Notes
-
[1]
Le dessin animé, Dossiers de l’audio-visuel, INA, No 10, Nov-Déc 1986.
-
[2]
En ce qui concerne la Belgique (francophone plus particulièrement), le lecteur trouvera une présentation de ces évolutions dans l’Annuaire de l’audio-visuel, Ed. Mardaga - Ministère de la Communauté française, 1986, et Annuaire de l’audio-visuel, Ministère de la Communauté française -Edimedia, 1988.
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[3]
Le dessin animé, op. cit.
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[4]
Ibidem.
-
[5]
On notera que, ayant d’importants volumes à produire et évitant de dépendre exclusivement de leur main d’œuvre intérieure, les firmes américaines ont cédé une partie de leur marché de fabrication aux pays du sud-est asiatique (principalement la Corée du Sud, Taïwan et Hong-Kong).
-
[6]
Vision, Vidéodoc, Moniteur du film en Belgique, Media Magazine, Institut national de l’audio-visuel, CCAC,…
-
[7]
Qui a cessé ses activités en novembre 1987.
-
[8]
Dont l’activité est cependant réduite depuis 1975.
-
[9]
La série Les Schtroumpfs (190 épisodes de 30 minutes) est réalisée par les studios Hanna Barbera, à Los Angeles, qui ont, eux mêmes, fait appel à des sous-traitants en Asie du sud-est pour environ la moitié de la série. Cette série aurait impliqué au total quelque 45.000 personnes dans le monde pour la réalisation des épisodes et la fabrication des produits dérivés.
Introduction
1 Dans le secteur audio-visuel où l’ensemble des observateurs et des estimations s’accordent pour dire que la demande et les besoins d’images ne cesseront de croître à moyen ou à long terme, le développement des industries de programmes, et la position que les pays européens peuvent prétendre y occuper, sont des questions qui méritent quelque attention.
2 Le présent Courrier hebdomadaire concerne l’un des secteurs de ces industries de programmes en Belgique : le cinéma d’animation.
3 Le cinéma d’animation revêt des formes très diversifiées et peut trouver de multiples créneaux de diffusion. Cependant, les grandes séries de dessin animé pour la télévision représentent aujourd’hui 90 à 95 % du marché global de l’animation dans le monde, le solde consistant en longs métrages destinés à l’exploitation en salles, en courts-métrages, en films publicitaires, didactiques, d’entreprise, etc. [1]. Et il est prévisible que la demande en séries destinées aux chaînes de télévision continuera de se développer, en même temps que les possibilités de consommation d’"images mécanisées" à domicile, induites par l’extension des réseaux cablés, l’élargissement des créneaux horaires des chaînes de télévision existantes, la création de nouvelles chaînes, la multiplication des possibilités de diffusion par satellite, la croissance du marché des magnétoscopes et des vidéocassettes, etc. [2].
4 Dans les pays occidentaux, l’industrie du dessin animé est marquée par la double hégémonie des États-Unis et du Japon qui ont créé des structures industrielles et commerciales importantes capables de répercuter l’offre et de rencontrer la demande de programmes sur le plan intérieur et international.
5 Selon toutes les sources consultées, c’est le Japon qui, ayant compris l’importance et la spécificité de la production de longues séries de dessins animés destinés à la télévision (52, 65, ou 104 épisodes) se place en tête de ce marché, amenant même les américains à céder une part de leur propre marché aux entreprises japonaises. Selon l’INA [3], cette industrie japonaise est réputée capable de produire 1.800 épisodes de 26 minutes par an, et elle occuperait au total 20.000 personnes.
6 À titre d’exemple, la firme TOEI Animation, considérée comme la plus grande société de réalisation de séries d’Extrême-Orient, produit 250 épisodes de 26 minutes par an, emploie 600 personnes et fait travailler 60 entreprises en sous-traitance. Parmi ses réalisations les plus connues, on compte Goldorak, Capitaine Harlock, Candy-Candy, Les misérables, Arsène Lupin. La firme travaille à la fois en direction des télévisions et des sponsors japonais et exécute des travaux de sous-traitance pour des entreprises américaines.
7 Sur le plan de la diffusion, les télévisons japonaises, dès le milieu des années 60, ont progressivement augmenté le temps d’antenne réservé aux dessins animés. Elles en diffusent actuellement plus de 45 heures par semaine.
8 Aux États-Unis sont produites en moyenne par an 22 séries de 52 à 65 épisodes. Les trois principales entreprises sont Hanna Barbera (le numéro 1 mondial qui assure à lui seul plus de la moitié de la programmation des grands réseaux de télévision), Filmation et Marvel. Ensemble ils produisent plus de 400 heures de dessins animés par an et emploient 1.200 personnes [4]. La firme Walt Disney s’est délibéremment spécialisée dans la production de films d’animation destinés à la diffusion en salles [5].
9 La force des entreprises américaines et japonaises découle, pour une bonne part, de l’importance de leurs marchés intérieurs respectifs qui leur permettent d’amortir des programmes d’envergure sur base de la commande d’un seul réseau de télévision.
10 Face à la position dominante des producteurs et fabricants japonais et américains, et en l’absence de données synthétiques concernant l’industrie du dessin animé en Europe, certains pays ont entrepris d’étudier la situation économique de leur propre cinéma d’animation.
11 La recherche qui est à la base du présent Courrier hebdomadaire s’inscrit dans ce contexte. Elle présentait un caractère largement exploratoire et s’est donné pour objectifs principaux d’identifier les agents de la branche, d’étudier leurs caractéristiques et de constituer, dans la mesure du possible, un ensemble de données factuelles les concernant. C’est à partir de questionnaires, de rencontres et d’interviews avec des dirigeants d’entreprises audio-visuelles, des producteurs, des éditeurs, des studios, avec des responsables d’institutions et d’associations professionnelles, …, ainsi qu’au moyen de publications de presse et d’organismes de recherche [6], que cette élaboration des données a été réalisée. Le présent Courrier hebdomadaire reflète les résultats de ces démarches, comportant à la fois une synthèse des données et la présentation de "cas de figure". L’annexe 1 présente les principales caractéristiques des agents producteurs et/ou fabricants de films d’animation.
12 La recherche a été réalisée par nos soins aux Ateliers des Arts (ADA) en 1986/1987, pour le compte de la Direction de l’audio-visuel du Ministère de la Communauté française. Dans le cadre du Centre d’information et de recherche sur l’économie de la culture et de la communication (CIRECC), nous avons actualisé diverses données et avons réarticulé et synthétisé le rapport original en vue de sa publication.
1 – Définitions et typologie
Définition
13 L’animation donne l’illusion du mouvement en présentant, en succession rapide, des images correspondant à différentes phases de ce mouvement. À la différence du film en prises de vues réelles où les événements se déroulent devant la caméra, le film d’animation crée le mouvement par la prise de vues image par image. Le principe de l’animation ne se limite pas aux images graphiques : on peut aussi filmer image par image des photos d’objets, des marionnettes, des poupées, des personnages en plasticine, etc.
14 Selon cette définition font partie du cinéma d’animation :
- le "dessin animé" proprement dit, réalisé à partir d’images graphiques filmées image par image ;
- les films de marionnettes, poupées, personnages en plasticine, etc. filmés image par image ;
- la "pixilation", ou prises de vues réelles, filmées image par image ;
- les effets spéciaux et génériques filmés image par image ;
- les récentes techniques d’infographie ("images de synthèse" ou "nouvelles images" ou "images artificielles") générées par traitement numérique informatique, et animées image par image, en deux dimensions (2D) ou trois dimensions (3D).
Typologie
15 Suivant les créneaux de diffusion auxquels ils sont destinés, on peut classer les films d’animation en différentes catégories :
- les films expérimentaux produits par les écoles (La Cambre, les académies,…) ;
- les films didactiques, de présentation, …, commandés par les entreprises et les institutions ;
- les films publicitaires destinés au cinéma et à la télévision ;
- les courts métrages, qui permettent à des auteurs de s’exprimer en une dizaine de minutes maximum à partir de leurs propres scénarios et personnages. On compte parmi les auteurs belges les plus connus Raoul Servais, Gérald Frydman, Willy Kempeneer ou Nicole Van Goethem ;
- les longs métrages destinés à l’exploitation en salles, beaucoup plus rares ;
-
les séries destinées à la télévision qui représentent une grande part du marché de l’animation. Elles se subdivisent elles-mêmes en :
- les "spécial TV" d’une durée de 25 minutes à une heure ;
- les "mini séries" : 13 épisodes de 5 minutes ou plus de 260 épisodes d’une minute ;
- les grandes séries de 26, 52, 65 ou 104 épisodes de 26 minutes.
16 Notons que les normes actuelles des chaînes de télévision exigent un minimum de 26 épisodes pour laisser au public le temps de s’habituer à un nouveau produit, le fidéliser et consolider les audiences. Les séries de 13 épisodes ne sont plus demandées car elles passent inaperçues, le nombre réduit d’épisodes ne permettant pas au public de bien connaître le produit.
Quelques caractéristiques
17 Le cinéma d’animation ayant été défini comme un moyen d’expression recréant le mouvement image par image, il fait appel aux techniques cinématographiques et télévisuelles en général mais aussi il utilise d’autres techniques et modes de fabrication ; en effet, les films d’animation étant le plus souvent des dessins animés, ils font largement appel aux graphistes et dessinateurs et aux techniques graphiques. De plus, l’informatique et les nouvelles technologies de l’image informatisée assistent de plus en plus souvent les modes de fabrication traditionnels.
18 Le cinéma d’animation est considéré par le grand public comme une forme d’expression principalement destinée à la distraction des enfants. De fait, il s’adresse majoritairement aux enfants et à la jeunesse. Le dessin animé pour enfants est un produit qui ne vieillit pas comparé à d’autres types de produits audio-visuels. Le public des enfants se renouvelle entièrement tous les 4-5 ans, les histoires et le graphisme vieillissent peu et la carrière commerciale d’un film ou d’une série peut durer des années. Selon un producteur, "pour une diffusion télévisée d’un dessin animé, on connaît 2 ans d’enfer, 2 ans de purgatoire et 5 ans de paradis".
19 Le cinéma d’animation véhicule un langage universel, il circule facilement à l’étranger. L’animation belge est connue et réputée (et parfois primée) internationalement. Les séries télévisées belges et les longs métrages de Picha se vendent dans de nombreux pays étrangers.
20 Destiné à une exploitation à l’échelle internationale (européenne), le cinéma d’animation se prête au montage d’opérations de coproduction. Notons que les enfants ne lisent pas les sous-titres ; les opérations de doublage sont donc essentielles dans ce type de coproductions.
21 Les séries de dessin animé permettent d’avoir accès aux revenus générés par le marché des produits dérivés.
Le dessin animé et le marché de la bande dessinée
22 Plus particulièrement en Belgique, il existe un capital d’images provenant du patrimoine classique de la bande dessinée. Les réalisations de séries en dessin animé se limitent la plupart du temps à l’exploitation de ce capital bandes dessinées (à titre d’exemples, les Schtroumpfs, Petzy, Yakkari, Quick et Flupke ou les adaptations anciennes de Tintin en longs métrages par les studios Belvision).
23 Les producteurs de ces séries sont les éditeurs de bandes dessinées eux-mêmes. Ces productions contribuent à relancer la vente des albums dont les personnages ont servi de point de départ à la conception de produits audio-visuels. Cependant, relativement peu de personnages de bandes dessinées ont une carrière audio-visuelle. Les Editions Dupuis, par exemple, disposent d’un stock d’environ 360 titres ; environ 20 % d’entre eux assurent 85 % du chiffre d’affaires de l’édition, et seuls une vingtaine de personnages sont repris en dessin animé. Les entreprises éditoriales ont également développé d’autres supports de diversification de leur capital images (jouets, textile,…).
2 – Modes de fabrication traditionnels
Les différentes phases de fabrication
24 La fabrication d’un dessin animé traditionnel comprend de nombreuses étapes que l’on peut tenter de résumer comme suit :
- le scénario, qui donne une description littéraire de l’histoire, de l’action et des décors ;
- le story board : il s’agit d’un document de création, d’un synopsis, qui comprend un dessin par plan ou par phase significative de l’action du futur film. Selon les professionnels, c’est une étape essentielle qui exprime le contenu et le rythme du film par une sorte de scénario dessiné. Le story board, qui donne également des indications sur les dialogues et les bruitages, doit faire comprendre l’action aux animateurs. À ce stade du travail correspond également la création de model sheets qui définissent les caractéristiques des personnages : taille, volume, proportions, etc. ;
- le lay out : réalisé à partir du story board, le lay out est un document technique qui va permettre la réalisation du dessin animé proprement dit. Il comporte plusieurs dessins par plan, il donne des indications précises sur les phases des mouvements et la façon dont ceux-ci se déroulent, ainsi que des esquisses de décors, des indications sur le cadrage, la taille des cellulos à utiliser, les entrées et sorties de cadres, les mouvements de caméra,… ;
- l’animation : à partir du story board et du lay out, l’animateur doit transposer la création de l’auteur en mouvements. Il dessine un ensemble de dessins clés représentant différentes postures des personnages au cours des différentes phases d’un mouvement et détermine le nombre de dessins d’intervalles nécessaires entre chaque dessin clé pour compléter le mouvement. Ensuite, des assistants ou "intervallistes" réalisent les dessins intermédiaires qui s’intercalent entre les dessins clés ;
- le line test : quand l’animation est terminée sur papier, on enregistre sur pellicule l’ensemble des dessins plan par plan pour vérifier les cycles de mouvements, la qualité de l’animation en temps réel et effectuer des retouches et corrections ;
- le traçage : le travail de création étant terminé, il faut exécuter les dessins définitifs. C’est l’opération de traçage : il s’agit de reporter soigneusement à l’encre de Chine sur des cellulos les contours des dessins réalisés par les animateurs. Actuellement, le traçage est parfois réalisé par un système de photocopies sur cellulos ce qui implique un travail de type industriel où l’animateur a préalablement fait lui-même le "nettoyage" de ses dessins. Le traçage à la main comporte la mise au net des dessins des animateurs et intervallistes, il permet également de donner des effets de matière ou d’épaisseur de trait qui contribuent à améliorer la qualité artistique du futur dessin animé ;
- le coloriage ou gouachage : on colorie les cellulos en les peignant à la gouache sur leur verso ;
- les dessins de décors ;
- la prise de vue : les cellulos, placés au banc titre avec les dessins de décors sont filmés image par image. On effectue également les mouvements de caméra, les entrées et sorties de cadres ;
- la sonorisation : qui comprend les bruitages, les mixages en studio, l’enregistrement des dialogues par des comédiens et le doublage en d’autres langues ;
- le montage image et son fait appel aux techniques cinématographiques traditionnelles.
25 Les exigences de qualité et les moyens mis en œuvre sont supérieurs pour les longs métrages d’animation. Pour ces derniers, les décors ou les cycles de mouvements ne sont pas réutilisés d’un épisode à l’autre, des mouvements de caméra sur plans fixes ne sont pas effectués et le nombre de personnages intervenant dans un plan n’est pas limité au strict minimum.
26 On distingue encore l’animation totale (full animation) qui comporte 24 images ou dessins par seconde, de l’animation limitée, qui comporte de 6 à 12 images ou dessins par seconde et parfois moins, celle-ci coûte donc moins cher et est réalisée principalement pour les animations destinées aux chaînes de télévision.
27 En Belgique, on estime pour une animation qui comporte 8 dessins par seconde, qu’un animateur peut réaliser deux minutes et demie de film par mois, qu’une gouacheuse colorie 40 dessins par jour, et qu’un opérateur banc titre filme une minute par jour. Pour de la "full animation" avec plusieurs personnages par plan, les animateurs les plus rapides réalisent une à deux minutes par mois en dessins clés.
L’assistance de l’informatique
28 L’informatique peut remplir un rôle d’assistance à la création pour un certain nombre d’opérations d’exécution et peut accélérer les processus de fabrication traditionnels.
29 En Belgique, les types de fonctions informatisées dans le processus de fabrication d’un dessin animé traditionnel sont pour l’essentiel l’assistance pour les mouvements de caméra au banc titre et l’assistance pour le line-test.
30 Des logiciels de trace-gouache électroniques automatiques ont été mis au point et sont proposés sur le marché. L’animation proprement dite n’est pas automatisée, mais certains systèmes de création d’images numériques en 2 dimensions permettent de générer par ordinateur les dessins d’intervalles qui se situent entre les dessins clés conçus par l’animateur et introduits dans la machine.
31 En 1988, Kid Cartoons étudie la possibilité d’assister l’animateur traditionnel par l’informatique, à tous les stades répétitifs (traçage, coloriage). Chez Alligator Films, les phases de coloriage et d’intervalles sont informatisées.
3 – Fabrication et production : les entreprises et les volumes
32 La situation belge invite à distinguer entre les studios de fabrication, les maisons de production de dessins animés exclusivement, les maisons de production intégrant à d’autres activités la production et la fabrication de dessins animés et les éditeurs de bandes dessinées qui produisent et sous-traitent des films d’animation ; les frontières entre ces différentes catégories ne sont cependant pas toujours nettes comme on pourra le constater.
Les structures de fabrication
33 La fabrication de dessins animés repose sur un relativement petit nombre d’entreprises qui occupent quelques collaborateurs permanents. Des équipes plus ou moins importantes sont réunies suivant l’ampleur de chaque projet. Ces équipes se font et se défont selon le rythme des productions.
34 Le manque d’infrastructure et la constitution d’équipes fluctuantes qui, selon certains, ont des effets positifs sur la création, posent les problèmes d’une structure d’emploi à durée déterminée et sans continuité et d’un manque d’efficacité dans l’utilisation de l’équipement.
35 En Belgique, on recense en 1986 une trentaine de petits studios privés de fabrication réunissant moins de 10 personnes travaillant de manière permanente et trois studios privés occupant entre 10 et 50 personnes (dont un "atelier de production" financé en partie par les pouvoirs publics). Les principaux studios sont : Pen Films (Gand) [7], Graphoui (Bruxelles), Belvision (Bruxelles) [8], Kid Cartoons (Bruxelles), SODEP (Bruxelles), Bertiaux et Marc Film (Bruxelles), Studio Jacques Campens (Bruxelles) et Studio Mireille Vicat (Bruxelles). Une description de chacune de ces entreprises figure en annexe.
36 La profession s’accorde à estimer que le volume de l’emploi total dans le secteur varie entre 200 et 250 emplois, techniciens, exécutants et créateurs confondus, en période de pleine activité. Ce volume se répartirait pour 50 % en travailleurs indépendants et 50 % en travailleurs salariés.
Les structures de production
37 Les principales entreprises engagées dans la production sont les suivantes en 1987 :
- les maisons de production spécialisées en dessins animés : Kid Cartoons et Studio Kemp ;
- les maisons de production non exclusivement spécialisées en dessins animés : SODEP (Bruxelles), Alligator Films (Bruxelles), Horizon Films (Bruxelles), Comedia (Bruxelles) et Scarfilm (Bruxelles) ;
- les éditeurs de bandes dessinées et sociétés liées : SEPP (Bruxelles) et Casterman (Tournai).
Production et fabrication de films d’animation par des entreprises belges
38 L’estimation du volume annuel des films produits et fabriqués par des entreprises belges est difficile à déterminer puisque l’activité est épisodique et/ou s’étale sur plusieurs années.
Volume horaire
39 Selon les données recueillies auprès des principaux producteurs et studios, le tableau 1 reprend le volume horaire estimé des films d’animation produits et/ou fabriqués par des entreprises belges de 1976 à 1987.
40 Le volume de production et/ou de fabrication belge s’élèverait à environ 23 heures en moyenne par an pour la période considérée, et à 7 heures par an si l’on ne prend en compte que les films produits et fabriqués en Belgique. Une partie importante de la production (les deux tiers) est en effet réalisée à l’étranger. Ainsi, la SEPP a fait fabriquer les 186 heures de programmes recensées (séries Les Schtroumpfs, Snorky, Foofur et Bibifoc) à l’étranger, principalement aux États-Unis [9] estimant que les structures de fabrication sont insuffisantes en Belgique et afin d’obtenir l’accès aux networks TV américains, et Casterman a sous-traité une heure de programme à un studio japonais. Par contre, un travail de sous-traitance est effectué parfois par des studios localisés en Belgique ; c’est le cas par exemple de Pen Films, à Gand, qui a fabriqué une partie de la série Les mondes engloutis produite par France Animation, à Paris.
Volume horaire des films d’animation produits et/ou fabriqués par des entreprises belges (1976-1987)
Volume horaire des films d’animation produits et/ou fabriqués par des entreprises belges (1976-1987)
(1) Pour les coproductions (Le big bang, La bande à Ovide), il est impossible de déterminer le volume de production qui a été partiellement réalisé à l’étranger.41 Cette moyenne annuelle de 7 heures n’est pas représentative de l’activité des producteurs et des studios en 1985 et 1986, où l’on a vu la fabrication simultanée du long métrage Le big bang, des séries Quick et Flupke, La bande à Ovide, Les mondes engloutis ainsi que de 22 courts métrages : le volume d’heures réalisées en Belgique peut être estimé à environ 14h par an pour ces deux années.
42 Par contre, en 1987, le niveau d’activité dans le secteur semble s’être à nouveau sensiblement réduit (compte non tenu de la SEPP dont environ 50h de programmes ont été réalisées à l’étranger). Il n’y a plus de long métrage en chantier, et en dehors de la production de courts métrages, seuls les producteurs Kid Cartoons et Alligator Films ont encore produit et réalisé des séries télévisées (environ 6 heures de programmes). Penn Films a cessé ses activités.
43 Enfin, on estime actuellement que se produisent et se réalisent par an en Belgique environ 30 spots publicitaires de 30 secondes en dessin animé traditionnel.
Les courts métrages
44 Pour estimer le nombre de courts métrages d’animation produits en Belgique, on se base sur le nombre de films reconnus comme belges par le Ministère des Affaires économiques afin de pouvoir bénéficier des primes automatiques à la production. Les films publicitaires et de commandes de même que les séries télévisées ne sont pas repris dans ces chiffres.
Nombre de courts métrages d’animation reconnus comme belges par le ministère des affaires économiques (1976-1987)
Nombre de courts métrages d’animation reconnus comme belges par le ministère des affaires économiques (1976-1987)
45 Ces chiffres qui regroupent à la fois les films francophones et néerlandophones indiquent une production moyenne de 8 courts métrages par an en 12 ans. La durée moyenne de ces courts métrages se situe aux alentours de 10 minutes.
Les longs métrages
46 Le tableau 3 recense les productions de longs métrages par réalisateur et producteur.
Les longs métrages (1983-1987)
Les longs métrages (1983-1987)
Les séries télévisées
47 Les séries télévisées ont été fabriquées ou produites par cinq entreprises : SEPP, Casterman, Kid Cartoons, SUDEP et Alligator Films. Le tableau 4 reprend pour chacune de ces entreprises les séries produites au cours des dernières années, leur volume (nombre d’épisodes et durée) ainsi que les noms des sociétés productrices ou coproductrices. Bien qu’aucune des séries produites par la SEPP ne soit fabriquée en Belgique, il est intéressant de relever le volume de cette production depuis 1980.
Les séries télévisées
Les séries télévisées
(1) 55 épisodes terminés en 1987, les 10 derniers épisodes étant en cours de réalisationLes nouvelles technologies de l’image : animation infographique 2D et 3D
48 L’introduction des technologies informatiques dans la création d’images connaît une évolution de plus en plus rapide avec des résultats de plus en plus performants. Les applications de ces technologies au domaine de la communication et des "spectacles mécanisés" sont multiples. On retiendra principalement :
- la création d’images par ordinateur, en deux dimensions grâce à des configurations informatiques intégrant les "palettes graphiques" ;
- la création d’images de synthèse (images numériques ou digitalisées) en 3 dimensions calculées par ordinateur.
49 Le recours aux techniques d’animation graphique 2D et 3D (par ordinateur) est tout à fait récent en Belgique. Les informations recueillies dans un domaine qui connaît actuellement une période de démarrage, sont partielles et fragmentaires.
50 Moins d’une dizaine d’entreprises utilisent à l’heure actuelle des techniques 2D, tandis que 3 entreprises ont récemment investi et se sont équipées en vue de la réalisation d’images 3D.
51 Les principaux marchés prospectés par ces entreprises concernent les spots publicitaires, les génériques et/ou séquences particulières d’émissions télévisuelles, les films médicaux, industriels (architecture, automobile, aérospatiale,…), de formation, de communication d’entreprises (bilan, projets, etc.).
52 Les principales firmes actives dans ce domaine sont en 1986 :
-
Infographie 2D et 3D :
- Little Big One - Dream factory,
- Aralia,
- Digital Art ;
-
Infographie 2D :
- Cellule Imagique (RTBF),
- View,
- Digigraphics,
- Polygone,
- Pix & Motion,
- Stupid Studio.
53 Deux programmes de recherche portant sur les images de synthèse ont été lancés en Communauté française. D’une part, RTL Productions et la société française SESA développe depuis juin 1986 le projet CERISE (Centre européen de recherche d’image de synthèse) ; d’autre part Dream Factory-Little Big One, issue du regroupement de 2 sociétés en novembre 1987, a lancé, avec l’aide de la Région bruxelloise et l’ULB, le projet Pâques qui vise à rapprocher le monde de la haute technique et celui de la création artistique et développe à Bruxelles un centre de recherche de l’image de synthèse en haute définition.
4 – Coûts de production et financement
54 L’importance économique du secteur du film d’animation ne peut être approchée qu’en termes de coûts de production. Ceux-ci sont estimés à partir des budgets de production de quelques produits pour lesquels l’information a pu être reconstituée. Ainsi, à titre d’exemple en 1986 pour un court métrage d’une durée moyenne de 10 minutes, le budget de production serait, selon les données du Ministère des Affaires économiques, de l’ordre de 3,3 millions de francs et pour un long métrage de 77 minutes de 155 millions de FB. Les investissements de 3 entreprises donnent une idée des montants engagés depuis 1980 dans la production de séries télévisées : pour un total de 139 heures de séries coproduites et fabriquées aux États-Unis, la SEPP a consacré un montant de l’ordre de FB 2.800 millions ; pour 10 heures de séries produites par les Editions Casterman l’investissement total est estimé à FB 88 millions ; enfin, FB 270 millions ont été dépensés par Kid Cartoons pour 29 heures de séries produites ou coproduites (dont FB 232 millions pour la dernière série, La bande à Ovide, en cours de production).
Coûts moyens de production
55 Les conditions de production sont très différentes suivant le type de produit. Les films publicitaires, didactiques, d’entreprises, les autres films de commande, les génériques, les courts métrages peuvent être réalisés et produits par des petits studios ou des indépendants qui peuvent travailler seuls ou en petites équipes avec des budgets parfois importants, déterminés par les commanditaires, les agences de publicité, les entreprises ou les chaînes de télévision.
56 Les courts métrages dits "d’auteurs" sont souvent produits par les auteurs eux-mêmes ou en association avec des producteurs, avec une grande part de mise en participation du travail des auteurs, des réalisateurs, des graphistes et des techniciens.
57 La fabrication de longs métrages ou de séries télévisées exige par contre des moyens très importants en main d’œuvre et en capital. De plus les normes des chaînes de télévision qui exigent 52 épisodes de 25 minutes par exemple, sont trop élevées pour qu’un investissement soit possible en Belgique à moins de coproduire.
58 La profession s’accorde à reconnaître un seuil minimum en dessous duquel on peut difficilement descendre pour réaliser un dessin animé traditionnel de qualité en full animation (24 images par seconde) : celui-ci se situe aux environs de 300.000 FB la minute pour un court métrage ou une série. Beaucoup de réalisations ont cependant tendance à évoluer vers une semi animation destinée aux télévisions, afin de pouvoir réduire des coûts élevés qui doivent être amortis sur base des tarifs de diffusion des chaînes de télévision qui, eux, restent très faibles quels que soient le niveau de qualité et le coût du film. Pour une qualité de mouvement inférieure, en travaillant à l’économie (réutilisation des décors, mouvements, etc.), on arrive à produire 5 à 6 fois moins cher, soit 50.000 FB la minute.
59 Les coûts moyens des courts métrages d’animation reconnus comme belges par le Ministère des Affaires économiques ces 5 dernières années ont évolué comme suit :
Coûts moyens des courts métrages d’animation
Coûts moyens des courts métrages d’animation
60 Ces films ont un métrage moyen d’environ 200 mètres, soit une durée d’environ 10 minutes. En quatre ans, le coût moyen d’un court métrage d’animation a plus que doublé. Les chiffres communiqués par le Ministère des Affaires économiques ne portent que sur les budgets de 16 films en 1986, alors que 18 films ont été reconnus comme belges cette année-là.
61 Le tableau 6 présente les coûts moyens par minute et le budget total de quelques séries de dessins animés destinées aux télévisions.
Coûts moyens et budget total de quelques séries télévisées
Coûts moyens et budget total de quelques séries télévisées
Financement de la production
Courts métrages
62 Même dans le cas d’un succès auprès du public, les passages en salles ou les ventes aux télévisions sont insuffisantes pour amortir les coûts de production des courts métrages d’auteurs. Ce sont les Ministères des deux Communautés qui assurent en général le financement de ce type de films (voir plus loin). L’apport du Ministère de la Communauté française couvre environ 50 % du budget d’un film. Comme il y a peu d’intérêt de la part du secteur privé pour ce type de films, les 50 % restants sont souvent financés par la mise en participation du salaire des auteurs et réalisateurs.
Longs métrages
63 Un long métrage d’auteur, principalement destiné à l’exploitation en salles, implique un risque financier élevé que le secteur privé n’est pas disposé à prendre sans garanties. Les moyens nécessaires pour monter ce type de production sont le plus souvent réunis grâce à des aides publiques et des accords de coproduction avec l’étranger. À titre d’exemple, le dernier long métrage de Picha, Le big bang, a été coproduit par la Belgique et la France, et financé principalement par des aides publiques de ces deux pays (part belge : 16 %, part française : 19 % du budget total), des préventes et cessions de droits à des sociétés de distribution cinématographiques réparties en Belgique, en France, aux Pays-Bas, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Finlande, au Danemark, en Australie et à Panama. La part des investissements privés d’origine belge et française s’élevait respectivement à 34 % et à 31 % du budget total du film.
Séries télévisées
64 Comme pour les longs métrages, le financement des longues séries (minimum 26 épisodes) est très lourd à supporter puisque ces réalisations sont étalées dans le temps et nécessitent l’immobilisation de capitaux pendant 2 ans et parfois plus. Les producteurs belges manquent le plus souvent de fonds propres à investir dans ce type de production et il faut trouver des ressources à l’extérieur.
65 Le point de départ pour la production d’une série, c’est la fabrication d’un pilote présenté sur les marchés de télévision afin de trouver les partenaires financiers susceptibles d’investir dans la série, de réaliser des préventes ou d’obtenir des promesses de diffusion auprès des chaînes de télévision. Pour plusieurs projets de séries les producteurs cherchent actuellement à financer les budgets de production au moyen de ce type de préventes.
66 En Belgique, la part prise par les chaînes de télévision nationales dans le financement des séries a été jusqu’à présent dérisoire ou inexistante (sauf exception récente dans le cas de la série Quick et Flupke). La plupart des budgets de production est donc en partie financée par des préventes aux chaînes de télévision étrangères, et plus particulièrement françaises.
67 Comme les tarifs d’achat à la minute pratiqués par les chaînes sont, dans les meilleurs des cas, 10 fois moindres que les coûts de production, et comme les télévisions exigent de plus en plus des produits de longue durée (26 épisodes minimum), financièrement lourds, les producteurs sont de plus en plus amenés aujourd’hui à rechercher des partenaires à la coproduction.
68 À titre d’exemple, le montage financier de quelques séries se présente comme suit :
-
série Quick et Flupke (260’) prod. Casterman
aide publique belge : 27 %
coproduction TV belge : 14 %
part privée belge : 59 % -
série La bande à Ovide (845’) prod. Kid Cartoons
part privée belge : 55 %
(dont fonds propres : 35 % et préventes TV : 20 %)
part Canada (Télévision canadienne,
Téléfilm Canada, SGCQ, fonds privés) : 45 % -
série Bogus (75’) prod. Alligator Films
part privée belge : 50 %
coproduction TV française : 50 %.
(source : CIRECC)
69 La plupart du temps, les productions européennes doivent se monter en hypothéquant les ventes sur tous les pays où des diffusions télévisées ont été obtenues. Aux États-Unis ou au Japon au contraire, la production d’une série est financée pratiquement à 100 % par les ventes aux networks du seul marché intérieur, les ventes à d’autres pays servant à rentabiliser le projet. Dans ces deux pays, les chaînes de télévision, mais aussi les fabricants de jouets et d’autres produits dérivés, investissent dans la production des séries d’animation.
Amortissement du coût des séries télévisées
70 Si les ventes aux télévisions sont insuffisantes pour couvrir les frais de production, une bonne audience télévisée offre un accès au marché des produits dérivés (livres, disques, cassettes, textiles, papeterie, gadgets,…) qui permettent d’envisager de compléter l’amortissement d’une série, voire de la rentabiliser. En Belgique, l’édition de bandes dessinées, alimentant en partie d’ailleurs la création de séries, représente une part vraisemblablement non négligeable de ce marché.
71 À titre d’exemple et selon leurs propres estimations, l’amortissement des investissements globaux de trois producteurs dans le produit dessin animé se répartit comme suit en pourcentage et en moyenne pour les 5 dernières années (1982-1987).
Amortissement des investissements (séries télévisées) selon les créneaux d’exploitation et la localisation des marchés (en %)
Amortissement des investissements (séries télévisées) selon les créneaux d’exploitation et la localisation des marchés (en %)
5 – Diffusion
72 Pour donner un ordre de grandeur de la diffusion et de la consommation du produit "dessin animé", et selon les informations dont on dispose, on indiquera, d’une part, les recettes des longs métrages belges dans les salles de cinéma à Bruxelles, et, d’autre part, le volume horaire des programmes diffusés sur les chaînes de télévision francophone.
Diffusion en salles
73 Dans les salles de cinéma, seuls les longs métrages des productions Walt Disney occupent les écrans de manière régulière, depuis des années, avec le même succès public. Les longs métrages belges ont produit les recettes d’exploitation suivantes dans les salles d’exclusivité de Bruxelles :
Recettes des films long métrage en salle (à Bruxelles)
Recettes des films long métrage en salle (à Bruxelles)
74 Les courts métrages d’animation exploités en salles connaissent les mêmes problèmes que les autres catégories de courts métrages. Les exploitants de salles tendent, en effet, à réduire au maximum les premières parties des programmes pour augmenter le nombre de séances par jour et le temps réservé au passage de films publicitaires.
Diffusion télévisée
75 Ce sont principalement les séries à épisodes, mais aussi les courts métrages qui sont diffusés par les chaînes de télévision. Ces produits sont vendus aux chaînes de télévision à des tarifs déterminés à l’avance par celles-ci, quel que soit le succès ultérieur du film ou de la série, qu’ils fassent 5 ou 30 % d’audience, et quels que soient la qualité et le coût du produit.
76 Il faut souligner que, chaque année, 40 séries de dessins animés sont proposées aux chaînes de télévision européennes, parmi lesquelles de nombreuses séries américaines et japonaises, souvent amorties sur les marchés intérieurs de ces deux pays, et offertes à des prix très bas sur le marché européen qui représente un potentiel très important pour la vente de produits dérivés.
77 Les dessins animés étant considérés comme des programmes pour enfants, les tarifs qui leur sont réservés sont ceux des émissions enfantines qui sont dix fois moins élevés que les tarifs réservés au "prime time" (19 - 20 heures) alors que les coûts de production des programmes sont en général équivalents.
78 Les chaînes de télévision se réservent l’exclusivité de séries pour une période de 5 ans, au terme de laquelle les séries peuvent être revendues.
79 Les professionnels belges considéraient en 1987 la France comme le meilleur marché extérieur, à la fois du point de vue des tarifs pratiqués et du point de vue de l’audience qui peut ouvrir les portes d’un important marché de produits dérivés. De plus, le problème du doublage ne se pose pas et il existe de nombreuses affinités culturelles entre les deux pays au niveau de la conception des produits.
80 Les conditions de diffusion pratiquées par les chaînes de télévision pour les coproductions varient cas par cas.
81 Le dessin animé représentait en 1986 (voir tableau 9) environ 5 % de l’offre globale des programmes des 5 chaînes de télévisions que l’on peut capter en Communauté française. Il est vraisemblable que l’offre de dessin animé croît depuis quelques années : ce produit représente en effet une part importante des programmes pour jeunes, qui connaissent une progression constante (en volume absolu). En 1982, les trois chaînes françaises diffusaient un total de 786 heures d’émission pour jeunes contre 1.249 heures en 1986, soit une augmentation de 59 % en 4 années. Les émissions pour jeunes de la RTBF sont passées de 185 heures en 1980 à 291 heures en 1986, soit une augmentation de 57 % en 6 années.
Volume d’heures de dessin animé (1986) (en heures et en minutes)
Volume d’heures de dessin animé (1986) (en heures et en minutes)
6 – Aides des pouvoirs publics
82 Les aides à la production audio-visuelles existant en Belgique ne sont pas spécifiques à l’animation.
Le ministère de la communauté française
83 L’aide à la production des films octroyée par le Ministère de la Communauté française a été instituée par l’arrêté royal du 22 juin 1967, modifié par les arrêtés royaux des 17 février 1976 et 24 mars 1978. Ces arrêtés prévoient la création d’une commission de sélection à compétence consultative et permettent au Ministère de la Communauté française d’accorder des aides aux producteurs, auteurs ou réalisateurs de films culturels belges dont le projet et le scénario sont rédigés en langue française, à l’exclusion des films publicitaires, scientifiques, didactiques et d’actualités.
84 En pratique, les aides du Ministère de la Communauté française sont des aides sélectives destinées à fournir des moyens de financement pour la production de films. Avant de recevoir une aide à la production, un projet de long métrage peut faire l’objet, après lecture pour avis, d’une aide à l’écriture, d’une aide à la constitution d’un dossier de production. Ces aides successives peuvent se cumuler mais sont décomptées de l’aide totale à la production lorsqu’un projet se concrétise. Les films de court métrage peuvent bénéficier d’aides à la production.
85 Les aides à la production sont octroyées sous forme d’avances sur recettes. Ces avances sont remboursables après que le producteur ait récupéré 100 % de sa mise dans la production, sur les recettes nettes du film.
86 Les aides accordées à la production de films d’animation sont présentées dans le tableau 10 :
Aides du ministère de la communauté française
Aides du ministère de la communauté française
(1) Le titre de ce film est devenu Jeune homme 52 ans désire prendre le large. L’aide octroyé à ce projet en cours de préparation a servi à la réalisation de pilotes.87 Sont considérés comme pilotes les premiers numéros de séries dont la production devrait permettre de trouver ultérieurement des sources de financement auprès des chaînes de télévision. Ce n’est que depuis 1984 que la commission de sélection a pris en compte des projets de séries en animation, spécifiquement destinés à la diffusion sur les chaînes de télévision.
88 Outre les aides à la production, le Ministère de la Communauté française octroyé des subsides de fonctionnement aux ateliers de production. Seul l’Atelier Graphoui est spécialisé exclusivement dans le cinéma d’animation. Les subsides qui lui sont octroyés ont évolué de 2.000.000 FB en 1982 à 2.399.750 FB en 1985.
89 Notons encore que l’atelier Wallonie Image Production, structure d’accueil qui accorde elle-même des aides à la production de projets extérieurs, a octroyé des subsides à 3 courts métrages de Willy Kempeneer, à savoir 184.000 FB pour Exit et le Sapin et 260.000 FB pour l’Angélus.
Le ministère des affaires économiques
90 Les aides du Ministère des Affaires économiques à la production cinématographique sont réglementées par les arrêtés royaux du 23 octobre 1963, du 12 mai 1972, du 24 décembre 1973, du 29 juin 1983 et du 29 juillet 1983.
91 L’aide est octroyée à des films mis en exploitation et reconnus comme "belges" par le Ministère des Affaires économiques. Il ne s’agit donc pas d’une aide destinée à financer la production. L’aide fonctionne de manière automatique, sous forme de primes proportionnelles aux recettes d’exploitation des films diffusés dans les salles belges (calculées sur la recette du programme complet) à des taux qui varient :
- 15 ou 25 % de la recette brute des salles pour les films de long métrage ;
- 3 ou 5 % de la recette brute des salles pour les films de court métrage ;
- 6 ou 8 % de la recette brute des salles pour les courts métrages d’animation (filmés image par image) ;
- 5 ou 7 % de la recette brute pour les courts métrages de fiction ;
- 1 % de la recette brute pour les films commandés par les pouvoirs publics mais dont la distribution commerciale est laissée au producteur ;
- 2 % de la recette brute pour les films d’actualité.
92 Les aides ne peuvent dépasser en aucun cas les coûts des films. Les projections effectuées plus de 3 ans après la sortie du film dans la distribution commerciale pour les compléments et plus de 5 ans pour les longs métrages ne bénéficient plus de l’attribution de primes. Pour les quatre dernières années, ces primes ont évolué comme suit :
Primes allouées a la production cinématographique (1983 à 1985) réparties suivant le type de films (en FB)
Primes allouées a la production cinématographique (1983 à 1985) réparties suivant le type de films (en FB)
93 Parmi les courts métrages, ce sont les documentaires qui reçoivent la plus grande partie de l’aide, suivis des actualités entre 1983 et 1985 alors qu’en 1986, la tendance s’est renversée au profit des longs métrages de fiction et des courts métrages d’animation.
94 Comme l’aide est calculée sur le montant de la recette brute du programme complet projeté dans une salle, les films de court métrage qui peuvent être programmés en complément d’un film étranger "porteur" dont la carrière commerciale est prometteuse ont toutes les chances d’obtenir des subsides importants.
95 Les primes aux courts métrages d’animation ont progressé en 4 ans, de FB 2,2 millions en 1983 à FB 26,3 millions en 1986. En 1983, elles représentaient 2,2 % du montant global des aides à la production, contre 22,4 % en 1986.
96 Notons qu’en 1986, les 6 premiers épisodes de la série télévisée La bande à Ovide de Kid Cartoons ont été reconnus comme belges par le Ministère des Affaires économiques, et seront diffusés en avant-programmes dans les salles de cinéma, de manière à obtenir les primes à la production. Casterman est en négociation pour diffuser des épisodes de la série télévisée Quick et Flupke de la même manière.
Les aides aux prototypes
97 En Belgique, des mécanismes d’aide aux prototypes ont été mis en place dans le cadre des lois d’expansion économique du 17 juillet 1959, modifiées par les arrêtés royaux n° 87 du 11 novembre 1967 et n° 25 du 30 décembre 1970.
98 Les aides aux prototypes sont accordées sous forme de prêts plafonnés entre 50 et 80 % du coût de fabrication. Les prêts sont remboursables sans intérêt mais lorsqu’il y a exploitation industrielle, le remboursement du prêt peut s’élever jusqu’à deux fois son montant.
99 Les aides aux prototypes sont octroyées depuis 1980 par les régions ; pour Bruxelles elles restent gérées au point de vue administratif par le Département des Affaires économiques.
100 Il semble cependant que dans leur interprétation actuelle, les mécanismes d’aides aux prototypes ne sont pas applicables aux produits audio-visuels, et notamment aux pilotes. Les produits audio-visuels seraient en effet considérés comme des produits qui ne sont pas porteurs de technologies nouvelles.
Conclusions
101 La description du secteur cinéma d’animation met en évidence l’existence de quatre types de produits dont la nature varie en fonction des créneaux de diffusion et des marchés auxquels ils sont destinés : les films publicitaires et de commande, les courts métrages, les longs métrages et les séries TV :
- les films publicitaires et de commande sont réalisés par de petites équipes ou des indépendants, financés par leurs commanditaires et diffusés dans les salles de cinéma et à la télévision. Selon les professionnels, des budgets de production parfois élevés permettent le recours à des techniques sophistiquées et offrent de larges possibilités de créativité. La production de films publicitaires est aujourd’hui évaluée à 30 spots de 30 secondes par an, au maximum ;
- les courts métrages représentent pour la plupart une production de type artistique réalisée par des auteurs, financée par des mises en participation et l’aide des pouvoirs publics. Ces produits connaissent une diffusion dans les festivals et autres circuits dits "culturels" ; ils sont l’expression d’une identité culturelle spécifique et contribuent à établir et maintenir la réputation du cinéma d’animation belge à l’étranger. La diffusion dans le réseau des salles commerciales connaît les aléas propres à tous les courts métrages et les ventes aux chaînes de télévision ne permettent pas d’amortir les coûts de production. Depuis 1976, environ 17 heures de courts métrages d’animation ont été produites en Belgique (films francophones et néerlandophones confondus) ;
- les longs métrages destinés aux salles de cinéma : les coûts de production restant très élevés (de 1 à 2 millions de FB par minute), le montage financier de telles productions nécessite l’intervention des pouvoirs publics et de partenaires à la coproduction. La réalisation de chaque film reste une aventure, les productions sont rares et les résultats d’exploitation en salles très aléatoires sur un marché en régression constante où seuls les produits Walt Disney connaissent un succès régulier et substantiel. De 1963 à 1975, le studio Belvision a produit et réalisé 8 longs métrages. Picha a réalisé son premier long métrage en 1975. Depuis lors, la production de longs métrages fabriqués en Belgique s’est limitée à plus ou moins trois heures en dix ans (les deux derniers longs métrages de Picha) ;
- les séries TV : séries à épisodes, spécifiquement destinées au public "enfance et jeunesse" sur les chaînes de télévision, elles représentent 91 % du total de la production belge avec un volume de 256 heures produites depuis 1976, dont 187 heures réalisées à l’étranger. Au cours des années 1985 et 1986, la Belgique a produit et réalisé annuellement environ 14 heures de séries.
102 Il n’existe pas de réelle infrastructure de type industriel pour la fabrication de cinéma d’animation en Belgique. Depuis 1976, environ 89 heures d’animation ont été fabriquées en Belgique, dont 69 heures de séries TV, soit 77 % du total. Ce volume de fabrication est principalement le fait de deux grands studios de fabrication, Graphoui et Pen Films, de deux producteurs disposant d’un équipement de fabrication, Kid Cartoons et SODEP, et de trois studios de sous-traitance. On compte en outre une quinzaine de studios à Bruxelles et une dizaine en Flandre dont l’activité est plus marginale.
103 Les modes de fabrication actuels demeurent de type "artisanal", exigeant une main d’œuvre importante et de longs délais de fabrication (2 ans minimum pour une longue série), ce qui implique des coûts de production élevés (environ 300.000 FB la minute pour une série en animation complète) et l’immobilisation de capitaux importants sur une longue période.
104 L’introduction récente de l’informatique dans les processus de fabrication, due au développement des nouvelles technologies de l’image n’est pas encore d’application en Belgique. À côté de quelques nouvelles entreprises ayant investi dans les nouvelles technologies de l’image pour des créneaux spécifiques (publicité et génériques TV), les professionnels du dessin animé traditionnel estiment que les équipements actuels sont trop coûteux, insuffisamment performants et trop lourds à gérer en l’absence de personnel spécialisé disposant d’une bonne formation.
105 Les structures de production sont caractérisées par la présence active de deux entreprises liées à l’édition de bandes dessinées (SEPP et Casterman) qui diversifient leurs activités vers le secteur audio-visuel afin de valoriser et de rentabiliser leur "capital" ou "patrimoine" propre d’histoires et de personnages et adoptent des stratégies spécifiques.
106 Quatre producteurs de films incluent la production de films d’animation dans l’ensemble de leurs activités : Alligator Films, SODEP, Horizon Films et Comedia.
107 Sauf exception pour la série Quick et Flupke, la part prise par les chaînes de télévision nationales dans le montage financier d’une production belge est dérisoire ou inexistante. La plupart des productions se montent en hypothéquant les préventes aux chaînes de télévision étrangères, la France, et plus particulièrement Antenne 2, se montrant un des meilleurs partenaires soit au niveau des tarifs d’achats de droits de diffusion (10 fois plus élevés qu’en Belgique), soit au niveau des possibilités de coproductions.
108 Il n’en reste pas moins que dans le meilleur des cas, les tarifs pratiqués par les télévisions pour les programmes pour enfants (auxquels sont assimilées les séries de dessin animé) sont 10 fois moins élevés que les coûts de production, et 10 fois moins élevés que les tarifs réservés aux émissions du "prime time".
109 Les télévisions exigent de plus en plus de produits de longue durée (26 épisodes au minimum) afin de fidéliser leurs audiences. Face aux coûts élevés des séries et au manque de capitaux prêts à être investis dans le montage d’une production, les producteurs belges donc sont amenés à rechercher des partenaires étrangers à la coproduction dès qu’il s’agit de projets d’envergure.
110 Les chaînes de télévision offrent un débouché important et en progression régulière pour le dessin animé : pour 1986, les 5 chaînes francophones (RTBF, RTL, A2, TF1, FR3) ont offert, à elles seules, un volume total d’environ 1.107 heures par an de dessins animés.
111 Ce créneau est cependant largement envahi par les productions américaines et japonaises, déjà entièrement amorties sur leurs marchés intérieurs, et offertes à des prix très modiques aux chaînes européennes afin de conquérir de nouveaux marchés pour la vente de produits dérivés. Par contre, la diffusion de produits européens sur les marchés américains et japonais, très protectionnistes, reste quasi impossible sauf exception (la SEPP fait réaliser ses programmes aux États-Unis et les diffuse sur ce territoire ainsi que dans le monde entier).
112 Malgré ces handicaps, des productions belges de séries se montent, se fabriquent et se vendent à l’étranger.
113 Si les ventes aux télévisions sont insuffisantes pour couvrir les frais de production, une bonne audience télévisée offre un accès aux marchés de produits dérivés. La diffusion de chaque série sur antenne s’accompagne de la vente de ces produits : livres, disques, cassettes, gadgets, textiles, papeteries, etc. En définitive, ce sont les "royalties" que rapportent la vente de ces produits qui permettent de compléter l’amortissement d’une série, ou de rentabiliser celle-ci en cas de succès.
114 Les pouvoirs publics apportent une aide au financement de la production, notamment par les interventions du Ministère de la Communauté française. Les courts métrages d’auteurs bénéficient d’une aide qui varie entre 500.000 FB et 1,4 million FB par film. Depuis 1968, un total de 56,5 millions FB a été accordé à des projets de longs métrages, et plus récemment, depuis 1984, un total de 21 millions de FB a été octroyé pour la production de séries TV et de pilotes de séries. Le Ministère de la Communauté française de Belgique soutient également l’atelier Graphoui par une aide en fonctionnement d’environ 2 millions par an.
115 La France exerce un attrait sur les producteurs belges, non seulement grâce aux tarifs d’achats de droits pratiqués par le réseau des chaînes TV et les possibilités de coproduction avec celles-ci, mais aussi grâce aux mesures de soutien prises en faveur des industries de programmes et dont bénéficie le dessin animé.
116 Le plan de relance du dessin animé en France a consacré entre 1983 et 1985 un total d’environ 258 millions FB afin notamment d’augmenter le volume de production et d’améliorer les capacités de production par la création d’entreprises ou l’aide à des entreprises existantes. Le fonds de soutien aux industries de programmes a avancé en 1985 l’équivalent de 148 millions de FB pour financer la production de 47 heures de dessins animés. Le compte de soutien qui remplace le fonds de soutien depuis 1986 prévoit de faire bénéficier les producteurs d’œuvres de fiction et d’animation diffusées sur une chaîne française d’une subvention qui devra être réinvestie dans une nouvelle production. Les crédits dégagés à cette fin en 1986 s’élèvent à l’équivalent de 1.643 millions FB, tous genres confondus (fiction, animation, documentaire) et représentent environ 20 % des investissements nécessaires à la production de 600 heures de programmes destinés aux chaînes TV.
117 L’ensemble de ces mesures incitent les producteurs belges à monter des coproductions avec la France ou à produire et fabriquer en France à partir de sociétés ou filiales françaises. Ceci risque, à terme, de déplacer une partie de l’activité des agents du secteur vers la France.
Annexe 1 – Les principales entreprises de production et de fabrication
Pen Film
118 Pen Film, constitué à Gand en 1969 et qui a cessé ses activités en novembre 1987, était considéré par la profession comme le seul studio totalement professionnel, pratiquant le travail à la chaîne. La société a réalisé des films publicitaires, des génériques, des films industriels pour la Belgique et l’étranger, un long métrage de fiction et des séries télévisées. Pen Film se définissait essentiellement comme un fabricant et un sous-traitant, mais a également produit quelques courts métrages d’auteurs. Le studio assumait toutes les étapes de la fabrication excepté la sonorisation.
119 Pen Films a notamment fabriqué De Wonderwinkel (1978) série TV (13 x 25’) pour la BRT ; Jan zonder vrees (1985/86) long métrage pour la BRT ; Les mondes engloutis (1985/86), série TV (26 x 26’) pour France Animation.
Graphoui
120 Graphoui (capital : FB 250.000) créé à Bruxelles en 1978, se situe entre la fabrication et la production. L’équipe de Graphoui a pris une option de création, crée des personnages, de l’animation et des mouvements. Graphoui fabrique des spots publicitaires, des films industriels, des génériques (notamment pour la RTBF), des pilotes de séries et des séries et produit ses propres courts métrages d’auteurs.
121 Parti d’une infrastructure élémentaire, Graphoui est progressivement devenu un des principaux lieux de réalisation en Belgique, capable d’accomplir toutes les opérations de fabrication, création de personnages, scénarios, story board, lay outs, animation, traçage, coloriage, décors, montage, sonorisation, post production, en "full animation".
122 Graphoui se démarque des autres studios d’animation par une diversification de ses activités qui comprennent également l’organisation de stages d’initiation pour les enfants et l’organisation du festival La semaine du dessin animé à Bruxelles.
123 Graphoui réalise environ 3 heures d’animation par an avec une équipe permanente de 15 personnes.
124 Graphoui a réalisé les séries Yakkari et Quick et Flupke ainsi qu’une dizaine de courts métrages et des spots publicitaires. Le chiffre d’affaires de la société s’élevait en 1986 à 18,4 millions.
Belvision
125 Belvision (capital : FB 10 millions) constitue le premier studio professionnel d’animation, il a été créé en 1955 par Raymond Leblanc (éditeur du journal Tintin et directeur général des Editions du Lombard), avec les conseils de spécialistes de Hollywood. Dès 1960, le studio était capable de produire de la "full animation" en 35 mm, et représentait un début de développement d’une structure de type industriel en Belgique. De 1965 à 1975, la capacité de production de Belvision lui permettait de sortir un long métrage par an, en occupant 150 personnes. Depuis 1975, l’activité de la société est en veilleuse, elle n’occupe plus que 3 personnes ; l’outil de production a été néanmoins entièrement maintenu.
126 Jusqu’en 1975, la société a produit et réalisé des séries et de nombreux longs métrages (Tintin, Astérix, Lucky Luke, Les Schtroumpfs).
127 Depuis lors, l’activité du studio s’est limitée à la production et la fabrication de quelques courts métrages, de deux films scientifiques d’une demi-heure et de 3 ou 4 spots publicitaires par an.
128 Selon la société, cette réduction d’activité est due à des charges sociales trop élevées, à un manque d’auteurs et de réalisateurs et à un manque de personnages (Hergé n’a plus autorisé l’adaptation de Tintin en dessin animé, Astérix et Lucky Luke sont actuellement coproduits par Dargaud et Gaumont et Les Schtroumpfs par la SEPP). Belvision dispose d’une filiale en France, la société Belvision France.
Kid Cartoons
129 Kid Cartoons, à Bruxelles, produit et fabrique depuis sa création en 1976 exclusivement du dessin animé destiné aux télévisions. Une partie du travail (le story board, le lay out, l’animation) est réalisée, à domicile, par des indépendants rémunérés à l’heure ou à la pièce. Les travaux d’exécution (traçage, coloriage, prise de vue au banc titre, montage) sont réalisés dans les studios de Kid Cartoons. La bande "parole" est généralement réalisée par Kid Cartoons, mais l’ensemble de la bande son est prise en charge par des studios spécialisés.
130 Les premières séries réalisées, tournées en 16 mm, sont considérées comme de la "semi-animation". La dernière série, La bande à Ovide, en cours de fabrication, tournée en 35 mm, présente de la full animation.
131 Kid Cartoons a produit et fabrique 5 séries télévisées pour un total de 20 heures.
132 Le chiffre d’affaires de l’activité dessin animé de la société s’élève à environ 60 millions de FB en 1987.
SODEP
133 La Société de doublage, d’éclairage et de production de films - SODEP (capital : FB 100.000), créé à Bruxelles en 1947, est une maison de production aux activités diversifiées : longs et courts métrages de fiction, documentaires, de commandes et films d’animation.
134 SODEP n’a pas une activité de production continue et n’emploie pas de permanents excepté son secrétariat. La société n’est pas un studio d’animation : elle n’est pas équipée pour faire un travail à la chaîne qui emploie des traceurs, des coloristes, des animateurs, etc. mais elle dispose de facilités de tournage telles que table d’animation, caméra, table de montage, magnétoscopes. SODEP a résolu le problème de l’équipement d’un studio complet en travaillant avec des "free lance". La base de son organisation est la collaboration avec des indépendants rémunérés sur facture. Pour un dessin animé, la société utilise environ 4 animateurs et 10 coloristes.
135 SODEP a produit et réalisé deux séries télévisées en "semi animation" en 16 mm pour un total de 9 heures et des courts métrages d’auteurs en 16 et 35 mm.
Alligator Films
136 Alligator Films (capital : FB 250.000), créé à Bruxelles en 1969, est une maison de production qui a produit des feuilletons de fiction TV, des fictions, des documentaires et qui prépare la production de deux séries pour la télévision, en animation, la série Bogus, animation de personnages en plasticine, et la série Bécassine, en projet.
137 Alligator Films est davantage un producteur qu’un fabricant. Pour la réalisation de Bogus, la société loue un studio et s’est équipée d’une caméra 16 mm pour la prise de vue image par image et d’une table de montage. La bande son est réalisée à l’extérieur.
138 Le chiffre d’affaires de l’activité dessin animé de la société s’élève à environ 5 millions FB pour l’année 1987 ; le chiffre d’affaires total de la société s’élevait à 20,5 millions en 1986.
Bertiaux et Marc Films Associés
139 Bertiaux et Marc Films Associés (capital : FB 750.000), à Bruxelles, est un studio spécialisé dans les prises de vue image par image, qui effectue exclusivement des travaux de commande, en sous-traitance, pour des clients répartis pour moitié entre la Belgique et la France. Le studio réalise de l’animation, des trucages, des titres, des génériques, des dessins animés, des montages négatifs en 16 ou 35 mm et en vidéo.
140 Parmi ses principales réalisations, on peut relever :
- le travail de prises de vue pour des films de dessin animé, notamment les films de Gerald Frydman, une partie de Le big bang de Picha en 1985/86 ;
- des génériques et des trucages de films, filmés image par image, en 1986, notamment pour les films Behind, The silver screen, Falsch, Congo express, Het gezin van Paemel, Skin, Crazy love et The end ;
- des spots publicitaires réalisés en animation, notamment pour Van Dam KH en Belgique, et pour FR 3 en France (spots locaux) ;
- des films d’animation didactiques médicaux, industriels, pour des institutions (télévision scolaire, Observatoire royal de Belgique, CEE, etc.) ;
- des génériques ou des séquences pour des émissions de télévision comme Cargo de nuit ou image et réalité pour la RTBF.
141 Le studio a également préparé un projet de mise en place d’une cellule informatique qui permettrait de transférer des images sur du film, pixel par pixel.
142 Le studio a pour principe de ne travailler qu’avec des indépendants. Il utilise en permanence 2 indépendants, 3 opérateurs caméra et emploie parfois jusqu’à 50 personnes. Bertiaux et Marc Films a réalisé en 1986 un chiffre d’affaires de FB 6,2 millions.
Studio Jacques Campens
143 Comme Bertiaux et Marc Films, le Studio Jacques Campens est un studio "service" qui réalise des travaux de commande en sous-traitance, principalement de la prise de vue et du montage, avec une activité permanente en développement.
144 Ce studio a notamment réalisé des génériques et des séquences d’émissions en animation pour la RTBF (centres de production de Bruxelles et de Charleroi), des génériques de films en animation pour des courts métrages et des longs métrages, des films ou des séquences de films médicaux, industriels et didactiques.
145 De deux à dix personnes sont employées suivant l’importance des commandes, avec un statut d’indépendants rémunérés sur factures.
146 En 1987, le chiffre d’affaires de l’activité animation de studio s’eleve à environ 6 millions de FB.
Studio Mireille Vicat
147 Le Studio Mireille Vicat, créé en 1961 à Bruxelles, est un des plus importants studios spécialisé dans la mise au net, le traçage, le gouachage et les dessins de décors. Le studio peut également concevoir des dessins animés, réaliser les story boards, les lay outs et des maquettes. Le studio n’est pas équipé pour la prise de vues ou le montage et ne dispose que de matériel graphique.
148 On compte parmi ses principales réalisations :
- séries TV : réalisation partielle du traçage et gouachage pour les séries Gil et Julie, Les recettes de Gil et Julie et La bande à Ovide pour Kid Cartoons ; traçage du pilote Bécassine pour Alligator Films ; pilotes pour la SEPP : les Snorkels, les Diskies, Les vers glisseurs, Les tribars ;
- longs métrages : trace et gouache pour les parties faites en Belgique de La honte de la jungle de Picha, Lucky Luke, les Dalton, Astérix pour Belvision ; mise au net, trace, gouache et gestion de la coordination de Le big bang de Picha, pour Comedia ;
- divers : spots publicitaires en animation pour RTL, la RTBF, le cinéma ; films médicaux, didactiques, génériques ou séquences en dessin animé pour la RTBF.
149 Le studio ne travaille qu’avec des indépendants, rémunérés à la pièce ou à l’heure, et réunit de 10 à 250 personnes suivant le type de projet en chantier.
150 Le studio réalise un chiffre d’affaires qui varie entre 2 et 8 millions de FB, suivant le type de productions.
Société d’édition de presse et de publicité - SEPP
151 La Société d’édition de presse et de publicité - SEPP (capital : FB 200 millions) créé à Bruxelles en 1980 est une filiale du Groupe Jean Dupuis.
152 La société a pour objectif de commercialiser les produits Dupuis dans le monde et a mis l’accent sur la production de séries de dessins animés puisant notamment dans le stock de personnages des Editions Dupuis (Les Schtroumpfs, Johan et Pirlouit). La SEPP se définit comme une société de marketing qui promotionne des idées, des projets, qu’elle fait réaliser en dehors de sa structure. La plupart des projets sont conçus en Belgique, par des professionnels belges qui créent les "models sheets" et/ou certains pilotes. La société monte des coproductions avec des partenaires américains et européens, dont des chaînes de télévision, et confie la réalisation de séries à des studios américains (Hanna Barbera) et asiatiques, estimant que les studios belges ne peuvent répondre aux critères de qualité, de prix, de délais et de volumes exigés par le marché international.
153 Au total, la SEPP estime qu’elle gère entre 4.000 et 5.000 contrats avec des entreprises situées dans quelque 65 pays différents pour l’exploitation des produits audio-visuels, le merchandising, l’édition de livres et l’édition musicale.
154 Depuis 1980, SEPP a produit 186 heures de programmes réalisées à l’étranger (séries Schtroumpfs, Snorky, Foofur, Seabert) pour un investissement de 80 à 90 millions de dollars.
155 En 1987, la société a produit environ 50 heures de programmes. Le chiffre d’affaires de l’activité dessins animés est évalué aux alentours de 10 millions de dollars pour l’année 1987.
Casterman
156 La société Casterman (capital : FB 15 millions), à Tournai, est une entreprise familiale qui a deux activités distinctes : l’édition, principalement de bandes dessinées pour la jeunesse et l’imprimerie qui travaille pour l’édition mais réalise également les annuaires téléphoniques pour la Belgique, etc.
157 Depuis plusieurs années, le département édition s’est orienté vers la bande dessinée pour adultes en plus de la bande dessinée pour enfants (magazine "A suivre" lancé en 1978, suivi de l’édition d’albums), et a cherché à diversifier ses activités vers l’audio-visuel.
158 Les séries de dessins animés produites sont des adaptations des personnages du capital personnages de Casterman : Petzy, Yakkari, Ouick et Flupke. Actuellement, les projets tendent à s’orienter vers la production de séries de dessins animés pour adultes (Adèle Blanc Sec, Le chat), ce type de programme bénéficiant en France de tarifs beaucoup plus élevés que les tarifs pratiqués pour les programmes pour enfants.
159 Casterman possède 3 filiales, une en Belgique (Maison Decallonne), une en France (Edition Casterman SA) et la troisième aux Pays-Bas (Casterman Nederland). Casterman a pris une participation de 10 % dans le capital de France Animation, société créée en 1984 dans le cadre du plan image du Ministère de la Culture.
160 Casterman a produit environ 10 heures d’animation depuis 1980, pour un investissement total de FB 88 millions. Le chiffre d’affaires total de la société s’élevait à FB 1.977,6 millions en 1986.
Annexe 2 – Liste des principaux courts métrages d’animation produits et réalisés dans la communauté française
Annexe 3 – Exemples de budgets de production
Exemple d’un budget de production de série télévisée : Quick et Flupke (Casterman/réalisation Graphoui)
Exemple d’un budget de production de série télévisée : Quick et Flupke (Casterman/réalisation Graphoui)
161 Le poste rémunérations couvre les opérations de réalisation, le lay out, le story board, l’animation, le trace gouache décors, le tournage, le montage, le bruitage et le secrétariat. Les story boards, lay outs et l’animation représentent ensemble 37 % des rémunérations tandis que les opérations de traçage, coloriage et décors représentent 27 % de ces mêmes rémunérations.
Exemple d’un budget de production de long métrage : Le big bang de Picha (Comedia / Zwanz)
Exemple d’un budget de production de long métrage : Le big bang de Picha (Comedia / Zwanz)
162 Avec un budget de production de FB 154,6 millions, on peut estimer que Le big bang, film d’une durée de 77 minutes, a coûté environ 2 millions de FB la minute. Ce coût s’explique par la qualité de l’animation, le nombre de personnages par plan, la qualité et la variété des décors, etc.
Annexe 4 – Recettes des films d’animation de long métrage dans les salles d’exclusivité de Bruxelles
Annexe 5 – Le public et l’audience des films d’animation sur les 5 chaînes francophones
163 Les enquêtes menées par la RTBF auprès des enfants de 6 à 13 ans qui ont la télévision à domicile montrent que le temps de vision a presque doublé en 20 ans pour arriver à 2 heures par jour en 1986.
Evolution du temps consacré à la télévision par les enfants de 6 à 13 ans, en 20 ans, en nombre de minutes par jour
Evolution du temps consacré à la télévision par les enfants de 6 à 13 ans, en 20 ans, en nombre de minutes par jour
164 Cet accroissement s’explique à la fois par les changements d’horaires scolaires (congés du mercredi après midi et du samedi matin en Belgique et en France) et par l’extension du câble et la multiplication des chaînes que l’on peut capter.
165 Mais si le temps consacré à la télévision a doublé, il n’est pas extensible à l’infini. La RTBF indique que la multiplication des chaînes entraîne un rétrécissement de la part occupée par les chaînes de télévision les plus anciennes, au profit de chaînes plus récentes.
166 D’après l’enquête menée du 3 au 9 mars 1986 par la RTBF auprès des enfants de 6 à 15 ans habitant Bruxelles et la Wallonie qui ont la télévision à domicile, c’est RTL qui est la plus regardée (un bon tiers du temps de vision), suivie de la RTBF (un quart), d’Antenne 2 et de TF 1.
Répartition du temps consacré par les enfants habitant Bruxelles et la Wallonie à la télévision, sur 100 minutes
Répartition du temps consacré par les enfants habitant Bruxelles et la Wallonie à la télévision, sur 100 minutes
167 Les enfants regardent moins la télévision que les adultes. Le temps passé devant l’écran augmente avec l’âge : on passe de 1h30 environ chez les enfants de 6/7 ans à 2h30 chez ceux de 14/15 ans.
Répartition de la durée de vision selon le jour, l’âge et le sexe (en minutes)
Répartition de la durée de vision selon le jour, l’âge et le sexe (en minutes)
168 Sur la période considérée, le maximum d’audience est recueilli par RTL avec Chocolat Show le dimanche matin, suivi de TF 1 avec Vitamine le mercredi après-midi, Antenne 2 avec Récréa 2 le mercredi après-midi, la RTBF avec Disney Channel le dimanche après-midi, à nouveau Récréa 2 le dimanche et le mercredi, suivi de la RTBF avec Nouba Nouba (surtout le samedi, puis le mercredi et le restant de la semaine) et enfin TF 1 avec La vie des botes.
169 L’audience des Schtroumpfs a baissé de plus de moitié de 1985 à 1986, probablement à cause de la saturation due à la diffusion préalable de Disney Channel dans l’après-midi du dimanche en 1986.
Notes
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[1]
Le dessin animé, Dossiers de l’audio-visuel, INA, No 10, Nov-Déc 1986.
-
[2]
En ce qui concerne la Belgique (francophone plus particulièrement), le lecteur trouvera une présentation de ces évolutions dans l’Annuaire de l’audio-visuel, Ed. Mardaga - Ministère de la Communauté française, 1986, et Annuaire de l’audio-visuel, Ministère de la Communauté française -Edimedia, 1988.
-
[3]
Le dessin animé, op. cit.
-
[4]
Ibidem.
-
[5]
On notera que, ayant d’importants volumes à produire et évitant de dépendre exclusivement de leur main d’œuvre intérieure, les firmes américaines ont cédé une partie de leur marché de fabrication aux pays du sud-est asiatique (principalement la Corée du Sud, Taïwan et Hong-Kong).
-
[6]
Vision, Vidéodoc, Moniteur du film en Belgique, Media Magazine, Institut national de l’audio-visuel, CCAC,…
-
[7]
Qui a cessé ses activités en novembre 1987.
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[8]
Dont l’activité est cependant réduite depuis 1975.
-
[9]
La série Les Schtroumpfs (190 épisodes de 30 minutes) est réalisée par les studios Hanna Barbera, à Los Angeles, qui ont, eux mêmes, fait appel à des sous-traitants en Asie du sud-est pour environ la moitié de la série. Cette série aurait impliqué au total quelque 45.000 personnes dans le monde pour la réalisation des épisodes et la fabrication des produits dérivés.