Dans les années 1980, les hackers faisaient figure de héros de la révolution micro-informatique. Aujourd’hui, les hackers seraient devenus des hooligans technologues. Plus souvent nommés « pirates » en français (et l’on sous-entend alors « pirates informatiques »), ils ont vu leur statut passer lentement de celui de héros d’un milieu technique d’initiés à celui de parasites pour la multitude des nouveaux usagers d’Internet confrontés au spam, aux virus et autres failles de sécurité. Si en France la première télévision à péage avait déjà connu le développement de « décodeurs pirates », et si des jeux vidéo et programmes divers circulaient de copie (pirate) en copie (pirate) depuis le milieu des années 1980, nul doute que la diffusion d’Internet a renouvelé et vulgarisé encore davantage cette figure du pirate/hacker.
Depuis 1999, cette visibilité doit beaucoup au succès de Napster et des fichiers mp3. L’échange de fichiers par les réseaux peer-to-peer a en effet pointé l’attention des acteurs concernés et des médias sur les liens étroits entre des pratiques informatiques en réseau et l’évolution des droits d’auteur. Le qualificatif de pirate, appliqué aux usagers de ces technologies, fait évidemment écho au contournement de la loi, mais il prend une signification particulière liée à l’univers informatique. L’accusation de « piratage » croise en effet une figure cruciale de l’imaginaire de l’informatique et d’Internet, celle du hacker. Beaucoup de passionnés sont désignés ou se proclament eux-mêmes hackers ou pirates, sans grande distinction apparente, revendiquant des compétences, des projets, des coups d’éclat et des convictions diverses…