À la mort du pape Jean-Paul II, ce ne fut qu’un cri : Santo subito ! C’est-à-dire : Proclamons-le Saint tout de suite ! Bien que polonais et réactionnaire, il avait su séduire le petit peuple de Rome. L’on n’a découvert qu’ultérieurement certains côtés contestables de l’homme ; des réserves se sont alors exprimées, trop tard.... Douchée jadis par l’expérience de canonisations trop hâtives, l’Église catholique, institution ayant de la bouteille, avait pourtant, depuis longtemps, arrêté de strictes règles de procédure pour l’instruction du dossier des appelés à la sainteté. Tout cela avec des grades dans l’élection, et le franchissement de sas. L’ancien Avocat du diable devenu Promoteur de justice veille à la rigueur de l’instruction. Le document romain fixant la procédure émane de la Congrégation des causes des saints. Il fait une centaine de pages ! Avec un certain pragmatisme, l’Église se laisse parfois bousculer et accepte de précipiter sa décision : ce fut le cas, on l’a vu, pour Jean-Paul II. Mais s’il y eut des imprudences, des dérapages plus ou moins contrôlés, le comportement de base de l’Église demeurait la prudence. On laissait du temps au temps, cela pour parvenir à une plus exacte appréciation des vertus de l’appelé. On pense aujourd’hui à tout cela en observant l’emballement politico-médiatique qui a accompagné la disparition de Robert Badinter. Santo Subito ! clame-t-on, et on le panthéonise déjà. La presse l’a très majoritairement fait. Courant après l’événement, Emmanuel Macron et Yaël Braun-Pivet ont pris le train en marche, ayant dû entrevoir là le bénéfice politique à tirer personnellement d’une adhésion populaire qui leur est refusée ailleurs…