Ces trente dernières années, la justice s’est peu à peu détachée de la tutelle du pouvoir politique. C’est une véritable révolution qui s’est accomplie, non sans difficultés. Il a fallu en effet l’émergence de scandales politico-financiers pour qu’enfin les juges – et surtout les procureurs – s’émancipent. De véritables bras de fer ont opposé, d’une part, dirigeants et partis politiques, de gauche comme de droite, relayés par des procureurs complaisants, et, d’autre part, des juges d’instruction dès la fin des années 1980. Tandis que les juges s’efforçaient d’analyser les comptes des partis politiques alimentés par des financements illicites et occultes, à une époque où le financement public de la vie politique n’existait pas, les politiques n’avaient de cesse de dénoncer leur action et un gouvernement des juges.
La récente perquisition au siège de La France insoumise a montré qu’encore aujourd’hui des hommes politiques, dès lors qu’ils sont mis en cause, affichent leur mépris de la justice. Que révèle ce comportement ? Juges et procureurs sont-ils totalement indépendants du pouvoir politique ? Quel est le poids du passé et des institutions ? Quel avenir se profile à l’horizon ?
Sous l’Ancien Régime, les Parlements rendaient la justice. Cependant, leurs attributions allaient bien au-delà. Ils étaient chargés d’enregistrer les édits royaux dans leur province et disposaient d’un droit de remontrance. Ils pouvaient ainsi s’opposer au pouvoir exécutif au motif que les réformes n’étaient pas conformes aux coutumes locales…