Neil Mac Gregor, directeur du British Museum, rappelle à juste titre que les responsables des musées français ont toujours été des fonctionnaires, soumis à la hiérarchie, dépendants des pouvoirs publics. Situation impensable au Royaume-Uni où les trustees disposent, pour gérer les musées, d’un pouvoir indépendant du Premier ministre, même si les ressources financières des musées viennent du budget national. Sans doute. On peut regretter cette tradition – nous la regrettons – mais nous ne pouvons que l’assumer. Ce que notre ami, le conservateur de l’autre côté de la Manche, perçoit mal, c’est combien, par-delà le régime juridique et politique, les pratiques gouvernementales ont récemment évolué.
Jusqu’à il y a quelques années, le gouvernement reconnaissait la compétence des conservateurs et discutait avec eux des grandes décisions concernant les musées. Les exemples ne manquent pas où les « scientifiques » ont fait entendre au pouvoir politique des considérations dictées par le souci de la conservation des œuvres et la logique des choix muséographiques – en particulier quand il s’agissait de la circulation des œuvres.
Rappelons que les responsables des musées français ont, comme les autres, toujours prêté et emprunté des œuvres aux musées étrangers. Faute de quoi aucune exposition n’aurait pu avoir lieu et le moins qu’on puisse dire est que le nombre des expositions a été fort élevé depuis trente ans. Par définition, ces expositions impliquaient d’innombrables échanges ; environ 1 500 œuvres du Louvre étaient prêtées chaque année en France et à l’étranger, de l’ordre d’un millier par le musée d’Orsay…