Notes
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[*]
Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture et de la Communication.
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[1]
Une partie des non-salariés déclarent leurs revenus d’indépendants en traitements et salaires – en particulier une partie des écrivains et des compositeurs –, ce qui explique que l’indépendance soit plus fréquente sous l’angle du statut exercé que sous celui du type de revenu d’activité perçu.
-
[2]
Les revenus peuvent être négatifs ou nuls en cas d’activité déficitaire.
-
[3]
Marie Gouyon, Frédérique Patureau, Tendances de l’emploi dans le spectacle, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture chiffres », 2014-2, février 2014.
-
[4]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture Chiffres », 2014-6, octobre 2014.
-
[5]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, op. cit.
-
[6]
Sophie Ponthieux, « L’inégalité des revenus d’activité et les niveaux de vie des femmes et des hommes – Une comparaison entre cinq pays de l’Union européenne », Insee, « Économie et Statistique », no 469-470, 2014.
-
[7]
Voir M. Gouyon, les Femmes dans la création audiovisuelle et de spectacle vivant, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture chiffres », 2014-4.
-
[8]
Pour plus d’information sur la composition du revenu disponible des ménages en France, voir notamment la fiche « 1.3. Revenu disponible des ménages » dans les Revenus et le patrimoine des ménages, Insee, coll. « Insee Références », édition 2014.
-
[9]
Pour davantage d’information sur les niveaux de vie en France, voir Cédric Houdré, Juliette Ponceau, Marie Zergat Bonnin, les Niveaux de vie en 2012, Insee, coll. « Insee Première », no 1513, septembre 2014.
-
[10]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, op. cit.
-
[11]
S. Ponthieux, « L’inégalité des revenus d’activité et les niveaux de vie des femmes et des hommes – Une comparaison entre cinq pays de l’Union européenne », op. cit.
-
[12]
Thomas Amossé, Olivier Chardon, « Les travailleurs non qualifiés : une nouvelle classe sociale ? », Insee, « Économie et Statistique », no 393-394, 2006.
1Artistes plasticiens, photographes et graphistes, artistes, cadres et techniciens des spectacles, journalistes et cadres de l’édition, auteurs littéraires et traducteurs, architectes, professeurs d’art ou encore artisans et ouvriers d’art, les professionnels de la culture tirent leurs revenus d’une ou plusieurs activités, salariées ou non, et de revenus de remplacement comme le chômage ou même, pour certains actifs, la retraite.
2Toutefois, les revenus de l’activité professionnelle ne constituent qu’une part, plus ou moins importante, des moyens dont dispose un individu pour vivre : la composition du ménage, l’héritage familial, les revenus d’origine sociale, financière ou foncière peuvent constituer d’autres sources de revenus qui viennent compléter le revenu d’activité. La prise en compte de l’ensemble de ces revenus permet de situer le niveau de vie des professionnels de la culture par rapport à celui des autres groupes professionnels et de l’ensemble des actifs.
Revenus d’activité
3Les revenus d’activité sont issus des activités professionnelles de la personne : ceux tirés de la profession culturelle qu’elle exerce au titre de son emploi principal, et ceux qu’elle perçoit éventuellement dans le cadre d’un emploi complémentaire, que cet emploi corresponde à l’exercice d’une profession culturelle ou non (par exemple un auteur littéraire qui occupe ponctuellement un emploi d’enseignant). De même, les indemnités de chômage perçues peuvent être associées à l’emploi que le professionnel de la culture occupe de façon salariée (par exemple pour un intermittent des spectacles) ou à un emploi complémentaire, qui peut être extérieur à la culture. Enfin, les pensions de retraite sont liées à une activité professionnelle qui peut être poursuivie après liquidation de la retraite (par exemple un retraité des activités d’architecture qui continue de proposer des prestations d’architecte) ou bien être étrangère au monde de la culture (un enseignant à la retraite qui continue d’avoir une activité professionnelle en tant qu’auteur).
Moins de salariés dans les professions culturelles, avec des salaires équivalents à ceux de l’ensemble des actifs salariés
4Huit actifs sur dix exerçant une profession culturelle perçoivent des salaires (graphique 1 et tableau 1), selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux de l’Insee (voir « Sources », p. 23). C’est moins que pour l’ensemble des actifs, car les professions culturelles sont plus souvent exercées dans le cadre d’une activité indépendante : ainsi, seuls les deux tiers des professionnels des arts visuels (artistes plasticiens, photographes, graphistes, designers, etc.), des métiers d’art (par exemple facteurs d’orgue, lapidaires, vitraillistes…), des auteurs littéraires (écrivains, scénaristes, dialoguistes), des traducteurs et des architectes perçoivent des salaires. Certaines professions culturelles sont toutefois très majoritairement salariées : professeurs d’art (professeurs de chant au conservatoire, d’arts plastiques à l’École nationale des beaux-arts, etc.), métiers du spectacle, journalistes et cadres de l’édition, professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation (conservateurs du patrimoine, bibliothécaires…).
Part des actifs en emploi percevant des revenus d’activité selon la nature des revenus, et montants perçus, 2005-2012*
Part des actifs en emploi percevant des revenus d’activité selon la nature des revenus, et montants perçus, 2005-2012*
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.* Revenus strictement positifs : ne sont pas pris en compte ici les revenus non salariés négatifs ou nuls (cas d’une activité déficitaire, par exemple).
Note de lecture : entre 2005 et 2012, en moyenne 80 % des professionnels de la culture déclarent des salaires (pour 23 000 € en moyenne dans l’année), 21 % des revenus non salariés (d’un montant moyen de 18 300 €).
Revenus directs d’activité perçus en moyenne chaque année par les actifs, 2005-2012*
Revenus directs d’activité perçus en moyenne chaque année par les actifs, 2005-2012*
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.* Revenus strictement positifs : ne sont pas pris en compte ici les revenus non salariés négatifs ou nuls (cas d’une activité déficitaire, par exemple).
Note : en grisé, résultats non significatifs (effectifs interrogés insuffisants pour garantir la robustesse des résultats).
Note de lecture : en moyenne entre 2005 et 2012, 80 % des professionnels de la culture déclarent des salaires, d’un montant annuel moyen de 23 000 €, 21 % déclarent des revenus non salariés, d’un montant moyen de 18 300 €, et ils sont 7 % à cumuler ces deux natures de revenus d’activité. Au total, 94 % des professionnels de la culture déclarent des revenus directs d’activité strictement positifs, pour un montant annuel moyen de 23 700 €.
5En moyenne sur la période 2005-2012, les salaires annuels moyens perçus par un actif des professions culturelles sont équivalents à ceux de l’ensemble des actifs et s’élèvent à 23 000 euros (graphique 1). Ils sont plus élevés pour les architectes (33 700 €), les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles (directeurs artistiques, producteurs, réalisateurs ou encore ingénieurs du son) (32 200 €) et pour les journalistes et les cadres de l’édition (31 000 €). Ils sont plus faibles pour les professeurs d’art (17 600 €) et pour les salariés des métiers d’art (17 700 €).
Des revenus non salariés plus faibles
6Un professionnel de la culture sur cinq déclare des revenus d’indépendants [1] strictement positifs [2] (tableau 1 et graphique 1). Cette proportion dépasse un tiers pour les professionnels des arts visuels et métiers d’art, les auteurs littéraires et traducteurs ainsi que les architectes, pour lesquels l’exercice indépendant est fréquent. Les revenus prennent alors essentiellement la forme de revenus non commerciaux pour les architectes, les auteurs littéraires et traducteurs et pour les professionnels des arts visuels, et celle de revenus industriels et commerciaux dans les métiers d’art.
7Les revenus d’indépendants sont nettement moindres dans les professions culturelles (en moyenne 18 300 € contre 28 800 € pour l’ensemble des indépendants), en raison notamment des revenus élevés atteints dans les professions libérales qui figurent parmi les professions les mieux rémunérées (médecins exerçant en cabinet, experts-comptables, notaires, avocats, etc.).
Plus de 10 % des professionnels des arts visuels et des auteurs littéraires et traducteurs cumulent salaires et revenus d’indépendants
8Dans l’ensemble de la population en emploi, le cumul de revenus directs d’activité de différentes natures est rare : seuls 2 % des actifs perçoivent à la fois des salaires et des revenus d’indépendants (tableau 1). Le cumul est plus fréquent dans les professions culturelles (7 %), en particulier dans les professions à dominante artistique, telles que les artistes des spectacles (8 %), les professionnels des arts visuels (12 %) ou les auteurs littéraires et traducteurs (13 %) : il correspond alors vraisemblablement à une combinaison de droits d’auteur (lorsqu’ils sont déclarés en bénéfices non commerciaux) et de salaires (rémunérant par exemple une activité d’enseignement ou une prestation scénique pour un artiste des spectacles).
Un revenu directement lié à l’activité légèrement plus faible dans les professions culturelles
9Tous types d’activités confondues, salariées ou indépendantes, les revenus directement liés à l’activité s’établissent à 23 700 € en moyenne, un peu moins que pour l’ensemble des actifs en emploi (24 000 €). Ils se situent entre 16 500 € et 20 500 € pour les professionnels des arts visuels ou des métiers d’art, pour les artistes des spectacles et les techniciens des spectacles (assistants opérateurs du son, assistants monteurs, techniciens de plateau, costumières…) ainsi que pour les professeurs d’art. Ils sont dans la moyenne, entre 22 500 et 26 500 €, pour les auteurs littéraires, les traducteurs et les professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation. Enfin, ils dépassent en moyenne 30 000 € pour les journalistes et cadres de l’édition, les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles et pour les architectes (tableau 1).
Un quart des professionnels de la culture perçoivent des revenus de remplacement
10En sus des revenus directement liés à l’activité, une partie des actifs en emploi perçoit des revenus de remplacement (chômage, retraite). Les revenus de remplacement y sont donc à la fois beaucoup plus fréquents et plus élevés que dans l’ensemble de la population en emploi : dans les professions culturelles, 24 % des actifs en perçoivent, pour un montant moyen de 10 700 € (graphique 1 et tableau 2). Lorsque des revenus de remplacement sont perçus, ils s’élèvent en moyenne à 12 000 € dans les professions du spectacle et de l’écrit et, à l’inverse, ne dépassent pas 6 000 € pour les professeurs d‘art et les métiers d’art.
Revenus de remplacement perçus en moyenne chaque année par les actifs en emploi, 2005-2012*
Revenus de remplacement perçus en moyenne chaque année par les actifs en emploi, 2005-2012*
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.* Cumul revenus directs et revenus de remplacement : dans la grande majorité des cas, les revenus de remplacement complètent des revenus directs strictement positifs.
Note : en grisé, résultats non significatifs (effectifs interrogés insuffisants pour garantir la robustesse des résultats).
Note de lecture : en moyenne entre 2005 et 2012, 24 % des professionnels de la culture perçoivent des revenus de remplacement pour un montant annuel moyen de 10 900 euros ; parmi eux, 20 % perçoivent des indemnités de chômage d’un montant annuel moyen de 10 000 euros et 5 % des pensions de retraite de 14 100 euros en moyenne.
11Le cumul de revenus directs d’activité et de revenus de remplacement correspond principalement à une combinaison de salaires et d’indemnités de chômage. Cette situation est particulièrement courante dans les métiers du spectacle où près d’un actif sur deux perçoit ces deux types de revenus (61 % chez les artistes, 41 % chez les techniciens et 29 % chez les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles), du fait du dispositif de l’intermittence [3]. Elle est également loin d’être négligeable chez les journalistes et cadres de l’édition (12 %) et chez les professeurs d’art (13 %).
12Les architectes et les auteurs littéraires et traducteurs en activité perçoivent plus souvent des pensions de retraite (respectivement 7 % et 11 %) que la moyenne (5 % dans l’ensemble des professions culturelles et 4 % toutes professions confondues), ces métiers s’exerçant plus souvent que les autres à des âges avancés [4] (voir tableau A, p. 26).
13Le cumul d’indemnités de chômage et de pensions de retraite est pratiquement inexistant, pour les professions culturelles comme pour l’ensemble des actifs en emploi.
Les revenus totaux d’activité des professionnels de la culture dépassent légèrement ceux de l’ensemble des actifs en emploi
14Revenus directement liés à l’activité et revenus de remplacement cumulés, les professionnels de la culture ont perçu 26 000 € en moyenne dans l’année, au cours de la période, un montant supérieur de 6 % à celui de l’ensemble des actifs en emploi (tableau 3).
Revenus totaux annuels d’activité perçus par les actifs en emploi, 2005-2012
Revenus totaux annuels d’activité perçus par les actifs en emploi, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi principal, percevant des revenus d’activité strictement positifs, France métropolitaine.Note de lecture : entre 2005 et 2012, un actif exerçant au titre de son emploi principal une profession culturelle a perçu un revenu d’activité total annuel de 26 000 € en moyenne. Un actif sur dix a perçu moins de 6 200 €, un sur dix plus de 45 800 € : soit un rapport interdécile de 7,4.
15Métiers des spectacles, des arts visuels, métiers d’art, professions de l’écrit ou du patrimoine, ou encore architectes ou professeurs d’art : les professions culturelles constituent finalement un ensemble particulièrement hétérogène du point de vue de l’encadrement juridique dont elles font l’objet, des statuts d’emploi dans lesquels elles s’exercent ou encore des compétences et des savoir-faire qu’elles mobilisent. À la diversité des métiers correspond celle des revenus d’activité d’une profession culturelle à l’autre, qui vont de 16 700 € en moyenne dans les métiers d’art jusqu’à 38 000 € chez les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles. Les professeurs d’art et les professionnels des arts visuels perçoivent en moyenne moins de 21 000 € annuels pour l’ensemble de leur activité professionnelle. Les auteurs littéraires et traducteurs, les professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation ainsi que les artistes et les techniciens des spectacles déclarent environ 26 000 €. Enfin, les journalistes et cadres de l’édition perçoivent en moyenne 32 100 € et les architectes 37 200 € (tableau 3).
Des revenus d’activité beaucoup plus dispersés dans les professions culturelles que pour l’ensemble des actifs
16Si les professions culturelles divergent nettement les unes des autres en termes de revenu d’activité moyen, on observe de plus pour chacune d’elle une large dispersion des revenus.
17En effet, pour l’ensemble des actifs exerçant une profession culturelle, les revenus d’activité les plus bas sont inférieurs à ceux de l’ensemble des actifs, tandis que les plus hauts revenus dépassent largement ceux des mieux rémunérés de leurs concitoyens. Ainsi, les 10 % des professionnels de la culture les moins rémunérés déclarent des revenus annuels d’activité inférieurs à 6 200 €, contre 8 700 € dans l’ensemble des professions. De l’autre côté du spectre, les 10 % les mieux rémunérés dans la culture déclarent 45 800 € contre 41 000 € pour les 10 % les mieux rémunérés toutes professions confondues, d’où un rapport entre les mieux rétribués et les moins bien rémunérés de 7,4 dans la culture, contre 4,7 toutes professions confondues (tableau 3).
18Avec un rapport interdécile de près de 16, la dispersion des revenus d’activité est la plus forte pour les auteurs littéraires et les traducteurs : les 10 % les moins rémunérés déclarent moins de 3 000 € de revenus annuels d’activité entre 2005 et 2012, tandis que les 10 % les mieux rétribués – les écrivains bénéficiant d’une grande notoriété, de ventes dynamiques et dont les œuvres sont adaptées au cinéma ou à la télévision – perçoivent plus de 47 400 €. La dispersion des revenus d’activité est encore assez forte (rapport interdécile d’un peu plus de 9) chez les professionnels des arts visuels et des métiers d’art et chez les professeurs d’art. Elle est plus modérée chez les architectes, les journalistes et cadres de l’édition et dans les professions du spectacle, et surtout dans celles de l’archivage, de la conservation et de la documentation, qui sont souvent exercées par des fonctionnaires, dont les rémunérations sont indexées sur une grille indiciaire de rémunération.
À caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi identiques, les professionnels de la culture perçoivent des revenus d’activité inférieurs à ceux des autres actifs
19Les conditions d’emploi et les caractéristiques sociodémographiques ne se répartissent pas de la même façon au sein des professions culturelles et toutes professions confondues [5]. Les professions culturelles relèvent majoritairement de la catégorie sociale des cadres supérieurs (57 % des effectifs, contre 17 % dans l’ensemble de la population active en emploi) et sont exercées, plus souvent que les autres, sous statut non salarié. De plus, ces professions sont plus souvent que les autres exercées par des hommes, par des actifs diplômés, d’origine sociale favorisée, résidant en région parisienne (voir tableau A, p. 26). Or les cadres supérieurs et les non-salariés d’une part, les hommes, les titulaires de diplômes de niveau élevé, les actifs issus de milieux sociaux plutôt favorisés, les Franciliens d’autre part, ont des niveaux de revenus supérieurs aux autres. Ces caractéristiques contribuent donc à tirer structurellement les revenus des professionnels de la culture vers le haut.
20À l’inverse, par rapport aux autres actifs en emploi, les professionnels de la culture ont des temps de travail en moyenne plus courts, caractéristique qui va de pair avec un revenu d’activité moindre, ce qui tire donc la moyenne des revenus des professionnels de la culture vers le bas.
21Pour comparer convenablement les revenus des professionnels de la culture à ceux des autres actifs, il convient donc de tenir compte de ces effets de structure. Ainsi, alors que les revenus d’activité totaux des professionnels de la culture sont supérieurs de 6 % à ceux de l’ensemble des actifs, si l’on prend en compte ces différentes caractéristiques en cherchant à neutraliser leur effet, le surcroît des revenus d’activité des professionnels de la culture disparaît et devient même négatif. À caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi identiques, un professionnel de la culture perçoit en effet un revenu d’activité inférieur en moyenne de 26 % à celui d’un actif exerçant une autre profession (tableau 4).
Déterminants des revenus d’activité de l’ensemble des actifs en emploi, des professionnels de la culture, et des actifs exerçant une profession non culturelle, 2005-2012*,**,***
Déterminants des revenus d’activité de l’ensemble des actifs en emploi, des professionnels de la culture, et des actifs exerçant une profession non culturelle, 2005-2012*,**,***
Champ : actifs en emploi principal, France métropolitaine.* Les professions culturelles relevant de la catégorie sociale des cadres et professions intellectuelles supérieures correspondent aux artistes (plasticiens, des spectacles, auteurs littéraires), professeurs d’art, responsables de programmation et cadres technico-artistiques des spectacles, journalistes et cadres de l’édition, architectes, cadres de l’archivage, de la conservation et de la documentation.
** Les autres catégories sociales rassemblent les agriculteurs, artisans et commerçants, professions intermédiaires, employés et ouvriers. Au sein des professions culturelles, elles sont composées des photographes et concepteurs des arts graphiques, de la mode et de la décoration, assistants techniques et ouvriers des spectacles, indépendants gestionnaires de spectacles, traducteurs, sous-bibliothécaires et cadres intermédiaires du patrimoine.
*** Temps de travail au cours d’une semaine dite « semaine de référence », déclaré par la personne répondant à l’enquête Emploi.
Note : les paramètres sont estimés à l’aide d’un modèle Tobit. Ils mesurent l’effet marginal sur le revenu d’activité total non censuré pour l’ensemble de la population (y compris les personnes dont le revenu d’activité total est négatif). Sauf indiqué (ns), les écarts par rapport à la modalité de référence sont significatifs à plus de 90 %. Le test de différence compare la valeur estimée d’un paramètre du modèle portant sur les professions culturelles à celle du même facteur dans le modèle portant sur les professions non culturelles : il teste si la différence entre ces deux valeurs est statistiquement significative ; ces paramètres sont ainsi significativement différents à plus de 99 % (+++), entre 95 % et 99 % (++), entre 90 % et 95 % (+) ou non significativement différents (ns).
Note de lecture : au cours de la période 2005-2012, les professionnels de la culture perçoivent un revenu d’activité total annuel inférieur de 26 % en moyenne à celui des actifs exerçant une autre profession, toutes choses égales par ailleurs. Dans l’ensemble des professions, les femmes ont des revenus d’activité de 28 % inférieurs à ceux des hommes, toutes choses égales par ailleurs. Cet effet marginal sur les revenus d’activité des femmes est de – 40 % parmi les actifs exerçant une profession culturelle. Ces effets sont significativement différents au seuil de 10 %, c’est-à-dire qu’il y a moins d’une chance sur dix de se tromper si l’on dit que, par rapport aux autres professions, les revenus des femmes dans les professions de la culture sont encore plus faibles que ceux des hommes.
Dans les professions culturelles, les femmes perçoivent des revenus d’activité inférieurs en moyenne de 19 % à ceux des hommes
22Toutes professions confondues, les femmes tirent en moyenne de leur activité professionnelle des revenus très inférieurs à ceux des hommes [6] : elles ont perçu 20 300 € en moyenne de revenus totaux d’activité entre 2005 et 2012, soit 29 % de moins que les hommes (28 400 €) (tableau 5). Ce constat est confirmé toutes choses égales par ailleurs : à mêmes conditions d’emploi que les hommes (notamment en termes de temps de travail, moindre en moyenne pour les femmes) et autres caractéristiques sociodémographiques identiques, les femmes ont un revenu d’activité inférieur en moyenne de 28 % (tableau 4).
Revenus d’activité annuels moyens des hommes et des femmes, 2005-2012
Revenus d’activité annuels moyens des hommes et des femmes, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi principal percevant des revenus d’activité strictement positifs, France métropolitaine.Note de lecture : entre 2005 et 2012, les hommes exerçant une profession culturelle ont perçu en moyenne des revenus d’activité annuels de 28 300 euros. Pour les femmes exerçant ces professions, les revenus d’activité moyens étaient de 19 % moindres (22 900 euros).
23Les professionnelles de la culture ont perçu, entre 2005 et 2012, en moyenne 22 900 € de revenus d’activité, soit 19 % de moins que leurs confrères masculins (28 300 €). L’écart en défaveur des femmes est assez faible dans les professions des arts visuels, de l’archivage, de la conservation et de la documentation (exercées pour partie par des fonctionnaires, dont les salaires reposent sur une grille indiciaire) et chez les techniciens et cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles (où les temps de travail différencient moins qu’ailleurs les hommes et les femmes). Il dépasse en revanche 25 % dans la profession d’architecte et les métiers littéraires et atteint même 40 % dans les métiers d’art.
24D’une façon générale, les caractéristiques d’emploi et sociodémographiques des femmes et des hommes sont assez différentes. Les femmes sont, par exemple, plus diplômées que les hommes, mais ont des temps de travail plus courts, des caractéristiques qui sont plus ou moins accentuées dans les professions culturelles. Si on neutralise statistiquement ces caractéristiques, les professionnelles de la culture ont alors des revenus d‘activité inférieurs, en moyenne, de 40 % à ceux de leurs collègues masculins (tableau 4). Pour les professions culturelles, la prise en compte des effets de structure n’atténue pas les différences de revenus entre les femmes et les hommes, au contraire elle les creuse plus encore.
25Autrement dit, les différents éléments qui caractérisent habituellement les individus d’un point de vue social et familial n’expliquent pas l’écart de revenu d’activité entre les femmes et les hommes. D’autres facteurs, que la source statistique utilisée ne permet pas d’observer, influent de façon déterminante : il peut s’agir de la spécialité du diplôme, de son prestige, de l’étendue et de la qualité des réseaux amicaux, familiaux et professionnels de la personne, par exemple ou encore, pour les femmes auteurs, de la façon dont sont diffusées leurs œuvres [7].
Du revenu d’activité du professionnel de la culture au revenu disponible de son ménage
26Du fait de la composition du ménage (en couple, avec un conjoint actif ou non, présence ou non d’enfants, etc.) et de l’histoire familiale (transmission de patrimoine par exemple), d’autres sources de revenus peuvent compléter le revenu d’activité : revenus d’activité du conjoint et des autres membres du ménage, revenus d’origine sociale (prestations familiales, allocations logement, minima sociaux), financière (revenus des livrets d’épargne, dividendes, plus-values financières), foncière (loyers perçus) ou autre (prime pour l’emploi notamment), et ne pas être associés à un individu mais versés au ménage dans son ensemble (voir « Définitions », p. 23). La prise en compte de l’ensemble de ces revenus et de la composition du ménage permet d’analyser le revenu disponible du ménage dans lequel vit le professionnel de la culture et, par suite, son niveau de vie.
Les revenus d’activité du conjoint ou d’autres membres du ménage constituent un renfort important pour les professions culturelles les moins rémunératrices
27Les actifs qui exercent une profession culturelle vivent un peu moins souvent en couple que les autres mais, lorsque c’est le cas, il est nettement plus fréquent qu’ils partagent leur vie avec un(e) cadre intermédiaire ou supérieur(e). De plus, les professions culturelles sont moins rémunératrices que les autres « toutes choses égales par ailleurs » (tableau 4). Les revenus d’activité sont complétés, pour plus des deux tiers des professionnels de la culture, par des revenus apportés au ménage par un(e) conjoint(e) actif(ve) et/ou un autre de ses membres, par exemple un étudiant vivant chez ses parents et travaillant de façon rémunérée l’été ou quelques heures chaque semaine parallèlement à ses études. Ce revenu d’activité que le conjoint et/ou un autre actif apporte au ménage est en moyenne plus élevé dans les ménages des professionnels de la culture (30 200 €) que dans l’ensemble des ménages composés de plusieurs actifs (26 000 €), et, pour les professionnels de la culture, les revenus d’activité complémentaires sont nettement supérieurs à leurs propres revenus (16 % de plus) (graphique 2, tableau 6).
Part des ménages d’actifs percevant des revenus selon la nature des revenus et montant annuels moyens perçus, 2005-2012*,**
Part des ménages d’actifs percevant des revenus selon la nature des revenus et montant annuels moyens perçus, 2005-2012*,**
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.* Revenus strictement positifs : les revenus non salariés négatifs ou nuls (cas d’une activité déficitaire, par exemple) ne sont pas pris en compte dans le calcul du montant moyen de revenus.
** Prime pour l’emploi, pensions alimentaires reçues, revenus provenant de l’étranger.
Note de lecture : au cours de la période 2005-2012, 96 % des professionnels de la culture déclarent des revenus d’activité strictement positifs pour un montant annuel moyen de 26 000 €, 69 % bénéficient des revenus d’activité strictement positifs d’un conjoint et/ou d’autres membres du ménage, pour un montant annuel moyen de 30 200 €.
Revenus annuels d’activité perçus par les ménages d’actifs en emploi, 2005-2012*
Revenus annuels d’activité perçus par les ménages d’actifs en emploi, 2005-2012*
Champ : ensemble des actifs en emploi principal, percevant des revenus d’activité strictement positifs, France métropolitaine.* Revenus strictement positifs : dans le calcul du montant moyen de revenus, ne sont pas pris en compte les revenus non-salariés négatifs ou nuls (cas d’une activité déficitaire, par exemple).
Note de lecture : en moyenne, entre 2005 et 2012, 96 % des professionnels de la culture déclarent des revenus d’activité strictement positifs (pour 26 000 € en moyenne dans l’année), 69 % déclarent des revenus d’activité strictement positifs d’un conjoint et/ou d’autres membres du ménage (d’un montant moyen de 30 200 €). Au total, 99 % bénéficient, au sein de leur ménage, de revenus d’activité strictement positifs, pour un montant annuel moyen de 46 300 €.
28Cet écart est particulièrement fort dans les ménages des professionnels des arts visuels, des auteurs littéraires et traducteurs et des professeurs d’art, où le revenu du conjoint est vraisemblablement un soutien, parfois indispensable, à la poursuite de l’activité artistique. L’écart est également considérable dans les ménages des professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation et s’explique davantage par le fait que ces professions sont très majoritairement exercées par des femmes alors que les revenus d’activité complémentaires sont majoritairement apportés par des hommes – dont les revenus d’activité sont, de façon générale, plus élevés que ceux des femmes (+ 29 % pour l’ensemble des actifs).
29À l’inverse, l’écart entre les revenus d’activité des professionnels de la culture et ceux des autres membres de leur ménage est réduit, voire inversé, pour les professions culturelles les mieux rémunérées, telles que les journalistes et cadres de l’édition, les architectes et les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles (tableau 6).
Les revenus d’activité des ménages des professionnels de la culture sont supérieurs à ceux de l’ensemble des ménages d’actifs (+ de 6 %)
30En sommant les revenus d’activité des personnes qui les composent, les ménages des professionnels de la culture perçoivent des revenus annuels moyens d’activité de 46 300 € au cours de la période 2005-2012. Ils sont de 6 % plus élevés que ceux de l’ensemble des ménages d’actifs en emploi (tableau 6).
31Les écarts importants observés entre les revenus d’activité propres des professionnels de la culture d’une profession culturelle à l’autre s’atténuent nettement une fois pris en compte les revenus d’activité du conjoint des autres actifs du ménage, à l’exception des ménages des métiers d’art, dont le revenu moyen d’activité demeure très faible (33 400 €), bien en deçà de la moyenne nationale (43 700 €).
32Les ménages des professionnels des arts visuels, des professeurs d’art et des techniciens des spectacles déclarent ainsi des revenus d’activité compris, en moyenne, entre 40 000 € et la moyenne de l’ensemble des professions. Les ménages des artistes des spectacles, des auteurs littéraires et des traducteurs, ainsi que des professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation se situent au-delà, avec un revenu d’activité global compris entre la moyenne nationale et 50 000 €. Enfin, les ménages des architectes, des journalistes et cadres de l’édition et des cadres artistiques, de production et de programmation des spectacles déclarent en moyenne plus de 50 000 € de revenus d’activité.
Moins de ménages bénéficiaires de prestations sociales, pour un montant en moyenne moindre que dans l’ensemble des ménages d’actifs en emploi
33Les prestations sociales sont composées principalement de prestations familiales, mais aussi de prestations logement et de minima sociaux. Elles sont conditionnées notamment par le niveau de ressources du ménage, par sa composition (le nombre d’enfants à charge par exemple) et par son lieu de résidence.
34Les ménages des professionnels de la culture ont moins souvent que les autres des enfants à charge et, lorsqu’ils en ont, c’est en moins grand nombre (voir tableau A, p. 26). De ce fait, leurs ménages perçoivent moins fréquemment des prestations sociales : 45 % en sont bénéficiaires contre 51 % toutes professions confondues (tableau 7). Le montant annuel moyen des prestations perçues au cours de la période 2005-2012 est de 3 200 €, inférieur de 19 % à la moyenne des ménages d’actifs en emploi (3 800 €).
Revenus hors activité perçus par les ménages des actifs emploi, 2005-2012*
Revenus hors activité perçus par les ménages des actifs emploi, 2005-2012*
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.* Prime pour l’emploi, pensions alimentaires reçues, revenus provenant de l’étranger.
Note : en grisé : résultats non significatifs (les effectifs interrogés sont insuffisants).
Note de lecture : en moyenne entre 2005 et 2012, 45 % des professionnels de la culture vivent dans un ménage qui perçoit des revenus sociaux d’un montant moyen de 3 200 € dans l’année ; 7 % dans un ménage bénéficiaire de minima sociaux (3 500 € en moyenne) ; 94 % perçoivent des revenus financiers et fonciers au titre de leur ménage d’un montant moyen de 4 700 € ; 25 % perçoivent d’autres types de revenus, comme la prime pour l’emploi (de 1 700 € en moyenne). Au total, 96 % bénéficient de revenus complémentaires aux revenus d’activité, pour un montant annuel moyen de 6 800 €.
35Au sein des professions culturelles, les prestations sociales sont plus répandues parmi les ménages des professionnels des arts visuels et des métiers d’art et surtout des professeurs d’art – c’est-à-dire les métiers culturels dont les revenus d’activité sont les plus faibles. Elles le sont beaucoup moins dans les ménages des professionnels de l’écrit, des spectacles et également de l’archivage, de la conservation et de la documentation qui sont plus fréquemment que les autres sans enfant à charge.
36Parmi les actifs en emploi, 6 % vivent dans un ménage bénéficiaire de minima sociaux (rmi jusqu’en 2008, rsa ensuite), 7 % parmi les professionnels de la culture (tableau 7). Le montant de prestations associé est, en moyenne, sensiblement le même (environ 3 500 €). Comme l’ensemble des prestations sociales, les minima sociaux sont plus fréquemment perçus par les ménages d’artistes ou de professionnels proches des métiers artistiques stricto sensu : professionnels des arts visuels, métiers d’art, professeurs d’art et artistes des spectacles.
Des revenus fonciers et financiers plus élevés pour les professionnels de la culture
37Les revenus du patrimoine correspondent aux intérêts de l’épargne défiscalisée, aux dividendes, aux intérêts des valeurs mobilières et placements financiers, et aux plus-values mobilières et aux loyers perçus. Ils sont aussi répandus dans les ménages des professionnels de la culture que dans l’ensemble des ménages d’actifs (94 %) mais sont très nettement supérieurs, en moyenne, chez les premiers (4 700 € chaque année, pour la période 2005-2012) que chez les seconds (3 400 €) (tableau 7). Il s’agit, pour une très large majorité, de revenus issus de l’épargne exonérée d’impôt sur le revenu, tels que livret A, assurance vie, plans épargne logement, plans d’épargne populaire, etc.
38Selon la profession culturelle exercée, la part des actifs vivant dans un ménage qui perçoit des revenus financiers et fonciers est sensiblement la même, oscillant entre 91 % et 98 %. En revanche, les montants associés sont très variables. Les revenus fonciers et financiers s’établissent, en moyenne, en deçà de 4 000 € dans les ménages des professionnels des arts visuels et métiers d’art, des artistes et des techniciens des spectacles, des professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation et des professeurs d’art. Ils dépassent 5 000 € dans les ménages des professionnels de l’écrit, des cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles et des architectes. Ceux-là se distinguent par une origine sociale plutôt favorisée : ils sont près de 60 % à avoir un père cadre supérieur ou intermédiaire (voir tableau A, p. 26) : on peut faire l’hypothèse que, par leur origine familiale, ces actifs disposent plus souvent que la moyenne d’un patrimoine financier ou immobilier, ce qui explique que les revenus financiers et fonciers de leur ménage sont nettement supérieurs à ceux des autres.
Un quart des ménages des professionnels de la culture perçoivent des revenus tels que prime pour l’emploi ou pensions alimentaires, pour un montant moyen annuel de 1 700 euros
39D’autres revenus peuvent enfin compléter les moyens dont le ménage dispose pour vivre : il s’agit essentiellement de la prime pour l’emploi, mais aussi des pensions alimentaires qu’il reçoit et, plus marginalement, de revenus provenant de l’étranger (voir « Définitions », p. 23). Un quart des ménages des professionnels de la culture perçoivent des revenus de cette nature (proportion variant de 17 % dans les ménages d’architectes à 32 % dans les ménages des professionnels des arts visuels et des métiers d’art), contre 41 % de l’ensemble des ménages d’actifs en emploi (tableau 7). Les montants sont en moyenne un peu plus élevés pour les professionnels de la culture (1 700 € chaque année) que pour l’ensemble des actifs (1 400 €).
Presque tous les ménages d’actifs perçoivent des revenus hors activité, pour un montant moyen plus élevé dans les ménages des professionnels de la culture
40Au total, presque tous les actifs en emploi, qu’ils exercent une profession culturelle ou non, perçoivent des revenus dissociés de l’activité professionnelle : prestations sociales, revenus financiers et fonciers ou, plus marginalement, revenus d’autre nature comme la prime pour l’emploi. D’un montant annuel moyen de 6 800 € de 2005 à 2012, ces autres revenus sont, dans les ménages des professionnels de la culture, supérieurs de 13 % à ceux de l’ensemble des ménages d’actifs en emploi (6 000 €) (tableau 7).
41Ces montants sont compris entre 4 000 € et 6 000 € dans les ménages des professionnels des arts visuels et métiers d’art, des artistes et des techniciens des spectacles, des professeurs d’art et des professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation, et s’appuient pour une large part sur les prestations sociales.
42Ils s’établissent à un peu plus de 7 000 € en moyenne dans l’année dans les ménages des professionnels de l’écrit, à 10 000 € pour les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles et atteignent 13 000 € pour les ménages d’architectes. Ils proviennent alors, essentiellement, de revenus financiers et fonciers.
Un revenu disponible en moyenne proche de celui de l’ensemble des ménages d’actifs en emploi
43À l’ensemble des revenus sont soustraits les impôts (impôt sur le revenu, taxe d’habitation sur la résidence principale) et les éventuelles pensions alimentaires que le ménage verse, pour parvenir à la mesure du revenu disponible du ménage. Dans les ménages des professionnels de la culture, celui-ci s’établit en moyenne à 47 300 € par an au cours de la période 2005-2012, soit 4 % de plus que dans l’ensemble des ménages d’actifs en emploi (graphique 3) [8].
Composition moyenne du revenu disponible annuel, 2005-2012
Composition moyenne du revenu disponible annuel, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi principal, France métropolitaine.Note de lecture : entre 2005 et 2012, un actif exerçant au titre d’emploi principal une profession culturelle vit dans un ménage dont le revenu annuel disponible s’élève en moyenne à 47 300 €. Celui-ci repose, en moyenne, sur des revenus d‘activité de 24 800 € provenant de l’activité du professionnel de la culture (96 % perçoivent des revenus d’activité strictement positifs d’un montant moyen de 26 000 euros) et de 20 900 € issus de l’activité des autres membres actifs du ménage. Les revenus sociaux s’établissent en moyenne à 1 500 € pour l’ensemble des ménages des professionnels de la culture, les revenus financiers et fonciers à 4 500 € et les autres revenus à 400 €. Les ménages des professionnels de la culture paient en moyenne 4 400 € d’impôts et versent en moyenne 400 € de pensions alimentaires.
Du revenu disponible du ménage au niveau de vie du professionnel de la culture
44Le niveau de vie se définit comme le revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Il est par définition le même pour toutes les personnes composant ce ménage.
Les professionnels de la culture ont un niveau de vie moyen supérieur de 11 % à celui de l’ensemble des actifs en emploi
45De 2005 à 2012, les professionnels de la culture ont globalement un niveau de vie annuel supérieur de 11 % à la moyenne des actifs en emploi : 28 300 €, contre 25 500 € toutes professions confondues (tableau 8) [9].
Niveau de vie annuel des actifs en emploi, 2005-2012
Niveau de vie annuel des actifs en emploi, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi principal, France métropolitaine.Note de lecture : en moyenne annuelle entre 2005 et 2012, un actif exerçant au titre de son emploi principal une profession culturelle a un niveau de vie de 28 300 €. Un professionnel de la culture sur dix a un niveau de vie inférieur à 13 100 €, un sur dix a un niveau de vie supérieur à 45 300 € : soit un rapport interdécile de 3,5.
46Au sein des professions culturelles, les niveaux de vie comme les revenus d’activité sont les plus faibles pour les professeurs d’art et les professionnels des arts visuels et des métiers d’art : en moyenne, ceux qui exercent un métier d’art ont un niveau de vie de 20 700 €, les professionnels des arts visuels et les professeurs d’art d’un peu moins de 25 000 €.
47À l’opposé, les journalistes et cadres de l’édition (33 100 €) et, plus encore, les architectes (35 200 €) et les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles (36 600 €) ont les niveaux de vie les plus élevés.
48Les auteurs littéraires et traducteurs, les artistes et les techniciens des spectacles et les professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation se situent entre ces deux pôles.
Une répartition plus inégalitaire dans les professions culturelles que dans l’ensemble
49Les niveaux de vie tenant compte des revenus complémentaires, à vocation notamment redistributive, ils sont globalement moins dispersés que les revenus d’activité, dans les professions culturelles (rapport interdécile de 3,5 contre 7,4 pour les revenus d’activité) comme dans l’ensemble des professions (rapport de 3,0 contre 4,7) : une redistribution se produit effectivement dans le passage du revenu d’activité au revenu disponible, grâce aux autres revenus du ménage (revenus du conjoint, transferts sociaux, revenus financiers et fonciers et autres revenus).
50Il n’en demeure pas moins que la répartition du niveau de vie des professionnels de la culture est un peu plus inégalitaire que celle de l’ensemble des actifs (rapport interdécile de 3,5 contre 3). En effet, chez les actifs qui exercent une profession culturelle, si les bas niveaux de vie sont équivalents à ceux de l’ensemble des professions (les 10 % les moins favorisés ont un niveau de vie inférieur à 13 100 €, contre 13 200 € dans l’ensemble), les hauts niveaux de vie y excèdent largement ceux des actifs les plus favorisés, toutes professions confondues (45 300 € contre 39 700 €) (tableau 8).
51Avec un rapport interdécile d’environ 3, les professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation et les techniciens des spectacles ont un niveau de vie aussi dispersé que la moyenne. Les autres professions culturelles se caractérisent en revanche par une distribution moins équitable que celle de l’ensemble de la population active en emploi, avec un rapport interdécile compris entre 3,2 et 3,9. La distribution des niveaux de vie des auteurs littéraires et traducteurs est particulièrement inégalitaire : un sur dix dispose pour vivre de moins de 10 900 € et, à l’autre extrémité de l’échelle des niveaux de vie, un sur dix plus de 50 900 €, soit un rapport interdécile de 4,7. Cette distribution des niveaux de vie est toutefois beaucoup moins inégalitaire que celle du revenu d’activité de ces professions, dont le rapport interdécile est proche de 16.
Moyenne et dispersion des niveaux de vie : les professions culturelles loin de leurs groupes professionnels de référence
52Le montant moyen et la dispersion du niveau de vie permettent de distinguer quatre ensembles de professions culturelles.
- Le premier se caractérise par un niveau de vie moyen faible et assez fortement dispersé. Rassemblant 42 % des professionnels de la culture, il est composé des professionnels des arts visuels, des métiers d’art et des professeurs d’art.
- Les auteurs littéraires et traducteurs constituent à eux seuls le deuxième ensemble (5 % des professionnels de la culture) : leur niveau de vie moyen se situe dans la moyenne des professions culturelles mais se distingue par une distribution nettement plus inégalitaire.
- Un niveau de vie en moyenne plus élevé que la moyenne générale et modérément dispersé caractérise le troisième ensemble, composé des artistes et des techniciens des spectacles, ainsi que des professionnels de l’archivage, de la conservation et de la documentation (24 % des professionnels de la culture).
- Les journalistes et cadres de l’édition, les architectes et les cadres artistiques, de programmation et de production des spectacles composent le dernier ensemble (29 % des professionnels de la culture), qui dispose d’un niveau de vie nettement plus élevé que les trois précédents, en moyenne, et plus dispersé que celui de l’ensemble de actifs en emploi.
53Ces quatre ensembles occupent des positions spécifiques par rapport aux groupes professionnels (voir « Définitions », p. 23) qui composent la population active en France, sous l’angle de la moyenne et de la dispersion des niveaux de vie (graphique 4).
Montant annuel moyen et dispersion du niveau de vie dans les professions culturelles et pour l’ensemble des actifs en emploi, 2005-2012
Montant annuel moyen et dispersion du niveau de vie dans les professions culturelles et pour l’ensemble des actifs en emploi, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi, France métropolitaine.54Au sein du premier ensemble, les personnes exerçant un métier d’art ont un niveau de vie en moyenne inférieur à celui des artisans et des ouvriers qualifiés. De même, les professeurs d’art ont un niveau de vie moyen très en deçà de celui de leur groupe professionnel d’appartenance (les professeurs et professions scientifiques, parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures). Ceux qui exercent un métier des arts visuels se situent entre le groupe professionnel des professions intermédiaires et celui des artisans, en termes de niveau de vie moyen.
55En ce qui concerne le niveau de vie des auteurs littéraires et traducteurs, qui constituent le deuxième ensemble, son montant moyen les rapproche des commerçants, tandis que son hétérogénéité, très forte, les associe aux professions libérales et aux agriculteurs.
56Au sein du troisième ensemble, le niveau de vie est en moyenne un peu plus élevé que dans l’ensemble des professions intermédiaires.
57Enfin, le niveau de vie des professionnels du dernier ensemble se situe, en moyenne, en deçà de celui du groupe professionnel des cadres et professions intellectuelles supérieures (hors professions libérales) et s’en distingue par une dispersion plus forte. Il est à la fois nettement moindre et beaucoup moins dispersé que le niveau de vie des professions libérales et des chefs d’entreprise de plus de 10 salariés.
Une fois les effets de structure pris en compte, les professionnels de la culture ont un niveau de vie inférieur à celui des autres actifs en emploi
58Les caractéristiques sociodémographiques et les conditions d’emploi des professionnels de la culture sont nettement distinctes de celles de la moyenne des actifs en emploi [10], induisant des effets, parfois contradictoires, sur le niveau de vie des personnes. Majoritairement composées de cadres et professions intellectuelles supérieures, les professions culturelles sont exercées plus fréquemment sous statut indépendant par des actifs fortement diplômés et issus de milieux sociaux favorisés. Par ailleurs, les conditions de vie de ces actifs sont sensiblement différentes des autres : ils sont plus souvent locataires de leur logement, sont plus nombreux à résider à Paris ou dans sa région, vivent moins souvent en couple et ont moins d’enfants à charge. Or, d’une part, les cadres supérieurs, les non-salariés, les hommes, les actifs les plus diplômés, issus de milieux sociaux favorisés et les Franciliens perçoivent des revenus d’activité supérieurs aux autres, et, par suite, des revenus financiers et fonciers eux aussi plus élevés. D’autre part, une famille moins nombreuse induit de partager le revenu disponible du ménage entre un moins grand nombre de personnes ; les locataires franciliens résidant dans une région où le coût du logement est élevé perçoivent davantage d’aides au logement et donc de prestations sociales. L’ensemble de ces caractéristiques tend par conséquent à tirer structurellement le niveau de vie des professionnels de la culture vers le haut.
59À l’inverse, les professionnels de la culture ont des temps de travail plus courts ; ils vivent moins souvent que les autres en couple, ont moins souvent des enfants à charge. Or des temps de travail courts vont de pair avec des revenus d’activité moindres, l’absence d’un conjoint actif implique un revenu d’activité du ménage moins important, et une famille moins nombreuse induit de moindres prestations sociales. Ces caractéristiques contribuent donc à tirer le revenu disponible des professionnels de la culture vers le bas.
60Ces effets de structure doivent être pris en compte afin de comparer de façon rigoureuse le niveau de vie des professionnels de la culture avec celui des autres actifs en emploi. Ainsi, alors que le niveau de vie de ces professionnels est de 11 % supérieur, en moyenne, à celui de l’ensemble des actifs, si l’on tient compte de ces différentes caractéristiques en cherchant à neutraliser leur effet, le surcroît de niveau de vie des professionnels de la culture disparaît pour devenir négatif. À mêmes caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi, un professionnel de la culture a en effet un niveau de vie inférieur en moyenne de 12 % à celui d’un actif exerçant une autre profession. Pour les seuls revenus d’activité, l’écart « toutes choses égales par ailleurs » à la défaveur des professionnels de la culture est de 29 %. La prise en compte des autres revenus du ménage (revenus éventuels d’un conjoint, revenus financiers et fonciers, transferts sociaux, autres revenus) opère donc un rattrapage significatif (tableau 9).
Déterminants du niveau de vie de l’ensemble des actifs en emploi, des professionnels de la culture, et des actifs exerçant une profession non culturelle, 2005-2012*,**,***
Déterminants du niveau de vie de l’ensemble des actifs en emploi, des professionnels de la culture, et des actifs exerçant une profession non culturelle, 2005-2012*,**,***
Champ : actifs en emploi principal, France métropolitaine.* Les professions culturelles relevant de la catégorie sociale des cadres et professions intellectuelles supérieures correspondent aux artistes (plasticiens, des spectacles, auteurs littéraires), professeurs d’art, responsables de programmation et cadres technico-artistiques des spectacles, journalistes et cadres de l’édition, architectes, cadres de l’archivage, de la conservation et de la documentation.
** Les autres catégories sociales rassemblent les agriculteurs, artisans et commerçants, professions intermédiaires, employés et ouvriers. Au sein des professions culturelles, elles sont composées des photographes et concepteurs des arts graphiques, de la mode et de la décoration, assistants techniques et ouvriers des spectacles, indépendants gestionnaires de spectacles, traducteurs, sous-bibliothécaires et cadres intermédiaires du patrimoine.
*** Temps de travail au cours d’une semaine dite « semaine de référence », déclaré par la personne répondant à l’enquête Emploi.
Note de lecture : sur la période 2005-2012, les professionnels de la culture ont un niveau de vie annuel inférieur de 12 % en moyenne à celui des actifs exerçant une autre profession, toutes choses égales par ailleurs. Dans l’ensemble des professions, les actifs de moins de 40 ans ont un niveau de vie de 6 % inférieur à celui de leurs aînés, toutes choses égales par ailleurs. Cet effet marginal sur le niveau de vie des plus jeunes est de – 4 % parmi les actifs exerçant une profession culturelle. Ces effets ne sont pas significativement différents au seuil de 10 % (test de différence : ns), c’est-à-dire qu’il y a plus d’une chance sur dix de se tromper si l’on dit que le niveau de vie des jeunes actifs est encore plus faible que celui des plus âgés dans les professions non culturelles que dans les professions culturelles.
Comme pour l’ensemble des actifs, les femmes qui exercent une profession culturelle ont un niveau de vie comparable à celui des hommes
61Toutes professions confondues, avec 25 000 € en moyenne annuelle au cours de la période 2005-2012, les femmes actives ont un niveau de vie pratiquement équivalent à celui des hommes actifs [11] (25 500 €) (tableau 10). La prise en compte de l’ensemble des revenus du ménage conduit donc à gommer l’écart observé pour les revenus d’activité, très nettement défavorable aux femmes (– 29 %). Ce constat est confirmé une fois les effets de structure neutralisés : à mêmes conditions d’emploi et autres caractéristiques sociodémographiques identiques, les femmes ont un niveau de vie très légèrement supérieur (+ 3 %) à celui des hommes.
Niveau de vie annuel moyen des femmes et des hommes actifs en emploi, 2005-2012
Niveau de vie annuel moyen des femmes et des hommes actifs en emploi, 2005-2012
Champ : ensemble des actifs en emploi principal percevant des revenus d’activité strictement positifs, France métropolitaine.Note de lecture : entre 2005 et 2012, les hommes exerçant une profession culturelle ont un niveau de vie, en moyenne annuelle, de 27 500 euros. Pour les femmes exerçant ces professions, le niveau de vie moyen est de 5 % plus élevé (28 800 euros).
62Entre 2005 et 2012, les professionnelles de la culture ont un niveau de vie de 28 800 € en moyenne, supérieur de 5 % à celui de leurs homologues masculins (tableau 10). On peut vraisemblablement attribuer cet écart positif au fait que les professionnelles de la culture sont nettement plus souvent en couple avec un conjoint occupant une position de cadre (supérieur ou intermédiaire : 73 %) que l’inverse (59 % des hommes en couple exerçant une profession culturelle vivent avec un conjoint cadre) (voir tableau A, p. 26), et qui apporte donc au ménage des revenus d’activité complémentaire plus élevés. Cet écart positif entre le niveau de vie des femmes et des hommes est particulièrement important dans les professions des arts visuels, parmi les auteurs littéraires et les professeurs d’art, où l’on peut supposer que les revenus d’activité du conjoint sont supérieurs aux revenus d’activité que les femmes perçoivent pour leur propre compte. En raisonnant à structure constante, l’écart passe de 5 % à 3 %, c’est-à-dire rejoint celui observé dans les autres professions.
Sources : L’enquête Revenus fiscaux et sociaux de l’Insee
Les revenus déclarés à l’administration fiscale comprennent les revenus directs d’activité indépendante ou salariée, les retraites et pensions, les indemnités de chômage, les revenus du patrimoine.
La présente étude repose sur la fusion de huit enquêtes consécutives, de 2005 à 2012, afin de disposer d’effectifs suffisamment importants et de garantir la robustesse et la fiabilité des résultats sur le champ restreint que constituent les professions culturelles. L’échantillon est constitué de 330 135 observations portant sur les actifs en emploi, parmi lesquels 6 557 exercent une profession culturelle, entre 2005 et 2012. On raisonne ainsi en moyenne annuelle sur huit années. Les revenus relatifs à chaque année d’enquête ont été déflatés et ramenés à la devise de la dernière année : les revenus présentés dans cette étude sont donc en euros constants de 2012.
Définitions
Emploi principal
La plupart des actifs exercent un seul métier tout au long de l’année – éventuellement sur plusieurs postes de travail concomitants ou successifs. Certains toutefois en exercent plusieurs. C’est à celui qu’ils considèrent comme principal en termes de temps de travail ou de revenus que s‘intéresse cette étude.
Groupe professionnel
Les groupes professionnels auxquels les professions culturelles sont comparées sont définis à partir de la catégorie socioprofessionnelle (code à deux chiffres de la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles, pcs).
Les catégories sociales proches les unes des autres, du point de vue de la moyenne et de la dispersion des revenus d’activité, ont été regroupées pour davantage de clarté (notamment graphique). On définit ainsi les groupes professionnels suivants.
- Les agriculteurs sont agriculteurs exploitants, quelle que soit la taille de l’exploitation.
- Les artisans mettent en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, mais travaillent seuls ou n’emploient qu’un petit nombre de salariés, dans un domaine où le travail manuel est un aspect important.
- Les commerçants mettent eux aussi en valeur un capital économique en tant que chef de leur propre entreprise, en travaillant seuls ou en n’employant qu’un petit nombre de salariés, mais dans un domaine où le travail manuel est un aspect secondaire et qui n’exige pas un capital culturel très élevé.
- Le groupe professionnel des professions libérales et chefs d’entreprise de plus de dix salariés rassemble avocats, médecins libéraux, architectes libéraux, notaires, chefs d’entreprise de plus de dix salariés, etc.
- Le groupe professionnel des cadres et professions intellectuelles supérieures (hors professions libérales) est composé des cadres A de la fonction publique, ingénieurs, cadres commerciaux d’entreprise, artistes, professeurs, professions scientifiques, etc.
- Les professions intermédiaires rassemblent instituteurs, infirmiers, cadres B de la fonction publique, techniciens, contremaîtres, secrétaires de direction, etc.
- Le groupe professionnel des ouvriers et employés non qualifiés regroupe des professions qui cumulent bas niveau de qualification dans les conventions collectives, faibles salaires et formations peu spécialisées [12], tels qu’agents des services de la fonction publique, employés de l’hôtellerie-restauration, caissiers et employés de libre-service du commerce, salariés de particuliers, concierges et vigiles, manutentionnaires et agents du tri, ouvriers d’entretien, ouvriers non qualifiés de l’industrie et du btp, ouvriers agricoles.
- Le groupe professionnel des ouvriers et employés qualifiés est défini en négatif du précédent.
Le terme de « profession » est employé ici de façon générique (et indifféremment à celui de « métier »), par référence à la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles (pcs) qui sert de cadre à la présente analyse. Il ne renvoie donc pas aux seules activités professionnelles formellement encadrées et réglementées (la profession d’architecte ou celle de conservateur, par exemple), plutôt minoritaires dans le champ culturel, mais à l’ensemble particulièrement hétérogène des activités professionnelles (au sens anglo-saxon d’occupations) relevant du champ d’intervention du ministère de la Culture et de la Communication.
Les professions culturelles sont définies à partir de la nomenclature de 2003 des professions et catégories socioprofessionnelles (pcs), dont sont retenus les codes suivants :
Tous les revenus analysés dans la présente étude sont nets de cotisations sociales.
Revenus d’activité
On regroupe sous le terme de « revenus d’activité » les revenus directs d’activité (salaires et revenus d’indépendants) et les revenus de remplacement (pensions de retraite, indemnités de chômage). Les revenus d’activité peuvent être négatifs ou nuls si l’activité est déficitaire.
Traitements et salaires
Du point de vue fiscal (imprimé no 2042 de la dgfip), sont déclarées dans la catégorie des traitements et salaires :
- les rémunérations issues d’un emploi salarié, caractérisé par un lien de subordination vis-à-vis d’un employeur ;
- une partie des revenus d’indépendants : les écrivains et compositeurs sont en effet imposés dans cette catégorie quand les droits d’auteur qui leur sont versés sont intégralement déclarés par des tiers (maison d’édition, société d’auteurs telle que la Sacem, la sacd etc.) ;
- les allocations de chômage, les allocations de préretraite et les indemnités journalières de maladie.
Revenus d’indépendants
Les revenus d’indépendants regroupent les revenus non commerciaux, les revenus industriels et commerciaux et les revenus agricoles, réalisés en France et déclarés fiscalement en bénéfices non commerciaux (bnc), bénéfices industriels et commerciaux (bic) et bénéfices agricoles (BA).
Dans la déclaration des revenus, sont imposés en bénéfices non commerciaux (bnc) les bénéfices réalisés :
- par les professionnels qui pratiquent une science, un art ou une activité intellectuelle en toute indépendance (médecins, avocats, architectes, experts-comptables, artistes, etc.) ;
- par les titulaires de charges et offices publics (notaires, commissaires-priseurs, etc.).
Les bénéfices industriels et commerciaux sont les bénéfices réalisés par des personnes physiques ou par des sociétés soumises à l’impôt sur le revenu, provenant de l’exercice d’une profession commerciale, industrielle ou artisanale.
Les revenus d’origine agricole sont quant à eux imposés fiscalement en bénéfices agricoles.
Revenus sociaux
Les prestations sociales sont de trois ordres :
- les prestations familiales, issues des fichiers sociaux de la Cnaf ou de la caisse centrale de la msa, regroupent des aides liées au jeune enfant (dispositif dénommé Prestation d’accueil du jeune enfant [Paje] : prime à la naissance ou à l’adoption, allocation de base de la Paje, complément de libre choix d’activité, complément optionnel de libre choix d’activité) ainsi que les prestations familiales suivantes : allocation familiale (AF), complément familial (CF), allocation d’éducation de l’enfant handicapé (aeeh), allocation de soutien familial (asf), allocation de rentrée scolaire (ars), allocation journalière de présence parentale (ajpp) ;
- les minima sociaux, versés par la Cnaf, la ccmsa ou la Cnav, correspondent aux prestations suivantes : revenu de solidarité active (le rsa a remplacé le revenu minimum d’insertion [rmi] et l’allocation de parent isolé [api] à compter du 1er juin 2009), prime de Noël, allocation adultes handicapés (aah), allocations complémentaires à l’allocation adultes handicapés (caah), minimum vieillesse (aspa) ;
- les aides au logement sont destinées à alléger les charges de remboursement des personnes qui accèdent à la propriété ou les charges de loyer des locataires. Il existe trois types d’allocation logement (dont les conditions d’attribution varient selon le statut des bénéficiaires) : aide personnalisée au logement (apl), allocation logement à caractère familial (alf), allocation logement à caractère social (als).
Les revenus financiers correspondent aux produits dont les revenus sont issus de la source fiscale, tels qu’intérêts des actions, des livrets fiscalisés et des autres valeurs mobilières (obligations, placements à échéance, titres d’opcvm). Ils correspondent également aux intérêts générés par différents produits financiers non recensés par la source fiscale : il s’agit des intérêts des livrets d’épargne exonérés (livret Jeune, livret d’épargne populaire [lep] et autres livrets exonérés tels que livret A, livret bleu et livret pour le développement durable [ldd, anciennement codevi]), des formules d’épargne logement (comptes et plans d’épargne logement [cel et pel]), des produits du groupe assurance vie (contrats d’assurance vie, plan d’épargne populaire [pep], bons de capitalisation) ainsi que des valeurs mobilières en plan d’épargne en actions (pea). Pour imputer ces revenus défiscalisés, l’enquête Revenus fiscaux et sociaux s’appuie sur l’enquête Patrimoine de l’Insee.
Les revenus fonciers sont les revenus procurés aux propriétaires d’immeubles bâtis ou non bâtis, hors les revenus procurés par la location d’habitations meublées, d’usines, ateliers, fonds de commerce.
Autres revenus
Ces revenus regroupent des revenus d’autre nature que ceux énoncés précédemment : il s’agit principalement de la prime pour l’emploi, qui est un crédit d’impôt attribué aux foyers fiscaux dont l’un des membres au moins exerce une activité professionnelle et dont les revenus ne dépassent pas certaines limites. Ils peuvent également correspondre à des revenus reçus de l’étranger et imposés à l’étranger, ou à des pensions alimentaires reçues.
Caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi des professionnels de la culture*
Caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi des professionnels de la culture*
Champ : ensemble des actifs en emploi principal, France métropolitaine.* Cadre, c’est-à-dire, ici, appartenant aux catégories socioprofessionnelles « Cadres et professions intellectuelles supérieures » (médecin, avocat, ingénieur, cadre d’entreprise, personnel de catégorie A de la fonction publique, etc.) ou aux « Professions intermédiaires » (technicien, contremaître, instituteur, infirmier, personnel de catégorie B de la fonction publique, etc.).
Note de lecture : en 2011, on dénombre 573 000 actifs, dont 43 % sont des femmes, exerçant une profession culturelle à titre d’emploi principal.
Ménage
Dans l’enquête Revenus fiscaux et sociaux, le ménage désigne l’ensemble des occupants d’une résidence principale qu’ils aient ou non des liens de parenté. Le ménage peut ne comprendre qu’une seule personne.
Revenu disponible
Il comprend les revenus d’activité, les revenus sociaux, les revenus financiers et fonciers, et d’autres revenus éventuellement perçus par le ménage. Tous ces revenus sont nets des cotisations sociales (contribution sociale généralisée, contribution à la réduction de la dette sociale, prélèvement libératoire sur valeurs mobilières et autres prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine). Pour obtenir le revenu disponible, les revenus supra sont diminués de l’impôt sur le revenu et de la taxe d’habitation sur la résidence principale.
Unité de consommation
Les unités de consommation (UC) sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’ocde modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.
Niveau de vie
Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation, il est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.
Notes
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[*]
Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture et de la Communication.
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[1]
Une partie des non-salariés déclarent leurs revenus d’indépendants en traitements et salaires – en particulier une partie des écrivains et des compositeurs –, ce qui explique que l’indépendance soit plus fréquente sous l’angle du statut exercé que sous celui du type de revenu d’activité perçu.
-
[2]
Les revenus peuvent être négatifs ou nuls en cas d’activité déficitaire.
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[3]
Marie Gouyon, Frédérique Patureau, Tendances de l’emploi dans le spectacle, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture chiffres », 2014-2, février 2014.
-
[4]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture Chiffres », 2014-6, octobre 2014.
-
[5]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, op. cit.
-
[6]
Sophie Ponthieux, « L’inégalité des revenus d’activité et les niveaux de vie des femmes et des hommes – Une comparaison entre cinq pays de l’Union européenne », Insee, « Économie et Statistique », no 469-470, 2014.
-
[7]
Voir M. Gouyon, les Femmes dans la création audiovisuelle et de spectacle vivant, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture chiffres », 2014-4.
-
[8]
Pour plus d’information sur la composition du revenu disponible des ménages en France, voir notamment la fiche « 1.3. Revenu disponible des ménages » dans les Revenus et le patrimoine des ménages, Insee, coll. « Insee Références », édition 2014.
-
[9]
Pour davantage d’information sur les niveaux de vie en France, voir Cédric Houdré, Juliette Ponceau, Marie Zergat Bonnin, les Niveaux de vie en 2012, Insee, coll. « Insee Première », no 1513, septembre 2014.
-
[10]
M. Gouyon, F. Patureau, Vingt ans d’évolution de l’emploi dans les professions culturelles – 1991-2011, op. cit.
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[11]
S. Ponthieux, « L’inégalité des revenus d’activité et les niveaux de vie des femmes et des hommes – Une comparaison entre cinq pays de l’Union européenne », op. cit.
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[12]
Thomas Amossé, Olivier Chardon, « Les travailleurs non qualifiés : une nouvelle classe sociale ? », Insee, « Économie et Statistique », no 393-394, 2006.