Couverture de CPC_016

Article de revue

Le centre de formations aux cliniques psychanalytiques (CFCP)

Pages 225 à 236

Notes

  • [1]
    CFCP, Service de Santé Mentale « Chapelle-aux-Champs, clos Chapelle-aux-Champs 30, bte 3049 à 1200 Bruxelles (Téléphone : 00 32 2 764 39 45 – Fax : 00 32 2 764 31 30).
  • [2]
    Docteur en Psychologie, Professeur à l’UCL, Directeur du CFCP, Psychanalyste (Association freudienne de Belgique).
  • [3]
    Docteur en psychologie, Responsable de formation au CFCP, Psychanalyste (Ecole belge de psychanalyse).
  • [4]
    En collaboration avec le département pour « Adolescents et Jeunes Adultes » du SSM « Chapelle-aux-Champs ». Le « Groupe de formation à la clinique analytique avec les enfants » du même « SSM Chapelle-aux-Champs » offre une formation spécifique à la clinique psychanalytique avec les enfants.
  • [5]
    Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique. Conférence au Vème Congrès psychanalytique à Budapest en 1918.Trad. française in La technique psychanalytique, Paris, PUF, (1953), 1972.
  • [6]
    APPSY, rue du Président, 53, B-1050 Bruxelles
  • [7]
    FFBPP, rue du président, 59, B-1050 Bruxelles.
  • [8]
    Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967. Principe concernant l’accession au titre de psychanalyste dans l’Ecole freudienne de Paris. P. 17.
  • [9]
    Formule dont le sens échappe le plus souvent au lecteur, à savoir qu’elle constitue une accentuation de la responsabilité de l’analyste lorsqu’il dirige une cure. Il ne s’agit pas pour celui-ci de se retrancher derrière une série de règles techniques.
  • [10]
    Y compris à l’extérieur du Centre.
  • [11]
    Nous nous inspirons ici de l’affirmation de Lacan, souvent oubliée alors qu’elle vient essentiellement compléter l’autre si mal entendue « Le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même » : « Ceci n’exclut pas, précisait-il, que l’Ecole garantisse qu’un analyste relève de sa formation ». Proposition du 9 octobre 1967. Opus cité.p. 4.

1 – Finalités

1 Créé, il y a 13 ans, dans le cadre du département de consultations pour adultes du Centre Chapelle-aux-Champs (Service de Santé Mentale UCL-Bruxelles), le CFCP offre une formation s’adressant aux psychologues et aux psychiatres qui désirent se sensibiliser à l’écoute et aux interventions particulières qu’apporte l’expérience psychanalytique au clinicien dans ses consultations individuelles en institution, dans les psychothérapies individuelles et de groupe ainsi que dans les entretiens de famille et de couple.

2 Le CFCP propose ainsi une formation destinée à enrichir diverses pratiques cliniques exercées hors du cadre de la cure psychanalytique classique, pour des praticiens souhaitant prendre en compte les enseignements qui se dégagent de la méthode initiée à partir de ce modèle premier. Les pratiques envisagées concernent principalement la clinique avec les adultes, avec la possibilité d’approfondir les modalités spécifiques de la clinique psychanalytique à l’adolescence [4].

3 Les psychothérapies psychanalytiques furent longtemps dénoncées par les institutions psychanalytiques comme des déviances inacceptables. Aujourd’hui, elles sont devenues une réalité sociale incontournable.

4 Remarquons que Freud le disait déjà en 1918. Étant donné que toute maladie ne relève pas de la psychanalyse au sens strict du terme et que celle-ci est financièrement inaccessible à un certain nombre, il faudra créer des institutions de soins et de nouvelles formes thérapeutiques adéquates. « Nous serons obligés de mêler l’or pur de l’analyse à une quantité considérable du cuivre de la suggestion directe… Mais quelles que soient les formes de cette psychothérapie, les parties les plus importantes, les plus actives demeureront celles qui auront été empruntées à la stricte psychanalyse dénuée de tout parti pris. » [5] Remarquons ici l’erreur fréquemment reprise du traducteur qui transforma en plomb le cuivre du texte, indiquant bien par là le mépris dans lequel il tenait cet alliage. Or, l’alliage de l’or et du plomb permet la fabrication de bijoux plus légers, plus brillants et surtout plus solides : l’or pur est trop mou pour constituer la matière de sertissures résistantes des pierres incorporées dans le bijou ! Freud, sans doute, l’ignorait, car le contexte de la métaphore indique qu’il s’agit là pour lui de voies nouvelles dont il affirme la nécessité tout en y regrettant l’usage plus intensif de la suggestion.

5 D’où la tension effectivement inévitable entre la psychanalyse et la psychothérapie du moins lorsque celle-ci se pratique « à courte vue », comme le disait Freud, et lorsqu’elle s’appuie sur la suggestion, ce qui peut faire disparaître le symptôme mais ne fait que renforcer la névrose.

6 Cela étant, les psychothérapies analytiques ont acquis aujourd’hui leur droit de cité et leurs praticiens se retrouvent dans diverses associations dont, en Belgique, l’Association des psychologues praticiens d’orientation psychanalytique (APPSY) [6] et la Fédération francophone des psychothérapeutes psychanalytiques (FFBPP) [7]. Par ailleurs, que cet alliage de l’or pur et du cuivre ne soit pas sans inconvénient et sans difficulté, constitue une raison supplémentaire pour offrir aux (futurs) praticiens des lieux de formation rigoureux où ces difficultés ne sont pas escamotées.

7 La formation proposée par le CFCP se différencie d’une formation à la cure psychanalytique au sens strict du terme dans la mesure où celle-ci implique, d’une part, que le candidat commence par entreprendre une psychanalyse personnelle et la mène jusqu’à son terme, et, d’autre part, qu’il participe aux activités de formation spécialisées (contrôle, groupes d’études et séminaires) organisées par les institutions psychanalytiques pour leurs candidats.

8 La formation au CFCP se différencie encore de celle qui est généralement proposée dans les institutions psychanalytiques en ceci qu’elle prend en compte la formation à diverses formes de psychothérapies psychanalytiques et aux interventions psychanalytiques en institutions.

9 Cela étant posé, la participation au programme du Centre de formation peut néanmoins servir de base tout à fait adéquate ou d’étape préliminaire à une formation ultérieure dans une institution psychanalytique.

2 – Principes de bases

10 Pour les responsables de ce programme, une formation aux cliniques psychanalytiques doit inclure un enseignement théorique, un travail théorico-clinique écrit annuel, une pratique clinique supervisée et une expérience personnelle de la clinique analytique.

11 En ce qui concerne cette dernière, ils pensent qu’elle ne peut être imposée à priori. Les participants qui n’ont encore aucune expérience personnelle de la clinique psychanalytique sont invités à entrer dans une telle expérience, en cours de formation.

12 D’autre part, pour les stagiaires qui n’ont encore aucune pratique psychothérapeutique professionnelle, des stages sont possibles dans diverses institutions qui ont conclu un accord de coopération avec le CFCP.

13 Par ailleurs, dans le cadre du CFCP, sont prévues des supervisions individuelles et de groupe ainsi qu’un enseignement de la théorie et de la pratique analytique. Les enseignants se réfèrent de manière privilégiée aux enseignements de Freud et de Lacan. Travailler à partir de leurs écrits constitue la colonne vertébrale de la formation. Néanmoins, les apports de D.W. Winnicott, de M. Klein, de F. Dolto et de quelques autres figures de la psychanalyse sont également pris en compte.

14 Le programme mis sur pied tente d’allier à la fois la théorie et la pratique clinique personnelle et professionnelle, la transmission d’un enseignement (les séminaires et les conférences) et son appropriation personnelle par le stagiaire (cf. les travaux de séminaire et les travaux théorico-cliniques annuels), la transmission d’un savoir sur la psychanalyse (séminaires de lecture de Freud et de Lacan) et son application dans divers champs psychothérapeutiques (dans le séminaire des champs particuliers, dans les travaux personnels et dans les diverses pratiques supervisées), la prise en charge par chacun de sa formation et son évaluation par les divers formateurs et enfin, la direction du programme par un petit groupe de 6 formateurs, tous psychanalystes, et la participation d’un large nombre de superviseurs, de conférenciers et d’enseignants invités, et d’un non moins large nombre de responsables et superviseurs de stages dans les institutions qui collaborent à ce programme.

3 – Modalités concrètes

15 La partie théorique de la formation nécessite un quart temps et s’étend, en principe, sur trois ans, mais il est possible, et parfois souhaitable, de la répartir sur un plus grand nombre d’années. À ce quart temps s’ajoute un deuxième quart temps de pratique professionnelle ou de stage.

3.1 – La pratique clinique (ou les stages)

16 En effet, une partie importante de la formation passe, pensons-nous, par la pratique psychothérapeutique sous supervision. Une partie de cette activité clinique doit inclure une fréquentation significative des névroses graves et des psychoses.

17 Les participants qui n’ont pas de pratique professionnelle et ceux qui n’auraient pas encore l’expérience des névroses graves et des psychoses peuvent s’adresser aux responsables des stages pour obtenir la liste des possibilités de stages dans une institution psychiatrique ou dans un Service de Santé Mentale partenaire du programme.

18 La pratique professionnelle ou de stage comporte quelque 1 200 heures à répartir sur l’ensemble de la formation avec un minimum de 300 heures par année.

3.2 – L’expérience personnelle de l’inconscient

19 L’expérience a démontré que l’exigence d’une expérience personnelle préalable de l’inconscient pèse parfois lourdement sur son effectivité, même dans le cadre d’un cursus psychanalytique classique. Il nous a donc semblé adéquat de ne pas l’exiger comme préalable mais comme expérience à entreprendre au cours de la formation au moment où et sous la forme qui semblera la plus adéquate : cure psychanalytique classique, expérience psychanalytique de groupe, psychodrame psychanalytique, entretiens analytiques réguliers en face à face avec cette restriction que ces expériences de l’inconscient soient dirigées par des psychanalystes reconnus par leur institution psychanalytique.

20 Nous avons découvert après coup que cette position était assez proche de celle que Freud soutint dans un premier temps. À E.Weiss qui lui demandait s’il devait se soumettre à une psychanalyse avant de recevoir lui-même en analyse, Freud répondit « Commencez à pratiquer. Tôt ou tard vous rencontrerez des difficultés, et à ce moment-là, nous verrons comment nous pourrons vous aider ».

21 Par ailleurs, nous comptons sur les supervisions, les entretiens de référence, les discussions à partir du travail théorico-clinique annuel et les moments d’évaluation du rapport du stagiaire à la théorie pour aider celui-ci à repérer au moment opportun la nécessité de cet engagement dans une expérience psychanalytique personnelle.

22 Remarquons enfin que les responsables du Centre se sont mis d’accord pour n’accepter aucune demande d’analyse formulée par un stagiaire au cours de sa formation. Ce serait, pensons-nous, abuser de notre position de formateur et, par ailleurs, mélanger des registres difficilement compatibles et par conséquent, restreindre les chances d’un aboutissement correct de ces expériences.

3.3 – Les activités de formation dans le cadre du CFCP

23 Un cycle de conférences, un groupe de supervision et divers séminaires sont organisés par le CFCP ainsi que des séances de réflexions sur la formation. Le cycle de conférences mensuelles permet d’approfondir un thème par année, avec la participation de conférenciers extérieurs venant pour une part de l’étranger. Les séminaires de lecture de Freud et de Lacan visent à l’appropriation de la théorie par le biais de la lecture précise des textes de ces deux auteurs de références tandis que d’autres séminaires abordent la théorie par le biais de concepts fondamentaux. Un séminaire de clinique aborde les entretiens préliminaires, le transfert et l’interprétation ; un autre étudie la question du sujet telle qu’elle se pose dans les pratiques institutionnelles (psychiatriques, pédagogiques, etc.). Un troisième séminaire est consacré aux champs particuliers : des psychanalystes viennent témoigner de leurs pratiques hors la cure classique. Enfin, un quatrième séminaire envisage les spécificités, les interrelations et les champs respectifs de la psychiatrie et de la psychanalyse. Divers séminaires « à options » permettent aux stagiaires de s’ouvrir notamment aux domaines de l’adolescence, des entretiens de couple, du psychodrame, de la psychosomatique, etc.

24 Les intervisions de groupe mettent en jeu des processus de formation différents des supervisions individuelles : découverte d’autres façons de faire, confrontations à d’autres pathologies ou d’autres situations cliniques, apprentissage de l’échange – écoute et prise de parole – en groupe. Elles ont donc leur place spécifique dans l’ensemble du programme.

La réflexion sur la formation

25 Chaque année, deux réunions du groupe des stagiaires permettent à ceux-ci de s’exprimer sur le fonctionnement du programme. Là aussi, les stagiaires sont invités à réfléchir sur le processus de formation, à faire retour sur la manière dont ils prennent en charge leur formation et à contribuer à l’amélioration de l’offre qui est faite par les responsables du programme. Ces réunions peuvent en effet donner lieu à certaines modifications du programme ou à certaines mises au point concernant l’un ou l’autre de ses aspects.

26 La participation aux conférences, aux séminaires et aux groupes d’intervision requiert quelque 110 h par an de participation effective (fin d’après-midi et soirée). Il faut ajouter à ceci le temps nécessaire pour la réalisation des travaux de séminaires, pour l’élaboration du travail d’année et pour les supervisions individuelles bi-mensuelles.

3.4 – Les supervisions individuelles

27 Les supervisions individuelles se font avec des psychanalystes choisis soit parmi les membres du bureau, soit sur une liste de superviseurs extérieurs, moins engagés dans la formation mais en accord avec les principes de base de celle-ci (y compris dans sa dimension d’évaluation). Ces supervisions sont payables indépendamment de l’inscription au Centre de formation afin d’inclure dans la formation cette dimension du paiement à laquelle un certain nombre de stages ne préparent pas parce que les entretiens sont gratuits ou parce que le paiement des séances est indirect.

3.5 – L’évaluation

28 Il s’agit d’un point sensible de la formation proposée par le CFCP. L’évaluation d’une formation psychanalytique pose question depuis la création des premières sociétés de psychanalyse. Car la dimension d’évaluation est également présente dans les institutions psychanalytiques même (et peut-être surtout) quand celles-ci s’en défendent. Le risque existe en effet, d’induire par cette évaluation une tendance à la conformité et un étouffement corrélatif de la créativité. Or, l’expérience analytique se veut une expérience de création par un sujet d’une nouvelle relation au monde et aux autres, un nouveau rapport aux symptômes et à sa maladie d’être humain, une nouvelle façon d’envisager son rapport à son univers pulsionnel, d’une part, aux exigences de la civilisation et de la vie en commun, d’autre part. De plus, chaque cure analytique nécessite elle-même, selon le mot de Freud, une « re-création » de la psychanalyse. Il est donc essentiel que le style même de la formation et de l’évaluation prenne en compte cette spécificité de la psychothérapie psychanalytique et soit elle-même un moment fort de relance et de poursuite du processus de formation. Pour éviter les difficultés évoquées, ou tout simplement par facilité, certaines institutions analytiques ont exclu toute évaluation de la participation de leurs candidats ou stagiaires. Nous pensons qu’elles se privent d’un moment important dans le processus de formation et qu’elles ne prennent pas leur responsabilité vis-à-vis du social et des futurs patients de ces candidats. Faut-il en effet promouvoir, sur les listes de psychanalystes ou de psychothérapeutes, des personnes qui font n’importe quoi ou qui n’ont tiré qu’un minime profit de la formation à laquelle elles ont pris part ? J. Lacan, qui était loin d’être un fanatique de l’évaluation et de la normativation, avait prévu que l’accession au titre d’analyste de son Ecole soit conférée par un jury d’accueil qui tienne compte notamment de l’avis des contrôleurs. Il était même prévu que l’accord de l’analyste soit demandé [8]. Dans une lettre au groupe italien (1974), il précisait que si l’analyste « ne s’autorisait que de lui-même » [9], un groupe d’analystes doit néanmoins veiller « qu’à s’autoriser de lui-même il n’y ait que des analystes ». Il précisait encore que son effort pour trouver de nouvelles formes de reconnaissance plus conformes avec la visée de la cure « n’impliquait pas pour autant que n’importe qui soit analyste ».

29 Sur base de ces quelques réflexions, l’évaluation du cheminement du stagiaire au CFCP nous paraît donc importante. Ceci est d’autant plus vrai pour ceux qui s’inscrivent et donc demandent à l’Université un diplôme de DES. Nous avons voulu que les modalités soient plus formatives que qualificatives (faisant l’objet de nombreux échanges avec le stagiaire), qu’elles soient aussi multidimensionnelles (concernant la théorie et la pratique), plurielles (impliquant plusieurs responsables de formation, superviseurs et maîtres de stage), et enfin, répétées tout au long du processus.

30 Ainsi, le rapport du stagiaire à la théorie est évalué d’une part lors d’entretiens sur la théorie, entretiens bi-annuels avec deux des responsables de la formation. Il s’agit d’une libre discussion d’un point ou l’autre de la théorie que le stagiaire a particulièrement travaillé les six derniers mois. L’évaluation ne porte pas sur la restitution d’un savoir mais sur le rapport personnel à la théorie en tant que tiers nécessaire dans l’élaboration par le participant de sa pratique.

31 De plus, chaque année, deux entretiens sur le travail théorico-clinique permettent de discuter la façon dont le stagiaire s’oriente dans sa clinique.

32 Enfin, une fois par an, les superviseurs individuels, les responsables des groupes d’intervision et les responsables de stage sont invités à donner leur accord pour le passage à l’année suivante. Ils sont aussi invités à signaler les problèmes majeurs et les distorsions graves qu’ils auraient pu constater dans la pratique du stagiaire. Cette évaluation porte non pas sur le savoir-faire technique ni sur le « psychanalytiquement correct » du travail clinique du stagiaire (on sait quelle peut être, sur ce terrain, la fonction de résistance de la théorie), mais sur la manière dont le stagiaire, avec le concours du superviseur, peut engager et soutenir un questionnement et un travail de pensée nourrissant un processus de recherche qui puisse comporter des moments de « trouvaille ».

33 Bref, sur un plan comme sur l’autre, l’accent est mis sur le processus, la démarche en évolution, davantage que sur l’objet ou le « contenu » (savoir ou compétence). On ajoutera pour terminer que, ce processus et cette évolution renvoyant à la subjectivité de chaque participant, le fil rouge de l’évaluation ainsi comprise est d’être attentive et adéquate à la situation singulière de chacun d’entre eux.

34 Le souci des formateurs étant de ne pas produire du même, la pluralité des intervenants et des évaluateurs, la possibilité pour le stagiaire de choisir son superviseur, [10] son référent de formation et certains des séminaires à option, nous permet, pensons-nous, de repérer et de garantir le rapport du stagiaire à la formation que propose le CFCP [11] tout en évitant la pente anti-analytique de la formation de « psychothérapeutes copies conformes », et celle qui ne l’est pas moins de la formation à n’importe quoi.

4 – Pré-requis

35 Cette formation est destinée aux licenciés en psychologie (orientation clinique) et aux docteurs en médecine (candidats psychiatres). Elle requiert une pratique psychologique ou psychiatrique préalable de mille huit cents heures (stages de licence en psychologie et pratique de candidat psychiatre y compris).

36 Pour les candidats ne satisfaisant pas à ces pré-requis de pratique ou ne disposant pas des bases théoriques nécessaires, une année préparatoire peut être envisagée. Elle comprend, selon les cas, une pratique clinique supervisée, un programme de lecture et/ou de séminaire, des entretiens avec un des responsables de la formation et, éventuellement, un travail écrit de fin d’année.

Participation partielle

37 Les détenteurs d’autres diplômes pouvant faire état d’une formation théorique et clinique adéquate peuvent participer à certains éléments du programme. Cette possibilité s’avère également intéressante pour les candidats qui devraient ou qui voudraient postposer leur engagement dans la formation complète.

5 – Collaboration avec le troisième cycle de la faculté de psychologie de l’UCL

38 Le CFCP, ayant passé contrat avec la Faculté de psychologie, est devenu de ce fait un des quatre Centres de formation du Troisième Cycle de spécialisation en psychologie clinique. Les participants du CFCP qui satisfont aux exigences de la faculté de psychologie peuvent donc s’y inscrire. Moyennant la participation à 8 samedis de cours pendant trois ans, la présentation des examens, et la rédaction d’un travail de fin de cycle, ils peuvent obtenir un Diplôme d’Etudes Spécialisées en Psychothérapie.

6 – Conclusions

39 Freud a inventé la psychanalyse en abandonnant l’hypnose, la suggestion et la catharsis. Il a apporté une nouvelle méthode thérapeutique basée sur l’association libre dans le transfert, la création de la névrose de transfert et l’analyse de celle-ci permettant sinon sa liquidation, du moins son atténuation, son allègement, sa réduction. Son expérience psychanalytique a révolutionné le concept de symptôme et de maladie mentale. L’idée de la guérison s’en est, elle aussi, trouvée subvertie. Ainsi que celle de la formation : celle-ci impliquant d’abord et avant tout l’engagement du futur psychanalyste dans une cure analytique personnelle aux fins notamment d’analyser son désir de devenir psychanalyste, autrement dit de s’occuper du désir inconscient des autres, d’écouter aussi leurs plaintes et, souvent, de leur apporter la guérison de leurs symptômes, avec le désir de suggestion inévitablement inhérent à ce désir de guérir. Comme je le rappelais en commençant, Freud a rapidement évoqué lui-même la nécessité de mêler une certaine dose de suggestion à l’or pur de l’analyse. Les psychanalystes, quoiqu’ils en pensent, échappent difficilement à la suggestion. Raison de plus pour que les psychothérapeutes dont les pratiques, diminuant les possibilités de libre association et d’analyse du transfert, se prêtent davantage à la suggestion, veillent particulièrement à ne pas renforcer la névrose de leurs patients mais à favoriser la levée du symptôme par le détour de la levée des refoulements qui le causent, de telle sorte qu’ils puissent sans tromperie adjoindre à leur pratique psychothérapeutique le qualificatif de psychanalytique. Rendre possible ce projet assurément difficile mais pas plus difficile, pensons-nous, que ceux qui consistent à éduquer, gouverner et psychanalyser – tel est le pari des responsables du programme offert par le CFCP.


Mots-clés éditeurs : formation, psychothérapie psychanalytique (pour adultes et pour adolescents), suggestion

Date de mise en ligne : 01/07/2006

https://doi.org/10.3917/cpc.016.0225

Notes

  • [1]
    CFCP, Service de Santé Mentale « Chapelle-aux-Champs, clos Chapelle-aux-Champs 30, bte 3049 à 1200 Bruxelles (Téléphone : 00 32 2 764 39 45 – Fax : 00 32 2 764 31 30).
  • [2]
    Docteur en Psychologie, Professeur à l’UCL, Directeur du CFCP, Psychanalyste (Association freudienne de Belgique).
  • [3]
    Docteur en psychologie, Responsable de formation au CFCP, Psychanalyste (Ecole belge de psychanalyse).
  • [4]
    En collaboration avec le département pour « Adolescents et Jeunes Adultes » du SSM « Chapelle-aux-Champs ». Le « Groupe de formation à la clinique analytique avec les enfants » du même « SSM Chapelle-aux-Champs » offre une formation spécifique à la clinique psychanalytique avec les enfants.
  • [5]
    Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique. Conférence au Vème Congrès psychanalytique à Budapest en 1918.Trad. française in La technique psychanalytique, Paris, PUF, (1953), 1972.
  • [6]
    APPSY, rue du Président, 53, B-1050 Bruxelles
  • [7]
    FFBPP, rue du président, 59, B-1050 Bruxelles.
  • [8]
    Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967. Principe concernant l’accession au titre de psychanalyste dans l’Ecole freudienne de Paris. P. 17.
  • [9]
    Formule dont le sens échappe le plus souvent au lecteur, à savoir qu’elle constitue une accentuation de la responsabilité de l’analyste lorsqu’il dirige une cure. Il ne s’agit pas pour celui-ci de se retrancher derrière une série de règles techniques.
  • [10]
    Y compris à l’extérieur du Centre.
  • [11]
    Nous nous inspirons ici de l’affirmation de Lacan, souvent oubliée alors qu’elle vient essentiellement compléter l’autre si mal entendue « Le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même » : « Ceci n’exclut pas, précisait-il, que l’Ecole garantisse qu’un analyste relève de sa formation ». Proposition du 9 octobre 1967. Opus cité.p. 4.

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