sous cet angle disciplinaire, tout en soulignant, dans le même temps, la variété des approches scientifiques existantes et leurs apports à la production de connaissances sur le sujet. Nous présentons ici l’analyse en deux temps : une analyse quantitative faisant état de la littérature existante sur le croisement ville – ECW suivi d’une analyse qualitative qui met à jour un corpus cohérent de 12 articles répondant aux critères de sélection définis par la méthodologie que nous avons développés.

2.1.  Un corpus bibliographique révélateur d’un intérêt croissant et pluridisciplinaire

7Dans un premier temps, à partir du terme « coworking » nous avons interrogé les trois portails de recherche anglophones (Taylor and Francis, Science Direct, Sage Journals) et les deux plateformes francophones (OpenEdition Journals, Cairn) les plus couramment utilisés en sciences humaines et sociales et dont les articles sont systématiquement soumis à une double évaluation anonyme par des pairs. Sur la liste des 155 articles publiés, au 30 juin 2018, il a fallu faire le tri afin de ne retenir que ceux traitant réellement des « espaces de coworking » ou des « coworking spaces ». La liste d’articles est donc passée de 155 à 62 articles qui font l’objet des prochaines phases (Figure 1).

Figure 1

Distribution annuelle des 62 publications scientifiques par portail

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Distribution annuelle des 62 publications scientifiques par portail

Source : Divya Leducq et Priscilla Ananian, État de l’art, 30 juin 2018

8La répartition annuelle montre, qu’en une décennie (2008, date de la première publication remarquée – 2018), le phénomène récent des ECW s’est imposé comme un nouvel objet d’étude, surtout à partir de 2012 où le nombre de publications concernées double chaque année. L’année 2017 semble marquer l’apogée de cette bibliographie spécialisée. L’intérêt croissant pour les nouvelles pratiques de travail et de production induites par la crise financière (Desbois, 2014) et le développement sans précédent de l’économie numérique et collaborative est lisible aussi bien dans la littérature francophone qu’anglophone et un relatif équilibre est observé. Des revues dont les éditoriaux questionnent plus particulièrement les relations entre « économie – nouvelles technologies – territoires » comptabilisent déjà plusieurs articles sur les ECW. On peut citer par exemple Journal of Urban Technology (trois articles) ou encore Territoires en mouvement (quatre articles dans Liefooghe et Leducq, 2017 dont Scaillerez et Tremblay, 2017 ayant réalisé, sur les tiers-lieux, une démarche d’analyse biographique comparable à la nôtre). En rattachant ces 62 publications à la discipline des revues ou à celle de leurs auteurs, on constate une prédominance de l’approche économie- gestion- sociologie entrepreneuriale (Figure 2).

Figure 2

Répartition disciplinaire des 62 articles portant sur les ECW

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Répartition disciplinaire des 62 articles portant sur les ECW

Source : Divya Leducq et Priscilla Ananian, État de l’art, 30 juin 2018.

9Cumulés, les articles faisant état de recherche sur le trio créateur- gestionnaire- animateur (entreprenariat et innovation), l’organisation du travail (sociologie et société), l’appropriation de ces nouveaux lieux par leurs usagers potentiels (information, communication) ou l’approche coûts-avantages du coworking (économie, gestion) représentent 71 % du volume recensé soit 44 articles. L’art et la culture (deux articles) et l’ingénierie (un article) se sont également intéressés aux ECW pour leurs apports dans ces deux secteurs créatifs. Ce graphique montre également que la réflexion sur des dimensions spatiales occupe 21 % des publications, donc le lien entre ECW et territoire n’est pas absent. Les deux articles de sciences politiques confortent l’étude des ECW comme un outil au service des acteurs et de leurs agendas de développement économique. Toutefois, l’approche centrée sur le lien entre ECW et ville reste encore très marginale et les études urbaines (3 %) sont pratiquement gommées par les publications relevant davantage de la géographie économique (18 %). Cette approche quantitative doit être renforcée par une approche plus qualitative centrée sur le cœur des démonstrations menées dans les articles (section 2.2.).

2.2.  Quand les ECW rencontrent « en théorie » la ville

10Pour la seconde étape, plusieurs classifications des 62 articles ont été réalisées sous forme de tableur dynamique afin de ne pas sélectionner arbitrairement les articles à approfondir. Cette analyse est basée sur l’ordre décroissant de la somme des occurrences des mots-clés successivement choisis comme pertinent par rapport à notre étude : « espace de travail collaboratif / espace de coworking » et « coworking space » puis « ville », « city », « urbain » et « urban ». Dans la troisième phase, nous avons ajouté une colonne dans le tableur Excel afin de repérer les articles à conserver en fonction d’un seuil de relevance déterminé par rapport à la répétition de l’occurrence ECW. Ainsi, ont été considérés comme non-probants les articles dont le nombre d’occurrences était inférieur à cinq, pertinents quand supérieur à dix et nécessitant une relecture approfondie du résumé et du plan quand situés entre cinq et dix. Un total de neuf articles retenus de facto et 3 articles supplémentaires retenus grâce à l’étude approfondie nous a mené au corpus qualitatif cohérant de douze articles traitant des ECW et de leur rapport à la ville (Tableau 1).

Tableau 1

Articles retenus pour l’analyse des interactions entre ECW et ville

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Articles retenus pour l’analyse des interactions entre ECW et ville

Source : Divya Leducq et Priscilla Ananian, État de l’art, 30 juin 2018.

11Sans entrer dans une analyse bibliométrique des réseaux (Rostaing, 1996 : 79) mais en portant attention aux institutions des auteurs et aux liens formels, dont ils font état dans leurs remerciements par exemple, on constate qu’ils sont souvent rattachés à des groupes de recherche constitués ou en construction, contribuant ainsi à l’émergence d’un courant de pensée autour d’un thème de recherche commun (Marcon, 2015). Ces consortiums permettent d’étudier comparativement des ECW à plusieurs échelles : ville (Barcelone, Toronto, Milan, Helsinki, Paris, Shanghai) ; région (Bretagne, Hauts-de-France, Rhône-Alpes-Auvergne, Lombardie) ou province/état (Québec, Ontario, Californie). Leur attention porte tantôt sur ces lieux au sein d’un pays (Italie, France, Canada, États-Unis) tantôt sur une échelle continentale (Amérique du nord, Europe). Ces articles montrent aussi un décentrement balbutiant du regard des villes occidentales vers des villes des Suds urbains émergents ou déjà leaders dans la mondialisation économique (Petch, 2015).

12La section suivante de l’article vise à démontrer notre seconde hypothèse de travail. La ville et les territoires ne sont effectivement pas absents de la littérature, mais pour être révélés, un travail de déconstruction-reconstruction logique est nécessaire. Ce rapport ville-ECW sera traité, dans la section suivante, principalement selon trois entrées : la ville réceptacle de la dynamique du coworking, la ville comme ressource territoriale pour l’innovation et enfin la ville comme champs d’action politico-économique.

3.  Ville et ECW : trois relations

13Les rapports entre ville et ECW sont analysés par la littérature existante selon trois entrées que l’on peut décrire selon un degré plus ou moins fort de mobilisation urbaine. Elles sont perçues, tout à tour, comme un « réceptacle » de la dynamique de création et de localisation des ECW, comme offrant des ressources territoriales et des aménités pour les ECW ou comme un champ des possibles en tension entre économie libérale et action des politiques publiques.

3.1.  La ville réceptacle

14Les villes restent tributaires de la hiérarchie urbaine et les ECW suivent un processus de diffusion spatiale similaire aux activités métropolitaines, créatives et innovantes, c’est-à-dire que le nombre d’ECW suit la hiérarchie urbaine. Plus l’agglomération est importante au sein du réseau de villes, plus les ECW sont présents.

3.1.1.  Du renforcement des villes compétitives à la dispersion spatiale

15La diffusion mondiale des ECW (Deskmag, 2017) montre que ces derniers avatars de la nouvelle économie continuent de préférer les espaces métropolitains et les villes d’importance majeure (Brown, 2017) présentant une économie dynamique et un milieu urbain cosmopolite qui induisent des échanges facilités (Mariotti, Pacchi et Di Vita, 2017). En effet, les ECW s’implantent dans des villes considérées comme créatives (Moriset, 2017) ou des villes qui abritent les innovations numériques ou culturelles (Besson, 2017). Cependant, le modèle des ECW se disperse dans les rangs inférieurs de la hiérarchie urbaine (Liefooghe, 2018) vers des villes petites et moyennes (Besson, 2017), dans des zones semi-urbaines (Brown, 2017) et commence donc à apparaître dans des espaces moins denses (Ferchaud et Dumont, 2017) sans pour autant faire l’objet d’études approfondies. L’implantation des ECW dans le milieu rural reste plus faible, en raison principalement de l’état médiocre du réseau (Scaillerez et Tremblay, 2017).

3.1.2.  À la recherche d’une rente maximale de situation

16Si la dynamique des ECW est différente de l’immobilier de bureau (Blein, 2017), le foncier urbain disponible – locaux, situation, prix des loyers et des charges – reste néanmoins la donnée clé en phase de création et de développement de l’activité. Les espaces urbains laissés vacants par la crise offre un terrain avantageux pour l’apparition d’ECW éphémères ou plus pérennes, impliquant une installation rapide des activités et cette situation temporaire serait en retour propice à la genèse de nouvelles idées (Besson, 2017). Les villes offrent ainsi la possibilité de s’implanter dans des quartiers marginaux (Brown, 2017) où les coûts des locaux sont faibles et les taux de disponibilité d’immobilier de bureaux sont supérieurs (Mariotti et al., 2017). Mais, dans les faits, les ECW réutilisent généralement des bâtiments anciens délaissés au sein des centre-villes (Jamal, 2018). Ce patrimoine commercial ou industriel est le témoin d’une précédente époque de développement urbain (Di Marino et Lapintie, 2017). In fine, les créateurs et gestionnaires d’ECW opèrent, selon Wang et al. (2017), un choix optimal en fonction des opportunités disponibles dans les quartiers centraux tout en ne se localisant pas là où les valeurs foncières sont les plus élevées. Ce propos mériterait d’être nuancé en fonction de la taille de la ville, de sa localisation et de sa distance à d’autres métropoles, du bassin de travailleurs et de consommateurs potentiels des ECW mais également selon la nature du bailleur et du bail (location ou achat).

3.2.  La ville, ressource territoriale plurielle et systémique

17Loin de se démentir, les ECW contribuent à de nouvelles formes d’agglomérations, en grappe ou en cluster, dans les centres et péricentres urbains qui, par leurs avantages compétitifs, constituent une ressource territoriale à plusieurs facettes (Gumuchian et Pecqueur, 2007).

3.2.1.  Les éléments-clés : accessibilité et aménités

18La multitude des cas présentés dans la littérature permet de comprendre que plus le degré d’urbanité (accessibilité, densité, diversité, qualité des ambiances, des paysages et de l’architecture) est important, plus l’agglomération des ECW va être considérable pour satisfaire à la fois au besoin de l’activité économique, des usagers (communauté de coworkers) et des clients directs et indirects de l’ECW. Ainsi, le premier critère de l’implantation est l’environnement urbain qui doit présenter tout d’abord une desserte efficace en transports en commun. Scaillerez et al. (2017) souligne que les ECW se situent en majorité au centre des grandes villes pour réduire le temps de trajet domicile-travail. Les déplacements actifs durant la journée sont également primordiaux pour l’activité des coworkers : la proximité des gares de train et des pôles d’échanges multimodaux (stations de métro) est donc recherchée. Ensuite, viennent les aménités urbaines (commerces, équipements, lieux récréatifs, diversité sociale et culturelle), la recherche d’une mixité fonctionnelle et une grande densité d’habitants ou d’entreprises. Salgueiro, Puel et Fernandez (2017) ajoutent que l’adossement à des équipements publics pré-existants (garderie, crèche, bibliothèque, etc.) au sein des territoires est un atout supplémentaire permettant conjointement mutualisation des locaux et réduction des coûts. En conséquence, les ECW ont tendance à se localiser à proximité de différents équipements et infrastructures, tels que les administrations, les universités, les banques (Wang et al., 2017) qui se trouvent au centre-ville ou dans différents quartiers péricentraux (Di Marino et al., 2017) dont les prix de l’immobilier résidentiel et commercial sont attractifs (Besson, 2017). Les aspects esthétiques et environnementaux (réseau de parcs et jardins, espaces publics, espaces naturels) font partis de la recherche d’un lieu porteur d’une forte identité urbaine (Mariotti et al., 2017). Ainsi, les quartiers historiques et patrimoniaux sont un emplacement privilégié pour les ECW car ils sont souvent bien desservis, présentent de nombreuses aménités urbaines, et ont du caractère et une histoire (Jamal, 2018). Les critères de localisation sont similaires à ceux des activités de pointe (Grondeau et al., 2006) et tendent à confirmer que les villes offrent différentes options de localisation aux ECW, selon l’impact souhaité sur le milieu local.

3.2.2.  L’écosystème d’innovation 

19Plus les villes sont grandes et diverses, plus elles constituent des écosystèmes locaux d’innovation eux-mêmes renforcés par les boucles de rétroaction positives générées par les ECW, ce qui participerait ainsi à consolider cet aspect de la ressource territoriale. L’écosystème existant est constitué de la concentration de capitaux, de talents (jeunes diplômés, universitaires, etc.) d’informations (Florida, 2005 ; Wang et al., 2017), d’une orientation marquée en faveur du développement du numérique et de l’expérimentation (Ferchaud et al., 2017) et de grandes entreprises de haute technologie. Le renforcement provient du fait que les ECW créent localement un réseau d’entrepreneurs et de start-ups dont la volonté partagée est de créer un écosystème local (Moriset, 2017), ce qui permet une collaboration facilitée entre tous les acteurs afin d’augmenter leur visibilité (Capdevila, 2018). Des partenariats sont créés avec des centres locaux de formation pour apporter des services aux coworkers. Jamal (2018) souligne que les ECW joueraient un rôle de support à l’entrepreneuriat et à l’écosystème d’innovation d’autant plus important au sein des villes de taille moyenne.

3.2.3.  Un entrée sous-jacente : la soutenabilité urbaine

20Les valeurs d’autosuffisance, de durabilité économique, sociale et environnementale sont au cœur du modèle des ECW. Ainsi, cette croyance que la production d’idées nouvelles par les coworkeurs doit permettre de générer une diffusion du savoir (Capdevila, 2018), d’appuyer le développement de quartiers, de produire localement de la culture (Merkel, 2015) et de participer à l’élaboration de projets urbains, entre en résonnance avec cette volonté de protéger le patrimoine architectural et paysager de la ville d’implantation (Besson, 2017 ; Mariotti et al., 2017). Les villes permettent aux ECW de s’insérer dans l’interaction entre les acteurs publics-privés et la population, pouvant ainsi fédérer différentes communautés autour de projets variés. Les ECW joueraient ainsi le rôle du Middle Ground entre l’Upperground (entreprises, institutions publiques) et l’Underground (collectifs informels, acteurs alternatifs) (Cohendet et al., 2011 ; Suire, 2013 ; Liefooghe, 2018). Ainsi, en raison du pouvoir transformateur qui leur est conféré, les ECW se retrouvent porteurs d’ambitions plus larges que le seul développement économique des villes (Salgueiro et al., 2017).

3.3.  La ville, l’urbanisme et les ECW : un chantier en tension

21Les ECW sont des espaces d’un genre relativement nouveau qui émergent de façon généralisée et qui rappellent que la ville est un champ d’actions dont l’équilibre est sous-tendu par des stratégies économiques libérales et des politiques publiques incitatives (rôle de facilitateur) ou régulatrices (rôle d’accompagnateur).

3.3.1.  Diversité d’initiatives et co-production complexifiée de la ville

22Besson (2017) a montré que la création d’ECW peut être initiée par différents acteurs : initiative citoyenne à caractère militant, initiative des collectivités, logique économique privée. Ces nombreuses dynamiques, ajoutées aux divers modèles économiques – taille et fonctionnement organisationnel – impliquent un questionnement de la part des acteurs de l’urbanisme concernant les nouvelles stratégies de planification à privilégier dans une ville en perpétuelle évolution et dont le degré de co-production est inédit. Jamal (2018) confirme que la vision des porteurs d’ECW permet une nouvelle approche communautaire du développement de l’économie locale et commence à attirer de nouveaux travailleurs de la classe créative dans les villes moyennes également. Elle soutient que les ECW dont le modèle économique est à but non-lucratif cherchent davantage à s’engager au sein de l’économie locale du quartier d’implantation et dans la revitalisation du quartier.

3.3.2.  Les rôles de la puissance publique en faveur de la régénération urbaine

23Le pouvoir transformateur des ECW sur le tissu urbain est au cœur de la réflexion des élus et des praticiens qui espèrent encourager ou réguler leurs effets territoriaux. Les collectivités locales utilisent la création d’ECW comme outil de revitalisation de certaines zones du territoire, aussi bien urbaines que rurales, en déclin démographique et en perte de dynamisme économique, (Scaillerez et al., 2017). En effet, les ECW sont intégrés à des projets de renouvellement urbain et de pôles créatifs, et constituent une stratégie utilisée par les politiques publiques de rénovation urbaine pour un quartier aux prises avec différents problèmes sociaux et économiques (Moriset, 2017, Liefooghe, 2018). Mariotti et al. (2017) soulignent que grâce à des initiatives de la puissance publique, les ECW induisent indirectement une transformation de l’espace public à l’échelle micro-urbaine et provoquent un changement dans les cycles d’occupation de la zone d’implantation, tout en renforçant les interactions et les liens avec la communauté locale. Plus particulièrement, Jamal (2018) démontre que les ECW peuvent être utilisés par les villes moyennes et intermédiaires comme un levier pour attirer davantage de travailleurs qualifiés, promouvoir l’économie locale par l’installation de nouveaux commerces et services liés aux nouveaux besoins et aider dans la revitalisation des quartiers à requalifier. Lorsque la pratique du coworking est physiquement matérialisée dans un local du centre-ville d’une ville moyenne, cela permet d’instaurer de la durabilité en offrant des espaces abordables pour les futurs entrepreneurs et les protège d’une éventuelle gentrification tout en réutilisant les espaces délaissés.

24Plusieurs instruments sont utilisés par les puissances publiques pour encourager l’implantation de ECW sur leur territoire. Ces aides prennent la forme de financement des acteurs privés ou associatifs à des fins de développement économique (Liefooghe, 2018) ; d’un support du gouvernement métropolitain local par l’accès donné à des bâtiments publics sous-utilisés et à donc des loyers à moindre coût (Wang et al., 2017) ; de l’accompagnent par une structure de soutien qui fait office de guichet unique et d’intermédiaire entre les ECW, les acteurs publics (Ferchaud et al., 2017) et les autres partenaires (Salgueiro et al., 2017) ; de la mise en place de programmes via des appels à projets encourageant l’ouverture de structures créatives dont la démarche de développement durable reconvertit d’anciens bâtiments industriels inutilisés (Moriset, 2017). À l’échelle régionale ou nationale, Moriset (2017) observe également les bénéfices d’un processus de labellisation des villes encourageant l’implantation de structures d’innovation (le label French Tech par exemple). Enfin, plus directement mais aussi plus rarement (Di Marino et al., 2017 ; Jamal, 2018), certaines collectivités choisissent de porter l’initiative en créant un ECW.

3.3.3.  Pondérer les effets du coworking en tant que nouvelle utopie située

25Parallèlement à ces approches célébrant les bénéfices des ECW pour la ville, certains auteurs ont commencé à souligner les limites des ECW pour le vivre-ensemble et dans leur contribution à la ville inclusive. Tout d’abord, les ECW restent des signaux faibles dans la ville et leurs actions ont un impact limité sur le tissu socio-économique. Il s’agit généralement d’expériences urbaines isolées et la part de la population active concernée est encore peu significative. De plus, Chuah (2016) souligne que l’utilisation des ECW comme outil de développement urbain s’avère avoir un potentiel réduit dans le cas de zones où les travailleurs de la classe créative sont peu concentrés. Par ailleurs, Moriset (2017) a montré que si le modèle des ECW s’est rapidement diffusé, profitant de la crise économique et des prix attractifs de l’immobilier, les modèles économiques de ceux-ci n’assurent pas leur pérennité. En outre, leur public cible fait partie des catégories les plus précaires. Scaillerez et al. (2017) ajoutent qu’une trop grande présence des ECW dans certaines zones ne permet pas de développer un maillage territorial cohérent répondant aux réels besoins des territoires. Ce phénomène de superposition des offres s’explique par le fait que les ECW au sein d’une même ville présentent souvent des caractéristiques analogues et sont à la recherche d’un profil semblable de coworkers (Jamal, 2018). Aujourd’hui, le portrait du développement des ECW en ville est relativement nébuleux, voire tout à fait inconnu, et ne prend pas suffisamment en considération la transformation des espaces traditionnels ou encore l’hybridation des lieux comme les cafés ou les bibliothèques qui intègrent des ECW avec abonnement (Cliché et al., 2014). La critique la plus importante porte sur les risques de mise à distance et d’embourgeoisement allant à l’encontre des valeurs originelles des ECW. Lorsqu’aucune stratégie n’a été mise en place pour créer des interactions entre les usagers des ECW et les résidents du quartier, les ECW se voient difficilement adoptés par la population locale – quel que soit son statut socio-économique – ne se sentant pas concernée par ces lieux d’expérimentation (Brown, 2017). En provoquant le déplacement des résidents et des commerces et en augmentant le risque de flambée des prix de l’immobilier freinant l’émergence de nouvelles entreprises (Jamal, 2018), l’ECW peut générer un phénomène de gentrification résidentielle et commerciale. Il y a un donc un risque que les ECW deviennent des enclaves pour travailleurs qualifiés de la « classe créative » au lieu d’offrir des possibilités de développement éco soutenable du milieu urbain et des solutions aux communautés locales (Mariotti et al., 2017).

26Aussi, puisque les porteurs d’ECW intègrent de plus en plus les stratégies urbaines et le discours politique (Brown, 2017) et que les gestionnaires d’ECW attendent un support du gouvernement, sans toutefois que celui-ci ne s’implique dans la gestion et les opérations quotidiennes des espaces (Wang et al., 2017), la puissance publique ne doit pas se contenter d’un positionnement neutre face au développement des ECW dans les territoires (Ferchaud et al., 2017). Plus encore, la reconnaissance par les pouvoirs publics de la pertinence des ECW au sein des villes, en tant qu’outils de développement économique et social doit permettre la réutilisation de bâtiments inutilisés, l’atténuation de la congestion, la revitalisation de quartiers, l’autonomisation numérique de la population sans pour autant que l’implantation d’ECW puisse générer une délocalisation d’activités préexistantes vers le centre-ville au détriment des quartiers précédents qui perdent alors en vitalité (Di Marino et al., 2017 ; Brown, 2017). Cependant, les relations entre la puissance publique et les acteurs des ECW sont influencées par des différences de positionnement entre la pluralité de visions de développement économique et urbain, action publique et revendication militante. Dans ce contexte d’incertitude et de complexité, le choix s’opère entre différentes orientations et comporte encore peu de critères et indicateurs d’objectivation de l’action opérationnelle.

27En conclusion, la synthèse de la littérature à laquelle nous venons de procéder a permis de faire un état des lieux des dimensions urbaines abordées par la recherche académique. Certains éléments sont manquants, abordés de manière parcellaire ou sans méthodologie reproductible. Citons les ressorts de l’ancrage et de l’arrimage entre communautés de coworkers, société et quartier ; la capacité d’accompagnement de la dynamique par l’opération ou la programmation architecturale, urbaine et paysagère ; et enfin, la gestion des flux générés par l’arrivée d’une nouvelle activité dans un tissu constructif préexistant. Faire appel aux outils et méthodes spécifiques de l’aménagement-urbanisme et des études urbaines permettraient donc, selon notre dernière hypothèse de travail, d’aborder de manière approfondie et pérenne cette relation entre ECW et ville qui n’est pas aussi évidente que spontanée. Ainsi, dans un premier temps, la section suivante présente une grille d’analyse conceptuelle, issue des résultats théoriques précédents et de la confrontation à des notions d’urbanisme largement démontrées qui qualifient à la fois les espaces innovants et les espaces urbains (Leducq et Ananian, 2018b). La section 4.3 donne l’occasion de démontrer, à partir d’une première étude exploratoire comparative, la contribution de trois méthodes de l’urbanisme à la connaissance des rapports territoire - innovation.

4.  ECW et enjeux d’insertion urbaine : de l’identification de caractéristiques communes à la mobilisation des méthodes de l’urbanisme

4.1.  Des enjeux disciplinaire, pratique et politique 

28Le phénomène des ECW reste très majoritairement urbain (Deskmag, 2017) et les rapports entre ECW et ville qualifiés révélés précédemment à l’aune de la littérature existante, semblent soulever des enjeux de développement urbain qui exigent, selon nous, un appel renouvelé aux méthodes d’urbanisme en tant que discipline et pratique. L’urbanisme étant un outil de l’action publique qui vise à l’organisation et l’aménagement des espaces urbains dans une perspective de développement durable, la transformation des milieux de travail et de leurs rapports à la ville nécessite de repenser les cadres d’action hérités de longue date. Il convient d’abord d’identifier les enjeux qui découlent des ECW pour ensuite interroger les méthodes d’urbanisme définies, reconnues et synthétisées par Lacaze (2007) dans la construction d’un cadre théorique et méthodologique utile à l’analyse empirique et à la comparaison internationale de l’imbrication entre lieux (ECW) et milieux (villes et territoires).

29La revue critique de la littérature ne met pas directement en relation les ECW et les processus de régénération urbaine. Elle considère plutôt ces espaces comme la manifestation de la ville créative impliquant des processus de revitalisation. Le changement de paradigme présenté par la géographie économique à partir de la reterritorialisation des activités en ville (Hutton, 2006) met l’accent sur les facteurs peu saisissables de localisation des entreprises et des travailleurs de la nouvelle économie (Bourdin, 2015), notamment la classe créative (Florida, 2005). Ces facteurs concernent le plus souvent la qualité des services urbains, des aménités, ou encore la qualité architecturale et urbanistique des lieux. Gandini (2015) affirme que même si le phénomène des ECW est global, il entretient des rapports locaux significatifs, au point d’orienter les politiques publiques vers la création de quartiers thématisés autour de l’innovation, de la culture et de la créativité. Aux caractéristiques physiques de l’environnement urbain s’ajoute ce que Gertler (2008) et Storper et al. (2004) appellent le « buzz urbain », défini comme une sorte de bruissement informationnel généré par les rencontres et les interactions entre individus, conjugué aux ambiances et à l’intensité des usages des lieux urbains (Olma, 2012).

30Ainsi, bien que contesté dans le milieu scientifique depuis plus d’une quinzaine d’années (Klein et Tremblay, 2010 ; Shearmur, 2012), le rapport supposé entre attractivité, qualité de l’environnement urbain, qualité de vie et développement économique – voire innovation technologique – demeure mobilisé dans les politiques de la ville en Europe et en Amérique du Nord. Les paradigmes de ville créative (Landry, 2000) et, plus récemment, de ville intelligente et durable (Musterd et al., 2010 ; Caragliu et al., 2011), présents dans les discours des élus et des collectivités territoriales, constituent avant tout des objets politiques. Ce constat est en partie dû à une production cloisonnée des connaissances sur les processus d’insertion physique des lieux de l’innovation dans la ville tout comme leur intégration socio-économique (Waters-Lynch et Potts, 2017). La dernière hypothèse de cet article est donc que les ECW – nouveaux lieux d’innovation – interagissent à travers, avec et pour la ville. Ce postulat nous permet d’assimiler les mêmes valeurs et principes caractéristiques aux espaces collaboratifs de travail et à la localisation qu’ils privilégient, c’est-à-dire les milieux urbains. La construction de la grille d’analyse qui en découle nous permet de questionner les trois enjeux majeurs de l’urbanisme que sont : (i) les effets transformatifs des ECW aux échelles urbaines et locales, (ii) l’apparition de nouvelles pratiques socio-spatiales innovantes ayant un impact sur la création de communautés au-delà des murs de l’ECW, (iii) les implications politiques de cette imbrication ECW-ville, pour des territoires plus justes, inclusifs et durables.

4.2.  De l’ECW à l’espace public : une grille d’analyse inédite

31Le Tableau 2 met en relation les caractéristiques partagées entre les ECW et les quartiers que l’on peut clairement énoncer séparément tout en considérant leur imbrication latente. En découlent trois enjeux d’ordre urbanistique, classés selon l’importance croissante de l’action opérationnelle nécessaire à l’interaction innovation-territoire. L’approche urbaine peut ainsi contribuer à compléter les approches disciplinaires existantes grâce à l’élaboration d’une grille d’analyse nouvelle et l’exploration de caractéristiques communes qui s’appuient sur les concepts de la proximité (Rallet et Torre, 2005 ; Bouba-Olga et Grossetti, 2008 ; Bourdeau-Lepage et Huriot, 2009 ; Gehl, 2012 ; Ananian, 2016 ; Le Nadant et al., 2018) et la centralité (Boschma, 2005 ; Parrino, 2013) ; le sens de communauté (Garrett et al., 2017 ; Capdevila, 2014) ; la sérendipité (Hunt, 2009 ; Moriset, 2014), la diversité et l’hétérogénéité (Bilandzic, 2013) ; l’ouverture (Cohen et al., 2016 ; Fabbri et Charue-Duboc, 2016 ; Lange, 2011), le partage et la collaboration (Botsman et Rogers, 2010) ; et l’accessibilité (Burret, 2013 ; Holtzman et al., 2007). L’état de l’art sur ces notions a montré que celles-ci sont communes à l’organisation des espaces dédiés à l’innovation et à l’organisation des espaces urbains. Il est ainsi pertinent de se demander dans quelle mesure les caractéristiques qui régulent les dynamiques de la ville - dont les espaces publics - sont remobilisés dans le modèle proposé par les ECW. Réciproquement, il est légitime de s’interroger sur la façon dont ces caractéristiques régissent les dynamiques propres aux ECW, dépassent leurs murs et influencent les dynamiques des espaces urbains à l’échelle locale.

Tableau 2

Caractéristiques communes et enjeux d’ordre urbanistique

tableau im4

Caractéristiques communes et enjeux d’ordre urbanistique

Auteurs : Divya Leducq et Priscilla Ananian, 2019.

4.2.1.  Ancrage et intégration auprès des communautés locales

32Le premier enjeu d’ordre urbanistique qui se dégage de la proximité, de la centralité, du sens de communauté et du sentiment d’appartenance est l’ancrage dans le quartier et l’intégration des ECW auprès des communautés locales telles que les associations de résidents, de commerçants, d’acteurs communautaires, d’artistes, etc. Les gestionnaires des ECW ont un rôle à jouer (Surman, 2013) en prévoyant des lieux et des événements ouverts aux résidents et usagers du quartier, alors que les acteurs du développement urbain sont en charge des aménagements conviviaux des espaces publics qui favorisent les rapports entre coworkers et usagers de la ville (Gandini, 2015). Ceci rejoint la notion de sérendipité, chère aux ECW et aux espaces urbains (Moriset, 2014). L’hétérogénéité des profils des coworkers, la diversité d’activités (lieu de travail, de formation, de divertissement, etc.) et des temporalités associées au fonctionnement des ECW font écho à la mixité sociale et fonctionnelle des quartiers centraux et à celle des espaces publics à travers des usages éphémères, événementiels, hebdomadaires (Fabbri, 2016).

4.2.2.  Insertion morphologique et fonctionnelle : penser la programmation urbaine

33Un deuxième enjeu d’ordre urbanistique qui se dégage de la sérendipité, de la diversité et de l’hétérogénéité des lieux est la programmation (maîtrise d’ouvrage urbaine) et l’insertion des ECW dans l’environnement urbain. Souvent, les ECW représentent plus qu’un simple espace de travail partagé, et proposent une programmation relativement complexe (Brown, 2017). Certains espaces sont associés à des FabLabs, alors que d’autres intègrent des espaces ouverts à tous et des espaces réservés aux membres ou encore des équipements comme des halte-garderies, des cafés-brasseries et des salles multifonctionnelles (Wang et al., 2017). Cette complexité associée à la programmation des ECW peut influencer la dynamique du quartier, en concurrence ou en complémentarité avec les fonctions existantes, ou encore attirer de nouveaux usages (Besson, 2017). De plus, les ECW en milieu urbain interrogent les modalités d’insertion physique dans l’environnement construit. Alors que l’insertion d’un ECW dans une tour de bureaux aura probablement peu d’influence dans la restructuration des rapports du bâtiment à la rue, il n’en va pas de même pour la reconversion d’un bâtiment patrimonial qui a une signification pour le quartier (Jamal, 2018), ou pour l’aménagement d’un ECW au rez-de-chaussée d’un bâtiment pourvu d’une baie vitrée, qui permet aux coworkers et passants de se voir mutuellement. Enfin, les rapports entre ECW et espaces publics se construisent sur des principes d’ouverture, de partage et de collaboration : d’un côté, le fonctionnement des ECW repose sur le partage d’espaces, services, données et contacts ; de l’autre, les espaces publics, incluant les équipements et services publics, sont de plus en plus appelés à collaborer et à être partagés afin de répondre à une intensification des besoins et faire face à une raréfaction des ressources foncières ou financières. Ceci interroge les modalités et les conditions d’accessibilité aux espaces, aux communautés de pratique et aux réseaux d’informations alors que les ECW tendent à restructurer les interfaces physiques et cognitives avec les espaces publics. En même temps que certains ECW renforcent les dispositifs de mise à distance et de sécurité, d’autres prônent l’ouverture en organisant des événements et en prévoyant des espaces ouverts et accessibles à tous (Fabbri, 2016). Par ailleurs, les manifestations extra-muros des ECW sur l’espace public, en partenariat ou non avec la municipalité, les autres acteurs du secteur privé ou les organismes communautaires, interrogent le statut des espaces publics en ce qui concerne l’animation, l’accessibilité et la sécurité (Cagnol, 2013).

4.2.3.  Gestion des flux de mobilité

34Un troisième enjeu d’ordre urbanistique qui se dégage de l’ouverture, du partage, de la collaboration et de l’accessibilité est la gestion des flux de mobilité entre ECW et espaces publics. Dans la mesure où les ECW s’inscrivent dans une chaîne de déplacements des coworkers entre le lieu de travail et de résidence, et que ces espaces favorisent potentiellement les interactions avec la ville, la gestion des flux entre les ECW et les espaces publics soulève la question de la capacité d’intervention des acteurs publics et privés sur différents plans : la mobilité concernant la connectivité des ECW aux réseaux de transport public (Lejoux et Ohlmann, 2016), le caractère marchable et cyclable du quartier, l’offre de services partagés de transport, la gestion du stationnement, mais aussi la gestion locale des flux entre les ECW et les espaces publics en matière d’accessibilité et de sécurité. Ceci étant, les enjeux d’ordre urbanistique qui découlent des rapports entre ECW et espaces publics exigent d’interroger les méthodes de l’urbanisme dans la construction, la régulation et l’encadrement de ces rapports, afin de favoriser éventuellement l’innovation sociale, technologique, environnementale et urbanistique.

4.3.  Les rapports ECW – espaces publics à l’épreuve des méthodes de l’urbanisme

35L’émergence des nouveaux lieux de travail en ville pose des questions concernant le rôle et l’efficacité de l’urbanisme dans l’accompagnement de ce processus. Les trois enjeux d’ordre urbanistique que soulèvent les rapports entre ECW et espaces publics (section 4.2.), exigent d’interroger les méthodes d’urbanisme en mesure d’accommoder ces espaces et leurs communautés dans la ville, tout en régulant les externalités sociales, économiques et environnementales du coworking. Ainsi, en guise de poursuite de la réflexion scientifique, trois méthodes méritent d’être éprouvées face à la problématique de l’intégration des ECW en milieu urbain. La section 4.3. constitue donc une ouverture issue d’une observation exploratoire d’ECW, réalisée sur dix mois (octobre 2017 - août 2018), à Tours, Blois, Orléans et Montréal dans le cadre d’un programme de recherche comparatif et à la lumière des outils d’urbanisme reconnus en France comme au Québec (Demazière et Leducq, 2018 ; Ananian et Leducq, 2018). Les méthodes d’urbanisme mobilisées sont celles qui permettent de co-produire la ville dans un contexte contemporain où législateurs, maîtres d’ouvrage et citoyens interviennent conjointement dans la fabrique des territoires : urbanisme réglementaire, urbanisme de projet et urbanisme tactique.

4.3.1.  Urbanisme réglementaire

36La nouvelle économie adopte de nouveaux paradigmes de répartition des activités sur le territoire, fondés sur la proximité, la centralité et la mixité des fonctions et des populations. Par conséquent, les outils classiques de l’urbanisme réglementaire, soutenus par des plans de zonage et d’affectation du sol, ne répondent pas toujours aux besoins des ECW (Katz et Bradley, 2014). En fonction de leur statut et de la programmation du lieu, l’insertion dans la trame urbaine peut nécessiter des dérogations aux règlements d’urbanisme. Citons notamment les espaces qui s’installent dans des bâtiments anciennement industriels, nécessitant alors une reconversion et une modification de zonage. Ce peut être le cas aussi de certains ECW se développant sous forme de coopérative. D’autres ECW peuvent s’inscrire dans une programmation urbaine mixte, fondée sur la diversité des activités et l’hétérogénéité des populations, et intègre divers espaces de production et équipements (FabLab, salles d’exposition, espace événementiel, garderie, espace de consommation, etc.). Parfois enfin, les gestionnaires des ECW et la communauté mettent en place, à l’extérieur de leurs installations, des activités qui nécessitent une autorisation de la municipalité ou une dérogation à un règlement, comme des aménagements éphémères sur des friches.

4.3.2.  Urbanisme de projet

37L’insertion des ECW dans la ville dépasse les aspects réglementaires dans la mesure où ils présentent une diversité de typologies et s’inscrivent dans des dynamiques plus complexes comme celle de la régénération urbaine. L’urbanisme de projet, fondé sur le principe de collaboration (Ingallina, 2010), invite les gestionnaires des ECW, les usagers, les communautés locales et les institutions à se concerter autour des enjeux de développement du quartier, tels que l’aménagement des espaces publics, la préservation ou la mise en valeur d’éléments patrimoniaux, l’entretien quotidien des équipements urbains (mobilier, signalétique, plantations), ou encore la gestion des externalités négatives liées à la centralité, les flux, les déchets et le bruit. Dans l’urbanisme de projet, les communautés de travail des ECW sont parties prenantes des processus de réflexion animés par le pouvoir public autour des enjeux de développement et d’aménagement du quartier, mais elles peuvent également devenir des porteuses d’initiatives visant l’amélioration du cadre de vie ou l’ancrage auprès des communautés locales.

4.3.3.  Urbanisme tactique

38Les initiatives qui émanent des ECW, ou celles portées par d’autres acteurs du milieu communautaire, artistique ou culturel, et qui les sollicitent comme partenaires, mobilisent une autre méthode d’urbanisme : l’urbanisme tactique. Lydon (2014) le définit comme étant l’ensemble des démarches alternatives, participatives, citoyennes et ascendantes ayant un impact social et spatial sur l’aménagement local. Tantôt initiatives visant le rayonnement des ECW et de leurs communautés de travail, tantôt initiatives visant l’expérimentation, l’urbanisme tactique permet de promouvoir les rapports entre ECW et espaces urbains à travers des principes communs comme l’ouverture, le partage, l’accessibilité et la sérendipité. Certaines de ces initiatives nécessitent la mise en place de collaborations avec les communautés de travail et les communautés locales, qui vont légitimer l’insertion des ECW dans la ville (Chuah, 2016). C’est particulièrement le cas pour les coopératives qui partagent avec ces communautés certaines valeurs sociales et environnementales, et qui se lancent dans des initiatives visant l’amélioration de la qualité du milieu et du cadre de vie, à travers des secteurs d’intervention particuliers comme l’économie sociale, les arts, les médias ou encore les technologies. Ainsi, la création d’un potager collectif, d’un restaurant de quartier, l’aménagement pérenne de friches urbaines ou encore l’animation événementielle sur l’espace public figurent parmi tant d’initiatives propres à l’urbanisme tactique, et par extension bénéfiques aux coworkers et société environnante.

39Ainsi, l’hypothèse que ces trois formes d’urbanisme – réglementaire, de projet et tactique – coexistent de façon complémentaire, concurrente ou en contradiction renforce l’idée que la complexité des enjeux d’ordre urbanistique, découle de l’émergence des ECW et ne semble pouvoir être abordée par une méthode d’urbanisme au détriment des deux autres. En effet, l’incertitude des solutions contemporaines d’aménagement contribue à réaffirmer l’importance de comprendre le jeu des acteurs, plus particulièrement dans l’interaction entre gestionnaires des ECW et agents du développement urbain, afin d’appréhender les besoins des communautés issues de ces nouvelles dynamiques. Or, les outils d’urbanisme mobilisés dans ce contexte sont encore très peu documentés. C’est la raison pour laquelle des travaux empiriques basés sur une approche renouvelée des questionnements et des méthodes de recherche s’avèrent nécessaire.

5.  Conclusion

40La revue critique de la littérature sur les espaces de coworking (ECW) a montré le gain d’intérêt récent de la communauté scientifique pour ce phénomène mais a aussi souligné que la rareté des travaux adoptant une approche territoriale – géographique et urbanistique – contraste avec une explosion du nombre d’ECW en ville. Les connaissances produites par ces approches encore peu explorées ouvrent des perspectives qui permettent de mieux comprendre la nouvelle condition urbaine. En effet, les rapports entre ECW et environnement urbain s’organisent le plus souvent autour de la gestion de flux, notamment la mobilité des coworkers, la fréquentation et la consommation des services et aménités du quartier, les événements ouverts au public ou encore les installations et aménagements éphémères organisés dans le quartier. Ces flux nous portent à interroger les statuts des ECW – publics, privés, associatifs – et rendent floues les limites entre ECW et espaces publics, tout comme les temporalités associées à leurs usages. Ainsi, les pouvoirs publics sont sensibles aux impacts potentiels que les ECW pourraient avoir sur le développement socio-économique des territoires, et, les gestionnaires et les coworkers se retrouvent bien souvent impliqués dans l’aménagement et le développement des quartiers dans lesquels se trouvent leurs activités. Que ce soit par l’urbanisme réglementaire, l’urbanisme de projet ou l’urbanisme tactique, l’ensemble des acteurs revendiquent plus que jamais le droit de participer à la fabrication de la ville.

41Cette nouvelle donne exige d’engager l’écosystème d’acteurs dans une démarche d’urbanisme collaboratif, qui réunisse autour de la table les gestionnaires des ECW, les coworkers, les promoteurs immobiliers et les responsables politiques dans la perspective d’outiller l’action publique et la définition de stratégies de cadre de vie, de mobilité et de développement économique et pour aider ces communautés de pratiques à structurer leurs actions. Pour ouvrir le débat, nous préconisons donc deux voies pour les recherches empiriques en urbanisme et études urbaines sur les ECW. Premièrement, une approche par le design et la morphologie urbaine pour qualifier l’espace – à partir d’observations in situ, de cartes et de croquis – puisque les ECW s’inscrivent dans des processus de (re)territorialisation des activités liées aux nouvelles technologies dans les quartiers centraux ou dans la revitalisation de quartiers interstitiels ou délaissés. Deuxièmement, une réflexion menée – à partir d’entretiens individuels et d’ateliers collectifs – sur le renouvellement des catégories d’acteurs dans les rapports ville-ECW qui permettent d’engager réellement l’écosystème dans une démarche d’urbanisme collaboratif et innovant.

Remerciements

Les auteures remercient la Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire, l’École des sciences de gestion UQAM et le Nouveau Programme Samuel de Champlain du CFQCU pour leur confiance et le soutien financier au projet « Urbanisme et (mi)lieux de l’innovation : étude des enjeux et défis d’intégration urbanistique des espaces de coworking au Québec et en France » (2017-2019) ainsi que les trois assistants de recherche, Aurélie Coquel, Guillaume Parent-Frenette et Marie-Axelle Borde, recrutés dans le cadre d’une bourse d’échange universitaire entre la France (Université de Tours) et le Québec (UQAM).

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Mots-clés éditeurs : outils de planification urbaine., économie numérique, espaces de coworking, effets transformateurs

Date de mise en ligne : 22/01/2020

https://doi.org/10.3917/reru.195.0963

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