Introduction
1Toute maladie durable, qu’elle soit somatique ou mentale, ainsi que toute situation de handicap affectant un adulte parent a des répercussions sur l’exercice de la parentalité. En particulier, lorsqu’un adulte parent est atteint d’un trouble mental, qu’il soit aigu ou chronique, celui-ci engendre, à des degrés variés, des retentissements psychosociaux (vie professionnelle, situation sociale et économique, relation conjugale et familiale) ainsi que des déficits temporaires ou définitifs atteignant le rôle parental. L’ensemble de ces facteurs est susceptible d’affecter la relation parent-enfant et le développement (psychomoteur, socio-affectif et cognitif) de l’enfant, tant à court qu’à plus long terme. De plus, le retentissement de la pathologie mentale sur la capacité des parents à évaluer et à répondre de façon correcte aux besoins de l’enfant expose les enfants de parents malades à un risque élevé d’être victimes de carences, de négligences et d’actes de maltraitance.
2Dans notre pratique clinique depuis près de 20 ans dans une Unité Petite Enfance et Parentalité, recevant des parents et futurs parents et leurs enfants âgés de 0 à 3 ans, rattachée au Service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris), nous avons développé différentes modalités de prise en charge dédiées à des familles présentant des risques psychopathologiques et psychosociaux divers. Ainsi, en nous appuyant sur des travaux de recherche et sur notre expérience clinique, nous centrerons notre propos sur l’impact dans la relation parent-enfant et le développement de l’enfant des pathologies mentales parentales durables, telles que les troubles psychotiques et le trouble de la personnalité borderline. Etant donné la rareté des études disponibles décrivant les effets des pathologies mentales paternelles, cet article portera sur la littérature scientifique et les récits cliniques abordant les pathologies maternelles et les relations mère-enfant dans ce contexte.
La relation mère-enfant dans le contexte d’une psychose maternelle
3Les troubles psychotiques se situent parmi les troubles mentaux les plus sévères, chroniques, évolutifs et incurables qui affectent le contact de la personne avec la réalité et, de ce fait, tous les secteurs de la vie du malade. Incluant également des idées délirantes, des hallucinations et des troubles socio-émotionnels et comportementaux graves et durables, ces troubles ont des trajectoires qui varient au gré des périodes aiguës et de stabilisation. Dans cette section, nous décrirons le vécu de la grossesse dans le contexte d’un trouble psychotique, puis comment ce dernier peut affecter la relation parent-enfant et le développement de l’enfant, de la petite enfance à l’adolescence. Enfin, nous aborderons les risques liés au contexte familial ainsi que les approches préventives et thérapeutiques préconisées face à un trouble parental psychotique.
4La désinstitutionalisation progressive des soins psychiatriques, en parallèle à des progrès dans le domaine pharmaceutique, ont contribué à ce qu’un nombre plus important d’adultes psychotiques accèdent aujourd’hui à la parentalité. Cette question suscite néanmoins des inquiétudes bien légitimes car au libre arbitre de la femme s’oppose la crainte pour le devenir de l’enfant. D’une part, la parentalité pourrait s’exercer malgré tout, à condition d’un étayage soutenu et prolongé. Elle pourrait alors permettre une normalisation du statut social, interrompre le cours de la chronicité de la maladie, diminuer l’isolement de la patiente et même améliorer son accompagnement à travers le renforcement du réseau de soins consécutif à la naissance de l’enfant. Mais la parentalité peut représenter une épreuve parfois infranchissable pour un adulte au fonctionnement mental déjà très fragile, et la soutenir à tout prix participe alors à un déni des risques réels encourus par l’enfant. En effet, leurs enfants, et ce d’autant plus qu’ils sont jeunes, présentent un risque majeur de développer des troubles du développement socio-émotionnel, psychomoteur et cognitif, y compris un trouble psychotique ultérieur.
5Nous pouvons affirmer, schématiquement, que les enfants de parents psychotiques sont exposés à trois risques principaux : 1) développement d’une maladie mentale, en raison d’un double facteur de transmission, à la fois environnemental et génétique ; 2) développement psychomoteur, cognitif et émotionnel présentant des retards ou des perturbations ; 3) souffrances de nature psychosociale diverses, intra- et interpersonnelles.
Psychose et grossesse
6Les troubles psychotiques maternels peuvent préexister à la grossesse (psychose chronique), ou émerger au cours de celle-ci, dans l’année du post-partum (premier épisode franc de décompensation déclenché par la naissance), ou plus tard. La période du post-partum est particulièrement à risque de décompensation (psychotique ou non) pour ces patientes. Une étude de Howard et collègues (2004) portant sur 199 femmes psychotiques et 787 contrôles met en évidence un risque multiplié par deux de dépression du post-partum chez les femmes souffrant d’un trouble psychotique. Le traitement médicamenteux doit souvent être adapté en vue d’éviter les effets potentiellement dangereux pour le fœtus, tout en maîtrisant les risques de décompensation maternelle. Les femmes psychotiques sont aussi plus susceptibles de présenter des consommations prénatales à risque (alcool, tabac, drogues), de faire un déni de grossesse et de vivre des complications obstétricales et néonatales (Henshaw, 2010 ; Jablensky et al, 2005).
7La grossesse est moins souvent planifiée et désirée (Miller et al, 1996) et la reconnaissance de l’état de grossesse peut être plus tardive. Le suivi prénatal peut alors être retardé, discontinu, voire inexistant. C’est pourquoi certains services ont développé des consultations pré-conceptionnelles ou précoces au cours de la grossesse. La bonne coordination des équipes autour de ces situations, non seulement en pré- et post-natal, mais tout au long de l’enfance et de l’adolescence de l’enfant de mère psychotique est un élément essentiel de la prévention et de la prise en charge. Nous y reviendrons.
Impact sur le bébé
8L’impact des maladies mentales parentales sur les enfants a été d’abord abordé en tant que source de carences graves de soins maternels. C’est sous cet angle qu’en France, Myriam David a été une pionnière dans la description des perturbations précoces sévères des relations entre les mères psychotiques et leurs bébés. Elle a montré la difficulté, parfois l’impossibilité, pour la mère psychotique d’affronter la réalité de l’enfant et d’aménager un espace psychique entre elle et son enfant, l’épisode délirant maternel pouvant être compris comme une tentative pour s’éloigner du danger représenté par l’enfant (David, Castex, Léger et Merlet, 1981). Ses travaux ont été poursuivis par Martine Lamour et Marthe Barraco qui ont décrit le caractère paradoxal et souvent chaotique des interactions mère-nourrisson dans ce contexte (Lamour et Barraco, 1990).
9Le travail clinique auprès de ces dyades mère-bébé montre que les difficultés à exercer les fonctions parentales avec empathie, responsabilité et constance, en particulier à percevoir et à répondre aux besoins évolutifs de l’enfant, peuvent être massives chez les mères psychotiques (Wendland, 2014b). L’immaturité et la dépendance de l’enfant sont difficiles à reconnaître et l’émergence d’un sentiment de responsabilité parentale peut tarder à se manifester. Les interactions mère-bébé sont souvent marquées par la pauvreté, l’asynchronie et le défaut d’accordage (Gandillot, Wendland, Wolff et Moisselin, 2012 ; Riordan, Appleby et Faragher, 1999). Le bébé est faiblement stimulé (peu de stimulations tactiles, kinesthésiques, vocales, visuelles), tandis que la dimension ludique des interactions est presque absente (Wan et al, 2007 ; 2008). En contrepartie, les enfants se caractérisent par la rareté de leurs manifestations de détresse ou de plaisir, et des appels à l’adulte. En effet, l’enfant de mère psychotique peut déployer une énergie importante pour contrôler et inhiber l’expression de ses besoins et affects. Dans certains cas, le nourrisson respecte ainsi le seuil de tolérance de sa mère, évite d’être vécu comme persécuteur et de se mettre en danger (Lamour et Barraco, 1990).
10Lamour (1989) décrit trois caractéristiques spécifiques des interactions mère psychotique-bébé : 1) le rythme et l’aspect chaotiques liés à des rapprochés intenses et « dévorants », fusionnels, suivis de longs moments de mise à distance et d’abandon. Ainsi s’organise un environnement imprévisible, empêchant le nourrisson d’anticiper les conduites de son parent. Les rythmes chrono-biologiques (repas, sommeil) en sont lourdement affectés ; 2) la mère psychotique aurait des difficultés à accommoder les représentations de son bébé imaginaire à son enfant réel. Les besoins réels de son enfant ne comptent alors pas pour la mère et lorsqu’elle y répond, il s’agit plus d’une tentative de satisfaire ses besoins propres ; 3) enfin, la relation mère-bébé tend à s’inverser : afin de répondre à l’incohérence maternelle, le bébé montre une extrême vigilance. La mère apparaît alors comme le nourrisson de son enfant.
11L’expérience clinique montre que souvent ces bébés manifestent progressivement moins de pleurs et d’appels au cours de leurs premiers mois de vie, y compris lorsqu’il s’agit de signaler leurs besoins vitaux, faisant preuve d’une adaptation précoce à la disponibilité aléatoire de leur mère. Il s’agit d’une stratégie défensive d’hyper vigilance et d’hyper maturation qui pourra prendre plus tard la forme d’une inversion de rôles avec une parentification de l’enfant à l’âge préscolaire ou scolaire.
12David (1987) résume ainsi les trois grands dangers encourus par l’enfant de mère psychotique : vivre une relation primaire avec une mère pathologique et pathogène ; être exposé à des évènements violents et des abandons successifs ; vivre des placements multiples avec carences et ruptures majorées en cas d’absence de substitut parental susceptible de pallier la discontinuité de la mère. Cependant, l’expérience clinique montre que chaque nourrisson réagira aux comportements maternels avec ses propres caractéristiques tempéramentales, ressources et vulnérabilités. Ainsi, certains bébés seront plus enclins aux protestations actives, aux somatisations et d’autres, à l’inhibition, à l’hyper adaptation et au retrait relationnel (Wendland, 2014b). Dans tous les cas, la précocité des réactions du bébé au comportement maternel, quelle que soit la gravité de sa pathologie, montre l’importance de l’accompagnement précoce et durable de ces familles à haut risque.
13Les soins primaires présentent souvent un caractère inadéquat, incohérent, voire chaotique, en absence d’accompagnement (Wendland, 2014b ; Cazas, 2007). La mère psychotique a de faibles capacités de perception, d’empathie et de réponse vis-à-vis des besoins de l’enfant et ce à chaque étape de son développement. Durant les premiers mois, l’instauration de rythmes ajustés aux besoins de l’enfant (sommeil, repas) semble particulièrement difficile et nécessite souvent un soutien très concret, soit au cours d’une hospitalisation conjointe mère-bébé en unité spécialisée, lorsque cela s’avère nécessaire, soit au domicile par des visites de la puéricultrice et avec une aide pour les tâches domestiques.
14L’observation clinique montre que la symptomatologie psychotique se reflète typiquement aussi dans les ruptures des conduites maternelles, faites d’alternances d’instants fusionnels et de périodes d’indifférence, qui rendent le comportement de la mère imprévisible pour le bébé. Il en résulte des interactions paradoxales : le comportement de l’un ne provoque pas chez l’autre le comportement attendu. Le bébé ne peut pas réguler l’interaction avec sa mère. Selon David (1987), la mère serait prise entre le désir de fusion et la crainte d’anéantissement, entre l’intensité d’un désir à l’égard d’un bébé fantasmatique fortement investi et l’intolérance à l’égard des manifestations de l’enfant réel. Le risque de passage à l’acte maltraitant peut être alors bien réel. Le nourrisson mettrait sa mère en danger en la sollicitant aux points les plus sensibles de sa pathologie, exigeant l’accès à la préoccupation maternelle primaire et le passage d’une relation à l’autre de type narcissique à une relation d’objet (Lamour, 1985).
15Par ailleurs, l’exposition aux symptômes psychotiques maternels peut induire de la confusion et de la peur chez les enfants (Sutter-Dallay, 2009). L’enfant pourra grandir dans un climat d’insécurité affective et matérielle. L’attachement, au cœur du développement du nourrisson, peut être fortement perturbé par le manque de continuité, de sensibilité et de sécurité nécessaires à sa construction durant les premières années de la vie. Les carences maternelles et les discontinuités interactives dues à la maladie induisent des distorsions de la relation d’attachement. La présence de troubles psychiatriques parentaux est en effet associée à un style d’attachement insécure chez l’enfant (Mickelson, Kessler, Shaver, 1997).
16Par ailleurs, outre les ruptures dans les soins, l’enfant pourra être soumis à des séparations répétées, plus ou moins prolongées, dues aux traitements et à l’évolution de la pathologie maternelle. Ces séparations induiront des changements de garde incluant souvent des périodes de placement. Kumar et Hipwell (1994) ont montré que 50 % des femmes schizophrènes ne sont pas capables de s’occuper de leurs enfants à long terme. Darves-Bornoz et collègues (1995), dans une étude portant sur 61 mères schizophrènes et 21 avec trouble bipolaire, ont trouvé qu’à peine 39% des enfants de moins de 3 ans étaient élevés par leur mère à temps plein, les autres étant élevés totalement ou partiellement ailleurs. Plus récemment, Holzer et al (2013) ont remarqué que plus de la moitié des enfants de mères psychotiques était, à un moment ou à un autre, élevé par d’autres, à temps complet ou partiel.
Impact sur l’enfant et l’adolescent
17Tout comme pour le bébé, l’enfant et l’adolescent sont confrontés à l’imprévisibilité de leur parent malade et à la discontinuité de soins (Allegaert, 2007). Anthony (1980) classe en trois groupes les réponses de l’enfant induites par la maladie mentale parentale : 1) autonomisation, croissance, différenciation, la pathologie présentant alors un effet stimulant ; 2) effondrement ; 3) risque psychopathologique de « contagion » du trouble psychotique parental. Au cours de la période de latence (6 - 11 ans), l’enfant pourrait privilégier les intérêts de ses parents au détriment des siens, faire bonne figure, se situant dans une protection du parent et une parentification (notion de faux self), négligeant ses besoins affectifs et l’expression de ses émotions. Il peut également développer un hyper investissement scolaire et intellectuel, ou se montrer calme, en retrait et conformiste.
18Du point de vue psychopathologique, les enfants de mères psychotiques sont plus à risque de présenter des troubles mentaux. Ils présenteraient plus de symptômes émotionnels en âge préscolaire, seraient davantage dépressifs, hyperactifs et immatures, plus sujets à l’inhibition sociale et souffriraient plus de troubles attentionnels (Niemi et al, 2003). Ross et Compagnon (2001) ajoutent que 74% des enfants de 6 à 15 ans ayant un parent schizophrène rempliraient les critères diagnostiques d’un trouble de l’axe I du DSM IV, principalement le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention, les troubles anxieux et les troubles de l’humeur. Dans 9% des cas, une psychose serait diagnostiquée.
19Pour les enfants dont les deux parents souffrent de pathologies mentales, la prévalence des troubles psychiatriques avoisinerait les 65% (deux fois plus que dans la population générale, Bijl et al, 2002). A ce sujet, Holzer et al, 2013 (p. 621) observent : Nous retiendrons que la psychose du parent n’entraîne pas directement une psychose chez l’enfant mais qu’elle constitue un terrain favorable à l’émergence d’un large éventail de troubles psychiques. Ce sont prioritairement un environnement défaillant, un manque relatif de stimulation, d’affection, de cadre éducatif ou encore d’interaction sociale qui semblent favoriser la survenue des troubles chez l’enfant.
20La pathologie maternelle engendre aussi des situations d’angoisse et de stress chroniques. De nombreux travaux en neurosciences démontrent l’incidence toxique du stress sur la maturation du jeune cerveau (Guilé, 2006). L’état anxieux permanent entraîne alors des conséquences inobservables (diminution de la taille du cerveau) et observables à l’œil nu (hyperactivité aux stimuli stressants). Une sécrétion importante de cortisol et d’adrénaline est constatée, ce qui provoque une réactivité ultérieure accrue au stress, ainsi qu’une atteinte dans les composantes de l’empathie (Guilé et Cohen, 2010). Ainsi, face à son parent malade, l’enfant serait en état de vigilance permanent, devant faire preuve de beaucoup d’anticipation. Il redoute les rencontres, fuit les échanges, accélère les repas… En retour et à l’inverse, le parent insiste pour parler avec l’enfant, tient à contrôler ses activités et ses travaux (de Becker, 2011).
21Si la situation perdure, l’enfant serait à risque de dépression. Selon Baracco et Denis (1999), l’enfant est menacé de dépression lorsqu’un de ses parents en est atteint. L’adulte fait preuve d’incohérence, de manque d’adéquation, de justesse de relation, l’enfant se trouve donc dans l’incompréhension, sans réponse à propos de sa particularité familiale. Il pourrait alors se produire une atteinte de l’image personnelle, un sentiment de dévalorisation, entrainant peu à peu la perte de la joie et un sentiment d’incompétence à satisfaire un parent éperdument déçu. L’humeur s’assombrit et l’enfant est envahi d’idées de tristesse. La culpabilité constitue un corollaire de l’angoisse. L’enfant peut se sentir coupable de la maladie mentale du parent. Toutefois, le fait de se sentir coupable pourrait permettre à l’enfant d’éprouver un sentiment d’existence, d’occuper une place, une fonction à l’égard du parent concerné, voire d’être renforcé dans une perspective de toute-puissance (de Becker, 2011).
22Dans la mesure du possible, la réalité de la maladie parentale doit être dite à l’enfant, dans des termes adaptés en fonction de son âge et de son développement psychoaffectif et cognitif. Plus il y aura de non-dits, plus cela engendrera un mal-être, traduit souvent par de l’auto agressivité, voire de l’autopunition : il s’agresse comme pour rejoindre le parent malade dans une tentative de réunification, de proximité symbiotique, dans l’illusion de réparer les failles originelles (Georgieff, 2009 cité par de Becker, 2011, p.352). De même, il pourrait y avoir une aggravation si l’entourage opte pour le mensonge, en maintenant l’enfant loin du principe de réalité.
23Certains auteurs ont observé que l’enfant de parent malade mental pouvait manifester des symptômes de type externalisé (opposition et mise à distance). La préservation du Moi serait alors liée à l’agressivité à l’égard du parent malade et les conflits seraient externalisés. Cela pourrait aller d’un détachement progressif jusqu’à la franche opposition avec colère ou violences à l’égard de l’adulte (Byng-Hall, 2002). Les mécanismes défensifs seraient utilisés pour sauvegarder la construction identitaire différenciée. Ainsi, en fonction de la personnalité de l’enfant, on verrait soit un évitement de confrontations et un retrait, soit des conflits et actes violents. Byng-Hall observe qu’il peut exister également un vécu de honte lié à l’image sociale, ou un déni des réactions et regards suscités par l’étrangeté du parent.
24La parentification de l’enfant de mère psychotique, dont nous avons déjà souligné les prémisses chez le jeune enfant, constitue une inversion de rôles entre le parent et l’enfant, ce dernier se sentant investi de la mission de prendre en charge son parent malade. Elle aurait un impact pathogène évident, avec des dégâts psychologiques fortement dommageables, notamment à l’adolescence (de Becker, 2011). Toutefois, si elle implique une veille sur l’adulte, une préoccupation des besoins matériels et affectifs, elle peut donner à l’enfant le sentiment d’exister et de compter. Ces comportements de parentification sont le plus souvent vus chez les aînés de la fratrie et chez les enfants dotés d’une intelligence supérieure ainsi que d’une grande capacité d’empathie (Berry et al 2007 ; Wan et al, 2008). L’enfant peut ressentir une valorisation narcissique qui compenserait le sentiment d’insécurité et de solitude, faisant barrage à l’angoisse et à la dépression. L’enfant sacrifierait ses activités personnelles qu’il estime alors secondaires.
25Dans ces situations, le rôle de l’autre parent est très important dans l’implication ou non de l’enfant dans un rôle parentifié : certains parents s’en accommodent aisément, ceci leur évitant de prendre directement position face au conjoint malade et abdiquant par-là de leur rôle vis-à-vis de l’enfant. Le risque de développement psychopathologique pour l’enfant serait fortement majoré dans les situations de parent unique, en l’absence de tiers, ou d’isolement du parent malade avec l’enfant et de relation fusionnelle (de Becker, 2011).
Risques familiaux
26Outre les effets directs de la maladie parentale, bien souvent les enfants grandissent dans un système familial dysfonctionnel et au sein d’un réseau relationnel multi-carentiel (isolement social, difficultés conjugales et familiales, marginalisation, stigmatisation, honte, difficultés d’ordre socio-économique ; Maire-Declusy, 1990). En parallèle, la présence d’un trouble psychique chez le père est un facteur péjoratif fréquent. Lovestone et Kumar (1993) trouvent que 50% des partenaires de femmes hospitalisées pour des troubles mentaux puerpéraux présentent eux-mêmes une pathologie psychiatrique. David (1987) souligne également la fréquence des troubles de la paternité (père absent, intermittent, peu fiable) qui seraient de mauvais pronostics pour le maintien du contact de la mère avec l’enfant. King-Hele et al (2007) ajoutent que les enfants de parents présentant une pathologie mentale présentent un risque plus élevé de décéder précocement, particulièrement lorsque la mère présente aussi des conduites addictives.
27Par ailleurs, les risques de passage à l’acte et d’homicide sont également fréquents (Webb et al, 2007). La vulnérabilité des femmes atteintes de pathologies mentales dans leurs relations est reconnue : elles ont un risque significativement plus élevé de subir la violence sexuelle, physique, voire l’homicide, de la part de leur partenaire que les femmes sans pathologie. De plus, elles montrent une certaine inaptitude à se protéger et à protéger leurs enfants des maltraitances physiques ou sexuelles lorsqu’elles sont en couple avec des partenaires violents et abusifs.
Approches préventives et thérapeutiques
28L’intensité et la précocité des perturbations des relations mère-enfant témoignent des dysfonctionnements majeurs de la parentalité chez les mères souffrant d’un trouble psychotique. Cependant, notre expérience clinique montre que le diagnostic n’est pas à lui seul prédictif des capacités parentales. La sévérité et la chronicité des troubles, ainsi que l’existence ou non d’un cadre de vie stable, d’un conjoint (atteint ou non de troubles mentaux), d’un réseau social et familial autour de la mère lui apportant un support concret et émotionnel seront déterminants. Différentes formes d’aide peuvent être proposées aux parents et à l’enfant en fonction de l’âge de celui-ci. Un travail nécessairement pluridisciplinaire et en réseau devra être proposé pour accompagner au mieux ces femmes dans leur processus de parentalité et dans la relation parent-enfant.
29Lors de la première rencontre, idéalement en prénatal ou en consultation pré-conceptionnelle et au sein même du lieu dans lequel le suivi de grossesse aura lieu, il convient d’aborder les antécédents, notamment psychiatriques, afin d’évaluer les risques et ainsi estimer les étayages nécessaires. Il est de même nécessaire de rechercher les ressources de l’entourage familial sur lesquels s’appuyer en cours de grossesse et lors de l’accueil du nouveau-né. Aussi, le traitement pharmacologique doit-il être adapté en collaboration avec le psychiatre habituel, en coordination avec le psychiatre de la maternité (Grangé et Boileau, 2015). Il est préférable que le psychiatre habituel assure le suivi tout au long de la grossesse et après. Ne pas rompre le lien entre le médecin habituel et la patiente est important. Le psychiatre de la maternité assurera, au cours du post-partum, les prescriptions ainsi que la coordination entre les différents acteurs de la prise en charge.
30Après la naissance, le suivi proposé dépendra de la situation et de la gravité des difficultés de la mère, incluant l’accompagnement en ambulatoire (si possible en unité de soins spécialisés en périnatalité et petite enfance, en parallèle à un suivi en psychiatrie adulte), l’hospitalisation conjointe en unité mère-bébé, la mise en place précoce d’un mode de garde, les visites à domicile, la garde partielle de l’enfant, et enfin, l’hospitalisation de la mère avec ou sans le placement de l’enfant (soins et placement n’étant pas des mesures opposées). Le suivi en ambulatoire, si possible en co-thérapie psychologue-puéricultrice/éducatrice de jeunes enfants (Wendland et al, 2015), s’adaptera aux capacités de mentalisation du parent et se focalisera plus souvent sur l’ici et le maintenant des interactions mère-bébé (guidance interactive), le soutien à la parentalité (compétences parentales) et la reconnaissance et le respect des besoins évolutifs de l’enfant, en tenant compte de sa sécurité physique et affective.
31Le pronostic sera d’autant meilleur que la prise en charge sera précoce. Le travail des professionnels impliqués doit se centrer sur le soutien des compétences parentales et éducatives. L’enjeu est de minimiser l’impact de la psychose sur la qualité et le rythme des soins à l’enfant, et ensuite sur le climat éducatif et relationnel en famille. L’importance d’une relation proche avec un autre parent sain est primordiale (l’autre parent, un grand-parent ou tout autre membre de la famille), et ce afin de permettre une expérience de relations chaleureuses, aidantes et consistantes pouvant constituer un point d’ancrage essentiel.
32Le principal objectif est d’aider la mère à établir une relation suffisamment bonne avec son enfant et de garantir le bon développement de ce dernier. Il consiste en un travail du lien entre l’enfant et le parent malade, avec toutes les représentations parfois contradictoires et très chargées émotionnellement qui y sont associées (Van Leuven, 2008). La prise en charge doit revêtir l’opportunité d’échange sur toutes les émotions liées aux difficultés de se comprendre, d’accéder à la logique de l’autre. Enfin, des programmes d’intervention précoce peuvent diminuer le risque de mauvais traitements ou leur récidive (Mullick et al, 2001), contribuer à stabiliser la maladie et à améliorer les capacités parentales.
La relation mère-enfant dans le contexte d’un trouble de la personnalité borderline maternel
33Parmi les troubles de la personnalité, le trouble de la personnalité borderline (TPB) figure parmi les plus répandus et potentiellement préjudiciables pour la relation parent-enfant. Dans cette section, après avoir défini le TPB, nous examinerons comment les mères borderline traversent la période périnatale, en quoi leur trouble mental accentue les risques de difficultés et de décompensations et impacte la qualité des premières interactions avec leur bébé. Puis, nous aborderons les possibles effets sur le développement du bébé et de l’enfant du fait de grandir avec une mère avec TPB. Enfin, nous terminerons en exposant les particularités de la prise en charge de ces mères et de leur enfant.
34Le TPB touche environ 2% de la population générale et 10% des patients vus en psychiatrie. Sa prévalence est plutôt féminine, à raison de deux femmes pour un homme. Cette pathologie constitue un phénotype hétérogène et se caractérise par des troubles de la régulation émotionnelle importants, des colères mal maîtrisées et de l’impulsivité, des troubles de l’identité, des relations interpersonnelles instables, des sentiments chroniques de vide, d’ennui, d’errance, une humeur dysphorique, des comportements et menaces d’automutilation et de suicide, des épisodes transitoires d’idéation persécutive ou de symptômes dissociatifs. Kernberg (1984) remarque que les personnalités borderline, bien que gardant le contact avec la réalité et les limites de soi, peuvent présenter lors de stress intenses des épisodes de dépersonnalisation ou de déréalisation, mais la rupture avec la réalité dans ces cas est généralement de courte durée.
35Il existe néanmoins une comorbidité importante avec les troubles du comportement alimentaire, les troubles anxieux (phobie sociale, état de stress post-traumatique), les addictions, les épisodes dépressifs majeurs (70 à 80%), ainsi qu’avec d’autres troubles de la personnalité (dépendante, évitante et paranoïaque ; Barnow et al, 2006). Du fait des difficultés relationnelles, les personnes avec TPB vivent fréquemment des relations conjugales instables, sont séparées ou célibataires, ce qui risque d’exposer l’enfant à des conflits et/ou des discontinuités de garde parentale.
Difficultés accrues dans la transition à la parentalité
36L’accès à la parentalité est généralement un moment de vie très critique et hautement déstabilisant pour les parents avec TPB et le suivi peut s’avérer particulièrement ardu pour le clinicien (Wendland, 2011). Il est important de noter qu’à la différence des troubles psychotiques, dont la symptomatologie ne passe pas inaperçue et induit un traitement suivi, le TPB peut être ignoré du malade et de son entourage. La grande instabilité, les colères, les comportements impulsifs et la forte dépendance peuvent être perçus comme des traits de caractère. Ainsi, il n’est pas rare que la transition à la parentalité, de par la désorganisation et les difficultés massives à faire face aux besoins du nouveau-né, coïncide avec l’annonce du diagnostic et le premier contact avec les services de psychiatrie.
37Les particularités du TPB représentent un risque majeur pour la relation parent-enfant et pour le développement de l’enfant. En effet, les adultes borderline ont des difficultés singulières à comprendre leurs états internes (sentiments, émotions, pensées, croyances) et ceux des autres (Wolff et al, 2007). Kernberg (1967) a observé que ces personnes tendent à avoir une vision hostile, parfois paranoïaque du monde qui les entoure, ce qui les amène à être très méfiants dans leurs relations aux autres. Les relations interpersonnelles sont conflictuelles et instables (relations amoureuses tourmentées, rapports tendus ou coupés avec la famille élargie, conflits au travail ou avec le voisinage…). Enfin, la dysrégulation émotionnelle apparaît comme une caractéristique centrale du TPB (Putnam et Silk, 2005). L’ensemble de ces dysfonctionnements émotionnels, cognitifs et comportementaux exerce inévitablement un impact négatif sur la parentalité de l’adulte borderline.
38Notre expérience clinique montre qu’il s’agit souvent de situations complexes où des événements traumatiques du passé maternel ressurgissent de manière crue et brutale lors de la naissance d’un enfant et rendent difficile l’élaboration de la parentalité. Ces mères ont fréquemment une histoire d’enfance douloureuse et carentielle, marquée par l’abus sexuel, l’inceste, la maltraitance, les violences domestiques et/ou des pertes non élaborées, comme le confirment des études sur le passé d’adultes borderline (Rogosh et Cicchetti, 2005). Zanarini et collègues (1997) ont observé que 70% des adultes borderline rapportaient, rétrospectivement, un manque de relations émotionnelles avec leur mère et 50% jugeaient que leur mère était distante d’eux sur le plan émotionnel, les avaient traités de façon inconsistante et ne les avaient pas protégés.
39A leur tour, les études prospectives montrent que leurs enfants présentent un risque élevé de développer également un trouble de la personnalité borderline : 11,5% des personnes ayant un apparenté de premier degré avec un TPB en souffriraient également (Nigg et Goldsmith, 1994). Comparés à des témoins, les enfants et adolescents de parents borderline reçoivent significativement plus de diagnostics psychiatriques (Weiss et al, 1996). Parmi leurs symptômes et troubles principaux se dégagent les troubles de l’attention (ADHD) et du comportement, les troubles anxieux et dépressifs, les pensées et actes suicidaires, ainsi qu’une faible estime de soi (Barnow et al, 2006 ; Weiss et al, 1996).
40L’ensemble de ces études montre que les parents borderline ont souvent souffert de la dysparentalité de leurs propres parents, souvent eux-mêmes présentant aussi une personnalité borderline. Ces familles semblent donc particulièrement à risque de répétition de troubles psychopathologiques, de négligences, de mauvais traitements et de dysfonctionnements familiaux graves.
Grossesse et post-partum
41Ayant connu abus et traumas de la part de leur figure d’attachement, ces adultes risquent de vivre leur parentalité comme une expérience traumatique. Ils sont susceptibles de traumatiser leur enfant à travers des interactions inconsistantes, effrayantes et/ou confuses. Ils ont aussi des difficultés accrues à assurer les tâches essentielles de la parentalité (promouvoir la sécurité physique et psychique du bébé notamment), à reconnaître l’individualité de leur enfant, dont le besoin d’autonomie leur paraît insupportable, et enfin, à détecter et à interpréter correctement les signaux de leur enfant (Wendland et al, 2014).
42La traversée de la période périnatale et des premières années de vie de leurs enfants représente un défi majeur pour les mères avec TPB (Wendland et al, 2014). Notre expérience clinique avec ces patientes montre que la grossesse chez la femme avec TPB n’entraine généralement pas les réaménagements psychiques préparatoires à la transition à la parentalité. Elle est parfois vécue sur un mode idyllique, hautement idéalisée, avec des sentiments de plénitude et de fusion avec le fœtus, idéalisation qui ne les prépare guère à l’accueil de leur nouveau-né réel. Dans d’autres cas, la grossesse est, au contraire, une expérience éprouvante ou étrange, les mouvements fœtaux et les modifications du corps sont mal supportés (peur d’éclatement, sentiment de persécution ou d’étrangeté) ou ignorés. Le suivi prénatal peut être irrégulier et la femme sera alors faiblement préparée à la naissance du bébé du point de vue obstétrical également.
43Dès les premiers jours après la naissance, leur mode de fonctionnement très instable, méfiant et impulsif devient incompatible avec la régularité, l’empathie et le dévouement nécessaires aux soins d’un nouveau-né. Leurs propres besoins et rythmes de vie seront privilégiés au détriment de ceux du bébé. Malgré leur désir d’être de bonnes mères et de réparer leur passé difficile, ces femmes peuvent se sentir rapidement envahies par des sentiments d’intense fatigue, d’irritabilité et de débordement qui mettent le bébé en danger.
44La dépendance du bébé est vécue comme excessive, persécutante et ses besoins peuvent être interprétés en fonction des propres états maternels (le bébé pourra être nourri ou couché lorsque la mère est elle-même affamée ou fatiguée). L’enfant est alors soumis à un rythme de soins inadapté sur lequel il faudra rapidement intervenir afin de prévenir, en particulier, l’installation de troubles du sommeil et de l’alimentation.
Interactions précoces et impact sur l’enfant
45Notre pratique clinique de suivi de ces dyades montre que les interactions mère-enfant sont généralement disharmonieuses, donnant souvent l’impression d’une succession de rencontres ratées. Elles témoignent de la faible sensibilité maternelle aux comportements du bébé dont les initiatives et besoins de réciprocité sont frustrés. Les efforts de communication et l’expression émotionnelle du bébé ne sont pas reconnus ni validés. Du côté maternel, les comportements se caractérisent soit par des mouvements intrusifs, imprévisibles, voire paradoxaux et effrayants, soit par un retrait et une mise à distance du bébé (souvent expliquée comme un mécanisme de protection vis-à-vis de leur propre violence).
46En fait, ces mères semblent ne pas trouver la bonne distance avec leur enfant et vont de l’hyperstimulation intrusive au retrait avec démission de leur rôle. Ces interactions n’aident pas l’enfant à organiser ses expériences affectives et cognitives, à anticiper ses actions et ses conséquences, et à former ainsi une vision cohérente et sécurisante du monde qui l’entoure.
47Tout au long de l’enfance et de l’adolescence, les pratiques éducatives des parents avec TPB vis-à-vis de leurs enfants oscillent généralement entre laxisme, non-intervention et débordement. Ils peuvent avoir recours à des gestes ainsi que des paroles abrupts. En comparaison avec les parents atteints d’autres pathologies psychiatriques, l’inconsistance des comportements constitue certainement l’élément le plus saillant permettant de les différencier.
48Newman et al (2007) ont décrit les mères borderline comme étant non seulement peu sensibles et organisant peu l’interaction avec leur bébé, mais aussi comme étant peu satisfaites, se sentant peu compétentes et plus stressées dans leur parentalité que des mères témoins sans pathologie. Les bébés, âgés en moyenne de 15 mois, se montraient moins attentifs, moins intéressés et moins désireux d’engager des interactions avec leur mère. Ce désengagement du bébé a pu aussi être observé dans une étude portant sur les comportements de retrait relationnel du bébé évalués à l’aide de l’échelle ADBB (échelle permettant d’évaluer le retrait relationnel chez les enfants de 2 à 24 mois ; Guédeney et Fermanian, 2001).
49Comparés à des bébés élevés par des mères ne souffrant pas d’une pathologie psychiatrique, les bébés de mères avec TPB montrent significativement plus de retrait relationnel (Wendland et al, 2010). Plus tard, face à la défaillance parentale, ces enfants peuvent développer un mode relationnel impliquant le renversement des rôles avec le parent (MacFie and Swan, 2009).
50Enfin, les enfants de mères avec TPB ont un risque accru de développer un pattern d’attachement désorganisé vis-à-vis de leur mère (8 sur 10 dans l’étude de Hobson et al, 2005). Après une brève séparation, ces enfants semblent pris entre leur désir et la peur de retrouver le contact avec leur mère. Ils montrent alors des comportements alternés d’approche et de recul, ou restent figés sur place. La figure d’attachement est à la fois source de réconfort et de peur. Ces comportements atypiques sont caractéristiques des enfants présentant un attachement désorganisé.
51D’autre part, de nombreuses études relient l’attachement désorganisé, les traumatismes précoces et la présence de comportements maternels atypiques de type effrayé / effrayant, impuissant ou dissocié (Buchheim & George, 2011 ; Hobson et al, 2009). Or, ces mêmes antécédents lors de la petite enfance permettent de prédire la présence de symptômes borderline à l’adolescence (Lyons-Ruth, 2005), attestant de la trajectoire développementale à haut risque de ces enfants et d’une boucle psychopathologique intergénérationnelle. Ces données soulignent l’intérêt de la prise en charge précoce de ces mères et de leurs bébés afin d’éviter que ces comportements de retrait ou de désorganisation s’installent durablement et compromettent le développement socio-émotionnel ultérieur de l’enfant.
Prise en charge périnatale
52La prise en charge de ces situations est de règle difficile, un véritable défi, marquée par la discontinuité, les difficultés d’élaboration, la faible compliance au cadre proposé et le risque de rupture abrupte des soins (Wendland, 2014a). En dehors des périodes de crise aigüe, le suivi des mères avec TPB apparait plus ardu que celui des mères psychotiques en raison de leur grande instabilité, des rapports conflictuels et du risque de passage à l’acte sur soi et sur l’enfant.
53Le caractère erratique et méfiant de leur engagement dans une relation de soin découle non seulement de leur profonde insécurité interne, instabilité, impulsivité et crainte d’abandon, mais aussi de leurs mécanismes de défense prédominants, à la fois rigides et fragiles tels que le déni, le clivage et l’idéalisation (Kernberg, 1984).
54Il est alors essentiel que ces familles soient identifiées et suivies très tôt, idéalement avant même la naissance du bébé. Ceci permet d’accompagner la transition à la parentalité durant toute la période périnatale, de diminuer le risque de décompensation maternelle post-natale et de pallier les difficultés majeures d’ajustement aux besoins du nouveau-né durant les premiers temps par un suivi rapproché et des aides à domicile (visites de la puéricultrice, aide pour les tâches ménagères). Intervenir tôt peut aussi contribuer à une meilleure alliance thérapeutique, un point toujours fragile avec ces familles. Lorsque ceci est possible, il est important de faire participer le père de l’enfant au suivi thérapeutique, car ce dernier peut constituer une figure-relais primordiale pour l’enfant, avec lequel il pourrait nouer une relation d’attachement plus saine et sécure (Wendland, 2014a).
55Un suivi dans un cadre institutionnel est préférable à un suivi en libéral. En effet, les mécanismes de clivage et de projection ainsi que la discontinuité psychique sont difficilement contenus dans des espaces thérapeutiques classiques (Aidane et al, 2009).
56L’accès à un récit cohérent de leur histoire est difficile, le discours est souvent logorrhéique et les affects liés à leurs expériences traumatiques semblent rester à l’état de traces mnésiques sans représentation. Les difficultés d’introspection, le défaut d’élaboration et de mentalisation laissent la voie libre à la répétition des traumatismes subis (Wendland et al, 2014).
57La pratique clinique montre que l’accompagnement des parents lors des périodes clés du développement de l’enfant est primordial, car elles constituent des moments particulièrement critiques, tels que les expériences de séparation et d’autonomisation (sevrage, début de la marche et exploration active, mode de garde extrafamilial, période d’opposition, transitions du parcours de scolarité, adolescence, etc.). Pour le parent borderline, les expériences de séparation, en ravivant les craintes d’abandon et le manque affectif, peuvent être vécues comme menaçantes. Paradoxalement, le parent peut alors encourager la dépendance et la régression chez l’enfant, tout en affirmant son sentiment d’être débordé par les demandes de l’enfant et souhaitant qu’il se débrouille seul (Wendland, 2014a). Les comportements d’opposition peuvent, quant à eux, susciter des attitudes brutales et violentes, et parfois des passages à l’acte maltraitants.
58Il est essentiel de soutenir l’empathie, la compréhension des besoins évolutifs de l’enfant, la relation d’attachement, la notion d’intersubjectivité, les sentiments de compétence et de responsabilité parentale. Le travail, souvent ardu et de longue haleine, autour de la reconnaissance par la mère du point de vue de l’enfant, la différenciation mère-enfant et la construction de l’identité de soi en tant que parent peut être appuyée par l’utilisation (avec prudence) de la méthode de video-feedback. Les techniques de guidance parentale autour du développement et de l’éducation de l’enfant, assurée en consultation individuelle ou en petit groupe, éventuellement par une éducatrice de jeunes enfants ou une puéricultrice, peuvent s’avérer très efficaces. Dans tous les cas, l’intervention auprès des parents avec TPB et leurs enfants exige souplesse, rigueur, disponibilité, stabilité et créativité de la part des professionnels. Ces derniers doivent être vigilants à ne pas être submergés et tentés de traiter la pathologie maternelle en perdant de vue la priorité, l’urgence du développement de l’enfant.
Considérations finales
59Bien qu’il n’existe pas de causalité linéaire, fort heureusement, les enfants dont les parents présentent une maladie mentale sont particulièrement vulnérables. Les caractéristiques développementales et psychoaffectives de ces enfants peuvent s’articuler de manière significative et symptomatique aux troubles psychopathologiques de leur(s) parent(s). Quelle qu’en soit l’étiologie, les troubles psychiques parentaux constituent un indicateur de risque susceptible de favoriser chez l’enfant la survenue d’une pathologie mentale durant l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte. Par ailleurs, le mode de fonctionnement familial, ou encore l’expérience de la maladie mentale, sont autant de facteurs bien établis de souffrances psychiques plus diffuses mais réelles.
60Le principal intérêt des recherches actuelles portant sur les pathologies psychiatriques parentales réside dans le fait qu’elles s’attachent tant à mettre en lumière le fondement de ces troubles, qu’à comprendre les facteurs pathogènes susceptibles de se répercuter dans le milieu familial. Ainsi, elles permettent la mise en place d’interventions préventives pour les enfants concernés. Toutefois, davantage d’études seraient souhaitables afin d’élargir l’horizon des mécanismes possibles et d’éviter de reposer notre réflexion uniquement sur des travaux d’héritabilité et de vulnérabilité qui laissent de côté les aspects développementaux spécifiques à l’enfance et à l’enfant.
61L’impact d’une maladie mentale d’un parent sur son enfant est d’autant plus considérable qu’elle n’est pas toujours diagnostiquée avec rigueur. En effet, il est particulièrement important de diagnostiquer et d’agir suffisamment tôt sur les difficultés parentales afin de favoriser une issue favorable pour la parentalité de l’adulte et pour le devenir de l’enfant. La prévention est toujours la meilleure stratégie de soin.
62Dans le cas d’un trouble mental avéré et chronique, des stratégies de prévention doivent avoir lieu dès la grossesse, voire avant la conception, afin de permettre la mise en place le plus précocement possible d’un réseau de soins autour des parents et de l’enfant (Cognard et Wendland, 2015). Au-delà du jeu des identifications des soignants penchant davantage du côté du parent (à soutenir) ou de celui de l’enfant (à protéger), il appartient à chaque équipe d’évaluer avec la patiente et son entourage, en particulier le futur père, les ressources disponibles et les risques tant pour la mère que pour l’enfant à naître dans chaque situation individuelle.
63La manière dont l’enfant se développe dans la relation avec un parent souffrant d’une maladie mentale est influencée par différents facteurs. Il pourra connaître une existence marquée par des moments de turpitude, d’instabilité, de stress émotionnel ainsi que par toutes sortes d’aléas chaotiques. Le vécu dans un tel contexte familial contribuera à façonner le rapport de l’enfant non seulement à son parent, mais aussi aux autres. Toutefois, la capacité de l’enfant à résister aux difficultés, son tempérament, le soutien d’un entourage bienveillant, ou encore la présence de facteurs protecteurs divers, et ce en dépit d’un contexte de maladie mentale parentale, lui permettront d’apprendre à faire face et à vivre quotidiennement plus facilement. En comprenant mieux le processus de la maladie psychique, l’enfant parviendra à traiter d’une façon plus appropriée ce qui lui échappe.
64L’accompagnement et la prise en charge des parents vivant avec une maladie mentale et de leurs enfants se fait nécessairement en équipe, en incluant les professionnels les plus expérimentés. La réussite de la prise en charge repose sur le dialogue entre les différents intervenants sociaux et soignants.
65Il n’existe pas de modèle unique de prise en charge ou d’accompagnement des enfants confrontés à la maladie mentale parentale. Différentes formes d’accompagnement et de soutien, mais aussi psychothérapie, groupes d’entraide ou encore guidance socioéducative peuvent être proposés. Le rôle du professionnel de santé est d’aider l’enfant à comprendre et à appréhender autrement la pathologie de son (ses) parent(s), en favorisant un lien d’attachement suffisamment sécure et lui permettant de se dégager des tensions qui pèsent sur ses épaules et du regard parfois peu compatissant des autres et de la société.
66Enfin, il semble que les recherches actuelles sous-évaluent les circonstances de vie de l’enfant, ainsi que l’impact de ce type de traumatisme précoce sur la structuration psychique de l’enfant. En effet, les études s’attachent préférentiellement à explorer les aspects neurobiophysiologiques, voire héréditaires de la maladie mentale, plutôt qu’à évaluer les processus psychopathologiques de développement de l’enfant grandissant dans un contexte de psychopathologie parentale, pourtant très spécifiques. Ces enfants connaissent, en effet, mieux que quiconque, l’univers si particulier de la maladie mentale et invitent à porter un regard différent sur la folie humaine.
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Mots-clés éditeurs : relation parent-enfant, trouble de la personnalité borderline, maladie mentale, développement de l’enfant, parentalité, trouble psychotique
Mise en ligne 02/08/2017
https://doi.org/10.3917/cnmi.171.0005