Nous venons de commémorer un triste anniversaire : celui du génocide arménien de 1915. D’importants ouvrages ont paru, qui traitent de cette « Catastrophe » et du lourd silence longtemps fait autour d’elle ; qui soulèvent la question du témoignage et celle de la mémoire ; qui tentent de frayer les voies à une reconnaissance des faits et à une conciliation des hommes. Comment ne pas voir dans l’événement de 1915 le prodrome sanglant, aux portes de l’Europe, d'un siècle de génocides ? Aussi la réflexion que lui consacrent Gaidz Minassian et Marc Nichanian, selon des perspectives différentes qu’éclairent ici Nicolas Weill et Jean-Louis Jeannelle, de même que les analyses et engagements de Michel Marian (qui répond aux questions de Pierre Birnbaum et Antoine Compagnon) trouvent-ils de profonds échos dans l’ample travail sur les génocides et le témoignage tout au long du XXe siècle mené par Catherine Coquio : Claude Mouchard évoque ses deux plus récents ouvrages et elle-même les commente dans l’entretien qu’elle nous a accordé.