Constatons d’abord qu’à un tel niveau le déficit cumulé de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) traduit un dysfonctionnement socio-économique sans équivalent dans aucun pays.
Le rapport projette les comptes en 2020 puis 2060. En 2020, le déficit, à régime inchangé, atteindrait 14 milliards d’euros en escomptant une progression du PIB de 2 puis 2,5 % par an pendant la période. Les dépenses publiques de santé augmenteraient en effet de 6,8 à 7,7 % du PIB. Elles atteindraient 8,8 % en 2060. Les causes de cette évolution sont déjà à l’œuvre et sont donc connues : le vieillissement de la population et les progrès techniques de la médecine sont les plus puissantes. Mais il faut y ajouter les divers aspects d’une préférence de pays évolué pour un certain bien-être et la dynamique commerciale qui la soutient. L’ « Assurance maladie » des pères fondateurs de la première moitié du xxe siècle n’est-elle pas devenue une assurance « santé et bien-être » ?
Dans l’optique immédiatement sociale qui est sa dominante, le rapport s’intéresse surtout à l’efficacité de la couverture offerte par le système et d’abord pour les populations les moins aisées. Il le fait à travers de longues analyses des restes à charge, « les RAC », des différentes catégories de patients. Il préconise ainsi surtout des extensions de couvertures soit par l’AMO soit par les Assurances maladie complémentaires, les « AMC ».
S’agissant de la réduction du déficit, les auteurs du rapport ont commandité le gros travail de projection citée plus haut, mais ils s’en tiennent quant aux solutions au discours convenu depuis des années des principaux acteurs du système qu’on peut résumer en trois points : opposition farouche a tout transfert de dépenses hors de l’AMO dont le monopole doit être conservé ; action énergique, à l’intérieur du régime, pour la maîtrise des dépenses de santé ; pieuse mais molle réticence à de nouvelles augmentations des prélèvements obligatoires destinés à financer l’AMO…