1 Elle est née en octobre 1920 à Athènes, dans le vieux quartier du Théséion, au pied de l’Acropole. Le 1er juin 1939, elle se marie avec le Marseillais Roger Milliex, alors professeur de français et de philosophie à l’Institut français d’Athènes depuis 1936. Ils auront deux enfants. En 1940-41, Roger fait partie du petit groupe des Français Libres de Grèce. Avec l’invasion allemande de la Grèce en avril-mai 1941, le couple rejoint l’EAM (Front de libération nationale), la puissante organisation de résistance de gauche. Tatiana est aussi volontaire à la Croix rouge hellénique alors que Roger est secrétaire général de l’Institut français durant toute la guerre. Il fera de celui-ci un lieu de protection pour les résistants. En 1942, Tatiana est étudiante à l’Institut où elle perfectionne son français et prend des cours de phonétique au conservatoire d’Athènes.

2 Le couple rejoint la France d’août 1945 à juin 1946. Tatiana s’inscrit à l’Ecole du Louvre et représente l’organisation des femmes grecques résistantes lors de la première Conférence internationale des femmes résistantes à Paris.

3 Le couple rentre en Grèce à l’été 1946 et Roger devient sous-directeur de l’Institut français jusqu’en 1959. En 1947, Tatiana travaille au Centre d’études de l’Asie mineure et commence à publier des nouvelles dans la revue littéraire Elefthéria grammata (Lettres libres). Cette année-là, elle sort son premier recueil de nouvelles : Place du Théséion, suivi de Les nouveaux livres. Elle côtoie aussi le monde de la peinture athénien. Prolixe, elle publie Sur la route des anges en 1950, Journal et Ceux qui peinent sous le fardeau en 1951, On change en 1957, A la première personne en 1958. Elle collabore aussi à des journaux comme Anexartytos Typos et Anendotos.

4 En 1959, Chypre devient indépendante. Roger Milliex est nommé attaché culturel à l’ambassade de France à Nicosie, jusqu’en 1971. Tatiana le suit, travaille avec les milieux culturels chypriotes et collabore au journal chypriote grec Ta Néa de 1964 à 1970. En 1963, elle publie C’était un cheval blême.

5 Démocrates convaincus, les Milliex luttent contre la dictature des Colonels (1967-1974). Ne pouvant retourner en Grèce, ils s’exilent en Italie. Roger est nommé directeur du Centre culturel français de Gênes jusqu’en 1975 et Tatiana travaille à la chaire de grec moderne de l’université de Gênes. Elle publie en 1973 Déchirements. A la chute de la dictature, en août 1974 ils rentrent en Grèce. Roger travaille alors comme journaliste pour les presses française et grecque et Tatiana collabore à la Radio nationale et à la deuxième chaîne de télévision publique en 1974-75 et 1983-84. Elle collabore aussi au journal communiste réformateur Avghi (1974-77) puis à Elefthérotypia du dimanche de 1976 à 1984. Elle publie Sondages des profondeurs en 1978, Retours en arrière en 1982, L’arbre de Caïn en 1985, Chronique d’un cauchemar (livre sur la dictature) en 1986, De l’autre rive du temps et Dans l’escalier du ciel en 1988, Oniriques en 1991, L’aire d’Hécate en 1993.

6 Tatiana Gritsi-Milliex a été fondatrice du Pen Club grec, membre de la Société des écrivains grecs et de la Fondation grecque des archives historiques et littéraires.

7 D’un caractère entier, elle avait une écriture passionnée. Un critique a dit qu’elle « est une flamme ». Elle aimait évoquer les liens profonds qui unissent le vécu et la sensibilité personnels avec les événements, les situations et la mémoire collective grecs, comme de nombreux auteurs grecs de sa génération. Elle s’est éteinte à l’hôpital du Pirée le 13 février 2005.