Couverture de RERU_195

Article de revue

De l’intérêt pour la nature en ville

Cadre de vie, santé et aménagement urbain

Pages 893 à 911

Notes

  • [1]
    La question était « Pensez-vous que le développement de votre ville menace la nature ? ». Les interrogés avaient trois réponses possibles : « oui c’est grave », « oui, ce n’est pas grave » et « non ».
  • [2]
    « Devenir acteur de la végétalisation en ville », qui existe depuis juin 2015.
  • [3]
    Pour la végétalisation des trottoirs, dès 2004.
  • [4]
    Évidemment l’adjectif qualitus n’existe pas en latin. Il s’agit d’un jeu de mot - en réponse à homourbanus ou eoconomicus - avec le terme « qualité » en français, qualitas en latin qui signifie : i) manière d'être [qualité] et ii) ce qui fait la valeur de quelqu’un, l’adjectif latin étant qualitativus. Cette idée d’homo qualitus a émergé bien avant le xxie siècle. Elle est née, en Angleterre, au moment des révolutions industrielles en réaction à la perte de contact avec la nature. L’esthétique du paysage pittoresque est liée à ce processus (Berque, 1994).
  • [5]

Points-clés

1

  • Nous rechercherons les raisons de l’intérêt croissant pour la nature en ville.
  • Cet intérêt est multifactoriel.
  • Il est induit par le développement d’une conscience écologique, l’utilisation des NTIC, la culture de l’immédiateté et l’hypermodernité mais aussi l’urbanisation croissante.
  • Les citadins sont conscients des effets positifs des végétaux sur leur santé et leur bien-être.
  • Les fonctions attendues des végétaux en ville sont multiples. Les collectivités territoriales mobilisent les végétaux pour réduire certains maux environnementaux ou sociaux.

1.  Introduction : la ville, reflet de la société et de ses aspirations

2La ville incarne la puissance de l’homme et son pouvoir de transformer son milieu. Elle est une création humaine et en cela, elle s’oppose à la nature sauvage qui peut se définir comme l’ensemble des éléments minéraux, végétaux et animaux qui n’ont pas été transformés par l’homme. Elle symbolise la lutte de l’homme pour sa survie : n’avait-elle pas une fonction défensive à l’origine ? La ville est aussi le lieu d’échange par excellence. C’est en son sein que se déploient les échanges de biens, de services, de connaissance, d’idées, de sensibilités artistiques, d’affects, etc. Elle matérialise dans l’espace la plupart des liens qui unissent les individus. Alors que jusqu’à très récemment dans l’histoire humaine, elle était le lieu où l’on se regroupait « pour être à portée de se voir souvent, et jouir d’une société agréable » (Cantillon, 1755) et être protégé d’un milieu naturel, cela semble être moins vrai aujourd’hui. Le citadin vivrait dans un environnement pollué, congestionné, stressant, déshumanisant, favorisant les maladies chroniques. Il subirait une surcharge environnementale, c’est-à-dire l’excès de stimuli qui rend le traitement de l’information difficile (Moser, 2009) et aurait perdu le contact avec la nature et ses semblables.

3Mais la ville témoigne des valeurs et des intentions de la société qui la façonne. Elle en est l’expression spatiale. Ses maux sont ceux de la société dans laquelle elle prend vie. Elle est en constante évolution. Elle se transforme à la suite de changements sociaux, politiques, économiques, culturels, scientifiques, etc. Ses formes ont ainsi évolué au fil des siècles. Dense et de petite taille, elle a été entourée de murs pour que ses habitants soient protégés d’un environnement ou/et des tribus hostiles. L’origine du vocabulaire reflète cette idée. Le terme grec polis signifiait à l’origine mur d’enceinte ; le mot latin urbs, ou cité ceinte, est relié à orbis, le cercle ; en anglais, town signifiait palissade circulaire et dérive de la même racine que l’allemand zaun, ou haie (Kerbat, 1995). Le mot russe gorod, ou grad, qui désigne la ville, signifiait citadelle en slave ancien. Puis, la ville s’est étendue au-delà de ses enceintes (Reclus 1895 ; Bairoch, 1985). Elle a alors grignoté la campagne environnante (Verhaeren, 1895 ; Mumford, 1964).

4La ville est aujourd'hui l’horizon de vie de plus de la moitié des humains. Les citadins, aspirent à réduire les nuisances urbaines dont ils peuvent être victimes afin d’atteindre un niveau de bien-être supérieur en vivant dans un environnement de qualité. Ils cherchent par conséquent à réduire la pollution, la consommation d’espaces naturels en densifiant les villes, mais aussi à limiter l’effet de leurs activités sur l’environnement et à faire des villes des lieux plus amènes. Un phénomène observable par toute personne se promenant en ville, se produit. L’espace urbain se verdit, en particulier l’espace public. D’une certaine manière, les villes renouent avec la nature car n’oublions pas qu’elles se sont établies, dans de nombreux cas, en prenant appui sur le relief et/ou un cours d’eau. Ce processus peut être, selon certains auteurs, qualifié, de verdissement sociétal (Bourdeau-Lepage et Vidal, 2012). Il émerge, semble-t-il, de la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, les sociétés et la puissance publique prennent conscience de l’impact de leurs activités sur l’environnement et cherchent alors à en limiter les effets (Bekessy et al., 2012). L’impératif écologique voit le jour. Ensuite, les citadins conscients des vertus de la nature sur leur santé et leur bien-être cherchent à renouer avec elle. Leur demande de nature, qui a émergé au cours des deux révolutions industrielles notamment avec la seconde révolution urbaine, s’affirme alors (Unep-Ipsos, 2008 ; Boutefeu, 2009). Elle est induite en partie par le besoin des citadins de se reconnecter au monde physique en raison des rythmes effrénés qu’ils subissent (Jauréguiberry, 2014), de l’accélération continuelle de l’action économique, de la colonisation de la sphère réelle par la sphère virtuelle, du manque de contact face à face dans les actions et pratiques quotidiennes, de l’excès d’information qui étouffe (Morin, 1981). Cette demande est également produite par le manque de lien social (Jauréguiberry, 2014), notamment en ville comme nous le verrons. Enfin, les collectivités territoriales considèrent aujourd’hui que le développement du végétal en ville procure de nombreux avantages (Atout France, 2014 ; Unep-Hortis, 2017). Cette prise de conscience conduit le monde de l’entreprenariat et les acteurs des politiques publiques à utiliser un nouveau terme pour désigner tous les espaces végétalisés, qu’ils le soient naturellement ou à la suite d’un aménagement. Ils emploient alors le vocable « infrastructures vertes » par opposition aux infrastructures grises que seraient les bâtiments, les routes ou les équipements goudronnés. En équipant leur ville d’infrastructures vertes, les collectivités cherchent à participer à l’amélioration du cadre de vie des habitants, renforçant l’attractivité de leur territoire. Elles cherchent également à favoriser la biodiversité. Des liens inédits voient le jour entre la ville et la nature, renouvelant la manière d’aménager l’espace urbain (Benedict et Mac Mahon, 2006).

5Dans cet article, nous identifierons les éléments sur lesquels repose ce nouvel intérêt pour la nature en ville et essayerons de voir si une nouvelle relation se tisse entre la ville et la nature. D’abord, nous explorerons la piste d’une montée de la sensibilisation écologique (2.1) et, suite à l’intensité du processus d’urbanisation et à la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) celle de la perte de lien avec la nature et d’une reconfiguration de la sociabilité (2.2). Puis, nous évoquerons la prise de conscience des bienfaits de la nature et en particulier du végétal sur l’état de santé et le niveau de bien-être des individus (3). Ensuite, nous examinerons le caractère pluriel de la nature en ville (4.1.) et soulignerons les différentes fonctions que l’on fait assurer, aujourd’hui, au végétal en ville (4.2.). Nous conclurons sur la quête d’une nouvelle harmonie entre la ville et la nature et sur les impensés des politiques publiques en matière de la nature en ville.

2.  Explorer les raisons de l’intérêt pour la nature en ville

6Nous l’avons évoqué, la nature en ville est l’objet d’un intérêt renouvelé dont les ressorts sont de caractère différent. Parmi eux, nous faisons l’hypothèse que l’émergence d’une conscience écologique et les effets d’une urbanisation intense et de la diffusion des NTIC ont joué un rôle important. Ainsi nous sommes persuadés que le contexte technique, économique et culturel est une clef de compréhension des phénomènes socio-spatiaux.

2.1.  Le développement d’une conscience écologique

7Depuis près de deux décennies, nous assistons, à travers le monde ou plus précisément au sein des sociétés occidentalisées, à un nouveau phénomène que l’on peut désigner sous le terme de verdissement sociétal (Driessen et Glasbergen, 2002). L’homme prend conscience des effets de ses activités sur l’environnement et particulièrement sur le climat et la biodiversité. Il développe une sensibilité écologique (Abdmouleh, 2011).

8Cette prise de conscience n’est pas nouvelle. Cependant elle ne touchait jusqu’à présent véritablement que les milieux scientifiques. Dans les années 1960, Carlson (1963) dévoilait les effets désastreux de l’usage des pesticides organochlorés (dont le DDT, le dichlorodiphényltrichloroéthane) sur les oiseaux. Jean Dorst (1965) soulignait l’urgence à sauver l’espèce humaine contre elle-même. Pourtant, il faudra attendre les actions du Club de Rome à partir de 1968 et le rapport, The Limits to Growth, rédigé par Meadows, Meadows, Randers et Behrens III en 1972 pour que l’idée se diffuse. C’est avec Paul Crutzen et Eugène Stoermer (2000) que le terme anthropocène sera popularisé. Formé des mots grecques Kainos : nouveau et anthropos : être humain, il désigne une période géologique dominée par l’être humain. Ainsi, nous serions entrés dans une ère géologique, où l’activité humaine serait telle qu’elle aurait des conséquences importantes sur la biosphère. Qu’il s’agisse véritablement ou non d’une nouvelle ère géologique, la réponse faisant encore débat au sein de la communauté scientifique, un fait est toutefois à souligner. L’impact de l’activité humaine sur l’environnement n’est plus discuté en tant que tel. Un changement s’est produit dans la manière de voir et d’appréhender le rapport de l’homme à l’environnement. Il conduit à envisager autrement notre lien avec la nature et notre façon de mener nos activités.

9À l’échelle mondiale, les gouvernements signent des accords pour préserver la biosphère, le développement durable devient le nouveau paradigme et les entreprises souscrivent parfois à des actions en faveur du développement durable. Ces accords se traduisent en objectifs nationaux et/ou locaux produisant de nouvelles lois ou de nouveaux règlements dont certains relèvent de l’aménagement du territoire. Les manières d’appréhender l’aménagement évoluent. Une attention particulière est portée au végétal, aux corridors écologiques, à la biodiversité, aux effets positifs de la nature en ville, etc. Le Grenelle de l’environnement II apporte la trame bleue et verte (Mehdi et al., 2012). La loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Renouvelé (ALUR) fait évoluer le cadre législatif du schéma de cohérence territoriale et du plan local d’urbanisme pour tenter de limiter l’étalement urbain. L’ALUR rend obligatoire l’analyse des potentialités de densification des espaces urbanisés avant d’ouvrir à l’urbanisation de nouvelles zones (ministère de la Cohésion des territoires, 2014). La loi de Modernisation de l'Action Publique Territoriale et d’Affirmation des Métropoles souligne l’importance de la biodiversité (Ghorra-Gobin, 2015).

10En France, de nombreux acteurs émettent, pour préserver l’environnement, des recommandations en matière de consommation, de production, d’échanges, de déplacements. Sont promus la consommation éco-responsable, le recyclage, les processus de production respectueux de l’environnement, l’agriculture biologique, les circuits courts, le troc, l’utilisation des transports publics, les modes doux (que l’on devrait qualifier d’actifs), etc. Ces changements mènent également à encourager de nouveaux modes de vie ou manières de faire : le ralentissement, le fait maison, le partage de biens telle que la voiture et les outils. Certains résultats d’enquêtes témoignent aussi de cette transformation qui se déploie à travers les différentes strates sociales. Une enquête menée à Lyon, au printemps 2012, révèle que 75 % des 150 personnes interrogées dans la rue pensent que le développement de leur ville représente une menace pour la nature [1] (Bourdeau-Lepage et al., 2012).

11À côté de ces règlements et engagements internationaux et nationaux, voient le jour de nouveaux labels prônant le respect de l’environnement et des écosystèmes, en particulier dans la gestion des éléments de nature en ville. En France sont créés : en 2006, le label Espace Végétal Ecologique d’ECOCERT, EcoJardin de Plante & Cité en 2012 ou encore en 2013 Biodivercity. Des actions militantes sont également menées en faveur de la biodiversité parmi lesquelles celles liées au plan Ecophyto 2018, comme les actions en faveur de la végétation urbaine spontanée qui en ont découlé (Menozzi, 2014). Le fleurissement participatif et la guérilla jardinière se déploient dans les villes. Les citadins se transforment en jardiniers, comme à Paris avec le permis de végétaliser [2] ou encore à Rennes avec les programmes « Embellissons nos murs » [3] puis en 2017, « Jardiner ma rue » dont l’objectif affiché est d’embellir et de végétaliser la ville. Le désherbage manuel ou thermique est promu. Les gestionnaires modifient leur mode de gestion des espaces verts publics dans les grandes villes françaises. La gestion horticole intensive et mécanisée, homogénéisant le paysage qui avait prévalu jusqu’à très récemment, est remplacée par une gestion dite différenciée (Aggeri, 2004).

12Cette prise de conscience arrive à un moment particulier. Celui où l’homme est parvenu à un niveau important de déconnexion avec la nature (Rabhi, 2010). Cet éloignement entre l’homme et la nature est le résultat de processus diversifiés.

2.2.  Des effets de l’urbanisation et des NTIC

13La première cause citée est l’urbanisation et l’industrialisation et les liens qu’elles ont entretenus, en se nourrissant l’une de l’autre au cours du xixe siècle (Bairoch, 1985). Elles ont profondément contribué à transformer le cadre de vie et le genre de vie des hommes, modifiant les règles du jeu de la société. L’instauration de l’heure universelle à partir du méridien de Greenwich a également joué un rôle. Jusqu’en 1891, l’heure pouvait être différente d’une ville française à l’autre. La ville était par conséquent placée sous le signe de la journée de lumière, cadre temporel de la vie publique. Le temps de travail était seulement limité par les exigences de l’économie agricole, l’autorité ou l’habitude. À partir de 1911, le temps de travail se mesure et se négocie et le citadin perd le contact avec le rythme naturel de la lumière. Ainsi, lorsque la ville devient le lieu du développement industriel et de la vie de plus en plus de personnes, la nature revêt un nouveau statut. Elle s’oppose à l’industrialisation et à l’urbanisation (Stallybrass et White, 1986) et symbolise dans l’imaginaire des hommes beauté (Baridon, 1998) et liberté. L’idée de nature qui émerge alors se définit plus par opposition à la ville que pour elle-même. C’est « l’effacement de la nature » dans la pensée sur la ville (Blanc et Mathieu, 1996).

14L’urbanisation ne s’est pas limitée à déconnecter l’homme de la nature. Transformant l’environnement physique et social de vie des hommes, elle a entraîné des changements de comportements car les individus agissent différemment en fonction du lieu où ils se trouvent et des personnes qui les entourent (Goffman, 1973). Selon Simmel, la grande ville produit la réserve, l’indifférence à autrui, le repli sur soi et la méfiance vis-à-vis d’autrui. C’est un mécanisme de protection de l’individu face à « l’intensification de la stimulation nerveuse : Steigerung des Nervenlebens, qui résulte du changement rapide et ininterrompu des stimuli externes et internes » dans cet espace (Simmel, 1903, 62 In Grafmeyer et Joseph, 1979). Le psychisme de la grande ville est ainsi intellectualiste contrairement à celui de la petite ville fondé sur les rapports affectifs et la sensibilité. Par conséquent, la grande ville réduirait la vie sociale en raison du trop grand nombre de stimuli présents en son sein et de l’incapacité des citadins à traiter toute l’information (Milgram, 1970). La surcharge environnementale, en serait une des principales raisons (Moser, 2009). L’exemple classique est celui de l’aide accordée à autrui en cas de demande. Elle se trouve être plus faible dans les grandes villes que dans les petites villes (Milgram, 1970 ; Altman, 1975). La surcharge environnementale réduit l’attention (Moser, 1988). Elle a un effet sur la demande d’aide. Le bruit, par exemple, conduit à un refus de s’engager dans une démarche d’assistance. À cela, il faut ajouter que les conditions urbaines représentent un stress en tant que telles (Moser, 2009). Elles mettent l’individu dans une situation de mal-être qui le rend peu enclin à l’altruisme. Par conséquent, dans certains espaces urbains où les personnes sont exposées à des nuisances importantes comme des niveaux sonores anormaux, les liens sociaux sont plus difficiles à établir. Il en résulte une perte d’urbanité, c’est-à-dire une incapacité à mettre son pas dans celui de l’autre, une perte de civilité. Une situation paradoxale peut s’observer. Alors que l’urbanité renvoie au respect d’un certain nombre de règles tacites de relations à autrui qui définissent l’ordre social (Goffman, 1973), un niveau d’urbanité élevé et une surcharge environnementale porteraient en leur sein la négation de l’urbanité. Ce mécanisme serait induit en partie par le stress que ce milieu produit sur les individus, affectant leurs relations interpersonnelles et entraînant des comportements d’indifférence vis-à-vis d’autrui. Dans certains cas, les individus peuvent alors se sentir seul en ville et rechercher le contact avec leurs semblables. Leur recherche de socialisation peut passer par la fréquentation de lieux de récréation comme les espaces verts ou les conduire à pratiquer des activités de plein air.

15Un autre élément mérite notre attention, l’effet de l’utilisation des NTIC par les citadins dans tous les domaines de leur vie, sur leur manière de vivre-ensemble et sur leur lien avec la nature. S’il est vrai que les NTIC permettent des interactions à très longue distance étendant ainsi les réseaux sociaux, elles offrent également la possibilité de répondre et de recevoir un message n’importe quand, n’importe où et dans n’importe quelle circonstance. Elles permettent à l’individu à travers les réseaux virtuels d’être en relation continue avec d’autres. Cette compagnie l’oblige à être en représentation et à répondre aux demandes faites. Pourtant elle ne l’empêche pas d’être seul et de compter essentiellement sur sa famille en cas de souci (Mc Pherson et al., 2006). L’instantanéité qui caractérise les NTIC a entraîné une culture de l’immédiateté (Aubert, 2003). Une nouvelle ère est née, celle de l’éphémère, de l’urgence, de la globalité et du virtuel. Les relations humaines et leurs formes se transforment. L’homme devient hypermoderne (Aubert, 2006). Dans ce mouvement, la sociabilité et l’intimité se reconfigurent. Un risque existe : celui de considérer l’autre comme un objet lorsque les interactions sont virtuelles (Turkle, 2015). Le rapport au monde, au temps et à l’autre (et à soi-même) évolue. Cette vitesse, cette présence constante de la sphère virtuelle dans toutes les sphères de la vie, cette nécessité de s’adapter en continu, de répondre à l’urgence génère un besoin de déconnexion, de ralentir (Jauréguiberry, 2003). 74 % des 1 200 personnes interrogées dans le cadre d’une étude sur leur rythme de vie dans la société actuelle, conduite par le Forum Villes Mobiles (2016), estiment qu’il est trop rapide. En France, Allemagne, Espagne et États-Unis, elles sont 80 % à le penser. 78 % de l’ensemble de ces mêmes personnes aspirent à ralentir et 82 % des personnes françaises interrogées.

16Les mouvements slow down sont également là pour en témoigner. Ce ralentissement passe en particulier par la déconnexion virtuelle, la reconnexion à l’environnement naturel, la reconquête de soi et la recherche de contacts en face à face (Jauréguiberry, 2014). Ainsi, se développent les activités de plein air comme la marche ou encore le jardinage. Le jardinage a une vertu certaine. Il permet de reconnecter celui qui le pratique à l’espace et au temps, l’exposant aux rythmes naturels des saisons et au cycle biologique des plantes (Ligny, 2011). Il requiert un contact avec la terre et les plantes et une maîtrise du temps qui passe. Il est également un vecteur important de socialisation en particulier quand cette pratique se fait dans des espaces collectifs (Scheromm, 2013 ; Demailly et Riboulot, 2014).

17La recherche d’un contact quotidien avec la nature et l’affirmation d’un désir de nature en milieu urbain sont le fruit de transformations techniques, sociales, culturelles et économiques. Elles proviennent également d’une reconnaissance des bienfaits de la nature (en particulier des végétaux) sur l’homme.

3.  Une reconnaissance des vertus de la nature

18De nombreux travaux scientifiques ont montré les vertus thérapeutiques que possède la nature. Aujourd’hui les citadins en ont pris conscience.

3.1.  Quand les révélations scientifiques des bienfaits de la nature…

19Par sa simple présence, la nature diminue le stress et la fatigue mentale (Sheets et Manzer, 1991 ; De Vries et Verheij, 2003). Il existe une relation entre l’état de santé d’un individu et la proximité d’éléments naturels tels qu’une voie d’eau, un parc ou un jardin. Kaplan et Kaplan (1989) mettent en évidence que le contact avec la nature permet de réduire la fatigue mentale. Gesler (1992) souligne l’existence de paysages thérapeutiques. Ulrich établit un lien entre la durée de convalescence des patients hospitalisés après une intervention chirurgicale et le fait que ces patients disposent d’une chambre avec une vue sur un parc (Ulrich, 1984). Kuo et Taylor préconisent de placer le bureau d’un enfant hyperactif face à une fenêtre avec vue sur un jardin pour réduire son hyperactivité (Kuo et Taylor, 2004). Coss montre que lorsque des individus sont face à une image de nature ou dans un cadre naturel, ils se détendent (Coss, 1990). Rubin, Burgess, Kennedy et Stewart concluent que la vue de paysages naturels même artificiels pouvait réduire le niveau d’anxiété des patients (Rubin et al., 2003). Schroeder et Lewis établissent que les éléments naturels comme les fleurs, les arbres et les arbustes exercent une action positive sur les personnes, leur permettant par leur simple présence, de se relaxer et d’emmagasiner de l’énergie (Schroeder et Lewis, 1991). La nature permettrait également de réduire le sentiment de solitude. Selon une étude menée aux Pays-Bas, les personnes vivant à proximité d’espaces verts, se sentent moins seules que les autres non pas en raison de rencontres amicales et de voisinage plus importantes mais bien par le contact avec la nature elle-même (Maas et Van Dillen, 2009). Une recherche auprès de 10 000 Anglais révèle que les citadins vivant dans un lieu où les espaces verts sont plus présents que dans d’autres lieux, déclarent un niveau de satisfaction de vie supérieur à celui des autres citadins (White et al., 2013). La liste pourrait être allongée (Tableau 1). On pense bien sûr aux travaux d’Abraham Maslow. Ce dernier, dans un essai de 1954, hiérarchise les besoins des individus : physiologiques, de sécurité, d’appartenance et d’amour, d’estime et d’accomplissement de soi, mettant en évidence la nécessité d’avoir un contact avec la nature pour être en pleine santé. Une analyse conduite des 90 articles publiés entre 1991 et 2006 dans la revue Landscape and Urban Planning, confirme le rôle important de la nature sur le bien-être des individus et les similitudes existantes à travers le monde en matière de besoins humains dans l’espace urbain (Matsuora et Kaplan, 2008).

20Des études montrent également que les éléments naturels comme le niveau d’ensoleillement, la température, ou encore l’ambiance sonore ont des effets importants sur le comportement des individus notamment en milieu urbain. Ainsi, l’ensoleillement favorise l’altruisme et les relations sociales (Cunningham, 1979 ; Rind et Strohmetz, 2001). Le calme ou un niveau sonore ambiant agréable encourage les relations sociales et l’intérêt pour autrui (Mathews et Canon, 1975). Les sons naturels, comme le murmure du vent ou les gazouillements des oiseaux diminuent l’anxiété (Arai et al., 2008) alors qu’un niveau sonore désagréable ou/et élevé diminue l’aide à autrui et les interactions sociales (Mathews et Canon, 1975).

21Par conséquent, l’ambiance sonore, thermique, visuelle que dégage un lieu affecte le niveau de bien-être des individus et leurs relations sociales. L’espace dans lequel prennent place les différents types d’échanges matériels et immatériels entre les individus n’est pas un simple décor (Zelenski et Nisbet, 2014). Il agit sur ces derniers comme les individus interagissent avec leur environnement et le modifient. Il existe donc des lieux propices au bien-être, permettant notamment l’accomplissement de soi et des relations sociales positives (Fleuret et Atkinson, 2007) à côté d’espaces thérapeutiques aidant à la guérison physique, émotionnelle ou mentale.

Tableau 1

Les vertus de la nature en milieu urbain

figure im1

Les vertus de la nature en milieu urbain

Source : composé par l’auteur en novembre 2018.

3.2.  … s’accompagnent d’une prise de conscience citadine des effets de la nature sur le bien-être

22Les citadins prennent conscience des bienfaits de la nature. Ils en font un élément constitutif de leur bien-être. Plusieurs enquêtes en témoignent. En 2017, une enquête auprès de 240 habitants, du 6e arrondissement et du 7e nord de Lyon sur un échantillon représentatif de la population révèle que pour respectivement 71 % et 51 % des personnes interrogées, un environnement sain et un paysage naturel sont un des dix éléments les plus importants parmi un panel de vingt-neuf éléments dans la constitution de leur niveau de bien-être (Bourdeau-Lepage et Texier, 2017). En 2012, 96 % des 150 personnes interrogées à Lyon considèrent que la présence d’espaces verts et les éléments liés à l’eau participent au bien-être des citadins. Plus de 56 % estiment même que la contribution des espaces verts au bien-être en ville est « très importante » alors que selon 65 % des interrogés, la présence d’animaux (domestiques ou non) n’est pas un élément jouant beaucoup en faveur du bien-être des habitants. 53,3 % des personnes interrogées font des éléments naturels tels que les parcs et les squares la première caractéristique que doit avoir un quartier idéal pour que leur niveau de bien-être soit optimal (Bourdeau-Lepage, 2017). Les éléments comme l’accessibilité aux commerces et au reste de la ville ainsi que la sécurité arrivent après. Sept Européens sur dix cherchent à vivre près d’un espace vert. Une grande majorité des Européens et 90 % des Français considèrent que le contact quotidien au végétal est très important ou important et 75 % des Français déclarent prendre en compte les espaces verts dans leur choix résidentiel (Unep-Ipsos, 2013).

23Cette prise de conscience arrive à un moment particulier de l’histoire humaine, celui où l’homme devient un homo urbanus (Rifkin, 2001). En effet, depuis la fin de l’année 2007, plus de 50 % de la population mondiale vit dans un espace urbain (Banque Mondiale, 2017) et le mode de vie urbain s’est largement diffusé (Grafmeyer, 1994). Ce n’est sûrement pas un hasard. En ayant la ville comme horizon de vie, l’homme aspire à tisser un nouveau lien avec la nature. Mais quelle est la nature désirée et présente en ville ? Comment pouvons-nous la qualifier ?

4.  Des caractéristiques et des fonctions attendues de la nature (végétale) en ville

4.1.  La nature en ville est plurielle

24Il est difficile de caractériser la nature pour au moins deux raisons. D’abord, les liens entre la nature et la société sont fortement influencés par les représentations et la culture joue (Larrère et Larrère, 2015). Ensuite, l’idée de nature est complexe. La nature est généralement perçue comme un tout, une réalité concrète pour les sondés et les sondeurs alors que souvent, sous le terme nature, les individus perçoivent des choses différentes (Carlson, 1979 ; Nasar, 1992).

25La nature en ville est plurielle : minérale, animale et végétale. Elle peut être solide ou fluide. Ces objets sont multiples (Arnould et al., 2011). Elle regroupe une « diversité de matérialités et de patrimoines naturels » (Da Cunha et al., 2012). Elle renvoie aux quatre éléments naturels du philosophe grec Empédocle : la terre, l’eau, le feu et le vent. Derrière l'expression nature en ville se cache donc la faune sauvage et domestique (le chien…) que ces éléments soient qualifiés de désirés (les abeilles, …) ou de nuisibles (la blatte, les rats, …) (Mathieu et al., 1997), les cours d’eau et leurs berges, les phénomènes météorologiques et climatiques comme l’orage, la pluie, le soleil et leurs conséquences (inondation, sécheresse, …) ou encore la morphologie du site, la nature des sols, la qualité de l’air, la lumière, la flore.

26En ville, la nature végétale se présente sous plusieurs formes : i) végétation d’agrément - arbres, plantes et fleurs en pots, parterres de fleurs, pelouses, ii) végétation cultivée ou agricole - carrés de légumes -, iii) végétation spontanée - plantations spontanées, prairies fleuries, mauvaises herbes -, etc. Elle investit différents espaces en ville tels que les bâtiments, les toits, les parkings, les balcons, les places, les friches industrielles, les interstices, les trottoirs, les pieds d’arbres ou de murs, les voiries. Elle se déploie également dans des lieux qui lui sont dédiés comme les parcs, les jardins, les squares, les zoos les réserves naturelles. Elle peut être mobile et prendre la forme des dadagreens, sacoches où sont installés des végétaux, que l’on transporte sur le porte-bagage d’un vélo pour ensuite les poser sur une rambarde. La nature végétale prend place en majorité dans l’espace public mais se rencontre aussi dans les espaces d’entreprises ou sur les parcelles des particuliers. Elle est à portée de main, suspendue ou enfermée dans les réserves.

27La nature appartient également au registre du sensible et des représentations. Elle est « naturelle » ou « banale », socialisée, « désirée et produite » (Blanc, 2010). Elle relève des perceptions, des aspirations, des mentalités, des sociabilités. Elle est aussi un état d’esprit : la conscience écologique d’aujourd’hui (Blanc, 2010).

28La nature en ville assure plusieurs fonctions : esthétique, réparatrice/salvatrice, bienfaisante, recréatrice, sociale, économique.

4.2.  La diversité des fonctions du végétal en ville

29Elle est bien souvent technicisée dans le but de rendre des services et de réduire certains maux urbains. Ce fait n’est pas nouveau. Déjà au cours de la période industrielle, avec le mouvement hygiéniste, ses vertus sanitaires ont été prises en compte. Ainsi, après une nature privée, puis réservée au xviiie siècle aux populations aisées, est advenue une nature pensée (mais pas disponible) pour le bien-être sanitaire du grand nombre dans une optique de santé publique. La nature est là pour réduire les miasmes, assainir l’air (Alphand, 1867-1873). Elle émerge dans l’espace public à travers les avenues plantées, les jardins et les parcs qu’Hénard nommera dès 1903, les espaces verts. Cependant, sa présence se traduit essentiellement à travers le végétal : la flore, les arbres… La nature est ainsi devenue un objet d’aménagement. Elle doit permettre la promenade dite de santé. Elle est aussi un vecteur d’embellissement de la cité et de santé publique.

30Actuellement, certaines de ses formes végétales sont jugées indispensables pour lutter contre l’îlot de chaleur urbain, réguler les eaux de pluie et protéger la biodiversité (Colombert, 2016 ; Darribehaude et al., 2016). C’est le cas des arbres, des surfaces enherbées, des parcs et des jardins urbains qui sont mobilisés pour réduire les pollutions atmosphériques (Musy, 2014). La présence d’arbres le long de la voirie alliée à un stockage des eaux pluviales dans des cuves souterraines qui seraient pompées en période estivale et utilisées pour irriguer les arbres, est envisagée par les collectivités territoriales aujourd’hui pour rafraîchir l’air l’été en augmentant leur transpiration. Pour faire descendre la température du macadam, les plantations de rue sont projetées par les services techniques des villes. Pour atténuer les nuisances sonores, les arbustes sont plantés au pied des murs anti-bruit, diminuant leur rayonnement et renforçant leur action anti-bruit. Pour isoler thermiquement les murs ou les toitures et réduire la consommation énergétique, les végétaux sont utilisés.

31Les espaces végétalisés remplissent aussi une fonction thérapeutique ou de prévention par leur effets bénéfiques sur l’individu (Cf. section 3.1.). Ils contribuent à améliorer la santé des citadins. Ils permettent de réduire les risques cardio-vasculaires à travers l’activité de marche qu’ils offrent aux citadins (Mc Ginn et al., 2007 ; Chibane et Gwiazdzinski, 2015) et réduisent les risques psycho-sociaux (Carrus et al., 2015).

32Le végétal en milieu urbain a également une fonction récréative et sociale qui est bien souvent soulignée par les études sur les parcs et jardins publics (Boutefeu, 2009 ; Unep-Ipsos, 2008 et 2013 ; Long et Tonini, 2012). Le square est un lieu de rencontre et d’échange où l’on vient rompre son isolement, c’est un espace fortement approprié par les riverains (Boutefeu, 2007). Les espaces verts sont des lieux de détente, de ressourcement (Emelianoff, 2007). Les jardins partagés, familiaux mais aussi ceux des particuliers permettent de créer ou de renforcer les liens sociaux (Demailly et Riboulot, 2014 ; Scheromm, 2013) et la solidarité entre les personnes.

33Appartenant au registre de l’immatérialité, la nature génère un ressenti. Elle provoque des sensations, participe du sentiment esthétique de la ville et à la poétique urbaine (Bailly, 2013). Elle permet de replacer le sensible au cœur des aménagements urbains car la demande de nature est aussi celle d’expériences et de sensations. Elle embellit l’espace urbain. Elle participe à la création d’une ambiance. Dans certains cas, elle est capable de protéger l’intimité des habitants. Elle peut contribuer à l’identité d’un quartier ou d’une rue.

34Elle devient un facteur d’attractivité (Bourdin et Cornier, 2017 ; Arnoult et al., 2011). C’est parce que le citadin déclare vouloir vivre à côté d’un espace vert (Unep-Ipsos, 2013) et en fait un élément constitutif de son bien-être que cela est en particulier possible (Bourdeau-Lepage et Fujiki, 2019 ; Schwartz et al., 2013). Les lieux dotés d’aménités vertes sont par conséquent plus désirables que les autres et le prix des logements y est plus élevé (Brander et Koetse, 2011 ; Gueymard, 2006). Pour cette raison et dans le contexte d’une montée des préoccupations environnementales, la nature est un élément sur lequel les collectivités territoriales investissent pour se façonner une nouvelle image, renforcer leur attractivité ou développer certaines activités. Le végétal devient le support d’actions de marketing urbain. En France, le classement des villes les plus vertes en est une illustration (Unep-Hortis, 2017). À l’échelle internationale, cela se traduit par la prise en compte des aménités environnementales comme critère d’évaluation de la puissance des villes – des villes qui comptent dans le monde – au même titre que les critères traditionnels : état de l’économie, recherche-développement, culture, accessibilité, grandeur du marché. Le global power city index de la fondation Mori au Japon en est un bon exemple.

5.  Conclusion

35À l’issue de cet article, pouvons-nous vraiment affirmer qu’une nouvelle relation voit le jour entre la ville et la nature ? La réponse ne peut être tranchée de manière définitive. Il est clair qu’une attention particulière est portée sur la nature et plus particulièrement sur le végétal par les citadins, les acteurs économiques, les collectivités, la société civile. Nous l’avons vu, cet intérêt est le fruit d’un impératif écologique, de la reconnaissance des bienfaits de la nature, des effets de la proximité virtuelle. Il est aussi le résultat de la recherche par le citadin d’une plus grande qualité de vie, matérielle et immatérielle. Dans un contexte de crise environnementale, il devient semble-t-il un homo qualitus[4], c’est-à-dire un individu cherchant à atteindre un niveau de bien-être matériel et immatériel maximal et faisant de son désir de nature et de la préservation de son environnement un élément de son bien-être. La nature vient alors au secours de la ville et de ses habitants.

36Les municipalités mettent en place des campagnes de végétalisation (Deschamps, 2019). Elles encouragent ainsi le développement et la culture des nouveaux espaces de nature en ville et en particulier de petits espaces (publics ou privés), tout en mettant en avant la participation citadine. Une nouvelle manière de concevoir le déploiement du végétal en ville est ainsi promue depuis quelques années (Bourdeau-Lepage et Deschamps, 2019). Cela conduit certains auteurs à parler de pulvérisation de l’action publique dans la végétalisation urbaine (de Biase et al., 2018). Jusqu’à très récemment la nature en ville pouvait s’apparenter à un bien commun et son déploiement était issu de projets collectifs. Ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui. La végétalisation en ville peut être le fruit d’une démarche individuelle. Elle est permise par l’injonction des villes à la participation citoyenne et facilitée par la création et l’utilisation des applications numériques par les individus, ou des plateformes collaboratives. En mai 2019, 1 297 projets réalisés sont répertoriés sur la plateforme Végétalisons Paris[5]. On y trouve par exemple le « petit potager de balcon avec herbes aromatiques » d’Élise, rue de Charenton, projet personnel d’une femme ou le jardin partagé « Des tours au jardin » des copropriétaires des tours Capri et Abeille de la villa d’Este dans le XIIIe arrondissement.

37Mais dans ce contexte d’émergence d’une conscience écologique et d’un désir de nature perceptible chez les urbains, les lois économiques se manifestent. Les éléments végétaux sont alors synonymes d’opportunités et de profits. Ils sont mobilisés pour accroître l’attractivité d’un territoire. Certains sont même parfois employés pour éliminer des pratiques jugées indésirables dans l’espace public, comme le sommeil sous les arcades des immeubles ou encore la présence de personnes sans domicile fixe. D’autres, comme les pieds d’arbres sont cultivés ou/et fleuris par les commerçants pour améliorer l’environnement immédiat de leur magasin (comme par exemple au 34, rue de Tolbiac à Paris). Les végétaux sont utilisés pour rendre des services à l’homme, instrumentalisés, monétarisés et deviennent des marchandises comme les autres. Certains auteurs considèrent que l’utilisation de la notion de services écosystémiques peut conduire à l’établissement de stratégies de conservation de la biodiversité qui iraient à l’encontre de la biodiversité elle-même car elles seraient induites par des logiques de marché faisant fi des arguments écologiques ou biologiques (Maris, 2014 ; Redford et Adams, 2009). Par conséquent, il existerait une face cachée de la nature en ville. Nous sommes peut-être loin du règne de l’homo qualitus ?

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Mots-clés éditeurs : bien-être, nature en ville, végétal., aménagement urbain, santé

Date de mise en ligne : 22/01/2020

https://doi.org/10.3917/reru.195.0893

Notes

  • [1]
    La question était « Pensez-vous que le développement de votre ville menace la nature ? ». Les interrogés avaient trois réponses possibles : « oui c’est grave », « oui, ce n’est pas grave » et « non ».
  • [2]
    « Devenir acteur de la végétalisation en ville », qui existe depuis juin 2015.
  • [3]
    Pour la végétalisation des trottoirs, dès 2004.
  • [4]
    Évidemment l’adjectif qualitus n’existe pas en latin. Il s’agit d’un jeu de mot - en réponse à homourbanus ou eoconomicus - avec le terme « qualité » en français, qualitas en latin qui signifie : i) manière d'être [qualité] et ii) ce qui fait la valeur de quelqu’un, l’adjectif latin étant qualitativus. Cette idée d’homo qualitus a émergé bien avant le xxie siècle. Elle est née, en Angleterre, au moment des révolutions industrielles en réaction à la perte de contact avec la nature. L’esthétique du paysage pittoresque est liée à ce processus (Berque, 1994).
  • [5]

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