1L’auteure de ce livre, Julie Grégory, a vécu durant toute son enfance avec des parents toxiques : sa mère lui fait subir un Syndrome de Münchhausen par Procuration (SMP). Son père oscille entre deux penchants : soit il est totalement négligent, soit il devient violent. Devenue adulte, Julie a traversé plusieurs graves phases de dépression, et a décidé de consacrer sa vie aux autres en devenant psychiatre. Ce livre est donc un témoignage, mais également le regard d’une professionnelle de l’aide aux personnes en difficultés.
2En commençant le livre, on fait la connaissance de Julie Grégory, 12 ans, durant une consultation médicale. On pourrait croire à une scène de vie classique, mais Julie n’est pas malade : c’est sa maman, Sandy, qui la conduit de cabinet médical en hôpital, afin de trouver un écho à ses plaintes.
3D’après sa mère, Julie souffre de problèmes cardiaques : elle est toujours essoufflée, respire difficilement et semble continuellement épuisée.
4Les médecins se succèdent, les examens s’enchaînent, tous plus douloureux les uns que les autres pour l’enfant. Chaque médecin qui examine Julie la trouve en relative bonne santé, hormis les symptômes visibles, et se fait qualifier d’incapable par sa mère.
5Ce que Sandy tait volontairement, c’est que Julie effectue tout le travail pénible dans leur mobilhome, qu’elle porte des charges très lourdes, qu’elle dort très peu, et surtout, qu’elle est nourrie de manière totalement inadaptée, ce qui cause tous ces symptômes. Si un médecin l’informe que Julie doit éviter un aliment, elle va jusqu’à l’en gaver pour aggraver les signes. Si un autre médecin prescrit des médicaments, elle augmente la dose sans en informer personne.
6Julie a un petit frère de 7 ans son cadet, Danny. Cet enfant est pour elle une bouffée d’oxygène, et elle n’aura de cesse de le protéger des mauvais traitements parentaux, même s’il y a toujours été moins exposé qu’elle-même.
7A côté de cette thématique omniprésente dans cette histoire vécue, il y a le père de Julie, Dan Grégory, un homme négligent avec ses enfants, qui ne les voit exister que pour les frapper. Sa femme l’utilise encore pour affaiblir Julie, grâce à ses coups, en le provoquant dans sa virilité, ce qui le met dans une rage folle. Il ne sent plus sa force et pourrait tuer ses enfants de ses propres mains. A ce moment, elle intervient, telle une héroïne, pour, une fois de plus, les « sauver ».
8Cependant, Julie aime ses parents, en dépit de leur inadéquation éducative, et en vient à ressentir les symptômes inventés par sa mère, culpabilisée qu’elle est par « tout ce que sa maman fait pour elle ». Elle souffre de la situation, dans son corps (à cause des examens pénibles) comme en elle-même (elle ne peut pas suivre une scolarité normale à cause des visites chez les médecins et des hospitalisations, ses amies la fuient,…)
9Au-delà du SMP, le livre fait découvrir bien d’autres facettes psychologiques des parents inadaptés, comme le sont Sandy et Dan : tous deux accueillent des vieillards anciens combattants contre monnaie sonnante et trébuchante, puis les délaissent à leur triste sort.
10Ils en font de même ensuite pour des enfants de l’Assistance Publique, qu’ils négligent, maltraitent et battent même régulièrement.
11L’entourage de Sandy et Dan les prend pour des parents exemplaires grâce à leur apparent dévouement à leurs enfants malades, à des vieillards invalides et également à d’autres enfants malheureux. En effet, vu de l’extérieur, ils parviennent à en donner l’impression, mais ils manipulent tout le monde et, médecins, assistantes sociales, amies de Julie, professeurs, chacun tombe dans le piège.
12Ce livre, qui traite du Syndrome de Münchhausen par Procuration (SMP) - forme grave de sévices au cours de laquelle l’adulte qui a en charge l’enfant provoque de manière délibérée chez lui des problèmes de santé sérieux et répétés avant de le conduire auprès d’un médecin - n’a pas pour vocation de divertir, mais d’apprendre jusqu’où certains parents malades sont capables d’aller dans leur perversion.