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Article de revue

La lecture de bandes dessinées

Pages 1 à 8

Notes

  • [*]
    Service études et recherche, Bibliothèque publique d’information.
  • [1]
    La question relative aux opinions à propos des bandes dessinées n’était pas posée aux 11-14 ans.
  • [2]
    Cette question n’était pas posée aux lecteurs âgés de 11 à 14 ans.
  • [3]
    Questions posées uniquement aux 18 ans et plus.
  • [4]
    Selon les parents interrogés, 76% des enfants de 7 à 10 ans ont lu au moins une bande dessinée au cours de l’année, ce qui indique le niveau élevé de la bande dessinée à cet âge, même s’il reste inférieur à celui des 11-14 ans.
  • [5]
    Sylvie Octobre, Christine Détrez, Pierre Mercklé, Nathalie Berthomier, l’Enfance des loisirs, Trajectoires communes et parcours individuels de la fin de l’enfance à la grande adolescence, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, décembre 2010.
  • [6]
    Olivier Donnat, Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, enquête 2008, Paris, deps-Ministère de la Culture et de la Communication/La Découverte, 2009, p. 156.
  • [7]
    Ces catégories évidemment n’excluent pas certains recouvrements (quid, par exemple, de certains mangas qui relèvent également de la catégorie romans graphiques ou bandes dessinées alternatives ?). Le choix opéré a consisté ici à privilégier des indicateurs simples (grandes catégories et identifiant géographique).
  • [8]
    Cette question n’était pas posée aux lecteurs âgés de 11 à 14 ans.
  • [9]
    C’est ce que montrent notamment Christine Détrez et Olivier Vanhée dans leur enquête qualitative sur la lecture des mangas à l’adolescence. Les Mangados : lire des mangas à l’adolescence, Éditions de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, 2012 (à paraître).

Avant-propos

1La bande dessinée est un vaste territoire qui ne cesse de se diversifier et de se reconfigurer, comme le montrent l’arrivée des mangas, le développement récent des romans graphiques ou encore l’apparition d’une offre de bandes dessinées numériques.

2En 2011, avec plus de 4 800 nouveautés et nouvelles éditions, le nombre de titres de bandes dessinées publiés en France a augmenté de 5% par rapport à 2010, et plus que triplé depuis 2000. Si la croissance soutenue du secteur bandes dessinées enregistrée au milieu des années 2000 marque un peu le pas aujourd’hui, elle n’en demeure pas moins le signe que la lecture de bandes dessinées est désormais une pratique bien implantée dans l’hexagone.

3Pour autant, on ne disposait jusqu’ici que de données lacunaires sur la diffusion de la bande dessinée dans la société, le profil et les habitudes de son lectorat et plus largement l’image dont elle bénéficie dans notre société. Destinée à compléter les premières données issues de l’enquête Pratiques culturelles 2008, la vaste enquête nationale menée en partenariat par le DEPS et la Bibliothèque publique d’information auprès de 4 580 personnes âgées de 11 ans ou plus représentatives de la population française apporte des éléments inédits en termes de taux de pénétration de la lecture de bandes dessinées et de profil sociodémographique des lecteurs.

4Les premiers résultats présentés ici dessinent les contours de la place qu’occupent aujourd’hui les bandes dessinées dans le paysage général des pratiques culturelles, que des travaux ultérieurs permettront de préciser.

5Guillaume Boudy

Comic Strip Readership

6En 2011, plus de trois Français sur quatre déclaraient avoir déjà lu des bandes dessinées : 29 % au cours des 12 derniers mois et 47 % antérieurement. En matière de lecture de bandes dessinées, la population française peut ainsi être répartie en trois groupes d’inégale importance : les lecteurs actuels, les anciens lecteurs et les non-lecteurs, qui représentent à peine un quart de l’effectif (23 %). On peut ainsi estimer que le lectorat actuel de la bande dessinée en France compte un peu plus de 16 millions d’individus.

Une large diffusion dans la société française

7L’ampleur de la diffusion de la bande dessinée se mesure à la présence de bandes dessinées dans les foyers : près d’un Français sur deux âgé de 11 ans et plus, déclare posséder personnellement des bandes dessinées au format papier (49 %) ; plus précisément, 87 % des lecteurs actuels sont dans ce cas, et 44% des anciens lecteurs.

8Tous les Français disposent par ailleurs d’un minimum de connaissances en matière de bandes dessinées, comme en témoignent leurs réponses à propos de quelques personnages plus ou moins célèbres du neuvième art. Les Pieds Nickelés, citée par 74% des répondants, est la bande dessinée la plus connue, suivie de Blake et Mortimer (72%), de Rahan, à égalité avec Corto Maltese (51%), Naruto (41%), Blueberry (33%), Agrippine (30%), Lanfeust (14%), et enfin L’Incal (6%).

9Cette connaissance globale est bien entendu inégalement partagée au sein de la population interrogée, notamment en fonction de l’âge des répondants. Blake et Mortimer, apparus pour la première fois en France en 1948 dans Le Journal de Tintin et repris à la suite de son créateur initial par de nouveaux dessinateurs et scénaristes, sont des personnages que l’on peut qualifier de « transgénérationnels » : ils sont connus par une majorité de personnes quelle que soit leur tranche d’âge. Naruto, en revanche,

Tableau 1
Tableau 1
Sur 100 Sur 100 Français lecteurs âgés de actuels 11 ans et de bandes plus dessinées âgés de 11 ans et plus Possèdent personnellement des bandes dessinées (format papier) 49 87 dont Moins de 10 12 14 De 10 à 49 25 45 De 50 à 99 8 16 100 et plus 5 13 Ont lu des bandes dessinées Non, jamais (non-lecteurs) 23 - Oui, mais pas au cours des 12 derniers mois (anciens lecteurs) 47 - Oui au cours des 12 derniers mois (lecteurs actuels) 29 100 Nombre de bandes dessinées lues au cours des 12 derniers mois (format papier) Aucune 71 - De 1 à 4 5 18 De 5 à 9 7 25 De 10 à 19 7 25 De 20 à 49 6 19 50 et plus 3 14 Nombre moyen 8 28 Lisent des bandes dessinées sous forme numérique 4 14 Connaissent…. Les Pieds Nickelés 74 68 Blake et Mortimer 72 77 Rahan 51 62 Corto Maltese 51 62 Naruto 41 62 Blueberry 33 50 Agrippine 30 42 Lanfeust 14 29 L’Incal 6 13
Diffusion des bandes dessinées
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

10– héros d’un manga dont la publication en série a débuté en 2002 en France mais qui s’est vendu à 14 millions d’exemplaires – est surtout cité par les moins de 30 ans, tandis que Les Pieds Nickelés – publiés dès 1908, soit depuis plus d’un siècle – sont au contraire majoritairement connus par les plus de 30 ans.

11Le cas des Pieds Nickelés suggère d’ailleurs que les Français, qu’ils soient lecteurs ou non, partagent une culture commune de la bande dessinée. Parmi les personnes qui déclarent n’avoir jamais lu une bande dessinée au cours de leur vie, 83% déclarent les connaître, au moins de nom, contre 68% des lecteurs actuels. À cela sans doute deux raisons, l’effet d’âge déjà évoqué, mais aussi l’adoption de l’expression « pieds nickelés » dans le langage courant, à tout le moins dans celui des anciennes générations particulièrement bien représentées au sein des non-lecteurs de bandes dessinées. L’ancrage historique de la bande dessinée se double par conséquent d’un ancrage générationnel assez marqué qu’il faut mettre en relation avec des données de diffusion propres à chaque bande dessinée : nombre de volumes existants, chiffres de ventes, adaptations pour la télévision ou le cinéma, etc.

Une distraction qui est aussi un art à part entière

12Longtemps stigmatisée comme un genre mineur, la bande dessinée bénéficie désormais d’une image globalement positive. Si elle apparaît sans surprise comme une lecture de détente pour 92% des Français âgés de 15 ans et plus [1], elle est dans le même temps considérée comme un art à part entière pour une majorité d’entre eux (78%), et susceptible par ailleurs de servir de passerelle vers d’autres domaines culturels (graphique 1). Près de sept personnes sur dix âgées de 15 ans et plus pensent ainsi que les bandes dessinées peuvent donner le goût d’autres lectures, qu’elles permettent d’apprendre des choses, de se cultiver et de s’intéresser à d’autres formes d’art. Cela explique sans doute que 45% des parents interrogés, qu’ils lisent eux-mêmes ou non des bandes dessinées, déclarent conseiller à leurs enfants d’en lire, que 65% déclarent leur en acheter, et que 39% d’entre eux les accompagnent à la bibliothèque pour en emprunter ou effectuent pour eux ces emprunts.

13Les réponses des lecteurs actuels à la question de savoir ce que représente principalement pour eux la bande dessinée confirment l’importance de la dimension distractive : 30% d’entre eux [2] déclarent qu’elle est d’abord un divertissement comme un autre, tandis que pour 22%, elle est avant tout un moyen de s’évader et pour 19% un passe-temps ; pour 14% d’entre eux, elle évoque une nostalgie de l’enfance ; 9% des lecteurs la considèrent surtout comme une pratique culturelle, et 6% seulement la qualifient de passion dévorante. Il va de soi que les forts lecteurs sont les plus représentés dans cette dernière catégorie.

Profils de lecteurs

14Le lectorat des bandes dessinées présente plusieurs propriétés communes avec celui des livres en général, ce qui vient rappeler que lire des bandes dessinées, c’est avant tout « lire ». Ainsi, les lecteurs actuels de bandes dessinées se recrutent prioritairement dans les milieux favorisés, tant au plan du diplôme que de la position sociale, et la lecture de bandes dessinées est fortement corrélée aux autres pratiques culturelles. Elle se distingue cependant de la lecture de livres par son caractère masculin – qui tend à s’estomper sans toutefois disparaître dans les jeunes générations – et par le lien privilégié qu’elle continue à entretenir avec l’adolescence en dépit d’un lectorat adulte relativement important dans les générations nées après guerre.

Graphique 1

Opinions sur les bandes dessinées

Graphique 1

Opinions sur les bandes dessinées

Sur 100 personnes âgées de 15 ans et plus
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

Une pratique majoritairement investie par les jeunes

15L’effet de génération apparaît nettement à la lecture du graphique 2 : une personne sur deux âgée de 60 ans et plus déclare ne jamais avoir lu de bande dessinée au cours de sa vie alors que moins d’un quart des générations suivantes sont dans ce cas. On peut supposer que l’exposition à la bande dessinée pendant l’enfance a été moins forte pour ces générations nées avant guerre ou dans l’immédiat après-guerre. L’enquête montre que la sensibilisation précoce à la bande dessinée favorise la pratique à l’âge adulte, de même que le fait d’avoir eu des parents lecteurs de bandes dessinées : la probabilité d’être lecteur soi-même est de 45% en ce cas, de 18% dans le cas inverse. Or 6% seulement des personnes âgées de plus de 60 ans avaient un parent lui-même lecteur de bandes dessinées, contre 29% des 18-24 ans [3].

16La bande dessinée, aujourd’hui très massivement répandue chez les enfants – moins d’une personne sur dix n’en a pas lu dans la population des moins de 30 ans – conserve un caractère juvénile marqué car les taux d’abandon sont élevés dès l’adolescence : alors que 90% des 11-14 ans déclarent avoir lu des bandes dessinées au cours des 12 derniers mois [4], ils ne sont plus que 50% dès 15-17 ans, puis la pratique diminue régulièrement au fil des ans pour atteindre 9% chez les 60 ans et plus.

17Les abandons commencent très tôt puisque la tranche d’âge des 15-17 ans compte déjà presque autant d’anciens lecteurs (46%) que de lecteurs actuels (50%). On observe que les trois quarts des abandons se produisent avant 25 ans. Sachant que quatre lecteurs de bandes dessinées sur dix ont déjà cessé de lire des bandes dessinées avant l’âge de 16 ans, l’âge moyen des abandons se situe en moyenne un peu avant 21 ans, ce qui vient confirmer les résultats d’autres études sur les loisirs culturels des jeunes et leur décrochage au fil de l’avancée en âge [5]. Il faut toutefois souligner que si la propension à lire des bandes dessinées diminue globalement avec l’âge, elle marque un palier pour les personnes âgées de 25 à 49 ans : dans cet intervalle, en effet, la lecture de bandes dessinées demeure relativement stable et concerne tout de même encore près d’un individu sur trois.

18Les liens privilégiés des jeunes adolescents avec la bande dessinée se confirment également avec la mesure de l’intensité de la lecture. Le nombre de bandes dessinées lues au cours de l’année va décroissant à mesure que l’âge avance : il est de 37 bandes dessinées chez les lecteurs de 11 à 14 ans, puis tombe à 12 chez les 15-17 ans, 9 chez les 18-24 ans, et reste compris entre 6 et 7 chez les 25-59 ans.

Graphique 2

Lecture de bandes dessinées selon l’âge-génération

Graphique 2

Lecture de bandes dessinées selon l’âge-génération

Sur 100 personnes de chaque tranche d’âge
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.
Graphique 3

Lecteurs actuels de bandes dessinées selon l’âge et le sexe

Graphique 3

Lecteurs actuels de bandes dessinées selon l’âge et le sexe

Sur 100 hommes ou femmes de chaque tranche d’âge
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

Les hommes plus lecteurs que les femmes

19À la différence de la plupart des genres de livres, en particulier des genres relevant de la fiction [6], la bande dessinée reste une pratique plus masculine que féminine : la proportion de femmes n’en ayant jamais lu est plus de deux fois supérieure à celle des hommes (32% contre 14%) et les femmes sont presque deux fois moins nombreuses que les hommes à se déclarer lecteurs actuels de bandes dessinées (graphique 3).

20Présente dès la fin de l’enfance, la différence selon le sexe (+ 10 points pour les garçons entre 11 et 14 ans) s’amenuise sans disparaître tout à fait chez les jeunes adultes (+ 3 points entre 18 et 24 ans) du fait d’abandons plus nombreux des hommes au cours de l’adolescence. L’écart se creuse à nouveau à partir de 30 ans pour atteindre 19 points à 40 ans. À 60 ans et plus, six femmes sur dix déclarent n’avoir jamais lu de bande dessinée au cours de leur vie, elles sont deux fois moins nombreuses entre 50 et 59 ans, ce qui incite à penser ici aussi qu’il s’agit d’un effet de génération.

21D’autres éléments confirment le moindre investissement des femmes en matière de bandes dessinées : même lorsqu’elles sont lectrices, elles en lisent en moyenne moins que les hommes (20 bandes dessinées lues dans l’année par lectrice contre 32 bandes dessinées par lecteur), elles déclarent un rythme de lecture plus irrégulier (21% des lectrices lisent de manière exceptionnelle contre 12% des lecteurs) et elles sont plus nombreuses à déclarer que la lecture de bandes dessinées ne leur manquerait pas du tout si elles devaient en être privées pendant six mois (44% des lectrices contre 30% des lecteurs).

Une pratique qui augmente avec le niveau de diplôme

22La lecture de bandes dessinées, à l’instar de la lecture de livres et de la plupart des pratiques culturelles, est positivement corrélée au niveau de diplôme : parmi la population ayant terminé ses études, la proportion de lecteurs actuels augmente avec la hiérarchie des diplômes. On compte ainsi 6% de lecteurs actuels de bandes dessinées (ayant lu au moins une bande dessinée au cours des douze derniers mois) parmi les personnes titulaires d’un diplôme égal au certificat d’études primaires, et 38% parmi les personnes titulaires d’un diplôme du deuxième ou troisième cycle universitaire, soit six fois plus.

Graphique 4

Lecture de bandes dessinées selon le milieu social

Graphique 4

Lecture de bandes dessinées selon le milieu social

Sur 100 personnes de chaque groupe en activité professionnelle
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

23Cette corrélation avec le niveau de diplôme se traduit au plan des catégories socioprofessionnelles (PCS) dont les taux de pratique sont ordonnés selon la hiérarchie habituelle dans le domaine culturel (graphique 4) : c’est au sein des cadres et professions intellectuelles supérieures que la proportion de lecteurs actuels de bandes dessinées est la plus importante (presque un sur deux), devant les professions intermédiaires (presque un sur trois) puis les indépendants, les employés et enfin les ouvriers. Les cadres affichent également le plus faible taux de personnes déclarant n’avoir jamais lu de bande dessinée au cours de leur vie (5 %).

Un genre de lecture comme les autres ?

24Dans la mesure où la lecture de bandes dessinées est plus fréquente au sein de la fraction jeune et diplômée de la population dont les taux de participation à la vie culturelle sont en général supérieurs à la moyenne, il n’est pas surprenant de constater que cette activité est corrélée à l’intensité d’autres pratiques culturelles. Cela se vérifie d’abord dans le domaine de la lecture : parmi les personnes qui n’ont lu aucune bande dessinée dans l’année, la moitié n’a lu aucun autre livre, alors que la quasi-totalité des personnes qui ont lu 20 bandes dessinées ou plus ont aussi lu un autre type d’ouvrage pendant la même période et qu’environ un tiers d’entre elles sont de forts lecteurs (20 livres ou plus lus dans l’année) (graphique 5).

25Les exemples de la fréquentation des cinémas, des musées ou expositions et des bibliothèques montrent que plus généralement, la lecture de bandes dessinées obéit à la loi du cumul des pratiques culturelles. Il existe un lien manifeste entre le fait

Graphique 5

Pratiques culturelles selon l’intensité de la lecture actuelle de bandes dessinées

Graphique 5

Pratiques culturelles selon l’intensité de la lecture actuelle de bandes dessinées

Sur 100 personnes âgées de 11 ans et plus de chaque groupe
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

26de lire des bandes dessinées et celui de fréquenter les équipements culturels : 82% des personnes qui ont lu une bande dessinée au cours de l’année sont également allées au cinéma, 57% ont visité un musée ou une exposition et 62% se sont rendues dans une bibliothèque. À l’inverse, 49% seulement des non-lecteurs sont allés au cinéma, 26% au musée et 25% ont fréquenté une bibliothèque. Cette logique de cumul se vérifie également pour la pratique des jeux vidéo : 64% des lecteurs actuels ont joué à des jeux vidéo, contre 26% des non-lecteurs.

Rapport des lecteurs aux bandes dessinées…

27La lecture de bandes dessinées est loin d’être une pratique intensive ou régulière pour la plupart des lecteurs. Certains d’entre eux entretiennent en effet un rapport assez lâche à cette activité : plus de 4 lecteurs sur 10 (43%) ont lu moins de dix bandes dessinées au cours des 12 derniers mois, alors que les forts lecteurs (50 bandes dessinées et plus lues dans l’année) ne représentent que 14% des lecteurs actuels (soit 3% seulement des Français âgés de 11 ans et plus) (tableau 1).

28L’analyse du rythme général de lecture confirme le caractère souvent occasionnel de cette activité : un tiers seulement (32%) des lecteurs actuels de bandes dessinées âgés de 11 ans et plus déclarent en lire régulièrement tout au long de l’année, tandis que la moitié (52%) n’en lisent que pendant les vacances ou épisodiquement, par période, et 15%, exceptionnellement. La mesure de l’attachement confirme l’investissement relatif dans la lecture de bandes dessinées : seul un lecteur de bandes dessinées sur cinq (22%) déclare que cette pratique lui manquerait s’il en était privé.

Graphique 6

Genres de bandes dessinées lues selon l’âge

Graphique 6

Genres de bandes dessinées lues selon l’âge

Sur 100 lecteurs de bandes dessinées de chaque tranche d’âge
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

Types de bandes dessinées lues

29Parmi les différentes familles de bandes dessinées, les albums traditionnels (bandes dessinées franco-belges et européennes) arrivent très largement en tête du hit-parade des lectures : 83% des lecteurs de bandes dessinées en ont lu un au cours des 12 derniers mois ; viennent ensuite les journaux d’humour et de bandes dessinées (52%) suivis de près par les comics et autres bandes dessinées américaines (48%), les mangas et autres bandes dessinées asiatiques (38%) et enfin les romans graphiques (21%) [7].

30Les réponses sont fortement corrélées à l’âge, les taux de lecteurs dans les différents genres déclinant en général au fur et à mesure de l’avancée en âge (graphique 6). Les albums traditionnels font exception à ce phénomène, en recrutant des lecteurs dans toutes les tranches d’âge. On constate même que les plus âgés sont les plus attachés à ce type de bandes dessinées, neuf lecteurs de bandes dessinées sur dix âgés de 40 ans et plus déclarant avoir lu un album au cours des 12 derniers mois tandis que les moins investis sont les 18-29 ans, même si leur taux de lecture reste supérieur à 60%. À l’inverse, les lecteurs de romans graphiques se recrutent prioritairement chez les jeunes adultes.

En premier l’histoire, puis le dessin

31Interrogés sur les critères qui guident leurs choix en matière de bandes dessinées, les lecteurs actuels placent en tête le critère fictionnel de la bande dessinée avant le critère pictural : l’intérêt pour l’histoire racontée est le premier critère pour 66% des répondants [8], quel que soit l’âge, devançant la qualité graphique (59% placent le dessin en deuxième critère de choix), toujours en deuxième position, sauf pour les 15-17 ans qui lui préfèrent le personnage (à 46% contre 43% pour le dessin). Cette hiérarchie se retrouve quel que soit le genre lu. Par la suite, plus le lecteur est âgé, plus il tend à prendre en considération l’auteur (22% des 60 ans et plus sont dans ce cas, contre seulement 2% des 15-17 ans).

Tableau 2

Rapports des lecteurs aux bandes dessinées

Tableau 2
Sur 100 lecteurs de bandes dessinées âgés de 11 ans et plus Lisent des bandes dessinées Régulièrement, tout au long de l’année 32 Par période 36 Surtout en vacances 16 Exceptionnellement 15 Relisent leurs bandes dessinées Très souvent 9 Assez souvent 46 Rarement 35 Jamais 10 Au cours des 12 derniers mois… Ont acheté des bandes dessinées 59 dont Moins de 5 25 Entre 5 et 9 18 Entre 10 et 19 11 20 ou plus 5 En ont emprunté à une personne extérieure au foyer 45 En ont lu sur place dans une bibliothèque ou une médiathèque 32 En ont emprunté dans une bibliothèque ou une médiathèque 35 Parlent de bandes dessinées avec leurs enfants (pour les adultes) ou avec leurs parents (pour les jeunes) Souvent 20 Parfois 32 Rarement 13 Jamais 18 Parlent de bandes dessinées avec leur entourage (en dehors de leurs enfants/parents) Souvent 12 Parfois 40 Rarement 23 Jamais 23 S’ils ne pouvaient plus lire de bandes dessinées pendant six mois, cela leur manquerait… Beaucoup 22 Un peu 42 Pas du tout 35

Rapports des lecteurs aux bandes dessinées

Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

32Pour choisir leurs bandes dessinées, à une écrasante majorité (85%), les lecteurs âgés de 15 ans et plus déclarent se fier à leur seul jugement. La discussion avec les proches concerne moins d’un quart de l’effectif et la consultation des experts (critiques, libraires, bibliothécaires, sites ou forums spécialisés) est très minoritaire. On remarque néanmoins que les amateurs de romans graphiques et de mangas ont plus tendance que les autres lecteurs à rechercher des avis extérieurs. Par ailleurs, le recours aux suggestions et conseils d’autrui augmente avec le nombre de bandes dessinées lues.

33De même, les grands lecteurs de bandes dessinées sont les plus investis dans des pratiques associées à la bande dessinée : 62% d’entre eux ont déjà visité une exposition de bandes dessinées (contre 30% de l’ensemble des lecteurs de bandes dessinées âgés de 15 ans et plus), 41% ont déjà cherché à obtenir une dédicace (contre 18%), 31% ont fréquenté un café manga (contre 6%).

Format papier et numérique

34Pour se procurer des bandes dessinées en format papier, les lecteurs de bandes dessinées puisent d’abord dans leur propre bibliothèque. L’importance des relectures est en effet une des spécificités de cette pratique. Parmi les personnes qui possèdent des bandes dessinées, pas moins de 55%, tous âges confondus, déclarent les relire assez, voire très souvent. Les 11-14 ans sont les plus enclins à s’adonner à cette pratique (13% très souvent et 63% assez souvent, soit 21 points de plus que la moyenne). C’est aussi assez naturellement le cas des grands lecteurs de bandes dessinées : 75 % des personnes lisant plus de 100 bandes dessinées dans l’année déclarent les relire assez ou très souvent, contre 25% de celles qui en ont lu de 1 à 4 au cours de la même période.

35L’accès à la bande dessinée sous forme numérique, quant à lui, reste une pratique minoritaire : seuls 14% des lecteurs de bandes dessinées âgés de 11 ans et plus déclarent en lire sur ce support (soit 4% de la population). La tranche d’âge la plus concernée est celle des 18-24 ans : 29% des lecteurs de bandes dessinées de cet âge en lisent dans ce format. La plupart de ces lectures s’effectuent sur un ordinateur : 80% des lecteurs de bandes dessinées numériques y accèdent par ce moyen, mais 26% déclarent avoir recours à une tablette, 18% les lisent sur leur téléphone portable et 12% sur une liseuse électronique. Sept lecteurs de bandes dessinées numériques sur dix déclarent en posséder, et 53% en ont acheté au format numérique au cours des 12 derniers mois.

Achats et emprunts

36Quant aux achats de bandes dessinées imprimées, près de trois lecteurs sur cinq (59%) en ont acheté au moins une au cours des 12 derniers mois. Les grands acheteurs, comme les forts lecteurs, représentent cependant une minorité : seuls 9% des acheteurs ont fait l’acquisition de plus de 20 bandes dessinées dans l’année, tandis que 42% d’entre eux en ont acheté moins de 5. De manière assez évidente, les personnes les plus investies dans la lecture de bandes dessinées sont aussi celles qui en achètent le plus.

37Parmi les différents modes d’accès à la bande dessinée, l’achat est privilégié par l’ensemble des lecteurs, quel que soit leur âge, mais plus particulièrement par les adultes à partir de 25 ans. Le recours aux autres moyens d’accès, emprunt à une personne extérieure au foyer, emprunt ou lecture sur place en bibliothèque, tend au contraire à décroître avec l’âge (graphique 7).

38C’est par exemple le cas des emprunts à autrui. Leur fréquence est élevée – 45 % des lecteurs de bandes dessinées déclarent s’en être procuré par ce moyen au cours des 12 derniers mois –, mais il s’agit avant tout d’une pratique juvénile puisque 60% des enfants lecteurs de 11 à 14 ans y ont recours, 45% des 30-39 ans et seulement 22% des 60 ans et plus. D’une manière générale, les 11-14 ans cumulent les moyens d’accès à la bande dessinée : ils sont tout à la fois les plus nombreux à déclarer procéder à des achats, en emprunter à leur entourage à l’extérieur du foyer, et surtout à avoir recours aux bibliothèques. 62% des lecteurs de bandes dessinées de cet âge déclarent être allés dans un de ces établissements pour lire des bandes dessinées sur place (soit 30 points de plus que la moyenne des lecteurs de bandes dessinées qui s’établit à 32%), et 61% pour en emprunter (contre 35% pour l’ensemble des lecteurs). La décroissance globale de ces pratiques après la sortie de l’enfance n’est cependant pas linéaire. L’observation du graphique 7 fait apparaître deux phénomènes, vraisemblablement liés au cycle de vie : un creux marqué concerne la tranche des 18-24 ans, suivi d’une remontée qui culmine vers 30-39 ans. L’entrée dans l’âge adulte s’accompagne en effet le plus souvent de changements (accès aux études supérieures, décohabitation du domicile parental, etc.), qui peuvent influer négativement sur ces pratiques, tandis que l’installation dans la vie familiale et l’autonomie financière favorisent sans doute une reprise – d’autant que ces achats ou emprunts peuvent être réalisés au profit des enfants.

Graphique 7

Modes d’accès aux bandes dessinées selon l’âge

Graphique 7

Modes d’accès aux bandes dessinées selon l’âge

Sur 100 lecteurs de bandes dessinées de chaque tranche d’âge
Source : deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012.

…et rapport des anciens lecteurs

39Nous avons souligné que la lecture de bandes dessinées faisait l’objet de nombreux abandons dès l’adolescence, au point que presque un Français sur deux (47%) se déclare ancien lecteur. Aussi est-il apparu important de s’interroger sur les raisons de ces abandons, l’âge auquel ils interviennent et les raisons que les intéressés évoquent pour les justifier. Comment comprendre ces abandons, parfois très précoces ?

40Trois raisons principales sont avancées par les anciens lecteurs : d’abord la perte d’intérêt pour ce type de lecture (41%) et le manque de temps (40%), suivis par la préférence pour d’autres activités (35%). Le critère de coût arrive très loin derrière (7%), et les autres motifs proposés (déception quant à l’évolution récente de la bande dessinée, absence d’intérêt de l’entourage…), qui recueillent moins de 5% des suffrages, restent assez peu significatifs.

41Il faut noter que la perte d’intérêt est plus fréquemment mise en avant par les 15-17 ans (56 % contre 41 % en moyenne) ainsi que le manque de temps (50% contre 41% en moyenne). La préférence pour d’autres types de lectures ou de loisirs est souvent avancée par les moins de 30 ans (à 46% contre 35% en moyenne). Plus que les femmes, les hommes attribuent leur abandon au manque de temps (45% contre 34% de femmes), tandis que celles-ci l’imputent plutôt au désintérêt (à 45% contre 36% chez les hommes).

42Le hit-parade des genres lus par les anciens lecteurs avant l’abandon de la pratique est le même que pour les lecteurs actuels, mais les anciens lecteurs lisaient un peu plus des genres traditionnels, tels que les albums ou les illustrés et nettement moins des comics ou autres bandes dessinées américaines (24% contre 50% des lecteurs actuels), des mangas (9 % contre 37 %) ou des romans graphiques (6 % contre 25%). Quant au volume de lectures déclaré, il est équivalent à celui des lecteurs actuels.

43La lecture des bandes dessinées apparaît désormais solidement implantée dans le paysage des pratiques culturelles : peu de jeunes adolescents y échappent depuis maintenant plusieurs décennies et, en dépit de taux d’abandon importants, elle concerne aujourd’hui plus d’un quart des adultes dans les générations nées après-guerre. Elle est le plus souvent associée à d’autres formes de lecture – n’en déplaisent à celles et ceux qui ont longtemps cherché à opposer les « vrais » livres aux bandes dessinées – et obéit assez largement à la logique du cumul qui est souvent la règle en matière de pratiques culturelles : les forts lecteurs de bandes dessinées notamment ont souvent un rapport plutôt privilégié avec les livres et manifestent un intérêt pour les différentes formes de participation à la vie culturelle supérieure à la moyenne. Cependant, à l’inverse de beaucoup de pratiques culturelles, la lecture de bandes dessinées reste un loisir à dominante masculine, quelle que soit la tranche d’âge considérée. Enfin, l’enquête met au jour des pratiques de lecture et un rapport à l’objet bande dessinée originaux, sans doute propres au genre : des pratiques de relecture, par exemple, et des pratiques de transmission des bandes dessinées, qui circulent beaucoup entre lecteurs.

44Pour un nombre important de lecteurs, la lecture de bandes dessinées apparaît aussi comme une pratique relativement peu investie qui compte beaucoup d’occasionnels : on s’en détache assez facilement, elle ne demande pas en général un investissement important en temps ni un gros effort de lecture [9]. Considérée majoritairement comme une activité de détente, d’évasion, voire comme un passe-temps, la lecture de bandes dessinées serait, selon ses lecteurs eux-mêmes, un divertissement comme un autre. Pourtant, elle est reconnue par une majorité de Français comme un art à part entière : comme si la pratique était moins légitime que le genre lui-même.

Éléments de méthodologie

Afin de couvrir l’ensemble des pratiques, une définition large du domaine a été privilégiée. Le champ de l’étude comprend les bandes dessinées imprimées et numériques, les albums mais aussi les magazines spécialisés de bandes dessinées. Il ne couvre pas en revanche le dessin d’humour ni les strips (séries en quelques cases) qui paraissent régulièrement dans la presse. Pour observer comment se répartissent les goûts et les lectures des Français entre les différentes catégories de bandes dessinées, cinq familles ont été distinguées : albums traditionnels, séries franco-belge ou européennes ; journaux d’humour et de bandes dessinées ; comics et autres bandes dessinées américaines ; mangas et autres bandes dessinées asiatiques ; romans graphiques et bandes dessinées alternatives.
Réalisée en mai et juillet 2011, cette enquête repose principalement sur l’interrogation directe, par téléphone ou en ligne via l’internet, de 4 580 personnes âgées de 11 ans et plus. En complément, 401 enfants âgés de 7 à 10 ans ont été indirectement interrogés par l’intermédiaire de leurs parents. Le questionnaire de l’enquête a été adapté selon les âges : une version complète de plus de 130 questions a été administrée aux adultes de 18 ans et plus, qui intégrait quatre questions simples concernant les pratiques des enfants de 7 à 10 ans présents au foyer ; une seconde version complète, avec des exemples adaptés de types de bandes dessinées, a été administrée aux jeunes de 15 à 17 ans ; une troisième version allégée a enfin été administrée aux enfants de 11 à 14 ans. Ce questionnement différencié permet d’expliquer qu’on ne dispose pas tout à fait des mêmes informations en fonction des différentes tranches d’âge.
Le recours à un mode d’administration mixte des questionnaires (téléphone et panel en ligne) a été motivé par le fait qu’il paraissait difficile d’assurer une bonne représentativité de l’échantillon sur la population des 15-25 ans (notoirement peu équipés de téléphones fixes mais massivement connectés). La tranche d’âge des 30-39 ans a été interrogée selon les deux méthodes de passation afin de contrôler les écarts causés par les différents modes d’administration du questionnaire. L’échantillon principal des personnes âgées de 11 ans et plus a été construit selon la méthode des quotas pour le sexe, l’âge, la profession et catégorie sociale ainsi que le lieu de résidence de la personne interrogée. Il a fait l’objet d’un redressement pour corriger notamment un effet de sur-représentation des personnes les plus diplômées et les écarts constatés entre enquête téléphonique et enquête en ligne.
Lancée par la Bibliothèque publique d’information et le département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et de la Communication, l’enquête a été réalisée par tmo Régions sous la direction de Jacques Bonneau et Vincent Guillaudeux, avec la collaboration d’Arnaud Crépin. Le comité scientifique de l’étude était composé de Christophe Evans et Françoise Gaudet pour la bpi, Olivier Donnat et Sylvie Octobre pour le deps, Iegor Groudiev et Jean-François Hersent pour le SLL-Direction générale des médias et des industries culturelles du ministère de la Culture et de la Communication. Gilles Ciment, directeur général de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, et Thierry Groensteen, théoricien et historien de la bande dessinée, y participaient en tant qu’experts.

Date de mise en ligne : 02/04/2012.

https://doi.org/10.3917/cule.122.0001

Notes

  • [*]
    Service études et recherche, Bibliothèque publique d’information.
  • [1]
    La question relative aux opinions à propos des bandes dessinées n’était pas posée aux 11-14 ans.
  • [2]
    Cette question n’était pas posée aux lecteurs âgés de 11 à 14 ans.
  • [3]
    Questions posées uniquement aux 18 ans et plus.
  • [4]
    Selon les parents interrogés, 76% des enfants de 7 à 10 ans ont lu au moins une bande dessinée au cours de l’année, ce qui indique le niveau élevé de la bande dessinée à cet âge, même s’il reste inférieur à celui des 11-14 ans.
  • [5]
    Sylvie Octobre, Christine Détrez, Pierre Mercklé, Nathalie Berthomier, l’Enfance des loisirs, Trajectoires communes et parcours individuels de la fin de l’enfance à la grande adolescence, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, décembre 2010.
  • [6]
    Olivier Donnat, Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, enquête 2008, Paris, deps-Ministère de la Culture et de la Communication/La Découverte, 2009, p. 156.
  • [7]
    Ces catégories évidemment n’excluent pas certains recouvrements (quid, par exemple, de certains mangas qui relèvent également de la catégorie romans graphiques ou bandes dessinées alternatives ?). Le choix opéré a consisté ici à privilégier des indicateurs simples (grandes catégories et identifiant géographique).
  • [8]
    Cette question n’était pas posée aux lecteurs âgés de 11 à 14 ans.
  • [9]
    C’est ce que montrent notamment Christine Détrez et Olivier Vanhée dans leur enquête qualitative sur la lecture des mangas à l’adolescence. Les Mangados : lire des mangas à l’adolescence, Éditions de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, 2012 (à paraître).
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