Notes
-
[1]
P. Chaunu, L’Aventure de la Réforme. Le monde de Jean Calvin, Paris, Hermé-Desclée de Brouwer, 1986, p. 137.
-
[2]
E.M. Braekman, Guy de Brès, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1960.
-
[3]
E.M. Braekman, "Le protestantisme bruxellois sous la république calviniste", Etat et religion aux XVème et XIème siècles, Ed. H. Van Nuffel, Bruxelles, 1986, pp.301-318.
-
[4]
E.M. Braekman, Histoire de l’Eglise protestante de Liège, Les Amis de l’Eglise protestante de Liège-Marcellis, Liège, 1993.
-
[5]
A. Eckhof, De Hervormode Kerk in Noord-Amerika (1624-1664), éd. M. Nijhoff, La Haye, 1913.
-
[6]
E.M. Braekman, Histoire du protestantisme au Congo, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1961, pp.29-41.
-
[7]
E.M. Braekman, Le Protestantisme à Bruxelles, Bibliothèque royale Albert 1er, Bruxelles, 1980.
-
[8]
R. Collinet, Histoire du protestantisme en Belgique aux XVIIe et XVIIIe siècles, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1959.
-
[9]
E.M. Braekman, Histoire du protestantisme en Belgique au XIXe siècle 1795-1865, Le Phare, Flavion, 1988.
-
[10]
W. Lutjcharms, De Vlaamse Opleidingsscool van Nicolaas de Jonge en zijn opvolgers (1875-1926), Société d’histoire du protestantisme belge, Bruxelles, 1978.
-
[11]
P. Teissonnière, Livre Blanc du Foyer de l’Ame, Editions du Foyer de l’Ame, Bruxelles, 1938.
-
[12]
Il s’agissait de cinq Eglises locales organisées à partir de 1974 en un synode du Nord Brabant et du Limbourg des Gereformeerde Kerken aux Pays-Bas.
-
[13]
Pour une brève histoire de ce processus d’unification, voir Jos Dhooghe, "Le protestantisme en Belgique", in L. Voyé, K. Dobbelaere, J. Remy, J. Billiet, La Belgique et ses dieux, Cabay, 1985, pp. 311-332.
-
[14]
Sous la direction de P.-M. Bogaert, Les Bibles en français, Brepols, Turnhout, 1991.
-
[15]
Roger Mehl, "La théologie protestante", Que sais-je, n ° 1230, Presses universitaires de France-PUF, 1967.
-
[16]
J. Ellul, La subversion du christianisme, Le Seuil 1984.
-
[17]
E. Fuchs, L’éthique protestante. Histoire et enjeux, Labor et Fides, Genève.
-
[18]
Créées à Bruxelles, Anvers et Denderleeuw en 1930, là où existaient des paroisses des Gereformeerde Kerken, les écoles avec la Bible dispensaient un enseignement primaire selon le programme hollandais. Aujourd’hui ces écoles primaires libres, subventionnées par la Communauté flamande, subsistent notamment à Malines, à Gand, à Genk et à Boechout. Elles sont ouvertes à des non-protestants.
-
[19]
M. Twagirayesu et J. Van Butselaar, "Ce don que nous avons reçu", Histoire de l’Eglise Presbytérienne au Rwanda (1907-1982), Commission d’histoire de l’Eglise presbytérienne au Rwanda, 1982.
-
[20]
G. Thils, Histoire doctrinale du movement oecuménique, Deslée de Brouwer, Paris, E. Warny, Louvain, 1962.
-
[21]
Historiquement c’est sur le clivage religieux-non religieux que se sont marquées les premières oppositions ; elles ont notamment abouti à la création du premier parti politique au sens moderne du terme, le Parti libéral en 1846, suivi en 1884 par le Parti catholique. Rappelons que le troisième parti constitué au siècle dernier, le Parti ouvrier belge, l’a été sur une autre fracture de la société belge.
Introduction
1Les protestants sont 500 millions dans le monde, 100 millions en Europe et quelque 80.000 à 100.000 en Belgique (soit environ 1 % de la population belge). Mais qui sont-ils ? Le mot protestant vient du latin pro : pour et testari : témoigner. Ils se définissent comme témoignant de l’autorité de la Bible autant que comme ceux qui s’élevèrent au XVIème siècle contre les abus du catholicisme romain et de la papauté.
2La perception du protestantisme en Belgique en cette fin de XXème siècle est influencée par son caractère minoritaire et pluriel. Les protestants se vivent et sont perçus en réaction à une Eglise catholique dominante. Autres traits importants : l’universalité de leur foi alliée à l’individualité de la pratique, qui a induit une pluralité d’Eglises.
3La première partie de ce Courrier hebdomadaire est consacrée à une brève histoire du protestantisme, sur le territoire de l’actuelle Belgique, de la Réforme au processus en cours de fédération d’Eglises. Cette partie historique situe la manière dont les protestants se réfèrent à leur histoire, et trace les éléments constitutifs de leur identité.
4La deuxième partie présente - en respectant leur terminologie - les sources, les principes et les valeurs du protestantisme. Sont successivement abordés la place de la Bible, la théologie, la foi, le culte, les sacrements et l’éthique protestants. Les options et opinions des deux principaux courants du protestantisme - le courant réformé et le courant évangélique - sont ainsi explicitées. De même, sont esquissées les pratiques et les tensions qui traversent ces Eglises.
5L’organisation du protestantisme est différente de celle de l’Eglise catholique. Aucun engagement social ou autre, individuel ou paroissial, ne lie entre elles l’ensemble des Eglises protestantes. Il n’empêche qu’il y a des organisations protestantes, Eglises et institutions à publics particuliers ou à buts déterminés (oecuménisme, …).
6C’est à la description de ces organisations qu’est consacrée la troisième partie de ce Courrier hebdomadaire. Une large place est réservée à l’Eglise protestante unie de Belgique et aux Eglises évangéliques.
7La partie conclusive s’inscrit plus directement dans l’approche du CRISP en matière de décision politique et d’analyse de groupes acteurs. La question de savoir s’il existe un "monde" protestant y est notamment abordée.
8Ce numéro du Courrier hebdomadaire a été rédigé par un ensemble de personnes issues essentiellement du courant protestant réformé, sous la coordination de Michel Dandoy : Martin Beukenhorst ; Irène Blommaert ; Piet Bouman ; Emile Braekman ; Marc Dandoy ; Jean-Marc Dégrève ; Roger Forton ; Robert Hostetter ; Wilfred Hoyois ; Jacqueline Joly ; Pierre Lefort ; Charles Lejeune ; Marc Lombart ; Geert Lorein ; Ghislain Nazé ; Jean-Louis Ravet ; Léon Rocteur ; Jean-Louis Simonet ; Jacques Sombreffe ; Jeanne Somer ; Christian Vallet ; Paul Vandenbroeck ; Daniel Vanescote ; André Vogel.
Rappel historique
Jusqu’à la Reforme
9Si le protestantisme trouve son origine spécifique dans la réforme religieuse qui fut entreprise au XVIème siècle par Luther, Mélanchthon, Zwingli, Farel, Calvin et d’autres, rappelons que l’histoire du christianisme se déroule déjà alors depuis quinze siècles. Cette longue histoire des disciples de Jésus-Christ (lui-même issu du judaïsme et annoncé par les prophètes d’Israël) est jalonnée de persécutions, mais aussi de divisions (hérésies des IVème et Vème siècles, rupture entre l’Eglise romaine et l’Eglise orthodoxe au XIème siècle). La Réforme inaugure dans l’histoire du christianisme "une autre voie", comme l’exprime Pierre Chaunu, qui poursuit : "La Réforme ne peut être assimilée à une hérésie. L’Augustana (25 juin 1530), - c’est-à-dire la confession de foi luthérienne, - et Calvin sont du côté de l’orthodoxie des grands conciles, de Nicée à Chalcédoine, contre les hérésiarques des premiers siècles et de tous les siècles. A partir de ce tournant, nous aurons dans l’Eglise deux manières de se rattacher à des origines communes, de vivre autrement la même continuité" [1].
10La réforme de l’Eglise catholique romaine "dans son chef et dans ses membres" était à l’ordre du jour depuis que trois conciles avaient tenté au cours du XVème siècle de remédier à une situation dégradée tant au sein du clergé que des fidèles. Le 31 octobre 1517, Martin Luther en affichant 95 thèses sur les indulgences n’avait fait que polariser des tendances plus profondes et plus générales dans toute l’Europe (des moines avec l’accord du pape offraient contre de l’argent le pardon des fautes même les plus graves). La Réformation du XVIème siècle a éclaté presqu’en même temps dans les principaux pays de l’Europe.
11Au XVIème siècle, un ensemble de principautés, rassemblées par les ducs de Bourgogne au siècle précédent sur le territoire actuel de la Belgique, des Pays-Bas et du Grand Duché de Luxembourg en pénétrant au sud sur l’actuel territoire de la France et à l’est sur celui de l’Allemagne, formèrent le Cercle de Bourgogne, mais elles étaient séparées en deux blocs par la Principauté épiscopale de Liège, qui relevait du cercle de Westphalie.
La reforme
Sous Charles-Quint
12Le premier foyer de la Réforme apparut à Anvers, où les thèses de Martin Luther furent diffusées par des moines du couvent des augustins, des marchands de la ligue hanséatique et des imprimeurs. Dès 1519, Désiré Erasme signala à Luther que ses livres étaient lus dans la ville, tandis que ses formulations évangéliques étaient propagées par le prieur Jacques Praepositus. La répression sévit durement et des moines furent incarcérés à Vilvorde. Le 1er juillet 1523, deux d’entre eux qui avaient refusé de se rétracter, Henri Voes et Jean van Esschen, furent ecclésiastiquement dégradés et brûlés vifs.
13Au cours de ces mêmes années, d’autres influences s’exercèrent : celles de Martin Bucer de Strasbourg, et d’Ulrich Zwingli de Zurich, qui seront développées par Jean Calvin ; celles des anabaptistes Conrad Grebel et Melchior Hofmann. Ce "bouillonnement” des idées se mua progressivement en institutions ecclésiastiques au cours du deuxième quart du XVIème siècle et donna naissance aux Eglises luthériennes, réformées (ou calvinistes) et mennonites.
14Le calvinisme, qui se manifesta dès les années 1540, apporta une orientation nouvelle au mouvement en luttant pour la liberté religieuse et la liberté politique. De Genève, Jean Calvin, qui a épousé la liégeoise Idelette de Bure, suivait le développement des communautés. En moins de vingt ans, le calvinisme occupa une place prépondérante parmi les Eglises issues de la Réforme grâce à la transformation des petites assemblées secrètes et illicites en Eglises structurées, dirigées par des "Consistoires" composés du pasteur et des laïcs (anciens et diacres) et le regroupement de ces consistoires ou conseils en un synode national.
Les gueux
15Dès les premières manifestations de la Réforme, les autorités civiles et religieuses réagirent en publiant de nombreux édits - les placards - contre ce qui était considéré comme une hérésie. Le 14 octobre 1529, tous les "coupables" furent condamnés à la peine de mort et à la confiscation des biens ; l’Eglise romaine réorganisa l’inquisition et Charles-Quint créa une inquisition d’Etat. Des milliers de personnes furent exécutées.
16En 1566, on estimait qu’il y avait trois cent mille protestants, soit 20 % de la population. Dans l’hôtel de Culembourg (là où s’élève aujourd’hui la caserne Prince Albert à Bruxelles), fut rédigée une requête signée par plus de mille nobles et présentée par 300 d’entre eux à la gouvernante Marguerite de Parme en vue de l’abolition des placards. C’est lors de cet événement que les requérants auraient été qualifiés de "gueux".
17Conscients de leur puissance, les réformés organisèrent les "grands prêches", qui groupaient des milliers d’auditeurs, mais les iconoclastes brisèrent les images de Jésus et des saints et rompirent ainsi l’équilibre précaire des forces en présence. La gouvernante fit alors donner la troupe - les bandes d’ordonnances - pour imposer sa volonté, ce qui provoqua la révolte de quelques villes : Bois-le-Duc, Tournai, Valenciennes. Cette dernière ne se soumit qu’après un long siège et le réformateur Guy de Brès - auteur de la Confessio Belgica - fut pendu le 31 mai 1567 pour avoir célébré la Cène [2].
18Le roi Philippe II, pour se venger, envoya le duc d’Albe à la tête de douze mille vétérans. Celui-ci institua le Conseil des troubles qui condamna plus de 12.500 personnes. De nombreux réformés prirent le maquis - les gueux des bois ou bosquillons et les gueux de mer - qui s’emparèrent le 1er avril 1572 de La Brielle (Hollande méridionale). Après cet échec, le roi rappela le duc d’Albe. Le nouveau gouverneur, don Luis de Requesens, subit de nouvelles défaites militaires et tenta de négocier un accord, mais sa mort arrêta les tractations.
Les républiques calvinistes
19En l’absence d’un gouverneur, les Etats généraux assumèrent l’autorité et proclamèrent le 8 novembre 1576 la Pacification de Gand, tandis que les soldats mutinés - la Furie espagnole - mettaient à sac la ville d’Anvers. Don Juan d’Autriche, le nouveau gouverneur, ne voulant pas observer la Pacification, se réfugia dans la citadelle de Namur.
20Au mois d’août 1577, un comité insurrectionnel de 18 membres s’empara du pouvoir à Bruxelles qui devint une petite république calviniste [3]. Cet exemple fut bientôt suivi par d’autres cités comme Gand, Anvers, Bruges, Courtrai, Ypres, Tournai, Termonde. Pendant la république calviniste à Bruxelles, de 1577 à 1585, les églises de la ville et même la cathédrale Saint Michel furent utilisées comme temples et les cultes s’y célébraient en flamand. Les Bruxellois francophones avaient la jouissance de la chapelle de Nassau (dont avait hérité en 1544 Guillaume le Taciturne) et ensuite de l’église de la Madeleine.
21Entre-temps, l’armée des Etats généraux avait été battue à Gembloux, mais don Juan ne profita pas de sa victoire, car il mourut peu après à Bouge. Son lieutenant, Alexandre Farnèse, prince de Parme, lui succéda et par l’Union d’Arras en 1579, il détacha de la "Généralité" les Etats d’Artois, du Hainaut et de la Flandre gallicante, tandis que ses troupes occupèrent les provinces de Namur, Limbourg et Luxembourg. De leur côté, les provinces du Nord, ainsi que celles de Flandre, de Brabant, de Malines et du Tournaisis signaient l’Union d’Utrecht, fondation des Provinces-Unies des Pays-Bas.
22Le prince de Parme commença alors une campagne de reconquête en s’emparant de Maastricht en 1579 et de Cambrai et de Tournai en 1581, tandis que les Etats généraux proclamèrent la déchéance de Philippe II. L’année suivante, Farnèse reprit l’offensive et se rendit maître d’Audenarde et de Ninove, ensuite de Dunkerque et d’Eindhoven, enfin du pays de Waes. Grâce à ces actions, il isola les villes d’Ypres, de Bruges et de Gand. En 1584, ces trois cités capitulèrent, alors que Guillaume de Nassau était assassiné à Delft. Seule Ostende résista jusqu’en 1604. Dans le Brabant, Farnèse assiégea Bruxelles, Malines et Anvers qui durent se "réconcilier" en 1585.
Les principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy
23Les doctrines de la Réforme y furent introduites par des marchands et des étudiants, qui diffusèrent les livres luthériens ; le prince-évêque Erard de la Marck fit publier un édit dès le 15 octobre 1520 et intensifia l’inquisition. Ferme soutien de Charles-Quint, il voulut faire appliquer l’édit de Worms, mais rencontra l’opposition des Etats du pays, qui ne cédèrent qu’en 1527, tout en maintenant leurs privilèges de "non-appréhensibilité" et d’être jugés par leur propre tribunal. En conséquence, les exécutions capitales furent peu nombreuses.
24Etat de l’Empire, Liège dut se soumettre à la Paix d’Augsbourg de 1555, qui protégeait au moins les luthériens, et dès cette époque des conventicules ou assemblées sont signalés, mais il ne semble pas qu’il y ait eu la formation d’Eglises réformées organisées. Au cours du règne de Gérard de Groesbeeck (1565-1580), les troubles aux Pays-Bas eurent des répercussions dans la principauté, ce qui provoqua une recrudescence des exécutions. Sous ses successeurs, les protestants se firent plus discrets et, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, des réformés, plus ou moins tolérés, continuèrent à résider dans le pays de Liège [4].
25La principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, indépendante au début du XVIème siècle, fut rattachée à Liège, lorsque les deux sièges ecclésiastiques furent occupés en 1575 par Gérard de Groesbeeck. Les doctrines de la Réforme y avaient pénétré très tôt, aussi de 1537 à 1638, les princes-abbés promulguèrent de nombreux édits contre les réformés, les condamnant à l’exil, tandis que les anabaptistes étaient mis à mort. Cette répression amena l’extinction totale du protestantisme dans la principauté de Stavelot-Malmedy.
L’émigration ou le refuge à l’étranger
26Dès l’origine de la Réforme, des protestants préférèrent l’exil à la mort. Le premier à s’enfuir à l’étranger en 1522 pour éviter le bûcher fut le prieur des augustins d’Anvers, Jacques Praepositus. Pendant tout l’Ancien Régime, il y eut des expatriés pour cause de religion, mais les départs massifs se situèrent surtout au XVIème siècle. On estime que l’émigration toucha près de 250.000 personnes.
27Tous ceux qui voulaient se soustraire aux poursuites ne quittèrent pas le pays ; certains se réfugièrent dans les Pays-Bas du Nord, libérés par les gueux. Tandis que les Flamands se fondaient dans la population de langue néerlandaise, les francophones y créèrent trente-cinq Eglises wallonnes, qui constituèrent un synode particulier au sein des Eglises réformées des Provinces-Unies ; seize de ces Eglises subsistent encore aujourd’hui.
28En Angleterre, grâce à la protection du roi Edouard VI, une première Eglise d’étrangers s’établit à Londres vers 1547. Sous Elisabeth, huit Eglises wallonnes et treize Eglises flamandes furent érigées. Elles formèrent deux colloques, puis un synode en 1604.
29En Allemagne, vingt communautés wallonnes et treize flamandes furent créées, notamment à Emden, Wesel et Francfort, puis au Palatinat. Le synode national d’Emden, en 1571, les groupa en une province ecclésiastique, divisée en quatre classes ou districts.
30Au XVIIème siècle, l’émigration s’étendit à des pays plus lointains (Hongrie, Pologne) et même hors d’Europe. Le Liégeois Louis de Geer se rendit en Suède où il rénova les fonderies. Il fit appel à de la main-d’œuvre experte et des centaines de Liégeois s’y installèrent et y érigèrent des communautés réformées. D’autres Wallons traversèrent l’Atlantique et bâtirent un fort à Manhattan où fut ensuite construite la cité de New York. Le territoire environnant devint la province néerlandaise de Nouvelle Belgique [5]. D’autres encore se rendirent à Batavia (Indonésie), au Brésil, en Guyane, au Zaïre [6] et en Afrique du Sud. A la fin de ce siècle, des centaines de Borains se réfugièrent en Prusse et au Brandebourg, où ils fondèrent des Eglises.
Aux XVII et XVIIIeme siècles dans nos régions
31Les archiducs Albert et Isabelle s’efforcèrent d’éliminer les protestants en promulguant des placards, en favorisant les ordres religieux (notamment les Jésuites), en réduisant à merci la ville d’Ostende et en dispersant les dernières communautés mennonites de Zomergen et Lovendegem. Mais au cours du "siècle de malheur", quelques îlots protestants subsistèrent aux Pays-Bas espagnols dans les villes, par exemple à Bruxelles, où les ambassades d’Angleterre et des Provinces-Unies possédaient un chapelain [7] ; à Anvers, où "l’Olivier brabançon" se réunissait dans l’atelier de Jacques Jordaens ; à Hodimont-Verviers et à Eupen ; mais aussi dans les campagnes, à Horebeke où la communauté constituée de gens du terroir s’appelait "l’Olivier flamand" et a subsisté jusqu’à nos jours ; à Rongy sous le nom de "l’Olive" ; ainsi que dans le Borinage et dans le Namurois.
32A la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle, les guerres contre Louis XIV pour la succession d’Espagne amenèrent les troupes anglo-bataves du général John Churchill, duc de Marlborough, qui favorisèrent les réformés. C’est pendant cette période de tolérance que furent construits les anciens temples d’Eupen inauguré en 1708, et de Hodimont consacré en 1711 (ils existent toujours, mais ont été transformés en presbytères).
33Cette situation prit fin lors du 3ème Traité de la Barrière en 1715 bien que les Provinces-Unies eussent tenté d’obtenir la liberté de conscience. Les Pays-Bas méridionaux passèrent des Habsbourgs d’Espagne aux Habsbourgs d’Autriche. Toutefois, la liberté de culte fut reconnue aux soldats des garnisons hollandaises et des temples furent ouverts à Namur, Tournai, Menin, Fumes, Warneton, Ypres et Termonde [8]. Pendant tout le XVIIIème siècle, les protestants belges profitèrent de la présence des aumôniers militaires pour faire célébrer les actes ecclésiastiques. Mais ceux qui résidaient loin des villes continuèrent à subir des tracasseries, qui parfois tournèrent au tragique. Seuls les réformés d’Outre-Meuse et de Lommel jouissaient d’une totale liberté, car ces régions avaient été cédées à la suite du traité de Munster.
34Le 12 novembre 1781, l’empereur Joseph II promulgua l’Edit de Tolérance, qui accordait aux "acatholiques" la liberté de conscience, mais soumettait la liberté de culte à certaines restrictions. Seul l’exercice privé de la religion était admis. Le décret fut complété par des lettres circulaires, qui réglementaient les écoles et les mariages mixtes. Enfin en 1784, les protestants purent tenir leurs propres registres d’état-civil.
35De 1789 à 1800, les fluctuations politiques eurent des effets dans le domaine religieux : retour à l’intolérance, liberté puis suppression des cultes. Il fallut attendre Napoléon Bonaparte pour que s’instaure une liberté définitive, grâce à la loi des Articles organiques des cultes protestants (18 germinal An 10,8 avril 1802). A noter que cette loi qui vise également les Eglises de la confession d’Augsbourg (Eglises luthériennes) n’a été implicitement abrogée que dans la mesure où elle contient des dispositions incompatibles avec la Constitution belge. Le département de l’Ourthe comprenait les oratoires d’Eupen, Hodimont, Olne-Dalhem, Kirscheiffen et Schleiden ; le département de Jemappes possédait les oratoires de Dour, Wasmes-Pâturages et Rongy. Dans le département de l’Escaut, un oratoire fut créé à Bruxelles, tandis que des communautés non officielles existaient à Gand, Etichove, Horebeke dans le département de l’Escaut, à Mater dans le département de la Lys, et à Anvers dans celui des Deux-Nèthes ; en 1804, Napoléon octroya aux protestants bruxellois la Chapelle de la Cour édifiée sur ordre de Charles de Lorraine en 1760.
Au XIXème siècle
36Sous le régime hollandais, Guillaume Ier réorganisa le culte protestant et de nouvelles Eglises se constituèrent à Bruxelles (en langue néerlandaise), à Liège, Huy, Tournai et Ostende, tandis que des aumôniers militaires étaient assignés à Bruges, Namur, Mons, Bouillon et Arlon. Toutes les Eglises des provinces du sud étaient groupées dans la Direction ecclésiastique du Limbourg et réparties en deux classes ou districts : Maastricht et Bruxelles [9]. A la veille de la révolution belge, 56 localités étaient pourvues d’une Eglise protestante.
37La liberté des cultes a été proclamée par arrêté du gouvernement provisoire du 16 octobre 1830.
38En 1834, un groupe de dissidents de l’Eglise de Bruxelles (Chapelle de la Cour) fit appel au pasteur Philippe Boucher ; celui-ci loua un local rue Verte (aujourd’hui rue de Bréderode) "vis-à-vis de la grille du palais (royal) au fond de la cour". A son retour d’Amérique, Ph. Boucher fit construire avec l’argent récolté le temple de l’Observatoire. Mais en 1837, une scission éclata dans la nouvelle communauté et un groupe se fixa rue du Jeu de Paume (près du Conservatoire de musique). Il déménagea ensuite rue Ducale et enfin rue Belliard. Toutefois, dès 1836, des pasteurs avaient formé la Société évangélique belge, qui se livra à une intense prédication, en particulier en Wallonie. En 1849, la société se transforma en Eglise chrétienne missionnaire belge, dirigée par un synode.
39Par ailleurs, seize communautés laissées à elles-mêmes à la suite de la révolution belge s’unirent en une Union des Eglises protestantes évangéliques de Belgique, dont l’assemblée constituante institua un synode le 22 avril 1839. Selon un texte du 6 mai 1839, non publié au Moniteur belge, le synode est reconnu comme seule autorité ecclésiastique de ces Eglises et comme leur organe.
40Au cours du XIXème siècle, des Eglises fondées par le Comité synodal d’évangélisation se joignirent à ce synode. En outre, des protestants qui ne voulaient pas se lier à une structure ecclésiale se réunirent dès 1854 en Assemblée des Frères.
41En 1816, on évalue le nombre de protestants à 2.300 ; le recensement de 1846 (le seul qui fasse mention des appartenances religieuses) indique qu’il y avait 7.368 protestants et anglicans (ces derniers pour la plupart étrangers) sur une population de 4.337.160 habitants. Il y avait surtout 4.326.873 catholiques et aussi 1.336 Israélites et moins de 2.000 individus de culte indéterminé ou non déclaré.
42La loi organique du 4 mars 1870 sur le temporel des cultes confirme la reconnaissance des cultes protestant et anglican (ainsi que celle du culte Israélite, en attendant celle du culte islamique par la loi du 19 juillet 1974 et celle du culte orthodoxe par la loi du 17 avril 1985) et l’attribution de la personnalité civile aux administrations chargées de gérer les biens affectés à leur exercice. Cependant, les cultes eux-mêmes ne possèdent pas la personnalité juridique.
43En 1875, le pasteur Nicolas de Jonge établit à Bruxelles une école de formation d’évangélistes, dont l’élève le plus illustre fut Vincent Van Gogh ; il lança ensuite l’association néerlandophone Silo, qui dirigea huit communautés, deux écoles, une clinique et une imprimerie [10]. En 1880, le pasteur James Hocart érigea l’Eglise protestante libérale de Bruxelles, qui fut reconnue par l’Etat en 1888 [11]. L’année suivante, l’Armée du Salut ouvrait son premier poste en Flandre. A la fin du siècle, les baptistes s’implantèrent en Belgique, les Eglises réformées aux Pays-Bas y créaient deux Eglises.
Evangélisation et fusions d’Eglises au XXème siècle
44La première guerre mondiale porta un coup d’arrêt à l’expansion du protestantisme. Une Aumônerie militaire protestante fut créée. Après l’armistice, les sections allemandes de quelques Eglises furent supprimées, tandis que les communautés des cantons de l’Est (Eupen, Malmedy, Neu-Moresnet et Saint-Vith) furent intégrées au synode de l’Union des Eglises.
45Dans l’entre-deux guerres, trois organisations d’origine américaine s’implantèrent : la Mission évangélique belge, de tendance évangélique (ou fondamentaliste), qui donna naissance à l’Association des Eglises évangéliques libres et à l’Institut biblique belge ; la Mission méthodiste, de structure épiscopalienne, qui devint en 1930 la Conférence belge des Eglises méthodistes, rattachée au diocèse de Genève ; les Assemblées de Pentecôte, de caractère charismatique, qui insistent sur les dons visibles du Saint-Esprit (parler en langues, prophétie, etc.) et se sont fédérées en Assemblées de Dieu en Belgique. Les anciennes Eglises protestantes et réformées se regroupent en 1923 dans la Fédération des Eglises protestantes et organisent des cours de religion dans les écoles de l’Etat.
46La seconde guerre mondiale fut un temps d’épreuves, marqué par les exécutions ou les déportations en Allemagne de pasteurs et de laïcs. La paix retrouvée amena le retour de deux Eglises : l’Eglise évangélique luthérienne belge, reconnue par l’Etat en 1963, et les Eglises mennonites.
47Dès le début du siècle, l’Union des Eglises et l’Eglise missionnaire avaient entrepris des actions conjointes en créant la Société d’histoire du protestantisme belge (société royale depuis 1990), l’Institution des diaconesses et la Société belge des missions protestantes. En 1950, en commun avec les méthodistes, elles fondèrent la Faculté universitaire de théologie protestante à Bruxelles.
48En 1957, l’Union des Eglises se transforma en Eglise évangélique protestante de Belgique, incorpora l’association Stads-en landsevangelisatie Vereeniging-Silo, puis s’unit en 1969 à la Conférence belge des Eglises méthodistes pour former l’Eglise protestante de Belgique-EPB. L’Eglise évangélique protestante comptait alors quarante-six églises locales et l’Eglise méthodiste seize.
49De son côté, l’Eglise missionnaire adopta en 1970 le titre d’Eglise réformée de Belgique-ERB. Les pourparlers de ces deux Eglises - EPB et ERB - avec la "classe" (ou district) belge des Gereformeerde Kerken [12] aboutit le 1er janvier 1979 à la constitution de l’Eglise protestante unie de Belgique-Verenigde Protestantse Kerk in Belgïe-EPUB-VPKB [13] qui représente aujourd’hui un des deux courants importants du protestantisme belge avec quelque 35 à 40.000 fidèles. Par ailleurs, des communautés de la mouvance évangélique ou fondamentaliste se regroupèrent dans deux organismes de concertation : l’Evangelische Alliantie Vlaanderen et la Fédération évangélique francophone de Belgique (en 1989) ; ce courant regroupe de 40 à 45.000 fidèles.
Organigramme. Unification au sein de l’Eglise protestante unie de Belgique
Organigramme. Unification au sein de l’Eglise protestante unie de Belgique
Sources, principes et valeurs du protestantisme
La place de la Bible
50La Bible, décalque du mot grec "biblion" qui signifie "livre", est un recueil de textes, composés par différents auteurs à diverses époques s’échelonnant du Xème siècle avant notre ère au IIème siècle après JC. Elle est divisée en deux parties : la première composée de "La Loi, les Prophètes et les Ecrits", est le livre sacré du peuple juif, rédigé en hébreu, dont le texte définitif et normatif (le Canon) fut fixé par les rabbins à l’assemblée de Jamnia en 98 après JC. Cette partie est plus communément connue sous l’appellation d’Ancien Testament ou d’Ancienne Alliance. Elle fut traduite en grec, la langue véhiculaire de l’époque, sous le nom de Septante, car, selon une légende, cette traduction fut réalisée par 72 savants juifs en 72 jours à Alexandrie vers 280 avant JC. Ils y ajoutèrent un certain nombre de textes (par exemple Tobie, Maccabées), existant uniquement en grec, que les catholiques reconnaissent comme deutérocanoniques et que les protestants appellent apocryphes. La seconde partie, Nouveau Testament ou Nouvelle Alliance, rédigée en grec, raconte la vie de Jésus-Christ et les débuts de l’Eglise chrétienne. Si les Lettres ou Epitres de Paul ont été rédigées entre 50 et 64 après JC, c’est vers 200 que les écrits du Nouveau Testament (quatre Evangiles, Actes des Apôtres, Epitres et Apocalypse) s’imposent comme canoniques au jugement de l’Eglise ; toutes les confessions chrétiennes utilisent le même canon pour le Nouveau Testament. L’humaniste Erasme, de Rotterdam, collationna les manuscrits et fit imprimer le Nouveau Testament pour la première fois en grec en 1516.
51Les livres de la Bible furent divisés en chapitres en 1226 par Etienne Langdon, professeur à la Sorbonne, futur archevêque de Cantorbéry, puis ceux-ci furent répartis en versets en 1551 par l’imprimeur parisien Robert Estienne. Dès le IVème siècle, Ulfila traduit la Bible en langue courante gothique ; Jérôme (331-420) donna une nouvelle traduction latine de la Bible : la Vulgate. Vers 1250, sous le règne de Saint Louis, paraît la première Bible en français. Mais la première traduction française à partir des textes originaux fut réalisée par le réformé Pierre Robert Olivetan, un cousin de Calvin, et imprimée à Neuchâtel en 1535. Révisée par les pasteurs de Genève, elle fut en usage dans les milieux protestants jusqu’à la parution en 1744 de la version de Jean-Frédéric Ostervald. Le style de cette dernière ayant vieilli, Louis Segond, professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, établit une traduction plus moderne qui fut éditée en 1880. Révisée à son tour, elle parut sous le titre "La Bible à la colombe" en 1978. Elle est devenue aujourd’hui la Bible de référence du protestantisme francophone, quoique deux versions oecuméniques avaient entre-temps paru : la Traduction oecuménique de la Bible-TOB de 1967 à 1977 et la "Bible en français courant" de 1971 à 1982 [14]. Aujourd’hui, la Bible complète a été traduite en plus de 300 langues et au moins un livre biblique a été traduit en plus de 2.000 langues.
52A la fin des années 1940, il se trouvait encore des protestants qui avaient appris à lire non pas à l’école mais avec leur pasteur. Leur premier livre de lecture était donc la Bible. Ceci illustre à l’extrême le rôle majeur que tient la Bible dans la pratique religieuse des protestants. Aussi vrai que la Réforme en a appelé à l’autorité biblique pour mettre en question les traditions reçues dans l’Eglise, ainsi les communautés protestantes, malgré leur diversité, se structurent autour de la référence centrale que constitue l’Ecriture sainte.
53La culture biblique accuse un fléchissement certain depuis plusieurs décennies. Le culte de famille, centré sur la lecture et la méditation d’un passage de l’Ecriture, est presque partout tombé en désuétude, et la pratique personnelle de la Bible s’est probablement aussi raréfiée. Mais les services dominicaux réservent toujours une place prépondérante à la lecture et à l’explication des textes pris dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Et l’activité la plus courante d’une Eglise protestante en réunion de semaine reste l’étude biblique.
54Mais il ne faudrait pas taire ce qui agite le plus le monde protestant dans sa relation avec la Bible. Car il existe en son sein des conceptions fortement divergentes concernant la façon de recevoir les enseignements qu’elle contient. De même que le catholicisme connaît des clivages entre progressistes et conservateurs, de même les protestants se divisent-ils entre ceux qui se disent "évangéliques" et les réformés. Et c’est sur l’interprétation de la Bible, bien plus que sur des questions d’ordre ecclésiastique, que portent les différends. Les protestants évangéliques tiennent à affirmer le caractère inspiré de la Bible. L’Esprit de Dieu est son véritable auteur. Aucune erreur n’a pu s’y glisser. Le texte sacré risque de perdre sa valeur de révélation et son autorité sur les consciences si on le soumet au jugement de la critique biblique. Dans cette ligne, tous les récits de la Bible sont tenus pour historiquement véridiques, et les croyances qui y sont professées ont un statut normatif. Mettre en doute l’authenticité d’un livre biblique, comme par exemple les écrits de Pierre qui se donnent pour l’œuvre de l’apôtre, ou même contester l’attribution traditionnelle du quatrième évangile à l’apôtre Jean, cela n’est pas bien reçu dans ces milieux. Dans sa déclaration de foi, l’Eglise protestante unie de Belgique pour sa part précise qu’elle se place sous l’autorité des Saintes Ecritures, qu’"elle reçoit par le Saint-Esprit, comme Parole de Dieu, règle suprême de sa foi et de sa vie". Pour les réformés, la foi chrétienne est avant tout l’attachement à la personne du Christ ; la vérité peut-elle dans ce cas s’identifier aux formulations, d’ailleurs pas toujours accordées entre elles, des divers écrivains dans les deux Testaments ? Les réformés affirment le caractère relatif du document biblique, et corrélativement son droit à l’erreur. La vérité de Dieu peut y être découverte, elle ne se confond pas avec lui. Les tenants de cette théologie sont en outre sensibles à la distance culturelle creusée par le temps. Les instructions culturelles et morales données à l’ancien Israël se référaient à des valeurs, s’incarnaient dans des mentalités, qui ne sont plus les nôtres. Appliquer littéralement ces instructions aboutit à des contresens. Il faut donc, pour les réformés, se livrer sans mauvaise conscience à un travail d’interprétation, d’exégèse ; recueillir l’inspiration qui sous-tend ces textes et la faire passer dans les divers lieux de vie de notre époque.
55Ces débats ne sont pas que théoriques. Il y a quelques années, par exemple, une vive discussion a animé l’assemblée synodale de l’Eglise protestante unie de Belgique sur un point qui touchait à l’homosexualité. Les protestants évangéliques se retranchèrent dans une attitude intransigeante car ces pratiques sont explicitement condamnées dans la Bible, aussi bien par l’apôtre Paul que dans l’Ancien Testament. Les protestants réformés recommandèrent une attitude d’accueil comme étant l’expression la plus juste du message évangélique.
56Aucun magistère ecclésiastique n’existe dans le monde protestant pour proclamer la vérité. L’assemblée synodale, certes, prend position et ce qu’elle décide a valeur obligatoire. Mais les tenants d’une opinion rejetée peuvent continuer à défendre celle-ci et conservent la confiance du corps ecclésial. Cette disponibilité aux remises en question ne crée pas une situation de tout repos. C’est pourquoi certaines communautés protestantes se rangent plus facilement à une ligne d’interprétation unique, généralement du type "évangélique". Seule l’Eglise protestante unie de Belgique abrite les diverses tendances. Et encore se trouve-t-il en son sein des paroisses et groupes de paroisses pour lesquels le pluralisme met en péril l’identité chrétienne. Mais pour d’autres, le protestantisme n’a sa place dans le christianisme que s’il a le courage de vivre la diversité.
La théologie protestante
57Dès 1518, Luther exhorte ses confrères à se débarrasser de la philosophie et de la théologie scolastique pour se consacrer à l’étude de la Bible et des Pères de l’Eglise.
58La théologie protestante, sans renoncer à toute construction de systèmes d’idées, se défie des "sommes théologiques" car l’œuvre théologique est une œuvre relative, toujours à reprendre à la lumière des nouvelles découvertes archéologiques, linguistiques, scientifiques,… La théologie protestante est d’abord une théologie de la parole car le Dieu biblique se fait connaître par sa parole vivante qui est aussi action, événement.
59La règle protestante de "sola scriptura" (par le moyen de la seule écriture) signifie que la théologie protestante examinera toutes choses à l’aune du seul critère de la conformité à l’Ecriture. Cette primauté accordée à la Bible ne signifie pas que la tradition de l’Eglise soit sans importance mais que le protestant refuse de donner à la tradition une valeur normative qui serait supérieure à l’enseignement biblique.
60Toute la Bible est néanmoins un livre écrit par des hommes qui portent la marque de leur époque et de leur milieu culturel. La Bible est certes le lieu où résonne la parole de Dieu mais le texte biblique n’est pas en lui-même parole de Dieu. Le centre de l’Ecriture c’est la personne de Jésus-Christ, Dieu fait homme ; l’objet de la théologie est donc notamment l’approfondissement de la connaissance de Dieu tel qu’il est révélé à travers la Bible.
61La tâche de la théologie c’est aussi de rechercher le sens de cette parole vivante car ce sens concerne l’homme dans sa destinée la plus intime : la parole est à la fois langage, acte et mystère (ce qui reste caché à la seule raison humaine) [15].
62Les réformateurs et leurs héritiers ont donc généralement refusé tout concordisme et tout littéralisme : ils reconnaissent que certains textes bibliques sont en contradiction avec d’autres, l’important étant de dégager le sens ou l’intention du rédacteur ; les textes ne peuvent généralement pas être compris dans leur sens littéral (par exemple le monde n’a pas été créé en sept jours).
63A la lumière de ce qui précède et compte tenu de l’absence chez les protestants d’un magistère (ensemble de ceux qui détiennent l’autorité au nom du Christ et ont la charge d’interpréter justement la doctrine révélée), il existe non pas une mais des théologies protestantes. Le protestantisme n’a pas négligé la question de savoir qui fait autorité ; il y a répondu d’abord par une argumentation théologique visant à faire prendre conscience "au peuple des baptisés" de sa responsabilité, ensuite par la formation des clercs. Enfin le protestantisme s’inscrit dans la continuité historique des interprétations de la foi chrétienne. La lecture de la Bible reste une entreprise personnelle et communautaire qui permet de découvrir ensemble la révélation de Dieu pour le monde. Il s’ensuit que l’autorité de l’Ecriture ne s’impose pas de manière absolue aux hommes et que des accents particuliers sont mis par telle ou telle Eglise protestante quant à l’interprétation des Ecritures. Ceci explique la diversité mais aussi la richesse des Eglises protestantes car la dépendance à l’égard de la Bible a pu être comprise de manières différentes.
64Schématiquement trois courants peuvent être distingués dans la théologie protestante, courants dont les contours ne sont pas strictement définis.
65Le libéralisme protestant (à ne pas confondre avec un courant politique) est un courant théologique minoritaire au sein du protestantisme belge. Il se caractérise par une approche assez libre et critique de l’Ecriture, une certaine méfiance à l’égard de tout ce qui représente un aspect dogmatique trop péremptoire. Ce courant est à la recherche d’un état d’esprit et d’un style de vie plutôt que d’une liste d’affirmations doctrinales. Les positions des protestants libéraux sont souvent proches de celles des réformés.
66Le courant réformé est aussi appelé néo-orthodoxe, c’est-à-dire conforme à la vraie doctrine de l’Eglise ; il prône le retour à l’Ecriture. Ce courant a été souvent présenté comme une réaction à une théologie libérale trop floue quant à ses affirmations doctrinales. Il affirme l’altérité de Dieu et de sa révélation par rapport à la nature humaine, incapable par elle-même d’accéder à une authentique connaissance de Dieu. Les réformés (parce qu’ils se prétendent héritiers du mouvement de la Réforme) pensent que Dieu ne peut se figer dans un livre : il n’y pas identité entre la parole de Dieu et l’Ecriture. Le texte sacré est un témoin unique et privilégié à cause du témoignage qu’il rend à Jésus-Christ qui est, lui, l’événement de la parole de Dieu, donc le centre de l’Ecriture. Ce témoin unique et privilégié doit être éclairé par le Saint-Esprit pour qu’il devienne, pour le lecteur ou l’auditeur, parole de Dieu. Le représentant le plus connu de ce courant fut Karl Barth (1886-1968), théologien suisse, qui prôna également l’adaptation de l’Evangile au temps présent, donc l’ouverture à la modernité. Ce courant plutôt favorable à l’oecuménisme est largement représenté au sein de l’Eglise protestante unie de Belgique.
67Le courant évangélique est parfois perçu comme un courant "conservateur" ou "fondamentaliste". Les évangéliques affirment que Dieu, par la Bible, a donné, à sa parole, une forme adéquate et définitive. Ils ne méconnaissent pas la nécessité d’une explicitation, d’une interprétation, mais celle-ci doit répondre, selon eux, à certains critères stricts : la Bible doit être comprise de manière littérale et il ne peut pas y avoir de contradiction entre les textes bibliques. Ce courant s’oppose aux courants libéral et réformé ; il est généralement réfractaire au dialogue oecuménique et aux idées modernistes. Il est propre aux Eglises dites libres et insiste sur la relation individuelle entre Dieu et l’homme inexorablement pécheur. Les assemblées charismatiques (manifestation du Saint-Esprit) sont largement représentées au sein de ce courant fondamentaliste.
68Ajoutons encore qu’à partir de ces diverses conceptions théologiques, les hommes ont, tout au long de l’histoire de l’Eglise chrétienne, imaginé des types variés d’organisation de l’Eglise (ce qu’on appelle habituellement ecclésiologie) ; ici aussi à grands traits on distingue les systèmes épiscopal, presbytérien-synodal et congrégationaliste. Dans le système épiscopal, l’autorité s’exerce de haut en bas. Dans le système presbytérien-synodal, l’autorité s’exerce de bas en haut, des "presbytres" (c’est-à-dire des "anciens" ou membres de consistoire, élus par l’assemblée locale) à l’assemblée synodale. C’est le type des communautés de l’Eglise protestante unie de Belgique-EPUB. Dans l’organisation congrégationaliste, l’autorité s’exerce dans la congrégation locale par les anciens. Mais on n’y conçoit pas un gouvernement plus élargi ; c’est le type des assemblées du courant évangélique.
La foi, le culte, les sacrements
69La grande diversité des mouvements spirituels issus de la Réforme du XVIème siècle peut laisser supposer des points de vue irréconciliables en matière de foi et l’impossibilité d’une présentation unifiée de ce que croient les protestants. Toutefois, si la pluralité du protestantisme est non seulement une évidence mais une revendication des protestants eux-mêmes, il n’empêche que leur foi à tous se fonde sur le témoignage biblique d’un Dieu qui intervient dans l’histoire des hommes pour les sauver et leur ouvrir l’espérance d’un accomplissement de l’humanité et de l’univers, accomplissement inauguré dans la personne de Jésus de Nazareth.
70La foi est un mode de relation et même la condition de toute relation entre des êtres vivants qui se parlent. Quand les hommes ne peuvent plus avoir foi, c’est-à-dire avoir confiance les uns dans les autres, la communauté humaine se désagrège et meurt. Nous sommes ici au cœur de l’annonce biblique qui est aussi le cœur de la Réforme : le salut par la foi seule. Tout être humain joue son destin sur le choix qu’il fait de croire ou non. Etre homme c’est, avant toute possession de biens ou de qualités, exprimer une parole sur laquelle on puisse compter. De même, Dieu est celui sur la parole, sur la promesse de qui on peut compter, absolument. C’est en cela que sa parole est salutaire.
71La foi n’est donc pas de l’ordre du sentiment, fût-il religieux, et dont certains seraient capables et d’autres non, ni de l’ordre de la supposition. La foi biblique se traduit par un engagement total de la personne entière, l’appropriation d’une parole décisive pour l’existence. Ainsi libéré, l’homme est disponible pour prendre des engagements de manière responsable. Car croire est bien affirmer que ce qui est "comme ça" peut et doit changer et que chacun est personnellement responsable de ce changement ; c’est une attitude anti-fataliste. Ceci implique également que l’Eglise soit en perpétuelle réformation.
72Mais comment être sûr de la vérité d’une parole de libération absolue, d’une parole de victoire même sur la mort. Aucune réponse à cette question ne peut être contraignante : on ne peut contraindre à la liberté de croire.
73Le protestant estime que personne ne peut croire sans mourir à soi-même, sans renoncer à ses égoïsmes, à ses ambitions, à ses conforts, à ce que d’aucuns appelleraient le péché. C’est alors seulement qu’il est vraiment libre de croire, qu’il ne peut plus rien d’autre que croire, qu’il "vit par la foi". Mais l’homme qui est "né de nouveau" est aussi celui en qui Dieu croit et espère, celui qui, en dépit de ses fautes, de ses faiblesses, de ses doutes, voire de ses reniements, voue son existence à Dieu. La foi seule sauve parce qu’elle permet que soient constamment renouées entre Dieu et l’homme des relations totales d’amour et d’espérance.
74C’est là un élément central de la foi que Dieu, malgré ses silences apparents, vient perpétuellement à la rencontre de tout homme.
75L’Eglise est sans cesse appelée à confesser sa foi. Pour ce faire, les Eglises protestantes ont toujours recherché le consensus de l’ensemble des fidèles, et pas seulement l’adhésion des théologiens et autres professionnels de la religion ; ceci s’est traduit tout particulièrement dans des structures de type presbytérien-synodal au sein desquelles c’est à tous les baptisés qu’est confié le dépôt révélé. Certes l’Eglise confesse sa foi dans la continuité avec les confessions de foi du passé ; ainsi par exemple l’EPUB se proclame héritière de ceux qui ont confessé leur foi notamment dans le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée-Constantinople, le Symbole d’Athanase, la Confession d’Augsbourg, la Confessio Belgica, le Catéchisme de Heidelberg, les Vingt-cinq Articles de Religion. La chaîne de ces confessions de foi constitue pour les protestants le signe de la continuité de l’Eglise. Mais ces confessions ne sont pas considérées comme une autorité dernière et absolue, la norme suprême étant toujours constituée par la parole de Dieu elle-même. A chaque Eglise donc de remettre sur le métier sa confession de foi en indiquant comment la Révélation répond aux défis intellectuels, spirituels, sociaux ou éthiques de son époque et en recherchant la formulation doctrinale la plus adéquate pour son environnement culturel. Le protestant ne peut s’épargner le travail d’actualisation constante de la parole de Dieu. En ce sens, les synodes des Eglises protestantes sont chargés de veiller au respect de leurs confessions de foi ; même en cas de difficulté, une Eglise protestante (et aucune autorité protestante) n’aura jamais recours à l’excommunication, cette notion lui étant inconnue.
76Le culte est le "service" que les croyants rendent à Dieu ; c’est le centre de la vie de l’Eglise. C’est là que la relation d’alliance entre Dieu et les hommes prend sens et réalité. S’il n’est pas obligé de se rendre au culte dominical, le protestant n’en est pas moins convaincu que sa piété personnelle se desséchera si elle n’est pas enrichie de la dimension collective apportée lors d’un culte ; en outre la communauté "réoxygénée" par le culte peut à nouveau se disperser aux quatre coins de la cité en vue d’apporter un témoignage dans le milieu de vie de chacun.
77Les éléments principaux de ce dialogue avec Dieu qu’est la liturgie (terme grec signifiant service) sont partout à peu près les mêmes. La communauté saluée par le pasteur de la part de Dieu reçoit le pardon de ses péchés après avoir entendu le rappel de la loi de Dieu, confesse aussi sa foi, exprime sa louange et son adoration, se met à l’écoute de Dieu et lui présente les soucis et les espoirs que suscite le monde où elle vit, soit par ses chants (généralement accompagnés par l’orgue, parfois par la guitare lors de cultes de jeunes), soit par la voix de l’officiant (qu’il porte ou non la robe pastorale).
78Mais surtout, l’officiant parle au nom de Dieu que ce soit lorsqu’il salue la communauté, annonce le pardon et sollicite l’action du Saint-Esprit ou la bénidiction divine. Il n’existe pas de confession auriculaire chez les protestants. Toutefois, ce qui constitue la particularité du culte protestant, c’est la large place donnée à la prédication. La prédication consiste à tirer toute la substance et à dégager la pertinence des textes bibliques pour les hommes d’aujourd’hui dans l’actualité de leur vie. La prédication est tout à la fois exhortation, consolation, interpellation, enseignement, proclamation et actualisation de la Bonne Nouvelle. Les textes bibliques ont pour fonction de fonder, d’alimenter, d’orienter et de limiter la prédication. Le pasteur court toujours le risque de se servir des textes bibliques, de les utiliser voire de les manipuler plutôt que de se mettre à leur service et de se laisser interpeller et remettre en question par ceux-ci mais le fidèle garde toujours son libre arbitre.
79Le culte se termine alors par une parole d’exhortation et de bénédiction.
80Le culte est aussi le lieu où les sacrements sont administrés. Le protestantisme ne connaît que deux sacrements : le baptême et la sainte Cène ou communion. Selon le témoignage du Nouveau Testament, il s’agit des deux seuls actes ecclésiastiques institués par Jésus-Christ.
81Pour ce qui est du baptême, il faut rappeler ici la symbolique de l’eau, à laquelle l’Ancien Testament fait déjà référence : elle engloutit et fait mourir. Cependant, l’eau du baptême chrétien n’est pas le symbole de la mort en général mais de la participation du baptisé à une mort particulière : celle de Jésus. Elle symbolise aussi la puissance purificatrice et régénératrice de l’Esprit-Saint et donc la participation à la résurrection du Christ. Le baptême devient ainsi le signe de l’incorporation du croyant au corps du Christ qu’est l’Eglise. Les Eglises issues de la Réforme connaissent deux courants en leur sein. Dans le premier, le baptême est administré aux enfants, leurs parents se portant garants de leur éducation chrétienne. Dans ce cas, l’accent est placé sur l’invitation de la part de Dieu d’entrer dans une alliance avec lui. L’autre courant prévoit l’administration du baptême seulement à ceux qui font profession de leur foi, donc à des adultes et le baptême ici s’accomplit souvent par une immersion totale du baptisé dans l’eau. Cette approche met en évidence le témoignage personnel, par lequel le croyant atteste son acceptation du salut. Précisons que les Eglises pratiquant le baptême des enfants reconnaissent la validité du baptême administré dans l’Eglise catholique.
82La sainte Cène a été instituée par Jésus-Christ avant sa mort ; elle accompagne et complète la prédication. Le pain rompu et le vin versé, signes du corps et du sang de Jésus crucifié, indiquent ce que le Seigneur représente pour les hommes et spécialement pour ceux qui croient en lui. En mangeant le pain et en buvant le vin, le croyant se sait en communion spirituelle avec le Christ ressuscité et avec ceux qui participent avec lui à la Cène ; il se souvient du repas partagé par Jésus avec ses disciples et annonce le repas du Royaume à venir. La présence du Christ n’est pas liée matériellement aux éléments pain et vin mais assurée spirituellement lors de la célébration ; elle n’est pas réservée à ceux qui se croiraient purs, mais destinée à tous ceux qui veulent affermir leur foi. Selon les Eglises, la fréquence de la célébration varie d’une pratique hebdomadaire à une pratique mensuelle. Rappelons enfin que, sans les considérer comme des sacrements, le protestantisme célèbre d’autres actes ecclésiastiques tels que la confirmation, la bénédiction nuptiale, le service funèbre, la consécration pastorale, etc.
L’éthique protestante
83Morale chrétienne ? Ethique protestante ? Pour Jacques Ellul [16], théologien et philosophe français, il n’y a pas de morale chrétienne, la foi est une antimorale, il n’y a aucun système moral dans la révélation de Dieu en Jésus-Christ ; ce que dit Jésus dans les Evangiles n’est pas de l’ordre moral mais existentiel. La proclamation de la grâce, la déclaration de pardon sont le contraire d’une morale, mais suivre Jésus-Christ implique une série de conséquences dans la vie pratique.
84Toute éthique est cependant concernée par une triple tâche :
- préciser quel est le fondement de l’action réputée bonne et droite ;
- dégager les valeurs principales qui découlent de ce fondement ;
- traduire ces valeurs en choix et comportements concrets, c’est-à-dire les inscrire dans le vécu quotidien.
85L’entreprise réformatrice de Luther, de Calvin, de Zwingli, et d’autres a été très soucieuse du premier niveau : elle a voulu dire comment l’homme chrétien pouvait comprendre et vivre son existence. Sur ce point, il y a un consensus assez large des Réformateurs et du protestantisme qui les a suivis : à son premier niveau, l’éthique protestante est fondée dans le salut par la foi en Jésus-Christ. Dès qu’il s’est agi de dégager de ce fondement les foyers illuminateurs de l’action, les "valeurs", le protestantisme s’est amplement diversifié. Enfin, au troisième niveau, qui est celui de la morale concrète et problématique, des choix et des actes, la diversité s’est encore accentuée, dans la mesure où cette morale subit les multiples pressions des valeurs culturelles ambiantes, des contextes socio-politiques et des situations personnelles. Il arrive très fréquemment qu’à ce troisième niveau les choix moraux des protestants ne laissent plus guère apercevoir leur source et paraissent, dès lors, fort semblables à d’autres. C’est pourquoi, lorsqu’on veut caractériser l’éthique protestante, il est essentiel de repérer et de préciser les trois niveaux.
86En accord avec toute la tradition chrétienne, Luther est convaincu que la vérité et le sens de la vie humaine sont immédiatement dépendants du juste rapport de l’homme à Dieu. C’est à propos de la description de ce rapport que le moine augustin est devenu un "réformateur" de l’Eglise. Il refuse, en effet, que la moralité de l’homme, son action, son œuvre, conditionnent ce rapport à Dieu ; il refuse la relation causale entre morale et salut. Il y a, dès l’origine du protestantisme, une suspicion jetée sur les "illusions de la moralité". Si Luther et Calvin ont insisté sur le comportement moral de l’homme chrétien, ils ne l’ont fait qu’après l’avoir "trans-valorisé" : c’est en tant qu’elle découle de la foi et traduit celle-ci dans la quotidienneté profane que la morale chrétienne les préoccupe. De causale, la relation entre morale et salut devient consécutive.
87Ce qui veut dire, selon Erich Fuchs que "le chrétien, justifié par la seule grâce de Dieu, est entièrement libre à l’égard de tout ce qui prétend, d’une manière ou d’une autre, donner sens à la vie humaine, et donc diriger sa conscience. Mais en même temps (simul) ce même chrétien, qui est encore de nature charnelle soumis aux précarités de l’existence et aux assauts du péché, a besoin de la société dont il est membre ; il accepte donc de se soumettre aux obligations sociales ; mieux, à cause du Christ, il se fait le serviteur de tous" [17].
88A partir de là, on peut comprendre qu’on trouve dans le protestantisme ultérieur à la fois des courants qui relativisent fortement la morale et d’autres qui la réinvestissent tout aussi fortement comme œuvre de la foi.
89L’éthique puritaine découle de l’héritage fondamental du protestantisme : c’est parce que le croyant sait que son salut ne dépend pas de ses actions qu’il est désormais libre pour les tâches terrestres. Sans plus trembler, il peut et doit agir. Homme de foi, il se voit confier par Dieu l’administration de la nature et de la société. Il se considère comme un "lieutenant" de Dieu. Menant une vie extrêmement sobre et frugale, il apparaît comme un être dont la conscience et la volonté sont constamment tendues vers la perfection. Du coup, sa réussite économique et sociale prendra à ses yeux l’allure d’une récompense et d’une approbation divines ; il y verra les signes incontestables de son élection par Dieu.
90Tandis que le puritain strict se définit par rapport au salut de Dieu et pratique une lecture assidue de la Bible, le protestant rationaliste apparaît, dès le XVIIIème siècle, comme un produit de la sécularisation. Pour lui, la vraie religion consiste dans la moralité vécue : "Il nous paraît nécessaire d’accorder à l’élément moral le primat sur l’élément dogmatique ou même mystique" (J. Bois). Le protestant rationaliste insiste dès lors davantage sur la raison et la conscience que sur la foi et la piété. Mais, au plan des comportements concrets, il reste dans l’univers du puritanisme, c’est-à-dire qu’il prône une moralité exigeante, soucieuse de respecter les impératifs de la conscience, parce que celle-ci est la voix intérieure de Dieu.
91On ne trouve pas de refus de toute morale dans le protestantisme. Cependant, une de ses accentuations originaires pointe dans cette direction : c’est celle qui suspecte et dévalue la moralité en tant qu’œuvre de l’impuissance humaine. Ce courant éthique s’est développé principalement dans l’orbite du luthéranisme. Il y a pris la forme du piétisme, c’est-à-dire d’une spiritualité qui porte toute son attention sur l’expérience religieuse intime. Les piétistes ont réagi à la fois contre les dessèchements doctrinaux et contre les rigorismes moraux. Ils ont voulu réhabiliter la dimension émotionnelle de la foi. En fait, il leur est arrivé souvent de professer un vif mépris à l’égard des dissolutions mondaines et de rejoindre par là l’austérité puritaine. Mais leur accent propre était différent : l’âme et ses états priment l’action. Le piétisme s’est toujours obstinément détourné des tâches politiques pour reporter son attention sur la constitution de groupes chaleureux et purs. La morale cède le pas à la mystique en même temps qu’elle consent à une certaine spontanéité. Par ailleurs, les piétistes ont souvent professé un grand souci pour la paix et l’amour fraternel. Ils ont été des apôtres de la tolérance religieuse et de la charité sociale. Par là, ils ont influencé de larges pans de la morale protestante contemporaine, notamment le "christianisme social".
92Au XXème siècle, c’est dans cette filiation qu’il faut situer un courant typique de l’éthique protestante : l’éthique de situation. Celle-ci se caractérise par un refus de tout légalisme, qu’il trouve ses références dans la Bible, dans la conscience ou dans la loi naturelle, et par le primat accordé à l’amour : "Le situationniste suit une loi morale ou la viole selon les besoins de l’amour" (J. Flechter). C’est au plan des situations concrètes, des rencontres, des variations constantes du vécu qu’il s’agit de mettre en œuvre l’impératif "improgrammable" de l’amour. Ce courant, qui n’est pas sans accointances avec la philosophie existentielle et qui compte aussi de nombreux tenants dans le catholicisme, apparaît comme un spontanéisme moral dont la seule référence est l’amour, en tant que reflet et répercussion du comportement de Dieu lui-même à l’égard des hommes.
93On doit réserver une place séparée au vaste mouvement qui, à ses débuts, s’est nommé "christianisme social" ou "Evangile social". Ce n’est pas tant par son fondement que par son champ d’attention qu’il se distingue des précédents. En fait, dès l’origine, l’éthique protestante s’est souciée de l’impact social et politique de la foi. Chacun des courants évoqués ci-dessus a fourni au "christianisme social" quelque apport. Mais le souci d’une traduction socio-politique de l’Evangile s’est principalement imposé à la fin du XIXème siècle et au XXème siècle, c’est-à-dire conjointement à la montée et à la percée des socialismes. Le propre du christianisme social consiste à dépasser le plan de la charité à l’égard des mal lotis pour considérer les dimensions structurelles des faits sociaux. La prédication des prophètes de l’Ancien Testament fut fréquemment réactivée de même que de larges segments de celle de Jésus. Ici, le vecteur n’est plus l’édification d’Eglises pures ou de croyants fervents, mais plutôt le changement social dans une perspective évangélique. Les diverses nuances que connaît le mouvement vont des équipes d’entraide à la "théologie de la révolution". On sait qu’il fut un des deux courants dominants de l’entreprise oecuménique qui marque notre siècle, et qu’il reste jusqu’à nos jours un terrain d’entente privilégié entre protestants et catholiques.
94Il existe un lien étroit entre protestantisme et modernité. Depuis Max Weber, nombreuses sont les thèses qui ont développé le lien entre protestantisme, succès économique et esprit d’entreprise surtout lorsqu’on compare les niveaux de vie à certaines dates dans les pays anglo-saxons et les pays latins.
95Et aujourd’hui ? Aucune des orientations évoquées ci-dessus ne peut être considérée comme révolue. Si chacune d’elles a subi, au cours de l’histoire, divers infléchissements, si elles se sont aussi largement conjuguées, on peut connaître sans peine des individus ou des groupes protestants qui s’y réfèrent ou s’en réclament. Cette situation contribue à conférer à l’éthique protestante son caractère pluriel.
Les courants de pensée, les pratiques et les tensions
96A travers ces nuances et tendances diverses, l’observateur extérieur saisit parfois difficilement l’unité du protestantisme. Mais pour mieux comprendre les courants de pensée du protestantisme, il faut garder présentes à l’esprit quelques caractéristiques parmi lesquelles :
- il n’existe pas d’autorité suprême pour les protestants ;
- le pasteur n’est pas l’intermédiaire obligé entre Dieu et le croyant ; il ne joue pas le même rôle que le prêtre catholique ;
- l’Eglise locale est le lieu de rassemblement de ceux qui appartiennent au Christ ;
- le protestant est un homme libre et responsable devant Dieu, il n’y a donc pas de fatalité ;
- la diversité des opinions est une richesse, non un malheur ;
- la tradition de l’Eglise est subordonnée à l’Ecriture.
97Il faut aussi se rappeler que, dès son origine, le christianisme protestant est marqué par les différentes approches des textes bibliques et que la critique et l’interprétation de ceux-ci sont plus ou moins bien acceptées selon le degré d’ouverture à la modernité. Ceci explique pourquoi il y a des Eglises unitariennes (qui ne reconnaissent qu’une seule personne en Dieu), des Eglises libérales, réformées ou encore évangéliques.
98A chacune de ces tendances correspondent des pratiques parfois assez différentes. C’est la raison pour laquelle le protestant choisira son Eglise selon ses affinités beaucoup plus qu’en fonction de la proximité géographique de celle-ci.
99C’est au plan des choix et comportements concrets que l’éventail des positions protestantes se laisse le plus aisément discerner. Les options sont amplement différenciées selon que l’on se situe dans la ligne des courants puritain, piétiste ou du christianisme social. Ainsi, par exemple, dans la question de l’interruption volontaire de grossesse, certains protestants professent une position voisine de celle du magistère catholique en soulignant le rôle des autorités dans le combat contre "le crime" (puritanisme), d’autres se reconnaissent proches des analyses sociologiques et psychologiques humanistes (rationalisme), d’autres encore refusent toute orientation perscriptive au nom du primat inconditionnel de l’amour (éthique de situation), d’autres enfin considèrent les dimensions sociales et politiques de la question (christianisme social).
100Compte tenu de ce qui précède, on comprendra que des tensions puissent exister au sein des Eglises protestantes, comme dans tous les groupes humains. Tensions entre pasteurs et laïcs, entre les Eglises qui acceptent le pastorat féminin et celles qui ne l’acceptent pas, tensions entre les protestants favorables à une morale ouverte et ceux favorables à une morale rigide, tensions entre les différentes pratiques liturgiques, tensions entre ceux qui prônent un engagement dans le monde et ceux qui ramènent tout à l’homme pécheur, entre les oecuméniques et les anti-oecuméniques, etc.
101Sans minimiser ces tensions entre les Eglises protestantes (tensions qui s’expriment parfois à l’intérieur d’une Eglise locale), on peut néanmoins considérer qu’elles restent accessoires par rapport à l’essentiel ("Dieu est Amour") puisqu’elles n’ont pas empêché un processus d’unification qui a abouti en 1979 à la création de l’Eglise protestante unie de Belgique. De plus, la foi du protestant lui a appris à vivre sereinement même dans des situations inconfortables car il sait qu’il n’est jamais installé mais toujours interpellé par Dieu. Ajoutons encore qu’il n’est pas rare que des protestants réformés se sentent parfois plus proches de certains catholiques, voire de libres-penseurs que de certains milieux fondamentalistes (ou évangéliques) lorsqu’il s’agit de mener ensemble des combats en faveur de l’homme.
Les organisations protestantes
102Après avoir esquissé brièvement les lieux principaux de leurs implantations et leur composition sociologique, cette partie du Courrier hebdomadaire présente les structures protestantes. Les Eglises protestantes sont distinguées des organismes et institutions agissant dans les domaines de l’enseignement, de la formation, de l’information, des activités sociales et missionnaires, de même que des organisations interecclésiales et internationales.
Principales implantations
103Dans la partie francophone du pays, les provinces de Hainaut et de Liège et la région bruxelloise sont des lieux où les communautés locales étaient et sont encore davantage présentes qu’ailleurs. Dans trois sous-régions une concentration plus importante de protestants est observée : le Borinage, le Centre et Charleroi. On y rencontre à la fois des paroisses réformées, évangéliques et d’autres qui reflètent les diverses composantes du protestantisme. Tandis que des implantations nouvelles s’établissaient au siècle dernier davantage dans l’Entre Sambre et Meuse, aujourd’hui c’est le cas surtout dans les provinces de Brabant, de Liège et de Luxembourg.
104Au récent développement économique du Brabant correspond l’arrivée de nouvelles communautés. Dans la région bruxelloise, il y a des paroisses germanophones, anglophones ou scandinaves de milieux aisés et des paroisses de milieux plus modestes de langue arabe, espagnole, italienne, hongroise, portugaise, vietnamienne, zaïroise et autres. Ces communautés de langues différentes se situent à la fois dans un contexte multi-culturel et dans la première phase de l’immigration. La mobilité géographique est un facteur nouveau. Le protestant restait attaché jusqu’il y a peu à sa communauté locale. A partir dé 1930, les communautés bruxelloises ont bénéficié d’apports en provenance surtout des provinces de Liège et de Hainaut.
105Dans les provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale, les communautés sont dispersées. Les agglomérations gantoise et anversoise connaissent une concentration plus importante de population protestante. La métropole anversoise a une densité protestante plus forte due à la proximité des Pays-Bas. Le protestantisme fut longtemps absent du Limbourg, ce qui n’est plus le cas actuellement. En Flandre, le nombre de paroisses évangéliques est en augmentation, surtout depuis 1970.
Composition socio-culturelle
106La Belgique a été le premier pays touché par la révolution industrielle en Europe continentale. Ce phénomène combiné aux actions d’évangélisation menées par l’Armée du Salut, l’association Silo et d’autres protestants engagés dans le travail social explique la composition socio-culturelle du protestantisme belge où milieux ouvriers et/ou défavorisés côtoient milieux plus favorisés.
107Dans l’entre-deux guerres, une "montée sociale" du protestantisme correspondait dans le Borinage au refus des mineurs d’envoyer leurs fils et leurs filles dans les mines, envisageant pour leurs enfants un avenir meilleur. Cette "montée sociale" dans le protestantisme a entraîné la réduction des strates socio-culturelles défavorisées dans l’EPUB mais aussi dans les Eglises protestantes évangéliques comme les Assemblées des frères ou les Eglises évangéliques libres.
108Les nouvelles implantations d’Eglises comptent des membres appartenant à toutes les classes socio-culturelles ; on trouve des communautés avec des dominantes des couches supérieures, moyennes ou inférieures mais aussi des communautés mélangées.
109L’enquête effectuée par l’Eglise réformée de Belgique en 1967-1968 avec la collaboration du Centre de sociologie protestante de l’Université de Strasbourg révélait que cette Eglise comptait parmi ses membres 35 % d’ouvriers implantés surtout dans le pays de Liège et dans le Hainaut.
110Les milieux favorisés protestants ne comptent pas seulement des étrangers dans leurs rangs. Au sein d’associations de dirigeants et cadres protestants se côtoient des personnalités belges et étrangères engagées dans la vie économique, sociale ou politique.
111L’adhésion par choix personnel (conversion) semble devenir aussi importante que l’adhésion familiale (parce que les parents vont au culte), du fait, en partie, d’une certaine désaffection des enfants de protestants.
112La présence des femmes dans les communautés locales varie de 50 à 80 %. Des communautés nouvelles comptent en leur sein une proportion importante de femmes de tous âges et de toutes conditions, et certaines accueillent des femmes en difficulté. Toutefois, un clivage apparaît entre les Eglises évangéliques et réformées à propos du rôle de la femme dans l’Eglise et les femmes restent encore largement minoritaires dans les lieux de décision et de pouvoir au sein du protestantisme belge.
113On notera enfin que s’installe une coexistence entre les communautés protestantes étrangères et belges, et que s’amorce une intégration progressive de certaines minorités ethniques dans des communautés autochtones.
Les Eglises protestantes
114Successivement est présentée l’organisation des Eglises des deux courants principaux du protestantisme, le courant réformé et le courant évangélique.
L’Eglise protestante unie de Belgique
115Avant de décrire l’institution Eglise protestante unie de Belgique et pour la mieux comprendre, il est utile de préciser ce qu’est l’"Eglise" pour le protestant appartenant au courant réformé (dans son acception d’héritier du mouvement de la Réforme). Dès l’origine, le mot "Eglise" signifie "assemblée convoquée" par le Christ, dans un lieu précis, à un moment précis ; l’Eglise est donc d’abord un événement avant d’être une institution. Pour le protestant, l’enseignement du Christ passe avant l’Eglise, il ne se confond pas avec l’institution humaine et le fidèle reste libre et critique à l’égard des habitudes et traditions de son Eglise. L’Eglise n’a donc pas de magistère hiérarchique qui déterminerait la vie du croyant dans tous ses aspects, elle n’est pas non plus un lieu de distribution automatique du salut, des sacrements ou des dogmes.
116Pour comprendre l’attitude du protestant vis-à-vis de son Eglise "nationale", il faut rappeler l’importance primordiale donnée à l’Eglise locale qui est la communion des hommes et des femmes avec lesquels le fidèle a choisi de cheminer. C’est à partir de celle-ci qu’il faut comprendre celle-là. C’est à partir des responsabilités de l’Eglise locale que se construisent les responsabilités de l’institution plus large, sur le plan régional, national ou mondial.
L’Eglise locale
117L’Eglise locale élit en son sein, par vote secret, au moins quatre "anciens" (hommes et femmes), appelés en Belgique, "membres du consistoire", généralement pour une durée de quatre ans. Leur mandat est renouvelable. Leur charge collégiale est de "gouverner", c’est-à-dire de rassembler les croyants, de coordonner les actions décidées et entreprises ensemble, de veiller aux tâches pastorales ; la présidence du consistoire est exercée par le pasteur ou par un laïc, selon la décision de ses membres.
118Le pasteur (homme ou femme), pressenti par le consistoire mais élu par l’Eglise locale y exerce, sous la responsabilité de celui-ci, les tâches qui lui sont plus particulières : notamment la célébration du culte et des sacrements, la prédication de l’Evangile, l’instruction religieuse, la catéchèse d’enfants et d’adultes, l’étude biblique, la visite des fidèles,…
119L’Eglise locale élit également, parmi ses membres, les diacres, hommes et femmes, chargés, pour un temps limité, d’aider, en son nom, ceux qui se trouvent en difficulté, dans et hors de la communauté. Ils forment le "diaconat" ou groupe d’entraide chargé aussi de l’accueil et des visites. Il est à remarquer que ces diacres sont les responsables de l’action sociale et ne sont pas, dans les Eglises protestantes, le premier échelon obligatoire vers le pastorat.
120Chaque année, au moins, le consistoire soumet à l’assentiment de l’assemblée, à la fois le bilan de l’année écoulée et les projets pour l’année qui vient (projets souvent suggérés par les croyants eux-mêmes). Les projets et le budget sont soumis au vote de l’assemblée, qui peut les modifier ou les rejeter. Certaines Eglises mettent aussi sur pied des activités diverses de témoignage ou de service comme des cercles culturels, des groupes pour le troisième âge, une chorale, un cercle de jeunes, etc. selon le dynamisme de ses membres.
121L’assistance au culte peut varier de 20 à 200 fidèles, selon les paroisses. Certaines Eglises des grands centres urbains peuvent compter jusqu’à 1.000 membres et davantage si on tient compte des "sympathisants" qui sont en contact sporadique avec l’Eglise. L’imprécision de ces chiffres tient à la méfiance quasi viscérale du protestant réformé à être répertorié, fiché. Toutefois, selon un sondage récent, la moyenne des assistants au culte dominical dans les Eglises de l’EPUB s’élevait à plus de 4.000 adultes pour près de 9.000 pratiquants adultes c’est-à-dire de personnes qui assistent régulièrement au culte (mais non chaque dimanche puisque le protestant n’y est pas "obligé") et 35 à 40.000 personnes (adultes et enfants) qui restent peu ou prou en contact avec l’EPUB.
Les assemblées de district
122Les liens entre les Eglises locales d’un secteur géographique déterminé s’inscrivent dans une organisation plus large appelée "assemblée du district". L’assemblée du district comprend trois délégué(e)s par Eglise locale : le pasteur et deux laïcs, soit un membre du consistoire et un diacre. Elle se réunit au moins quatre fois l’an. Elle élit son conseil et le président de ce conseil (pasteur ou laïc), pour un temps limité. Tout comme l’assemblée, ce conseil ne peut comprendre une majorité de pasteurs.
123L’assemblée du district débat des sujets proposés par les Eglises locales ou par l’assemblée synodale et fait des propositions de conclusions sur lesquelles elle s’exprime par un vote final.
124Les 109 Eglises de l’Eglise protestante unie de Belgique se regroupent en six districts. L’EPUB compte actuellement 79 pasteurs de paroisse, 10 aumôniers, 17 pasteurs avec charges spéciales dans l’enseignement et 3 pasteurs avec charges spéciales.
Les districts et les paroisses1,2,3
Les districts et les paroisses1,2,3
1. Une annexe représente une communauté trop petite pour former une paroisse autonome2. Dont trois germanophones
3. Dont deux anglophones
L’assemblée synodale
125Au plan national, les six districts sont liés les uns aux autres par l’assemblée synodale formée des délégué(e)s des districts. Le nombre des pasteurs délégués au synode ne peut être supérieur au nombre des délégués laïcs.
126Les délégué(e)s à l’assemblée synodale (appelée également "synode" d’un terme grec signifiant "cheminer ensemble") se réunissent une fois par an. Ils délibèrent et concluent par un vote sur les questions mises à l’ordre du jour soit par le conseil synodal, soit par les assemblées de district, soit par les commissions. Les décisions sont ensuite prises en charge par ces différentes instances, selon leurs compétences.
127L’assemblée synodale élit, tous les deux ans, son président appelé modérateur (pasteur ou laïc), assisté d’un bureau (laïcs et pasteurs).
128Elle élit, tous les quatre ans, le conseil synodal (formé de neuf personnes, laïcs et pasteurs, hommes et femmes) et son président (pasteur, élu pour quatre ans) dont le mandat est renouvelable deux fois. Elle élit aussi les membres des commissions. Le conseil synodal est chargé de la direction générale de l’Eglise protestante unie de Belgique, dont il rend compte devant l’assemblée synodale qui reste l’autorité souveraine.
129L’assemblée synodale de l’EPUB en 1979 a confirmé le ministère pastoral féminin : "L’EPUB reconnaît le ministère pastoral aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Toutefois, chaque Eglise locale est libre dans le choix de son pasteur". Il y a actuellement au sein du conseil synodal sept hommes et trois femmes ; le bureau de l’assemblée synodale se compose de sept hommes ; on compte seize hommes présidents, secrétaires, trésoriers des conseils de district pour trois femmes. Enfin nonante-huit hommes et onze femmes sont pasteurs.
130Voici, à titre exemplatif, quelques-unes des décisions prises par le dernier synode. L’assemblée synodale de 1993 décide que l’ensemble des postes pastoraux devra faire l’objet d’une considération stratégique dans chaque district afin que puisse être attribuée à chaque pasteur une tâche plus ou moins importante qui ne se rapporte pas seulement à l’Eglise locale à laquelle il est attaché, mais qui ait aussi une portée plus régionale ou même nationale. L’assemblée synodale approuve les lignes directrices pour la création d’un "Conseil inter-ecclésiastique pour l’enseignement religieux protestant" dans la Communauté flamande ; accepte le projet de la Commission Migrants d’accorder une attention particulière au thème du rassemblement national "Etrangers au milieu de nous" au cours des années à venir 1994-1996.
Les commissions
131L’assemblée synodale s’appuie sur le travail d’un certain nombre de commissions. Celles-ci sont composées de cinq à sept personnes, élues pour un mandat de quatre ans renouvelable. Autant que faire se peut, chaque district s’y trouve représenté. La règle selon laquelle le nombre des pasteurs ne peut dépasser celui des membres laïcs, est également d’application ici.
132Ces commissions (permanentes) se voient confier un mandat de recherche et d’études dans des domaines et sur des sujets bien précis. Citons les commissions du ministère pastoral, des aumôneries (militaire, hospitalière, pénitentiaire), de la Faculté de théologie, de l’enseignement religieux, de la jeunesse, de la radio-télévision, des relations avec le judaïsme, des relations avec l’islam, etc.
133Les commissions sont donc théoriquement d’une grande importance pour la vie de l’EPUB ; à intervalles réguliers et à tour de rôle, elles font rapport à l’assemblée synodale. Toutefois, à la lecture de leurs rapports, il faut relativiser leur impact réel sur la vie de l’EPUB et l’influence qu’elles peuvent exercer sur chaque croyant.
La notion d’Eglise nationale
134L’Eglise protestante unie de Belgique est une Eglise nationale, en ce sens qu’elle s’inscrit à l’intérieur des frontières de l’Etat.
135Elle entretient des contacts avec les Eglises protestantes à l’étranger par le moyen d’instances internationales, tout en restant autonome à l’intérieur de ses frontières. En d’autres termes, cela signifie que ni la Conférence européenne des Eglises, ni l’Alliance réformée mondiale, ni le Conseil oecuménique des Eglises, par exemple, ne sont considérés comme des organisations faîtières et que ces instances internationales ne peuvent donc interférer avec la vie de l’Eglise en Belgique, ni imposer une quelconque décision à l’EPUB. Mais il n’existe pas de "Vatican protestant". Les diverses Eglises nationales sont solidaires les unes des autres et collaborent à des missions communes.
136Jusqu’ici la fédéralisation du pays n’a pas eu d’impact sur la structure de l’Eglise "nationale" puisque cohabitent au sein d’une même assemblée synodale quatre districts francophones et deux districts néerlandophones. Des voix se font entendre aujourd’hui pour souhaiter que certains travaux soient organisés en groupes linguistiques séparés (par exemple les commissions radio-télévision francophone et néerlandophone fonctionnant séparément, certains souhaitent de prendre des décisions synodales en cette matière par groupe linguistique).
137Par ailleurs, certains représentants des deux districts flamands craignent d’être minorisés par les délégués des quatre districts francophones lors de votes qui concernent essentiellement, sinon exclusivement, des dossiers relatifs aux communautés néerlandophones de la Verenigde Protestantse Kerk in België (par exemple en matière de demande de reconnaissance de paroisse flamande, de désignation de représentants flamands dans les commissions nationales, etc.). S’il est vrai que le côté francophone représente généralement le double des néerlandophones au sein de l’EPUB (4 districts sur 6 ; deux fois plus de professeurs francophones de religion ; apports financiers de 11,5 millions émanant des francophones et de 5,5 millions des néerlandophones), la position minoritaire des protestants belges les fera sans doute renoncer à une partition intégrale qui les affaiblirait.
138Ajoutons enfin que dans sept lieux le culte est célébré en langue allemande : les Deutschsprachige Evangelische Gemeinden in Belgiën sont des Eglises affiliées à l’EPUB.
Les relations avec l’Etat
139Depuis 1839, l’Etat reconnaît le synode de ce qui est aujourd’hui l’Eglise protestante unie de Belgique comme "seule autorité ecclésiastique" de toutes les Eglises protestantes de Belgique. Les décisions du synode sont considérées par les autorités civiles comme l’expression de la volonté de ces Eglises. Le président du synode agit comme porte-parole du synode envers les autorités civiles du pays. Considéré par elles comme "chef du culte protestant", il ne dispose cependant d’aucun pouvoir personnel et est chargé de faire appliquer les décisions synodales. A noter que si le protocole de l’Etat belge assigne au cardinal le même rang qu’un prince de sang royal, le président du synode occupe la 67ème place. Le synode est chargé d’organiser l’enseignement religieux dans les écoles officielles ainsi que les différents services d’aumônerie.
140Dans la pratique, les relations avec les pouvoirs publics en matière de culte s’effectuent par le truchement du Ministère de la Justice. L’existence d’Eglises locales protestantes est reconnue par arrêté royal. Dans chaque arrêté, la circonscription géographique de la paroisse est définie. Celle-ci comprend, assez souvent, le territoire de plusieurs communes. Selon la loi du 4 mars 1870, il est également stipulé qu’un conseil d’administration doit être mis en place pour la gestion du temporel.
141Un traitement pastoral à charge de l’Etat est attaché à chacune de ces paroisses reconnues. Il en existe trois catégories :
- traitement de premier pasteur, pour les pasteurs exerçant dans une grande paroisse (28 actuellement) ;
- traitement de pasteur pour les desservants des autres paroisses (65 actuellement) ;
- traitement de pasteur-auxiliaire, pour ceux qui secondent un pasteur d’une grande paroisse (6 aujourd’hui).
142Ces traitements sont liés à l’index, mais aucune augmentation n’est prévue suivant le nombre d’années de service du pasteur concerné. En janvier 1994, le traitement brut mensuel du pasteur s’élevait à 58.796 francs.
143Le trésor public prend également à sa charge le traitement du pasteur-président du synode, ainsi que des cinq collaborateurs chargés de l’administration centrale.
144Sans compter les traitements des professeurs de religion, l’apport de l’Etat aux Eglises protestantes représentait en 1993 environ 75 millions. En principe, les communes ont l’obligation de couvrir le déficit éventuel des Eglises protestantes (comme pour les Eglises catholiques) et de prendre en charge le logement du pasteur (ou d’offrir une indemnité équivalente).
Les finances
145Pour mieux connaître la vie financière de l’Eglise protestante unie de Belgique, voici les dépenses de 1992, en chiffres arrondis, pour un total de 18.085.000 francs :
- ministère pastoral (compléments de traitements et de pensions, bourses pour étudiants, stages des futurs pasteurs, formation permanente des pasteurs) : 5.117.000 ;
- frais de personnel (secrétariat, centres de jeunesse, diverses aumôneries) : 3.248.000 ;
- frais de fonctionnement (assemblées du synode et de son conseil, déplacements pour commissions, frais administratifs et du bâtiment central) : 2.859.000 ;
- témoignage (radio et télévision des deux secteurs linguistiques, aide à l’évangélisation et aux nouvelles communautés) : 1.140.000 ;
- services et entraide (certaines aumôneries et services de jeunesse et services sociaux nationaux, subventions pour la Faculté de théologie) : 1.954.000 ;
- commissions (pour le travail de recherches, de formation et de contacts) : 189.000 ;
- action missionnaire (liens privilégiés avec l’Eglise presbytérienne au Rwanda) : 3.310.000 ;
- entraide internationale (participation à la vie des divers mouvements ecclésiastiques internationaux) : 268.000.
146Le budget de dépenses de 1994 s’établit à BEF 24.307.000. La participation des districts pour 1994 s’élève à 16.975.000 francs répartis de la manière suivante :
Hainaut occidental | 3.297.000 |
Hainaut oriental-Namur-Luxembourg | 2.726.000 |
Liège | 1.570.000 |
Brabant francophone | 3.838.000 |
Flandre occidentale et orientale | 2.095.000 |
Anvers-Brabant flamand-Limbourg | 3.449.000 |
147Si un calcul rapide indique que chaque protestant de l’EPUB (adulte pratiquant) contribue à la vie de l’Eglise nationale pour environ 1.800 francs par an, il est utile de rappeler que l’engagement essentiel du protestant se situe au niveau local. La règle de la dîme (destiner un dixième de ses revenus à l’Eglise) est sans doute tombée en désuétude dans bien des foyers protestants, mais reste d’application dans certains milieux évangéliques. Toutefois la libéralité des membres reste importante lorsqu’il s’agit de récolter des fonds pour des œuvres sociales, pour des actions d’entraide en Belgique ou en faveur du Tiers-Monde.
148Il n’empêche que la libéralité a diminué depuis la création de l’EPUB ; avant 1979, l’Eglise réformée de Belgique (une des composantes de l’EPUB) dont aucun pasteur n’était pris en charge par l’Etat devait supporter seule un budget quasi identique à celui de l’EPUB d’aujourd’hui et les moyens financiers ne faisaient pas défaut.
Les Eglises évangéliques
149Les Eglises évangéliques représentent un peu plus de la moitié des protestants belges ; elles ont presque toujours et pour la plupart vécu séparément de l’Eglise réformée. Aujourd’hui pourtant une volonté de rapprochement se fait jour en vue de mener des actions communes dans des domaines où les points de convergence l’emportent sur les nuances entre les diverses dénominations ; il semble que face à l’EPUB les Eglises évangéliques veulent regrouper leurs forces jusqu’ici dispersées dans de nombreuses Eglises autonomes. Les Eglises évangéliques veulent aussi partager davantage de responsabilités par exemple dans l’enseignement, dans les aumôneries, dans les médias.
150En 1989, un certain nombre d’Eglises évangéliques ont créé la Fédération évangélique francophone de Belgique, dont l’objectif est de représenter les Eglises évangéliques, devant l’EPUB et devant les pouvoirs publics, dans des domaines comme les cours de religion protestante, les aumôneries, les médias, les problèmes éthiques, etc., et qui veille aussi à ce que les Eglises évangéliques soient reconnues comme membres de la famille protestante, sans confusion avec les sectes. Avec l’Evangelische Alliantie Vlaanderen et d’autres Eglises évangéliques intéressées (Union des Eglises baptistes, Fédération adventiste, Verbond van Vlaamse Pinkstergemeenten), la Fédération évangélique poursuit le dialogue avec l’EPUB en vue de la création éventuelle d’une Fédération protestante belge, qui gérerait tous les domaines d’intérêt commun pour toutes les Eglises protestantes.
151Après une évocation des traits communs à l’ensemble de ces Eglises, un aperçu des principales composantes de la mouvance évangélique - toutes n’étant pas membres de la Fédération évangélique - est présenté. Ces Eglises ne sont pas reconnues par l’Etat et ne souhaitent pas l’être.
Des bases communes
152Toutes les Eglises évangéliques reprises ci-dessous ont, malgré leurs particularités, une base de foi commune. Toutes croient en un Dieu unique et trinitaire, créateur de l’univers. Toutes confessent comme Seigneur Jésus-Christ, Dieu manifesté en chair, né de la vierge Marie ; il vécut sans péché, mourut sur la croix pour nos péchés, est ressuscité et remonté auprès du Père. Toutes reconnaissent l’œuvre du Saint-Esprit, qui régénère l’homme et habite dans le croyant pour le rendre capable de vivre pour le Seigneur Jésus. Toutes reconnaissent l’inspiration divine de la Bible et l’acceptent comme seule autorité suprême en matière de foi et de vie. Toutes confessent que l’homme, pécheur et perdu, ne peut être sauvé que par grâce, étant justifié par la seule foi en Jésus-Christ Sauveur. Toutes se reconnaissent pour tâche de prêcher l’Evangile dans le monde entier, dans l’attente du retour de Jésus-Christ et de la résurrection corporelle des morts, dont les uns (les croyants) entreront dans la vie éternelle et les autres dans la condamnation éternelle. Cette foi commune, héritée de l’Eglise primitive, fut remise en valeur lors de la Réforme du XVIème siècle, dont bien des Eglises évangéliques se déclarent héritières.
153Les Eglises évangéliques ont pour trait commun l’insistance sur la conversion personnelle à Jésus-Christ comme condition pour pouvoir devenir membre de l’Eglise.
154Les Eglises évangéliques citées ci-dessous restent en dehors du Conseil oecuménique des Eglises, surtout parce que son pluralisme doctrinal très large leur paraît inconciliable avec une notion biblique de l’unité en Christ. Aucune Eglise évangélique n’est subsidiée par les pouvoirs publics. Néanmoins beaucoup de pasteurs sont aussi professeurs de religion, leur salaire est pris en charge par les pouvoirs publics. Cette situation reflète souvent une conviction théologique relative à une séparation nécessaire de l’Eglise et de l’Etat.
155La communauté de foi des Eglises évangéliques se traduit par des positions communes en matière d’éthique, malgré quelques spécificités propres à certaines dénominations. Pour tous les évangéliques, la Bible est la parole par laquelle Dieu nous révèle sa volonté pour nos vies, et le Saint-Esprit qui habite le croyant est celui qui lui donne la force de vivre dans l’obéissance aux commandements divins. L’unanimité évangélique se constate en particulier sur les points suivants : la relation sexuelle n’est bonne et voulue de Dieu que dans le cadre du mariage ; le concubinage ou mariage à l’essai, l’"amour libre", les expériences pré-conjugales ou extra-conjugales sont à bannir. Partisans convaincus du respect de la vie humaine, de la fécondation à la mort naturelle, les évangéliques considèrent comme inacceptables l’avortement provoqué (sauf exception rare telle que le danger pour la vie de la mère), l’euthanasie et le suicide.
Les principales composantes
156Pour chacune des principales composantes du courant évangélique sont repris le nombre d’Eglises concernées, leur organisation et leurs particularités essentielles. Les Eglises rattachées à la Fédération évangélique sont indiquées par un astérisque. Les Eglises évangéliques francophones, au nombre de 250 environ, représentent un peu moins de 25.000 personnes (adultes et enfants) ; elles disposent de 230 pasteurs. La Fédération évangélique francophone de Belgique regroupe quelque 10.000 fidèles. En Flandre, on dénombre 165 paroisses, pour quelque 8.000 pratiquants et environ 90 pasteurs.
157L’Evangelische Alliantie Vlaanderen, association de fait depuis 1980, s’est constituée en association sans but lucratif en 1987. Elle a pour but de représenter ses membres dans les relations avec les autorités civiles et de favoriser la collaboration entre Eglises évangéliques. Elle regroupe les Eglises évangéliques libres, les Christengemeenten, la Mission évangélique belge et une bonne partie des assemblées pentecôtistes et des Eglises évangéliques indépendantes, soit au total 92 Eglises.
158Outre les Eglises évoquées ci-dessous, citons encore quelques écclésioles comme la Baptist Bible Fellowship, Bethel, des Eglises apostoliques * et baptistes, les Eglises du Christ, les Eglises mennonites (dont une en langue espagnole) dont les membres refusent d’effectuer le service militaire et de prêter serment.
Armée du salut
159Il existe 10 "postes" en Belgique francophone et 2 en Flandre, comptant quelque 350 "soldats" et 25 "officier(e)s" pour 500 membres environ. L’Armée du salut est à l’œuvre en Belgique depuis 1889.
160Organisation : le quartier général, situé à Bruxelles, est dirigé par le chef de territoire et son assistant ; il gère les départements finances, jeunesse, rédaction et secrétariat, et supervise l’œuvre. Le quartier général décide des affectations des officiers. Un couple d’officiers (ou deux officières), avec les officiers locaux, forment le conseil de poste, chargé de la direction locale.
161Particularités : port de l’uniforme et structure militaire (drapeau, engagement,…). Travail en plein air, vente de journaux. N’administre ni baptême ni sainte Cène ; ils pratiquent la consécration des enfants, l’engagement des soldats et la bénédiction des officiers. Abstinence de tabac et d’alcool obligatoire pour les soldats. Fort engagement social.
Assemblées de Dieu (Eglises pentecôtistes) *
162On compte 31 Eglises et 5 annexes en Belgique francophone ; 36 pasteurs pour 2.500 membres. En Flandre, le Verbond van Vlaamse Pinkstergemeenten compte 31 Eglises pour quelque 1.600 pratiquants encadrés par 17 pasteurs. Ces Eglises sont issues de la fusion en mars 1993 des Eglises pentecôtistes Elim et du Broederschap d’Eglises pentecôtistes flamandes. Elles sont à l’œuvre en Belgique depuis 1931.
163Organisation : autonomie locale des Eglises. L’ensemble des pasteurs forme la pastorale, constituée en association sans but lucratif, qui a des pouvoirs exécutifs en matière de discipline doctrinale et morale.
164Particularités : ne baptisent que les adultes, par immersion. Croyance en une seconde expérience de foi, le baptême dans le Saint-Esprit, dont le signe initial est le parler en langues, qui amène à l’exercice des dons de l’Esprit.
Assemblées chrétiennes évangéliques ("Darbystes")
165On compte 12 assemblées en Belgique francophone regroupant 1.000 personnes environ, et 6 assemblées en Flandre et quelque 300 pratiquants. Elles sont à l’œuvre en Belgique depuis 1872.
166Organisation : pas d’organisation nationale autre que des congrès d’édification spirituelle. Dans l’assemblée locale, toutes les décisions sont prises lors de l’"entretien fraternel" mensuel qui rassemble tous les frères, membres masculins (mais pas les sœurs). La prédication est apportée par des frères sans formation théologique particulière.
167Particularités : en général, baptisent les nourrissons, par immersion. N’ont pas de pasteurs, mais (parfois) des "frères à l’œuvre". Les femmes ont la tête couverte et se taisent dans l’assemblée. Chant lors des réunions sans accompagnement instrumental. Ont peu de contacts avec les autres protestants.
Assemblées des Frères *
168On dénombre 20 assemblées en Belgique francophone regroupant 1.000 membres, 4 "frères à l’œuvre" soutenus à plein temps, 2 à mi-temps ; 6 ayant un ministère à plein temps dans des œuvres chrétiennes. En Flandre, on compte deux assemblées pour 135 pratiquants. Elles sont présentes en Belgique depuis 1854.
169Organisation : pas de direction centrale, autonomie de chaque assemblée, un bureau consultatif, le Centre d’études et de réflexion des assemblées belges.
170Particularités : ne baptisent que les adultes, généralement par immersion. Direction locale collégiale. N’ont généralement pas de pasteurs, mais ont des "frères à l’œuvre".
Eglises de Dieu (Eglises pentecôtistes)
171On dénombre 7 Eglises, uniquement en Belgique francophone, dont 3 Eglises africaines, une Eglise italienne, une Eglise espagnole, pour une population totale de 1.500 personnes environ, et 7 pasteurs. Elles sont présentes en Belgique depuis 1973.
172Organisation : mouvement centralisé au niveau mondial (bureau central à Cleveland, Etats-Unis), avec relais au niveau européen. Les pasteurs doivent être reconnus par le bureau central américain. Au niveau national, un comité de la pastorale étudie les problèmes spirituels et disciplinaires. Dans les autres matières, chaque Eglise locale est autonome.
Eglises évangéliques libres *
173On dénombre 23 Eglises en Belgique francophone issues de la Mission évangélique belge pour une population estimée à plus de 3.000 personnes avec 22 pasteurs ; en Flandre il y a 21 Eglises pour quelque 1.500 pratiquants et 8 servants.
174Organisation : assemblée générale annuelle (2 délégués par Eglise), vote les statuts communs, accepte les nouvelles Eglises, définit les objectifs communs, … La commission permanente nationale en est l’exécutif. Trois colloques régionaux, composés des anciens des Eglises locales, élisent les membres de la commission permanente. Large autonomie locale des Eglises, dirigées par un conseil (pasteur et anciens) élu par les membres.
175Particularités : ne baptisent que les adultes et par immersion.
Mission évangélique belge *
176La Mission évangélique belge compte 8 postes d’évangélisation, 2 Eglises associées et 4 Eglises étrangères (2 africaines, une arabe, une vietnamienne), pour une population totale d’environ 1.150 personnes et 14 pasteurs. En Flandre il y a 10 paroisses, quelque 500 pratiquants et 26 servants. Elle est présente en Belgique depuis 1919.
177Organisation : une conférence annuelle nationale bilingue, regroupant tous les "ouvriers" de la mission, élit un exécutif national et deux comités d’évangélisation (flamand et francophone), qui supervisent les postes d’évangélisation et les œuvres. Chaque poste est géré par un conseil de poste.
Union des Eglises évangéliques baptistes de Belgique
178On dénombre actuellement 17 Eglises en Belgique francophone pour une population totale d’environ 1.600 personnes et 16 pasteurs. Elle est présente en Belgique depuis 1893.
179Particularités : ne baptisent que les adultes, par immersion. Les Eglises sont par principe séparées de l’Etat et non subsidiées. Autonomie locale.
Eglises indépendantes
180Environ 60 Eglises en Belgique francophone, dont 11 sont rattachées à la Fédération évangélique francophone de Belgique et représentant une population totale de 5.500 membres environ côtoient quelque 39 Eglises en Flandre, avec 1.750 affiliés environ et 10 pasteurs.
L’Eglise adventiste ou Fédération belge des Eglises adventistes du septième jour
181Elle comprend 12 Eglises en Belgique francophone pour une population d’environ 1.200 membres et 7 pasteurs ; en Flandre, on dénombre quinze Eglises adventistes, près de 800 affiliés et onze pasteurs. Elles sont présentes en Belgique depuis 1897.
182Organisation : l’Eglise adventiste fait partie d’une fédération mondiale (General Conférence), qui compte douze divisions. La division eurafricaine englobe 15 Unions, dont l’Union franco-belge, qui comporte elle-même la Fédération belgo-luxembourgeoise. Cette Fédération a son assemblée générale tous les 3 ans ; les Eglises y envoient un délégué par 15 membres. L’assemblée générale nomme un Conseil de gestion composé paritairement de pasteurs et de laïcs. Ce conseil désigne les pasteurs.
183Particularités : observance du sabbat ; le culte a lieu le samedi. Ne baptisent que les adultes et par immersion. La Sainte Cène est célébrée ; ils pratiquent aussi le lavement des pieds. Influence relativement importante des écrits d’Helen White, considérée comme ayant manifesté l’esprit de prophétie. Insistance sur l’alimentation naturelle ; abstinence de tabac et d’alcool. Pas de survie de l’âme entre la mort et la résurrection. Après le jugement final, les réprouvés subiront une annihilation immédiate. L’Eglise adventiste se considère aujourd’hui comme protestante ; elle se veut ouverte aux contacts avec d’autres Eglises protestantes et des œuvres sociales interdénominationnelles.
Autres Eglises évangéliques en Flandre
184Il existe des Eglises évangéliques oeuvrant uniquement en Flandre ; les principales d’entre elles font l’objet d’une brève description.
185Les Christengemeenten ("Assemblées chrétiennes") : sont au nombre de 28, pour une population de 1.100 pratiquants et 8 pasteurs. Ces Eglises se sont implantées en Flandre en 1972 suite au travail de Richard Haverkamp, venant du Canada, d’une Assemblée des frères. Leur croissance est importante. Les assemblées sont autonomes ; elles sont dirigées par des anciens. Un ancien est reconnu par le fondateur de l’assemblée, ou par les anciens qui sont déjà en fonction. En 1990 a été mise en place l’assemblée nationale, où deux frères par assemblée et les frères dans l’œuvre discutent de questions communes (travail de jeunesse, conférences, évaluation du travail des frères à l’œuvre, etc.). N’ayant pas d’œuvre missionnaire propre, les assemblées soutiennent les missions évangéliques interdénominationnelles et le fonds de coopération au développement Tear Fund. Ils baptisent sur profession de foi, par immersion, et célèbrent la Cène chaque semaine. Les Christengemeenten mettent fortement l’accent sur l’évangélisation, et collaborent avec les Eglises évangéliques libres.
186Les Christelijke gereformeerde Kerken ("Eglises réformées chrétiennes") sont au nombre de deux (150 pratiquants, 2 pasteurs). En 1972, les Christelijke gereformeerde Kerken aux Pays-Bas ont développé des implantations à Anvers et à Gand, cette dernière étant plus stricte et piétiste.
187La Missie van de fundamentele Baptisten ("Mission des baptistes fondamentaux") compte trois Eglises en Flandre, une centaine d’adeptes et un pasteur. Ces Eglises ont été créées par un missionnaire canadien baptiste en 1979. Il existe aussi quelques organisations présentes dans le domaine social et de l’enseignement ; plus que les Eglises évangéliques, il arrive que ces organisations aient des contacts avec l’EPUB.
Les Eglises évangéliques étrangères
188Une partie des Eglises protestantes de langues étrangères peut être rattachée à la mouvance évangélique. Quatre dénominations évangéliques citées ci-dessus comptent quelques Eglises étrangères dans leurs rangs, mais la plupart des Eglises étrangères sont sans lien administratif avec les dénominations belges.
189Le seul ensemble d’Eglises étrangères organisé en dénomination est la Chiese Cristiane Italiane nel Nord Europa (Assemblées de Dieu italiennes) qui compte 16 Eglises en Belgique francophone pour une population totale évaluée à 1.800 personnes et 17 pasteurs. Elle est présente en Belgique depuis 1951. Au niveau mondial, la diaspora évangélique italienne est répartie en sept zones. La zone Nord-Europe est dirigée par un conseil exécutif qui organise un synode, reconnaît les pasteurs, maintient la liaison entre les Eglises, … Localement, les Eglises sont autonomes et dirigées par un consistoire local composé du pasteur et de diacres élus par la communauté. Signalons aussi l’existence d’une dizaine d’Eglises évangéliques (en anglais, chinois, iranien, italien, portugais, langues slaves, turc), regroupant une population totale de quelque 800 personnes.
Les institutions et organismes protestants
L’enseignement religieux protestant en Belgique
190Au XIXème siècle, presque chaque paroisse protestante avait ouvert une école primaire. Beaucoup d’entre elles fermèrent leurs portes depuis lors. Subsistent aujourd’hui les "Ecoles avec la Bible" [18], ainsi que l’Ecole Marnix à Anvers, l’Ecole Gaspard de Coligny à Gand, l’Ecole Prinses Juliana (qui n’est plus exclusivement protestante) à Bruxelles,… Les cours de religion protestante ont été instaurés dans l’enseignement de l’Etat dans les années 1920. En 1958 fut conclu entre les principaux partis politiques un Pacte scolaire ; celui-ci prévoit l’obligation pour toutes les écoles officielles d’organiser un cours de religion, soit catholique, soit protestante, soit israélite ou un cours de morale laïque, en fonction du choix des parents. En 1971, un statut officiel est établi pour les enseignants de religion dans les écoles de l’Etat. L’article 24 de la Constitution stipule que : "Les écoles organisées par les pouvoirs publics offrent, jusqu’à la fin de l’obligation scolaire, le choix entre l’enseignement d’une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle". Chaque communauté applique cet article selon des décrets qui lui sont propres.
191L’organisation des cours de religion relève des pouvoirs publics, mais les professeurs sont désignés par le président du conseil synodal de l’Eglise protestante unie de Belgique. Ces professeurs peuvent être recrutés dans les différentes dénominations protestantes belges. C’est aussi l’EPUB qui est responsable du contenu des cours. Sur le plan pratique, ce sont les inspecteurs qui conseillent le président du conseil synodal en vue de la désignation des professeurs et qui veillent à la qualité de l’enseignement : établissement des programmes en collaboration avec des professeurs, visite des écoles, journées d’études, formation des enseignants,… Les inspecteurs exercent donc une fonction de liaison entre l’Eglise et les pouvoirs publics.
192L’enseignement de la religion protestante (et de la morale qui s’en inspire) vise à doter l’élève de connaissances nouvelles, à éveiller et développer ses capacités et son sens des responsabilités, à l’initier à des méthodes de pensée et d’action et à susciter un comportement personnel et libre. Le programme se déploie selon trois itinéraires :
- un itinéraire biblique : l’enseignant apporte aux élèves une connaissance de l’univers culturel de la Bible et des valeurs qu’elle présente pour l’organisation de l’existence personnelle et de la vie en société. Cette orientation biblique est un aspect essentiel de la spécificité protestante ;
- un itinéraire historique : l’enseignant montre que le message biblique a été diversement interprété, apprécié et vécu au cours de l’histoire et que ces diverses approches ont été marquées dans une certaine mesure par leur époque ;
- un itinéraire philosophique : l’enseignant exerce les élèves à confronter des textes et des thèmes bibliques avec des données littéraires, philosophiques et artistiques qui marquent la pensée contemporaine.
193Pour l’année scolaire 1990-1991, il y avait en Belgique 8.923 élèves inscrits au cours de religion protestante dans 1.678 écoles (chiffres à peu près identiques à ceux d’il y a 15 ans). Outre les germanophones, il y avait 6.007 élèves francophones fréquentant 925 écoles et 2.723 élèves néerlandophones dans 727 écoles. Le cours de religion protestante est fréquenté par des élèves d’horizons très divers. Par province, ces élèves se répartissent de la manière suivante : Brabant : 1.786 ; Hainaut : 2.878, Liège : 856, Luxembourg : 68, Namur : 341. Le nombre d’enseignants est d’environ 600 pour toute la Belgique : ±400 francophones et ±200 néerlandophones.
194Au sein de l’EPUB, il existe une Faculté universitaire de théologie protestante (à Bruxelles) et deux Instituts supérieurs protestants de sciences religieuses-ISPSR (à Bruxelles et à Liège). Ces institutions proposent des formations pour le service de l’Eglise et pour les enseignants de cours de religion. La Commission pour la formation pratique des croyants organise des journées de rencontre centrées sur un thème biblique, des animations et activités de formation à l’analyse, à la critique, à la prise de parole, à la visite, à l’écoute, etc. Il existe d’autres institutions en dehors de l’EPUB comme l’Institut biblique belge (à Charleroi), dont le diplôme est reconnu au niveau du régentât ; le Séminaire biblique belge (à Wemmel) et le Continental Theological Seminary (à Leeuw St Pierre, sous la houlette des Assemblées de Dieu).
195Reprenant les traditions de l’Académie réformée de Gand (1578-1584) - qui est à l’origine de l’actuelle Université d’Etat de Gand - la Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles constitue la seule institution en Belgique qui ait pour but de dispenser l’enseignement universitaire en français et en néerlandais en vue de la collation des grades scientifiques de licencié et docteur en théologie protestante. De 1942 à 1944, des cours de théologie, ouverts aux étudiantes comme aux étudiants, avaient été donnés à Bruxelles à l’initiative des pasteurs Emile Hoyois, Matthieu Schyns et William Thomas ; le programme avait reçu l’approbation des Facultés de théologie de Genève et Paris. L’actuelle Faculté fut fondée en 1950 par l’Union des Eglises protestantes évangéliques de Belgique (devenue peu après l’Eglise évangélique protestante de Belgique) et la Conférence belge de l’Eglise méthodiste. En 1955 s’y joignit l’Eglise chrétienne missionnaire belge (devenue Eglise réformée de Belgique) ; rappelons que ces trois Eglises constituent aujourd’hui l’Eglise protestante unie de Belgique. La section néerlandophone instaura ses premiers cours en 1954. En 1963, la Faculté a été reconnue par arrêté royal comme institution d’enseignement supérieur, habilitée à octroyer les titres de licencié et de docteur. Sa bibliothèque et son centre de documentation - PRODOC - sont ouverts aux chercheurs.
196La Faculté assure la formation théologique des pasteurs et des professeurs de religion protestante. Elle poursuit des travaux de recherche dans les divers domaines de la théologie protestante et contribue à l’information et à la réflexion théologique de l’Eglise ainsi qu’à la formation permanente.
197La durée des études s’étale sur deux années de candidature et trois années de licence. Il existe des études au "régime étalé" : ce régime comprenant les cours donnés le samedi, offre la possibilité à des personnes engagées dans la vie professionnelle d’acquérir une formation théologique universitaire. Après avoir suivi un complément de cours en méthodologie et pédagogie, les étudiants peuvent obtenir l’agrégation de l’enseignement religieux du niveau secondaire supérieur. Les grades scientifiques suivants sont délivrés par la Faculté : les candidatures en théologie protestante et en sciences religieuses protestantes ; les licences en sciences religieuses protestantes et en théologie protestante ; la licence spéciale en théologie protestante ; le diplôme d’études supérieures de théologie protestante et le doctorat en théologie protestante.
19894 étudiants francophones et 37 étudiants néerlandophones sont inscrits à la Faculté en 1993-1994. De ces 131 étudiants, il y a 66 Belges, 34 Africains, 22 Hollandais, 2 Français, 2 Suisses et 5 de nationalités diverses en section francophone. Il y a 21 étudiants en 1ère candidature, 11 en 2ème candidature, 35 en licences, 15 élèves libres, et quelques autres préparant un doctorat ou une agrégation. Outre les chargés de cours, la Faculté compte une dizaine de professeurs.
199La section néerlandophone de la Faculté, l’"Universitaire Faculteit voor Protestantse Godgeleerdheid", offre la possibilité d’étudier à temps plein ou partiel, et aussi par correspondance ("Open Theologisch Onderwijs").
200L’Institut supérieur protestant de sciences religieuses situe son action dans le prolongement des cours de religion protestante créés en 1960 à l’initiative de différentes dénominations protestantes, en vue d’assurer la formation des professeurs chargés de l’enseignement religieux au niveau primaire. Les cours furent interrompus fin 1962. En 1968, l’appellation commune Institut supérieur protestant de sciences religieuses fut retenue pour regrouper les centres existants de Charleroi, Mons-Borinage, Liège et Bruxelles (en cours de réorganisation). L’Institut obtint la reconnaissance ministérielle comme institution d’enseignement supérieur habilitée à décerner le diplôme requis pour l’enseignement religieux protestant au niveau primaire. En 1976, un second cycle d’études fut inauguré à l’Institut. En 1978, l’Institut fut officiellement habilité à décerner le diplôme d’agrégé de l’enseignement religieux protestant du degré secondaire inférieur.
201L’Institut se donne quatre objectifs : assurer la formation des enseignants de religion protestante pour le niveau primaire et le niveau secondaire inférieur ; organiser la formation permanente des enseignants de religion protestante ; offrir une formation appropriée à toute personne qui souhaite exercer un ministère laïc au sein de l’Eglise ; fournir les composantes d’une réflexion spirituelle à ceux qui s’intéressent à la foi chrétienne. Deux cycles sont organisés de trois années chacun.
202L’Institut est habilité à délivrer les diplômes suivants : diplôme d’enseignement religieux protestant du degré inférieur, habilitant son titulaire à exercer la fonction de maître(sse) de religion protestante dans l’enseignement primaire ; diplôme d’agrégé de l’enseignement religieux protestant du degré secondaire inférieur, habilitant son titulaire à l’enseignement de la religion protestante au niveau secondaire inférieur ; diplôme de formation à un ministère dans l’Eglise, diplôme obtenu à la fin du premier cycle ; graduat en théologie, diplôme obtenu à la fin du second cycle. De même, une formation est dispensée par le Vormingscentrum voor het protestants Godsdienstonderwijs pour les maîtres de religion protestante dans la Communauté flamande.
203L’Institut biblique belge est fondé en 1919 par la Mission évangélique belge, il est reconnu en 1971. Deux programmes de cours donnés sont : celui du jour accueille des étudiants de plein exercice pour 1, 2 ou 3 ans ; le second permet de suivre la formation le samedi en 4 ou 6 ans. Les titres délivrés sont différents selon la finalité recherchée : diplôme de formation à un ministère pastoral ; diplôme de graduat en théologie ; diplôme d’enseignement religieux protestant du degré inférieur ; agrégé de l’enseignement religieux protestant du degré secondaire inférieur.
204En 1992 fut créé le Groupe de coordination des institutions de formation religieuse constitué de représentants des institutions reconnues, Faculté universitaire de théologie Protestante, Institut supérieur protestant de sciences religieuses (Bruxelles et Liège), Institut biblique belge et Vormingscentrum voor Godsdienstonderwijs. Ce groupe constitue un lieu de réflexion et d’action qui rend possible l’harmonisation des matières enseignées dans ces différents centres.
205Il existe par ailleurs une commission (Commissie voor het Toerustingswerk) qui constitue le comité de l’association sans but lucratif Volwassenenvormingswerk. Celle-ci organise des sessions de formation pratique pour les adultes (cercles bibliques, journées de rencontre, journée diaconale…) ; elle a également mis sur pied des cours de formation théologique des paroissiens et des rencontres destinées aux pasteurs de paroisses.
206D’autres instituts existent en dehors de l’EPUB, comme à Heverlee, le Centrum voor Bijbelse Vorming, l’Evangelische Theologische Faculteit, faculté reconnue de niveau universitaire, une Ecole de formation (Vormingsschool) et un Centre pour le counseling pastoral.
Les aumôneries
207Des aumôneries sont organisées à l’armée, dans les établissements pénitentiaires, hospitaliers et de soins, auprès du corps diplomatique et des étudiants étrangers et à l’aéroport de Bruxelles national.
208L’aumônerie militaire est, au sein du protestantisme, le plus ancien des ministères dit "spécialisés". Son origine remonte à la première guerre mondiale, lorsque, suite à une directive ministérielle d’août 1914, divers pasteurs rejoignent l’armée en campagne. En 1915, Pierre Blommaert organise le service. Dès que la guerre se termine, la plupart des aumôniers quittent l’armée. Lors de la mobilisation de 1939, un service d’aumônerie se reconstitue et se maintient jusqu’à ce jour. Bien qu’il porte l’uniforme, l’aumônier est un civil, protocolairement assimilé au rang d’officier. L’aumônier échappe à l’autorité militaire, il n’est responsable de ses actes que devant l’aumônier en chef, lui-même responsable devant le président du conseil synodal de l’Eglise protestante unie de Belgique. A noter que la moitié au moins des militaires protestants appartient à d’autres dénominations que l’EPUB sans que cela pose de problèmes majeurs. Actuellement, huit aumôniers d’activé assurent le service, aidés par des aumôniers de réserve en rappel et des miliciens candidats aumôniers de réserve.
209Pour les établissements pénitentiaires, l’aumônier national, seul aumônier à temps plein du culte protestant dans les services extérieurs de l’administration pénitentiaire, est chargé, en principe, de desservir toutes les prisons du pays. Pratiquement, il est assisté par 59 aumôniers belges issus des diverses Eglises protestantes en Belgique, et par 6 aumôniers de langue étrangère. Notons la présence de 7 aumôniers pour les établissements de défense sociale et de 5 aumôniers pour les établissements de la protection de la jeunesse. Dans chaque établissement, il y a un ou plusieurs aumôniers. Signalons aussi l’aide sociale et psychologique apportée par des visiteurs officiels (avec permission du Ministère de la Justice) ou non-officiels (sous la responsabilité du directeur de prison).
210L’aumônerie auprès des étudiants étrangers a défini ses buts en 1974. Les aumôniers ont pour tâche de rendre l’Eglise ouverte aux étudiants étrangers, en particulier à ceux venus de pays en voie de développement, et de maintenir et encourager les contacts entre étudiants et les Eglises et de les aider, le cas échéant. Ces activités se déroulent essentiellement dans les centres universitaires.
211Depuis 1986, l’EPUB a créé un Centre protestant de contacts diplomatiques. Les diplomates des pays protestants, anglo-saxons ou scandinaves par exemple, trouvent facilement des Eglises "étrangères" à Bruxelles. Beaucoup de diplomates, notamment représentant les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), sont issus d’Eglises et de Missions protestantes. Lorsqu’ils sont en poste à Bruxelles, ils sont coupés de leur Eglise d’origine et ne songent pas toujours à entrer en contact avec une communauté protestante. Un pasteur, issu de l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis, est chargé d’assurer ce service d’aumônerie ; il sert d’intermédiaire entre les Eglises locales et les diplomates protestants.
212Dans la ligne de la circulaire du ministre de la Santé du 5 avril 1973, l’EPUB a organisé un service d’assistance morale et religieuse aux patients des institutions hospitalières, maisons de repos et de soins. L’Eglise ne dispose pas d’un aumônier plein temps chargé de coordonner le travail. Au sein des six districts de l’EPUB, des responsables ont accepté, de manière bénévole, d’assurer l’organisation pratique de ce service. En principe, un pasteur ou un laïc ayant reçu une formation adéquate est attaché à chaque institution. Les patients peuvent toujours faire appel à leur pasteur, mais l’aumônier est le premier en contact avec le malade et connaît l’institution abritant le patient. Dans quelques institutions, l’aumônier peut prendre contact avec chaque patient ; dans d’autres, les plus nombreuses, l’aumônier attendra un signe de la part d’un malade ou de la direction.
213L’EPUB a organisé une aumônerie auprès des aéroports. Un aumônier plein temps (actuellement une femme) est chargé du travail dans les aéroports de Belgique ; l’essentiel de sa mission s’effectue à l’aéroport de Bruxelles-national. La chapelle protestante de Zaventem est un des lieux où l’Eglise se trouve en contact direct avec la société dans toute sa diversité, où elle peut accueillir l’étranger et donner assistance aux personnes en détresse (demandeurs d’asile, par exemple) ; une collaboration s’est instaurée avec le Service des réfugiés du Centre social protestant de Bruxelles. Les services de l’aumônerie s’adressent aussi au personnel de l’aéroport.
214Soulignons pour terminer que c’est l’EPUB qui assure la responsabilité des diverses aumôneries, même si elle fait aussi appel à des membres des Eglises évangéliques pour certains services.
Les activités pour les jeunes
215Nous n’évoquons ici que quelques lieux, en dehors du milieu scolaire, qui organisent des activités à l’intention de la jeunesse.
216Dès 5 ou 6 ans en général, un moment de culte et d’enseignement est organisé pour l’enfant au sein de l’Eglise locale (moment appelé ici "école du dimanche", là "culte des enfants", …). Souvent l’enfant est aussi inscrit au cours de religion protestante organisé au sein de son école, ainsi qu’à des colonies de vacances et à des camps ou à des mouvements de jeunesse qui lui permettent de rencontrer soit des jeunes protestants venus d’autres régions du pays, soit des jeunes issus d’autres milieux, comme c’est le cas par exemple dans le scoutisme.
217A l’égard des adolescents, les communautés locales - parfois seules, parfois regroupées - poursuivent la tâche de l’enseignement biblique et de l’instruction religieuse à travers des groupes de "précatéchisme" et de "catéchisme", permettant au jeune de confronter ce qu’il découvre dans la Bible avec ce qu’il découvre dans la vie. Cette instruction religieuse aboutit normalement à la confirmation du baptême (ou dans certains cas à la demande de baptême). Très souvent à côté de ces groupes d’enseignement et de catéchèse se créent des groupes "d’animation" qui répondent à des besoins précis. Citons le Service protestant de la jeunesse, Jeunesse pour Christ, Jeunesse et vie, les Groupes bibliques universitaires, les Clubs bibliques de lycéens, les Centres de rencontres et d’hébergement (à Amougies, à Nessonvaux et à Montignies-sur-Roc), le Programme missionnaire des jeunes, …
218Le synode des jeunes organisé chaque année tant en Flandre qu’en Wallonie permet à quelque septante jeunes issus de toutes les paroisses de l’Eglise protestante unie de Belgique de se retrouver autour de certains thèmes comme par exemple "Fascisme, nazisme et racisme : les gros maux du 20ème siècle", ou "Dire, peindre, sculpter, danser, chanter… la foi, l’espérance et l’amour", … : on y discute, on échange des réflexions, on prend des résolutions ensemble. Il s’agit d’une plate-forme qui permet aux jeunes de dialoguer avec l’Eglise officielle.
219L’Année diaconale offre la possibilité à de jeunes volontaires bénévoles de se mettre au service de Dieu et des autres pendant dix à douze mois dans un pays étranger auprès d’institutions accueillant des personnes âgées, des handicapés, des enfants placés, …
220Il existe un programme d’échanges de jeunes belges et rwandais qui se rencontrent alternativement en Afrique et en Belgique pour participer à des camps de réflexion et de travail. La formation à l’animation organisée par le Service protestant de la jeunesse (membre actif du Conseil de la jeunesse d’expression française) conduit à l’obtention du brevet d’animateur. Des rencontres oecuméniques sont organisées tant au niveau régional, que national et international dans le cadre de camps de travail du Conseil oecuménique de la jeunesse en Europe.
221Du côté néerlandophone, l’équivalent du Service protestant de la jeunesse est le Conseil de la jeunesse protestante Op Vrije Voeten-OVV qui constitue la Commission Jeunesse de l’EPUB-VPKB et est reconnu et subsidié par le Ministère de la Communauté flamande. OVV édite un bulletin bimestriel, organise une fois par an un festival oecuménique des jeunes, en collaboration avec des jeunes issus de mouvements catholiques anversois et où revient chaque fois le thème de la société multiculturelle. OVV organise des week-ends de formation pour ses quelque cinquante cadres bénévoles ; deux animateurs plein temps et trois à temps partiel forment l’équipe des permanents.
Les médias et institutions culturelles
222La Fédération des Eglises protestantes de Belgique-FEPB s’intéressa, dès la création de l’INR, à une présence protestante sur les ondes et, déjà en 1934, elle possédait une Commission de radio protestante créée à l’initiative de William Thonger et Paul Streel. La communauté protestante, par le biais d’initiatives privées et personnelles, avait déjà eu l’occasion de faire entendre sa "voix" dans des centres régionaux. Une émission mensuelle est réalisée sur toutes les stations francophones entre 1931 et 1949 ; c’est alors que commence véritablement l’histoire de ce qui va devenir l’Association protestante pour la radio et la télévision (association sans but lucratif). Dès 1950, toutes les émissions sont regroupées sous le titre La Voix Protestante. De mensuelle, l’émission devient hebdomadaire en 1969, au début alternativement sur l’onde régionale et sur l’onde nationale.
223Il n’y eut pas de cultes radiodiffusés avant 1952 et ce n’est qu’en 1955 que la direction de l’INR accorda quatre plages horaires de 30 minutes pour la diffusion de cultes lors de fêtes (Pâques, Pentecôte, Réformation (1er novembre) et Noël). En 1956, les responsables de l’INR acceptèrent d’inclure la prédication dans le culte radiodiffusé qui devint ainsi la reproduction du culte célébré en paroisse.
224Les émissions de télévision Présence Protestante remontent à 1958. De quatre émissions par an, on passe à six en 1960, date à laquelle le premier culte protestant est télédiffusé. Un second passage d’émissions radio ou télédiffusées est organisé ensuite, de même qu’une extension du temps d’antenne.
225L’Association protestante pour la radio et la télévision prolonge l’impact des émissions par la publication des textes radiodiffusés (émissions de La Voix Protestante, et les cultes radio et télévisés) sous la forme d’un mensuel Son et Lumière et la publication de Son et Lumière-trimestriel qui reprend notamment le programme trimestriel des différentes émissions et qui est envoyé gratuitement (fichier de ±3.000 noms) afin de garder le contact avec les auditeurs. 1.900 abonnés en Flandre reçoivent Visie le magazine de Evangelische Omroep, la radio-télévision évangélique aux Pays-Bas. Les auditeurs des cantons de l’Est peuvent aussi bénéficier d’émissions protestantes en langue allemande. Une présence protestante est assurée au sein de l’Association des journalistes d’information religieuse.
226Depuis la disparition de Paix et Liberté et De Stem, il n’existe plus guère de périodique général dépassant les cercles protestants. En Flandre, De Kruisbanier est surtout lu dans les milieux évangéliques, sa parution est irrégulière ; De Open Poort est un mensuel qui vise un public plus intellectuel. Signalons encore dans la mouvance évangélique : Agape (1.350 abonnés) et Tijdschrift voor théologie en pastorale counseling édité à Heverlee (500 abonnés).
227De nombreuses Eglises locales éditent un bulletin ; certaines dénominations ont leur périodique, par exemple l’Armée du Salut édite le Cri d’Espoir ; le Bulletin de la Société royale d’histoire du protestantisme belge existe depuis 1904. Citons aussi une revue théologique francophone Ad Veritatem et une nouvelle revue Vivre, ainsi que le Messager évangélique. Deux districts éditent un mensuel (Pierres Vivantes pour le Hainaut-Est, Namur, Luxembourg et Noirs Talons pour le Hainaut occidental).
228Et même si quelques francophones lisent des périodiques protestants, français ou suisses, ou reçoivent Info (bulletin de liaison de l’EPUB) ou une publication en anglais du COE, l’information écrite au sein du monde protestant reste relativement peu développée.
229Il subsiste aujourd’hui une librairie protestante à Bruxelles qui diffuse des ouvrages, du matériel didactique, des éditions des sociétés bibliques. Des éditeurs protestants (Editions le Phare - Librairie des Eclaireurs Unionistes à Flavion et les Editeurs de Littérature Biblique à Braine-l’Alleud) éditent une centaine de titres.
230De nombreuses paroisses organisent un service de librairie et ont organisé des cercles de lecture et d’études bibliques, des conférences, comme c’est le cas de l’Eglise protestante de Liège-Marcellis. Depuis sept ans, les Petites conférences protestantes à Bruxelles, animées par un laïc, veulent affirmer la spécificité protestante face aux problèmes actuels de la société.
231Plusieurs expositions importantes ont été organisées, ces dernières années, notamment dans la Chapelle de Nassau attenant à la Bibliothèque de l’Albertine à Bruxelles ; citons "Le protestantisme à Bruxelles" (1980) ; "De Luther à Osterwald" en 1983 ; "Jean Calvin" (1986) ; "De Léopold Ier à Jean Rey - Les protestants en Belgique de 1839 à 1989" ; sans parler des expositions consacrées à l’histoire de la Réforme en Belgique et à la Bible, ou au travail social organisé dans diverses institutions. Au musée Plantin d’Anvers fut organisée une exposition sur "Protestantse Drukken en Prenten uit de Hervormingstijd te Antwerpen". Signalons aussi l’existence en Flandre de deux musées, l’un à Sint-Maria-Horebeke consacré à l’écrivain Abraham Hans et au protestantisme flamand, l’autre à Vilvorde, le Musée William Tyndale, traducteur de la Bible en anglais, martyr de la Réforme, brûlé à Vilvorde en 1536.
232La musique a toujours été un des fleurons de la présence protestante dans la vie culturelle belge. Des chorales sont organisées comme les choeurs d’hommes les Pélerins du Borinage, fondés en 1944, la Chorale royale protestante de Bruxelles, la Koninklijke Protestantse Vereniging Excelsior qui existe depuis 1883 à Anvers. Des concerts publics sont donnés à Liège par l’asbl Orgue et Vie et sont organisés dans l’Eglise protestante de Bruxelles-Chapelle royale.
233Terminons en signalant que des voyages culturels sont organisés, notamment vers les hauts lieux du protestantisme : les Cévennes, les Eglises wallonnes des Pays-Bas, la Hongrie calviniste, les Vallées vaudoises du Piémont,…
Les activités missionnaires
234A la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, on assista à la création de sociétés étrangères vouées à la propagation de l’Evangile sous deux aspects essentiels : la diffusion de la Bible et les sociétés missionnaires. Mais dès avant la création de l’Etat indépendant du Congo (1885) et précédant de dix ans leurs confrères catholiques, des missionnaires protestants de la Livingstone Inland Mission et de la Baptist Missionary Society s’installaient au Bas-Congo, tandis que la Garanganze Evangelical Mission s’implantait au Katanga-Shaba. Ils furent bientôt rejoints par d’autres missions anglo-saxonnes et scandinaves. Après la création de l’Etat indépendant du Congo, la question de l’engagement outre-mer se posa avec acuité aux communautés protestantes belges : en Belgique et à l’étranger, on dénonçait des excès commis au Congo. En 1907, un Groupe des amis des missions s’était formé à Liège et avait publié deux ouvrages : "Matula le Congolais" et "Au Congo pour Christ !". Cette initiative amena deux ans plus tard la constitution de la Société belge de missions protestantes au Congo-SBMPC.
235Le mouvement qui se créa alors en Belgique, soutenu par le pasteur Henri Anet, voulait d’abord manifester la solidarité des protestants belges avec les missionnaires protestants engagés au Congo. Arrivés les premiers au Congo, ces missionnaires "étrangers" se voulaient solidaires de la population plutôt que des pouvoirs coloniaux. Un premier missionnaire partit dans le cadre de la Mission presbytérienne américaine au Kasaï (Luluabourg-Kananga). Après la première guerre mondiale, à la demande du roi Albert 1er, la SBMPC reprit une partie des stations ouvertes au Rwanda par la mission allemande de Bethel à Kirinda, Remera et Rubengera. Elle obtint l’aide de trois organismes : les Diaconesses du Ländli (Suisse), le Département missionnaire des Eglises protestantes de la Suisse romande et la Commission "Paruba" des Eglises réformées aux Pays-Bas. Dès le mois d’août 1956 eut lieu un premier synode à Kirinda, qui donna naissance à l’Eglise presbytérienne au Rwanda, et les missionnaires y furent intégrés en tant que coopérants. Plus tard, en 1990, l’Ecole de théologie de Butare accéda au statut de faculté universitaire, grâce au soutien de l’Eglise protestante unie de Belgique et de la Faculté de théologie de Bruxelles qui conclut avec elle une convention de partenariat. Toutefois les Eglises belges avaient auparavant institué le service d’aumônerie protestante auprès de la force publique et elles créèrent l’Eprokat (Eglise protestante du Katanga).
236L’Armée du salut débuta son activité au Congo en 1934 et la Mission évangélique belge créa en 1952 un Comité belge des missions en terres païennes qui fonda une station à Bomboma en Ubangui.
237Aujourd’hui, le travail de missionnaires est réalisé essentiellement à travers deux types de réseaux. Le réseau des dénominations d’Eglises : c’est le cas pour les adventistes, les baptistes, les pentecôtistes, les salutistes et, avec des nuances, pour l’EPUB. L’autre réseau est celui des sociétés missionnaires internationales qui appartiennent au courant évangélique.
238L’Eglise protestante unie de Belgique est engagée au Rwanda depuis 1921 d’abord via une société missionnaire puis directement en tant qu’Eglise. Le synode est directement responsable de la mission mais toutes les Eglises locales y apportent leurs contributions. L’EPUB soutient, avec d’autres Eglises réformées des Pays-Bas, de Suisse romande et des Eglises luthéro-réformées d’Allemagne, l’ensemble de l’œuvre de l’Eglise presbytérienne au Rwanda, indépendante depuis 1959 [19]. Des conventions bilatérales régissent les relations et la coopération entre l’Eglise presbytérienne au Rwanda et chacune des Eglises partenaires en Europe. En outre, une consultation multilatérale quadriennale fixe les grandes orientations et la répartition des programmes entre les partenaires. Cette consultation est toujours présidée par les autorités ecclésiastiques rwandaises. Ces programmes sont réalisés dans le domaine de l’évangélisation, de la formation de cadres (y compris des théologiens), de la santé, de l’animation rurale, du socio-éducatif, de l’enseignement. Soulignons une particularité : depuis cinq ans, un pasteur rwandais a été envoyé "en mission" dans une Eglise de Liège, avec l’aide de l’EPUB ; bientôt un autre rwandais s’installera en Flandre ; depuis 1985, l’EPUB et l’Eglise presbytérienne au Rwanda ont organisé ensemble quatre camps mixtes de jeunes belges et Rwandais (deux camps au Rwanda, deux en Belgique, il s’agit chaque fois de camps de travail et de mission).
239L’Armée du salut est présente dans 99 pays dont 55 du Tiers-Monde. Au Zaïre, les salutistes belges ont été à l’origine d’une action missionnaire aujourd’hui coordonnée à partir de Londres. Les missionnaires (officiers, collaborateurs formés, pasteurs, volontaires, assistants techniques) partagent la connaissance (formations scolaires, artisanales, rurales, médicales), la foi (cultes, formations bibliques, groupes d’enfants, jeunes, femmes), la vie (de la naissance à la mort en passant par les fêtes et les souffrances) à travers des entreprises d’évangélisation, de santé, de réinsertion sociale, d’éducation.
240La Fédération belge des Eglises adventistes du septième jour inscrit son action missionnaire dans l’œuvre mondiale coordonnée par la Conférence des Eglises adventistes. Les adventistes sont engagés dans presque tous les pays dans des projets d’enseignement et dans le domaine de la santé. Leurs actions humanitaires et de développement se font sous le label ADRA. Les Eglises adventistes belges sont responsables de sept envoyés, dont quatre Belges (Haïti, Kenya, Maroc, Rwanda).
241Les Assemblées de Dieu en Belgique collaborent avec celles de France et du Québec au bénéfice des Amérindiens du Canada, et disposent de quatre missionnaires au Burkina Faso. Elles entretiennent également des liens étroits avec des communautés-sœurs dans les pays de l’Est (actions caritatives). Un Comité missionnaire anime et coordonne toutes ces actions.
242L’Union des Baptistes en Belgique a en charge, dans le cadre d’une coordination baptiste européenne, deux postes missionnaires en Afrique. Les programmes soutenus par les Eglises baptistes d’Europe sont toujours initiés par les Unions nationales des Eglises d’outre-mer, élaborés en concertation avec les partenaires d’Europe et exécutés sur base de conventions.
243Les Assemblées de Frères en Belgique sont très engagés au Shaba (Zaïre) : elles soutiennent 3 écoles bibliques et 15 évangélistes. C’est la poursuite de la Mission Evangélique Garanganze. Un secrétariat des Missions édite une revue depuis 38 ans : A l’ombre de la Croix. Enfin, Le colis missionnaire belge (depuis 1955) envoie des livres, des médicaments, du matériel médical et scolaire et des vivres à 85 stations missionnaires de différentes dénominations au Bénin, en Côte d’Ivoire, à Madagascar, à la Réunion, au Sénégal et au Zaïre.
244Les Eglises Evangéliques libres en Belgique n’ont pas d’action missionnaire commune organisée. Chaque Eglise locale décide de ses engagements missionnaires et de leur financement.
245Les missionnaires issus de ces Eglises s’engagent dans des organismes non ecclésiastiques et de type international tels l’Association Wycliffe (spécialisée dans les questions de traductions), Campus pour Christ (actif dans les universités), la Société internationale missionnaire, Portes ouvertes (soutien aux chrétiens et Eglises en situation de détresse ou persécutés).
246Le deuxième type de réseau, celui des sociétés missionnaires internationales, n’est pas l’émanation directe des Eglises mais plutôt de chrétiens évangéliques issus de la plupart des Eglises protestantes (y compris de l’EPUB). A titre d’exemple, évoquons l’Alliance missionnaire évangélique (initiative suisse avec comités en France et en Belgique). Elle est présente en Angola, au Brésil, en Guinée, au Japon, en appui des jeunes Eglises locales. Elle cherche également à implanter de nouvelles Eglises ; elle met l’accent sur une confession de foi à laquelle adhèrent tous les collaborateurs : médecins, infirmier(e)s, mécaniciens, enseignants, agronomes, pasteurs, etc. A l’heure actuelle, trois missionnaires belges sont au travail en Guinée. La Mission évangélique contre la lèpre a des missionnaires belges en Indonésie et au Pakistan. Des belges poursuivent un travail missionnaire dans des pays comme la Nouvelle Zélande.
Les activités sociales
247Dès 1847 est fondé un refuge protestant pour vieillards à Bruxelles, et en 1873, un home protestant pour enfants Notre Maison. Léonard Anet, Emile de Laveleye et Jules Pagny fondent en 1881 la Société pour l’affranchissement des blanches (lutte contre la prostitution). Marie, dite Lilla, Monod, directrice des cours du futur Athénée royal Gatti de Gamond, consacre la fin de sa vie (1882) au Refuge, maison protestante de rééducation pour anciennes prostituées (en 1957, le Refuge est rebaptisé Foyer Lilla Monod). La Croix bleue belge, société d’abstinence voit le jour en 1885. En 1910, Peter Chrispeels fonde la clinique protestante à Uccle. En 1913, David Blume crée l’Oeuvre des garde-malades protestantes du Borinage. Gabrielle Revelard ouvrit un dispensaire à Uccle en 1912 et deux maisons de diaconesses. Arnold Rey fait campagne au sein du Comité liégeois de la Ligue patriotique contre l’alcoolisme ; après la guerre 1914-1918, il contribue à la création d’une école des parents et est l’initiateur de la clinique protestante Bethesda à Liège.
248En 1924 et 1933, sont ouverts les homes pour vieillards Béthanie et Paix du Soir ; Jacques Harts fonde les homes Bienvenue à Blaugies et Bon Accueil à Elouges. Pendant la seconde guerre mondiale, le Foyer des Enfants, à Uccle, prit une part active à l’évacuation d’enfants juifs traqués par les nazis et plusieurs autres institutions protestantes jouèrent un rôle dans le sauvetage de juifs. L’Entraide protestante du Borinage accueille de 48 à 56 des réfugiés des pays de l’Est. Après 1945, et sans pouvoir être exhaustif, signalons la création d’un foyer pour jeunes à Wasmuel, un foyer pour étudiants étrangers, le Foyer International protestant à Bruxelles, un foyer pour handicapés à Sugny, des homes pour personnes âgées à Ath (Sûr Abri), à Uccle (Suzanna Wesley), à Wasmes (home La moisson), à Pulderbos (Huize Pniel), des services sociaux pour étrangers et services sociaux polyvalents, une Fédération des œuvres sociales protestantes de Belgique, etc.
249Les Eglises évangéliques sont par choix relativement peu engagées dans le travail social ; il existe cependant dans la mouvance évangélique quelques homes pour enfants (à Genk) et homes pour personnes âgées, tant en Flandre qu’en Wallonie, un magasin de vêtements de seconde main, des centres de vacances pour jeunes, etc. Beaucoup d’Eglises disposent encore d’un service diaconal animé par une équipe de bénévoles chargés de l’assistance morale et matérielle des coreligionnaires. L’action de l’Armée du salut se réalise à travers ses hôtelleries et chantiers d’assistance par le travail (Bruxelles, Anvers et Liège), les foyers pour femmes battues et pour réfugiés (La Maison de la mère et de l’Enfant-Foyer Selah), un foyer pour enfants (Clair Matin) et un Centre de jeunesse à Spa.
250Mais on pourrait aussi dresser la liste (non exhaustive) de ce qui a disparu ou qui a perdu son identité protestante : orphelinat, foyer pour étudiants étrangers, certaines sociétés de Croix Bleue, home pour handicapés, clinique protestante, Fédération des œuvres sociales, centre de consultations conjugales, pouponnière, homes du 3ème âge, dispensaires, sans parler de ce qui n’existe (pratiquement) pas : services d’aides familiales, travail de quartier, actions en faveur de drogués (à l’exception de Teen Challenge et de Jeunesse en Mission dans la mouvance des Assemblées de Dieu), actions en faveur des prostitué(e)s, homosexuel(le)s, personnes atteintes du sida,… Il n’existe pas non plus de "communautés de base", de missions populaires comme en France (travail auprès des ouvriers dans les usines), pas d’école de formation des responsables d’œuvres,…
251La Commission pour le Diaconat paroissial de l’Eglise protestante unie de Belgique disait dans un rapport datant de mars 1991 : "Notre Commission apparaît comme étant en marge de l’action sociale qui s’effectue sur le terrain… Ces associations prévoient également des temps de réflexion sur leur propre travail. Dans cette perspective, la place de notre Commission devient de plus en plus difficile à définir. Nous nous proposons donc d’être attentifs à l’évolution du paysage social dans l’EPUB et de rester à la disposition des différentes associations pour assurer un relais entre elles et le Synode. Une telle démarche est d’autant plus justifiée que notre Commission comporte un nombre très réduit de membres, signe manifeste d’un total manque d’intérêt de la part des districts…". Les protestants préfèrent-ils désormais s’engager dans des organisations pluralistes ? Le secteur social est-il le premier ou le seul touché par un recul du dynamisme des protestants ? Peut-être la situation est-elle plus favorable en Flandre qu’en Wallonie : la 20ème journée diaconale flamande (que les francophones ont abandonnée) a été organisée grâce à l’action conjointe de la Commission pour le diaconat paroissial et de la Commission de formation des adultes (cette dernière va être relancée en Wallonie et à Bruxelles).
252A titre exemplatif, nous décrirons plus en détails quelques institutions sociales protestantes choisies de manière arbitraire.
253Le Centre social protestant de Bruxelles, association sans but lucratif, fondé en 1957, est constitué de membres des Eglises protestantes bruxelloises, en majorité de l’EPUB. Sa direction est restée protestante, la moitié des assistants sociaux et la plupart des 50 bénévoles sont protestants. Il est agréé par la Région bruxelloise et occupe des TCT. Le service social englobe un service polyvalent et un service pour réfugiés. Grâce à un service de ramassage, le Centre social protestant a ouvert deux boutiques (meubles et vêtements vendus à prix réduits) ; il organise aussi deux ateliers (couture, tricot), un restaurant social (Babbelkot) et dispose d’un service d’aides ménagères. Le lien avec les Eglises est maintenu à travers un bulletin mensuel qui fournit des informations sociales ; il est - fait rare pour un service social - propriétaire du bâtiment qu’il occupe. Comme d’autres services protestants, il est ouvert à tous, sans distinction de croyance ; 68 % de ses nouveaux clients en 1992 étaient des isolés et 85 % avaient des ressources inférieures à 24.000 francs par mois.
254Le Centre social protestant avec l’aide des Eglises bruxelloises organise chaque année un Noël Portes ouvertes qui réunit plus de 200 personnes. A Liège (Entraide protestante liégeoise) et à Mons (Entraide et solidarité protestantes), les équipes travaillent en collaboration avec le Service social des étrangers. Si Liège ne travaille qu’avec des bénévoles, Mons utilise en outre du personnel plein temps sous statuts FBI ou PRIM ; ces deux services constituent un prolongement du travail diaconal des Eglises locales. L’asbl Entraide et solidarité évangélique protestante-ESEP constitue la diaconie régionale pour le secteur de Charleroi où existe encore une Maison familiale pour enfants placés par le juge (Clairs Horizons).
255L’asbl Accueil protestant a été fondée par le Centre social protestant de Bruxelles en 1975 en vue d’apporter une aide sociale aux détenus, internés, ex-détenus et leurs familles ; l’assistante sociale employée plein temps visite en prison les détenus qui lui ont été signalés. Les réunions avec les visiteurs bénévoles et les aumôniers sont organisées systématiquement deux fois l’an. Par ailleurs, l’assistante sociale accueille et accompagne tout sortant de prison et/ou sa famille en vue d’organiser sa réinsertion dans la société, qu’il soit protestant ou non.
256Le Centre social protestant d’Anvers créé en 1980 comme une antenne du centre de Bruxelles fonctionne aujourd’hui en association sans but lucratif autonome avec un employé plein temps, un aumônier mi-temps pour étrangers, un pasteur, des collaborateurs TCT et avec une assistante sociale mi-temps de Caritas ainsi qu’avec des bénévoles. Le service dispose d’une boutique de vêtements et d’une maison d’accueil (de Halm) ouverte aux hommes en difficultés (réfugiés, ex-détenus, alcooliques). Service multiculturel, il est aussi soutenu financièrement par plusieurs paroisses catholiques. A Ostende, le Service social est principalement tourné vers les étrangers ; il s’agit d’une initiative protestante qui perd progressivement son cachet protestant ; à l’assemblée générale siègent des catholiques et des étrangers musulmans ; le service entretient des contacts avec les autorités locales et les services provinciaux.
257Le Service social des étrangers fut créé en 1962 et reste largement d’inspiration protestante. Il développe des programmes d’action en faveur de personnes en situation d’exclusion sociale en région bruxelloise et en région wallonne. En 1992, les assistants sociaux ont ouvert environ 2.000 dossiers relatifs à 82 nationalités différentes. Le service a entrepris des actions englobant à la fois le social, le culturel et l’économique. Le service assure un travail d’orientation qui favorise l’accès des personnes aux services sociaux ainsi qu’un accompagnement individuel qui "stimule" le processus d’intégration sociale. Priorité a été donnée à des actions de "redynamisation" culturelle, aidant les personnes en situation d’infra-droit des quartiers les plus défavorisés à (re)devenir des acteurs de la vie sociale. Une personne en situation d’exclusion sociale doit pouvoir bénéficier de formations professionnelles lui donnant accès au marché de l’emploi. Le Service social des étrangers a donc mis sur pied des programmes de formation et assure un suivi à l’insertion socio-professionnelle. Le Service social des étrangers est subsidié par la région bruxelloise, la province de Brabant, le Fonds social européen, le Conseil oecuménique des Eglises, l’EPUB, … Pour mener à bien les programmes d’actions, le service s’appuie sur neuf centres, dont six de formation professionnelle fréquentés par 200 élèves.
258A Bruxelles, on trouve :
- le Service d’accueil et de formation qui s’adresse à des réfugiés et travailleurs migrants de toutes nationalités et de tous âges. Il mène des actions d’accompagnement individuel, de prise en charge de problèmes administratifs, d’orientation vers les services publics compétents, d’aide aux détenus, etc. Il forme aussi des animateurs et intervenants sociaux en matière de prévention du sida ;
- le Centre des Etangs noirs : concerne essentiellement des jeunes issus de l’immigration ayant pour la plupart des problèmes de délinquance et/ou de toxicomanie et étant en décrochage scolaire. Il mène des actions d’accompagnement social individuel, de suivi psychologique et de formation d’animateurs radio, il a créé un journal bimestriel ; en outre sont organisées des formations professionnelles en électricité, menuiserie, rénovation du bâtiment, mécanique automobile et Horeca, ainsi que le suivi à l’insertion professionnelle ;
- le Centre des jeunes filles - section secrétariat s’adresse à des jeunes filles (18-25 ans), essentiellement d’origine immigrée en situation d’échec scolaire grave ;
- le Centre des jeunes filles - section Horeca concerne des jeunes filles (18-25 ans) ayant connu des problèmes de toxicomanie et/ou de délinquance ainsi que de graves problèmes au niveau de la cellule familiale. La formation professionnelle et le suivi à l’insertion professionnelle sont destinés aux entreprises du secteur hôtelier ;
- Formation et aide aux entreprises, association sans but lucratif qui dispose de 3 centres : Centre de culture in vitro, Centre de développement horticole, Centre de formation en confection de vêtements en cuir. Ces activités s’adressent essentiellement à des réfugiés originaires du Moyen-Orient et d’Afrique centrale. Les actions culturelles touchent à l’alphabétisation, l’apprentissage du français, l’éducation sanitaire, la législation sociale. Dans chaque Centre, le suivi à l’insertion professionnelle est assuré.
259En Région wallonne, on trouve :
- le Service social des étrangers, à Mons, qui s’adresse essentiellement aux réfugiés originaires du Moyen-Orient et d’Afrique Centrale. Des cours d’alphabétisation et des cours de français sont dispensés ;
- le Service social des étrangers, à Liège, de structure identique à celui de Mons, avec en outre une école de devoirs.
L’entraide internationale
260Il n’est pas facile de tracer une frontière nette entre les actions de propagation de l’Evangile et les actions d’entraide internationale. Néanmoins et sans être exhaustif, relevons trois organismes d’entraide.
261Dans les années 1970, une concertation s’engagea entre la Commission Eglise et coopération au développement et la Mission protestante de Belgique (ex-SBMPC) dans le but de créer un organisme d’action sur le plan de la solidarité mondiale et du développement. L’organisation non gouvernementale Solidarité protestante fut créée en 1977. Elle est agréée par la Coopération belge au développement comme organisation non gouvernementale de cofinancement de projets et les dons de particuliers bénéficient de l’exonération fiscale. En ce qui concerne les projets de développement, cofinancés ou non, Solidarité protestante est engagée en Asie (Inde), en Afrique (Burundi, Côte d’Ivoire, Maroc, Rwanda, Tchad, Togo) et en Amérique latine (Uruguay) ; le Rwanda draine la plus grande part de l’aide octroyée. Les fonds destinés à ces actions proviennent de donateurs occasionnels ou réguliers, de communautés protestantes ou d’associations diverses. Certains projets sont intégrés dans l’action 11.11.11. Solidarité protestante se préoccupe aussi de l’aide d’urgence. Cette action se limite généralement à la réception des dons du public et des communautés et à leur transfert vers les destinataires, partout dans le monde, en fonction des urgences : catastrophes naturelles et campagnes de lutte contre la faim en Afrique. Solidarité protestante fait également partie du consortium des organisations non gouvernementales d’aide d’urgence. En ce qui concerne l’information et la formation, l’impact de Solidarité protestante reste modeste. L’organisation non gouvernementale se contente de garder le contact avec les donateurs effectifs ou potentiels par le moyen d’un feuillet d’information publié tous les deux mois. Des causeries et une exposition sont également organisées à l’intention des groupements qui s’y intéressent. Solidarité protestante utilise le plus possible le travail de volontaires, afin de réduire les dépenses administratives et de conserver ses moyens pour l’action sur place : 3 % sont déduits des dons. Sur un total de près de 27 millions (chiffres de 1992), 8,4 millions proviennent de dons de particuliers et d’Eglises locales, 12,6 millions de l’Administration générale de la coopération au développement-AGCD et 5,9 millions de subsides divers.
262La Mission évangélique contre la lèpre est une organisation humanitaire chrétienne, internationale et interecclésiale, qui depuis 1874, apporte une aide physique, sociale et spirituelle à des personnes souffrant des conséquences de la lèpre. Travaillant dans plus de 50 pays, du Canada à la Nouvelle Zélande, mais surtout en Asie et en Afrique, la mission est responsable des soins et du traitement de près de 400.000 malades de la lèpre, ce qui la place au rang d’une des plus grandes organisations non gouvernementales de traitement de la lèpre dans le monde. Elle collabore avec de nombreuses Eglises, gouvernements et organisations, et emploie quelque 40.000 équipiers nationaux, médicaux ou non. La Mission évangélique contre la lèpre-Belgique-MELB est agréée comme organisation de formation et d’information pour le développement et a envoyé deux coopérants belges travailler en Indonésie. Mais elle soutient aussi d’autres missionnaires belges, sélectionnés par d’autres missions, subventionnés par la MEL. En plus des soins médicaux, elle mène des actions d’éducation et de prévention et surtout de réhabilitation après la guérison. Ainsi, la Belgique soutient encore toujours - en collaboration avec Solidarité protestante - deux projets en Inde : un centre de formation technique à Nashik et un centre d’école secondaire pour enfants souffrant de la lèpre à Kothara. La Mission évangélique contre la lèpre-Belgique collabore à d’autres projets dans le monde : elle crée des ateliers protégés, elle accorde des prêts pour acheter du bétail, pour lancer un petit commerce, elle offre des machines à coudre ou d’autres ustensiles ; elle construit des maisons d’accueil pour les personnes rejetées.
263L’Association protestante des volontaires de la coopération a été créée en 1966 par différentes dénominations protestantes en Belgique. Son but est de sélectionner, préparer et recruter des volontaires pour les mettre au travail dans les pays du Tiers-Monde. Actuellement, l’association compte près de 100 volontaires sur le terrain. Ils travaillent en Afrique, en Asie et en Amérique latine pour des projets gérés et financés par des organismes tels que Solidarité protestante, Tear-Fund, Methodist World Mission, Eglise protestante unie de Belgique, Association Wycliffe, Missions pentecôtistes, Eglise adventiste du 7ème jour, Assemblées de Dieu, Eglises baptistes, etc. L’Association protestante des volontaires de la coopération est un organisme reconnu et subventionné par l’Etat belge. Son budget s’élève à quelque six millions. Depuis 1992, l’association organise des stages de formation agréés par l’AGCD.
Les organisations interecclesiales et internationales
Le Conseil oecuménique des Eglises
264Au début du XXème siècle, lorsque le mouvement oecuménique international prend forme (cf la création en 1922 du Bureau de l’entraide oecuménique), les Eglises belges ne sont pas absentes de ces instances, ni de l’Alliance universelle pour la paix (créée en 1914). Au départ, les petites Eglises belges ont aussi compris ces initiatives comme un mouvement de collaboration interne au protestantisme (le rôle des Eglises orthodoxes étant plus que discret au début).
265Les Eglises belges sont officiellement représentées à la Conférence pour le christianisme pratique (Life and Work) à Stockholm en 1925, ainsi qu’à Lausanne en 1927 pour la réunion de Foi et Constitution, ou à Oxford et Edimbourg en 1937 où il fut décidé de mettre sur pied le Conseil oecuménique des Eglises créé en août 1948 à Amsterdam, les Eglises belges figurent officiellement parmi les fondateurs du Conseil oecuménique des Eglises-COE.
266Dès 1938, un comité provisoire avait été créé à Utrecht, mais à cause de la guerre, ce ne fut que le 23 août 1948 que le Conseil oecuménique des Eglises fut fondé officiellement à Amsterdam. 147 Eglises de 44 pays représentaient les confessions anglicane, catholique non romaine, orientales préchalcédoniennes, orthodoxes (patriarcat de Constantinople) et protestantes.
267Lors de la troisième assemblée à New Delhi en 1961, 23 nouvelles Eglises se joignirent, parmi lesquelles l’Eglise orthodoxe du patriarcat de Moscou et des Eglises orthodoxes autocéphales, tandis que le Conseil international des missions, créé en 1910, était intégré.
268Dès l’origine, des oppositions s’étaient manifestées. D’une part, au sein de l’Eglise catholique romaine à la suite de l’Encyclique Mortalium Animos (1928) contre l’oecuménisme. Toutefois, le concile Vatican II fit volte face et créa le Secrétariat pour l’unité des chrétiens, qui entretient des rapports avec le COE. D’autre part, les protestants évangéliques créèrent, aussi à Amsterdam en 1948, le Conseil international des Eglises chrétiennes, qui rassemble une soixantaine d’Eglises opposées au "libéralisme" et au "catholicisme" du COE [20].
269Le Conseil oecuménique des Eglises-COE a exercé une influence sur la réflexion théologique et éthique des Eglises belges (à l’exception des milieux évangéliques). Des tensions sont perceptibles dans le domaine de l’éthique. A titre d’exemples, signalons les controverses nées autour des questions relatives à l’armement nucléaire, au désarmement, et les débats difficiles, surtout en Flandre, à propos de l’Afrique du Sud et de la lutte contre l’apartheid. Pour des raisons culturelles, le protestantisme de langue néerlandaise présente des affinités avec des courants théologiques et éthiques que l’on rencontre aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Grande-Bretagne et que l’on pourrait qualifier de "progressistes".
270Deux programmes du Conseil oecuménique des Eglises-COE, "Hommes et femmes dans l’Eglise" et la décennie "Eglises solidaires avec les femmes", ont contribué, modestement, à faire baisser les tensions autour de la question du ministère pastoral féminin.
271Depuis la fin des années 1980 et en collaboration avec de nombreuses paroisses catholiques, l’Eglise protestante s’est engagée dans un processus conciliaire en faveur du programme du Conseil oecuménique des Eglises-COE appelé "Justice, paix et sauvegarde de la Création". Une délégation commune protestante-catholique a participé aux travaux de Bâle (Pentecôte, 1989) et depuis cette date, la collaboration s’est encore approfondie.
Présence de l’EPUB aux plans belge, européen et mondial
272Depuis 1989, l’EPUB a entamé une série de pourparlers avec les Eglises évangéliques. Ces discussions semblent se dérouler plus facilement du côté francophone. Sans doute est-ce dû pour une part à l’orientation un peu plus conservatrice des membres francophones de l’EPUB par rapport à leurs coreligionnaires flamands. En outre, du côté flamand, bien des groupements évangéliques sont dirigés par des "conducteurs" d’origine hollandaise qui se refusent à tout compromis. Les cours de religion dans les écoles, l’organisation des aumôneries dans les hôpitaux, les prisons ou à l’armée amèneront sans doute les deux courants à conclure un compromis. Mais les bonnes relations avec les paroisses catholiques qu’entretiennent au plan local diverses Eglises de l’EPUB peuvent rendre plus délicat le rapprochement avec les évangéliques.
273Il convient de mentionner la collaboration prudente qui s’est instaurée entre l’Eglise catholique romaine, l’Eglise anglicane, l’Eglise orthodoxe (du Patriarcat oecuménique) et l’EPUB ; les travaux se déroulent au sein d’une commission, organe de concertation des Eglises chrétiennes en Belgique. La présidence et le secrétariat changeant chaque année, on ne peut pas encore en attendre beaucoup de résultats ; en revanche, une collaboration plus active peut être enregistrée à la base ; par exemple les Conseils d’Eglises à Anvers et Turnhout, les liens suivis entre Eglises à Bruges, Gand, Louvain, Bruxelles ou encore le "groupe de Heverlee" et les groupes de "Prêtres et Pasteurs" à Charleroi et à Liège qui existent depuis 25 ans et réunissent des pasteurs et des prêtres réguliers et séculiers. Cette collaboration se développe davantage dans la partie flamande du pays.
274Il faut encore citer la Conférence des Eglises européennes qui a son siège à Genève ; si les premiers contacts remontent à 1957, c’est en 1960 qu’un secrétariat permanent est créé au niveau européen en vue de tisser des liens avec les Eglises des pays de l’Europe centrale et de l’Est.
275Par ailleurs au fil des années, de très nombreuses organisations oecuméniques européennes ont établi un siège à Bruxelles ; dans la plupart d’entre elles, même si c’est de manière modeste, l’EPUB est présente. Des pasteurs, des professeurs de religion ont contribué à la création de la Commission oecuménique européenne pour Eglise et société, lieu de rencontre et de discussion des Eglises européennes, qui leur permet de suivre les développements de l’Union européenne. Citons aussi le Comité des Eglises pour les migrants en Europe, groupe de pression des Eglises en matière de défense et de renforcement des droits des plus faibles (migrants, réfugiés et leurs familles). Rappelons le rôle du Service oecuménique européen pour le développement-EECOD dans lequel collaborent des organisations et commissions catholiques. La mission de ce comité consiste d’une part à informer les Eglises du Tiers-Monde des conséquences des réglementations et accords conclus au sein du GATT et de l’Union européenne en matière d’emploi, immigration, questions économiques et sociales, … ; d’autre part à élaborer, pour les milieux européens, des programmes éducatifs et informatifs dans le secteur de l’aide au développement.
276L’EPUB est également affiliée à l’Alliance réformée mondiale-ARM créée au XIXème siècle comme point de rencontre des Eglises réformées et presbytériennes, ainsi qu’au Conseil méthodiste mondial dont le siège est établi aux Etats-Unis.
Protestants et catholiques en Belgique
277L’histoire des relations entre les deux confessions est lourde d’un passé fait de guerres de religion, de persécutions ou de brimades diverses. Depuis le concile Vatican II les rapprochements ont été rapides et à l’échelon local des initiatives ont été prises : groupes d’études bibliques, échanges de chaires, équipes de réflexion où des chrétiens se rencontrent et étudient les fondements de leur foi et prient ensemble. Des documents officiels ont encore influencé cette évolution : reconnaissance interecclésiale du baptême ; en 1971, traduction oecuménique de la Bible, … En Belgique, divers groupes (Comité interecclésial à Bruxelles, Conseil interecclésial à Anvers, lieux d’une réflexion commune entre catholiques et protestants outre des personnes d’autres confessions chrétiennes) ont vu le jour. Des mariages mixtes ont été célébrés conjointement. Les pratiques du re-baptême catholique ont été progressivement abandonnées. Une pastorale auprès des couples de mariages mixtes, une autre auprès des malades ("Une voix, une espérance") ont été mises sur pied ensemble. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens marque toujours un temps fort dans cette démarche oecuménique. La plate-forme de concertation des Eglises chrétiennes sur le plan national concrétise ce rapprochement.
278Toutefois, le raidissement d’une partie de la hiérarchie catholique, les positions tranchées du Pape en bien des domaines, un certain retour à la dévotion mariale et surtout la puissance du magistère ont rendu la collaboration plus difficile au sein des structures respectives.
Un monde protestant ?
279Cette étude constitue un premier essai, relativement complet, de description du protestantisme et d’identification des principales organisations protestantes. L’accent n’a toutefois pas été mis sur l’observation des mécanismes de décision interne et sur l’analyse des rapports de force entre ces organisations. Les raisons sont sans doute à trouver dans le fondement même de la pensée protestante résidant dans un rapport "unique" entre Dieu et le croyant protestant. Ce rapport personnel et individuel induit des types de comportements et de structuration en groupes. On ne se trouve donc pas dans un contexte semblable à celui qui préside à la sociologie religieuse construite de longue date dans le monde catholique, dominant au sein des confessions chrétiennes et ayant assis son pouvoir dans certains Etats, comme en Belgique, par l’importance de ses structures et de ses réseaux.
280Cette remarque est une première réponse à la question de savoir s’il existe un "monde protestant" comme il existe un "monde catholique". Un "monde" implique l’existence d’un réseau de personnes et d’organisations liées entre elles par des liens organiques et/ou financiers, réseau engendré par et engrendrant un sentiment d’appartenance à une communauté d’intérêts et de convictions et essaimant dans tous les aspects de la vie privée et collective. Ces éléments sont présents dans le cas du protestantisme, même s’ils sont vécus de manière diverse ou diffuse.
281Parler de "mondes" en Belgique renvoie aussi aux principaux clivages de la société belge, clivages à l’origine de la création des partis politiques devenus les pôles politiques de ces "mondes" [21]. Les dynamiques internes et externes particulières à chacun d’eux ont fait évoluer ces ensembles. Des discussions s’engagent aujourd’hui sur le poids et la centralité à réserver aux partis politiques et même sur la pertinence du maintien des liens organiques constitutifs des mondes eux-mêmes. Quoiqu’il en soit, dans cette acception, il n’y a pas de "monde protestant" en Belgique : refus de structure politique organisée sur cette conviction, absence de structures syndicale, mutualiste ou coopérative affiliées.
282Les liens qui unissent les protestants en Belgique ne sont pas de nature sociologique ou politique mais religieuse. Les organisations protestantes cherchent plus à assurer la pérennité et la diffusion de la foi protestante qu’à défendre un modèle de société. La prédication et l’action caritative et missionnaire, en Belgique et dans le Tiers-Monde, se situent dans cette perspective.
283Les relations des Eglises protestantes avec les institutions du monde séculier semblent très limitées. Elles ne disposent pas de relais institutionnels structurés pour exercer des pressions ou des influences collectives. Les relations entre Eglises protestantes, avec l’Eglise catholique et avec les autres Eglises chrétiennes se jouent sur le plan de l’oecuménisme, où les enjeux sont davantage doctrinaux que socio-politiques. Quant aux organisations sociales du monde protestant, peu nombreuses et peu enclines à se doter d’organismes de coordination (du type Caritas), elles peuvent tout au plus compter sur des relais individuels.
284A titre individuel, des protestants s’engagent dans des actions sociales et politiques extérieures. Une présence dans une pluralité de lieux et l’existence d’une diversité d’orientations protestantes permettent aux protestants de se définir comme "pluralistes". Cette perception est corroborée par la composition sociale diversifiée du protestantisme en Belgique, l’appartenance à l’une ou l’autre Eglise ayant une connotation sociale étant cependant moins marquée que dans les pays anglo-saxons.
285Les tendances doctrinales et théologiques qui sous-tendent la pluralité d’Eglises protestantes se marquent dans les relations qu’elles adoptent à l’égard des pouvoirs publics. L’EPUB est reconnue et subventionnée par l’Etat et le président du synode est considéré comme le représentant officiel du protestantisme belge ; mais de nombreuses Eglises - surtout dans le courant évangélique - adhèrent à une stricte séparation de l’Eglise et de l’Etat et refusent dès lors toute forme de reconnaissance et de subventionnement.
286La diversité des Eglises protestantes, renforcée par l’absence de structure centralisatrice et leur moindre insertion dans la réalité socio-culturelle belge, participent à leur méconnaissance.
Notes
-
[1]
P. Chaunu, L’Aventure de la Réforme. Le monde de Jean Calvin, Paris, Hermé-Desclée de Brouwer, 1986, p. 137.
-
[2]
E.M. Braekman, Guy de Brès, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1960.
-
[3]
E.M. Braekman, "Le protestantisme bruxellois sous la république calviniste", Etat et religion aux XVème et XIème siècles, Ed. H. Van Nuffel, Bruxelles, 1986, pp.301-318.
-
[4]
E.M. Braekman, Histoire de l’Eglise protestante de Liège, Les Amis de l’Eglise protestante de Liège-Marcellis, Liège, 1993.
-
[5]
A. Eckhof, De Hervormode Kerk in Noord-Amerika (1624-1664), éd. M. Nijhoff, La Haye, 1913.
-
[6]
E.M. Braekman, Histoire du protestantisme au Congo, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1961, pp.29-41.
-
[7]
E.M. Braekman, Le Protestantisme à Bruxelles, Bibliothèque royale Albert 1er, Bruxelles, 1980.
-
[8]
R. Collinet, Histoire du protestantisme en Belgique aux XVIIe et XVIIIe siècles, Librairie des Eclaireurs unionistes, Bruxelles, 1959.
-
[9]
E.M. Braekman, Histoire du protestantisme en Belgique au XIXe siècle 1795-1865, Le Phare, Flavion, 1988.
-
[10]
W. Lutjcharms, De Vlaamse Opleidingsscool van Nicolaas de Jonge en zijn opvolgers (1875-1926), Société d’histoire du protestantisme belge, Bruxelles, 1978.
-
[11]
P. Teissonnière, Livre Blanc du Foyer de l’Ame, Editions du Foyer de l’Ame, Bruxelles, 1938.
-
[12]
Il s’agissait de cinq Eglises locales organisées à partir de 1974 en un synode du Nord Brabant et du Limbourg des Gereformeerde Kerken aux Pays-Bas.
-
[13]
Pour une brève histoire de ce processus d’unification, voir Jos Dhooghe, "Le protestantisme en Belgique", in L. Voyé, K. Dobbelaere, J. Remy, J. Billiet, La Belgique et ses dieux, Cabay, 1985, pp. 311-332.
-
[14]
Sous la direction de P.-M. Bogaert, Les Bibles en français, Brepols, Turnhout, 1991.
-
[15]
Roger Mehl, "La théologie protestante", Que sais-je, n ° 1230, Presses universitaires de France-PUF, 1967.
-
[16]
J. Ellul, La subversion du christianisme, Le Seuil 1984.
-
[17]
E. Fuchs, L’éthique protestante. Histoire et enjeux, Labor et Fides, Genève.
-
[18]
Créées à Bruxelles, Anvers et Denderleeuw en 1930, là où existaient des paroisses des Gereformeerde Kerken, les écoles avec la Bible dispensaient un enseignement primaire selon le programme hollandais. Aujourd’hui ces écoles primaires libres, subventionnées par la Communauté flamande, subsistent notamment à Malines, à Gand, à Genk et à Boechout. Elles sont ouvertes à des non-protestants.
-
[19]
M. Twagirayesu et J. Van Butselaar, "Ce don que nous avons reçu", Histoire de l’Eglise Presbytérienne au Rwanda (1907-1982), Commission d’histoire de l’Eglise presbytérienne au Rwanda, 1982.
-
[20]
G. Thils, Histoire doctrinale du movement oecuménique, Deslée de Brouwer, Paris, E. Warny, Louvain, 1962.
-
[21]
Historiquement c’est sur le clivage religieux-non religieux que se sont marquées les premières oppositions ; elles ont notamment abouti à la création du premier parti politique au sens moderne du terme, le Parti libéral en 1846, suivi en 1884 par le Parti catholique. Rappelons que le troisième parti constitué au siècle dernier, le Parti ouvrier belge, l’a été sur une autre fracture de la société belge.