Couverture de COMLA1_200

Article de revue

D – & : DESIGN / DISCIPLINES (invisible(s)) / DISCIPLINES (abrégé de) / DOSSIER / & / & /

Pages 71 à 101

Notes

  • [1]
    Davallon Jean, « Objet concret, objet scientifique, objet de recherche », Hermès, no 38, 2004, p. 30-37.
  • [2]
    Veraldi Gabriel, « La communication est‑elle une vache sacrée ? », Communication et langages, no 5, 1970, p. 75-80 ; Thibault-Laulan Anne-Marie, « Les impasses de la communication », Communication et langages, no 25, 1975, p. 5-16 ; Christin Pierre, « Orages sur la communication », Communication et langages, no 49, 1981, p. 39-49 ; Laulan Anne-Marie, « Pour une critique de la communication », Communication et langages, no 81, p. 109-112 ; Mousseau Jacques, « L’homo communicans », Communication et langages, no 94, 1992, p. 4-13.
  • [3]
    Buhler Michael, « Schémas d’études et modèles de communication », Communication et langages, no 24, 1974, p. 31-43.
  • [4]
    Davallon Jean, art. cit.
  • [5]
    Craig Robert T., « Communication in the conversation of disciplines », Russian Journal of Communication, vol. 1-1, Winter, 2008, p. 7-23.
  • [6]
    Outre la conversation interdisciplinaire, Communication & langages recourt à la conversation internationale en sollicitant régulièrement des auteurs étrangers, qui sont déjà, ou seront, des figures importantes des sciences consacrées à la communication en développement. Voir par exemple : McLuhan Marshall, « Entretien avec McLuhan : “Je n’explique rien, j’explore” », Communication et langages, no 2, 1969, p. 89-100 ; Flusser Vilem, Manoury Jean-Marie, « À propos d’Abraham Moles. La communication : science ou idéologie ? », Communication et langages, no 20, 1973, p. 35-52 ; Flusser Vilem, « Le phénomène surprenant de la communication », Communication et langages, no 37, 1978, p. 27-32 ; Nordenstreng Kaarle, « Les nouvelles tendances de la théorie de la communication », Communication et langages, no 28, 1975, p. 4-16. Voir aussi Mousseau Jacques, « Stanford : tournant dans la communication », Communication et langages, no 27, 1975, p. 93-107.
  • [7]
    Deux articles font exception : Mathien Michel, « L’étude des médias : un champ ouvert à la transdisciplinarité », Communication et langages, no 106, 1995, p. 77-88 ; Dacheux Éric, « La communication : éléments de synthèse », Communication & langages, no 141, 2004, p. 61-70.
  • [8]
    Rappelons que Jacques Mousseau, alors directeur de la publication, était également directeur de la revue Psychologie ; cf. infra l’entrée « Typographie ».
  • [9]
    Parmi bien d’autres exemples : Cazeneuve Jean, « Les tendances de la sociologie moderne », Communication et langages, no 5, 1970, p. 69-74 ; Richaudeau François, Fleury Danièle, « Pour comprendre quelques termes linguistiques », Communication et langages, no 5, 1970. p. 5-11 ; Mead Margaret, « Anthropologie et glyphes », Communication et langages, no 7, 1970, p. 5-12.
  • [10]
    « Éditorial : Une nouvelle étape », Communication et langages, no 1, 1969, p. 7, nous soulignons.
  • [11]
    Voir néanmoins les échanges qui eurent lieu entre les fondateurs de la revue et ceux de la discipline ; cf. infra l’entrée « Typographie ».
  • [12]
    Dès 1969, Gabriel Veraldi expose un programme qui peut être assumé cinquante ans plus tard sous une terminologie à peine différente : « Un “communicationnisme”, au lieu d’une science de la communication, ce n’est pas un phénomène surprenant. La science, à son étape du scientisme naïf, n’a pas échappé à la tentation idéologique. Mais l’esprit d’orthodoxie, de monopole, de rupture avec ce qui ne se conforme pas à l’idéologie, est particulièrement déplorable quand il est question de communiquer. Un des objectifs que devrait se fixer un groupe de recherche indépendant et désintéressé, comme Communication et langages, serait d’approfondir l’autocritique que nous avons esquissée. L’efficacité unique de la science provient justement de l’examen incessant de ses méthodes et de ses fondations » (« Communication : une science et non une idéologie », Communication et langages, no 3, 1969, p. 77).
  • [13]
    Voir par exemple, sur la question des modèles, de leur pertinence et de leurs limites, l’article de Dominique Picard (« De la communication à l’interaction : l’évolution des modèles », Communication et langages, no 93, 1992, p. 69-83) qui, sans citer l’article de Michael Buhler paru près de vingt ans plus tôt, répertorie des modèles « techniques », « linguistiques » et « psychosociologiques » qui recoupent en partie ceux qui ont été identifiés précédemment – en conclusion, l’auteur propose également une mise à distance de la schématisation : « on a pu constater que les chercheurs abandonnaient progressivement l’idée de formaliser la communication dans des schémas, tant il apparaissait que cette formalisation ne pouvait que simplifier et rigidifier un processus plus dynamique que statique » (p. 82).
  • [14]
    Au sens de Michel Foucault pour qui « entre la tradition et l’oubli, elle fait apparaître les règles d’une pratique qui permet aux énoncés à la fois de subsister et de se modifier régulièrement » ; Foucault Michel, L’Archéologie du savoir, Gallimard, Paris, 1969, p. 171.
  • [15]
    Voir les entrées « Discipline(s) invisible(s) » et « Typographie » du présent Lexique.
  • [16]
    Barthes Roland, « Le message publicitaire, rêve et poésie », Les Cahiers de la publicité, no 7, 1963, p. 91-96.
  • [17]
    Voir l’article d’Emmanuël Souchier : « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [18]
    Voir l’entrée « Rubriques ».
  • [19]
    Voir l’entrée « Couverture (tirer à soi la) ».
  • [20]
    Breton Philippe, « La naissance des sciences de la communication (à la recherche d’un programme de séparation) », Quaderni, no 23, 1994, p. 67-75.
  • [21]
    Chevalier Yves, « Présentation », Communication & langages « Le “constructivisme”, une nouvelle vulgate pour la communication ? », no 139, 2004, p. 3-4.
  • [22]
    Cotte Dominique, « Espace de travail et logique documentaire », Études de communication, no 30, 2007, p. 25-38.
  • [23]
    Rizza Maryse, « La numérisation du dossier d’œuvre : enjeux organisationnels pour les musées », Culture et musées, no 22, « Documenter les collections, cataloguer l’exposition », in Gérard Régimbeau (dir.), Arles, Actes Sud, 2004, p. 25-45.
  • [24]
    Bringay Sandra, Barry Catherine, Charlet Jean, « Les documents et les annotations du dossier patient hospitalier », Revue I3 – Information Interaction Intelligence, 4 (1), Cépaduès, 2004.
  • [25]
    Olivier Bertrand, Les Clôtures du Paradis, Bruxelles, Surfaces utiles, 2017.
  • [26]
    Bruno Giordano, Des liens, trad. Sonnier Danièle & Donné Boris, Paris, Allia, 2014.
  • [27]
    Jousse Marcel, L’Anthropologie du Geste. Le parlant, la parole et le souffle, vol. 3, Paris, Gallimard, 1978.
  • [28]
    Illich Ivan, Sanders Barry, ABC : l’alphabétisation de l’esprit populaire, La Découverte, Montréal, Boréal, 1990.
  • [29]
    Quignard Pascal, Rhétorique spéculative, « Petits traités », Paris, Calmann-Lévy, 1995.
  • [30]
    Glassner Jean-Jacques, Écrire à Sumer. L’invention du cunéiforme, Paris, Seuil, 2000.
  • [31]
    Parkes M. B., Pause and effect. Punctuation in the west, Burlington USA, Ashgate Publishing Company, 1992.
  • [32]
    Souchier Emmanuël, « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [33]
    Peirce Charles Sanders, Écrits sur le signe, « Présentation » de G. Deledalle, Seuil, 1978.
  • [34]
    Christin Anne-Marie, Poétique du blanc. Vide et intervalle dans la civilisation de l’alphabet, Peeters Vrin, 2000.
  • [35]
    Souchier Emmanuël, « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [36]
    Blanchard Gérard, « Nœuds & esperluettes. Actualité et pérennité d’un signe », Communication et langages, no 92, 1992, p. 85-101.
  • [37]
    De Miribel Marielle, « Les métamorphoses du livre et de l’œil », Communication & langages, no 123, 2000, p. 59-69.
  • [38]
    Étiemble René, « La langue de la publicité », Les Cahiers de la publicité, no 15, p. 105-112.
  • [39]
    Voir les entrées « Clinamen (Lucrèce, Marx, Jarry) » et « Clinamen ».
English version

Design

1L’émergence progressive du design dans le champ des pratiques de communication mène à s’interroger sur les questions que cette discipline peut poser au champ d’études de l’information-communication, et plus généralement sur les rapprochements, mais aussi les ruptures, que ces deux domaines peuvent connaître.

2Congruence d’objets, d’abord : les pratiques et les formes de la lettre et du dessin sont des objets communs aux Sciences de l’information et de la communication et au design. L’espace graphique, la connaissance des supports, et l’expressivité du signe sont leur premier terrain de rencontre et Communication & langages, dès ses débuts, s’est instituée en voix pour ces explorations créatives et scientifiques. Bien sûr, si le design est sur le versant de la création, les recherches en information-communication sont sur celui de l’analyse. Mais d’emblée des convergences sont visibles, durables et renouvelées dans le temps, concernant notamment la prise en compte des cadres et des contraintes matérielles, les synergies respectées entre intentions expressives et réalités techniques ou encore la prise en compte des acteurs des processus de communication dont sont porteurs les dispositifs.

3Congruence de méthodes, ensuite. Dans le design et dans les méthodes des SIC, les situations sont approchées de façon multi-dimensionnelle. Les créations, comme les analyses, peuvent aller de très petits objets, une image, une page, un écran, un détail, jusqu’à des dispositifs complexes, des environnements, des systèmes d’objets, des interfaces informationnelles, des data visualisations, des réseaux. C’est aussi dans la relation entre le design et les SIC que se déploient les études d’usages des smartphones ou des enceintes connectées, ou encore des mutations en cours issues de l’accès aux données dans les domaines de la santé, du sport, du jeu, de l’apprentissage. Cette rencontre disciplinaire a commencé par le partage des méthodes, comme la description anthropologique des scènes du quotidien, le recours à l’entretien pour comprendre les pratiques et les attitudes, ou encore la modélisation de systèmes informationnels. Elle se poursuit par un dialogue épistémologique et s’inscrit également dans un accueil académique. Car le caractère de discipline universitaire des SIC – une discipline constituée principalement d’enseignants-chercheurs pour ses effectifs et localisée dans les universités – signe dans ce champ d’études une sensibilité particulière à l’égard des problématiques de professionnalisation et d’application ; un certain nombre des objets des SIC est, de fait, de l’ordre du design, ou s’en rapproche par sa proximité avec la question des besoins, de la demande sociale ou de la pratique. Qu’on la décrive comme une « interdiscipline » ou que ce questionnement soit porté à d’autres niveaux, la nature hétérogène et composite des Sciences de l’information et de la communication les constitue également en discipline dont les approches et méthodologies systématisent, en quelque sorte, les pratiques d’études et les points de questionnement du design et des designers. L’analyse soigneuse des situations sociales, des dispositifs dans leur matérialité, des échanges concrets, des contenus et de leurs contextes, peut aussi bien caractériser l’émergence d’une recherche en design que les efforts accomplis dans les SIC, dès leur fondation, pour dévoiler les fonctionnements du monde social. Autant de perspectives qui à la fois interrogent l’ordinaire et supposent une inventivité méthodologique ; autant de perspectives qui positionnent ces approches aux marges des grandes formations discursives et les inscrivent dans une pratique concrète de l’hybridité.

4Une problématique épistémologique relie ainsi design et SIC dans le champ des Sciences anthropo-sociales. L’intérêt croissant des SIC pour le design illustre notamment les rapprochements en cours entre création et recherche. La thématique porteuse de l’innovation, le regain d’intérêt pour les processus de création et l’émergence de la conception centrée sur les usagers ont fait du design, de ses productions, de son milieu professionnel et de ses espaces de travail un objet d’étude pour les SIC ou des terrains de découverte et d’expérimentation. C’est aussi le design que les SIC retrouvent quand elles s’intéressent aux plateformes participatives, aux nouvelles modalités d’expression en démocratie ou aux labs d’innovation. Le développement du design thinking, qui se donne pour ambition de faciliter l’idéation et l’engagement équitable des individus dans des collectifs, concerne les SIC tant sous l’aspect des formes, formats et supports qu’il mobilise (post-it, tableaux d’idées et leurs photos, systèmes contributifs) que sous celui du design informationnel. Les SIC reconnaissent le design comme l’un des lieux de la fabrique de la représentation et du visible, l’un des lieux où se forgent des relations entre humains par la communication.

5Un dernier centre d’intérêt commun, et non des moindres, est la tension entre transformation numérique et écologie. Le design a porté dès les années 1960 une vigoureuse critique de l’exploitation de la planète, de ses espaces et de ses ressources, et a conceptualisé une seconde nature, composée des déchets informationnels et des gaspillages de matière première. C’est sans doute sur ce terrain que les recherches croisées ont de grandes chances de s’amplifier, d’autant que les SIC sont aussi un refuge pour les chercheurs en design qui, faute de section propre, se trouvent à leur aise dans les vastes espaces de l’information-communication, des interactions langagières aux artefacts techniques.

6Ces congruences théoriques et pratiques et les rencontres humaines qu’elles engagent ont permis de faire du design et de ses médiations un objet pour les SIC. Pratique professionnelle à questionner d’autant plus qu’elle s’impose comme référence, voire comme standard et comme idéologie dans certains milieux de la communication, le design fait partie des objets triviaux du monde contemporain. Ses avatars et ses usages multiples le désignent comme hautement communicationnel, traversé de logiques de transformation et de circulation. Le champ disciplinaire des SIC recouvre ainsi à la fois les enjeux d’une recherche avec le design, d’une recherche en design et d’une recherche sur le design, rencontre dont une revue comme Communication & langages est bien l’un des représentants.

7éc – sp

Discipline(s) (invisible(s))

8Parcourir la riche collection des numéros de Communication & langages, d’année en année, de décennie en décennie, c’est parfois se retrouver face à des textes baroques, incongrus ou étonnamment actuels malgré le passage du temps ; c’est se replonger dans des façons de faire qui, pour certaines, n’ont plus cours : les évolutions de la thématisation des objets, de leurs circonscriptions conceptuelles et plus généralement du style des articles, nous renvoient aux procédés et aux cultures de l’écrit scientifiques propres à chaque époque. De ce point de vue, l’expérience de lecture que nous offrent les numéros de Communication & langages des années 1970 ou 1980 n’est pas singulière, ni restreinte aux Sciences de l’information et de la communication (SIC), une discipline alors en cours de constitution – ces formes d’écriture passées, caractérisées par la rareté des références bibliographiques, la généralité autorisée des propos ou encore l’invocation d’une nécessaire rigueur scientifique (sans que les auteurs ne s’accordent sur ses fondements), ont le mérite de nous rappeler que les formats que nous imposons à nos articles contemporains relèvent, tout comme ces formats plus anciens, d’habitudes impensées, d’attentes culturelles, autant que d’une nécessité heuristique.

9En revanche, cette expérience de lecture est singulière en ce qu’elle nous permet d’observer « à l’œil nu » l’installation non linéaire d’un savoir disciplinaire commun. Pérégriner dans ces textes, au fil des découvertes numériques rendues possibles par les plateformes Persée et Cairn, c’est en effet (aussi) observer la constitution progressive d’une manière bien particulière de construire et de problématiser les phénomènes, très variés, que les auteurs prennent pour objet.

10La succession des numéros ne témoigne pourtant pas de la revendication progressive d’un périmètre thématique qui serait réservé aux SIC : au contraire, on ne peut qu’être frappé par la diversité des objets concrets[1] abordés, depuis les premiers numéros jusqu’aux plus récents. Par contre, une volonté partagée et manifeste s’exprime d’emblée, puis continûment : il faut déconstruire ces objets aux manifestations éparses et sans cesse aux prises avec, d’un côté, leurs acceptions techniques (voire la fascination pour les développements technologiques) et, de l’autre côté, leurs représentations sociales positives mais trompeuses et a-critiques [2]. Il ne faut donc pas réduire l’objet mais expliciter la complexité des phénomènes à articuler pour saisir « la communication ».

11Dès 1974, Michael Buhler publie un article, résumé d’une Introduction à la communication parue la même année chez Téma, dans lequel il effectue l’examen critique d’une série de modèles de la communication [3]. Il part du constat selon lequel, « théoriques ou appliquées, les recherches dans le domaine des communications passent nécessairement par la notion de schéma d’étude, et même de modèle » (p. 31). Il en expose alors une série qui, toujours au principe des savoirs manuélisés sur la communication, est encore familière au lecteur de 2019 : « modèles » de Shannon amendé par Katz et Lazarsfeld, de Lasswell, de Westley et McLean, de Schaeffer, de Moles. Mais la série ne saurait être suffisante ni finie car « cette évolution des schémas et modèles depuis qu’une science des communications existe nous fait penser que bien d’autres encore verront le jour, car le phénomène de la communication est d’une rare complexité » (p. 42).

12En filigrane, c’est donc une façon partagée de saisir les objets qui se dessine, consistant à ne jamais se reposer sur un ancrage épistémologique acquis mais à recourir à un arsenal théorique et méthodologique ad hoc, en fonction des caractéristiques des « objets de recherche [4] » que se donnent les auteurs. Dans ce processus, Communication & langages est un lieu de mise en œuvre, et aussi une chambre d’écho, de la participation des SIC à la conversation des disciplines, pour reprendre la belle expression proposée par Robert T. Craig [5]. Cette conversation est prise en charge à sa manière par la revue [6] – c’est-à‑dire que l’observation donne accès à la fois aux représentations partagées d’une époque et aux choix éditoriaux singuliers qui sont les siens.

13Les SIC n’y font pas l’objet d’une grande attention en tant que discipline, en tant que catégorie administrative, en tant qu’instance de validation scientifique ou en tant que désignant un collectif : l’instauration administrative des SIC par le Comité Consultatif des Universités en 1975 n’y est pas signalée, et le nom de la discipline apparaît rarement, si ce n’est dans des comptes rendus d’ouvrages, pour mentionner parfois les rencontres organisées par la société savante, ou encore dans la présentation biographique des auteurs [7]. D’autres termes sont sollicités au cours du temps : « science(s) de la communication » et même « communicologie » ! Mais pour désigner des articles plus théoriques ou épistémologiques, pour caractériser des approches plus empiriques, le rubriquage de la revue sollicitera longtemps, jusqu’à la fin des années 1990, des catégories telles que « sociologie de la communication », « linguistique », « philosophie de la communication » ou « psychologie de la communication ». Ces rubriques remontent aux origines de la revue, qui précèdent l’institution disciplinaire des SIC comme l’existence d’un corps structuré de chercheurs et enseignants-chercheurs : dans les années 1970 particulièrement, les « phénomènes de communication » sont traités par des auteurs (universitaires mais aussi consultants, pédagogues, etc.) qui en appellent explicitement à des disciplines voisines, qui sont souvent celles dans lesquelles ils ont été formés et/ou ils exercent leurs activités professionnelles : sociologie, psychologie, philosophie, linguistique, pédagogie [8]… L’éclairage de sociologues, d’anthropologues, de psychologues, est également sollicité [9]. Par la suite, les intitulés des rubriques constitueront souvent des catégories très générales permettant aux auteurs ou aux éditeurs d’expliciter de manière économique la perspective dans laquelle s’inscrivent les articles.

14Il n’en demeure pas moins que ces différentes approches disciplinaires coexistent et cohabitent, numéro après numéro. Les outils proposés par ces disciplines sont mis en dialogue et mis au service des objets qui préoccupent les auteurs, sans être toujours très adéquats – c’est bien le projet fondateur et la richesse de Communication & langages que de tirer parti de ces deux aspects des savoirs disciplinaires de l’époque :

15

La technologie de l’information doit être complétée, contestée et régulée par une sociologie des communications qui, en majeure partie, est encore à naître. Si l’homme de demain ne veut pas dépérir de solitude et d’ennui, il devra apprendre à communiquer, à maîtriser des disciplines comme l’Informatique, la Linguistique et l’Esthétique, à exprimer sa pensée au moyen des formes et des outils que lui offre, en abondance, la civilisation moderne [10].

16Notre regard sur les prémices de Communication & langages, entrecroisées avec les prémices des SIC est généalogique et, pour la circonstance de ce 200e numéro, un peu patrimonial ; il serait toutefois erroné de réduire cette histoire à ce que nous savons aujourd’hui des développements académiques, professionnels et épistémologiques des SIC en France. Pour ce qui est de la discipline, son histoire institutionnelle, son histoire socio-culturelle, son histoire épistémologique, ne suivent pas les mêmes méandres que ceux d’un projet éditorial comme celui de Communication & langages[11]. Mais un regard rétrospectif sur Communication & langages permet de reconstruire, en partie, une posture disciplinaire finalement cohérente, mais invisible, et la manière bien particulière dont cette posture est informée par la revue ; celle-ci est caractérisée par la grande hétérogénéité et la nouveauté des thématiques, des ressources disciplinaires, des références (nationales et internationales), mais aussi par l’effervescence, par l’expression de préoccupations vives face à des pratiques et des objets en développement rapide, par le surgissement de propositions, certes plus ou moins « inspirées », mais d’abord peu bridées par des corps de savoirs établis. Espaces de partage et de confrontation, les numéros de Communication & langages des années 1970 (et au-delà) témoignent aussi du fait que la cumulativité des savoirs produits dans la première période est très rapide – les bases d’une appréhension complexe de « la communication » sont posées presque d’emblée [12], même si ces savoirs ne s’inscrivent pas, doivent sans cesse être redécouverts et réitérés, dans Communication & langages[13] comme dans d’autres espaces éditoriaux.

17Communication & langages reste une revue qui accueille très régulièrement des articles produits par des collègues venant d’autres espaces académiques et disciplinaires (histoire, anthropologie, philosophie, sciences du langage…) ; pour des raisons plurielles, elle accorde aujourd’hui beaucoup moins de place aux contributions produites par des professionnels non-académiques, dont les interventions essentielles attestaient du caractère de practical discipline des SIC (pour solliciter à nouveau les termes de Robert T. Craig). Communication & langages continue à ne pas se saisir frontalement des SIC en tant que discipline, tout en contribuant évidemment à en façonner les pratiques, à sa manière et à sa mesure, c’est-à‑dire en restant un espace ouvert à la créativité méthodologique mais informé par une archive [14] vivace et réglé par une vigilance épistémologique située.

18sc

Disciplines (abrégé de)

19Une petite histoire des rubriques de notre revue, histoire incomplète et observée uniquement à partir de ses couvertures, nous permet de proposer ici un abrégé des questions épistémologiques qui ne manquent pas d’apparaître à la une de Communication & langages ! Cette historiographie mériterait beaucoup plus de sérieux, mais nous sommes en situation quasi festive : nous fêtons notre numéro 200.

1962

20Née sous le nom des Cahiers de la publicité (1962-1968), la revue Communication et langages trouve son titre définitif en 1969. Ainsi, à ses débuts, elle se concentre sur un média particulier, la publicité, « le » média des années 1960. La publicité occupe alors une place économique et culturelle prépondérante, fait l’objet d’un véritable feuilleton social qui nous vient des États-Unis et accompagne les économies libérales des démocraties occidentales en pleine ascension. Si en 1964, la revue Communications et son anthologique numéro 4 fait autorité, où apparaît le western spaghetti de la sémiologie de l’image publicitaire (pâtes Panzani, italianité, dénotation et connotation, message linguistique, heures heureuses d’une sémiologie naissante sous la plume de Roland Barthes), les Cahiers de la publicité sont plus proches des métiers, des acteurs professionnels [15]. Ce qui ne les empêche pas de compter Roland Barthes parmi leurs auteurs puisque ce dernier y signe un article intitulé « Le message publicitaire, rêve et poésie [16] » en 1963, soit l’année précédant la publication de « Rhétorique de l’image ». Article dans lequel il pose déjà les éléments qui serviront de fondement à l’analyse de l’image du filet à provisions, ses tomates, ses oignons et ses poivrons, article le plus connu des apprentis sémiologues. Si les articles de la revue sont informés par les Sciences sociales, l’espace éditorial se veut l’interface entre l’enseignement, les professionnels et la recherche. Cette dernière est entendue aussi bien comme la recherche au sein des agences de publicité qu’au sein du milieu universitaire.

1969

21En 1969, la revue change de titre pour celui que nous lui connaissons aujourd’hui, Communication et langages, sans toutefois l’esperluette (&) qui apparaîtra en 1997 : Communication & langages[17]. Les rubriques qui apparaissent au sommaire de chaque numéro, de 1969 à 1973, sont une indication pour notre entrée en disciplines : Linguistique, Informatique, Pédagogie, Graphisme, Sociologie, Mass Media, Publicité[18]… Ainsi, placées dans le même paradigme éditorial, nous trouvons deux sciences sociales (linguistique et sociologie), des objets et supports de communication (graphisme, publicité, mass media) et une technologie (informatique). Ce ne sont pas les disciplines universitaires qui structurent alors la politique éditoriale de la revue, mais une démarche de compromis qui met en visibilité une attention aux Sciences sociales, un attachement aux mondes professionnels, et une sensibilité aux technologies. Ce sera l’informatique, puis l’audiovisuel, puis leur avatar conçu autour de la notion de multimédia. Ici, sans faire un procès en « déterminisme », il nous faut dire la force des discours marchands et industriels qui exerçaient alors un certain pouvoir de fascination grâce à leur vocabulaire faisant la promotion de l’innovation, au détriment des démarches, des vocabulaires, et des méthodologies en Sciences sociales. La revue portait en son sein ce conflit et, pourrait‑on dire, cette distorsion. Pendant cette période, outre ce rubriquage fixe donné comme un « programme » dès la couverture, on observe aussi ponctuellement des variations au sein du sommaire : par exemple, la rubrique « musique » remplace exceptionnellement l’« informatique » au numéro 10 ou encore, la catégorie « Libres réflexions » s’invite régulièrement dans la revue. Dans ces mouvements du rubriquage et leurs variations d’affichage se donnent alors à voir au niveau éditorial des jeux ou des tensions plus larges qui se dessinent entre des domaines de recherche déjà visibles et d’autres en émergence, entre ce que l’on inscrit dans la revue comme régulier et ce dont on fait « événement » en son sein.

1973

22De 1973 à 1997, à partir du 27e numéro, une nouvelle maquette fait apparaître en couverture un bandeau horizontal qui indique les rubriques : Linguistique, Graphisme, Mass Media, Formation, Sociologie, Publicité[19]. Cette évolution invite à interroger les rapports entre l’institutionnalisation d’une discipline et l’éditorialisation. Si, d’un côté, l’éditorialisation peut constituer une modalité d’institutionnalisation essentielle pour une discipline qui cherche ses voix/voies, d’un autre côté, la rhétorique éditoriale (notamment thématique) et ses jeux de mise en visibilité et lisibilité n’ont‑ils pas un effet sur la façon dont se « dit » et s’organise cette discipline, mais aussi dont elle est amenée à déployer ses dynamiques internes ? La revue Communication et langages semble d’ailleurs dessiner les territoires de recherche des Sciences de l’information et de la communication constituées en section universitaire en 1975, où linguistique et sociologie étudient le graphisme, les mass-media et la publicité au profit d’un public de formateurs et d’enseignants. L’ordre des mots dans le bandeau ne nous permet pas d’affirmer que la revue souhaitait garantir la prédominance des Sciences sociales sur les objets qu’elles analysent. Les années 1970 sont occupées par ce conflit qui confrontait sciences et technologies. Un seul terme permettrait d’expliquer cet antagonisme : le mot audiovisuel. On faisait alors de l’audiovisuel ! Sous cette appellation, qui se référait à une technologie, un implicite réunissait une communauté de chercheurs, de professionnels et d’enseignants. Faire de l’audiovisuel, c’était interroger en même temps : la télévision comme média, les vidéos amateurs des films de famille, la manière dont se saisissaient les artistes ou les militants de ce médium, le marché des cassettes vidéo et leurs usages, l’introduction d’écrans vidéo et de caméras à l’école pour l’enseignement… Philippe Breton, dans un article publié dans la revue Quaderni en 1994, « La naissance des sciences de la communication (à la recherche d’un programme de séparation) », engage cette question dès l’introduction de son article : « Il n’est peut-être pas inopportun de revenir à une distinction classique, que peu d’auteurs acceptent aujourd’hui mais qui garde dans notre cas un sens très opératoire. La distinction entre “science” et “technique” paraît en effet incontournable pour toute approche des sciences de la communication. On refusera donc de noyer ce domaine dans une catégorie unique et un peu trop à la mode maintenant, celle de technoscience[20]. »

23Léger flottement épistémologique donc au sein de la revue Communication et langages dans ces années. À titre de comparaison, la revue Communications dans les années 1970 indiquait sous son titre : « École des hautes études en sciences sociales, Centre d’études transdisciplinaire (sociologie, anthropologie, sémiologie) ». Programme clair, précis et déjà annoncé comme transdisciplinaire. Pourtant, si l’on relève les auteurs du numéro 15 de Communications intitulé « L’analyse des images », plusieurs d’entre eux figurent parmi les auteurs de Communication et langages : Jacques Durand, Georges Peninou, Pierre Fresnault-Deruelle, Jacques Bertin.

1997

24De 1997 à 2004 un nouveau programme s’affirme en couverture, dans un bandeau cette fois-ci horizontal : Média publicité graphisme Sociologie Formation, où disparaît la linguistique qui reste néanmoins présente sous le grand vocable du mot langage, constitutif du titre. On observe la promotion du terme « Média », premier de la liste, qui se déclinera très rapidement dans la double problématique de la médiation et de la médiatisation.

2004

25Enfin, en 2004, au numéro 139 très exactement, est lancée la formule où seul le dossier apparaît comme structurant dès la couverture, et le bandeau disparaît. Le premier dossier, dirigé par Yves Chevalier, engage une réflexion épistémologique autour du constructivisme : « L’idée de ce dossier est née d’un constat partagé : la référence constructiviste apparaît aujourd’hui comme le signe incontourné de la modernité en Sciences Humaines et Sociales, et tout particulièrement aux détours des Sciences de l’Information et de la Communication. Lors du 7e Congrès de la Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication, en 1990, sur le thème de l’Avenir des SIC, nombre de contributeurs insistaient à juste titre sur l’indispensable vigilance épistémologique, faite tout à la fois d’ouverture patiente aux problématiques voisines et d’élaboration conceptuelle rigoureuse spécifique sans laquelle aucune pratique scientifique ne peut exister. C’est au nom de cette double exigence que nous avons tenté dans ce dossier de soumettre le constructivisme à la question [21]. »

No 200

26Aujourd’hui, quels sont les paysages épistémologiques de la revue ? À quelles disciplines sommes-nous rompus ? Les Sciences de l’information et de la communication sont le territoire extrêmement fécond d’une transdisciplinarité en Sciences sociales. Les deux mots qui structurent le titre de la revue apparaissent comme une proposition ouverte, où l’esperluette se constitue en pivot. Chaque « communication », chaque « langage » est soumis aux regards et aux méthodologies des sciences sociales. Histoire, économie, droit, sémiologie, sociologie, anthropologie, ethnologie… toutes réévaluées par leurs communautés respectives et réinterrogées par le geste créatif et souvent artisanal des Sciences de l’information et de la communication. Mais aujourd’hui aussi, parallèlement, l’apport du questionnement épistémologique que nous offrent les media studies, gender studies, cultural studies, post-colonial studies… réinterroge les Sciences sociales et les inquiète. Et puis nous sommes spectateurs et acteurs de cette nouvelle donne anthropologique profonde qui se révèle dans les mondes contemporains des arènes numériques. Chaque jour, nous négocions nos prétentions scientifiques et nos terrains faits de langages et de situations de communication qui se déploient en sociétés. Chaque jour, nous découvrons.

27fl – et

Dossier

28Dans tous les dictionnaires que nous avons consultés pour préparer cette entrée, le dossier est d’abord défini comme la partie d’un meuble sur laquelle nous reposons notre dos. Plus que l’assise du siège, ce sont la hauteur et la magnificence de son dossier qui symbolisent la puissance et la gloire de celui ou de celle qui y prend place. Pourquoi donc le dossier dont il sera ici question s’appelle-t‑il « dossier » ? Selon le Littré, il tire son nom du fait que les liasses de papier, réunies dans une chemise, formaient un paquet bombé que l’on a comparé à un dos. Pour le Dictionnaire de la langue française ce serait plutôt, par métonymie, la position de l’étiquette de la liasse ou du carton qui réunissait des documents, généralement collée au dos.

29Le dossier, aujourd’hui cartonné, est devenu la figure emblématique de l’administration bureaucratique. Il incarne, dans l’imaginaire collectif, l’amas documentaire, la collecte et la conservation d’informations au mieux innombrables au pire préjudiciables : rien de plus problématique en effet que d’avoir « un dossier ». Le dossier se pense en nombre, en volume, en mètres linéaires ou cubiques… toutes mesures qui disent quelque chose de l’entreprise titanesque que représente le projet de documentation et de conservation de notre mémoire et de notre patrimoine écrit et inscrit.

Le dossier numérique : nouvel ordre documentaire ?

30Le dossier se veut administratif, scolaire, secret, poussiéreux, explosif, de presse, d’archive, médical, complet, bon, lourd, mauvais… Bref, c’est tout à la fois un objet matériel du quotidien et une multitude d’imaginaires liés à la réunion, dans un ensemble doté de sa propre cohérence thématique, de traces documentaires de nos multiples activités et pratiques sociales. Il représente tout aussi bien la mémoire et l’oubli, la préservation et l’engloutissement, le secret et la révélation : une forme de concentré de notre rapport à l’écrit et au document.

31De ces multiples faits et qualités, sa « numérisation » ne se passe pas sans mal. Alors que, pourtant, le dossier est devenu l’élément structurant des logiques organisationnelles internes à la machine : tous nos fichiers se trouvent rangés dans des dossiers, mais ces derniers ont perdu une grande part des modes de fonctionnement et des significations qu’ils pouvaient avoir pour nous dans leur forme cartonnée. Ainsi, l’icône choisie pour représenter un dossier sur nos bureaux virtuels est empruntée aux pratiques de classement américaines, puisqu’il s’agit d’un folder, certes cartonné, mais qui ressemble plus à une pochette qu’à nos dossiers parallélépipédiques équipés d’une grande étiquette sur la seule face visible, lorsqu’ils sont rangés dans nos armoires ou sur les étagères de nos locaux d’archivage. Le minuscule onglet dont sont équipés les folders, supposé permettre d’inscrire quelque chose à propos de leur contenu n’a, de fait, pas retrouvé cet usage dans sa version numérique, sa taille lilliputienne ne permettant pas de lire ce qu’il aurait été possible d’y indiquer. Puis, paradoxe pour des dossiers, supposés incarner la rigueur de l’organisation et du classement documentaires, les folders restent posés, comme en vrac, sur le bureau ou bien ils s’emboîtent (ou plutôt se cachent) les uns dans les autres, sans qu’il soit possible d’y associer une quelconque hiérarchie. Alors que la matérialité des objets jouait un rôle central dans la mise en visibilité de diverses formes de hiérarchies, ne serait-ce que celle qui va de l’armoire au document en passant par l’étagère, le dossier, la pochette et la sous-pochette [22], plus rien ne permet de se représenter ce que cachent ces matriochkas de pixels, qui n’ont même pas pour elles d’être de tailles différentes.

32Maryse Rizza a parfaitement montré dans son travail de thèse combien la disparition de ces éléments structurants pouvait s’avérer préjudiciable pour les professionnels des musées [23], habitués à travailler avec les dossiers d’œuvres, objets métonymiques pour eux, des œuvres qu’ils représentent. Ainsi, un conservateur nouvellement nommé dans un musée explique que c’est par les dossiers d’œuvre qu’il a pris la mesure des collections qu’il était appelé à gérer et que le volume relatif des dossiers concernant un objet lui permettait d’évaluer son importance relative au sein du musée. De la même manière, dans le domaine de la documentation médicale, une équipe de chercheurs a montré l’importance, pour le personnel soignant, de la matérialité des éléments qui constituent le dossier d’un patient, dans la compréhension et le suivi de son parcours de soins [24]. La couleur, le format, le grammage l’usure relative des différents documents, l’épaisseur du dossier sont autant de signes matériels qui renvoient à des services, des types d’examens, des modes d’expression, des pratiques professionnelles récentes ou plus anciennes. La perte de cette matérialité demande une explicitation, une textualisation et une sémiotisation de ce qui se trouvait jusque-là directement perceptible par la fréquentation et l’expérience directe de la fabrication des objets. La possibilité d’annoter les documents, de les rapprocher, de les trier, d’en changer l’organisation au sein du dossier n’a pas non plus été totalement transposée dans l’ordinateur. Ainsi, les icônes qui représentent les différents documents font référence aux logiciels qui ont permis de les fabriquer ou au « type » de fichier (son, vidéo…), mais pas à ce qu’ils contiennent. Ce sont les noms des fichiers qui doivent remplir cette fonction.

Les dossiers dans Communication & langages

33C’est en 1997 que le principe des dossiers a été adopté dans notre revue. D’abord portés collectivement par le comité de rédaction, ils ont ensuite été confiés à un ou plusieurs coordinateur(s) chargé(s) d’assurer la cohérence thématique et la qualité scientifique des contributions. Chaque dossier propose une série d’articles qui apportent des éclairages complémentaires sur un sujet de recherche. Contrairement à d’autres revues, le choix a été fait de ne pas fonctionner par appel à contribution au niveau des articles mais au niveau des thématiques. Ceci permet au(x) coordinateur(s) de concevoir l’articulation entre les textes à la fois en amont de la proposition et dans la construction progressive du dossier et de l’écriture collaborative.

34Il est difficile de synthétiser les thématiques abordées, c’est pourquoi nous avons choisi de faire figurer tous les titres qui montrent bien à la fois la richesse et la cohérence des sujets avec la ligne éditoriale, portée par le titre de notre revue.

AnnéeTitre du dossier
1992019Quand le Document fait société
1982018Mises en scène marchandes
1972018Écrits de rues. Expressions collectives, expressions politiques
1962018Eliseo Verón. Vers une sémio-anthropologie
1952018Mythologies de la route
1942017Le partage photographique
1932017Approcher le son, sémiologie des environnements sonores
1922017S’instituer par l’écriture en ligne
1912017Homo turisticus. La délectation culturelle à l’ère du tourisme de masse
1902016Le devenir artistique de l’information
1892016Le christianisme en communication(s)
1882016Les pouvoirs éditoriaux de Google
1872016Lectures de la caricature
1862015La souffrance à proximité : écrits du mal-être d’un public en ligne
1852015Analyses et perspectives de la trivialité
1842015Théorie critique et musiques enregistrées
1832015L’Europe sur les réseaux sociaux
1822014Interroger les supports ? Matières, formes et corps
1812014Le savant et le populaire. Retour sur une opposition arbitraire
1802014Visualisations urbaines et partage des représentations
1792014De la prescription : comment le livre vient au lecteur
1782013Gérard Blanchard
1772013Les langages du genre : sémiotique et communication
1762013Penser la prévention : discours, acteurs et dispositifs
1752013Territoires et créativité
1742012Les écritures émergentes des objets communicationnels
1732012Médiations des lieux de médiations
1722012Discours sur le changement climatique et jeunesse
1712012Les observatoires et l’observation
1702011L’indépendance éditoriale : approches internationales
1692011La communication revisitée par la conversation
1682011Les « petites phrases » en politique
1672011Bande dessinée : le pari de la matérialité
1662010Où va la télé ?
1652010Journalistes et citoyens : qui parle ?
1642010La médiatisation du culinaire
1632010Circulation des savoirs et développement socio-économique des territoires en Afrique
1622009Écrire la crise… Poétique d’un être médiatique
1612009Les « bibliothèques numériques » peuvent‑elles être des bibliothèques ?
1602009Le système d’information comme média
1592009(Numéro exceptionnel de varia)
1582008La carte, un média entre sémiotique et politique
1572008Images et sciences
1562008L’indépendance éditoriale
1552008L’écriture au risque du réseau
1542007L’énonciation éditoriale en question
1532007Les pouvoirs de suggestion du papier
1522007Usages médiatiques du portrait
1512007« Internet fera les élections… »
1502006La « valeur » de la médiation littéraire
1492006Témoigner : mises en scène, mises en textes
1482006Dialogues politiques : images et miroirs
1472006Internet, optique du monde
1462005Tout peut‑il être média ?
1452005L’empreinte de la technique dans le livre
1442005Les collectifs d’apprentissage à l’épreuve du changement
1432005Productions médiatiques et logiques publicitaires
1422004Le signe en scène, un enjeu politique
1412004Son et multimédia
1402004Du « document numérique » au « textiel »
1392004Le « constructivisme », une nouvelle vulgate pour la communication ?
1382003Sciences, médias et société
1372003Interactivité : attentes, usages et socialisation
1362003Batailles du marché et pouvoirs du signe
1352003Littérature et trivialité
1342002L’image du texte
1332002L’information comme cristallisation de l’imaginaire
1322002Livre et lien social
1312002Nouveaux théâtres de la mémoire
1302001Fonction éditoriale et Internet
1292001Internet vu du journalisme
1282001Les TIC, objets de valeur
1272001Le corps saisi par l’image
1262000(Numéro sans dossier)
1252000(Numéro sans dossier)
1242000Trois pas sur la toile
1232000Les médias en Russie
1221999Revue de la presse
1211999L’université d’été de la communication
1201999La communication des organisations
1191999Les nouvelles technologies de la communication
1181998La mondialisation en marche
1171998La publicité au microscope
1161998Les challenges du multimédia
1151998La télévision en mutation
1141997Questions de presse
1131997Le multimédia : progrès ou régression ?

35mdl

&

36Il y a quelque chose de magique et d’attachant dans ce petit signe accroché aux branches de la page médiévale [25], gracile esperluette – & – qui résiste à toutes les modes, conservant sans fin ce lien [26] entre le corps et l’esprit de la matière, entre le corps et l’esprit de l’écrit, entre le corps et l’esprit du scribe & de son lecteur, tous deux pris dans les tourbillons idéographiques de la lettre, l’un l’autre, si souvent liés – intimement – dans le geste initial de lettrure – ce geste de lecture & d’écriture – qui nous lie et fait de nos corps le lit du monde délié en un geste d’écrit…

37Écoutez-la… répétez-la… sans fin… esperluette… jusqu’à épuisement des sons… répétez-la… jeu de langue – satiété sémantique – qui trouble la langue et décorrèle le mot de sa signification le renvoyant à la matière première, matière sonore psalmodiée sans fin [27], revenant à des temps anciens, avant que les mots n’existent [28], avant que les sens du monde n’aient émergé dans l’accouchement douloureux des souffles en vocables arrachés au chaos [29], à la terre mère, l’adama (אדמה), terre et sol, argile première d’où sourd, à Sumer déjà, le premier signe qui s’est dit d’écrit [30]… Les voici ces mots ou objets de la langue que nous sommes incapables de penser pour ce qu’ils nous instituent au plus profond de nos êtres.

38Esperluette… écoutez-la… répétez-la… sans fin… esperluette… esperluette… esperluette… d’une espérance aux lueurs de la voix… espère luette… comme si l’espoir nous tendait les bras du fond de la gorge… d’un souffle léger et rauque à la fois… comme si la vie arrachée au corps ancestral du cri émergeait à l’orée de la voix… pour échoir ainsi, sous nos yeux ébahis, en un geste écrit… griffé à la face d’une peau, d’un cuir ou d’un parchemin… de cette danse écrite, tracée en virevolte sur les vélins avant qu’elle ne vienne s’ancrer en mémoire métallique pour soupirer enfin sous les efforts démesurés de la presse et s’encrer à la face émergée du papier…

39*

40À l’instar des blancs d’inter-mots réinventés par les moines irlandais du viiie siècle [31], l’& fait partie du patrimoine écrit… non pas du patrimoine, en fait, mais de la mémoire écrite, de la mémoire vivante hantée par la présence du geste et de la main au sein de l’écriture industrielle [32]. L’& porte la trace archéologique d’un corps vivant, d’une activité poussée par l’économie répétitive de l’écriture qui habite désormais la lettrure quotidienne. Au fil du temps, à force d’itérations, en liant d’un même geste et d’un même mouvement l’E au T d’un couple copule – et – sous l’efficace et la rapidité des scribes pressés, l’& a transformé le sens de la liaison linguistique pour signifier l’unité d’un corps et d’un glyphe : &.

41D’une pensée logocentrique à souhait, Charles Sanders Peirce écrivait : « &, et et le son ne forment tous qu’un seul mot [33] ». Charles Sanders Peirce avait tort [34].

42Lorsque la revue Communication et langages a choisi de devenir Communication & langages, elle a symboliquement marqué à son tour l’unité de ses questionnements tendus entre la communication et les langages. Elle a ainsi affirmé une posture, celle d’une approche complexe des processus de communication à travers un geste singulier, un « tour de main » méthodologique et scientifique que pouvait traduire – en son titre même – la pluralité sémiotique de l’objet &.

43ës

Blanchard Gérard, « Nœuds & esperluettes. Actualité et pérennité d’un signe », Communication et langages, no 92, 1992, p. 86.

Blanchard Gérard, « Nœuds & esperluettes. Actualité et pérennité d’un signe », Communication et langages, no 92, 1992, p. 86.

Blanchard Gérard, « Nœuds & esperluettes. Actualité et pérennité d’un signe », Communication et langages, no 92, 1992, p. 86.

&

44Cette revue vit « sous le signe de l’&[35] » – L’esperluette fait partie de ces signes qui crient « Je suis un signe ! ». Elle éveille l’œil de son sommeil distrait & invite le lecteur à se poser des questions sémiologiques forcément inaliénables de ce qui « communique ».

45L’esperluette fait & force le trait entre Communication & langages – Gérard Blanchard & Jérôme Peignot diraient qu’elle est « “poing” d’impact visuel » & « ligature par excellence » & « nœud symbolique » & « logotype commercial » &(etc.) [36]. Elle est tout cela en même temps, à l’image des mille-feuilles communicationnels qui occupent tant notre regard.

46L’esperluette est le dernier des emblèmes historiques de cette revue. L’assemblage des initiales des ancestraux Cahiers de la publicité ornait jadis son frontispice d’un signe hellénisant & proche d’un φ (issu du logotypage des initiales de la revue : CP). Puis ce fut au tour du mystérieux logo de Retz : ce livre ouvert & cyclope qui, comme Caïn, vous regardait frontalement du fond des pages [37] ! Enfin ces « Tours de Babel » des années quatre-vingt-dix que vint accompagner l’esperluette dès l’an mcmxcvii.

47De cette ligne d’emblèmes, tous allégoriques de ce que peut être la communication pensée à partir des langages (& vice-versa), seule l’esperluette subsiste. Elle relie le ductus & la « phonétique de l’œil » des compagnons de Lure aux lueurs d’espoir des recherches de demain.

48Esperluette, Ampersand, Амперсанд, واو اللاتينية, E commerciale, ET-Zeichen… : entre communication & langages, logo & idéographie, profondeur & ornement, ce petit signe nous économise peut-être tout un « charabia babélien » (Étiemble [38]).

49Porteuse d’un clinamen[39], l’esperluette résiste aussi à sa normalisation outrancière : on ne compte plus les « bugs » typographiques qu’elle sait produire sur les navigateurs & c’est par ce biais qu’elle « révèle » les codifications infra-ordinaires & les conventions globales des écrans contemporains.

50Que faire de toutes les fois où le nom de cette revue s’affiche bizarrement sous la graphie « Communication &amp  ; langages » ? Ajouter la mention (sic) & déployer une réflexion techno- ou sémio-politique !

51ggm

Esperluettes du no 92 : 1992

Esperluettes du no 92 : 1992

Esperluettes du no 92 : 1992

Esperluette de titre, no 113 : 1997

Esperluette de titre, no 113 : 1997

Esperluette de titre, no 113 : 1997

Notes

  • [1]
    Davallon Jean, « Objet concret, objet scientifique, objet de recherche », Hermès, no 38, 2004, p. 30-37.
  • [2]
    Veraldi Gabriel, « La communication est‑elle une vache sacrée ? », Communication et langages, no 5, 1970, p. 75-80 ; Thibault-Laulan Anne-Marie, « Les impasses de la communication », Communication et langages, no 25, 1975, p. 5-16 ; Christin Pierre, « Orages sur la communication », Communication et langages, no 49, 1981, p. 39-49 ; Laulan Anne-Marie, « Pour une critique de la communication », Communication et langages, no 81, p. 109-112 ; Mousseau Jacques, « L’homo communicans », Communication et langages, no 94, 1992, p. 4-13.
  • [3]
    Buhler Michael, « Schémas d’études et modèles de communication », Communication et langages, no 24, 1974, p. 31-43.
  • [4]
    Davallon Jean, art. cit.
  • [5]
    Craig Robert T., « Communication in the conversation of disciplines », Russian Journal of Communication, vol. 1-1, Winter, 2008, p. 7-23.
  • [6]
    Outre la conversation interdisciplinaire, Communication & langages recourt à la conversation internationale en sollicitant régulièrement des auteurs étrangers, qui sont déjà, ou seront, des figures importantes des sciences consacrées à la communication en développement. Voir par exemple : McLuhan Marshall, « Entretien avec McLuhan : “Je n’explique rien, j’explore” », Communication et langages, no 2, 1969, p. 89-100 ; Flusser Vilem, Manoury Jean-Marie, « À propos d’Abraham Moles. La communication : science ou idéologie ? », Communication et langages, no 20, 1973, p. 35-52 ; Flusser Vilem, « Le phénomène surprenant de la communication », Communication et langages, no 37, 1978, p. 27-32 ; Nordenstreng Kaarle, « Les nouvelles tendances de la théorie de la communication », Communication et langages, no 28, 1975, p. 4-16. Voir aussi Mousseau Jacques, « Stanford : tournant dans la communication », Communication et langages, no 27, 1975, p. 93-107.
  • [7]
    Deux articles font exception : Mathien Michel, « L’étude des médias : un champ ouvert à la transdisciplinarité », Communication et langages, no 106, 1995, p. 77-88 ; Dacheux Éric, « La communication : éléments de synthèse », Communication & langages, no 141, 2004, p. 61-70.
  • [8]
    Rappelons que Jacques Mousseau, alors directeur de la publication, était également directeur de la revue Psychologie ; cf. infra l’entrée « Typographie ».
  • [9]
    Parmi bien d’autres exemples : Cazeneuve Jean, « Les tendances de la sociologie moderne », Communication et langages, no 5, 1970, p. 69-74 ; Richaudeau François, Fleury Danièle, « Pour comprendre quelques termes linguistiques », Communication et langages, no 5, 1970. p. 5-11 ; Mead Margaret, « Anthropologie et glyphes », Communication et langages, no 7, 1970, p. 5-12.
  • [10]
    « Éditorial : Une nouvelle étape », Communication et langages, no 1, 1969, p. 7, nous soulignons.
  • [11]
    Voir néanmoins les échanges qui eurent lieu entre les fondateurs de la revue et ceux de la discipline ; cf. infra l’entrée « Typographie ».
  • [12]
    Dès 1969, Gabriel Veraldi expose un programme qui peut être assumé cinquante ans plus tard sous une terminologie à peine différente : « Un “communicationnisme”, au lieu d’une science de la communication, ce n’est pas un phénomène surprenant. La science, à son étape du scientisme naïf, n’a pas échappé à la tentation idéologique. Mais l’esprit d’orthodoxie, de monopole, de rupture avec ce qui ne se conforme pas à l’idéologie, est particulièrement déplorable quand il est question de communiquer. Un des objectifs que devrait se fixer un groupe de recherche indépendant et désintéressé, comme Communication et langages, serait d’approfondir l’autocritique que nous avons esquissée. L’efficacité unique de la science provient justement de l’examen incessant de ses méthodes et de ses fondations » (« Communication : une science et non une idéologie », Communication et langages, no 3, 1969, p. 77).
  • [13]
    Voir par exemple, sur la question des modèles, de leur pertinence et de leurs limites, l’article de Dominique Picard (« De la communication à l’interaction : l’évolution des modèles », Communication et langages, no 93, 1992, p. 69-83) qui, sans citer l’article de Michael Buhler paru près de vingt ans plus tôt, répertorie des modèles « techniques », « linguistiques » et « psychosociologiques » qui recoupent en partie ceux qui ont été identifiés précédemment – en conclusion, l’auteur propose également une mise à distance de la schématisation : « on a pu constater que les chercheurs abandonnaient progressivement l’idée de formaliser la communication dans des schémas, tant il apparaissait que cette formalisation ne pouvait que simplifier et rigidifier un processus plus dynamique que statique » (p. 82).
  • [14]
    Au sens de Michel Foucault pour qui « entre la tradition et l’oubli, elle fait apparaître les règles d’une pratique qui permet aux énoncés à la fois de subsister et de se modifier régulièrement » ; Foucault Michel, L’Archéologie du savoir, Gallimard, Paris, 1969, p. 171.
  • [15]
    Voir les entrées « Discipline(s) invisible(s) » et « Typographie » du présent Lexique.
  • [16]
    Barthes Roland, « Le message publicitaire, rêve et poésie », Les Cahiers de la publicité, no 7, 1963, p. 91-96.
  • [17]
    Voir l’article d’Emmanuël Souchier : « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [18]
    Voir l’entrée « Rubriques ».
  • [19]
    Voir l’entrée « Couverture (tirer à soi la) ».
  • [20]
    Breton Philippe, « La naissance des sciences de la communication (à la recherche d’un programme de séparation) », Quaderni, no 23, 1994, p. 67-75.
  • [21]
    Chevalier Yves, « Présentation », Communication & langages « Le “constructivisme”, une nouvelle vulgate pour la communication ? », no 139, 2004, p. 3-4.
  • [22]
    Cotte Dominique, « Espace de travail et logique documentaire », Études de communication, no 30, 2007, p. 25-38.
  • [23]
    Rizza Maryse, « La numérisation du dossier d’œuvre : enjeux organisationnels pour les musées », Culture et musées, no 22, « Documenter les collections, cataloguer l’exposition », in Gérard Régimbeau (dir.), Arles, Actes Sud, 2004, p. 25-45.
  • [24]
    Bringay Sandra, Barry Catherine, Charlet Jean, « Les documents et les annotations du dossier patient hospitalier », Revue I3 – Information Interaction Intelligence, 4 (1), Cépaduès, 2004.
  • [25]
    Olivier Bertrand, Les Clôtures du Paradis, Bruxelles, Surfaces utiles, 2017.
  • [26]
    Bruno Giordano, Des liens, trad. Sonnier Danièle & Donné Boris, Paris, Allia, 2014.
  • [27]
    Jousse Marcel, L’Anthropologie du Geste. Le parlant, la parole et le souffle, vol. 3, Paris, Gallimard, 1978.
  • [28]
    Illich Ivan, Sanders Barry, ABC : l’alphabétisation de l’esprit populaire, La Découverte, Montréal, Boréal, 1990.
  • [29]
    Quignard Pascal, Rhétorique spéculative, « Petits traités », Paris, Calmann-Lévy, 1995.
  • [30]
    Glassner Jean-Jacques, Écrire à Sumer. L’invention du cunéiforme, Paris, Seuil, 2000.
  • [31]
    Parkes M. B., Pause and effect. Punctuation in the west, Burlington USA, Ashgate Publishing Company, 1992.
  • [32]
    Souchier Emmanuël, « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [33]
    Peirce Charles Sanders, Écrits sur le signe, « Présentation » de G. Deledalle, Seuil, 1978.
  • [34]
    Christin Anne-Marie, Poétique du blanc. Vide et intervalle dans la civilisation de l’alphabet, Peeters Vrin, 2000.
  • [35]
    Souchier Emmanuël, « Sous le signe de l’& », Communication & langages, no 178, 2013, p. 11-25.
  • [36]
    Blanchard Gérard, « Nœuds & esperluettes. Actualité et pérennité d’un signe », Communication et langages, no 92, 1992, p. 85-101.
  • [37]
    De Miribel Marielle, « Les métamorphoses du livre et de l’œil », Communication & langages, no 123, 2000, p. 59-69.
  • [38]
    Étiemble René, « La langue de la publicité », Les Cahiers de la publicité, no 15, p. 105-112.
  • [39]
    Voir les entrées « Clinamen (Lucrèce, Marx, Jarry) » et « Clinamen ».
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