Cet article propose une analyse de la manière dont une directrice d’école maternelle, entendue dans un entretien de recherche non directif, « bricole » sa pratique professionnelle sous l’effet d’une tension entre ses idéaux pédagogiques et les injonctions managériales institutionnelles inspirées du New public management (Dutercq et Maroy, 2017). Dans une première partie, je commencerai par préciser de quelle place j’ai mené cet entretien qui s’inscrit dans une recherche prolongeant mes travaux de doctorat ; puis je donnerai quelques repères concernant les principes du néolibéralisme et de son mode de management public comme éléments de l’environnement politique et organisationnel qui me semblent primordiaux pour comprendre le vécu des professionnels des métiers du lien ; enfin, je rapporterai le contexte socio-historique de la fonction spécifique de directeur dans le premier degré en m’appuyant sur des travaux qui m’ont précédée. La seconde partie abordera l’analyse de l’entretien et montrera que, dans un contexte où l’institution se dérobe à sa responsabilité concernant la tâche primaire de l’école, la directrice rencontrée – qui dit donner la priorité aux besoins des élèves – choisit de rester dans le groupe des enseignants et négocie avec ses collègues, sa hiérarchie et avec elle-même pour garder un équilibre psychique.
Mes précédentes recherches ont questionné le devenir de l’autonomie de la pensée du jeune enfant qui entre à l’école maternelle et se trouve pris entre deux discours identificatoires supports de sa subjectivation…
Mots-clés éditeurs : École primaire, Responsabilité, Narcissisme des petites différences, Néolibéralisme, Direction
Date de mise en ligne : 06/11/2024.
https://doi.org/10.3917/cliop.032.0051