Depuis le coup d’État du 25 juillet 2021, la transition démocratique, intervenue en 2011 après la chute de Ben Ali, a connu un coup d’arrêt. Au nom de l’état d’exception, le président Kaïs Saïed a systématiquement détricoté tout l’édifice imaginé pendant la décennie postrévolutionnaire pour parer au retour de la dictature. Profitant des errements de la classe politique et du mécontentement populaire, il a progressivement installé un régime hyper-présidentiel hostile aux corps intermédiaires. Alors que les différentes consultations populaires ont mis en lumière le peu d’enthousiasme des Tunisiens pour cette entreprise, il a pu compter sur une partie importante des élites qui a paradoxalement accompagné un régime antiélitiste.
Since the coup of July 25th, 2021, the democratic transition that took place in 2011 after the fall of Ben Ali, has come to a standstill. In the name of the state of emergency, President Kaïs Saïed has systematically unravelled the whole edifice imagined during the post-revolutionary decade to prevent the return of dictatorship. Taking advantage of the errors of the political class and popular discontent, he gradually installed a hyper-presidential regime hostile to intermediary bodies. While the various popular consultations have highlighted the lack of enthusiasm of Tunisians for this undertaking, he was able to count on a large part of the elites who paradoxically supported an anti-elitist regime.