Notes
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[*]
Jean-Claude Marceau psychologue, docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse, 10 rue Hussenet, F-93110 Rosny-sous-Bois.
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[1]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin. Impressions d’une malade mentale, Paris, Gallimard, 1991.
-
[2]
U. Zürn, Sombre printemps, Paris, Belfond, 1985.
-
[3]
U. Zürn, Vacances à maison blanche derniers écrits et autres inédits, Paris, Joëlle Losfeld, 2000.
-
[4]
R. Henry, « Rencontre avec Unica », dans Unica Zürn, Sombre printemps, ibid., p. 108.
-
[5]
Colloque de Cerisy-la-Salle, La femme s’entête. La part du féminin dans le surréalisme, Paris, Lachenal & Ritter, 1998.
-
[6]
B. Cendrars, Bourlinguer, Paris, Denoël, 1948, p. 361.
-
[7]
R. Henry, « Rencontre avec Unica », op. cit., p. 106-107.
-
[8]
H. Michaux, Connaissance par les gouffres, Paris, Gallimard, 1988.
-
[9]
L. Irigaray, « Une lacune natale », Le nouveau commerce, n° 62-63, 1985, p. 41-47.
-
[10]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 13-15.
-
[11]
Ibid.
-
[12]
Ibid.
-
[13]
J. Lacan, Télévision, Paris, Le Seuil, 1974, p. 63.
-
[14]
U. Zürn, Sombre printemps, op. cit., p. 71-72.
-
[15]
Ibid.
-
[16]
Ibid.
-
[17]
Ibid., p. 96.
-
[18]
F. Buisson, « Portrait d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, n° 38, 1977.
-
[19]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 65-66.
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Ibid., p. 17.
-
[22]
Ibid., p. 193.
-
[23]
Ibid., p. 53.
-
[24]
Ibid., p. 58.
-
[25]
Ibid., p. 28-29.
-
[26]
Ibid., p. 69.
-
[27]
Ibid., p. 131.
-
[28]
U. Zürn, « Lettres imaginaires », Le nouveau commerce, n° 49, 1981, p. 81.
-
[29]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 146.
-
[30]
H. Bellmer et U. Zürn, Lettres au docteur Ferdière, Paris, Seguier, 1994, p. 133.
-
[31]
J. Lacan, Télévision, op. cit., p. 63.
-
[32]
G. Bataille, Madame Edwarda. Le mort. Histoire de l’œil, Paris, Éditions 10/18, 1998.
-
[33]
Ibid.
-
[34]
R. Passeron, Histoire de la peinture surréaliste, Paris, Le livre de poche, 1968, p. 181-182.
-
[35]
J. Lacan, Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 166.
-
[36]
U. Zürn, Sombre printemps, op. cit., p. 44.
-
[37]
H. Bellmer, « La poupée », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, 1979, p. 61.
-
[38]
S. Freud, L’inquiétante étrangeté, Paris, Gallimard, 1985.
-
[39]
H. Bellmer et U. Zürn, Lettres au docteur Ferdière, op. cit., p. 88.
-
[40]
H. Bellmer, « Les jeux de la poupée illustrés de textes par Paul Eluard », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, op. cit., p. 83.
-
[41]
Ibid., p. 89.
-
[42]
Ibid.
-
[43]
Ibid., p. 91.
-
[44]
H. Bellmer, La petite anatomie de l’image, Paris, Eric Losfeld, 1978.
-
[45]
J. Lacan, Séminaire XX, Encore, Paris, Le Seuil, 1975, p. 88.
-
[46]
Ibid.
-
[47]
H. Bellmer, La petite anatomie de l’image, op. cit., p. 43-44.
-
[48]
H. Bellmer, « Post-scriptum à « Oracles et spectacles » de Unica Zürn », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, ibid., p. 109-111.
-
[49]
Ibid.
-
[50]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, ibid., p. 16-17.
-
[51]
H. Bellmer, « Post-scriptum à « Oracles et spectacles » de Unica Zürn », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, op. cit., p. 109-111.
-
[52]
H. Bellmer & Unica Zürn, Lettres au docteur Ferdière, ibid., p. 133.
-
[53]
M. Fonfreide, « Approche d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, supplément au n° 49, 1981.
-
[54]
U. Zürn, Sombre printemps, ibid., p. 97.
-
[55]
P. Waldberg, « L’alerte écarlate », dans Les demeures d’Hypnos, Paris, La Différence, 1976, p. 357.
1Les écrits d’Unica Zürn, artiste et compagne de Hans Bellmer, traduits par Ruth Henry et parus sous forme de trois récits : L’Homme-Jasmin [1], Sombre printemps [2], et Vacances à maison blanche [3], nous offrent un témoignage singulier sur le dit schizophrène.
2Saluées par Michel Leiris lors de leur publication comme sa « lecture la plus importante de cette année [4] », les « Impressions d’une malade mentale » créent un effet de surprise chez le lecteur par ce sentiment d’étrangeté, d’« Unheimlichkeit », qu’elles suscitent en lui, à l’instar des meilleurs textes surréalistes. Unica se situe, il est vrai, parmi ces femmes, à la fois écrivains et peintres, qui ont marqué de leur empreinte indélébile ce courant de pensée. Dans le colloque de Cerisy intitulé, en réplique à Max Ernst, La femme s’entête [5] et consacré à « la part du féminin dans le surréalisme », les écrits d’Unica Zürn voisinent avec ceux des plus célèbres égéries du mouvement : Gisèle Prassinos, Lee Miller, Joyce Mansour, Nelly Kaplan ou Frida Kahlo.
3Certes, comme nous plaît à nous le rappeler Blaise Cendrars, « on ne dira jamais assez la part du féminin dans l’écriture [6] », mais les textes d’Unica conjuguent à l’esthétique de la création littéraire le poids de leur valeur auto-thérapeutique qui excède tout artifice, comme le souligne Ruth Henry :
« Comment ce texte a-t-il pu voir le jour ? Se pourrait-il qu’un procédé littéraire (ce qui n’est pas d’habitude son intention première) ait pu déclencher ici ce que les médecins, les psychiatres et les analystes cherchent à obtenir en vain : un soulagement de l’âme ? Unica Zürn ne cultivait point à dessein le « climat » de la folie et de l’hallucination pour mieux cueillir le beau fruit poétique : elle l’obtenait, ce fruit au goût amer, sans effort, dès l’instant où elle décidait d’exprimer les souffrances (et les joies) insensées de sa maladie. [7] »
5Par son écriture, Unica nous invite à cette Connaissance par les gouffres [8], pour reprendre le titre d’un recueil de poèmes de son ami Henri Michaux, où l’âme humaine menace de se perdre. Ses textes acquièrent une très grande valeur suggestive pour autant que, d’une manière exceptionnelle, « vivre » s’identifie chez elle à « dire ». Laissons-nous ici enseigner par la production de l’écrivain, à laquelle Unica décerne un nom, L’Homme-Jasmin, souvent désigné par un couple de lettre, HM ou HB, travail d’écriture et non simple récit autobiographique comme il se présente d’emblée, dès lors que, la jouissance étant interdite à qui parle comme tel, ce texte se trouve par ailleurs ponctué de multiples anagrammes, dont il importe d’élucider la fonction vis-à-vis de cette dernière. C’est ici que se révèle toute la fécondité de l’enseignement de Jacques Lacan, marqué par le dessein d’un retour à Freud selon une lecture qui lui est propre, et que nous pourrions qualifier de lecture « à la lettre », en ce qu’elle conjugue l’idée de « l’inconscient structuré comme un langage », avec le concept de « jouissance ».
Une lacune natale
6Quelle est donc, chez Unica, la nature de cette « lacune natale [9] », selon l’expression de Luce Irigaray ? Celle-ci a fondamentalement à voir avec la problématique de la sexuation. La première page de L’Homme-Jasmin s’ouvre en effet sur le récit d’un rêve que l’auteur fait remonter à sa sixième année. Ce rêve emmène Unica au-delà d’un miroir dans une petite maison dans laquelle elle ne rencontre personne. Elle ne trouve rien d’autre qu’une petite carte blanche sur une table, mais quand elle la prend pour y lire le nom gravé, elle s’éveille tout aussitôt. Unica évoque alors l’épisode qui suit le lendemain matin où, prise d’un inexplicable sentiment de solitude, elle se rend dans la chambre de sa mère comme si elle voulait retourner en elle d’où elle est venue pour ne plus rien voir :
« Une montagne de chair tiède où l’esprit impur de cette femme est enfermé s’abat sur l’enfant épouvantée. Elle s’enfuit, abandonnant à tout jamais la mère, la femme, l’araignée. Elle est profondément blessée. C’est alors que pour la première fois, elle a la vision de l’Homme-Jasmin ! [10] »
8Cet effacement du nom sur cet espace blanc et vide après une telle traversée imaginaire du miroir, qu’Unica met elle-même en rapport avec la survenue d’une hallucination, celle de l’Homme-Jasmin, qu’elle nommera aussi ultérieurement l’Homme-Blanc et qu’elle figurera par les initiales HM ou HB, n’est pas sans évoquer le manque d’un signifiant fondamental, celui du Nom-du-Père. Cet homme, nous dit-elle, devient pour elle l’image de l’Amour. « Elle se marie avec lui. Le plus beau c’est que personne n’en sait rien. C’est son premier, son plus grand secret [11]. » Et bien plus tard, à l’âge adulte, voici comment elle nous rapporte ses premiers troubles :
« Dans une chambre à Paris elle se trouve en face de l’Homme-Jasmin. Le choc qu’elle éprouve à cette rencontre est si violent qu’elle ne le surmontera pas. De ce jour, lentement, très lentement, elle commence à perdre la raison. [12] »
10« Erotische Kindheiterlebnisse » – le vécu érotique de l’enfance : voici comment Unica qualifie ses impressions d’enfance retranscrites dans Sombre printemps, où elle apprend à connaître le monde des adultes et s’initie à la sexualité horrifiante et fascinante, puis à l’amour fou. Dans Télévision, Lacan écrit : « Une femme ne rencontre L’homme que dans la psychose [13]. » Or dans ce témoignage initiatique qui séduisit les lecteurs au point d’inspirer à Catherine Binet un long métrage intitulé Les jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz, Unica évoque notamment cet épisode où elle tombe amoureuse du maître nageur, et où ce banal amour d’enfance se mue pour elle en un point de certitude inébranlable sur ce rapport de complémentarité indispensable et dès lors mortifère entre les sexes : « À présent elle sait enfin pourquoi elle vit : parce qu’elle devait “le” rencontrer [14]. » Transie par la gravité d’un tel sentiment jusqu’alors jamais éprouvé, elle se met alors à trembler, les yeux embués de larmes. « Qui pourrait supporter l’amour sans en mourir [15] ? » Elle se sent emportée dans une profonde tempête, dans un tourbillon déchaîné. La conviction s’impose à elle avec une certitude inébranlable : « Oui, elle en est sûre maintenant : elle est venue au monde parce qu’elle devait “le” rencontrer. Et avec cette rencontre, sa souffrance commence, profonde comme un abîme. [16] » Lorsque sa mère lui interdit de retourner à la piscine, la pensée de ne plus le revoir lui est insupportable et elle sombre dans un profond désespoir : « Elle regarde par la fenêtre et pense à sa mort prochaine. Elle a décidé de se jeter par la fenêtre… Combien sont-ils dans ce monde, debout devant leur fenêtre qui projettent de se jeter en bas [17] ? » À vouloir se faire l’Autre de l’Homme-Jasmin, Unica court le risque de se laisser engloutir par lui, d’être happée par la fenêtre.
11Unica rencontre L’homme pour autant qu’elle est La femme, que de son coté y’a d’l’Un. C’est bien ce que semble avoir entrevu Françoise Buisson, lorsqu’elle écrit dans son Portrait d’Unica Zürn :
« Elle demeure en Sa présence. Il est l’Unique qui coupe le monde en deux mais elle est dans l’Un. Il est la Distance du plus lointain de l’être, mais il est le proche absolu, étant le vieux fond archaïque de l’âme. Elle est dans la séparation de lui, mais il l’enveloppe dans l’ouvert du jardin éternel. Il est l’amour – mais, sans elle qui le profère en langue, sans elle qui l’a épousé : il est le centre du vide. Il est l’Un et elle est en lui celle qui se nomme Unica. [18] »
13Ce à quoi elle aspire, c’est à un amour absolu :
« Il est remarquable qu’elle se soit si peu intéressée à l’“homme normal”. Ses caresses, ses paroles lui semblent sans charme, sans surprise. Qu’a-t-elle donc si obstinément espéré toute sa vie ? À Paris un psychiatre lui dit, lorsqu’elle parle de “lui”, ces paroles étranges qui devaient lui donner à réfléchir : c’est un saint. [19] »
15Unica évoque la cristallisation dont il est cause dans sa pensée : « Elle l’aurait plutôt qualifié d’“extraordinaire”, de “très extraordinaire”, sinon il n’eût pas été possible qu’elle tombât gravement malade pour avoir cristallisé sa pensée sur lui pendant des années. » Ce n’est pas l’amour mais bien plutôt la jouissance qui marque une telle cristallisation :
« Elle ne croit même pas que cela ait quelque chose à voir avec l’“amour”. Ce serait plutôt la frayeur profonde et inguérissable qu’elle a éprouvée lors de sa rencontre avec lui, rencontre que la vision de l’Homme-Jasmin avait très exactement préparé. [20] »
17Cette frayeur n’est pas sans évoquer les relations d’agressivité destructrice caractéristiques du stade du miroir.
Le désir interdit et les déchaînements du miroir
18Une telle régression topique marque les écrits d’Unica peu après qu’elle a évoqué le déclenchement de sa folie :
« Tout désir est interdit, lui dit le docteur Mortimer, médecin de cette maison. Le désir abîme la santé, je vous l’interdis. Vous êtes très malade, car quelqu’un a enlevé à coups de feu des deux cœurs de vos yeux. Pas étonnant que vous soyez contrainte désormais de regarder toujours en direction de la gauche, celle où se trouve votre assassin. [21] »
20Le désir n’est en effet possible qu’à partir de la reconnaissance de la castration, et à défaut ce sont les relations d’agressivité qui prédominent dans le cadre d’une relation en miroir.
21« L’aigle blanc et l’ennemi mortel : l’Homme-Blanc [22] », HB, c’est l’assassin qui lui a dérobé le cœur de ses yeux, qui s’est emparé de son regard, ce « tourneur d’yeux », pour reprendre l’expression bien connue d’une malade de Victor Tausk. Pour Unica, ses yeux, son regard, sont devenus le jouet de l’Autre, d’où ce sentiment d’être hypnotisée qui affleure maintes fois dans son récit : « Si donc elle s’est elle-même sentie hypnotisée – à distance – par le fameux Homme-Jasmin ou par son double réel et vivant, cela ne signifie-t-il pas qu’elle est folle depuis quelque temps déjà [23] ? » À son médecin, elle explique encore volontiers qu’« un merveilleux magnétiseur doué d’une extraordinaire puissance de volonté l’hypnotise partout où elle va [24] ». L’emprise de l’Autre s’étend jusqu’au sentiment de dépossession du corps propre comme lorsqu’elle évoque ces « grandes formes pareilles à des ailes » qui « planent vers elle, s’ouvrent et se ferment », ces êtres auxquels il manque les yeux, qui montrent « leur intention manifeste et angoissante de l’encercler », d’où il « émane quelque chose de désagrégeant et de destructeur », ces « ailes immatérielles qui traversent dans leur vol son corps comme si elle-même était devenue incorporelle [25] ». Unica affirme d’ailleurs « croire par expérience personnelle à la possibilité pour un corps d’en habiter un autre, d’une manière éthérée [26] ».
22Ce corps qui n’est plus qu’une enveloppe n’est pas sans rappeler ce liegen lassen chez Schreber, ou la « pelure » de Joyce lorsqu’elle écrit :
« Elle s’est libérée du dernier fardeau. Elle n’a plus rien. Elle fait le compte de tout ce qu’elle porte : 1. un manteau, 2. une jupe, 3. un corsage, 4. un slip, 5. un soutien-gorge, 6. une chaussure gauche, 7. une chaussure droite et 8. son propre corps. [27] »
24C’est pourquoi Unica n’a de cesse dans ses Lettres imaginaires de se retisser un corps. Il s’agit là pour elle, dans l’échange de correspondance entre une « Dame » et un « Monsieur », entre Elle et Lui, d’élaborer ce huis clos de l’amour qui les unit. C’est ainsi que la Dame écrit à ce Monsieur :
« Je ne crois pas du tout à votre désir d’être avec moi. Cependant, j’ai un secret : lorsque vous travailliez à m’anéantir en vous et à m’éliminer de vous, vous avez trouvé bon de dormir, étendu, toute une nuit à l’intérieur de mon corps, pendant que, moi aussi, je dormais. Je dirais que ce fut votre réconciliation avec moi. Ce qui m’a fait du bien c’est le manque de lubricité dans votre effort d’anéantissement. [28] »
26Comment ne pas voir dans cette correspondance imaginaire une tentative de maîtriser par l’écriture les effets destructeurs de ce huis clos amoureux, de cerner ce « secret d’un nom [29] » qu’Unica avait livré à un médecin la nuit de son internement à la Préfecture de Police, mais qu’elle n’évoque ici que par ces initiales : HB ? Il nous faut alors nous pencher sur l’œuvre de Bellmer pour mieux saisir comment Unica apparaît comme le partenaire-symptôme du dessinateur, toujours présent mais jamais directement mentionné dans son œuvre. La création artistique et littéraire tient en effet une place essentielle au sein du couple Hans Bellmer-Unica Zürn. « Les anagrammes, écrit Bellmer, se font mieux à deux, un homme et une femme. Une espèce de compétition, ou plutôt une vivacité qui s’attise réciproquement… Unica avait le génie des anagrammes [30]. »
Être la poupée
27Dans Télévision, Lacan écrit : « Si L’homme veut La femme, il ne l’atteint qu’à échouer dans le champ de la perversion [31]. » Selon l’algèbre lacanienne le fantasme dans la perversion s’écrit a?$, soit dans le sens inverse que prend la formule chez le névrosé : $?a. Autrement dit, le pervers tente de s’annuler comme sujet, comme effet du signifiant, en se faisant objet, instrument, pour assurer la jouissance de l’Autre. Le pervers ne supporte point cette incomplétude structurale de l’autre, S(A), soit ce trou qui fait que l’Autre en tant que complet ne saurait exister. C’est ainsi que, dans son œuvre d’illustrateur, Bellmer ne cesse de tenter de faire exister La femme, de lui rendre sa consistance d’être sexué au-delà de la castration. Déployons donc cette problématique de la perversion chez Bellmer selon les axes du voyeurisme et du fétichisme.
28L’omniprésence de l’œil dans les dessins et les textes d’Unica marque également toute l’œuvre écrite et graphique de Bellmer. Ce thème s’impose chez lui avec une telle constance que sa route finit par croiser celle de Georges Bataille, dont il illustre deux livres majeurs L’histoire de l’œil [32] et Madame Edwarda [33]. Cette rencontre fructueuse entre l’écrivain et le graphiste ne relève point du pur hasard tant est grande l’affinité de l’érotisme torturé des dessins de Bellmer avec l’impudeur sacrilège des récits de Bataille, lui qui pense « comme une fille enlève sa robe ». Dans son Histoire de la peinture surréaliste, René Passeron situe Hans Bellmer parmi ces « calqueurs de rêve », dont l’œuvre porte la marque du sadisme :
« À la femme debout, figée et sentimentale, s’opposent les dissolutions organiques d’une chair non seulement désirable, mais déjà prise dans les enchevêtrements du plaisir où se perdent, non pas ses formes, mais les normes courantes de l’anatomie. Les “zones érogènes” étudiées par les sexologues, voilà ce que Bellmer dessine d’un trait souple et aigu en les mêlant à volonté, à la volonté de son érotisme anxieux, nettement sadique. [34] »
30À travers les personnages de Bataille, tout comme dans les dessins de Bellmer, c’est le même culte du phallus qui est à l’œuvre, dans des figures imaginaires hermaphrodites et ithyphalliques. L’œil et le sexe forment ici un tout. La paupière peut cligner du sexe et le sexe tourner de l’œil. L’imagerie phallique proliférante est, chez Bellmer, ce masque destiné à conjurer la castration. C’est là la signification profonde du voyeurisme. Dans son Séminaire XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Lacan écrit :
« Qu’est-ce que le sujet cherche à voir ? Ce qu’il cherche à voir, c’est l’objet en tant qu’absence. Ce que le voyeur cherche et trouve, ce n’est qu’une ombre derrière le rideau… Ce qu’il cherche, ce n’est pas, comme on le dit, le phallus – mais justement son absence, d’où la prééminence de certaines formes comme objets de sa recherche. Ce qu’on regarde, c’est ce qui ne peut pas se voir. [35] »
32Le voyeur veut, en se faisant regard, faire advenir ce qui n’existe pas comme sujet, la femme-toute, soit la mère non châtrée, l’« hommelle » S(A).
33Mais dans l’œil, il y a la pupille, la « pupilla » : la petite fille, la poupée. Ainsi chez Bellmer, le phallus se métamorphose-t-il en objet-fétiche avec sa construction de la poupée, rappelant celle de Pierre Molinier, objet qui concrétise par ailleurs les fantasmes sadomasochistes dont nous pouvons relever la trace au sein du couple Hans Bellmer-Unica Zürn, elle rêvant « d’un homme sombre qui exercera sa violence sur elle [36] » et avouant « aimer l’angoisse et la terreur », lui qui, lors de sa première rencontre avec Unica, aurait déclaré : « Je vois la poupée », transformant celle-ci en un pantin désarticulé aux poses invraisemblables.
34La bille de verre, cet œil artificiel, est pour Bellmer, ce qui permet d’articuler les pensées les plus profondes : « Une seule bille en verre multicolore était capable d’élargir les idées dans une direction évidemment plus inquiétante. Quoique moins confidentielle, elle s’offrait tout entière aux regards, laissant voir dans une extase figée les spirales de son intimité. » Et le spectacle de cette arrière-scène porteuse de jouissance est ce qui se dissimule derrière la forme ronde de cette bille transparente :
« La bille restait entre les doigts, suspecte comme un ricanement de fille derrière les haies. En un mot, je ne parvenais plus à trouver insignifiantes les cachotteries de ces mignonnes. Ce qui transpirait par l’escalier ou la fente des portes, lorsqu’elles jouaient au médecin, là-haut dans le grenier, ce qui suintait de ces clystères au jus, ou si j’ose dire au verjus de framboise, tout cela pouvait bien prendre en somme l’apparence de la séduction, voire l’exciter l’envie. [37] »
36Chez Bellmer, à travers la figure de la poupée, se dessinent les visages de ses inspiratrices, celui de cette jeune cousine Ursula, âgée de 16 ans, dont il s’est épris, et tout aussi bien celui d’Unica, que Bellmer n’hésite pas à faire figurer nue et ligotée pour illustrer la couverture d’un numéro de la revue Le surréalisme même. Mais plus profondément, c’est des fantasmes mêmes de Bellmer dont il s’agit, comme le souligne André Breton lorsqu’il évoque « une adolescente, la femme éternelle, pivot du vertige humain, qui a retenu Bellmer dans les affres de la création et la vie imprévisible des golems dont participe sa poupée ».
37Plus encore, c’est peut-être la poupée « Olympia » des Contes d’Hoffmann dont Spalanzani a monté les rouages et dans lequel l’Homme au sable a inséré des yeux, qu’il nous faut ici évoquer, tout comme Freud l’a fait dans L’inquiétante étrangeté [38]. La naissance de la poupée témoigne en effet de ce que Bellmer appelle « la confirmation par le hasard ». À la même époque où il reçoit de sa mère une caisse de jouets retrouvée au cours d’un déménagement, il va voir les Contes d’Hoffmann. « L’image projetée par le monde extérieur, écrit Constantin Jelenski, se superpose alors plus étroitement à celle de son excitation dominante. » Mais au-delà de ces événements biographiques contingents, la poupée Olympia, fille artificielle du docteur Coppélius, n’annonce-t-elle pas, comme Bellmer le dira plus tard, « la solution ». Solution qui passe précisément par sa rencontre avec Unica, que, bien après, dans une lettre adressée à son ami le docteur Ferdière, il identifie au « mannequin » des Contes d’Hoffmann en évoquant ces propos du docteur Weiss : « Je suis très frappé, elle est apathique, prostrée… elle me fait penser à l’automate des “Contes d’Hoffmann” (la poupée Olympia, qui sait dire oui, oui… non, non, etc.) [39] ».
38Une telle poupée, « pleine de contenus affectifs » n’est pas pure représentation, simple « réalité fictive », mais se constitue bien plutôt comme « un amalgame de la réalité objective et de la réalité subjective ». Cet objet conjugue en lui l’animé et l’inanimé, grâce au facteur mécanique que constitue la « jointure à boule ». Bellmer fait ici référence à Jérôme Cardan, l’inventeur de « ce dispositif d’anneaux évoluant en croix au centre desquels un corps peut être suspendu de manière à ce qu’aucune perturbation de l’extérieur ne trouble la stabilité de son équilibre [40] ». « L’expérience du miroir, nous dit-il, a compromis singulièrement ce que l’homme sait de son anatomie [41]. » Mais dès lors que « l’imagination puise exclusivement dans l’expérience corporelle », la jointure à boule se propose comme cette formation substitutive qui tire les conséquences de ce que « le langage ne dispose que de bien peu de moyens pour illustrer les images interoceptives du corps [42] ».
Les anagrammes entre mots et corps
39Bellmer établit une analogie entre le corps et le rêve :
« Le corps, comme le fait le rêve, peut capricieusement déplacer le centre de gravité de ses images. Inspiré par un curieux esprit de contradiction, il superpose à quelques-unes ce qu’il a enlevé aux autres, l’image de la jambe par exemple sur celle du bras, celle du sexe sur l’aisselle, pour en faire des “condensations”, des “preuves d’analogies”, des “ambiguïtés”, des “jeux de mots”, d’étranges “calculs de probabilités anatomiques”. [43] »
41Bellmer explicite cette anatomie fantastique dans sa Petite anatomie de l’image [44], dont le texte, tout comme chez Unica, se trouve ponctué par de multiples anagrammes. C’est cette pratique singulière de la lettre, commune à ces deux auteurs, qu’il nous faut alors interroger.
42Abordant la question de l’interprétation des rêves dans son Séminaire XX Encore, Lacan écrit qu’« un rêve, ça se lit dans ce qui s’en dit [45] », et qu’on ne peut dès lors aller plus loin qu’« à en prendre les équivoques au sens le plus anagrammatique du mot », ajoutant alors tout aussitôt :
« C’est à ce point du langage qu’un Saussure se posait la question de savoir si dans les vers saturniens où il trouvait les plus étranges ponctuations d’écrit, c’était ou non intentionnel. C’est là où Saussure attend Freud et c’est là que se renouvelle la question du savoir. [46] »
44Saussure a mené en effet des recherches sur les anagrammes avant de rédiger son Cours de linguistique générale qui allait poser les bases de la linguistique moderne. À partir d’un certain nombre de légendes et de poèmes, essentiellement grecs et latins, il cherche à débusquer sous le contenu manifeste du texte ce qu’il appelle des « anagrammes » ou « mannequins », en s’efforçant d’élucider comment le matériau phonique d’un « mot-thème » détermine toute la versification d’un fragment donné.
45Dans l’œuvre de Bellmer, comme dans celle d’Unica, s’instaure de même un isomorphisme entre les anagrammes du corps et les anagrammes des mots, témoignant de ce que le langage est le phénomène premier de la corporéité. Mais ce travail sur les anagrammes, qui tisse un lien entre les œuvres respectives de ces deux artistes, souligne peut-être davantage encore le rôle de la lettre, cette unité élémentaire du corps comme de la phrase, dans le traitement possible de la jouissance. Pour Bellmer :
« Le corps est comparable à une phrase qui nous inviterait à “la” désarticuler pour que se recomposent à travers une série d’anagrammes sans fin ses contenus véritables [47] »
47proposition qui répond à cette autre, symétrique, qu’il fait figurer dans une préface à Oracles et spectacles, un recueil d’anagrammes d’Unica :
« La phrase est comparable à un corps qui nous inviterait à “le” désarticuler, pour que se recomposent à travers une série d’anagrammes sans fin ses contenus véritables. [48] »
49La pratique des anagrammes remonte à l’Antiquité. Dans l’ancienne Grèce, elle relève de l’oniromancie, c’est-à-dire de la divination par le nom, telle que l’évoque par exemple le poète Licophron l’Obscur. Bellmer souligne la dimension de l’inconscient qui préside à leur fabrication :
« L’anagramme naît, si l’on regarde de très près, d’un conflit violent, paradoxal. Elle suppose une tension maximale de la volonté imaginative et, à la fois, l’exclusion de toute intention préconçue, parce qu’elle serait stérile. Le résultat semble, d’une façon un peu insolite, être dû à l’intervention d’une conscience “autre”, plutôt qu’à la propre conscience. [49] »
51Chez Unica, la pratique des anagrammes constitue un travail de déchiffrement du désir en même temps qu’un travail de chiffrage de la jouissance. Pour ce faire, elle recourt d’ailleurs aux chiffres tout autant qu’aux lettres qu’elle considère dans leur matérialité tout en les dotant d’attributs anthropomorphiques propres à créer des liens :
L’image du 9 est pour elle celle d’une personne debout qui tourne les yeux vers la gauche, dans une direction d’où – elle ne sait pourquoi – paraît toujours venir l’imprévu. Quand le 9 rencontre le 9, elle les fait se tourner l’un vers l’autre jusqu’à ce que – sous le coup d’un mutuel saisissement – leurs fronts s’appuient l’un sur l’autre tandis qu’en bas, leurs pieds déjà se soudent. Ensemble, ils forment alors un cœur [50].
53Unica, tout comme Bellmer, ne cesse de se livrer à cette pratique obsédante des anagrammes. Leur composition relève de la « poésie littérale », de cette nouvelle forme d’écriture automatique qui se loge au niveau des lettres, comme l’explique Bellmer :
« Les anagrammes sont des mots, des phrases obtenus par une permutation des lettres, dont se compose un mot, une phrase donnée. Il est étonnant que – depuis l’intérêt renaissant consacré aux créations verbales des aliénés, des médiums et des enfants – l’on n’ait guère pensé à cette interprétation anagrammatique du marc de café des lettres de notre alphabet. [51] »
55La pratique des anagrammes vient s’inscrire dans ces « jeux à deux », selon l’expression d’Unica, au sein du couple Hans Bellmer-Unica Zürn. C’est là, pour Unica, un moyen de se retisser un corps, une tentative d’accéder à ce désir qui lui est interdit. Le désir est en effet ce qui noue l’écriture au dessin et Julien Gracq dit toute son admiration pour « l’arabesque verbale qui, sous sa guirlande d’anagrammes, s’entrelace avec une exceptionnelle congruence aux dessins de Bellmer [52] ».
56Pour le sujet psychotique, la production textuelle constitue un dépôt de jouissance, et c’est pour cela qu’elle acquiert pour lui valeur curative. Les poèmes-anagrammes d’Unica ont cette fonction d’objet (a), soit d’engendrer un tel dépôt mais ne suffisent point toutefois, chez elle, à opérer ce vidage. Aussi, tout comme dans les Contes d’Hoffmann, Nathanaël suite à sa rencontre avec Coppola – le marchand d’yeux – se trouve réduit à l’état de marionnette désarticulée, agitée au caprice de l’Autre et se jette du haut du beffroi de la ville, de même Unica n’a plus d’autre solution, dès lors que sa pratique des anagrammes ne parvient plus à endiguer sa jouissance, que de se précipiter à travers le cadre de la fenêtre pour percer ce mystère de la différence des sexes et renouer avec ses noces d’enfance, en épousant l’Homme-Blanc, l’Homme-Jasmin : « l’ennemi mortel ».
57« Der Tod ist die Sehnsucht meines Lebens » (« La mort est le désir passionné de ma vie ») [53], tel est le titre donné par Unica à l’une de ses anagrammes :
Ich seh’, es eilen bitt’ren Mund’s des TodesStunden herbei. Es ist leicht-des MondesStoss hebt dich in Sterne. Leidensmuedestoss’mich Hund bitte in des Endes Leere.Dort ist es, den ich Blinde sehen muesste.(Elles se hâtent, les heures de la mort, je vois leurs bouches amèresComme c’est facile… si la luned’un rayon te touche, elle t’enlève vers les étoiles.Assez de souffrance, Chien de l’Hadès, je t’en prie,pousse-moi dans le vide.Aveugle ici – inéluctablement je vais voir.)
59Le scénario sera dès lors conforme à ce qu’elle avait écrit dans Sombre printemps, attestant par là de la confusion du réel et du symbolique : « Elle sort son plus beau pyjama de l’armoire et le met. Pour la dernière fois, elle s’admire dans la glace. Elle se voit ricocher en bas, sur le sol, et imagine son beau pyjama plein de terre et de sang [54]. » Reportons-nous ici pour conclure à ce superbe texte, « L’alerte écarlate », que Patrick Waldberg consacre à Unica dans Les demeures d’Hypnos :
Je suis, donc je rêve, mon nom est Unica.
…
Vertige, voltige, corde lisse où l’on hisse le pavillon de l’espoir parmi le volettement des chauves-souris de la peur. Nul chapiteau sinon les dômes jumeaux de deux prunelles somnambuliques. Nul autre filet que la résille tressée des minutes et des heures.
…
Je suis cette flèche immobile et qui vole et tombe, tombe, jusqu’au cruel éveil. Pâle hiver, hiver dur et limpide, quand me saisiras-tu pour me figer dans ton gel ?
…
Combien de temps encore ces buissons d’yeux sous ma fenêtre, et la dentelle de mes journées, et la terreur de mes greniers ?
…
Unica est mon nom et ma propriété. C’est l’envol. Le temps est à la neige. Le ciel tremble. Il n’y a pas d’ailleurs [55].
Bibliographie
Bibliographie
- Bataille, G. 1998. Madame Edwarda. Le mort. Histoire de l’œil, Paris, Éditions 10/18.
- Bellmer, H. 1978. Petite anatomie de l’image ou de l’inconscient physique, Paris, Eric Losfeld.
- Bellmer, H. ; Zürn, U. 1994. Lettres au docteur Ferdière, Paris, Seguier.
- Buisson, F. 1977. « Portrait d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, n° 38.
- Cendrars, B. 1948. Bourlinguer, Paris, Denoël.
- Colloque de Cerisy-la-Salle. 1998. La femme s’entête. La part du féminin dans le surréalisme, Paris, Lachenal & Ritter.
- Fonfreide, M. 1981. « Approche d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, supplément au n° 49.
- Freud, S. 1985. L’inquiétante étrangeté, Paris, Gallimard.
- Irigaray, L. 1985. « Une lacune natale », Le nouveau commerce, n° 62-63, p. 41-47.
- Lacan, J. 1973. Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil.
- Lacan, J. 1974. Télévision, Paris, Le Seuil.
- Lacan, J. 1975. Séminaire XX Encore, Paris, Le Seuil.
- Michaux, H. 1988. Connaissance par les gouffres, Paris, Gallimard.
- Obliques, 1979, n° spécial Hans Bellmer.
- Passeron, R. 1968. Histoire de la peinture surréaliste, Paris, Le Livre de poche.
- Waldberg, P. 1976. « L’alerte écarlate », dans Les demeures d’Hypnos, Paris, La Différence.
- Zürn, U. 1981. « Lettres imaginaires », Le nouveau commerce, n° 49.
- Zürn, U. 1985. Sombre printemps, Paris, Belfond.
- Zürn, U. 1991. L’Homme-Jasmin. Impressions d’une malade mentale, Paris, Gallimard.
- Zürn, U. 2000. Vacances à Maison Blanche. Derniers écrits et autres inédits, Paris, Joëlle Losfeld.
Mots-clés éditeurs : schizophrénie, anagramme, Unica Zürn, corps
Mise en ligne 01/05/2008
https://doi.org/10.3917/cm.077.0249Notes
-
[*]
Jean-Claude Marceau psychologue, docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse, 10 rue Hussenet, F-93110 Rosny-sous-Bois.
-
[1]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin. Impressions d’une malade mentale, Paris, Gallimard, 1991.
-
[2]
U. Zürn, Sombre printemps, Paris, Belfond, 1985.
-
[3]
U. Zürn, Vacances à maison blanche derniers écrits et autres inédits, Paris, Joëlle Losfeld, 2000.
-
[4]
R. Henry, « Rencontre avec Unica », dans Unica Zürn, Sombre printemps, ibid., p. 108.
-
[5]
Colloque de Cerisy-la-Salle, La femme s’entête. La part du féminin dans le surréalisme, Paris, Lachenal & Ritter, 1998.
-
[6]
B. Cendrars, Bourlinguer, Paris, Denoël, 1948, p. 361.
-
[7]
R. Henry, « Rencontre avec Unica », op. cit., p. 106-107.
-
[8]
H. Michaux, Connaissance par les gouffres, Paris, Gallimard, 1988.
-
[9]
L. Irigaray, « Une lacune natale », Le nouveau commerce, n° 62-63, 1985, p. 41-47.
-
[10]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 13-15.
-
[11]
Ibid.
-
[12]
Ibid.
-
[13]
J. Lacan, Télévision, Paris, Le Seuil, 1974, p. 63.
-
[14]
U. Zürn, Sombre printemps, op. cit., p. 71-72.
-
[15]
Ibid.
-
[16]
Ibid.
-
[17]
Ibid., p. 96.
-
[18]
F. Buisson, « Portrait d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, n° 38, 1977.
-
[19]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 65-66.
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Ibid., p. 17.
-
[22]
Ibid., p. 193.
-
[23]
Ibid., p. 53.
-
[24]
Ibid., p. 58.
-
[25]
Ibid., p. 28-29.
-
[26]
Ibid., p. 69.
-
[27]
Ibid., p. 131.
-
[28]
U. Zürn, « Lettres imaginaires », Le nouveau commerce, n° 49, 1981, p. 81.
-
[29]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, op. cit., p. 146.
-
[30]
H. Bellmer et U. Zürn, Lettres au docteur Ferdière, Paris, Seguier, 1994, p. 133.
-
[31]
J. Lacan, Télévision, op. cit., p. 63.
-
[32]
G. Bataille, Madame Edwarda. Le mort. Histoire de l’œil, Paris, Éditions 10/18, 1998.
-
[33]
Ibid.
-
[34]
R. Passeron, Histoire de la peinture surréaliste, Paris, Le livre de poche, 1968, p. 181-182.
-
[35]
J. Lacan, Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 166.
-
[36]
U. Zürn, Sombre printemps, op. cit., p. 44.
-
[37]
H. Bellmer, « La poupée », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, 1979, p. 61.
-
[38]
S. Freud, L’inquiétante étrangeté, Paris, Gallimard, 1985.
-
[39]
H. Bellmer et U. Zürn, Lettres au docteur Ferdière, op. cit., p. 88.
-
[40]
H. Bellmer, « Les jeux de la poupée illustrés de textes par Paul Eluard », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, op. cit., p. 83.
-
[41]
Ibid., p. 89.
-
[42]
Ibid.
-
[43]
Ibid., p. 91.
-
[44]
H. Bellmer, La petite anatomie de l’image, Paris, Eric Losfeld, 1978.
-
[45]
J. Lacan, Séminaire XX, Encore, Paris, Le Seuil, 1975, p. 88.
-
[46]
Ibid.
-
[47]
H. Bellmer, La petite anatomie de l’image, op. cit., p. 43-44.
-
[48]
H. Bellmer, « Post-scriptum à « Oracles et spectacles » de Unica Zürn », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, ibid., p. 109-111.
-
[49]
Ibid.
-
[50]
U. Zürn, L’Homme-Jasmin, ibid., p. 16-17.
-
[51]
H. Bellmer, « Post-scriptum à « Oracles et spectacles » de Unica Zürn », Obliques, n° spécial Hans Bellmer, op. cit., p. 109-111.
-
[52]
H. Bellmer & Unica Zürn, Lettres au docteur Ferdière, ibid., p. 133.
-
[53]
M. Fonfreide, « Approche d’Unica Zürn », Le nouveau commerce, supplément au n° 49, 1981.
-
[54]
U. Zürn, Sombre printemps, ibid., p. 97.
-
[55]
P. Waldberg, « L’alerte écarlate », dans Les demeures d’Hypnos, Paris, La Différence, 1976, p. 357.